50 ans de rêves et d'actions

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50 ANS DE RÊVES ET D’ACTIONS L’Office franco-québécois pour la jeunesse


Nadeau, Jean-Benoît, 1964Poirier, Georges, 194850 ans de rêves et d’actions L’Office franco-québécois pour la jeunesse ISBN 978-2-551-26202-1 Édition : Lison Lescarbeau Révision : Dominique Stengelin Assistante à la révision : Martine Chiasson Correction d’épreuves : Nathalie Savaria Conception graphique : Anne-Laure Jean Recherche : Armelle Dugué et Michel Lagacé Retouches photos : Alain Lefort Dépôt légal – 2e trimestre 2018 © 2018 OFQJ Tous droits réservés. Office franco-québécois pour la jeunesse En France 11, passage de l’Aqueduc - 93200 Saint-Denis Au Québec 934, rue Sainte-Catherine Est, Montréal H2L 2E9 200, chemin Ste-Foy, Québec G1R 1T3 www.ofqj.org




AVANT-PROPOS Ce livre, écrit à quatre mains, est un pur produit de l’esprit de coopération entre la France et le Québec. Il a été confié à deux journalistes chevronnés, l’un québécois et l’autre français, tous deux fins connaisseurs du « pays d’en face ». Toujours dans cet esprit franco-québécois, nous avons donc travaillé en collégialité du début à la fin. En tant qu’auteurs, nous avons voulu que 50 ans de rêves et d’actions soit davantage qu’un simple livre commémoratif. Parce que l’Office franco-québécois pour la jeunesse (OFQJ) est l’exemple le plus brillant de la coopération, dite « directe et privilégiée », entre la France et le Québec, cet ouvrage raconte aussi une histoire qui n’a pas souvent été dite, celle justement des efforts constants pour que « ça marche », ce que les multiples transformations de l’Office franco-québécois pour la jeunesse illustrent à merveille. Outre la nature particulière de la relation entre le Québec et la France, c’est bien son intensité que rehausse le mieux l’OFQJ. Nous sommes redevables à l’OFQJ d’avoir accepté que 50 ans de rêves et d’actions soit un vrai livre de journalistes écrit sans complaisance. Vous y trouverez donc des statistiques jamais compilées sur l’OFQJ et aussi des constats sans parti pris. 50 ans de rêves et d’actions, c’est aussi un équilibre délicat entre la grande et la petite histoire, le travail de ses artisans et l’expérience des quelque 150 000 jeunes, français et québécois, soutenus par l’Office depuis les premiers échanges le 4 juin 1968.


Pour faciliter la lecture et la mise en perspective historique, nous avons consacré un chapitre à chaque décennie des 50 années passées. Chaque fois, nous y abordons d’abord le contexte politique puisque l’OFQJ est un organisme bigouvernemental. Les orientations données à l’Office et les nominations des secrétaires généraux sont éminemment politiques. En découlent les évolutions des sections française et québécoise de l’OFQJ, le dynamisme des équipes, les mutations des programmes. Au bout du compte, il y a ces générations de « stagiaires » devenus « participants », connus ou anonymes. Le vertige nous saisit à la seule idée que tant de jeunes aient pu profiter d’un stage, d’une mission, d’un événement avec l’OFQJ. Nul ne peut rendre l’entièreté de cette expérience humaine fantastique dont Français et Québécois ont tout lieu d’être fiers. Nous avons néanmoins tenu à mettre en valeur, sous forme de portraits, deux douzaines de participants, quatre par décennies, deux Québécois et deux Français, hommes et femmes, de tous horizons. Leurs souvenirs enthousiastes, pourtant parfois lointains, révèlent l’importance que l’OFQJ a eue dans leur vie. Leur témoignage est le meilleur gage du sens profond que revêt l’Office dans le destin de nos deux peuples. Une caricature de la relation entre Français et Québécois veut que ceux-ci se piquent constamment pour des questions de mots. Notre expérience d’auteurs pour ce projet a été tout autre. Nous nous sommes rarement butés aux mots. En revanche, les codes typographiques — l’équivalent écrit de l’accent — ont été la plus belle illustration de ces différences qui nous rassemblent !


Nous devons aussi beaucoup au travail d’une demi-douzaine de personnes clés, sans qui rien n’aurait été possible. À commencer par deux auteurs qui nous ont précédés de 30 et de 15 ans. D’abord Élaine Hémond, qui avait rédigé la plaquette Traces et Jalons, commémorant les 20 ans de l’OFQJ en 1988. Et Frédéric Bastien, auteur d’Un pont pour la jeunesse, qui célébrait les 35 ans de l’Office en 2003. Avec leur consentement, nous avons librement pioché dans leur travail et dans les entretiens qu’ils avaient réalisés à l’époque : sans ce travail de pionnier, ce livre aurait été difficile, voire impossible à faire. Parmi tous les employés de l’OFQJ, tant anciens qu’actuels, qui nous ont témoigné de leur expérience et que nous citons dans ce livre, nous tenons à adresser un merci tout particulier à Armelle Dugué de la section française et à Michel Lagacé de la section québécoise, qui répondaient à nos demandes parfois dans la minute. Leur diligence est sans doute la meilleure illustration du soutien que l’Office apporte à tous ses stagiaires. Et il ne faudrait pas passer sous silence le travail exceptionnel de notre éditrice, Lison Lescarbeau, qui a pris le projet in extremis pour l’amener à bon port, montrant par là à la fois son talent d’éditrice et son don de diplomate. Enfin, nous savons gré aux deux secrétaires généraux, Marianne Beseme et Michel Robitaille, de la confiance qu’ils nous ont témoignée tout au long de ce projet. Leur ouverture d’esprit a permis de voir naître un livre rare dans son genre et dont nous sommes particulièrement fiers. Jean-Benoît Nadeau, Québec Georges Poirier, France



1960 LES ANNÉES


1968 — Des stagiaires pendant un projet d’échanges étudiants entre la France et le Québec. À l’époque, la formule préconisait des visites thématiques dans différents secteurs, dont les sports nautiques.


UNE COURSE D’OBSTACLES

L

a création de l’Office franco-québécois pour la jeunesse (OFQJ) est indissociable du contexte enfiévré des années 1960, qui portait la France et le Québec vers le changement et la redécouverte. La France était alors au milieu des Trente Glorieuses, période faste de reconstruction après les années noires de la guerre. Chez les Québécois, l’année 1960 marque le début d’une modernisation en profondeur de leur société, qu’ils appellent la « Révolution tranquille » qui, sans avoir été une vraie révolution, aura été tout sauf tranquille. Après les années dites de « la grande noirceur », sous le règne conservateur de Maurice Duplessis entre 1944 et 1959, le libéral Jean Lesage prend le pouvoir au Québec, le 22 juin 1960. Porté par des slogans


restés fameux, tels « Maîtres chez nous » et « Maintenant ou jamais », il veut réformer l’État québécois. L’avocat Jean Lesage est un cas assez unique dans la politique québécoise : entre 1945 et 1958, il a d’abord fait une carrière de député et de ministre du gouvernement fédéral canadien à Ottawa avant de sauter en politique provinciale et de prendre la direction du Parti libéral du Québec, le 31 mai 1958. Entouré de son « équipe du tonnerre » — autre slogan —, Jean Lesage ne demande pas mieux que de coopérer avec la France pour réussir les réformes proposées dans son programme électoral. C’est aussi le souhait d’André Malraux, pour lequel le général de Gaulle a créé le poste de ministre de la Culture en 1959.

UNE VISION FRANÇAISE-CANADIENNE Féru d’histoire, Charles de Gaulle n’ignore rien du Québec. Il y est venu en 1944 et en 1945. Il y revient en avril 1960 comme président de la France, en route vers les États-Unis puis les Antilles françaises. Une visite formelle, sans incident diplomatique ni enthousiasme populaire. Le contexte de la guerre d’Algérie explique la froideur : « Toute cause coloniale a la sympathie des Canadiens », note l’ambassadeur de France Francis Lacoste1. Le général a alors une vision française-canadienne et non l’inverse. Le 21 avril, invité de la Ville de Montréal, il salue « la deuxième ville française au monde », et évoque « une entité française vivante sur cet immense continent américain2 ». Élu deux mois après cette visite, Jean Lesage se tourne donc vers Paris. « Nous n’avons pas l’impression que l’épanouissement du peuple canadien-français sera assuré par la seule sauvegarde de la

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langue, écrit-il au général de Gaulle, nous croyons que l’avancement de notre minorité nationale dans tous les domaines ne sera bien servi que si le gouvernement du Québec adopte une politique globale3 ». Dès septembre 1960, le vice-premier ministre Georges-Émile Lapalme parle d’un projet de Maison du Québec à Paris avec André Malraux, qui l’encourage. Pourtant, il faudra beaucoup de ténacité et de diplomatie pour convaincre un Quai d’Orsay « frileux et réticent ». Le jurisconsulte du Ministère, le 3 février 1961, réprouve une « erreur de droit » au regard des coutumes internationales4.

LESAGE REÇU COMME UN CHEF D’ÉTAT Finalement, l’inauguration de la Maison du Québec à Paris a lieu le 5 octobre 1961. Jean Lesage s’y rend avec 140 personnes, dont 8 ministres, 50 députés, ainsi qu’une kyrielle de fonctionnaires et de journalistes. Le premier ministre québécois « est reçu avec tous les honneurs dus à un chef d’État, ce qui ne manque pas d’agacer passablement Ottawa5 ». Grande réception à l’Élysée, cocktail avec 1 000 personnes, dîner de gala avec 300 invités. « Ce soir, on sent le souffle de l’Histoire », écrira le ministre français Alain Peyrefitte6,7. Le général de Gaulle porte un toast : « Tout ce qui, dans l’univers, parle ou veut parler français, afin de s’ouvrir, par là, l’accès à des sources merveilleuses, va bénéficier du fait que notre effort est désormais commun8. » Au café, un autre ministre français, Louis Joxe, chuchote à Alain Peyrefitte, à propos du général : « Sa grande pensée est de réveiller le fait français dans le monde pour faire équilibre aux Anglo‑Saxons9. »

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5 octobre 1961 — Le général de Gaulle reçoit le premier ministre québécois Jean Lesage comme un chef d’État. Alain Peyrefitte avec le général de Gaulle. 10 octobre 1963 — André Malraux à Montréal avec le maire Jean Drapeau. À gauche, les ministres Paul Gérin-Lajoie et Georges-Émile Lapalme ; à droite, le commissaire de l’exposition française Pierre Dupuy.

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Dans ses mémoires, Charles de Gaulle soulignera que, le 5 octobre 1961, les gouvernements français et québécois « règlent entre eux et sans intermédiaire le début de l’assistance que la France consacre désormais aux Français du Canada10 ». Ainsi naît ce qui deviendra une « relation directe et privilégiée », selon les fameux éléments de langage véhiculés depuis 50 ans.

AIDER LES QUÉBÉCOIS À DISPOSER D’EUX-MÊMES Jean Lesage fera trois voyages à Paris comme premier ministre du Québec, en 1961, en 1963 et en 1964. Il obtient le statut diplomatique pour la Maison du Québec, qui devient la Délégation générale du Québec à Paris. Charles de Gaulle, chantre du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », perçoit la montée en puissance de l’État québécois. Le 7 mai 1963, à la veille de la seconde arrivée de Jean Lesage, il reçoit Alain Peyrefitte et lui dit : « Le Canada français est en pleine évolution et en plein développement. Un jour ou l’autre, il se séparera du Canada anglais parce que ce n’est pas dans la nature des choses que les Français du Canada vivent éternellement sous la domination des Anglais. » Charles de Gaulle évoque même « le jour où nous ferons une réunion des peuples de langue française… La francophonie est une grande idée. Il faudra qu’elle aboutisse. Je ne le verrai sans doute pas. Il ne faut pas que nous soyons demandeurs. Il faut que le projet vienne du dehors11… » Six mois plus tard, le Conseil des ministres français du 23 octobre 1963 est marqué par une tirade enthousiaste d’André Malraux, qui revient de l’inauguration de l’Exposition française de Montréal et plaide pour « la formation de cadres techniques d’inspiration française ». Le général

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de Gaulle confie à Alain Peyrefitte, responsable de l’Information et qui collige les conversations : « Les Français du Canada sont en danger dans leur identité. C’est notre devoir d’aider les Québécois à disposer d’eux-mêmes12. » Autant dire que ce qu'exprimera le général de Gaulle quatre ans plus tard au Québec n’était pas improvisé, mais mûri de longue date.

LA DOCTRINE GÉRIN-LAJOIE En février 1965, Paul Gérin-Lajoie, qui vient de fonder le ministère québécois de l’Éducation, signe à Paris une entente de coopération avec son homologue français Christian Fouchet. Les dents grincent à Ottawa. Quelques semaines plus tard, en avril, devant le corps consulaire de Montréal, Paul Gérin‑Lajoie formule sa fameuse « doctrine ». Il montre que le Québec a parfaitement le droit de signer des accords internationaux au nom du « prolongement international des compétences internes du Québec ». Depuis, tous les gouvernements québécois ont défendu cette doctrine, signant en 50 ans plus de 757 ententes internationales, dont 130 avec la France13. Celle qui crée l’Office franco-québécois pour la jeunesse est le douzième accord sur la liste.

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17 mai 1967 — Le premier ministre du Québec Daniel Johnson reçu à Paris par son homologue français Georges Pompidou. En arrière-plan, avec la moustache, Jacques Parizeau et Paul Dozois, ministre des Finances du Québec. 8 décembre 2008 — Paul Gérin-Lajoie, père de la diplomatie québécoise, raconte la Révolution tranquille à Québec.

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C’est en 1967 que tout se joue pour l’OFQJ. Montréal est la ville hôtesse de l’Expo 67 et le Québec attend une cinquantaine de chefs d’État, dont le général de Gaulle. Il n’avait guère envie d’aller « dans cette foire », dira-t-il, d’autant qu’elle coïncide avec le centenaire de la Confédération que, dans ses Mémoires d’espoir, il considère comme « un État mal à l’aise, ambigu et artificiel ». C’est son « ami » Daniel Johnson, élu premier ministre du Québec en 1966, qui le convainc de l’attente des Québécois. Ce conservateur, qui joue fort la carte du nationalisme, vient d’ailleurs à Paris deux mois avant la visite présidentielle. De Gaulle, en stratège attentif aux circonstances, entend se rendre au Québec pour aider le Canada français à s’émanciper. Au député Xavier Deniau, venu le saluer alors qu’il embarquait sur le Colbert pour traverser l’Atlantique, Charles de Gaulle lance : « On va m’entendre, là-bas14,15. » Aussitôt arrivé à Québec, le président français déclare, au Château Frontenac : « On assiste à l’avènement d’un peuple… »

SUR LE CHEMIN DU ROY Le voyage a été minutieusement préparé. L’Élysée a fait appel à Bernard Dorin, conseiller diplomatique d’Alain Peyrefitte, qui a été attaché à l’ambassade de France à Ottawa de 1957 à 1960 et a gardé beaucoup de contacts au Québec. « Dès avril, je devais faire chaque semaine une note de 4-5 pages sur tout ce qui se passait au Québec, note glissée dans le dossier de fin de semaine du général. Il connaissait parfaitement la situation », raconte Bernard Dorin. Il y a plusieurs séances de travail à l’Élysée. « Un jour, de Gaulle trouva

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24 juillet 1967 — Le général de Gaulle sur le chemin du Roy.

absurde le projet de voyage préparé par le Quai d’Orsay, proposant de remonter le Saint-Laurent de nuit. “ Je veux voir des gens ”, lança le président. J’ai suggéré de prendre la route de jour, sur la rive gauche, car il y a de nombreux villages. J’évoque Louis XV. De Gaulle est intéressé et, regardant la route sur la carte, il dit : “ c’est celle-là que je veux prendre ”16,17 ». Côté québécois, parmi ceux chargés des visites des chefs d’État à l’Expo 67, il y a un jeune haut fonctionnaire de 27 ans, JeanPaul L’Allier, directeur de la coopération au ministère des Affaires culturelles. Il considère la venue du général de Gaulle comme « la mère de toutes les visites18 ». Il ignore encore qu’il deviendra le

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premier secrétaire général puis le ministre responsable de l’OFQJ. C’est lui qui vaque à tous les détails du voyage du général le long du chemin du Roy. Le 24 juillet 1967, la population forme une immense haie d’honneur entre Trois-Rivières et Montréal pour saluer le cortège de Charles de Gaulle et de Daniel Johnson. Entre deux étapes sur le chemin du Roy, révèle Jean-Paul L’Allier, le général sonde le premier ministre québécois quant à ses projets pour la jeunesse : « La France et l’Allemagne, dit-il, ont fait l’Office franco-allemand pour la jeunesse afin de rebâtir les ponts entre eux. Nous devrions faire la même chose19. » L’idée est dans l’air. Au printemps 1967, en préparant la visite de Johnson à Paris, le haut fonctionnaire québécois André Patry, inspirateur de la « doctrine Gérin-Lajoie », se souvient d’en avoir formellement parlé avec des diplomates français20.

IL FAUT OCCUPER LE TERRAIN Au soir de cette journée triomphale du 24 juillet, le général de Gaulle s’avance au balcon de l’hôtel de ville de Montréal, surplombant une foule qui l’attend et d’où émergent des drapeaux et quelques pancartes « France libre, Québec libre ». Le discours durera moins de six minutes, ponctué de quatre mots : « Vive le Québec libre ! » La foule, un quart de seconde médusée, explose de bonheur. L’onde de choc parcourt la planète et accélère l’Histoire. Le premier ministre canadien Lester B. Pearson ayant qualifié « d’inacceptables » les propos du général de Gaulle, celui-ci refuse de se rendre à Ottawa et rentre en France. Lorsqu’il atterrit à Orly,

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24 juillet 1967 — Le discours du général de Gaulle au balcon de l’hôtel de ville de Montréal. Le général salue la foule, avec le maire Jean Drapeau à sa droite.

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le 27 juillet, le Conseil des ministres l’attend au grand complet à l’aéroport. Il convoque pour le lendemain Alain Peyrefitte, devenu ministre de l’Éducation nationale en avril. Le choix n’est pas innocent. L’éducation étant, au Québec, une prérogative provinciale, des accords de coopération en éducation permettent de court-circuiter le ministère canadien des Affaires extérieures. « Nous avons fait une percée. Maintenant il faut occuper le terrain. Je vous en charge… Il faut leur prêter massivement nos enseignants, accueillir massivement leurs étudiants. Il faut tout couvrir… », ordonne le général21. « Les choses se sont précipitées », se rappelle Bernard Dorin. « Il fallait des propositions immédiates. Peyrefitte m’en a chargé. J’y ai passé une partie du mois d’août, avec un cahier d’écolier sur la plage de Cabourg : 25 premières propositions dont la principale est l’OFQJ, copié sur l’Office franco-allemand22. » L’idée était bien dans l’air. Le 23 août, le projet passe en Conseil des ministres. « Nous ne pouvons pas coopérer avec le Québec comme avec n’importe quel autre pays », insiste le général de Gaulle. Un conseil restreint entérine le texte le 1er septembre et Alain Peyrefitte s’envole pour le Québec le 10 septembre. Il est accueilli par son homologue Marcel Masse. Le 14 septembre est signé le Protocole Johnson-Peyrefitte, qui fixe les bases très larges de la coopération franco-québécoise.

L’EXPÉRIENCE FRANCO-ALLEMANDE Parmi les mesures adoptées, il y a bien la création de l’OFQJ. À son tour, le ministre de la Jeunesse et des Sports, François Missoffe, est convoqué à l’Élysée. Fort des instructions du général,

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il rassemble une petite équipe, dont son conseiller Jean-Claude Quyollet. Ce dernier, sous-préfet et diplômé de l'École Nationale d'Administration (ÉNA), est administrateur de l’Office franco-allemand pour la jeunesse et connaît bien ce genre d’organisme. François Missoffe et Jean-Claude Quyollet débarquent à Montréal fin septembre où les reçoit Jean-Marie Morin, adjoint parlementaire de Daniel Johnson, qui lui a demandé de prendre en charge les destinées de l’Office. C’est l’automne et Jean-Marie Morin a la présence d’esprit d’emmener ses convives dans son coin de pays, le Bas-Saint-Laurent. Les vastes forêts québécoises ont revêtu leurs couleurs les plus ardentes : les deux Français en ont le souffle coupé. Le temps de la redécouverte vient de commencer. À Québec, François Missoffe remet au premier ministre une lettre manuscrite du général de Gaulle. Jean-Claude Quyollet narre la suite : « Il a lu la lettre devant nous et il était enthousiaste, tout en faisant remarquer que le Québec manquait d’expérience dans le domaine des relations bilatérales. » Réponse du ministre français : « Ne vous inquiétez pas, nous avons des organismes bilatéraux dont un avec l’Allemagne qui marche très bien et monsieur Quyollet en est membre. Nous savons comment il faut faire. » Jean-Claude Quyollet poursuit : « J’ai senti que Daniel Johnson a été quelque peu rassuré puisqu’au départ il ne savait pas trop ce que ça allait être. Il faut dire que, pour le Québec, la création d’un office bigouvernemental était une première, et tout cela se faisait dans le désaccord d’Ottawa. Donc ce n’était pas banal23. »

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9 février 1968 — Signature à Paris du protocole créant l’OFQJ par le ministre québécois Jean‑Marie Morin et le ministre français François Missoffe. En arrière‑plan, au centre, le directeur de cabinet de François Missoffe, René Haby, qui sera ministre de l’Éducation de 1974 à 1978.

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LA JEUNESSE FRANÇAISE DE NOS DEUX RIVES Le ministre fédéral canadien Jean Marchand, qui a eu vent du projet, désire couper l’herbe sous le pied des Québécois en proposant un Office franco-canadien pour la jeunesse. Le Quai d’Orsay, saisi des deux projets, enterrerait bien l’un et l’autre. Toutefois, pour l’OFQJ, les discussions concrètes sont déjà entamées. Jean‑Claude Quyollet en est chargé par le gouvernement français. Du côté québécois, Daniel Johnson choisit Jean-Paul L’Allier, qui le breffe sur chaque visiteur officiel de l’Expo 67. Le premier ministre lui dit : « Je veux que ça soit vous, je vais vous donner les moyens. Vous avez carte blanche, débrouillez-vous24 ! » L’Allier et Quyollet multiplient les allers et retours entre les deux capitales. Fin novembre, Jean‑Marie Morin conduit une mission à Paris pour peaufiner le projet, « sans relâche durant 15 jours », dira François Missoffe. Le Conseil des ministres français donne son feu vert le 4 janvier 1968, de même que Québec. L’OFQJ sera un organisme bigouvernemental principalement financé par un fonds commun alimenté à parts égales et géré par un conseil d’administration de 16 membres, 8 Français et autant de Québécois. Il sera dirigé par un secrétariat général bicéphale : deux secrétaires généraux, l’un français, l’autre québécois, dirigeront chacun leur section à Paris et au Québec. Le 9 février 1968, le protocole donnant officiellement naissance à l’Office franco-québécois pour la jeunesse est signé à Paris par François Missoffe et Jean-Marie Morin. « Le Québec n’oubliera jamais ce moment où l’Histoire arrêta son cœur pour saluer votre président », assure le Québécois avant de dire : « L’occasion est rêvée d’unir la jeunesse française de nos deux rives ». Le ministre français

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se souvient de sa visite en septembre : « Je fis l’annonce publique de la création prochaine de cet Office devant quelque 3 000 jeunes réunis à la Cité des Jeunes de Rivière-du-Loup, cette charmante ville “ française ” située sur le Bas-Saint-Laurent. Vous vous souvenez comme moi de la formidable ovation… » François Missoffe conclut : « Jeunes Québécois et jeunes Français se reconnaîtront, se retrouveront et seront le symbole vivant — et turbulent, je l’espère — de ces solennelles retrouvailles25. » Le ministre l’ignore encore, mais la jeunesse française sera pour le moins turbulente trois mois après, en mai 1968…

ON A IMPOSÉ L’IDÉE AU QUAI D’ORSAY Tant en France qu’au Québec, on veut que les premiers échanges débutent dès l’été de 1968. C’est un pari risqué, car l’OFQJ n’existe pas formellement — la loi créant la section française sera votée le 20 octobre 1968, deux semaines avant la loi créant la section québécoise ! De plus, il faut compter avec les obstructions d’Ottawa au Canada et les réticences de l’administration du Quai d’Orsay en France. Afin d’accélérer le processus, Jean-Claude Quyollet est momentanément détaché du ministère de la Jeunesse et des Sports pour travailler directement auprès de l’Élysée. Cet appui politique n’est pas superflu. « Ah ! il a fallu convaincre », lance Jean-Claude Quyollet en soupirant. « On a imposé l’idée au Quai d’Orsay malgré leur hostilité. Heureusement, nous pouvions compter sur les appuis de gens convaincus comme Pierre Moineau, directeur de la Coopération culturelle, technique et scientifique, et Pierre de Menthon, consul

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général de France à Québec26. » Nommé après la visite du général de Gaulle au Québec, le nouveau consul a reçu des instructions très claires du général en personne : il devra entretenir des relations avec le gouvernement du Québec et se rapporter directement à Paris, sans passer ni par le gouvernement fédéral ni par l’ambassade de France à Ottawa — ce qui enfreint la règle habituelle. Allait-on revenir aux anciennes habitudes après le départ de Charles de Gaulle en 1969 ? « On était un peu inquiet, reconnaît Jean-Claude Quyollet, mais sous la présidence de Georges Pompidou, j’ai pu compter sur Michel Jobert, secrétaire général de l’Élysée, et deux conseillers, Jean-Bernard Raimond et Michel Bruguière27. » Et puis, des gaullistes veillent, comme Xavier Deniau.

