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QUESTIONS À UN

Pilote

Avec plus de 10 000 heures de vol au compteur, Yves Ranzoni est un professionnel de l’aéronautique. Une passion qu’il a mise au service de compagnies d’affaires et commerciales.

1 Quelles sont les qualités requises pour devenir pilote?

Une excellente vue bien sûr, mais, dans l’ensemble, être en bonne condition physique. Nous avons des examens médicaux toutes les années et, à partir d’un certain âge, tous les six mois. Nous devons aussi passer un électroencéphalogramme tous les deux ou trois ans. Il faut également avoir une bonne visualisation dans l’espace. C’est surtout une question de travail et de volonté, comme tous les métiers passion.

2 Est-ce que vous vous sentez plus en sécurité dans votre avion ou dans votre voiture?

En avion, définitivement. On a coutume de dire que la partie la plus dangereuse du voyage est le trajet jusqu’à l’aéroport. Il a été calculé qu’il faudrait voler chaque jour de l’année pendant huit heures pour avoir une chance, tous les 160 ans, de rencontrer une panne de moteur sur un Boeing

Bio express

Yves Ranzoni, 62 ans, a grandi à Meyrin (GE), à deux pas de l’aéroport de Genève-Cointrin. Après une formation d’horticulteur, il bifurque vers l’aviation. Il obtient sa licence en 1983, devient pilote d’affaires entre 1992 et 2000, avant de voler pendant trois ans pour Swiss, KLM et Lufthansa, tout en étant instructeur de vol. Il travaille aujourd’hui pour un client privé, aux commandes d’un petit avion d’affaires.

3 Avez-vous déjà dû faire un atterrissage d’urgence?

Heureusement, cela ne m’est jamais arrivé. Cela dit, indépendamment d’un problème technique, certaines pistes d’atterrissage sont plus difficiles que d’autres. En haute altitude, au Pérou et en Bolivie, ou dans les îles venteuses comme en Grèce, les mesures d’approche sont assez exigeantes. De même l’atterrissage à l’aéroport d’Innsbruck, en Autriche, situé au milieu d’une vallée, doit être entraîné au simulateur.

737. Cela ne veut pas dire que ça n’arrivera pas, mais l’avion reste le moyen de transport le plus sûr au monde actuellement.

4 Est-ce qu’à chaque vol vous pensez au crash?

Non. On est entraîné pour gérer des problèmes techniques divers et variés. En tant que jeune pilote, je me disais en partant de la maison que si je faisais des bêtises, je ne reverrais plus mes enfants. Certaines situations météo demandent plus de concentration et d’anticipation, mais en dehors de ça, c’est tout à fait gérable.

5 Quelle est la pire tuile pour un pilote?

Je ne redoute pas grand-chose. Si la météo est mauvaise, on peut faire diversion en allant sur un autre aéroport. Et on s’entraîne toute sa vie en simulateur pour être prêt à gérer une panne de moteur. Par contre, je crains ce que je ne peux pas contrôler: prendre une nuée de canards dans les réacteurs juste après le décollage. Statistiquement, c’est arrivé une seule fois depuis les débuts de l’aéronautique, en 2009 à New York. Des bernaches se sont engouffrées dans les deux moteurs, mais le commandant a réussi à poser l’avion sur le fleuve Hudson.

6 Est-ce vrai que les pilotes ont des repas différents?

Oui, le commandant et le co-pilote doivent manger deux repas différents, au cas où il y aurait une contamination. C’est un règlement de compagnie. On évite aussi les fruits de mer juste avant de prendre les commandes. L’important est qu’un membre du personnel navigant puisse toujours piloter l’avion et le ramener.

7 Est-ce que le pilotage automatique va vous piquer votre job?

Dans le premier 747, il y avait cinq personnes dans le cockpit: deux pilotes, un mécanicien, un navigateur et un radio, et maintenant, on fait le même travail à deux! Dans dix ans, on aura peut-être des avions sans pilote... Si c’est une intelligence artificielle qui fait le travail mieux que nous, pourquoi pas? Mais pour l’instant, le décollage se fait toujours en manuel, c’est la partie du vol la plus délicate. À partir de 150 mètres d’altitude, on engage le pilote automatique, ce qui nous permet de nous concentrer sur l’environnement plutôt que sur les instruments, surtout s’il y a beaucoup de trafic.

8 A-t-on plus de succès auprès des femmes quand on est pilote? Je ne me rappelle pas avoir pu profiter de l’attrait de l’uniforme. L’adage qui dit que le pilote a une femme dans chaque aéroport, je ne connais pas. C’était peut-être possible il y a quarante ans, mais aujourd’hui le métier ne le permet plus. Quand on arrive à l’hôtel, on mange, on va dormir et on fait du sport le lendemain pour être en forme avant de repartir. MM

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