GEORGES PITHIOUD A tombeau ouvert
L
« Le Président » avant son grand voyage. Et pour cause. La nièce de sa femme – entre les mains de laquelle il avait déposé son destin – avait pris grand soin d’organiser son isolement. « Enterré vivant » à l’hôpital gériatrique de Fourvière pour une septicémie causée par « une piqure intempestive » selon l’expression d’André Soulier, Georges Pithioud dont la forme insolente était sa plus grande fierté « a vu le fil de sa vie se briser ». Privé de visites et seul dans sa chambre d’hôpital, l’homme qui a mis sur un vélo des générations de Lyonnais est décédé à l’arrière du peloton, le 28 juillet. Aucun proche pour rouler les derniers mètres à ses côtés… Il avait 97 ans. Nous n’épiloguerons pas sur la personne précédemment évoquée dont il avait fait sa légataire universelle. Pour héritage, il nous laisse un exemple – sans doute suranné pour certain – d’honnêteté et de probité. Des vertus parfaitement reflétées dans son long visage émacié percé de deux billes bleues pétillantes et taquines. Ce même visage salué unanimement chez Pierre Orsi. C’est dans la belle maison de la place Kléber
particulièrement appréciée par Georges Pithioud que Georges Halatas a rassemblé le 22 septembre ses plus fidèles amis, privés des ultimes adieux. A André Soulier d’endosser, ce jour-là, tous les costumes : faiseur d’épitaphe, orateur funèbre, marchand de couronnes… le ténor de Fourvière et de Sainte Blandine a gravé dans le marbre le souvenir de ce « champion de l’élégance » qui aura occupé dans le cyclisme et la vie lyonnaise une place à part. Roulez en paix, cher Georges. Marc Polisson [Article à lire en écoutant « Il était une fois en Amérique – Deborah’s Theme]
Les membres du Club Privilège réunis chez Pierre Orsi pour honorer la mémoire de Georges Pithioud
Photo © Fabrice Schiff
e ciel a attendu. Peu importe Georges Pithioud a désormais l’éternité pour lui. Disparu sans laisser d’adresse, il aura fallu à ses amis beaucoup de ténacité pour honorer sa mémoire. Fin juillet, Lise Faucon s’alarme. Elle n’a plus de nouvelles de Monsieur Georges depuis plusieurs semaines ! Prise d’un mystérieux et angoissant pressentiment, son amie de cœur fait le tour des hôpitaux lyonnais et sonne le rappel des proches. Quand elle parvient enfin à retrouver sa trace, il est déjà trop tard. Mort, incinéré et enterré en catimini, Georges Pithioud méritait (et désirait secrètement) mieux que ce macabre épilogue. Même sa gouvernante – qui veillait sur lui depuis plus de 30 ans – n’a appris sa mort qu’en rentrant de ses vacances au Portugal. Au Club Vendôme, le club de sports huppé du 6ème, dont il ouvrait tous les jours les portes à 6h30 du matin, c’est également la consternation. Aucun de ses prestigieux membres (Gérard Collomb, Christian Philip, Jean-Michel Aulas…) n’a pu saluer une dernière fois
Lyonpeople / Octobre 2016
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