L’OFFICE N’A AUCUNE VISÉE POLITIQUE Au Canada, depuis le 20 avril 1968, Pierre Elliott Trudeau a succédé à Lester B. Pearson. Il n’est guère enclin à laisser le Québec avoir ses propres relations internationales. Dans le « triangle Ottawa, Paris, Québec28 », l’époque n’est pas à arrondir les angles. Il y a même une crise aiguë en septembre 1968. Ottawa déclare « persona non grata » le haut fonctionnaire français Philippe Rossillon, alors à la tête du Haut comité pour la défense et l’expansion de la langue française. Le premier ministre canadien l’accuse, à la Chambre des communes, d’être « un agent plus ou moins secret », agissant de manière « clandestine et subreptice ». Il est vrai que ce militant de la francophonie29 ne ménageait ni sa peine ni ses dons, distribuant par exemple des Astérix au Manitoba ! En novembre 1968, le gouvernement canadien, ulcéré par la première vague de stagiaires

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de l’OFQJ, étudie lapossibilité de construire des centres d’accueil internationaux sous le nom d’« Opération jeunesse30 », ce qui irrite les deux bords du Parlement québécois31. L’opération fera pschitt ! « Ottawa a tenté par tous les moyens de nous mettre des bâtons dans les roues », affirme Jean-Claude Quyollet32. La méfiance envers la France est donc de mise. Le nouveau ministre français de la Jeunesse, Joseph Comiti, en prend toute la mesure lors de la conférence de presse, avec Jean-Marie Morin, à l’issue du 1er conseil d’administration de l’OFQJ, les 9 et 10 novembre 1968. Certains journalistes, plutôt sceptiques, l’interrogent sur des coopérants français « agitateurs » et sur la venue de « jeunes gaullistes » en stage. Les ministres excluent toute arrière-pensée. Le quotidien montréalais Le Devoir titre : « L’Office franco-québécois n’a aucune visée politique33. » La polémique n’ira pas plus loin. En revanche, elle fait comprendre aux artisans de l’Office à quel point le nouvel organisme peut devenir un sujet controversé. En France, le Québec est alors associé fortement au général de Gaulle. Pour assurer la pérennité de l’Office malgré les changements de gouvernement, Jean-Claude Quyollet prend les moyens pour résoudre le problème : « Dès le départ, nous avons voulu que l’Office soit apolitique, même si c’était clair que c’était de Gaulle qui en avait été l’inspirateur. On n’a pas voulu être accusé d’avoir un parti pris politique, et c’est ce que le général souhaitait lui-même. Il fallait faire en sorte que toutes les familles politiques françaises puissent aller au Québec… On a invité la CGT (proche des communistes) et d’autres groupes de gauche. Quand on envoyait de jeunes syndicalistes, c’était clair qu’ils étaient plutôt à gauche. Et quand c’était des jeunes patrons, c’est sûr qu’ils étaient plutôt à droite… En plus, j’ai fait nommer des gens de droite et de gauche dans mon conseil

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d’administration. Comme Jean‑Marie Domenach, éminent intellectuel, directeur de la revue Esprit, qui en plus était un disciple d’Emmanuel Mounier, ce philosophe qui avait eu beaucoup d’influence au Québec. Donc, ça équilibrait les choses34. »

L’ACTION CORRIGE L’ACTION Huit mois avant que l’OFQJ soit créé légalement et tienne son 1er conseil d’administration, Jean-Paul L’Allier et Jean-Claude Quyollet avaient constitué leurs équipes pour préparer les premiers stages à l’été de 1968. Au siège social d’Hydro-Québec, où loge d’abord la section québécoise, Jean‑Paul L’Allier s’entoure d’une « équipe fantastique » d’une moyenne d’âge de 26 ans, comptant des Jean-Guy Saint‑Martin, Diane Wilhelmy et François Duffar, qui deviendront respectivement ambassadeur du Canada au Maroc, déléguée générale du Québec à New York et vice-président de Cossette marketing. Sans oublier Jean‑François Bertrand, ministre en 1981 ou encore Louise Fréchette, vice-secrétaire générale de l'Organisation des Nations unies (ONU) en 1998. « Ça bougeait très vite, décrit François Duffar. Moi, je suis arrivé en mars 1968. L’Office n’était même pas créé officiellement. On ne savait pas où on allait et quelques semaines plus tard, on recevait nos premiers stagiaires ! On n’avait même pas d’argent, car le gouvernement ne pouvait nous donner des crédits puisque la loi créant l’OFQJ n’était pas encore votée. Alors, avec Jean-Paul, on était allés voir des banques pour emprunter de l’argent… heureusement

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qu’on avait une lettre du premier ministre35. » Jean-Paul L’Allier confirme : « “ L’action corrige l’action ” était notre devise et on l’avait inscrite sur un de nos documents de travail. On a monté tout ça très rapidement, sans une pléiade d’études préalables. Quand je vois que ça continue, j’en suis très fier36. »

UN BON MOIS SANS COMMUNICATION À Paris, dans les premiers locaux de la section française de l’OFQJ, tout à côté du parc Monceau dans le 17e arrondissement, les projets de stages s’empilent. À un mois des premiers échanges, Jean-Claude Quyollet s’arrache les cheveux, car la situation est telle qu’il ne peut y donner suite. En ce « mai 68 », la révolte estudiantine puis syndicale se répand dans le pays comme un raz-de-marée, dressant des barricades, ébranlant le général, paralysant toutes les communications — téléphoniques, télégraphiques et postales… Et, comme si la situation n’était pas assez difficile, Postes Canada déclenche une grève quelques semaines plus tard. « Pendant un mois, un mois et demi, se souvient Jean-Claude Quyollet, il n’y avait plus de communication avec le Québec. Les messages, les lettres, les télex et même le téléphone ont été brièvement paralysés. C’était un véritable trou noir et tout cela au moment même où l’on s’apprêtait à lancer les premiers échanges37 ». Les premiers artisans de l’OFQJ sont-ils gagnés par le découragement ? Pas du tout, s’il faut en croire Alain Beaugier, directeur des Programmes et des échanges à la section française durant 30 ans : « En dehors du regret qu’on avait de ne pas pouvoir faire venir nos premiers stagiaires, on savait qu’on n’avait aucune prise sur les événements. Mais nous n’étions pas abattus puisqu’on était une

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« Au bout de deux ou trois ans, ... de jeunes Françaises se mariaient avec des Québécois et des Québécoises prenaient des Français comme époux. »


équipe jeune. Nous gardions le moral vaille que vaille. Et comme il y avait des journées où l’on ne pouvait pas travailler, on allait voir ce qui se passait, le jour à la Sorbonne, le soir à l’Odéon. Au fond, c’était une époque vraiment captivante38. »

LES PREMIERS STAGIAIRES ONT DISPARU Le 4 juin 1968, les premiers échanges commencent. À Montréal, l’arrivée du premier groupe de 30 stagiaires français sera quasi catastrophique. Jean-Paul L’Allier rit en racontant l’épisode : « On était partis tout fiers à Dorval afin d’accueillir nos premiers stagiaires. On arrive, pas de stagiaires. On se renseigne à toutes les compagnies aériennes. Tout le monde revient bredouille. Et, comme les grèves se poursuivent en France, impossible de communiquer avec Paris. On est allés au collège Brébeuf, prévu pour les loger, et où on avait organisé une petite réception avec du vin et des pâtés. On n’allait pas gaspiller tout ça ! Alors, on a mangé et on a bu. La soirée était assez avancée lorsque quelqu’un lança : Et s’ils étaient arrivés par New York ? On fait un rapide calcul : considérant la durée du trajet en autobus depuis New York, ils étaient probablement déjà arrivés à Montréal. Tout le monde saute dans sa voiture pour foncer vers le centre-ville. On a trouvé nos 30 stagiaires qui nous attendaient la mine fatiguée, mais contents qu’on les ait retrouvés39. » En fin de compte, en cette première année, les deux sections enverront plus de 2 000 stagiaires : 1 100 Français et 978 Québécois. Les premiers de cordée d’une histoire qui dure depuis 50 ans.

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Pour la deuxième année, en 1969, la barre est haute, à 2 000 stagiaires de chaque côté ; ils seront 3 500 au total, l’OFQJ demeurant encore méconnu.

L’ENVOI DE JEUNES JOURNALISTES Parmi les premiers groupes de stagiaires, certains sont en journalisme. C’est une idée de Jean-Claude Quyollet. Il a voulu « dégaulliser » le conseil d’administration de l’OFQJ, et il a tenté de faire de même face à la presse et à l’opinion publique. On l’imagine mal de nos jours — alors que le Québec est une destination très populaire en France, avec quelque 400 000 traversées de l’Atlantique —, mais le fameux discours de juillet 1967 avait été plutôt mal accueilli en France. Notamment par les éditorialistes, à la notable exception du quotidien communiste L’Humanité. Pour qu’ils puissent se forger eux-mêmes une opinion, la section française de l’OFQJ emmène donc au Québec de jeunes journalistes de droite et de gauche, tout en leur préparant un programme exceptionnel. Ils rencontrent André Patry, qui enseigne le droit international à l’Université de Montréal, et aussi Gérard Bergeron, qui vient de publier Le Canada français après deux siècles d’impatience. L’opération réussit à renverser la tendance. « Très tôt, se félicite Jean‑Claude Quyollet, le quotidien Le Monde nous avait appuyés. On avait eu également des papiers favorables, incluant Le Nouvel Observateur, un hebdomadaire de gauche qui commençait à dire que non, le général ne s’était pas trompé40 ».

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Dès sa première mouture, la vie de l’organisme a été caractérisée par des échanges de découverte. Pour être plus exact, on parle de « redécouverte ». La France et le Québec avaient été si longtemps séparés qu’il fallait en quelque sorte repartir à zéro. Des clichés perdurent parfois. « Quand les Français débarquaient, mentionne François Duffar, l’un des premiers employés de l’Office, ils nous posaient toujours cette question : Où sont les “ Indiens ”41 ? » Dans l’autre sens, quelques poncifs ont aussi la vie dure sur les Français qui n’ont pas tous des bérets ou sur les fameuses « toilettes à la turque » des gares parisiennes. Comme quoi il fallait se connaître avant de se reconnaître.

DES STAGIAIRES EXIGEANTS Ce rôle dans la redécouverte, dévolu alors à l’OFQJ, sera résumé, au bout de deux ans, par la 4e session42 du CA, en octobre 1970 à Marseille : « Les deux objectifs fondamentaux de l’Office sont d’une part l’enrichissement personnel et d’autre part la connaissance mutuelle des deux peuples. La réalisation de ce double programme suppose donc une prise de conscience générale et non un perfectionnement technique. » Cette vision ne perdurera pas dans les décennies suivantes, quand le rôle professionnel prendra le dessus. Dès 1969, les stagiaires sont exigeants. La 3e session du CA, à Lac‑Delage en octobre 1969, fait écho à leur insatisfaction généralisée face aux formations reçues avant le départ. Ces jeunes ne sontils pas d’ailleurs les mieux placés pour savoir ce qu’ils souhaitent accomplir lors de leur séjour en France ou au Québec ? C’est le raisonnement des deux secrétaires généraux qui vont rectifier le tir en 1970.

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Août 1969 — Plusieurs dizaines de jeunes Québécois en stage « Connaissance de la France » en Touraine.

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LE LYRISME DE QUÉBEC À TOURS Qui sont-ils donc, ces jeunes pionniers français et québécois qui se lancent à la redécouverte d’une lointaine parenté dont on avait perdu la trace ? Ce sont, par exemple, les membres de la chorale universitaire de Montpellier, qui débarquent au Québec en plein été pour donner un concert le 14 juillet. Le symbole est particulièrement fort, et le ministre Jean-Marie Morin a tenu à être présent pour les saluer. Ému, il cite avec lyrisme le poète québécois Octave Crémazie (1827-1879) qui avait imaginé un vieux soldat escaladant chaque jour les remparts de Québec dans l’espoir de voir surgir à l’horizon une voile française — une allusion à l’arrivée de La Capricieuse en 1855, premier navire de la marine française à venir mouiller à Québec depuis la Conquête. En mourant, ce vieux soldat avait fait à son fils la prédiction suivante : « De ce grand jour, tes yeux verront l’aurore, ils reviendront et je n’y serai pas ! » Crémazie, qui est mort en exil au Havre, n’y était pas, mais Jean-Marie Morin est là quand la France est revenue43. Dans l’autre sens, actualité sociale oblige, une cinquantaine de jeunes de la Corporation des enseignants du Québec (CEQ), accompagnés d’une vingtaine d’animateurs sociaux, se rendent en France durant l’été de 1968 pour faire un stage dans le milieu syndical, encore effervescent après les événements de mai44. L’année suivante, fin août 1969, 50 jeunes Québécois participent à un stage « Connaissance de la France », durant 10 jours, en Touraine, pilotés par un inspecteur départemental Jeunesse et Sports. Là, c’est un tour des institutions, des châteaux, des entreprises… Selon la presse locale de l’époque, toutes les autorités

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(préfet, député, élus locaux, inspecteur d’académie, colonel de gendarmerie, commissaire de police…) se sont mobilisées pour recevoir les jeunes Québécois endimanchés. Le préfet André DuboisChabert les assure que « la France et la Touraine les accueilleront toujours comme leurs propres enfants ». À la « réception d’adieu », un stagiaire québécois dira : « Touraine, belle Touraine, dans la promenade des souvenirs, dans les détours de l’atmosphère et les ivresses du mystère… Touraine, belle Touraine, tu garderas toujours un coin de ma vie45. »

LES PREMIERS MARIAGES On pourrait croire que l’OFQJ est né sur un fond de litiges insurmontables, mais ceux-ci ont plutôt soudé cette histoire d’amour entre la France et le Québec. Lors des fêtes de 1969-1970, l’OFQJ organise un concours pour la carte de vœux. C’est Gabrielle Hémond qui le remporte avec une illustration qui représente l’amitié de Jean-Baptiste pour Marianne. « Ce qui a été assez sympathique, se réjouit Jean-Claude Quyollet, c’est qu’au bout de deux ou trois ans, on a eu nos premiers mariages. De jeunes Françaises se mariaient avec des Québécois et des Québécoises prenaient des Français comme époux… et j’ai la faiblesse de penser que cela a joué un rôle, dans la connaissance mutuelle en tout cas46 ».

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Jean-Baptiste et Marianne pour la carte de vœux OFQJ 1969-1970, signée Gabrielle Hémond.

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1970 LES ANNÉES


En septembre 1972, 30 secrétaires provenant de tous les coins de la province ont fait un stage de trois semaines dans le cadre des échanges de l’OFQJ. Au cours de leur séjour, elles ont pu discuter avec leurs homologues françaises. Elles visitèrent Air France, l’Office de radio‑télédiffusion française, les usines Renault, en plus d’être reçues dans plusieurs chambres de commerce.


LES RETROUVAILLES POUR TOUS

A

vec les élections québécoises du 29 avril 1970, remportées par le Parti libéral du Québec, Robert Bourassa devient, à 36 ans, le plus jeune premier ministre de l’histoire du Québec. La question linguistique a été au cœur du débat électoral.

Le dossier est tellement prioritaire que Robert Bourassa l’explique lui-même au président français Georges Pompidou, dans une lettre datée du 7 décembre 1970 : « Seul État francophone d’Amérique du Nord, héritier et dépositaire d’une culture intimement liée à celle du peuple français, le Québec doit vivre en français s’il veut garder les traits profondément originaux de sa culture. À cet égard, notre


intention est de puiser abondamment au patrimoine linguistique et culturel de la France. Ce patrimoine est indispensable à la vitalité de notre culture. La France, nous en avons l’assurance, ne nous ménagera pas sa collaboration1. » L’héritier du général de Gaulle répond par retour du courrier, le 8 décembre. « En participant aux efforts du Québec pour vivre et travailler en français, et pour affirmer les traits originaux de sa culture et de sa personnalité, ce dont bénéficiera l’Amérique du Nord tout entière, la France est consciente de faire son devoir. En permettant à sa jeunesse, à ses techniciens, à ses ingénieurs, à ses chercheurs, de prendre part à votre expérience et à vos succès, vous apportez quant à vous à la France votre goût du progrès, votre esprit d’entreprise, contribuant ainsi à son avenir2. » Robert Bourassa veut que l’OFQJ serve de relais à sa politique linguistique. D’autant que celui qui fut le premier secrétaire général de l’organisation, Jean-Paul L’Allier, est désormais ministre des Communications. Mieux encore, il sera responsable de l’Office pendant tout le gouvernement Bourassa, jusqu’en 1976. Le 30 juillet 1974 est adoptée au Québec la « loi 22 », qui fait du français la langue officielle du Québec. En France, deux mois auparavant, Valéry Giscard d’Estaing a été élu pour sept ans président de la République, après le décès de Georges Pompidou. Le nouveau locataire de l’Élysée ne méconnaît pas le Québec : il a enseigné quelques mois au collège Stanislas de Montréal à l’automne 1948.

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1972 — À la réunion du conseil d’administration, Pierre Bernier, secrétaire général de la section québécoise 1975-1978, Jean-Guy Saint-Martin, secrétaire général 1970‑1975, Jean-Paul L’Allier, ministre responsable au Québec 1970-1976, Joseph Comiti, ministre responsable France 1969-1972, et Jean-Claude Quyollet, secrétaire général de la section française 1968-1974. 4 décembre 1974 — Robert Bourassa est reçu par le président Valéry Giscard d’Estaing.

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INVITÉ AU CONSEIL DES MINISTRES FRANÇAIS En décembre 1974, Robert Bourassa met le cap sur l’Hexagone, avec l’intention de « demander au gouvernement français de l’aide dans l’application de la loi 223 ». De fait, la France ne ménage pas ses efforts. Valéry Giscard d’Estaing raconte : « Comment marquer notre attachement et notre attention au Québec sans tomber dans les banalités du protocole ? J’eus l’idée d’inviter nos partenaires à participer à notre séance habituelle du Conseil des ministres. » À l’ordre du jour s’ajoute une discussion avec les ministres québécois sur les rapports entre le Québec et la France : « Il s’agissait d’une “ première ”, et pourtant, ce qui m’a le plus frappé dans cette réunion, c’était son caractère parfaitement naturel. J’ai senti nos partenaires québécois détendus et à l’aise4. » Que s’est-il passé derrière les portes closes du conseil des ministres ? Robert Bourassa présente un document de travail d’une vingtaine de pages. Il dresse un bilan positif de la coopération franco-québécoise et propose une série de mesures nouvelles dont les plus concrètes visent à renforcer le français comme langue de travail5. Les discussions conduisent à l’adoption d’une « charte de coopération ». Tant aux yeux de Giscard que de Bourassa, il va de soi que l’OFQJ doit être aux premières loges de la francisation du Québec, multipliant les ressources, augmentant le nombre de stagiaires et le financement des échanges en matière de francisation du travail. Moins d’une semaine après cette visite, le conseil d’administration de l’Office tient séance à Paris. Le nouveau ministre français de la Jeunesse et des Sports, Pierre Mazeaud, souligne

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l’importance de l’événement. Jean-Paul L’Allier rappelle à quel point l’OFQJ « doit tenir compte des priorités gouvernementales des deux pays ».

LE MESSAGER DU PRÉSIDENT La victoire du Parti Québécois, le 15 novembre 1976, trouve un large écho en France. Pour la première fois, les indépendantistes vont gouverner le Québec. « Victoire des Nègres blancs », titre à la une Le Monde, en référence à l’essai de Pierre Vallières publié en 19686. À la télévision, le présentateur Roger Gicquel commence son journal de 20 heures en exprimant sa satisfaction7. Ce n’est pas sans répercussions sur les relations franco-québécoises. Comme le note le consul général de France Marcel Beaux, en poste à Québec de 1976 à 1979 : « Les trois années qu’il m’a été donné de vivre à Québec ont coïncidé avec un temps fort dans les relations franco-québécoises, souffrant la comparaison, toute proportion gardée, avec l’expansion de la coopération qui avait suivi le voyage du général de Gaulle en 19678. » Deux mois à peine après l’élection du Parti Québécois, l’OFQJ doit tenir son CA à Québec. Le premier ministre René Lévesque a choisi comme ministre de tutelle de l’Office le jeune Claude Charron, 30 ans. « Dès le départ, nos relations avec la France devenaient primordiales, se remémore ce dernier. Tout ce qui s’appelait contact avec la France devait être contrôlé à la fois par le ministre sectoriel, mais aussi par Claude Morin, ministre des Affaires intergouvernementales. Rien ne devait être laissé au hasard9. »

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Côté français, le secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports, Jean‑Pierre Soisson, menacé dans sa ville d’Auxerre au scrutin municipal de mars, ne peut venir. Il est remplacé par Maurice Ligot, maire de Cholet et secrétaire d’État à la Fonction publique. Auteur d’une thèse, en 1950, sur le Canada français, il est à l’époque l’homme politique français qui connaît le mieux l’histoire du Québec. Juste avant son départ, il est convoqué à l’Élysée. « J’ai reçu du président la mission de remettre à René Lévesque un message oral qui consistait en ceci : la France se félicite de l’élection du Parti Québécois de même que des projets qu’il envisage ; elle fait confiance à René Lévesque ; elle soutient sa politique10. » Face aux administrateurs de l’OFQJ, lors de cette 15e session du CA à Québec les 19 et 20 janvier 1977, Maurice Ligot souligne donc l’importance des relations franco-québécoises, précisant : « Le président de la République française entend y veiller personnellement. » Le chef de la diplomatie québécoise, Claude Morin, venu appuyer son collègue Claude Charron, martèle un message des plus clairs : « L’Office doit plus que jamais avoir valeur de symbole concret dans le cadre des relations directes, privilégiées et fraternelles qu’entretiennent la France et le Québec. »

MAIS QU’IL EST JEUNE ! Contrairement au début des années 1970, les réalisations de l’Office sont désormais prises au sérieux par le Quai d’Orsay. Le diplomate français Marcel Beaux le souligne : « La coopération franco-québécoise est sans équivalent dans la mesure où elle est la seule qui lie, avec cette quantité de moyens, la France à un autre

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pays hautement développé et d’économie libérale. Le montant global des sommes consacrées annuellement à cette œuvre par les deux parties situe le Québec au quatrième rang des pays bénéficiaires de notre coopération après les trois pays du Maghreb11. » Les visites ministérielles se multiplient de part et d’autre de l’Atlantique. René Lévesque se rend en France début novembre 1977. Tous les ministres ou presque veulent être du voyage. Le premier ministre québécois décide que seul Claude Morin l’accompagnera. Toutefois, comme la visite coïncide avec un nouveau CA de l’OFQJ, il emmène aussi Claude Charron, lui demandant d’être discret. Celui-ci se souvient : « J’ai donc été invité au déjeuner à l’Élysée… Un huissier annonce “ le ministre de la Jeunesse et des Loisirs ”. Sur ce, je rentre, avec la tête frisée que j’avais à l’époque. Giscard s’exclame tout de go : “ Mais qu’il est jeune ! ” Le visage de René Lévesque s’illumine de voir la surprise du président. Comme si l’on montrait à la France à quel point le Québec est une société jeune. Quand je suis passé à côté de monsieur Lévesque, il m’a fait un clin d’œil, fier comme s’il avait été mon père, content d’avoir marqué un point12 ! »

DEUX PREMIERS MINISTRES AU CONSEIL DE L’OFQJ Le 1er novembre 1977, René Lévesque est allé s’incliner sur la tombe du général de Gaulle à Colombey, en présence d’Alain Peyrefitte et de l’amiral Philippe de Gaulle. Le lendemain, il est reçu par le premier ministre Raymond Barre. Ils adoptent le principe des « rencontres alternées » entre les premiers ministres de France et

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Les premiers ministres québécois et français, messieurs René Lévesque et Raymond Barre ont clôturé la 16e session du CA de l'OFQJ qui s'est déroulé à Paris du 2 au 4 novembre 1977.

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du Québec. À l’Élysée, le président Giscard d’Estaing formule la position de la France : « Ce que vous attendez de la France, c’est sa compréhension, son soutien et son appui, vous pouvez compter qu’ils ne vous manqueront pas le long de la route que vous déciderez de suivre. » Au dîner, le 3 novembre, il remet la Légion d’honneur à René Lévesque, ce qui mécontente le gouvernement canadien, selon le Globe and Mail de Toronto. Le même jour, Le Monde publie une tribune du président de l’Association France-Québec, Christian Philip, qui affirme qu’« il faut souhaiter que chacun comprenne combien les relations entre la France et le Québec ne peuvent être semblables aux relations de la France et de n’importe quel autre pays au monde ». La presse française d’alors suit, de près et avec sympathie, la visite. Sous le titre « Un Québécois à Paris », Le Nouvel Observateur souligne : « Les Québécois ne sont pas des Français ; ils sont Américains13. » Les deux premiers ministres, Raymond Barre et René Lévesque, s’invitent à la seconde journée du CA de l’OFQJ. « C’était l’apothéose de notre réunion, relate Claude Charron. Ils sont venus nous dire de continuer et surtout nous signaler que les deux gouvernements allaient nous soutenir financièrement14 ». Le budget de l’Office est effectivement augmenté de 35 %. Cette décision vient appuyer celle du précédent CA, en janvier, où les ministres ont proposé de revenir à un nombre de 3 000 stagiaires par année. La hausse des crédits règle le principal problème de l’OFQJ, qui plombe ses activités depuis 1973.

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DEUX CHOCS PÉTROLIERS Le problème, c’est ce que l’on appelle le « choc pétrolier ». L’embargo, décrété en octobre 1973 par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, a provoqué une augmentation brutale des cours qui renchérit le transport aérien et déclenche, dans le monde occidental, un fort mouvement inflationniste. Un an plus tard, fin 1974, le nouveau secrétaire général de la section française, Francis Jacquemont, tirait la sonnette d’alarme. Ce souspréfet hors classe vient de succéder à Jean-Claude Quyollet, nommé préfet de la Manche. Lors de la session suivante du CA, à Paris, le 12 décembre 1974, il se plaint des coûts du transport aérien qui augmentent de façon vertigineuse alors que la subvention gouvernementale reste bloquée au même niveau15. De fait, en 1975, il y a moins de 1 500 stagiaires échangés de part et d’autre, et encore moins en 1976. Les explications du ministre français Pierre Mazeaud pendant la 13e session du CA, à Pointe-au-Pic, les 9 et 10 juin 1975, n’ont guère satisfait les administrateurs français et québécois de l’Office : « Ce qui compte, déclare-t-il, ce sont les liens qui unissent nos deux pays, liens que vous me permettrez de traduire dans le sens de l’affectivité. Nous avons des difficultés internes, mais cela ne change en rien l’intérêt profond que porte le gouvernement français pour l’Office franco-québécois. » Au terme de la visite de René Lévesque en 1977, la question budgétaire semble donc réglée pour quelques années et les équipes peuvent travailler en paix, mais un deuxième choc pétrolier sévira dans les années 1978-1981. L’OFQJ voit le prix des billets d’avion

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augmenter de 20 % à 40 % par an, en plus de composer avec une inflation de 10 %. Il a de plus en plus de mal à boucler ses budgets. À tel point que ce ne sera qu’en l’an 2000 que l’OFQJ renouera avec le nombre de stagiaires de… 1969 ! Outre l’intendance, d’autres grandes questions feront débat parmi les administrateurs pendant plusieurs années, comme l’âge et le profil des participants ou la question du français, langue de travail, cruciale au Québec en ces années 1970.

