42 | 14.2.2022 | VIANDE DE CULTURE
Le steak haché du futur
Depuis des annĂ©es, le secteur alimentaire cherche Ă crĂ©er de la viande Ă partir dâune cellule en Âlaboratoire plutĂŽt que de sacrifier un animal. Ă Singapour, les premiers produits sont dĂ©sormais ÂautorisĂ©s Ă la vente. En Suisse, leur commercialisation prendra encore un peu de temps. Texte: Ralf Kaminski
2. Quels sont les principaux dĂ©fis de cette mĂ©thode? 1. ConcrĂštement, comment ça marche? On prĂ©lĂšve une cellule souche sur un animal par biopsie, puis on dĂ©veloppe des cellules spĂ©cialisĂ©es Ă partir de celle-ci dans un biorĂ©acteur. Les cellules se multiplient ensuite dans une solution nutritive Ă lâaide dâhormones de croissance, et on obtient de la viande. Il faut environ deux semaines pour que de petits morceaux de viande se forment dans le biorĂ©acteur, ce qui suffit par exemple pour la fabrication dâun burger. Ces morceaux de viande sont Âensuite structurĂ©s au moyen de protĂ©ines vĂ©gĂ©tales afin dâobtenir la texture que lâon connaĂźt. Ă long terme, ce procĂ©dĂ© devrait Ă©galement permettre de produire des steaks et des filets de poisson.
La technologie est en bonne voie, mais les coĂ»ts sont encore trop Ă©levĂ©s, en particulier ceux de la solution nutritive dans laquelle les cellules se transforment en viande. Mais avec le temps, le prix des nouvelles technologies diminue: dans cinq ans environ, ils devraient avoisiner ceux de la production industrielle de viande actuelle. Un autre dĂ©fi est lâautorisation rĂ©glementaire pour la vente. La Swiss Protein Association, dont Migros est membre, devrait aider Ă atteindre cet objectif.
3. Ce produit implique-t-il vraiment de ne pas tuer dâanimaux? Le prĂ©lĂšvement de cellules se fait sans que Âlâanimal soit blessĂ©. La plupart du temps, une seule intervention suffit, car elle permet de crĂ©er ce que lâon appelle une lignĂ©e cellulaire immortelle. Quant Ă la solution nutritive, on Âutilise encore souvent un sĂ©rum provenant de fĆtus dâanimaux. Toutefois, certaines entreprises remplacent dĂ©jĂ ces hormones de croissance par des produits vĂ©gĂ©taux. Migros a investi dans deux entreprises qui appliquent dĂ©jĂ ce procĂ©dĂ© et renonce Ă vendre de la viande de culture pour laquelle du sĂ©rum animal a Ă©tĂ© utilisĂ©.