Photo : Saby Maviel
EN•COUVERTURE PUCES DU CANAL
PIERRE-GUY CELLERIER met les bouchées doubles
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n ne grandit pas impunément entre la fromagerie familiale et la salle des ventes de l’avenue Galline à Villeurbanne… « Avec mon père, grand amateur de toiles pointillistes, nous allions tous les matins à la salle des ventes, à midi on se retrouvait avec les copains de la famille Giorgi à la Locomotive, le restaurant de la brocante Stalingrad où j’ai chiné dès l’âge de 18 ans, des meubles Art Déco, des verreries de Gallé et des frères Müller, grands cristalliers de l’Ecole de Nancy », confie PierreGuy Cellerier. Né antiquomane, l’héritier de quatre générations de fromagers et traiteurs gastronomiques se soigne en bouclant chaque dimanche, deux aller-retour entre les Halles Paul Bocuse et les Puces du Canal. « J’arrive à 6h30 ou 7h aux Puces, je fais mes repérages avant de partir travailler aux Halles puis je reviens vers 11h30 avec femme et enfants ». Moins fan d’Art Déco que par le passé, Pierre-Guy Cellerier peut aussi bien craquer pour de vieilles cartes d’écoliers que pour un petit secrétaire des années 40 en ronce de citronnier. Un style de meubles très prisé par l’ancienne directrice du Cintra qui avait pris soin de le réserver auprès
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Lyonpeople / Octobre 2015
d’un brocanteur des Puces du Canal… « Mais laissez-le donc au petit ! », s’empressa-t-elle de lancer à l’homme de l’art dès qu’elle eut compris le coup de foudre de Pierre-Guy Cellerier pour ce charmant secrétaire.
« Le plaisir de croiser des gens de tous bords » Tandis qu’Aurélie Cottendin, sa compagne avocate, chine des petits bureaux, des lustres, des étagères Vintage et leur cortège de miroirs Soleil, Pierre-Guy Cellerier fend la foule pour s’emparer d’un moule à Kugloff, d’un vieux porte-manteau ou d’une série de tables et chaises de bistrot prêtes à équiper les boulangeries-restaurants Paul dont il développe les franchises à Lyon. Il suffit pourtant d’un coup de foudre pour un bureau Mondrian ou une collection de chaises iconiques de Charles Eames pour que le couple décide de changer de décor du jour au lendemain. Du marché aux puces aux galeries lyonnaises et parisiennes où ils jettent leur dévolu sur des toiles de Combas, Basquiat et quelques œuvres de street art, Pierre-Guy et Aurélie cultivent un bel éclectisme artistique. Ajoutez « le
plaisir de croiser des gens de tous bords » dans les allées des Puces du Canal, pour combler ces antik addicts ravis d’improviser un déjeuner avec Constant Giorgi* rencontré un jeudi matin, ou de partager le verre de l’amitié avec l’artiste et photographe Marine Palailler, chineuse invétérée. « Le jour-même où elle inaugurait sa galerie de la Place Gailleton, nous avons aussi croisé aux Puces du Canal la décoratrice d’intérieur Nathalie Rives », se souvient Pierre-Guy, inconditionnel des ambiances dingues et chic imaginées par une passionnée d’art, de design et de savoir-faire artisanaux. Sans les tapissiers, doreurs, ébénistes, peintres et couturiers dont la décoratrice et ses clients adorent revisiter les traditions aux Puces du Canal « ne serions-nous pas des chefs d’orchestre sans musiciens ? » JV *Promoteur-propriétaire des bâtiments des Puces du Canal et de la Cité des Antiquaires dont les occupants devraient, à plus ou moins long terme, rejoindre le site du Canal.