LE FRANÇAIS, LANGUE DE TRAVAIL Dès 1970, Gaston Cholette, président de l’Office québécois de la langue française et administrateur de l’OFQJ, suggère de faire des stages liés au thème du français, langue de travail. Les 3 et 4 juin 1971, lors de la 4e session du CA à Jonquière, les deux secrétaires généraux, Jean-Claude Quyollet ainsi que Jean-Guy Saint-Martin, qui a succédé à Jean-Paul L’Allier après avoir été son bras droit depuis 1968, demandent formellement l’autorisation d’aller dans cette voie. C’est accepté aussitôt, à la condition de ne pas doublonner avec d’autres instances de la coopération franco-québécoise. Ainsi partiront en France des employés de General Electric, de Laurentides Industries et d'une raffinerie de Ville d’Anjou dans l’est de Montréal... « Le but poursuivi, explique Gaston Cholette, est la sensibilisation des principales catégories d’agents économiques québécois à l’utilisation du français comme langue de travail dans les entreprises. Il s’agit de faire voir à ces agents des entreprises françaises dans le secteur qui les intéresse16. »

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Les autorités politiques québécoises mesurent vite le rôle que peut jouer l’Office dans cette vaste entreprise de la francisation du Québec, surtout à Montréal. Quand, en mai 1972, la 7e session du CA se tient dans cette ville, le ministre Jean-Paul L’Allier, dans son discours d’ouverture, fait tout de suite le lien : « La présence de l’OFQJ dans le Vieux-Montréal, avec ses milliers de stagiaires, n’est pas sans créer un courant culturel important dans cette partie de la ville. » « Le fait de voir du travail se faire en français a un impact psychologique important », assure Gaston Cholette au cours de ce CA. L’argument reçoit aussitôt l’appui de Jean-Paul L’Allier. Le secrétaire général français Jean-Claude Quyollet confirme, en remarquant que l’effet de sensibilisation est effectivement « très visible sur les stagiaires québécois ». Deux ans plus tard, dans un geste exceptionnel, non reconductible, le ministre Jean-Paul L’Allier annonce que son gouvernement versera unilatéralement 150 000 dollars de plus au budget de l’Office pour l’année 1975, et ce, afin de permettre à 200 Québécois de plus de faire des stages en matière de langage technique et de coopération industrielle. Le conseil d’administration, réuni à Paris, donne aussitôt son aval à ce programme spécial. Au sein du conseil, d’autres sujets sont nettement plus polémiques que la langue. Comme l’âge des candidats, dont on débat depuis la toute première session, à Québec, en novembre 1968. À l’époque, l’âge est fixé entre 16 et 30 ans, avec une priorité pour les 18-25 ans. Le problème est que plusieurs organisations de jeunes recrutent des membres jusqu’à 35 ans. Au-delà donc des normes de l’Office, l’empêchant de joindre davantage les jeunes professionnels. La section

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française le déplore, par la voix de Jean-Claude Quyollet, durant la 9e session du CA, à Rimouski, en juin 1973. Il est proposé que, pour certains stages, une clientèle âgée entre 30 et 35 ans soit acceptée. L’idée, chaudement débattue, est adoptée par sept voix contre six, lors de la rencontre suivante du CA, à Bordeaux, en décembre 1973.

AGENTS DE CHANGEMENT OU JEUNES LEADERS ? Le profil des candidats est un autre grand débat qui reviendra constamment. Au départ, il s’agit de privilégier les jeunes travailleurs aux étudiants qui, eux, ont de multiples occasions de faire des stages. « Ce n’était pas le cas des jeunes travailleurs, pour qui un stage avec l’Office représentait le grand stage de leur vie, souligne Jean-Paul L’Allier. On avait donc adopté la règle du 70/30. Il y aurait 30 % de stages pour les étudiants et 70 % pour les travailleurs17. » Mais quels jeunes travailleurs ? « À compter de 1970, les deux sections avaient des approches pédagogiques et stratégiques assez différentes », se rappelle Jean-Guy Saint-Martin. « Le stage en France, dans l’esprit de la section québécoise, est un outil de réflexion sur son métier ou sa profession, sur sa région et sur le Québec en général. Québec cherche des agents de changement de la société. C’est un peu ambitieux, je dois le reconnaître. Paris cherche de jeunes leaders dans les milieux traditionnels alors que Québec veut des agents de changement de tous les milieux socioprofessionnels. Or, comme les travailleurs sont majoritaires dans la société, ils seront donc plus nombreux dans le contingent de stagiaires. Québec rejette en fait l’approche véhiculée qu’il juge trop exclusivement orientée sur les élites par la section de Paris.

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Nous voulions des jeunes capables de provoquer des changements dans leur milieu respectif et particulièrement dans leur environnement de travail, qu’ils soient professionnels, techniciens, cols bleus, agriculteurs, animateurs sociaux, voire même chômeurs, etc.18. » Le ministre Jean-Paul L’Allier confirme cette volonté politique. « Ça faisait partie de notre mission d’être un peu à l’avant-garde de ce qui se faisait dans nos sociétés respectives. L’Office devait être un agent de changement. De façon apolitique, on faisait cause commune avec tout ce qui bougeait. D’où les stages en syndicalisme, d’où notre implication dans le domaine du français langue du travail 19. » Du côté québécois, la sélection s’adresse à un public large grâce aux annonces dans les journaux. En France, l’approche est tout autre et le recrutement est un peu plus étroit. « Il ne fallait pas que ce soit du tourisme, insiste Jean-Claude Quyollet. Nous recherchions des jeunes leaders dans toutes les professions. Qu’ils soient dirigeants de syndicats, de fédérations agricoles ou d’associations patronales. Des gens qui, par leur fonction, seraient en mesure de faire des conférences, de parler à la presse, d’écrire des articles dans leur revue professionnelle…20» « La notion de “ multiplicateur ” a rapidement été adoptée comme critère principal de sélection », corrobore Alain Beaugier, directeur des programmes de la section française durant trois décennies : « L’idée d’aller vers les jeunes travailleurs, c’était effectivement plus fort du côté québécois. Pour notre part, on cherchait davantage des leaders potentiels. Pas dans un sens élitiste, mais des jeunes ayant des responsabilités sociales, économiques, politiques, et qui allaient ensuite faire connaître le Québec dans leur milieu. Il y avait là une certaine contradiction en quelque sorte21. »

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Ces divergences tiennent à l’époque. Le Québec vit alors l’effervescence de la Révolution tranquille ; la France se remet, parfois avec peine, de la crise étudiante et sociétale de mai 68. Et puis les années passent. À partir de 1976, la coopération franco-québécoise met l’accent sur les relations économiques. René Lévesque nomme un ancien directeur de l’École des hautes études commerciales de Montréal comme délégué général à Paris, Jean Deschamps, de 1977 à 1979. C’est aussi la dominante de la visite de Raymond Barre au Québec en 1979. L’Office va multiplier les stages de travailleurs spécialisés, d’agriculteurs et les échanges à caractère technique. « Dans ce mouvement, le monde rural a fait preuve d’un effort systématique qui lui a permis une grande ouverture sur la France », observe Pierre Bernier, secrétaire général québécois (1975-1978) après avoir été directeur des programmes. « J’estimais qu’il m’incombait d’aller au bout de la logique et des fers mis au feu par Jean-Paul L’Allier et Jean-Guy Saint-Martin22. »

LES RÉUNIONS-PROGRAMME Durant la décennie, l’OFQJ n’offre qu’une seule formule : les voyages en grands groupes, définis et encadrés par l’organisme. De 20 à 40 personnes suivent un programme de deux à trois semaines très structuré, incluant parfois jusqu’à une semaine de découverte culturelle. L’OFQJ est organisé par secteurs : agriculture, industrie, syndicalisme, services, culture. Des comités consultatifs sectoriels représentatifs des milieux conseillent l’Office sur les orientations des secteurs de la programmation. Les deux sections prennent tout en main de A à Z : définition des projets, recrutement, préparation

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6 juillet 1978 — Une vingtaine d’étudiants de l’École supérieure des sciences commerciales d’Angers et de l’Association internationale des étudiants en sciences économiques et commerciales ont été reçu au ministère de l’Éducation du Québec dans la vieille capitale. À l’occasion de la 27e session du CA de l’OFQJ à Montréal, on souligne le 10e anniversaire de l’Office lors d’une réception officielle réunissant M. Jean-Marie Morin, le ministre Claude Charron, le ministre français Jean‑Pierre Soisson et Jean‑Paul L’Allier.

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et organisation des séjours, achat des billets d’avion, indemnités de séjour, évaluation… Pas étonnant que la section québécoise, par exemple, compte, dès 1971, 21 employés permanents, hormis les conseillers de séjour qui accompagnent les groupes. Chaque section a donc deux tâches : celle d’organiser des stages et celle d’accueillir les stagiaires de l’autre pays. Après les insatisfactions exprimées dès 1969 sur les séances de formation, les deux secrétaires généraux ont l’idée d’organiser des « réunionsprogramme » afin de consulter et de préparer les échanges de chaque groupe. Cela se généralise après la 4e session du CA, à Marseille, en octobre 1970. La pratique consiste à rassembler un groupe de stagiaires, quelques semaines avant leur départ, afin de leur demander ce qu’ils cherchent en France ou au Québec. Et, de là, essayer d’élaborer un programme en fonction de leurs champs d’intérêt. Pour y parvenir, on institue des chargés de mission, personnages clés des premières années de l’organisme. Chargé de projets à la section française de l’OFQJ de 1973 à 2014, Daniel Camp explique cette approche particulière : « On recevait des projets de la section de Montréal, par exemple le syndicalisme agricole. À partir de là on choisissait un chargé de mission, si possible un spécialiste. Après avoir été briefé par les agents de l’Office, il partait au Québec, rencontrait le groupe [de stagiaires] et faisait le point avec eux tout en leur expliquant la situation en France dans le domaine qui les intéressait. À la suite de ces échanges, la personne désignée rédigeait un procès-verbal de la réunion-programme et faisait rapport à la section française. Le tout servait de base à la préparation du programme23. »

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« C’était très normé et cadré », ajoute Gaëtan Saint-Antoine, à l’époque responsable de l’économie et du syndicalisme à l’OFQJ de Montréal. « On disait : il nous faut quatre projets en syndicalisme, dix projets en industriel. Et là, on lançait un appel dans les journaux. Une fois le projet sélectionné, on collaborait avec son auteur pour le recrutement de candidats. On diffusait l’info dans le milieu. Et après, c’était la sélection, les réunions, l’accueil. C’était beaucoup de travail. Nous devions aussi suivre de très près notre secteur. On se demandait constamment, dans chaque secteur, c’est quoi, l’avenir24 ? »

DES SESSIONS CULTURELLES Si la réunion-programme permet de répondre aux attentes souvent pointues d’un groupe de stagiaires, cela ne veut pas dire qu’ils connaissent pour autant la France ou le Québec. « Ce qu’il faut comprendre, remarque Jean-Claude Quyollet, c’est que la plupart de ces jeunes n’avaient jamais mis les pieds en France ou ailleurs en Europe, et inversement pour les Français qui allaient au Québec. Donc, on mettait sur pied des sessions d’information qui duraient une semaine, avec de l’audiovisuel, etc. Lorsqu’ils partaient en stage une semaine après, ils avaient un minimum de connaissances25 ». En France, la session culturelle consiste en une visite de Paris assurée par des maîtres de conférences du ministère de la Culture. Puis les jeunes Québécois peuvent, au choix, assister à des conférences sur des thèmes culturels, économiques, politiques ou administratifs, au Sénat, à l’Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF) ou au Centre du commerce international. Au Québec, la session

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1978 — Une vingtaine de jeunes Québécois en stage « Découverte de la France » dans la région de la Bourgogne. De jeunes musiciens français se produisent au Québec.

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pour les jeunes Français dure trois jours et commence par une découverte de Montréal, souvent sous forme de rallye. Des ateliers sont également mis sur pied afin d’illustrer la vie québécoise. Puis les stagiaires doivent eux-mêmes élaborer une partie de leur session culturelle avec les ressources mises à leur disposition. À partir de 1976, l’OFQJ bénéficiera durant près de 30 ans des captivantes conférences historiques de Gilles Villemure, dont beaucoup de Français se souviennent encore. Il y a aussi, dans ces années-là, les premières publications de l’OFQJ. Entre 1970 et les années 1980, la section québécoise édite Le Stagiaire, qui fait état de toutes les activités et donne des conseils sur la manière de préparer son stage ou de rédiger le rapport final. À partir de 1973, la section française publie deux fois par an Les Cahiers de l’OFQJ, « revue d’étude et de recherche sur les échanges internationaux de jeunes ». Au premier semestre de 1974 paraît un numéro spécial de 68 pages, « guide pratique et documentaire pour préparer un voyage d’études au Québec ». La préface, titrée « Un dialogue renoué », est signée par le délégué général du Québec à Paris, Jean Chapdelaine. Le rédacteur en chef des Cahiers, Louis Raillon (1922-2006), passé par les Éditions Fleurus et des revues pédagogiques, avait découvert le Québec en 1966 où, pendant trois mois, il avait été « professeur invité » de la Commission des écoles catholiques de Montréal. De 1968 à 1980, il collabore à l’OFQJ. Enfin paraît, en 1979, le premier Pile et Face, livret d’informations croisées sur les deux pays, publié d’abord par Télé-Université puis directement par l’OFQJ et qui sera réédité cinq fois jusqu’en 2006.

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SORTIR L’OFQJ DE LA CLANDESTINITÉ Le défi de la visibilité est alors permanent. L’Office, peu connu, a du mal à atteindre ses cibles. En 1969, chacune des sections a fait voyager 1 800 stagiaires, alors que l’objectif était de 2 000 de chaque côté. Jean-Claude Quyollet, jeune sous-préfet détaché, sillonne inlassablement la France. De préfectures en mairies, d’associations en écoles d’ingénieurs, de syndicats en chambres de commerce, de conférences en déjeuners de travail, son message est chaque fois le même : « Il faut que vous connaissiez le Québec ; il s’y passe des choses très intéressantes pour de jeunes Français26. » Ses interventions auprès des milieux professionnels et associatifs ne tardent pas à susciter des envies. « Si, au début, on a été assez souples dans les critères de sélection, très rapidement on a été complètement débordés par la demande », se souvient Jean-Claude Quyollet. Le commentaire s’applique aux deux sections ; il faut bientôt faire des choix. Néanmoins, la question revient. Tant au CA que parmi le personnel, plusieurs trouvent que la section française ne fait pas connaître son rôle dans l’Hexagone. La remarque est faite lors de la 11 e session du CA à Québec en août 1974. La question resurgit l’année suivante. Francis Jacquemont s’insurge : « Nous sommes débordés de demandes de stages, alors si nous faisons parler de nous dans les grands médias nationaux, la situation sera pire encore », dit-il lors de la 13e session du CA, à Pointe-au-Pic, en juin 1975.

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En novembre 1977, à la 16e session du CA, survient un recadrage du ministre français Paul Dijoud. Secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports, il s’étonne à haute voix qu’en France « l’OFQJ est confidentiel. Il serait nécessaire de le sortir d’une certaine clandestinité. Il est regrettable que dans le cadre de la relance de l’amitié entre le Québec et la France, nous ne fassions pas mieux connaître l’action de l’Office et la portée du message dont il est chargé ». Francis Jacquemont obtempère. En 1978, après la visite en France de René Lévesque, des journalistes de TF1, du Figaro et de L’Est Républicain se rendent au Québec. Cette offensive porte ses fruits. On compte alors 186 articles de presse traitant du Québec et des activités de l’OFQJ... De plus, Alain Beaugier, le directeur des programmes, organise et anime des tournées d’information en province. Sans compter la publication à 12 000 exemplaires d’une brochure pour le dixième anniversaire de l’organisme, qui seront distribués dans les milieux politique et associatif. L’effort se révèle rentable. Louis-Bernard Robitaille, ancien correspondant du journal La Presse à Paris, le souligne : « Après 1976, on a vraiment beaucoup parlé du Québec dans les médias français. Tout le monde y est allé27. » Un succès auquel l’OFQJ aura contribué.

UNE PREMIÈRE CONVENTION COLLECTIVE Cela dit, le travail est tel qu’en 1974, les employés de la section québécoise entament une grève pour signer une première convention collective. Agent de développement pour les secteurs des services,

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des sports et du plein air, Louis Jolin préside le syndicat, rattaché à la CSN. Il raconte : « À l’époque, nous avions des contrats individuels et, pour éviter l’arbitraire, il fallait des balises. Ce n’était pas une crise majeure, mais l’aboutissement de quelque chose de normal pour normaliser les rapports. Nous étions très soucieux de ne pas compromettre l’avenir de l’Office28. » Cet arrêt de travail sera suivi, plusieurs années plus tard, de deux autres mouvements sociaux, événements singuliers privant des centaines de jeunes Français d’un stage au Québec. « Les Français n’avaient pas compris ça », rappelle André Tétrault, secrétaire général (1978-1985) de la section québécoise au moment de l’une des grèves. « À un moment donné, les employés avaient même convaincu des stagiaires français de venir occuper nos locaux. Je leur avais dit bienvenue chez nous, si ça vous intéresse de rester quinze jours entre quatre murs, sinon revenez visiter le Québec l’année prochaine. Le lendemain ils étaient tous partis29. » Cette vision des choses n’était pas nécessairement partagée par le personnel de l’Office, comme en témoigne Maurice Segall, alors directeur adjoint des échanges à la section française : « Comme dans toutes les grèves, il y avait des conséquences négatives, mais en même temps on se sentait très solidaires de la section québécoise. Il y avait beaucoup de frustrations. Nous vivions dans une espèce de flou juridique et au départ, nous n’avions pas de syndicat ni de comité d’entreprise. Donc on n’avait pas droit au chômage ni à la retraite, ni à la sécurité sociale, etc., donc les grèves nous paraissaient justifiées30,31. »

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LES DEUX SOCIÉTÉS REFONT CONNAISSANCE En 1971, Le Stagiaire annonce 120 stages de groupes en France et 95 au Québec, soit 2 956 participants. Et la moyenne annuelle de 2 900 stagiaires durant la décennie, malgré le creux de 1976 et en dépit des deux chocs pétroliers, témoigne d’une forte volonté de part et d’autre. Les deux sociétés refont connaissance. Français et Québécois, forts de leurs préjugés et la tête pleine d’a priori, questionnent leur façon d’appréhender les événements. C’est le cas des jeunes de l’École des ingénieurs de la préfecture de Paris, qui débarquent à Montréal en 1970. Ils repartiront avec une analyse complètement différente de celle envisagée : « Au départ, nous étions décidés à faire des comparaisons, comme s’il était possible de comparer la Seine et le Saint-Laurent ; la place de la Concorde et la Place Bonaventure… l’idée même d’avoir envisagé le problème sous cet angle nous semble maintenant dérisoire. Cette erreur d’optique nous amène à poser la question : comment se fait-il que ce ne soit pas comparable ? » Ce rapport sera cité à la 5e session du CA, à Jonquière, en juin 1971. Pas comparable, voilà ce qu’en retiennent nombre de stagiaires français, étonnés par la modernité et le dynamisme de la société québécoise. Michel Vinck note, dans son rapport de stage, que la technologie québécoise contribue parfois à « donner des leçons de modestie aux Français ». Même quand il s’agit de sujets aussi délicats que la nourriture. Jocelyne Tournier, diététicienne venue en stage alimentation, témoigne : « De par ma profession, nous avons beaucoup parlé de nourriture. Une chose est appréciable, les horaires des repas et des collations. Quant à la qualité, trop de sauces d’un

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« Dès le départ, le Québec libre était dans nos têtes. On allait visiter une société qui cherchait à s’émanciper. »


goût bizarre, trop de mets très sucrés, mais des viandes d’excellente qualité et un petit-déjeuner bien agréable que l’on voudrait bien voir se répandre en France. » Dans cette décennie des « retrouvailles », des Québécois font des découvertes surprenantes en France. Qui aurait cru qu’ils ramèneraient dans leurs bagages un sport aussi « québécois » que le ski de fond ? En 1970, Yvon Gagnon, futur professeur au cégep de Shawinigan, termine un baccalauréat en éducation physique avec une spécialisation en physiologie de l’exercice. « J’avais perçu dans le ski de fond, outre le loisir, la possibilité de performances physiologiques extraordinaires. Je pressentais les grandes promesses de cette activité au Québec. Dès mon embauche, le cégep de Shawinigan met sur pied des cours de ski de fond. Grâce à l’OFQJ, j’ai pu faire un stage en 1971 à l’École nationale de ski de fond de Prémanon en France. Les enseignants nous ont donné une formation intensive et complète, adaptée pour une application rapide au Québec32. » Les thèmes variés des premiers stages touchent également le secteur social, qui occupe une place importante dans les activités de l’Office. Les Français sont frappés par l’activisme des Québécois. C’est le cas de Martine et Alain Chevillard, un jeune couple de Franche-Comté, qui se rend au Québec en 1972 dans le cadre d’un stage organisé par la Fédération française des œuvres laïques. Martine déclare : « Dès le départ, le Québec libre était dans nos têtes. On allait visiter une société qui cherchait à s’émanciper. » Alain affirme quant à lui : « Nous avons rencontré beaucoup de syndicalistes et on nous a fait voir des organismes qui faisaient des stages pour la réinsertion des chômeurs. Quelque chose qu’on ne connaissait pas en France. C’était vraiment bien organisé. » Le

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couple n’est pas au bout de ses surprises. Après quelques jours, ils ont droit à une rencontre avec le très coloré Michel Chartrand, chef syndical québécois libéré de prison à la suite du Front commun de 1972. « Quelle personnalité !, se souvient Alain. Il nous a tellement impressionnés par son discours, nous expliquant que le Québec était une société aliénée, qu’il ne pouvait compter que sur ses propres forces pour s’en sortir. Il nous racontait tout ça avec conviction, alors qu’il sortait à peine de prison. Cela nous avait sidérés33».

DES LIENS POUR TOUTE LA VIE Plusieurs de ces stagiaires changeront non seulement leur société, mais cultiveront des liens prononcés entre le Québec et la France. Comme Alain Chevillard qui, devenu universitaire, préside depuis 2004 l’association Franche-Comté–Québec. Comme la Québécoise Suzie Harvey qui, en 1970, se rend en France pour un stage en animation sociale, de Paris à Grenoble : « Au niveau de l’animation culturelle, on avait été impressionné par ce qu’on avait vu, dit-elle, particulièrement par ce qui se faisait dans les banlieues. Depuis, ce stage n’a jamais cessé d’influencer ma vie personnelle et professionnelle. J’ai vécu en France avec mon mari pendant un an, j’ai même maintenant une belle-fille qui est Française. Même chose au travail34 ». De 1997 à 2008, elle dirige le Concours québécois en entrepreneurship, qui inspirera plusieurs initiatives semblables en France. Autre exemple, Jean-Jack Queyranne, qui présida de 2004 à 2015 le Conseil régional Rhône-Alpes, première région française à avoir signé un plan d’action avec le Québec dès 1994. Il fut dans les

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premières vagues de stagiaires de l’OFQJ, en 1971, avec des juristes et des scientifiques de l’Université de Lyon. Quarante ans après, il n’a jamais oublié le Québec et a continué à nouer et à faciliter des liens. En mai 2014, il conduit d’ailleurs une importante délégation de sa région au Québec pour souligner 20 ans de coopération, et il signera une convention de partenariat avec la section française pour le soutien à la visite d’une cinquantaine de jeunes rhônalpins au Québec : « Après 20 ans d’échanges fructueux, nous enregistrons de nombreux résultats positifs : la mobilité étudiante augmente, les pôles de compétitivité et créneaux d’excellence se rencontrent et certains travaillent ensemble. La gestion forestière et l’économie sociale et solidaire font l’objet de partages d’expériences enrichissantes. Rhônalpins et Québécois ont en commun une grande créativité35. »

LA DÉCENNIE DE LA DÉMOCRATISATION Les années 1970 de l’OFQJ sont des années de « démocratisation », résume Madeleine Bourgeois, entrée en 1979 à la section québécoise comme agente de développement. « L’instrument de formation qu’est l’OFQJ s’est inscrit dans un contexte social d’éducation populaire, c’est-à-dire non formelle, auprès des catégories socioprofessionnelles qui accèdent pour la première fois aux réalités internationales36 », souligne celle qui sera directrice des programmes en 1986, devenant durant une vingtaine d’années un pilier de la section québécoise et une interlocutrice précieuse pour les Français qui passent.

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En cette fin de décennie, les deux chocs pétroliers amènent des interrogations sur la formule des grands groupes. Idéale pour les « retrouvailles », elle est insuffisante pour approfondir un thème particulier ou acquérir une véritable expérience professionnelle. La question est, en fait, posée depuis 10 ans. « Trois semaines de visite à bâtons rompus et d’exposés n’apportent pas de connaissances précises », regrette le jeune urbaniste Guy Fayolle en 197037. Et, selon une étude réalisée en 1973, 36 % des stagiaires pensent « qu’il faudrait un autre moyen qu’une brève rencontre pour que ces échanges portent fruit sur le plan professionnel38 ». Le déclic s’opère en 1979. Le secrétaire général québécois André Tétrault est interpellé par la bibliothécaire de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, située à SaintHyacinthe : « Je lui explique qu’il fallait qu’elle forme un groupe dans son domaine puisque l’OFQJ ne faisait pas de stage individuel. Sa réponse ? Je suis la seule au Québec en bibliothéconomie spécialisée en médecine vétérinaire39. » Peu après, un groupe de pomiculteurs intéressés par la culture des pommiers nains en France ne peut rassembler 20 Québécois sur un thème aussi spécialisé… L’OFQJ s’apprête à vivre sa première grande mutation.




1980 LES ANNÉES


En 1985 naissent les premières Francofolies de La Rochelle qui attirent des foules de jeunes. Tout naturellement, l’OFQJ s’y associe comme partenaire.


PETITS GROUPES ET GRANDS ÉVÉNEMENTS

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utre les soubresauts économiques liés au deuxième choc pétrolier de 1979, des alternances politiques fortes jalonnent, tant en France qu’au Québec, la décennie des années 1980. Cela n’est pas sans influence sur l’évolution de l’OFQJ, qui doit aussi répondre aux nouvelles demandes des jeunes. La formule des grands groupes laisse peu à peu la place à des voyages individuels ou par petits groupes, ce qui n’empêche pas quelques événements plus considérables comme la belle aventure du Mermoz.


En 1981, le contexte politique en France connaît un bouleversement majeur, avec l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République. C’est aussi la première fois qu’une coalition de socialistes et de communistes gouverne la France depuis la Libération, en 1945. Sous le slogan « Changer la vie », le programme du Parti socialiste (PS), majoritaire, regroupe 110 propositions, dont la dernière annonce : « Établissement de relations étroites avec le Québec. Création d’une académie francophone. » Le nouveau président français, pourtant, ne s’intéresse guère au Québec, qu’il associe au général de Gaulle, à son rival socialiste Michel Rocard et à René Lévesque, qui a perdu son référendum de 1980. Il doit cependant composer avec les pro-Québécois du PS qui ne se limitent pas aux courants de Jean-Pierre Chevènement et de Michel Rocard. Quant au premier ministre Pierre Mauroy, il revient très satisfait de son voyage au Québec à la fin avril 1982. C’était une visite à haut risque, huit jours après le « rapatriement » de la Constitution canadienne que toute la classe politique québécoise a vécu comme une trahison. Pierre Mauroy rassure les Québécois : « Il n’y aura pas de second abandon1. » Il fait alors référence au premier abandon de la Nouvelle-France par la France en 1763, au terme de la guerre de Sept Ans.

LA QUESTION DU SOMMET FRANCOPHONE François Mitterrand, décidé à tenir le premier sommet des pays francophones, devient l’arbitre involontaire du duel Lévesque-Trudeau quant au statut du Québec. Certes, le Québec a sa propre représentation au sein de l’Agence de coopération culturelle et technique, ancêtre de

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l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), mais Pierre Elliott Trudeau refuse une présence distincte du Québec dans la francophonie. Le président français a chargé du dossier son conseiller culturel, Régis Debray. Lui conçoit la francophonie tournée vers le tiers monde et envisage un sommet de chefs d’État et un volet technique pour les provinces comme le Québec et la Wallonie2. Mitterrand, qui a rencontré Trudeau dès juillet 1981 au Groupe des sept (G7) à Montebello, au Québec, est prêt à s’entendre avec lui au G7 de fin mai 1983. Toute la diplomatie québécoise se mobilise pour bloquer le projet. Outre Pierre Mauroy, elle trouve un allié solide à l’Élysée : le conseiller diplomatique et futur ministre Hubert Védrine. Il est convaincu de la profondeur et de la vitalité de la coopération franco-québécoise. Puisque René Lévesque est attendu à Paris le 29 juin 1983, Hubert Védrine s’en ouvre au président dans une note : « Le Québec demeure notre principal point d’appui en Amérique du Nord, évidemment sur le plan culturel, mais aussi sur le plan économique. Cette province continue de représenter 50 % de nos exportations au Canada. Les ouvertures faites par monsieur Trudeau ne se sont pas jusqu’à présent concrétisées en ce qui concerne le reste de la Fédération. Ces promesses risquent de rester sans suite du fait de la mainmise des États-Unis sur le Canada, du protectionnisme canadien et de l’impact limité de la volonté politique d’Ottawa, si elle existe vraiment3. » Le 29 juin 1983, François Mitterrand reçoit René Lévesque avec chaleur et l’assure que la France ne laissera pas tomber le Québec. La délégation québécoise, qui a longuement préparé l’événement4, s’en réjouit. La coopération France-Québec, voulue par de Gaulle, survivra à Mitterrand. La victoire du conservateur Brian Mulroney

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à Ottawa le 4 septembre 1984 débloque la situation pour un sommet francophone avec la participation du Québec. Le premier se tiendra à Versailles en 1986 et le deuxième, à Québec, en septembre 1987. Trois mois avant, à la fin mai 1987, François Mitterrand effectue une visite d’État au Canada, 20 ans après le général. Puisqu’il doit revenir en septembre, « le Quai d’Orsay a vivement déconseillé cette longue étape québécoise5 » passant par Gaspé, Québec et Montréal. Le président français entend toutefois aller là où a débarqué Jacques Cartier. Sur la tendre pelouse qui descend vers la baie, il dit : « Je prononce ce mot de Québec avec amour, avec respect, avec espoir6. »

LA VALSE POLITIQUE DES SECRÉTAIRES GÉNÉRAUX Au milieu de la décennie, le paysage politique bouge. Au Québec, le Parti Québécois, au pouvoir depuis 1976, repasse la main au Parti libéral en décembre 1985. Robert Bourassa redevient premier ministre. Trois mois plus tard, Jacques Chirac retourne à Matignon, pour la première « cohabitation ». Le courant passe aussi bien entre eux en 1986 qu’en 19747. Cela ne dure pas. François Mitterrand, réélu en 1988, nomme premier ministre Michel Rocard, « ami fidèle du Québec8 ». Trop proche des souverainistes aux yeux de Robert Bourassa qui reporte la visite de Michel Rocard9. Ces revirements des années 1980 transparaissent à l’OFQJ. L’impulsion gouvernementale passe notamment par le choix, devenu politique, des secrétaires généraux et, au-delà, par la composition des conseils d’administration. En France, le giscardien Dominique Bussereau, en poste depuis 1979, est remplacé

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29 juin 1983 — René Lévesque avec François Mitterrand à l’Élysée. Le premier ministre René Lévesque à Paris en 1980. Lors de cette visite, une entente concernant la mobilité des jeunes travailleurs entre le Québec et la France est signée. L’administration du programme est confiée à l’OFQJ.Il est accompagné des secrétaires généraux, André Tétrault (Québec, 1978-1985) et Dominique Bussereau (France, 1979-1982).

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en 1982 par Anne Cublier, proche de Jean-Pierre Chevènement, un pilier socialiste. En 1989 lui succède le rocardien Claude Quenault. Au Québec, après sept années sous la direction d’André Tétrault10, c’est le chef de cabinet de René Lévesque, Alexandre Stefanescu, qui est nommé à la tête de l’OFQJ en 1985 puis, quatre ans plus tard, il passe le relais à André Maltais, ancien député libéral fédéral.

DES JEUNES LEADERS AUX MOINS NANTIS L’infléchissement de la politique de l’OFQJ est sensible avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en France. Dès l’été de 1981, la section française consulte les centrales syndicales, les associations de progrès comme celles s’occupant des loisirs de jeunes travailleurs, de jeunesse, d’éducation populaire et de sport, ou encore de « progrès », les groupes de formation et de recherche, et les organisations professionnelles. En novembre 1981, les deux secrétaires généraux, Dominique Bussereau et André Tétrault, font rapport à la 22e session du CA à Paris : « L’évolution de la société française, en particulier depuis le printemps, a conduit la section française à s’interroger à nouveau sur les orientations fondamentales de l’OFQJ afin de vérifier si elles répondent correctement aux besoins des différents milieux intéressés. » Lors de sa visite au Québec, Pierre Mauroy déclare, le 25 avril 1982, à Jonquière : « L’action menée depuis quinze ans par l’OFQJ est exemplaire et irremplaçable11. » Mais les lignes changent. Deux jours avant, dans cette même ville québécoise, la ministre française de la Jeunesse et des Sports, Edwige Avice, a donné l’orientation à la 23e session du CA : « L’OFQJ doit faire un effort particulier vis-à-vis des jeunes travailleurs. Il doit lutter contre les inégalités, équilibrer

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ses échanges entre les secteurs économique, culturel et social et faire en sorte d’être accessible aux moins favorisés. » Aussitôt dit, aussitôt fait ; le conseil décide d’accorder un tarif réduit de 20 % aux stagiaires qui seront choisis dans les milieux les moins nantis. D’autres mesures sont mises en place. La première consiste à réduire la moyenne d’âge des participants. Celle-ci atteint alors presque 30 ans, résultat logique de la recherche de « jeunes leaders », surtout par la section française. Cette approche s’adressait par définition à une clientèle plus établie professionnellement, donc plus âgée. En juin 1983, l’objectif de recherche de jeunes leaders sera officiellement abandonné au profit des clientèles défavorisées. Autre mesure évoquée au CA de Jonquière : un réaménagement des programmes, « en complémentarité » avec d’autres organismes de la coopération franco-québécoise. Ce virage à caractère social est bien accueilli par le Parti Québécois qui, pour se rapprocher de la gauche française, ne cesse de rappeler son programme social-démocrate. Un coup de barre dans l’autre sens sera donné fin août 1987 : Robert Bourassa et Jacques Chirac « souhaitent la réorientation de certaines activités de l’OFQJ vers des stages en entreprises12 ».

FERMETURE ÉVITÉE, DÉPOUSSIÉRAGE ANNONCÉ Durant ces années 1980, l’Office change six fois de ministère de tutelle au Québec ! Il entame la décennie sous la responsabilité du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports. Puis, en 1982, il passe sous celle des Affaires intergouvernementales. Un an plus tard, le voici lié au ministère du Loisir, de la Chasse

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et de la Pêche. En 1985, il aboutit aux Relations internationales, pour passer ensuite, en 1986, sous l’autorité du ministre délégué aux Petites et moyennes entreprises puis, en 1988, aux Affaires internationales. De toute évidence, on a beaucoup de mal à caser l’Office dans la machine gouvernementale québécoise, d’où un certain manque de constance dans les décisions. L’équipe Bourassa, élue fin 1985 avec la promesse de sabrer dans l’appareil administratif, procède à un examen minutieux des organismes gouvernementaux. « On a échappé de peu à une fermeture pure et simple, explique Alexandre Stefanescu, nommé avant le changement politique13. Le gouvernement, après avoir examiné la vocation de plusieurs organismes publics, a jugé que l’OFQJ méritait d’être maintenu. Mais on a dû vivre dans un contexte de coupures et compenser par l’imagination14. » Et, en 1988, alors que l’OFQJ célèbre ses 20 ans, le ministre libéral André Vallerand annonce son intention de « dépoussiérer » l’Office : « Il faut bien se dire que ça fait 20 ans que l’OFQJ a été créé et que ça dormait pas mal à l’intérieur… Aujourd’hui, on prend l’avion beaucoup plus facilement. L’OFQJ doit-il toujours s’occuper de régler des déplacements ou repenser ses programmes sur le contenu des échanges15 ? » Toutefois, trois mois plus tard, en janvier 1989, le relevé de décisions de la rencontre à Paris entre Michel Rocard et Robert Bourassa note que « les premiers ministres se sont dits heureux de constater la qualité du travail accompli par l’OFQJ… Le premier ministre du Québec informe son homologue de la décision de son gouvernement d’assurer un meilleur équilibre des contributions versées à l’OFQJ16. » Cette année-là, deux de leurs proches, Claude Quenault et André Maltais, prennent la tête des deux sections de l’Office.

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LE SUCCÈS DES IPG Nonobstant le cap fixé par les gouvernements, l’OFQJ doit faire face aux réalités économiques et sociétales du moment. Conformément aux orientations de la 20e session du CA en novembre 1979 à Québec, l’OFQJ a introduit, en février 1980, les voyages individuels ou par petits groupes (IPG). Ce type de séjour n’est plus centré sur la découverte, mais sur les besoins précis de chaque stagiaire, ou d’un petit groupe d’au plus six personnes. Ce sont les stagiaires qui montent leur programme, qui peut porter aussi bien sur la production d’un spectacle ou d’une exposition que sur l’apprentissage d’un métier, ou sur l’étude d’un sujet précis. La première année, avec 130 projets IPG expérimentés, est concluante. « Le milieu a très bien répondu », se félicite André Tétrault17. Cette nouvelle approche atténue les problèmes budgétaires. Les finances publiques sont alors durement affectées par la récession mondiale et l’inflation galopante provoquée par le deuxième choc pétrolier. L’OFQJ a beau réduire les prestations ou la durée des stages, les hausses de tarifs aériens de 20 % à 40 % anéantissent les efforts. Or, les stages IPG demandent beaucoup moins de ressources d’accueil et de préparation que les voyages en régie directe, puisque le stagiaire voit à l’essentiel de sa programmation. De plus, ces stagiaires en sont très satisfaits. L’OFQJ ouvre donc les vannes pour les stages IPG, sans complètement abandonner la formule des « grands groupes ». « L’évolution vers les IPG n’était pas que budgétaire, précise Pierre Gougeon, alors responsable de projets à la section québécoise. Ça correspondait à une réalité du marché du travail, mais

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ça permettait d’avoir moins de frais de structure. Ce qui ne nous interdisait pas d’enrichir un projet qui nous était présenté. » Son collègue Gaétan Saint-Antoine se rappelle, toutefois, que l’évolution vers les IPG a causé « quelques problèmes syndicaux, car le job de conseiller à l’accueil a disparu18 ». « La formule des grands groupes a quand même subsisté pour certaines catégories, ajoute Pierre Gougeon, notamment les jeunes travailleurs et en agriculture. » La formule jumelage permet une approche nouvelle et plus économique. « Par exemple, un groupe d’agriculteurs de Val-d’Or (Abitibi) veut aller au Salon de l’agriculture de Paris pour observer comment les agriculteurs français s’organisent, voir leurs outils, découvrir leurs techniques. Pour ce faire, on réalise un système d’accueil mutuel avec un groupe de Français qui recherche quelque chose d’équivalent au Québec. De part et d’autre, la section locale accueillait les jeunes, elle fournissait l’autobus et, bien souvent, la région assurait le financement19. »

LA DÉCENNIE DE LA DIVERSIFICATION Certes, l’OFQJ est moins « interventionniste », car il invite de plus en plus les participants à définir eux-mêmes leurs objectifs et leur programme de séjour. Cela ne veut pas dire pour autant que l’Office se retire complètement de la conceptualisation des activités, qu’il assumait auparavant pour les stages de groupes. Il continue encore aujourd’hui son travail d’organisation, pour la validation des interlocuteurs, les séances de préparation, l’achat des billets d’avion, l’accueil, la remise d’indemnités de séjour.

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« Par le biais des besoins qu’ils exprimaient, ce sont les jeunes qui ont modelé nos mécanismes », souligne Madeleine Bourgeois20. Après la décennie de la démocratisation, c’est celle de la diversification, ditelle. Le projet initial d’éducation populaire évolue vers l’éducation aux adultes et le perfectionnement professionnel21. Des exemples ? En mai 1980, l’ébéniste québécois François Boisvert organise un groupe qui part se familiariser avec les méthodes traditionnelles et contemporaines de fabrication artisanale de meubles. Des étudiants mettent le cap sur l’Hexagone pour observer les techniques de fabrication de maisons solaires. Des travailleurs de l’usine GM de Boisbriand traversent l’Atlantique pour comparer les conditions de vie des travailleurs de l’automobile22. Dans l’autre sens, des étudiants de l’Institut universitaire des technologies de Villeurbanne font au Québec des études de marché pour les entreprises de leur région, études remises à la Chambre de commerce et d’industrie et au Centre français du commerce extérieur23. L’insistance du gouvernement français pour susciter le dialogue entre associations prend corps. Ainsi, les stagiaires québécois de l’Association pour l’avancement de la littérature jeunesse organisent une série d’expositions sur les livres destinés à la jeunesse dans une soixantaine de classes françaises. Leurs vis-à-vis du Centre de recherche et d’information sur la littérature pour la jeunesse vont étudier l’utilisation des livres de loisirs dans les écoles québécoises. L’expérience, très réussie, a amené les deux organismes à poursuivre leur coopération24.

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PRIORITÉ À L’INSERTION SOCIALE ET PROFESSIONNELLE Permettre à tous de pouvoir échanger demeure un credo à l’OFQJ. Dans la revue Le Stagiaire de l’été 1981, André Tétrault écrit en éditorial : « Il s’agit d’amener les Québécoises et les Québécois ordinaires à profiter des services de l’OFQJ pour acquérir une façon internationale de voir les choses en rendant visite à des Françaises et des Français ordinaires. C’est pourquoi nous incitons les proposeurs à articuler leurs projets à partir de pratiques courantes de leur milieu de travail ou de leur milieu de vie25. » En France, à partir de 1982, le volet dit « action prioritaire » concerne l’insertion sociale et professionnelle, ce qui « a favorisé la perméabilité sociale des programmes26 », avec des échanges sur des thèmes nouveaux. Par exemple, on organise un stage de jeunes chômeurs dédié à l’organisation et aux initiatives des mouvements de chômeurs, ou encore un stage en informatique au cégep Ahuntsic à Montréal. Conçu par le Centre académique de formation continue de Versailles, œuvrant auprès des jeunes sans-emploi, ce stage profite à 24 jeunes programmeurs français âgés de 18 à 21 ans. Les jeunes acteurs du développement local constituent une autre cible. À l’initiative de l’OFQJ et de la Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale27, 250 jeunes, dont 60 Québécois, participent à un grand colloque à Poitiers, à l’automne de 1984. Élus locaux, créateurs d’entreprise, bénévoles d’associations… viennent nombreux prendre connaissance de ce qui se fait au Québec28. « Les Français avaient l’impression d’apprendre énormément de l’expérience québécoise », se

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Revue de presse française sur les séjours remarqués des stagiaires québécois de l’OFQJ dans les régions françaises.

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remémore Anne Cublier, qui a pris en 1982 les rênes de la section française29. « L’Office a pris une série d’initiatives qui consistaient à travailler sur le fond des dossiers en concertation étroite avec les acteurs de terrain, sur des sujets extrêmement sensibles puisque, en France, c’était très vivant le travail d’insertion sociale. L’Office pouvait réagir rapidement et mettre sur pied de tels événements contrairement à d’autres organismes de coopération30. » Le milieu de la décennie se révèle néanmoins plus délicat avec la première cohabitation en France et une crainte de fermeture au Québec. Malgré le succès des IPG, le nombre de participants fléchit à 2 323 stagiaires en 1986, un nombre qui n’a jamais été aussi bas depuis 1968. André Tétrault a pressenti la situation en 1983. Devant le IIIe congrès commun des associations France-Québec et Québec-France à Saint-Malo où les deux secrétaires généraux de l’OFQJ animent l’atelier « échanges institutionnalisés », il déclare : « On ne peut plus se permettre de dépenser des sommes importantes sans s’imposer des opérations de bilan, de mise au point. Il est temps de juger les programmes qui ont été mis en place, certains depuis plus de dix ans. Il ne faudrait pas craindre de corriger, d’adapter et éventuellement d’annuler certains programmes qui, pour diverses raisons, ne produisent pas les résultats attendus31. »

TROIS PALIERS PÉDAGOGIQUES En 1987, les contributions gouvernementales au budget de l’OFQJ sont respectivement de 12 200 000 francs et de 1 710 000 dollars32. Fin novembre 1987, la 44e session de la Commission permanente de coopération franco-québécoise demande que « soit enrayée la

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tendance à la baisse du nombre de stagiaires33 ». Il semble que le tir ait été rectifié puisque le nombre de participants augmente de presque 400 l’année suivante avant de décroître à nouveau. Lors du vingtième anniversaire de l’OFQJ, en 1988, les deux secrétaires généraux ont fait le point. « Depuis deux-trois ans, nous assistons au foisonnement des transferts d’idées et de technologies, à un nouveau mode d’import-export dans les secteurs sociaux, culturels et économiques », constate, côté Québec, Alexandre Stefanescu34. Côté France, Anne Cublier ajoute : « Du terrain des retrouvailles nous sommes passés à une relation où chacun cherche et trouve son intérêt35. » Directeur des échanges du côté français, Alain Beaugier apporte des précisions : « Le mouvement de diversification des formules de voyage a fait peu à peu éclater le modèle pédagogique unique. La tendance à la diminution de l’intervention de l’OFQJ rendait celui-ci moins directif. L’obligation d’alléger les coûts conduisait vers un modèle de stagiaire plus indépendant. Les années 1985 et 1986 ont été l’apothéose de cette autonomie. Peut-être l’OFQJ s’est-il un peu dépouillé de ce qui constituait une part essentielle de son originalité. Aussi, depuis deux ans, avons-nous remis en place des mécanismes de préparation et d’accueil qui concernent tous les participants36. » Quelle est donc la programmation en 1988 ? Il y a trois secteurs, appelés « Contact, Formation, Recherche et production ». Homologue québécoise d’Alain Beaugier, Madeleine Bourgeois explique : « Ce sont trois paliers pédagogiques, avec une échelle de progression, dont le but ultime est de favoriser l’acquisition des connaissances à travers des expériences diversifiées. » Le secteur Contact est « le plus proche » des débuts de l’OFQJ avec ses

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« Nous, on s’occupe des prénoms qui vont devenir des noms, mais qui, pour nous, resteront toujours des prénoms. »


projets Jumelage — « un jeu de réciprocité qui stimule l’ouverture à la découverte d’une nouvelle culture » —, ses projets Dialogue d’associations et ses projets Travail communautaire par le biais des mouvements de chantiers. Le secteur Formation, lui, vise à « valoriser l’expérience pratique d’un travail et à faciliter l’insertion professionnelle des jeunes ». Quant au secteur Recherche et production, il exige « une implication personnelle et professionnelle » du stagiaire qui construit son projet. « L’Office met à sa disposition des outils et s’attend à ce que le projet ait des suites concrètes dans le milieu concerné37. »

LES PARTENAIRES, NOUVEAUX MULTIPLICATEURS Gaétan Saint-Antoine et Daniel Camp piloteront aussi une des évolutions les plus importantes de l’OFQJ en introduisant les premiers stages en milieu de travail entre les cégeps québécois et les lycées professionnels et les Instituts universitaires de technologie français (IUT). Ce projet, amorcé vers 1984, ne prendra véritablement son essor qu’à partir de 1990, mais les premières expériences permettent de se faire une idée de la mécanique complexe à mettre en place. Car il s’agit non seulement d’établir une centaine d’ententes entre au moins autant d’institutions, mais aussi d’appliquer les politiques des autorités canadiennes et françaises en matière de visa. « La création de réseaux de collaborations est devenue, au fil des ans, exponentielle », remarque Madeleine Bourgeois38. Alain Beaugier insiste sur les partenariats : « L’OFQJ n’est plus seul, après 20 ans d’activité, la coopération franco-québécoise en matière de jeunesse n’est plus son œuvre exclusive. Il faut travailler avec les organismes

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professionnels ou syndicaux, les associations et groupements de toute nature. Ils sont des relais qui vont amplifier notre action. Ce sont, en quelque sorte, les “ multiplicateurs ” de la seconde génération39. » Affleure déjà, à cette époque, la question de l’élargissement francophone. Dans la plaquette Traces et Jalons de 1988, l’ancien secrétaire général québécois Pierre Bernier pose la question : « Le créneau de l’OFQJ ne devrait-il pas se redéfinir par rapport à des tiers pays francophones40 ? » En poste, la Française Anne Cublier pousse l’idée : « La jeunesse semble avoir été complètement délaissée dans le grand mouvement francophone. Le jour où nos deux pays décideront d’entraîner les autres, l’Office pourra jouer un rôle de modèle et d’expert en relations internationales de jeunesse41. »

DES PRÉNOMS QUI VONT DEVENIR DES NOMS C’est André Maltais, secrétaire général de la section québécoise de 1989 à 1991, qui a le mieux résumé le travail des équipes. Cet ancien administrateur scolaire et député fédéral de 1979 à 1984 est impressionné de voir à quel point les directeurs de programmes connaissent leurs stagiaires par leur prénom. « Le ministère de la Culture s’occupe des noms, dit-il à un groupe d’employés, mais nous, on s’occupe des prénoms qui vont devenir des noms, mais qui, pour nous, resteront toujours des prénoms42. » Cette phrase, qu’il répétera souvent, deviendra une sorte de slogan officieux de l’organisme que les employés citent encore, trois décennies plus tard, parfois sans en connaître l’auteur.

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Du côté québécois, on compte ainsi de plus en plus de « prénoms » qui deviendront des noms. Deux futures ministres, Christine Saint-Pierre et Line Beauchamp, ont effectué un stage au cours des années 1980, tout comme le designer Jean Airoldi et le chef Daniel Vézina. Michel Labrecque, grand militant cycliste avant de faire carrière en politique municipale, a participé en 1981 à un échange sur les villes nouvelles. Quant aux membres du groupe d’humoristes Rock et Belles Oreilles, ils feront un premier saut en France en 1984, puis l’année suivante, au Festival FM de La Rochelle, où ils obtiendront le premier prix. L’animateur Guy A. Lepage, devenu célèbre par la suite comme scénariste et réalisateur de la série télé Un gars, une fille, puis comme animateur de la version québécoise de Tout le monde en parle, attribue très souvent son succès aux années formatrices de RBO et surtout à ses deux visites françaises. Le groupe s’est soudé en transportant les caisses de matériel dans le métro parisien. Du côté français, ce sont surtout dans les régions que vont émerger d’anciens stagiaires OFQJ devenus locomotives dans leur domaine. C’est vrai aussi dans le maillage territorial du réseau associatif France-Québec qui s’étend en particulier dans les années 1970 et 1980, souvent à l’initiative de participants à des programmes OFQJ. Ils trouvent là l’occasion de continuer à tisser des liens avec le Québec. Plusieurs responsables régionaux et nationaux de FranceQuébec ont effectué leur premier séjour au Québec avec l’Office. Aussi, on voit passer une future ministre des Outre-mer, Annick Girardin, native de Saint-Pierre-et-Miquelon et décidément très inspirée par son stage durant les célébrations du 450e anniversaire de la découverte de Jacques Cartier en 1984. Et l’année

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Rock et Belles Oreilles à La Rochelle. L’OFQJ lance, en partenariat avec le Festival FM de La Rochelle, le concours radio « 85 FQ ». Les organisateurs sont Robert Sorel, Patrick Beaudin, Madeleine Bourgeois de l’OFQJ, en compagnie de Richard Lelièvre et Serge Plaisance, animateurs à CKOI-FM.

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suivante, dans le cadre de l’année internationale de la jeunesse, Serge Poézévara, qui deviendra une grande personnalité de la radio et directeur national de France Bleu, s’illustre dans un concours radiophonique sous l’égide de l’OFQJ.

CAP SUR L’AVENIR EN TRAVERSANT L’ATLANTIQUE Outre le développement des IPG, la personnalisation de ses services et l’accent de plus en plus appuyé sur la formation, l’OFQJ des années 1980 développe un autre savoir-faire qui deviendra une particularité des années à venir : l’organisation de grands projets à forte visibilité médiatique et à haute valeur symbolique. À commencer par Cap sur l’avenir pour souligner le 450e anniversaire de la découverte du Canada en 1534 par Jacques Cartier. Le projet ? Faire traverser l’Atlantique à 600 jeunes Français et Québécois à bord d’un paquebot de luxe, le Mermoz, dans le sens inverse du célèbre navigateur malouin. Incontestablement le grand événement de la décennie et peut-être même de l’histoire de l’OFQJ. C’est en fait une vieille idée du général de Gaulle, évoquée au 2e CA d’avril 1969 à Québec, peu avant sa démission, et vite oubliée. En 1982, une première ébauche est formulée par le directeur de la Maison des jeunes de Conflans-Sainte-Honorine, fief de Michel Rocard. Il s’appelle Claude Quenault et deviendra, sept ans plus tard, secrétaire général de la section française de l’Office. « J’en ai parlé à Anne Cublier43 », dit-il. Le projet est évoqué par les premiers ministres René Lévesque et Pierre Mauroy en avril 1982 à Québec et arrive sur la table de la 25e session du CA, à Lac-Beauport, les 19 et 20 juin1983.

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Le débat est houleux. La majorité des administrateurs est sceptique. « Je n’étais pas chaud à l’idée, se souvient André Tétrault, je trouvais qu’il y avait de trop nombreux risques de dérapages44. » Madeleine Bourgeois évoque « les problèmes sociaux importants à l’époque ; alors faire voyager 600 jeunes sur un paquebot de luxe, c’était risqué au niveau de l’image45 ». Anne Cublier complète : « J’avais vraiment beaucoup de doutes, notamment au niveau financier46. » L’argent est la principale objection. Six cents jeunes, cela représente le quart de tous les stagiaires d’une seule année, sur une seule opération. L’OFQJ est prêt à payer ce que coûte un stage normal pour 600 jeunes, mais pas à subventionner deux semaines sur un paquebot de luxe. Les gouvernements devront faire leur part. Les deux ministres décident d’en référer très vite à leurs premiers ministres qui se rencontreront neuf jours plus tard à Paris, le 29 juin 1983. Le feu vert reçu, il faut livrer la marchandise. Lors de la 26e session du CA à La Rochelle, le 9 janvier 1984, il est « convenu que le thème majeur du projet devait être l’avenir ». Les deux sections travaillent d’arrache-pied pour trouver des partenaires, préparer un programme, sélectionner les candidats parmi 3 000 dossiers reçus. Dans les jurys siègent des personnalités comme la navigatrice française Florence Arthaud et la chanteuse québécoise Louise Forestier. Outre les postulants individuels retenus, il y a les lauréats de plusieurs concours, comme 30 cégépiens qui ont imaginé une conférence de presse de Jacques Cartier à son retour. Des étudiants en océanographie de Dinard en France et de Rimouski au Québec ont proposé des conférences. Il y a aussi 15 finissants de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec qui vont prêter main-forte aux cuisiniers. Des professionnels de l’Institut national d’éducation

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populaire (France) et du Certificat de créativité de l’Université de Montréal (Québec) renforcent l’équipe d’animation de l’OFQJ. Une quinzaine de journalistes français et québécois sont de l’aventure ainsi qu’une délégation autochtone, dont le futur député fédéral Romeo Saganash. Des figures importantes sont également là pour animer des ateliers et des activités comme l’historien québécois Gilles Villemure, le chanteur français Charlélie Couture et le dessinateur Fred, père du célèbre Philémon47.

SIX CENTS MERMOUSSES FRANCO-QUÉBÉCOIS Le 28 mai 1984, le ministre québécois Guy Chevrette est là pour le départ du Mermoz qui met le « cap sur l’avenir » avec ses 600 passagers. « On avait organisé tout un plan de cabines, mais après 48 heures, il n’y avait plus personne qui était dans sa cabine », témoigne Thierry Tulasne, l’un des organisateurs de l’époque, aujourd’hui coordonnateur de programme48. Il se rappelle aussi qu’à l’escale de Saint-Pierreet-Miquelon est montée à bord une jeune Saint-Pierraise de 20 ans, Annick Girardin. En 2007, elle devient députée de l’archipel et, depuis 2014, ministre (Francophonie, Fonction publique, Outre-mer). Son mouvement local s’appelle… Cap sur l’avenir. Durant la traversée de deux semaines, qui fera un détour par les Açores, l’OFQJ a organisé 200 activités : ateliers prospectivistes, animations créatives… Dans la salle de gymnastique du bateau, les uns s’initient à une nouveauté : la micro-informatique. D’autres découvrent la vidéo légère — le dernier cri en 1984. Radio-Véronique, la radio du Mermoz, diffuse 178 heures d’émission… en 12 jours ! Il y a un journal de bord, Futurs actuels, mais aussi une gazette spontanée,

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Le mille sabords, publiée par une trentaine de jeunes et qui suscite des réactions. Comme le note l’envoyée spéciale du quotidien québécois Le Devoir, Nathalie Petrowski, « le journal finit par se saborder de lui-même sous le poids de sa propre critique49 ». Monique Lefevre raconte sa traversée sur trois pages dans Télérama, l’hebdomadaire culturel français : « Micro-société, miniville qui n’était que le reflet du monde présent. Un monde divisé entre deux continents, l’Amérique et l’Europe que l’Atlantique pour une fois unissait. Et qui apprirent à se connaître, à se frotter, à se piquer l’un à l’autre. Les Québécois trouvaient les Français trop théoriques, beaux parleurs, toujours en quête de discussions conflictuelles ; les Français disaient des Québécois qu’ils ne parlent que de leur propre expérience et n’élèvent guère le débat50. » À bord, la journaliste de Télérama repère Michèle Chanonat, élève infirmière de Lyon qui désire devenir comédienne : « Pendant 12 jours, elle a été le feu follet du Mermoz. » Elle sera embauchée à la section française de l’OFQJ. Depuis 2003, elle vit à Montréal, tour à tour directrice des communications dans le milieu du théâtre et de la musique, rédactrice indépendante pour des revues culturelles, auteure d’une biographie de Ginette Reno en 2013 et d’un roman. Le matin du 8 juin, lorsque le navire vient mouiller en rade de Saint-Malo, les deux gouvernements sont très satisfaits de l’opération du Mermoz. L’idée d’un grand projet au cœur de l’actualité a très bien fonctionné. Six mois après le voyage, deux tables rondes sont orchestrées. À Montréal, le 19 novembre 1984, et à Paris, le 21. Une participante, Huguette Corbeil, témoigne : « La traversée est un pas de plus qui va du rêve à la réalité, des attentes à l’action. Coexister avec 600 “ Mermousses ” franco-québécois et baigner dans

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cette énergie pendant 12 jours en pleine mer fut pour moi comme la potion magique de Panoramix. Elle renforce et donne envie de bouger, d’agir. » Et que dire de ces demandeurs d’emploi qui étaient à bord ? « Nos six stagiaires sont revenus bouleversés, enchantés, déphasés et changés. Je peux affirmer que ce voyage leur a fait gagner des mois, voire des années, dans leur cheminement difficile pour se faire et trouver une place dans notre société », constate Christian Tytgat, de l’Association formation-étude-rencontre.

LA BELLE ANNÉE INTERNATIONALE DE LA JEUNESSE Devant un tel succès, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Dès l’automne de 1984, à la 27e session du CA, les 19 et 20 octobre à Joliette, Guy Chevrette et le nouveau ministre français de la Jeunesse et des Sports, Alain Calmat, décident de mobiliser l’OFQJ derrière un grand projet pour 1985, année internationale de la jeunesse. Le nom même est un appel à la mobilisation. C’est « une occasion pour l’Office de faire valoir la vitalité actuelle, passée et à venir de sa mission », explique le rapport de programmation présenté aux administrateurs51. Autour de la table, la décision est prise d’élaborer plusieurs concours à destination de la jeunesse. Parmi les initiatives, il y aura surtout trois opérations mémorables : le concours Ariane-Baie James, un concours de création radiophonique et une coproduction des Vêpres de la Vierge, du compositeur québécois Gilles Tremblay52. Le projet Ariane-Baie James s’appuie sur un concours de culture scientifique autour des sujets de l’espace et de l’énergie pour amener les participants à réfléchir aux répercussions des sciences sur les devenirs des sociétés française et québécoise. C’est l’occasion

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L’aventure du Mermoz : ambiance au port et en mer. 8 juin 1984 — Anne Cublier, secrétaire générale de la section française, avec son homologue québécois André Tétrault et la ministre Edwige Avice, à gauche, à Saint-Malo après l’arrivée du Mermoz.

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de permettre à deux groupes de 40 jeunes, lycéens français et cégépiens québécois, de se familiariser avec les professions scientifiques. Les lauréats Jeunes et Espace commencent par des visites en Île‑de-France de la société Aérospatiale, au Musée de l’Air et de l’Espace, à la Cité de la Villette et surtout aux Mureaux (Yvelines), où une partie de la fusée Ariane est fabriquée, puis les stagiaires s’envolent pour le Centre de recherches spatiales de Kourou en Guyane. Le groupe Jeunes, énergie et environnement passe trois jours à Montréal avant de partir pour le Grand Nord. Accueillis par Hydro-Québec, les stagiaires français et québécois marchent sur les traces de Gilbert Bécaud, visitant les barrages LG2 et LG3 de la baie James et le fameux « escalier des géants », où le chanteur français a donné un spectacle légendaire. Ils découvrent aussi les cinq voûtes gigantesques du barrage Manic-5 sur la Côte-Nord. Autre projet phare de 1985 : la création d’une radio francoquébécoise pendant le festival FM de La Rochelle. En réalité, FQ 85 n’est pas une station radiophonique, mais une collection de plus de 55 heures d’émissions produites par des stagiaires de l’OFQJ et diffusées par différentes stations. « On a élaboré cette activité comme une suite du Congrès mondial des radios communautaires, qui s’était tenu à Montréal en 1983 », dit Maurice Segall, responsable des projets spéciaux à la section française de l’OFQJ53. « J’avais convaincu Anne Cublier que l’Office devait y participer. D’où l’idée de faire un concours radiophonique lors de l’année internationale de la jeunesse. Du côté français, je me souviens que le lauréat avait été Serge Poézévara. Je l’ai revu depuis et il m’a dit que ce stage avait changé sa vie… » Il est devenu l’une des figures de proue de Radio France avant de rejoindre France Bleu.

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L’Année internationale de la jeunesse est également l’occasion de mettre sur pied une coproduction de l’œuvre, encore inédite, de Gilles Tremblay, Les Vêpres de la Vierge. Elle est présentée en juillet 1986 à l’abbaye de Sylvanès (Aveyron) dans le cadre de son festival de musique sacrée. Le projet réunit un chef d’orchestre et des musiciens québécois, avec des choristes de l’Opéra de Lyon, tandis qu’un peintre québécois expose ses œuvres sur les lieux du festival. L’année suivante, les mêmes artistes se retrouvent à l’unisson lors du Festival international de Lanaudière.

UNE TÉMÉRAIRE AVENTURE POUR LES 20 ANS L’année 1988 sera un autre temps marquant de la décennie. Pour célébrer ses 20 ans, l’OFQJ publie la plaquette Traces et Jalons avec de nombreux témoignages, et organise des concours et des événements à forte visibilité, comme un concert aux Francofolies de La Rochelle et une tournée du Jeune Ballet de France. Le concours de nouvelles d’anticipation rassemble une centaine de manuscrits, dont seulement sept d’origine québécoise. C’est néanmoins un jeune auteur québécois, Gilles Pellerin, qui gagne avec Le Songe, qui apporte des réflexions sur la langue française grâce à la magie du rêve. Le deuxième prix revient à un Français, Patrick Klein, pour La Réserve, une nouvelle qui s’interroge sur le bien-fondé de protéger sa culture et sa langue au point d’exclure les relations avec les autres54. Le concours le plus original s’appelle le Grand Prix de l’Aventure au Québec, mis en place par la section française. Il remporte un vif succès avec 338 candidatures de jeunes téméraires. L’aspect sportif et la démarche pédagogique retiennent l’attention du jury

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présidé par Alain Rastoin, auteur-réalisateur de plusieurs expéditions au Québec. Le grand prix de 50 000 francs est décerné au projet Opération survie, présenté par un professeur d’éducation physique français, Joël Surier : une descente de rivière en eaux vives sur 250 km dans le nord-est du Québec, en autonomie complète pendant 17 jours, avec une vingtaine d’adolescents et une dizaine d’accompagnateurs dont deux médecins et un médaillé olympique de canoë-kayak, plus une équipe de télévision. Neuf autres projets reçoivent des mentions spéciales du jury, notamment un raid en motoneige de 1 300 km de Sept-Îles à Kuujjuaq, un voyage en ballon de 900 km le long du Saint-Laurent et l’exploration de la route vers la Chine par la baie d’Hudson55. Le succès est tel que le concours est repris en 1989, et certains font remonter le début du tourisme d’aventure au Québec à cette série d’initiatives.

LA RÉVOLUTION FRANÇAISE À LA QUÉBÉCOISE Enfin, le grand événement de la fin de la décennie est le bicentenaire de la Révolution française. Un « arbre de la liberté » est planté par deux jeunes sur l’île Notre-Dame à Montréal, à l’initiative de la section québécoise de l’OFQJ. Elle organise aussi un grand concours pour les étudiants de niveau collégial. Ils doivent écrire un essai sur le thème « Que signifie pour vous la Révolution française ? » 40 jeunes sont sélectionnés, 20 en sciences humaines et autant en sciences pures. Parmi eux, le futur historien Éric Bédard, qui devient l’un des porte-parole du groupe, lequel élabore, entre autres, une nouvelle version de la Déclaration des droits « de la personne » et du citoyen.

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Alain Beaugier, directeur des programmes, qui souffle les chandelles… Deux jeunes plantent « l’arbre de la liberté » sur l’île Notre-Dame à Montréal en 1989, à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française et de la Déclaration des droits de l’homme. En arrière-plan, André Maltais, secrétaire général de la section québécoise 1989-1991, et Madeleine Bourgeois, directrice des programmes.

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24 janvier 1989 - Michel Rocard et Robert Bourassa avec la comédienne Carole Laure.

Le groupe est reçu à l’Assemblée nationale, puis, le lendemain, à l’Élysée, où il y aura 89 Québécois parmi les 1789 jeunes réunis pour un grand spectacle organisé par les Francofolies. Toutefois, pour l’historien Gilles Villemure, qui accompagne le groupe, le meilleur souvenir aura été le rallye à travers Paris sous forme de chasse au trésor : « On était parti du Jardin des plantes et il y avait des enveloppes et des indices disséminés un peu partout. Les jeunes étaient divisés en équipes qui représentaient chacune une tendance de la Révolution française. À chaque étape, il y avait une épreuve. Devant le Palais-Royal, les jeunes devaient improviser un discours comme Camille Desmoulins l’avait fait durant la Révolution française. Les passants s’arrêtaient pour assister à ces discours improvisés. Les gens étaient très intéressés et c’était très pédagogique56. » Après le souvenir, l’avenir. Les premiers ministres Michel Rocard et Robert Bourassa, en cette année 1989, « souhaitent », dans le relevé de décisions, « que l’Office situe sa programmation en fonction des grands défis que les sociétés française et québécoise auront à relever au cours de la prochaine décennie ».




1968 2016 LES PORTRAITS


UNE VOSGIENNE AU PAYS DE LA PITOUNE MARIE-PAULE DESAULNIERS — Professeure retraitée STAGE Échange de moniteurs en colonie de vacances Lorsqu’elle arrive en stage au Québec en juillet 1968, Marie‑Paule Courroy ignore encore — elle a 21 ans — que la Mauricie deviendra l’un des grands thèmes de sa vie. Elles sont cinq stagiaires françaises qui passeront huit semaines comme animatrices au camp Minogami, au nord de Shawinigan, dans un paysage qui rappelle à Marie-Paule ses Vosges natales. « J’y ai découvert une approche pédagogique qui a été une révéla‑ tion pour moi : une franchise toute simple entre enfants et animateurs, des relations directes et sans aucune agressivité. Pas de claques ! Pas de coups de pied au cul ! » L’étudiante en philo à la Sorbonne revient en France avec le Québec tatoué sur le cœur. Dès son retour, elle agit comme conseillère de séjour pour l’OFQJ. Puis, en 1972, elle épouse Gilles Desaulniers, artiste-verrier et professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), et s’installe au Québec. Enseignante de français au Collège des Ursulines à Trois‑Rivières, elle insiste pour faire lire aux élèves Menaud, maître draveur plutôt

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que du Michel Tremblay. « C’était une question de pertinence. Devant la porte de l’école, il y avait un tas de pitounes*. En plus, la rivière Saint‑Maurice est un des lieux sacrés de la drave**. » Constatant les préoccupations des élèves pour les questions sexuelles, la jeune enseignante met sur pied des rencontres parasco‑ laires. Puis, en 1977, la direction du collège accepte sa proposition de créer un cours d’éducation sur la sexualité, ce qui était alors inédit. Peu de temps après, la jeune pionnière est bombardée « repré‑ sentante des enseignants du secondaire » dans un comité provincial d’étude du programme en éducation sexuelle, où siègent une infirmière, un médecin, une écrivaine féministe, un théologien, un pasteur et un prêtre ! En 1986, le gouvernement crée le programme de formation personnelle et sociale, intégrant l’éducation sexuelle. Pendant ce temps, Marie-Paule Desaulniers termine sa maîtrise en éducation, conçoit des manuels scolaires et un cours de didactique en éducation sexuelle. Elle travaille à sa thèse doctorale sur l’éducation sexuelle, qu’elle défendra en 1989 à l’Université de Strasbourg, avant de devenir professeure en sciences de l’éducation à l’UQTR en 1993. « Nous étions très en avance en ce qui concerne l’éducation sexuelle scolaire, tout particulièrement la prévention des abus sexuels. » En 2001, après avoir étudié l’abus sexuel professoral, elle se réoriente vers l’éthique et publie, avec France Jutras, Éthique professionnelle en enseignement, plusieurs fois réédité. La Trifluvienne d’adoption a en outre trouvé une façon originale de maintenir le lien avec la France. Pour la bibliothèque municipale de son village de Rupt-sur-Moselle, elle a créé le Fonds québécois Marie-Paule Courroy-Desaulniers. « Depuis 15 ans, j’y envoie des livres sur la nature, des romans, des essais québécois. C’est une autre suite de l’OFQJ. » * Pitoune : québécisme, pour bille de bois. ** Drave : québécisme, flottage du bois.

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PILIER DE QUÉBEC-FRANCE ANDRÉ POULIN — Enseignant et directeur d’école retraité STAGE Étude du système scolaire français « Quand je suis parti en France pour mon stage en juillet 1969, je n’avais fait qu’un seul voyage. J’étais allé à Montréal pour Expo 67 », se rappelle André Poulin, qui avait 20 ans à l’époque, et qui ne se doutait pas qu’il deviendrait l’un des piliers de l’Association Québec-France. L’étudiant de l’École normale de Québec était un petit débrouillard. Malgré son jeune âge, c’est lui-même qui réunit un groupe d’étudiants des écoles normales d’un peu partout au Québec pour partir en stage d’étude du système scolaire français. Cependant, le départ prévu en juin est reporté d’un mois à cause d’un retard dans les examens. Si bien que la cohorte part en juillet, en pleines vacances ! En toute logique, l’expérience aurait dû être mauvaise, pour ne pas dire catastrophique. C’était sans compter sur le chef de mission de la section française de l’OFQJ, qui a réorganisé tout le stage en planifiant une série de conférences, d’ateliers et de rencontres avec des fonctionnaires, des spécialistes et des enseignants dans les universités, les bureaux de syndi‑ cats ainsi que les centres aérés qu’on nomme camps de jour, au Québec.

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« On est allé à Paris, à Marseille, à Avignon et à Aix-en-Provence, mais mon rapport raconte que le programme était trop chargé », dit-il avec son franc-parler habituel. « Les participants étaient contents, mais nous aurions voulu que ce soit plus pratique. » André Poulin ne reverra la France que 23 ans plus tard, un hiatus franco-québécois qu’il s’explique mal. « Dans les années 1970, j’ai envi‑ sagé de faire un échange d’enseignants, mais ma situation familiale ne le permettrait pas. Ensuite, je me suis occupé de relations de travail, puis je suis devenu directeur d’école. » C’est en 1992 qu’il redécouvre la France dans le cadre des activi‑ tés de sa chorale scolaire. Quelques années plus tard, sa sœur, qui a fait aussi des échanges scolaires et qui est membre de l’Association Québec-France, l’amène à l’Assemblée générale. Quelque temps plus tard, André Poulin sera élu membre du conseil d’administration et du bureau national. À partir de 1995, cet organisateur-né agira quatre fois à titre de président du comité en charge du congrès annuel. Il sera trésorier durant autant de mandats, et il prendra six fois la charge de vice-pré‑ sident, pour finalement devenir président de 2012 à 2016. C’est lui qui met sur pied la formule très populaire des « voyages découvertes » pour adultes en collaboration avec cinq régions ; une activité qui se répétera 12 ans de suite. « Lorsque le gouvernement a retiré la subvention à Québec-France en 2015, cela m’a assommé », remémore-t-il, en se réjouissant de voir l’organisation renaître sur des bases toutes neuves, avec des struc‑ tures, des réseaux et des sources de financement renouvelés. « Je ne dirais pas que ç’a été bénéfique, mais cela a certainement permis à l’organisation de rebondir. »

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FEMME DE TÊTE GENEVIÈVE BOISVERT — Agricultrice retraitée STAGE Agriculteurs en France En 1969, Geneviève Boisvert était la seule femme parmi 32 agriculteurs partis en stage pour découvrir la France agricole, l’un des premiers groupes du genre à passer par l’OFQJ. « Au départ, je n’étais même pas incluse dans le stage », dit-elle. Son mari, André Raîche, était du groupe, mais la jeune agricultrice, qui n’avait que 26 ans, tenait tellement à ce voyage qu’elle avait prévu de s’organiser de façon autonome, en parallèle. Finalement, un membre de l’Union catholique des cultivateurs l’appelle pour lui dire qu’elle pourra en être. « Partout en France, je n’ai vu que des hommes. Les hommes rece‑ vaient en costume cravate ; leurs femmes étaient aux champs ou à l’étable. J’ai trouvé très dure cette situation et les quelques femmes d’agriculteurs avec qui j’ai pu parler semblaient trouver cela normal. En ce qui concerne le statut de la femme collaboratrice en agriculture, les choses ont bien évolué ! » Geneviève Boisvert, qui a conservé plusieurs souvenirs de ce voyage de trois semaines, tire d’une chemise un article de L’Auvergne agricole

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daté de juin 1969. Sur la photo jaunie, on y voit la jeune Québécoise remettant une « canne » de sirop d’érable au président de la coopérative locale. «Et les Français, lit-on, purent se rendre compte que leurs amis connaissaient plus de chansons qu’eux. » Outre le plaisir des veillées franco-québécoises animées, le couple ramènera plusieurs idées nouvelles de ce séjour et d’autres voyages encore. Sur leur ferme laitière de L’Avenir, ils implantent assez rapi‑ dement la production céréalière, la transformation des produits de l’érable, l’élevage des taurillons pour la boucherie, qui diversifient la production de la ferme et ajoutent de la valeur à sa production. « Tout cela en plus de nos 40 vaches ! Les conditions climatiques en France et le type d’exploitation agricole sont tout à fait diffé‑ rents, mais on peut reprendre certaines expériences ici », remarque Geneviève Boisvert. Syndicalistes engagés dans plusieurs syndicats agricoles, Geneviève et son mari ont toujours cru qu’il fallait faire bou‑ ger les choses. Jusqu’à sa retraite en 2004, l’agricultrice est associée à parts égales dans l’exploitation — « La juste reconnaissance de mon tra‑ vail ! », souligne-t-elle —, pour laquelle elle voit à la gestion, à la comp‑ tabilité, au jardin potager et à l’atelier de conditionnement des produits de l’érable, où elle préparait le sucre et le beurre d’érable, les petits cornets et les paniers-cadeaux – et autres délices. Ses voyages successifs ont été de véritables laboratoires d’idées, et pas seulement à sens unique. « En 1969, nous avions visité l’usine de Yoplait, dans le Massif central, et nous avions dit à nos hôtes que yogourt et sirop d’érable formaient un mélange délicieux. Savez-vous qu’aujourd’hui, ils ont ajouté ce produit à leur gamme ? » Comme quoi les stagiaires ne sont pas les seuls à profiter de leur stage.

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LE DÉTECTIVE DES ARCHIVES ENFOUIES JEAN-PAUL MACOUIN — Commandant de police honoraire STAGE Découverte du Québec rural Né dans une famille d’agriculteurs vendéens, Jean-Paul Macouin a tou‑ jours entendu parler des pionniers de la Nouvelle-France. « Des anciens disaient que des familles étaient parties, les gens savaient », se souvient-il. Il a huit ans quand, en 1956, le maire de Montréal de l’époque, Jean Drapeau, vient sur la terre de ses ancêtres, à Fontenay-le-Comte. « Il est reçu en grande pompe à la mairie. Mon grand-père, conseiller municipal, en parle à la maison. L’instituteur aussi à l’école. Il nous dit même que M. Drapeau parle le français comme nous autrefois. » Au retour du service militaire, à 21 ans, Jean-Paul Macouin est recruté pour un séjour de l’OFQJ de trois semaines au Québec, en sep‑ tembre 1969. « Nous étions 25 de toute la France, pour la plupart du milieu agricole. J’étais le seul Vendéen. Il y avait des jeunes des Vosges, du Gard, des fils de vignerons… » Le séjour est un tour du Québec rural, avec la visite d’une ferme à Sainte-Croix-de-Lotbinière, d’une usine de pâtes à papier à Trois-Rivières, d’un site de reboisement dans le bas du fleuve… « Une fin de semaine, nous avons été éparpillés dans

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des familles d’agriculteurs. Moi, c’était au Bic. » Jean‑Paul Macouin se rappelle aussi certains hébergements tels qu’une institution religieuse à Québec, un établissement scolaire à La Pocatière et un centre de vacances en pleine campagne en Outaouais. Intéressé depuis son enfance par l’épopée des premiers colons, il constate que bien des noms de familles québécoises lui sont familiers. « Baribeau, Mercier, Perreault sont les noms de trois voi‑ sins de mes parents. » Il remarque aussi ces patronymes dérivés de prénoms, comme en Vendée : « Jean-Jeanneau, Martin-Martineau, Simon‑Simoneau, Thibaud-Thibaudeau… » De la graine d’historien-gé‑ néalogiste sommeille en lui, mais Jean-Paul Macouin entre dans la police et y fait une belle carrière, surtout en région parisienne. En 1990 paraît un livre du père Léon Auger qui recense 414 pion‑ niers vendéens. « Je me suis plongé dedans », se remémore Jean‑Paul Macouin. Il adhère à Vendée-Québec, participe à un voyage de l’association en 1993. « Vingt-quatre ans après, le Québec avait changé. » Parisien, il opte pour Paris-Québec où il siège 10 ans au bureau. Le policier passionné d’histoire devient détective hors pair des actes d’antan. « Je voulais savoir qui était parti de chez nous, ce qu’ils faisaient. Plus tu es riche, plus tu laisses de traces. » Jean-Paul Macouin hante les bibliothèques et les archives, fouille parmi les actes notariés. « Je trouve des documents fabu‑ leux », affirme‑t-il, comme les actes de vente de seigneuries de la Nouvelle‑France, souvent passés à Paris, et des registres familiaux oubliés ou enfouis. Dernièrement, il a communiqué avec l’Association des Frigon d’Amérique dont l’ancêtre était dit d’origine inconnue, marié à une fille du Roy. « Dans des archives notariales, j’ai trouvé l’acte de mariage apporté par Monseigneur de Laval. François Frigon était natif de la Manche. » Il arrive que des Américains d’origine québé‑ coise font appel à lui. Ses trouvailles, il les partage. « Cela passionne les Québécois. » 119


LA SCIENCE DU MAGAZINE JEAN-MARC GAGNON — Éditeur STAGE Journalisme scientifique Lorsqu’il prend la tête du magazine Québec Science en 1971, Jean-Marc Gagnon se demande que faire. La revue, créée 10 ans plus tôt, vivote. Les revues françaises de vulgarisation scientifique profitent d’une bonne clientèle québécoise, mais personne ne s’intéresse aux articles de Québec Science, qui étaient alors signés par les scientifiques eux-mêmes. « Le courant ne passait pas toujours avec nos lecteurs potentiels qui attendaient alors un style plus journalistique et une implication concrète dans l’actualité », raconte le diplômé en sciences politiques, qui s’était initié au journalisme scientifique quand il était agent d’in‑ formation à l’Université du Québec, pour laquelle il avait créé le journal Réseau. Jean-Marc Gagnon règle une partie du problème en regroupant une équipe de journalistes, mais il doit cependant les former à la vulgari‑ sation scientifique. Il fait donc appel à l’OFQJ pour monter un projet auquel se joindront 14 jeunes journalistes.

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1972 Pendant ce séjour de trois semaines, les stagiaires, tous pigistes, sont reçus comme des professionnels dans les rédactions des plus grands magazines, comme La Recherche et Sciences et Avenir. Ils rencontrent des chroniqueurs prestigieux, tels François de Closets et Serge Berg, et les représentants de l’Association des journalistes scientifiques de la presse d’information de France. « En fait, nous manquions beaucoup de confiance en nous. Mes journalistes ont vu travailler une vraie équipe de rédaction », dit JeanMarc Gagnon. « Pour moi, la grande leçon a été ma rencontre avec le directeur général de La Recherche, qui m’a accueilli dans son bureau et qui m’a ouvert tous ses livres. J’ai vu comment ça marchait. J’ai vu son bilan. Ça m’a beaucoup aidé. » Le résultat ne se fait pas attendre. « Stimulés par cette expérience, nous avons changé le visage de Québec Science et dynamisé son contenu. » La revue est depuis longtemps une référence incontour‑ nable, même 56 ans plus tard. « Ce fut un stage hautement utile à tous. On est revenu de là avec une vraie équipe de rédaction », dit Jean-Marc Gagnon, qui a dirigé la revue à deux reprises, de 1971 à 1983, avant de devenir éditeur scienti‑ fique en fondant les Éditions Multimondes. Il déplore que les liens avec les publications françaises se soient éteints après quelques années. « Mais nous avons lancé l’Association des communicateurs scientifiques du Québec. Et certains des journalistes de ce stage, comme Yannick Villedieu et Pierre Sormany, sont devenus des pointures de la presse scientifique québécoise. »

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LE RELAIS D’AQUITAINE ANNIE BANNIER — Ancienne responsable de la mission Relations internationales de la Direction régionale de la Jeunesse et des Sports en Aquitaine STAGE Découverte Pour beaucoup de Québécois, c’est « l’amie » Annie ! Elle en a tellement reçu. À son premier contact avec l’OFQJ, en 1976, elle souhaite déjà accueillir des Québécois dans la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) de Pau, où elle est animatrice. « Ma proposition, paraît-il, a beaucoup surpris. Les demandes de voyages étaient plus fréquentes que les invitations. » C’est l’époque où l’OFQJ envoie des « chargés de mission » en éclai‑ reurs. « Alain Beaugier me propose d’aller à la rencontre des futurs stagiaires à Montréal ! Ouaouh ! » Annie Bannier mène deux échanges dans l’année. « Pau bougeait à l’heure québécoise. » D’autant plus que le maire d’alors, André Labarrère, est un Québécois de cœur, ancien professeur à l’Université Laval. Annie Bannier est cofondatrice de l’as‑ sociation Pau-Béarn-Québec qui sera éphémère. Voilà Annie Bannier mutée à Bordeaux, conseillère technique péda‑ gogique à la Direction régionale de la Jeunesse et des Sports. Elle fait valoir ses attaches avec le Québec et l’OFQJ. « Ne changez rien,

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continuez ici », lui dit-on. Annie Bannier devient responsable, de 1984 à 2009, de la mission Relations internationales de la DRJS. Elle obtient d’Alain Beaugier la mise en place d’un relais OFQJ à Bordeaux. « J’ai eu beaucoup de chance de rencontrer, dès 1976, Alain Beaugier, explique Annie Bannier. Il m’a d’emblée fait confiance, écou‑ tée et donné les possibilités d’aller toujours plus loin. » Un Québécois la marque aussi : l’historien Gilles Villemure qui brosse des fresques fabu‑ leuses à l’arrivée des stagiaires français. « Il réussissait non seulement à nous instruire, mais à nous toucher. Et je ne suis pas la seule. Il a une très grande responsabilité dans mon attachement pour le Québec. » Les échanges se multiplient en Aquitaine. Annie Bannier se sou‑ vient du mémorable séjour, durant trois semaines en 1984, de 16 techniciens de la Société des alcools du Québec. « Ils avaient trois problèmes à résoudre, l’un bactériologique pour 400 000 litres de vin dormant dans un pinardier du port de Montréal, l’autre de collage complet des étiquettes et, enfin, la pertinence d’une mise en bouteille plastique. Nous avons trouvé les solutions ! » Repérée, Annie Bannier participe à plusieurs jurys OFQJ. On lui « demande d’ouvrir le feu sur de nouveaux programmes comme le Dialogue de Régions ». L’OFQJ se dote d’un conseiller pédagogique par région au sein du ministère. En 2000, Annie Bannier est sollicitée, avec deux collègues de Lille et de Strasbourg, par Jacques Fauconnier pour effectuer un préaudit de l’Office avant celui d’un professionnel. Annie Bannier se souvient aussi que l’OFQJ a permis de réaliser la partie pratique d’une unité de formation du diplôme d’État sur le travail international de l’animateur socioculturel. « Le jury de fin de séjour était présidé par Madeleine Bourgeois. » Aujourd’hui retraitée, Annie Bannier lance un « grand merci » à l’OFQJ pour « m’avoir permis pendant plus de 30 ans d’atteindre mes sommets et faire toucher à d’autres la qualité de l’amitié franco-québécoise au travers de l’irremplaçable OFQJ ! »

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LE MILITANT DU LIEN SOCIAL GÉRARD COULON — Ancien directeur de l’économie sociale et solidaire en Franche-Comté STAGE Dialogue des Régions Franche‑Comté et Mauricie Vandoncourt, ses 800 habitants et ses 30 associations. Entre le pays de Montbéliard et le Jura suisse, ce village est un pionnier de la démocratie participative, dès 1971. Aujourd’hui encore, la population peut s’engager dans les huit commissions communales. Les 13 conseillers municipaux se réunissent avec le conseil des jeunes, celui des anciens et celui des associations. Le regretté Cabu a signé en 1976 une BD dans Charlie sur ce conseil municipal où le maire jongle avec les lampes vertes (débat ouvert à tous) et rouges (seuls les élus décident et votent). À l’origine, autour du maire autogestionnaire Jean-Pierre Maillard-Salin, une quinzaine de jeunes passionnés d’animation sociale. Patrice Vernier, premier président du conseil des jeunes, est devenu maire depuis 2001. Il y a aussi Gérard Coulon qui habite un village voisin et travaille chez Peugeot. Ils cherchent une ouverture internationale à leur expérience. « L’OFQJ a été le déclencheur », affirme Gérard Coulon. Ils sont une vingtaine à par‑ tir en Mauricie dans le cadre du dialogue des régions. « Cela a marqué

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tout le monde. » Les liens se multiplient dans le triangle Maskinongé, Trois‑Rivières, Shawinigan. « Le style des relations humaines que nous avons découvert au Québec coïncidait bien avec la philosophie qui s’était installée à Vandoncourt. C’était un peu comme un coup de foudre. » « À peu près toutes les familles de Vandoncourt ont été touchées par ces échanges devenus presque une tradition », poursuit Gérard Coulon, un temps vice-président de l’association Belfort-Vandoncourt-Québec. En 1987, une animation pédagogique sur le Québec touche un millier d’écoliers et d’étudiants du pays de Montbéliard. En 1988, 10 ans après, le groupe initial « refait l’échange » avec leurs enfants. Quelques mariages et des réalisations professionnelles ou artistiques ponctuent des échanges soi‑ gneusement entretenus. « Nous sommes quasiment tous en contact avec le Québec », souligne Gérard Coulon. Lui-même, en juin 2017, est retourné chez les Québécois rencontrés en 1977. « Quarante ans après, on se voit régulièrement. Ils sont tous venus chez moi. » La relation franco-québécoise irrigue aussi le parcours profes‑ sionnel de Gérard Coulon. En 1982, il devient conseiller de la mission locale du pays de Montbéliard puis directeur. Pour mettre en place des stages de commerce extérieur, l’OFQJ l’envoie comme chargé de mission outre-Atlantique où il noue des contacts chez Bombardier, Cascades, le Cirque du Soleil qui débute… « Dix jeunes femmes de la région sont revenues avec une expérience bien cotée auprès des employeurs français et avec une aisance et une ouverture d’esprit d’une valeur inestimable dans leur métier. » Militant associatif et président d’un groupement d’entreprises d’in‑ sertion, Gérard Coulon devient, en 1995, directeur de l’économie sociale et solidaire de la Région Franche-Comté. Il bâtit une convention de partenariat avec l’OFQJ. Retraité, il est toujours engagé socialement et conseiller municipal d’Audincourt. Quand il reçoit la Légion d’honneur en 2014, il évoque l’OFQJ dans son discours. « C’est fondateur sur mon parcours ; le Québec m’a toujours suivi. » 125


INNUE ET FIÈRE DE L’ÊTRE SUZANNE PAUL — Enseignante STAGE Les minorités culturelles en France En 1978, un groupe de 16 Amérindiens s’embarquent pour un stage à la rencontre des minorités culturelles en France. Parmi eux, Suzanne Paul, une jeune enseignante « innue », nouveau nom de cette communauté que l’on appelait « montagnaise » à l’époque. « Nous avons été conquis par les Gitans, avec lesquels nous nous sommes trouvés tout un tas de points communs », se souvient l’ensei‑ gnante en évoquant les nombreuses mises en garde à leur endroit. « Ils disaient : “Rencontrez-les, si vous y tenez vraiment, mais méfiez-vous.” Pour nous qui faisions l’objet de préjugés semblables, ces réflexions tombaient à pic ! » « Les Gitans nous ont d’abord paru réservés et distants. Le contact, de prime abord, n’était pas facile. Puis tout à coup, le déclic s’est fait et nous avons vraiment échangé et sympathisé. Ce sont des gens qui, comme nous, partagent beaucoup. Ils ont une conception très étendue de la famille. » L’enseignante, qui avait 27 ans* au moment de son stage, souligne que la grande différence entre Innus et Roms, c’est l’appartenance au pays. « Comme les Maghrébins vis-à-vis de la France, ils sont des

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immigrants, alors que pour nous, c’est le contraire. Nous estimons que ce sont les immigrants français et anglais qui nous ont aliéné nos droits sur notre pays. » Ce stage s’est inscrit dans les efforts des enseignants pour réduire le sentiment d’aliénation parmi la jeunesse innue. Durant sa carrière, Suzanne Paul a travaillé avec toute une équipe d’enseignants à promouvoir les valeurs traditionnelles amérindiennes auprès des jeunes. Le maintien de la langue, tant à l’oral qu’à l’écrit, en était le point d’appui. Sur ce plan, elle estime que les Innus de Pessamit sont favo‑ risés par leur position géographique : assez loin des grands centres pour préserver une langue innue bien vivante, mais assez proche pour faciliter l’accès à l’enseignement supérieur et aux échanges. Ce premier stage d’enseignants, qui suscitera de nombreux autres échanges, pour culminer en 1985 avec le séjour, soutenu par l’OFQJ, de près de 200 enfants québécois et français qui viennent vivre plusieurs semaines dans des familles innues, puis quelques enfants innus iront faire de même en France. Cette expérience inspire même un documentaire, L’avenir de l’homme dans les yeux d’un enfant. Ce film de 55 minutes, scénarisé par Ange Guibert et qui met en scène plus de 250 enfants, raconte la première rencontre entre un enfant blanc et un enfant amérindien. En 1987, durant la période des Fêtes, le film est diffusé sur les chaînes de télévision québécoises, ontariennes et françaises. « Tous les participants y ont gagné en ouverture d’esprit et en tolérance, commente Suzanne Paul. Je souhaite vraiment que ce genre d’expérience se poursuive avec des Français, mais aussi avec des Québécois. » * Suzanne Paul est décédée en 2014 à 63 ans. Son témoignage est librement adapté de Traces et Jalons, qui soulignait les 20 ans de l’OFQJ en 1988.

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LES FRUITS D’UN STAGE DIANE GOYETTE — Pomicultrice STAGE La culture du pommier nain En 1980, Diane Goyette et son mari Louis Poulin achètent une belle terre à Compton et plantent 5 500 pommiers nains, un type de culture inconnu au Québec. Ce verger, Le Gros Pierre, deviendra une institution dans la région, mais ce n’est pas encore le cas en 1980. « On nous a pris pour des fous pendant plusieurs années. On nous prédisait la catastrophe. Au Québec, depuis toujours, le pommier était taillé suivant une tradition contraire à la phy‑ siologie de l’arbre. Aucun apport n’était donné aux sols appauvris des vergers. On pratiquait l’agriculture extensive. » C’est grâce à l’OFQJ que les deux pomiculteurs ont percé les secrets du pommier nain. « J’ai vu en France des exploitations de pommiers nains bien gérées et rentables », se souvient Diane Goyette. Au retour de ce premier stage, le couple décide de relever le défi et d’adapter les principes français de gestion des sols, de taille des arbres et de conduite d’un verger. La collaboration de l’OFQJ a été essentielle dans la réussite du projet puisque les Goyette-Poulin devront retourner en France plusieurs

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1980 années de suite pour affiner leurs connaissances. « Nous y avons appris les éléments de calculs pour mesurer les besoins précis du sol », précise Diane Goyette, qui s’est chargée d’adapter les principes français. « Ce n’était pas un transfert technologique qui nous arrivait tout cuit dans le bec. À Compton, la saison végétative est deux mois plus courte qu’en France et les arbres doivent supporter des gelées profondes. » À l’automne 1984, moins de quatre ans après la plantation, c’est la première récolte. Ce délai, très court, est déjà une réussite en soi. Le public est au rendez-vous, curieux de voir ces petits arbres qui donnent de grosses pommes. La récolte s’envole en une seule journée ! Mieux encore, les pommiers nains produisent 40 tonnes de pommes par hectare, le double des arbres normaux ! Le couple commence à faire des convertis parmi les pomicul‑ teurs qui ne rient plus. Dès 1984, ils regroupent 10 exploitants pour faire venir deux sommités françaises, Michel Lefeuvre, ingénieur au Centre d’études techniques agricoles d’Anjou, de même que JeanMarie Lespinasse, chercheur agronome à Bordeaux et inventeur des techniques de taille. « La consultation s’avérait indispensable et la formation a permis un nouveau bond en avant. » Retraitée depuis peu, Diane Goyette continue de suivre les activités du verger Le Gros Pierre. Sa grande fierté est de le voir produire vingtet-une variétés de pommes, dont plusieurs hybrides adaptés au climat québécois. Prônant l’entrepreneuriat appliqué à la terre, elle et son mari ont ouvert dans leur verger le Centre d’interprétation de la pomme et monté une offre touristico-pomicole diversifiée : balade en tracteur, sentier d’interprétation, aire de jeux, autocueillette, dégustation, restau‑ rant et cuisine ouverte pour observer la fabrication des jus, des tartes et autres produits de la pomme. « Je crois à une agriculture fondée sur la compétence technique, la gestion rigoureuse et le dynamisme. »

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TRENTE ANS D’EXPORTATION JEAN-MARIE BEL — Viticulteur avec son frère Alain dans le Bordelais STAGE Étude de marché et prospection de vente C’est un lussac-saint-émilion, bien équilibré. Depuis 30 ans, les Québécois savourent le Cap de Merle. Grâce à l’OFQJ! La belle histoire commence en 1983 lorsque deux frères, Alain et Jean-Marie Bel, jeunes viticulteurs dans la propriété de leurs parents (qu’ils reprendront en 1990), partent deux semaines au Québec avec l’OFQJ. « La viticulture québécoise est à l’époque embryonnaire avec quelques pionniers dans les Cantons de l’Est, témoigne Jean-Marie. À la Société des alcools du Québec (SAQ), on effectue une visite appro‑ fondie des chais et du laboratoire. On y rencontre de futurs stagiaires de la SAQ dans le Bordelais. Et on découvre que la SAQ a une vision globale du vin, que le Québec est une plaque tournante mondiale du vin. » Face à un tel marché, orchestré par un monopole d’État, les deux frères reviennent avec la conviction qu’ils ne vendront jamais de vin au Québec. Des liens se créent néanmoins. Alain et Jean-Marie Bel accueillent les stagiaires québécois, fraternisent et retournent au Québec, le

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printemps suivant, pour rester en contact. Alain sollicite un stage au laboratoire de la SAQ qui accepte, pour la première fois, un stagiaire. Affleure l’idée de présenter le vin Bel à la Belle Province. « Pendant quatre ans sans succès », raconte Jean-Marie. La SAQ ne fait pas de sentiment, mais les frères Bel persévèrent. Tous les ans, ils font le voyage et prospectent même aux États‑Unis. En 1988, première commande de la SAQ : 200 caisses de 12 bouteilles. « Nous sommes alors les seuls à traiter directement avec la SAQ, précise Jean-Marie. Au bout de trois-quatre ans, nous avons pris un agent et nous sommes passés à une autre dimension. Cela fait 30 ans maintenant que nous sommes présents sur le marché québécois. Cela représente 50 % à 60 % de nos exportations et plus que le marché français. » Le séjour annuel au Québec ne dure plus que quelques jours, pour voir et promouvoir. « Je dors chez un ami du centre d’embouteillage », souligne Jean-Marie. Il dévoile l’assemblage qui a fait le succès du Cap de Merle au Québec : « Des contacts, une découverte, un peu de chance, des liens d’amitié, une affaire de cœur. » N’est-il d’ailleurs pas devenu ami avec Annie Bannier, ancien relais de l’OFQJ en Aquitaine, qui a notamment organisé le séjour des stagiaires de la SAQ dans la région bordelaise ? Sportif et amateur de canoë-kayak, Jean-Marie Bel a aussi gardé des liens avec l’ancien conseiller technique départemental des années 1980, Pascal Bonnetain. Celui-ci l'appelle, un jour de 2013 : « Je suis secré‑ taire général de l’OFQJ, tu ne dois pas savoir ce que c’est… » Eh bien si, Jean-Marie Bel le sait. L’OFQJ est même le sésame de sa belle aventure professionnelle au Québec. Et c’est ainsi que, en 2016, toute l’équipe de la section française a tenu son séminaire dans la région de Saint‑Émilion. « Un sacré clin d’œil de la vie », commente, avec un sourire, Jean‑Marie Bel.

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ÇA ROULE POUR KÉROUL ANDRÉ LECLERC — Président-directeur général de Kéroul STAGE Les activités de voile pour handicapés Victime de paralysie cérébrale depuis l’enfance, André Leclerc avait une telle envie de bouger qu’il quitte le foyer familial et Jonquière à 20 ans et part pour Montréal. Refusant la vie sclérosée et annihilante, André Leclerc décide de faire un premier voyage en autostop entre Montréal et Québec : les policiers l’arrêtent parce qu’ils croient qu’il s’est enfui d’une institution. En 1979, il a 25 ans quand il fonde Kéroul, un organisme voué au tourisme pour handicapés. C’est que pour un handicapé, le plus petit rêve d’aventure se heurte à des problèmes matériels tels que des toi‑ lettes non adaptées, des seuils, des marches… Cette année-là, il part en France pour un premier stage avec l’OFQJ, pour constater que le Québec est très en avance. « Cette découverte m’a surtout encouragé à poursuivre mon travail. Là-bas aussi tout semblait à faire. Je ne trouvais pas de modèle tout fait, nous nous sommes sentis obligés d’innover. » Quatre ans plus tard, un autre stage avec l’OFQJ lui permet de se familiariser avec les activités de voile offertes aux handicapés français.

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« Cette organisation, facilitée par le grand réseau de plans d’eau dont disposent les Français et par leur climat favorable, nous a incités à promouvoir ce sport pour les handicapés auprès des clubs québécois. Ce voyage m’a également ouvert les yeux sur les disparités régionales en matière d’équipements touristiques pour handicapés physiques. » Ces deux stages ont surtout joué un rôle d’émulation pour André Leclerc, qui a fait voyager et a conseillé quelques dizaines de milliers de handicapés depuis. « En 10 ans, le Québec est passé en ce domaine du Moyen Âge à une position avant-gardiste, mais on peut dire que maintenant, le Québec s’est fait dépasser par les États-Unis, l’Australie et la Colombie-Britannique. » Kéroul fait désormais autorité, conseillant les ministres et formant les employés de société — par exemple, les 10 000 employés d’Air Canada en 1994. « Kéroul est maintenant consulté pour l’aménagement d’édifices et de places publiques. » L’organisation deviendra même un partenaire de l’OFQJ. « Nous avons été consultés afin de faciliter l’in‑ tégration des handicapés dans les stages de l’OFQJ. » Depuis quelques années, les Français sont nombreux à venir découvrir les réalisations québécoises en matière de tourisme pour per‑ sonnes handicapées. En 2014, lors du Sommet mondial Destinations pour tous à Montréal, la délégation française formait une part impor‑ tante des 360 participants. « Nous visons à faciliter l’intégration et l’autonomie des personnes handicapées. En leur permettant de se déplacer et de fonctionner comme tout le monde, elles travailleront, créeront des emplois et contribueront à l’avancement de la société. »

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SCIENTIFIX AU PAYS D’ASTÉRIX SOPHIE GUIRAUDON — Directrice générale de Planète Sciences STAGE Expo-Sciences Internationale de Québec L’idée est québécoise. Le journaliste Félix Maltais fonde en 1978 l’Agence Sciences-Presse pour alimenter les journaux québécois. À la fin de 1979, une chronique de sensibilisation scientifique pour enfants naît, « Petits Débrouillards » ; signée du pseudonyme Professeur Scientifix. Suivent des livres et, en 1981, la fondation du club des Petits Débrouillards. L’idée arrive en France en 1984. Avec le soutien de l’OFQJ, Danièle Laverdière représente le club à l’événement Ville-Été 84 à La Villette où elle initie une quinzaine d’animateurs français au concept des Petits Débrouillards. L’association française est créée en 1986. La pionnière, Sophie Guiraudon, animatrice scientifique à La Villette, a juste 20 ans. Elle est à la bonne école, car son père, Jean-Claude Guiraudon, est alors viceprésident de l’Association nationale sciences techniques jeunesse (ANSTJ). Au pays d’Astérix, le professeur Scientifix s’adapte. « Certains produits à la base des expériences québécoises, comme la boule à mites, présentent des caractéristiques différentes en France, comme notre naph‑ taline », s’amuse Sophie Guiraudon.

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Les Français font la promotion des activités des Petits Débrouillards. Des milliers d'enfants de 7 à 12 ans sont conquis. Pour Sophie Guiraudon, la pédagogie du professeur Scientifix est une trouvaille formidable : « À tous les coups, cela marche ! C’est le gamin qui cherche et qui trouve. On l’aide, mais c’est lui qui découvre. C’est à moitié magique et un enfant qui a compris de cette façon la loi de la gravité ou les principes de la densité s’en souviendra toute sa vie. » En juillet 1987, Québec organise la première Expo-sciences Internationale (ESI). L’OFQJ soutient l’importante délégation française conduite par Jean-Claude Guiraudon et composée de 125 jeunes et ani‑ mateurs de toutes les régions. La petite débrouillarde française, Sophie Guiraudon, est bien sûr du voyage. « L’OFQJ a facilité ce projet, comme il avait rendu possible les échanges d’animateurs et de formateurs depuis plusieurs années », souligne-t-elle. Elle a le goût alors de retourner aux études à l’EFAP, l’École des métiers de la communication. Elle se spé‑ cialise dans les collectivités territoriales. À Argenteuil, puis au KremlinBicêtre, elle prend en charge la communication, la vie associative et la démocratie locale. « J’ai toujours gardé un lien avec la vie associative, dit-elle, et aussi avec la culture scientifique. » En 2013, Sophie Guiraudon devient directrice générale de Planète Sciences, une importante association comptant une vingtaine de salariés et autant de vacataires. Avec des délégations en régions, cette association s’adresse aux 8-25 ans et propose des acti‑ vités et des événements sur l’astronomie, l’espace, l’environnement, la robotique et le numérique. Et le Québec ? « Je reste très attachée à ce pays », confie-t-elle. Elle y est retournée à quelques reprises. « Je suis toujours en relation avec des Québécois. » Elle n’hésite pas à faire la promotion des échanges qui lui ont « carrément mis le pied à l’étrier ». À l’automne 2017, une collègue de 26 ans part au Québec dans le cadre d’un programme vacances-travail.

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LA BASSE-CÔTE-NORD EN ZODIAC PIERRE-OLIVIER COMBELLES — Naturaliste, ethnographe, marin et écrivain STAGE La Basse-Côte-Nord du Québec en trois mois Nantes, Québec, Sept-Îles ont toutes une rue Jean-Jacques Audubon. Cet ornithologue et peintre américain d’origine française, célèbre pour ses planches sur les oiseaux d’Amérique, a exploré en 1833 la Basse-CôteNord du Québec. En 1989, le Français Pierre-Olivier Combelles emprunte le sillage d’Aububon. L’équipage franco-québécois du voilier comprend un peintre animalier et un cinéaste. Cette « Expédition Audubon-Québec 89 » donne lieu à un film diffusé par Thalassa/FR3, à un reportage dans Géo et à une exposition qui sillonne la France. Estimant qu’il a « encore beaucoup à apprendre », Pierre-Olivier Combelles repart en 1990, avec l’appui de l’OFQJ. La route 138 s’arrête alors à Havre-Saint-Pierre. Il embarque dans un zodiac, seul, à destina‑ tion de Blanc-Sablon. Le photographe animalier Gilles Leblais l’accom‑ pagne de Natashquan à La Tabatière, puis le peintre naturaliste Jean Chevallier de La Romaine à Harrington Harbour. « Nous avons campé un peu partout, sur des îles et des îlots, au fond de grandes baies, au bord des rivières et des villages, dessinant, photographiant, notant et

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1990 enregistrant tout ce qu’il y avait autour de nous : gens, maisons, bateaux, oiseaux, plantes, paysages… » écrit Pierre-Olivier Combelles dans le jour‑ nal de l’OFQJ, Tandem. Il évoque « les richesses » des lieux, « des valeurs au sens où l’entendent les gens de la côte, c’est-à-dire des choses importantes pour le sens de la vie : la liberté, le silence, l’espace, la beauté intacte de la nature, la paix avec ses voisins ». Aujourd’hui, affirme-t-il, « le souvenir demeure extraordinaire‑ ment présent ». Il est retourné là-bas, mais, surtout, il a gardé le contact, notamment avec les Innus. « Je suis toujours en relation avec eux, on com‑ munique plusieurs fois par semaine. Ce sont des gens qui n’oublient pas. » Cette seconde expédition entraîne de nombreux travaux et confé‑ rences, ainsi que des publications dans Le Naturaliste canadien, la Revue d’histoire de la Côte-Nord, Grands Reportages, etc. Pierre-Olivier Combelles intègre en 1992 le Laboratoire d’ethnobiologie-biogéogra‑ phie du Muséum national d’histoire naturelle à Paris. Il obtient en 1997 un diplôme d’études doctorales avec un mémoire intitulé « Le Voyage au Labrador de John James Audubon (1833) et sa contribution à l’his‑ toire naturelle de la Côte-Nord du Québec ». Il essaie de « faire profiter à d’autres » des échanges franco-québécois : un jeune chercheur du Muséum, un guide de Mingan… « L’OFQJ a joué un rôle très important. » La vie conduit Pierre-Olivier Combelles en Amérique du Sud, pen‑ dant 20 ans, après sa rencontre, à Paris, avec Katia Humala-Tasso, biologiste péruvienne à l’Institut français d’études andines. Ils fondent l’Institut andin d’études ethnobiologiques et relancent une ferme à 3 000 m où ils accueillent des stagiaires français. En 2006, ils reviennent en France avec leurs six enfants. « Le Québec ne m’a jamais quitté, assure Pierre-Olivier Combelles. Dans les Andes, j’en rêvais la nuit. » Il pense repartir au Québec en 2018 en vue d’une exposition en 2019 sur « le chemin de la forêt, de la forêt de Rambouillet à la taïga du Québec-Labrador ».

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UN STAGE TRÈS DURABLE NATHALIE PERRON — Conseillère stratégique et adjointe exécutive, ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs STAGE Université d’été sur le développement durable « Mon stage a orienté toute ma carrière », assure Nathalie Perron, qui fut de la première cohorte de l’Université d’été franco-québécoise sur l’environne‑ ment et le développement durable, créée en 1991, regroupant 30 partici‑ pants québécois et français. « Le stage s’inspirait du Rapport Brundtland, qui avait introduit la notion de développement durable quelques années auparavant. Le concept était très nouveau. » Le groupe multidisciplinaire réunissait des ingénieurs, des avocats, des géologues. « Je terminais mon bac en biologie. J’étais la petite jeune du groupe, à 22 ans. C’était une occasion unique, car il s’agissait de voir comment le développement durable s’appliquait à l’entreprise et aux organismes. » Le programme, organisé par Claude Villeneuve de l’Univer‑ sité du Québec à Chicoutimi, se divisait entre deux semaines au Saguenay — Lac-Saint-Jean et deux semaines en Franche-Comté. Il comportait de nombreuses visites. En France, il y avait un séjour en

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refuge de montagne, et une visite d’une maison écologique. Au Québec, les stagiaires visitaient, entre autres, une pourvoirie ainsi que le Camp Musical du Saguenay — Lac-Saint-Jean à Métabetchouan. Dans les régions, les déplacements de la délégation francoquébécoise ne passaient pas inaperçus. « Les télés, les radios et les journaux nous suivaient. En France, le maire de Lons-le-Saunier a invité les 30 participants au mariage de sa fille. Et le vin coulait à flots. » Pour son étude de cas, Nathalie Perron choisit la réhabilitation de la rivière à Mars dans l’arrondissement de La Baie au Saguenay et la réintégration du saumon de l’Atlantique. En France, elle fera une étude similaire sur la rivière La Savoureuse, près de Belfort. « Il s’agis‑ sait d’examiner les enjeux environnementaux et les pressions sur un milieu aquatique dans un contexte de forte population et de milieux industrialisés », raconte Nathalie Perron. « Mais le plus difficile était la rédaction de rapport, à sept ou huit signataires. Ce n’était pas simple parce que nous n’avions pas la même interprétation du langage. » À la suite de ce stage, l’étudiante passera toute la décennie à l’uni‑ versité, pour une maîtrise en ressources renouvelables et un doctorat en sciences forestières. Au Bureau du forestier en chef du Québec, où elle travaillera huit ans de 2007 à 2015, elle coordonnera l’équipe établissant le bilan d’aménagement durable de la forêt québécoise. Parmi toutes ses découvertes culturelles que ce stage et ses suites auront suscitées, Nathalie Perron retient une curieuse inver‑ sion de stéréotype. « Les Français nous montraient le côté praticopratique du développement durable, alors que c’était les Québécois qui tenaient le discours le plus exalté et même théorique. Il faut dire que les Français ont été frappés par les pressions environnementales avant nous. Comme Québécois, on voyait où on s’en irait si on ne faisait rien en matière de développement durable. Les Français, eux, étaient plutôt en mode solution. »

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UNE RÉFÉRENCE SUR LE QUÉBEC VALÉRIE LION — Rédactrice en chef adjointe à L'Express, en charge des hors‑séries STAGE Forum des médias Elle fait partie de la poignée de journalistes français fins connaisseurs du Québec, grâce à une bourse de l’OFQJ en 1992. Alors en seconde année à l’École supérieure de journalisme de Lille (ESJ), elle obtient, avec une collègue, Rachel Pretti (aujourd’hui journaliste à L’Équipe), la bourse offerte à l’occasion d’un Forum des médias à Montréal et des 350 ans de la ville. Elles bénéficient du voyage, de l’accréditation au Forum et de deux nuits d’hôtel. À charge pour elles de vendre des reportages pour financer leur séjour d’un mois. « Au Forum, on a appris à faire du réseautage », se félicite Valérie Lion. Les deux Françaises « récupèrent » un appartement rue Crescent. « On s’est fait installer une ligne téléphonique. Impossible en France. Cette facilité m’a conquise. » Par l'intermédiaire d'une association, elle effectue pour Témoignage chrétien un reportage sur la réserve mohawk de Kahnawake, deux ans après la crise d’Oka. « Cela m’a fait sortir de Montréal et rentrer dans la complexité de l’identité québécoise et son

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rapport aux Premières nations, face à sa propre minorité. » Valérie Lion écrit aussi sur Montréal à l’heure du 350e pour L’Est Républicain. Quand il fallut reprendre le bus pour l’aéroport, « ce fut un déchirement de partir ». Valérie Lion commence sa carrière dans la presse économique et entre à Enjeux les Échos… Le Québec la titille. Elle emmène son conjoint, en 1997, jusqu’au bout de la route 138 sur la Côte-Nord du Saint‑Laurent. « Je mesure ce qu’est le Québec au-delà de Montréal. » Elle collabore depuis à France-Québec mag. Reportages et voyages de presse outre-Atlantique se succèdent : Bombardier, les biotechnologies, les jeux vidéo… Valérie Lion quitte Enjeux, en 2000, pour Québecor qui lance canoe.fr. Elle assure la rubrique économique. « Je réalise qu’Internet, balbutiant en France, va bouleverser notre métier. J’ai pratiqué Internet avant les autres, une belle expérience. » Mais l’aventure tourne court : canoe.fr ferme, la veille du 11 septembre 2001 ! Valérie Lion a déjà rejoint Le Nouvel Économiste et multiplie les sujets sur les entreprises québécoises. Elle se voit proposer un livre sur le Québec par Yannick Le Bourdonnec, directeur de collection aux Éditions Syrtes. Irréductibles Québécois paraît en 2005. Ce qui vaut à Valérie Lion une invitation de Guy A. Lepage à l’émission télévisée québécoise Tout le monde en parle. Désormais à L’Express, elle travaille au service Réussir Emploi, pilote le hors-série Québec qui s’élargit au Canada en 2007 et devient annuel. Elle est nommée rédactrice en chef adjointe du service économique, puis des hors-séries de l’hebdomadaire comme le Théma Montréal, le Québec flamboyant en 2017. Une plateforme numérique, lexpress.fr/Canada, est en ligne depuis quatre ans. « L’Express est devenu une référence sur le Québec et le Canada », souligne Valérie Lion. Elle aussi. « Super attachée » à ce pays qu’elle sillonne également en famille, jusqu’aux îles de la Madeleine. Pour « toujours découvrir plus loin ».

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L’INSERTION PAR LA COOPÉRATION SERGE DUCLOS — Directeur général du Carrefour jeunesse-emploi Charlesbourg-Chauveau STAGE Mission exploratoire sur les dispositifs d’insertion en France Serge Duclos a 29 ans en 1995 lorsqu’il part pour un stage exploratoire de trois semaines. Chargé de projet au Centre Action-Travail de Québec, il s’intéresse à l’approche française en matière de développement de la main-d’œuvre et d’intégration à l’emploi. « Mon stage tombait dans la période d’effervescence qui a précédé la création d’Emploi-Québec. Il y avait beaucoup d’initiatives de toutes sortes. » Avec l’aide d’un conseiller de la section française de l’OFQJ, c’est Serge Duclos qui organise tout — un programme presque trop costaud, à raison de deux à trois rencontres par jour, qui le fait courir aux quatre coins de l’Île-de-France, en Bourgogne et aussi à Nantes. « Ce n’était pas des vacances. Heureusement qu’il y avait les fins de semaine », raconte Serge Duclos. C’est au cours de ce stage qu’il attrape le virus de la coopéra‑ tion, qu’il mettra en pratique dans le domaine de l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. À son retour, Serge Duclos se donne

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pour mission de renforcer l’espace francophone et de travailler à une meilleure connaissance du modèle français en matière d’insertion des jeunes. Devenu directeur général d’un Carrefour Jeunesse-emploi (CJE) en 1996, il met en place un projet quinquennal d’échanges avec la Mission Locale des Hauts de Garonne, auquel l’OFQJ contri‑ bue. « Pendant 15 ans, les 2 organismes ont échangé chaque année 10 jeunes Québécois et autant de jeunes Français pour des chantiers d’insertion. » C’est peu dire que Serge Duclos croit en la coopération. Entre 2009 et 2011, alors qu’il est directeur exécutif de la Chambre de commerce française du Canada section Québec, il aide à la fois les entreprises françaises à s’installer au Québec et vice-versa pour les entreprises québécoises. De retour à la direction générale du CJE Charlebourg-Chauveau en 2011, Serge Duclos reçoit le mandat de son CA de voir au rayonnement de l’organisme. Il s’implique dans le Réseau des CJE dont il devient président en 2015. En juin 2017, il signe une entente entre le Réseau des CJE (RCJEQ), l’Union nationale des missions locales et les deux sections de l’OFQJ. Cette entente vise à stimuler les liens entre les CJE et les missions locales françaises et à encourager le partage des expertises entre les équipes. « Il y a beaucoup moins d’argent actuellement pour la mobilité des jeunes en insertion, mais je tiens absolument à maintenir une relation et à susciter des échanges par tous les moyens. Nous avons tenu une vingtaine de chantiers jeunesse à l’international, surtout en France, mais aussi au Sénégal. Oui, ça coûte cher, ça demande six mois de travail dont deux à trois mois de stage, mais les jeunes qui le font ont un taux de placement ou de retour aux études de l’ordre de 80 % à 90 %. Ça change réellement les jeunes. »

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LA VIE DE CHÂTEAU JULIE NOËL DE TILLY — Sommelière STAGE Vignoble Château Cayla À 21 ans, Julie Noël de Tilly termine ses études en sommellerie à l’Insti‑ tut de tourisme et d’hôtellerie du Québec. Pour son stage final, elle part trois semaines en France en juin 2001 au vignoble Château Cayla, dans le Cadillac. Son séjour apportera beaucoup à sa formation : « C’était trop tôt pour les vendanges, mais j’ai fait le travail de vigne », dit-elle. Elle apprend à remonter la vigne et à l’épamprer (enlever les feuilles inu‑ tiles), mais aussi à étiqueter les bouteilles et autres menus travaux comme repeindre les cuves. « Ça m’a permis d’expérimenter et de vivre physiquement des notions apprises de façon théorique en classe. Quand on recherche un emploi, ça apporte un degré de professionna‑ lisme : on sait de quoi on parle. » Bien qu’il s’agisse de son second séjour en France après l’Alsace deux années plus tôt, ce stage dans le Bordelais sera très marquant du fait qu’elle vit chez l’habitant. Pour la jeune femme qui a grandi dans la banlieue proprette de Brossard, ce contact avec le mode de

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2001 vie des paysans bordelais sera mémorable, car ce n’était pas la vie de château. « C’était une grosse maison de campagne, un peu tout croche, qui apportait plein de situations cocasses. Comme il n’y avait pas de moustiquaires aux fenêtres, il entrait toutes sortes de bestioles dans les chambres », raconte la sommelière, qui a dû également se faire au contraste entre les petits déjeuners au pain sec et à la confiture, et les dîners très décalés, souvent très tard, et bien arrosés. « Mais le fait d’être accueilli par la famille, de participer aux fêtes, tout ça reste marquant dans la tête d’une jeune. » Moins de trois mois après ce séjour, en septembre 2001, Julie Noël de Tilly participe aux 36e Olympiades des métiers à Séoul et remporte la médaille d’argent en service parmi 16 pays participants. Ce succès, elle l’a toujours attribué à son séjour en France. « Du simple fait d’avoir été déstabilisé, on développe des mécanismes qui font qu’on endure mieux la pression. » Peu de temps après son retour, elle devient maître d’hôtel à l’Inter‑ Continental Montréal, puis maître d’hôtel des banquets au Casino de Montréal, poste qu’elle occupera pendant six ans jusqu’au moment de fonder sa famille. Deux enfants plus tard, elle est maintenant coproprié‑ taire de son propre établissement, le M resto-bar, à Sainte-Catherine, à cinq minutes de chez elle. « Le stage, la médaille d’argent, tout ça m’a grand ouvert les portes des établissements haut de gamme et des postes de gestion, malgré mon jeune âge. »

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LA PASSION ENTREPRENEURIALE CAROLE PETEL — Consultante et Référente nationale BGE pour la sensibilisation des jeunes STAGE La promotion de l’entrepreneuriat au Québec Avec les années 1980 naissent en France les « boutiques de gestion » pour aider les nouveaux entrepreneurs. En 1997, ce réseau crée le concours Talents, sous l’impulsion du Concours québécois en entrepreneuriat. Dans les années 2000, Talents, l’OFQJ et UBI France décernent un prix franco-québécois. Carole Petel est alors responsable recherche et développement chez Flandre Création, la boutique de gestion à Dunkerque. « Après avoir accom‑ pagné et suivi des créateurs et repreneurs d’entreprise pendant plusieurs années », la jeune normande, diplômée de l’École supérieure de commerce d’Amiens, « recherche des outils pour aller dans les écoles ». Une mission de l'OFQJ réunissant une quinzaine de jeunes membres des boutiques de gestion, permet d’aller « chercher au Québec de l’inspiration » pour promouvoir le goût d’entreprendre. « Sur ma route, j’ai eu la chance de rencontrer Denis Morin », se réjouit Carole Petel. Elle l’appelle « son mentor ». Directeur d’école à la

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2002 Commission scolaire de l’Énergie en Mauricie, Denis Morin est aussi direc‑ teur des projets pédagogiques de la Fondation de l’entrepreneurship. Il sera ensuite conseiller gouvernemental pour le Défi de l’entrepreneuriat jeunesse (2009-2014), tout en restant sur le terrain, en tant que directeur conseil dans sa commission scolaire pour « la mise en place de pratiques pédagogiques à valeur entrepreneuriale comme moyen de réussite per‑ sonnelle et scolaire des élèves et de préparation de la relève ». « Une révélation » pour Carole Petel, notamment « tout le travail de bienveillance en pédagogie : chaque élève a un potentiel, il faut être le révélateur de son talent ». Pour autant, « il ne faut jamais faire de copier-coller, souligne-t-elle, on s’inspire de ce qu’on voit et on doit toujours s’adapter au système éducatif français ». Elle construit des outils pédagogiques expérimentés à Dunkerque et devient référente nationale pour le réseau BGE, nouveau nom depuis 2010 des boutiques de gestion. En 2013, le ministère de l’Éducation nationale reconnaît les outils de sensibilisation en milieu scolaire développés par BGE. Véritablement « passionnée », Carole Petel est heureuse de « faire germer chez les jeunes la graine de l’entrepreneuriat ». Après les étu‑ diants, les lycéens et les collégiens, elle concocte de nouveaux outils pour des écoliers afin « d’inculquer l’entrepreneuriat dès le plus jeune âge ». Comme au Québec où elle se rend maintenant deux fois par an. Lors de ses missions de recherche en pédagogie entrepreneuriale, elle découvre le concept de « communauté entrepreneuriale » à Shawinigan, dont le coordonnateur est… Denis Morin. « L’aspect novateur de la démarche qué‑ bécoise réside dans la mobilisation de l’ensemble de la population, de la petite enfance à l’âge adulte », note Carole Petel. Dunkerque s’y intéresse. Un protocole est signé en octobre 2016 à Québec en présence de Philippe Couillard, Manuel Valls et aussi de Denis Morin et de Carole Petel. Avec le maire de Shawinigan, ils ont participé aussi en décembre 2017 au lancement de la première communauté entrepreneuriale en France, à Dunkerque.

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LES PARTENAIRES DU GRAND ÉCRAN ARNAUD DUMATIN — Délégué général du Festival international du film de La Rochelle STAGE Communications au Festival du nouveau cinéma de Montréal Il écrit, compose et chante. L’album numérique Épanouie socialement est sorti en février 2017 ; Spécialiste mondial du retour d’affection en 2016 ; et en 2011, Ils étaient tombés amoureux instantanément... Son groupe Institut réalise depuis 2007 la bande-son du Festival international du film de La Rochelle. Large palette de talents que celle d’Arnaud Dumatin, titulaire d’une maîtrise de Sciences politiques et d’un DESS en développement culturel de la ville. Originaire de Rennes, il vit entre Paris et La Rochelle où il vient d’être nommé délégué général du Festival après en avoir été l’administrateur général depuis 2004. C’est justement cette année-là qu’il découvre le Québec, avec l’OFQJ. Arnaud Dumatin part quatre mois en stage communications au Festival du nouveau cinéma de Montréal. Il observe « un pays extrêmement chaleureux et bienveillant où les contacts humains sont plus faciles ». Cela dit, « la façon de travailler est différente ». Il va sur‑ tout s’inspirer de la recherche québécoise de partenariats : « J’avais

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2004 le sentiment qu’ils étaient en avance dans l’approche, qu’ils avaient intégré avant nous l’écosystème partenariats publics-privés. Nous étions encore dans un système fortement subventionné. On a comblé ce retard, on avance de plus en plus. » En quatre mois, Arnaud Dumatin a le temps de nouer des liens. Comme avec les Rendez-vous du cinéma québécois. La retombée est quasi immédiate : depuis 2005, le Festival de La Rochelle accueille un jeune professionnel québécois par l’entremise de l’OFQJ, puis un deuxième jeune, lauréat des jeunes critiques aux Rendez-vous. En échange, « on envoie quelqu’un », souligne Arnaud Dumatin. Il se féli‑ cite d’une « vraie collaboration et que l’OFQJ nous ait donné envie de développer cette collaboration ». Depuis 2015, il y a un prix OFQJ. Il permet à un jeune bénévole, sta‑ giaire ou service civique d’être récompensé pour son engagement et sa motivation durant le Festival de La Rochelle. En 2017, Ludivine Gil, volon‑ taire en service civique, qui termine un master en direction artistique de projets culturels européens, a reçu le prix : elle va faire partie du jury des Rendez-vous du cinéma québécois 2018. Durant six mois, elle a été en charge du développement de la programmation enfants du Festival, tra‑ vaillant avec les écoles et préparant des animations en fin de projection dans le but de poursuivre le travail d’éducation à l’image. La ville de La Rochelle a des liens historiques avec le Québec, et Arnaud Dumatin a bien noté que l’on fêtera les 50 ans de l’OFQJ en 2018. « On va construire quelque chose », annonce-t-il alors qu’il pré‑ pare, pour l’été prochain, la 46e édition du Festival qui a la particularité de ne pas être compétitif. Pas de palme d’or, mais des découvertes, des rétrospectives, des hommages comme celui rendu au cinéaste québécois Denis Côté en 2011. « On voit des films qu’on ne peut voir ailleurs », assure Arnaud Dumatin. Et le Québec ? « On s’oriente vers le documentaire québécois. »

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LA PÉDALE DANS LE MÉTAL ÉTIENNE LANDRY-DÉSY — Chargé de projets chez Effecto STAGE École nationale supérieure des mines de Paris Des participants de deuxième génération, il s’en trouve à l’OFQJ. C’est le cas d’Étienne Landry-Désy, qui a fait son stage à l’École nationale supé‑ rieure des mines de Paris en 2007… 33 ans après son père, Yvon Désy, qui était parti en stage d’alpinisme près de Chamonix. « En 1974, c’était les années de découverte. Mon père est architecte de formation, et il était parmi les premiers tripeux de plein air au Québec. Mes parents n’ont jamais arrêté », affirme Étienne Landry-Désy à qui son père a transmis sa passion de la haute montagne. « Je pense que c’est ce qu’il y a de plus extraordinaire avec l’OFQJ : j’ai fait mon stage en 2007, l’année des 40 ans d’Expo 67, et je pense que l’esprit de découverte est l’essence même de cette organisation. » Lorsqu’il débarque à Paris en mai 2007, le jeune étudiant en génie des matériaux et de la métallurgie de l’Université du Québec à Chicoutimi a une tâche fascinante. Il doit régler un problème de laminage de cuivre chez Griset, une usine fondée en 1760 qui a conçu le mètre étalon. Une fois par semaine, le jeune étudiant part à

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2007 Villers-Saint-Paul, près de Compiègne, recueillir les échantillons de l’en‑ treprise pour les rapporter au Centre des matériaux d’Évry. « Ce n’était pas banal. Je devais étudier le processus, prendre des mesures, etc. À un moment donné, j’ai compris que les ingénieurs se fiaient à moi pour trouver la réponse. À 22 ans. C’était super stimulant ! » L’ingénieur en herbe a trouvé la solution en prenant une bière sur une terrasse avec un copain de la Maison des étudiants canadiens. Le côté « pure découverte » arrive fortuitement au début du séjour. « Il y avait un problème de disponibilité à la Maison des étudiants, alors pendant trois semaines, j’ai logé chez mon directeur de stage, le professeur Yves Bienvenu. J’étais le sixième enfant de la famille. C’était une manière fantastique de découvrir le pays. » Étienne Landry-Désy revient au Québec en août, très allumé. « J’avais déjà voyagé, mais là, j’ai compris l’intérêt de vraiment profiter de mes études. J’ai dit à ma blonde, “ Faut qu’on parte ! ” » « C’est grâce à mon stage de l’OFQJ que j’ai pu me placer très vite à la maîtrise à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, puis en stage pour la maîtrise en Australie », explique Étienne Landry-Désy, qui travail‑ lera cinq ans chez Ceradyne Canada, au Saguenay, avant de passer à la conception de logiciels de gestion manufacturière chez Effecto à SaintGeorges, en Beauce. « Je ne suis pas certain que j’aurais su comment m’y prendre autrement. Pour ma première expérience, j’ai eu un coaching de l’OFQJ pour tout ce qui concerne le visa, l’assurance et surtout la convention de stage. Alors, quand est venu le temps de m’organiser pour la Suisse, je savais comment faire et j’ai pu foncer là-dedans. Cela m’a donné de l’autonomie. »

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CARRIÈRES PARALLÈLES CHLOÉ PELLETIER-GAGNON — Auteure-compositrice-interprète STAGE Weekends de la jeune scène québécoise L’auteure-compositrice-interprète Chloé Pelletier-Gagnon — alias Klô Pelgag — vit un rêve. À 27 ans, elle est lauréate du prestigieux prix de l’Académie Charles-Cros à Paris et du prix Barbara, en plus de s’être vue sacrée auteure-compositrice de l’année au gala de l’ADISQ en octobre 2017. Un succès fulgurant pour cette jeune gaspésienne native de SainteAnne-des-Monts, qui était parfaitement inconnue du public lorsqu’elle a débarqué en France en 2011 pour une petite série de quatre spectacles solo dans le cadre des Weekends de la jeune scène québécoise à la Maison du Québec à Saint-Malo. « J’en ai profité pour faire un spec‑ tacle à Paris. Il y avait quelque chose d’excitant, un aspect découverte. À Saint-Malo, la réaction avait été bonne. Il faut dire que les gens qui vont là ont de la sympathie pour les Québécois en partant. » Son agent, Jean-François Guindon, un ancien stagiaire de l’OFQJ, est certain que sa protégée a ce qu’il faut pour « casser la baraque ». La mayonnaise prend très vite. Son style onirique et très expérimental

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2011

plaît immédiatement. « En fait, il y a eu tout de suite de l’intérêt pour ce que je faisais et on a très vite signé avec un tourneur et une maison de disque. » « L’effet de ce premier stage, c’est que j’y suis retournée souvent. Très souvent, même. » L’OFQJ soutiendra fréquemment la jeune artiste pour des événements, des festivals, des tournées. Dès l’hiver 2012, les cinq prix remportés au Festival international de la chanson de Granby lui valent de participer à une série de formations aux Rencontres d’Astaffort avec Francis Cabrel. Depuis 2011, elle a donné plus de 200 spectacles en France, au point d’être devenue l’artiste québécoise la plus demandée dans les festivals français. « Cette année, c’est la huitième fois que j’y retourne. En plus de tout ce que je fais au Québec, c’est une carrière parallèle. » Le secret de Klô Pelgag est difficile à percer. Sa musique n’est pas facile, ses textes sont très fouillés, parfois longs, ses disques s’inti‑ tulent L’alchimie des monstres et L’étoile thoracique, et ses spectacles éclatés s’inspirent des arts visuels et du théâtre. Mais elle projette à la fois une image de fraîcheur et d’assurance : celle d’une jeune femme qui se coiffe comme elle veut, qui peut se faire raser le crâne sur scène et qui porte une robe avec des motifs de squelette ou de sushi dans les soirées de gala. Même si elle s’est tout de suite sentie chez elle en France, Klô Pelgag continue d’être remplie d’étonnement chaque fois qu’elle y retourne. « Mais c’est toujours impressionnant d’aller dans un autre pays pour la première fois, comme la Belgique ou plus récemment, l’Islande grâce aux Offices jeunesse internationaux du Québec ». Même en France et au Québec, elle peut encore voyager à son aise : « Comme je n’ai pas fait trop de télé, les gens ne traversent pas la rue pour venir me saluer. Je ne suis pas trop reconnue. » Sans doute pas pour longtemps.

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DE TOUS LES COMBATS POUR L’EAU YAOVI AHIAFOR — Assistant technique à Eau Vive Internationale – Togo STAGE Climat et territoires À 28 ans, Yaovi Ahiafor milite « depuis bientôt 10 ans ». Ce Togolais s’est engagé jeune dans des associations et des organisations étudiantes. Aujourd’hui, son cheval de bataille, c’est l’eau. « Très vite, je me suis pas‑ sionné pour les questions de l’environnement et de l’eau », explique-t-il. Il obtient d’ailleurs un master en Gestion des territoires et développement et une licence professionnelle en Gestion de l’eau et de l’environnement. Actuellement, il travaille comme assistant technique à la direction pays du Togo de l’Association de solidarité internationale, Eau Vive Internationale : « Je suis impliqué sur des projets de terrain pour l’accès des populations à l’eau potable et à l’assainissement. » Yaovi Ahiafor est de tous les combats pour l’eau, dans son pays et sur la planète. Il s’engage pour la cause lors de la première Conférence nationale de la jeunesse pour l’eau au Togo en 2013. Il met en place le Parlement national de la jeunesse pour l’eau du Togo en 2014. Il lance la « Nuit de l’Eau » et les « Climate Saturdays ». En juin 2014, il devient membre du Parlement mondial de la jeunesse pour l’eau (PMJE) et est

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2015 élu, en avril 2015, coordonnateur de la zone Afrique lors de la troisième assemblée du PMJE en Corée du Sud. « J’ai découvert l’OFQJ en 2015 à travers le projet “ Jeunesse fran‑ cophone pour l’eau ” », précise Yaovi Ahiafor, naturellement « point focal » pour le Togo. Il enchaîne deux stages ou plutôt deux événe‑ ments : le Sommet mondial Climat et territoires à Lyon en juillet 2015, puis la Conférence des Parties (COP 21) à Paris, en novembre, où il participe à l’élaboration du « livre blanc sur la jeunesse ». Ses meil‑ leurs souvenirs ? « Les rencontres de partage avec d’autres jeunes. Les échanges m’ont permis de développer un réseau de jeunes profession‑ nels et d’avoir des contacts auprès des potentiels bailleurs; ils m’ont aussi permis de renforcer mes capacités sur différentes thématiques. » Celui que chacun appelle Flamay demeure en lien avec l’OFQJ : « Je suis impliqué dans les nouvelles phases du projet “ Jeunesse franco‑ phone pour l’eau ”. » En 2016, on retrouve Yaovi Ahiafor parmi les 20 jeunes qui rédi‑ gent la « Déclaration des jeunes francophones » avant le Sommet de Madagascar. Sur le terrain, il s’active aussi. Au printemps de 2017, le président du PNJE du Togo organise une sensibilisation de 50 jeunes d’établissements scolaires pendant 12 samedis aux défis des chan‑ gements climatiques, du développement durable et du droit à l’eau. « Ce projet découle du livre blanc sur la jeunesse francophone pour l’eau. Une bonne information et une implication dans le choix et la mise en œuvre des solutions peuvent mener à une prise de conscience très tôt. Ces jeunes seront des vecteurs de la bonne information et des bonnes pratiques non seulement au sein de leur tranche d’âge, mais aussi de leur famille. » Une bonne démarche puisque les moins de 25 ans représentent plus de 62 % de la population togolaise.

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L’EXPERTISE @ ÉCHANGER AUDREY RIVY — Responsable communication et marketing de l’agence Lunaweb à Rennes STAGE Semaine numérique Ses collègues assurent que c’est un « as du pilotage de haute voltige » dans la communication numérique. Audrey Rivy a rejoint, en 2013, l’agence Lunaweb, créée en 2004 et aujourd’hui « animée par 16 cœurs qui battent au son du clic gauche », selon leur page Facebook ! Elle est aussi cofonda‑ trice du Collectif UX Rennes, une initiative bénévole pour partager autour de « l’expérience utilisateur » (User eXperience dans le jargon du web). Elle explique son métier : « Nous conseillons, concevons et produisons des interfaces numériques. Nous accompagnons les marques, de l’analyse stratégique à la mise en œuvre de dispositifs web engageants, en privi‑ légiant une approche centrée sur l’utilisateur final. » Par l’entremise d’une connaissance professionnelle qui a participé à la délégation 2015, Audrey Rivy postule à la « semaine numérique » proposée par l’OFQJ en 2016. Elle est retenue parmi les 280 jeunes Français qui s’envolent vers le Québec. « Une aventure humaine avant tout », résume-t-elle. « J’ai été ravie par l’accueil des Québécois ; l’intérêt

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2016 qu’il porte à des inconnus, leur sens du business très direct certes, mais efficace. Notre semaine a été rythmée par un programme pro‑ ductif agrémenté de 5 @ 7 (transformés en 5 @ 8), un format idéal pour renforcer des liens avec les acteurs québécois et nos confrères tricolores. Une complémentarité d’expertises extrêmement motivante. Une agréable façon d’ouvrir les yeux sur le monde. » Audrey Rivy apprécie tellement cette première approche du Québec qu’elle y retourne, à titre personnel, « tout juin 2016 ». Puis, « après des échanges sympathiques avec l’équipe de l’OFQJ », elle est à nouveau retenue pour la délégation 2017, « afin de continuer ma mission d’ob‑ servation et de réflexion avec un regard déjà plus avancé ». Cette fois, elle est accompagnée de deux collègues « afin de leur faire découvrir cette expérience unique ». Bilan ? « Venue prendre la température du marché numérique nord-américain, j’ai mis rapidement un curseur sur le niveau de déve‑ loppement économique dans notre secteur d’activité. Cela permet de repenser ses pratiques de travail et de ne pas rester sur des acquis. Prendre le temps de découvrir une autre culture du travail, c’est très inspirant. J’aime la façon des Québécois de positionner “l’humain” au cœur de leurs projets. » Des retombées ? « Le réseautage entre Français fut exceptionnel, facile et fluide. Cela a donné naissance à de nouveaux contrats au retour. De plus, c’est une belle visibilité pour nous d’al‑ ler au-delà des frontières. Cela valorise bien évidemment l’agence et apporte au reste de l’équipe une vision plus forte de nos engagements et souhaits de faire grandir nos savoir-faire et nos connaissances. » Audrey Rivy garde aussi en tête la métaphore de Stéphane Carrier, directeur des programmes : « Un Québécois, c’est comme un avocat. Facile à ouvrir et dur à percer une fois arrivé au noyau. Un Français, c’est comme une noix de coco. Dur à ouvrir et une fois arrivé au centre, il est accessible ! »

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L’ART DE CONVAINCRE ANDRÉ BLONDEL TONLEU MENDOU — Étudiant en droit STAGE Concours d’art oratoire Sous les oriflammes du grand amphithéâtre du Quai d’Orsay, d’autres seraient restés sans voix, mais pas André Blondel Tonleu Mendou, 31 ans, étudiant à l’École du Barreau et passionné d’art oratoire. C’est grâce à deux stages de l’OFQJ qu’il a pu se mesurer aux plus grands orateurs du monde francophone. En 2014, l’étudiant en droit et membre de l’équipe de débat de l’Université de Montréal se qualifie pour le Championnat du monde de débat, qui se tient à La Sorbonne. Il en revient avec le titre de vice-champion du monde. Puis, deux ans plus tard, il retourne à Paris pour un autre événement, le Choc des champions, au Quai d’Orsay. « Au Quai d’Orsay, il y avait le décor, ça faisait rêver. Les orateurs provenaient de partout. Il y avait beaucoup de personnalités et le jury était composé de grands avocats parisiens avec une vaste expérience. Mais ce qui m’a le plus impressionné a été de voir la salle pleine. À Paris, les gens se déplacent pour venir nous écouter. On ne voit pas ça au Québec.»

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2016 En plus d’être très compétitif, l’art oratoire est très culturel et ancré dans des traditions nationales. « Notre façon de faire est calquée sur le style parlementaire canadien. Les Québécois ont tendance à débattre du fond de la question. En Europe, j’ai été surpris de constater que ce qui joue fort, c’est la forme, le décorum, la prestance. Cela tient une grande place dans la notation. » C’est peu dire que le Camerounais est adaptable : arrivé au Québec en 2011, à 24 ans, il a repris toutes ses études. Le vice-champion du monde a profité des deux occasions qui lui ont été données pour établir des liens entre la Société universitaire canadienne de débat intercollégial, dont il est membre, et la Conférence Olivaint. « Nous avons le projet d’avoir huit orateurs français qui viennent chez nous pour découvrir ce qui se fait, et vice-versa. » Il a également contribué à la signature d’un premier accord entre son organisme et des orateurs du Burkina Faso. Son implication dans la lutte contre les discours de haine et la discrimination sur Internet par l’éducation au Droit international des droits de la personne ainsi que dans la campagne québécoise, « Non à la haine », lui a valu, en septembre 2017, l’un des 35 prix Jeunes francophones remis en Côte d’Ivoire – encore une belle occasion de nouer de nouveaux liens. « Je veux être avocat, plaider, faire du litige, mais mon ambition, c’est le droit international. »

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1990 LES ANNÉES


Thierry Tulasne, agent de programme, Claude Quenault, secrétaire général de la section française, Madeleine Bourgeois, directrice de la programmation, et André Maltais, secrétaire général de la section québécoise, avec les Innus de Inukjak dans le Nord-du-Québec en 1990 pour le programme Découverte de la culture innuite.


LE VIRAGE DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE

E

n 1990, on célèbre 25 années de fructueuse diplomatie franco-québécoise. Le 25 mai, le premier ministre français Michel Rocard souligne l’événement dans les locaux de l’OFQJ à Paris. « Bon vent, bonne chance et grandissez ! », lance-t-il aux nombreux participants présents1. Mais la décennie s’amorce sur une drôle de note : les premiers ministres ne donnent plus le la. Après la « rencontre alternée » Rocard‑Bourassa en janvier 1989 à Paris, il n’y en aura plus avant… 1995 ! Six ans sans impulsion personnelle des premiers ministres, hormis des missions ministérielles et les sessions de la


Commission permanente de coopération franco-québécoise réunissant des hauts fonctionnaires. Dès juillet 1991, Jacques Chirac, alors député de la Corrèze et maire de Paris, s’en désole : « Je trouve dommage de laisser des liens qui sont ceux de l’amitié réciproque se distendre2. »

UNE RELATION QUI SE RELÂCHE Comme dans toute relation qui se distend, chacun a sa part de responsabilité. La visite de Michel Rocard prévue en 1990 est annulée3 à cause de la crise d’Oka4. Il n’y a pas de report en 1991 : Michel Rocard doit quitter Matignon le 15 mai. Il prend des vacances en juillet… au Québec, où il rencontre Louise Beaudoin, dîne avec Jacques Parizeau et fait de la voile sur le Saint-Laurent avec Bernard Landry5. Du côté français, après la mise à l’écart de Michel Rocard, se succèdent quatre premiers ministres en quatre ans : Édith Cresson ne tient que 10 mois à Matignon ; Pierre Bérégovoy reste 11 mois avant la défaite de la gauche aux législatives de mars 1993 ; Édouard Balladur assure une deuxième cohabitation tout en visant l’Élysée, mais Jacques Chirac est élu président le 7 mai 1995 et nomme Alain Juppé premier ministre. Aucun premier ministre français ne va donc au Québec durant la première moitié de la décennie. Le président François Mitterrand et le premier ministre Robert Bourassa, rongés par la maladie, décéderont l’un et l’autre en 1996. Certes, le chef du gouvernement québécois a assisté, fin novembre 1991, au Sommet francophone à Chaillot et a rencontré Édith Cresson. Un moment informel, ponctué par un bref communiqué qui reprend les conclusions de

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la 50e session de la Commission permanente de coopération francoquébécoise réunie six jours auparavant. Les premiers ministres y « soulignent le rôle particulièrement utile que jouent l’OFQJ, les associations France-Québec et Québec-France ainsi que les jumelages entre régions, départements et municipalités6 ». En janvier 1994, affaibli, Robert Bourassa passe la main à Daniel Johnson (fils), qui sera défait aux élections de septembre. Le Parti Québécois revient au pouvoir, avec Jacques Parizeau comme premier ministre.

TAPIS ROUGE À PARIS POUR PARIZEAU Les deux pays vivent donc un tournant politique au milieu de la décennie. En France, la droite gaulliste reprend les rênes après deux septennats mitterrandiens. Au Québec, le Parti Québécois revient avec l’idée d’un deuxième référendum. Jacques Parizeau donne mandat au vice-premier ministre chargé des Affaires internationales, Bernard Landry, de « mettre un terme sans délai à la négligence qui a remplacé les liens naguère privilégiés entre le Québec et la France ». Dès novembre, Bernard Landry débarque à Paris pour une mission de cinq jours : « Finis la distraction gouvernementale québécoise, les sauts de puce à la sauvette. » Il est reçu par une pléiade de ministres. Bernard Landry, qui avait été le président fondateur de l’Association générale des étudiants québécois en France dans les années 1960, précise : « L’amitié entre les peuples n’est pas une banalité. Aurionsnous tant de Français l’été sans les liens interpersonnels de famille à famille grâce à l’OFQJ ? Il faut revenir à des niveaux consistants de coopération culturelle, éducative et universitaire7. »

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24 janvier 1995 — Philippe Séguin, président de l’Assemblée nationale française, ouvre exceptionnellement la grande porte du Palais Bourbon et déroule le tapis rouge pour accueillir le premier ministre québécois Jacques Parizeau, accompagné de sa femme, Lizette Lapointe. 11 juin 1996 — Alain Juppé à Chicoutimi.

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En janvier 1995, la France déroule le tapis rouge pour Jacques Parizeau. Le président de l’Assemblée nationale, Philippe Séguin, ouvre exceptionnellement la porte Napoléon, dont le grand escalier donne sur la Concorde. Jacques Parizeau est reçu par tout le monde : Mitterrand, Giscard, Barre, Chirac, Rocard, Juppé, Chevènement, en plus de 300 personnalités, de Gilbert Bécaud à Hubert Reeves, réunies par Philippe Séguin. Venu prendre le pouls, le premier ministre québécois « reçoit des assurances de tous milieux en cas de référendum positif sur la souveraineté8 ». Le ton de la visite éclipse le relevé de décisions signé par Jacques Parizeau et Édouard Balladur. La jeunesse est en tête des recommandations des premiers ministres : échanges au niveau des collèges d’enseignement technique et professionnel, stages en entreprises « privilégiés » dans les programmes de l’OFQJ. Feu vert « pour permettre à des jeunes francophones d’Amérique hors Québec de participer à des activités de l’OFQJ9 ».

BOUCHARD, DE JUPPÉ À JOSPIN En octobre 1995, lors du référendum sur l’indépendance, le « non » l’emporte par une faible marge avec 50,6 % des votes contre 49,4 % pour le « oui ». Jacques Parizeau se retire. Lucien Bouchard lui succède et accueille, enfin, en juin 1996, un homologue français, Alain Juppé. Il y a neuf ans, depuis Jacques Chirac en 1987, qu’un premier ministre français ne s’est pas rendu officiellement au Québec. La visite est chaleureuse, avec un bain de foule à Chicoutimi. Lucien Bouchard évoque « un nouvel élan », Alain Juppé, « une nouvelle énergie ». Dans leur relevé de décisions, ils sont « d’accord pour centrer l’action de l’OFQJ sur la formation professionnelle des jeunes, afin de lutter contre le chômage qui les frappe10 ».

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Lucien Bouchard ne se doutait pas qu’il changerait rapidement d’interlocuteur. La dissolution de l’Assemblée nationale française, au printemps 1997, aboutit à la victoire de la gauche. Lionel Jospin devient premier ministre. Le président Chirac subit, à son tour, une cohabitation. En septembre 1997, Lionel Jospin accueille donc Lucien Bouchard et son importante délégation économique. Les deux hommes — qui posent les bases d’une « défense commune de la diversité culturelle » — se verront trois fois en « rencontres alternées » : 1997, 1998, 2000, puis lors du Printemps du Québec en 1999 en France. Une rare stabilité, une première même depuis l’institution des visites. En restant cinq ans à Matignon, Lionel Jospin est le premier ministre français ayant assumé le plus long mandat depuis la création de l’OFQJ (seul François Fillon l’égalera entre 2007 et 2012). Le gouvernement français compte aussi des ministres qui connaissent bien le Québec, comme Hubert Védrine aux Affaires étrangères, Catherine Trautmann à la Culture et, du côté du gouvernement québécois, Louise Beaudoin au ministère des Relations internationales. Cette stabilité gouvernementale aura des effets bénéfiques pour l’OFQJ à la fin d’une décennie plutôt chaotique. De plus, le président Chirac bétonne le triangle Ottawa-Paris-Québec lors de sa visite en septembre 1999 avant le Sommet de la Francophonie de Moncton : « La position de la France ne changera pas11. »

LA SÉPARATION BUDGÉTAIRE Nommés au second semestre 1989, les deux secrétaires généraux, André Maltais (Québec) et Claude Quenault (France), se retrouvent, eux, face à un défi financier. Avec la récession mondiale, les difficultés budgétaires des deux gouvernements

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18 décembre 1998 — Lucien Bouchard et Lionel Jospin avec des stagiaires de l’OFQJ à Montréal. Au nom du Comité d’action politique franco-québécois, Jean-François Doray remet un cadeau à Jacques Chirac, au printemps de 1995, à l’occasion des élections présidentielles.

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commencent à créer des ennuis internes. Or, jusqu’à présent, les deux sections fonctionnent avec un budget commun. « Un certain nombre de problèmes se posaient, explique André Maltais. Il fallait que les Français paient leur transport et il fallait aussi que le Québec augmente sa subvention12. » En novembre 1990, le conseil d’administration, réuni à Magog, tranche : le fonds commun est éliminé. Chaque section paiera ses dépenses et chacune aura une marge de manœuvre plus grande dans l’organisation de ses activités. Cette décision aura deux effets : celui d’augmenter les écarts budgétaires entre les deux sections et de distendre un peu plus les liens. Si ce n’est pas un divorce, c’est quand même une séparation. Il n’y a plus de compte joint. Mi‑mars 1991, le député libéral Rémy Poulin s’indigne publiquement qu’il faille 23 employés à la section québécoise pour gérer un budget de 2 millions de dollars, ce qui coûte 840 000 dollars en salaires. Réplique du secrétaire général : son personnel analyse 8 000 dossiers d’aspirants et s’occupe de 1200 stagiaires par an. L’OFQJ, explique-t-il, s’apparente davantage à un cégep qu’à un commerce. « On peut être en désaccord avec la mission de l’OFQJ, mais cela relève alors d’une décision politique, dit André Maltais, lui-même ancien député. Une personne qui ne croit pas à la démocratie trouve que ça coûte cher, un député13. » La réponse ne manque pas de panache, mais André Maltais retourne vite aux affaires autochtones14. Ginette Pellerin, arrivée du cabinet du premier ministre, où elle était conseillère exécutive, le remplace. Elle se débattra avec les problèmes financiers pendant presque tout son mandat.

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UN CREUX HISTORIQUE EN 1992 En France, Claude Quenault perd en 1991 son mentor Michel Rocard et son ministre rocardien de tutelle Roger Bambuck. La nouvelle ministre de la Jeunesse et des Sports, Frédérique Bredin, est une proche de Laurent Fabius et doit coprésider la 37e session du CA, le 30 mai 1991, 15 jours après sa nomination. Le budget de la section française, de 11,5 millions de francs, est alors légèrement supérieur à la contribution québécoise de 2,15 millions de dollars. Cependant, en 1992, en raison de la récession et de la facture des Jeux olympiques d’Albertville, le gouvernement français coupe sa subvention de un million, une réduction de près de 10 %. Cette année 1992 s’avère l’annus horribilis de l’OFQJ. En janvier, la section française freine les ardeurs des relais régionaux, réunis à Lyon : « Devant la diminution des moyens et donc des activités de l’OFQJ, ne pas susciter l’émergence d’un trop grand nombre de projets que l’OFQJ ne peut, à l’évidence, réaliser15. » En février, Le Devoir annonce « une baisse importante des échanges de jeunes entre la France et le Québec16 ». Ce sera effectivement un creux historique : seulement 902 stagiaires français et 1 109 québécois. On est loin de la moyenne de 1 500 jeunes par section. Avec la défaite de la gauche en 1993, Claude Quenault cède son poste17. L’expert socioculturel est remplacé par un universitaire de Paris II-Assas, Jacques Barrat — un proche de Pierre Messmer, alors président de l’Institut Charles-de-Gaulle, qui sera le seul ancien premier ministre nommé administrateur de l’OFQJ. Ancien conférencier pour l’OFQJ entre 1969 et 1975, celui qui tient à l’appellation « Professeur » Jacques Barrat veut renouer avec la « tradition

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gaullienne et gaulliste » afin que l’Office représente « une certaine idée de la France ». Il entend que les candidats sélectionnés soient « un peu la vitrine de la France18 ». Le personnel aussi, doté de cartes tricolores, est sommé de mettre jupes ou cravates : « Alors Daniel Camp et moi, on arrivait avec les cravates les plus débiles », plaisante Thierry Tulasne, coordonnateur de programme à la section québécoise depuis le milieu des années 1990, après avoir travaillé 12 ans à la section française19.

COMMENT SAUVER LES BUDGETS Au Québec, début 1994, l’OFQJ se réoxygène grâce à un nouveau changement de tutelle, quand Daniel Johnson (fils) forme son gouvernement. « On est passé à un cheveu de subir de très grosses coupes budgétaires, raconte la secrétaire générale Ginette Pellerin. Jusqu’à ce que la ministre de la Culture, Liza Frulla20, récupère l’Office sous sa gouverne et accepte d’injecter des fonds de son ministère. Ça nous a permis de sauver notre mise21. » En France, le premier budget de la présidence Chirac, en 1995, rogne sur la jeunesse et les sports. Le Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire (CNAJEP), regroupant les associations de jeunesse et d’éducation populaire, dénonce un « coup d’arrêt à la coopération internationale22 ». « C’est la réserve parlementaire qui nous a provisoirement sauvés en 1995 et en 1996 », confie Jacques Barrat, avouant « une grande dette de reconnaissance » envers les députés et les sénateurs qui ont pioché dans leur enveloppe discrétionnaire. En 1997, il annonce un budget de « près de 17 millions de francs

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malgré une contribution gouvernementale ramenée à 10,6 millions », grâce à l’appoint de collectivités territoriales et d’entreprises pour financer les stages d’insertion professionnelle23. Pendant ce temps, la section québécoise augmente son budget de 40 % en mettant à contribution le ministère de l’Éducation du Québec et Emploi-Québec. De ce fait, le nombre annuel de stagiaires québécois passe de 1 255 en 1995 à 1 832 en 1999. En revanche, il ne se redresse pas fortement côté français : de 1 085 en 1993 à 1 190 en 1997.

LA VALSE DES ENTOURAGES À PARIS Les changements de majorité de part et d’autre de l’Atlantique font à nouveau valser les secrétaires généraux. À l’automne 1994, pour sa dernière année de mandat, Ginette Pellerin est flanquée d’un conseiller spécial, Michel Leduc, ancien député du Parti Québécois, qui devient tout naturellement secrétaire général à l’automne 1995 et le restera jusqu’en 2003. En France, en février 1997, Jacques Barrat réussit à figurer dans la rubrique En forme de l’hebdomadaire Le Point24, mais il est écarté par le retour de la gauche25. À l’automne 1997, le gaulliste est remplacé par un communiste, Jacques Fauconnier, chercheur en électrochimie et chargé de mission pour l’Europe au CNRS Île-de-France. Il dépend de la nouvelle ministre de la Jeunesse et des Sports, Marie-George Buffet, élue communiste de Seine–Saint-Denis. « Des rééquilibrages s’imposent », estime le nouveau secrétaire général français, évoquant la surreprésentation étudiante et la moindre place des échanges culturels26.

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Si la valse politique des secrétaires généraux est évidente, il en est une autre moins visible, mais réelle durant une douzaine d’années à Paris, celle des entourages. Claude Quenault crée le poste de directrice des communications pour Josette Fauvel avec qui il a publié en 1982 Parler en public, c’est facile27. Elle part quand arrive Jacques Barrat avec une garde rapprochée « de jeunes universitaires de haut niveau »28, dont Frédéric-Michel Chevalier, qui deviendra ensuite responsable du web-marketing du MEDEF (patronat français). Jacques Fauconnier, lui, arrive fin 1997 et, un an plus tard, le ministère Jeunesse et Sports mandate, pour restructurer les échanges, Catherine Hocquinghen, attachée parlementaire, ancienne secrétaire nationale du Secours populaire chargée de la jeunesse. Cette valse des entourages cessera au milieu des années 2000.

IL FAUT QUE ÇA MARCHE La 45e session du CA, mi-décembre 1998 à Québec, est marquée par une première : on n’y donne pas le quitus au professeur Barrat pour sa gestion jusqu’à fin septembre 1997, ses observations aux commissaires aux comptes n’étant pas estimées suffisantes. « Le fait d’avoir deux budgets a mené à des dérives, affirme Michel Leduc. À partir du moment où l’on a mis fin à cette espèce de péréquation entre les deux sections, chacune avait une plus grande marge de manœuvre, surtout au niveau budgétaire. Et ça se répercute forcément sur les effectifs de stagiaires, sur le choix des projets et sur les échanges. On a réglé un problème, mais on a accentué les risques de dérive entre chaque section. Et ultimement ça pourrait mener de facto à une situation où il y aurait deux offices29. »

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À partir de 1997 et jusqu’en 2002, la longévité des premiers ministres (Bouchard-Jospin), des ministres (Beaudoin-Buffet) et des secrétaires généraux (Fauconnier-Leduc) offre une stabilité décisionnelle. Les deux ministres signent une « déclaration d’orientation franco-québécoise », relative à l’OFQJ, le 16 décembre 1998 à Québec. À la 46e session du CA, le 5 novembre 1999 à Nîmes, Marie-George Buffet annonce une hausse de 12 % de la subvention, portée à près de 12 millions de francs, et Louise Beaudoin s’engage à une rallonge de 250 000 dollars, soit à une subvention totale de plus de 3 millions de dollars pour l’année 2000. « Lucien Bouchard disait souvent à Jospin : “ Il faut que ça marche, l’OFQJ. ” », se souvient Michel Leduc30.

UN OFFICE MOINS GÉNÉRALISTE Quels furent donc les grands axes de la décennie ? En 1990, l’OFQJ abaisse l’âge minimal des stagiaires de 18 à 16 ans, mais, semblet‑il, sans grands effets. En 1992, nouveau cadrage : 60 % des projets sont réservés aux 18-25 ans. La grande orientation d’alors, à la 39e session du CA, en septembre 1992, à Fécamp (Normandie), c’est un Office moins généraliste, recentré sur quelques domaines prioritaires : insertion sociale et professionnelle, environnement et qualité de la vie, culture et communication, tourisme et développement local, commerce, droit international, management, sciences et technologie. La 40e session du CA, en juin 1993 à Montréal, révèle que, désormais, « l’OFQJ écarte systématiquement les projets qui visent la découverte et l’échange interculturel, l’éducation, la

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santé, les loisirs artistiques, l’activité sportive… » L’OFQJ s’offre de nouveaux rails pour ses 25 ans qui, d’ailleurs, ne sont guère fêtés, crise oblige. L’insertion sociale est maintenue à la demande de la France, particulièrement préoccupée par la situation des jeunes dans les banlieues dites difficiles. Auparavant, un ministère de la Ville était apparu en 1990 et, lors de la 37e session du CA, le 30 mai 1991, Frédérique Bredin, ministre française de la Jeunesse et des Sports, avait demandé à l’Office de permettre aux jeunes des quartiers défavorisés de s’ouvrir à de nouveaux horizons. En deux mois s’organise une opération intitulée « Les jeunes et la ville ». Une dizaine de projets permettent à 100 jeunes de différentes régions, issus de la diversité, de partir au Québec. Avec le soutien de l’Office, ils travaillent activement à la réalisation de leur projet. Un petit coup de pouce, un gros coup de cœur. Les projets sont principalement axés sur la prévention et l’insertion professionnelle, par la rencontre et des échanges avec de jeunes Québécois. Rencontres sportives, productions de spectacles, reportages vidéo font du séjour une expérience riche. Ce fut « un grand choc même, rapporte Josette Fauvel, alors directrice des communications de la section française, car ces jeunes ont été traités comme des Français, reçus comme des gens importants et il a fallu qu’ils aillent à l’étranger, alors qu’ils n’avaient jamais pris l’avion, jamais connu l’hôtel, pour s’apercevoir qu’ils étaient Français31 ». Le Québécois Michel Leduc observa la même chose lorsqu’un groupe de jeunes Français issus des minorités a travaillé avec des bûcherons dans le parc de la Jacques-Cartier. « Ils se faisaient traiter de maudits Français. L’un d’eux disait :

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En 1991, l’opération « Les jeunes et la ville » a permis à une centaine de jeunes de différentes régions de France, issus de la diversité, de partir au Québec. 16 décembre 1998 — Les ministres Louise Beaudoin (Québec) et Marie‑George Buffet (France) signent une déclaration d’orientation pour l’OFQJ, entourées des secrétaires généraux Michel Leduc (Québec) et Jacques Fauconnier (France).

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“ Maudit, je veux bien, mais Français, c’est nouveau32 ”. » Il y aura d’autres initiatives pour des jeunes défavorisés, comme l’opération « Banlieues du monde 9833 ».

FORMATION ET EMPLOI Au Québec, l’obsession est l’emploi. « C’est pour ça qu’on a pris le virage des stages qualifiants en milieu de travail. En misant sur la formation professionnelle, ça nous permettait de justifier nos budgets », dit Ginette Pellerin34. La section québécoise de l’Office multiplie les ententes avec les établissements d’enseignement (cégeps et universités), après avoir tâté le terrain dès le milieu des années 1980. Il y a aussi un autre avantage financier : plusieurs ministères et agences gouvernementales sont prêts à payer. À la fin de la décennie, la contribution du ministère de l’Éducation s’élèvera à 380 000 dollars. Avec Emploi-Québec, on touchera le demi‑million de dollars. Grâce à cette pirouette financière, la section québécoise aura les moyens de remplir toutes ses promesses dans la deuxième moitié de la décennie. Le nouveau programme Formation et Emploi, élaboré par le CA de 1994, est lancé officiellement le 6 juillet 1995 par les deux coprésidents de l’OFQJ, les ministres Guy Drut et Bernard Landry. La conférence de presse se déroule symboliquement au Stade olympique de Montréal, là où Guy Drut a remporté la médaille d’or du 110 m haies en 1976. Naturellement, il rappelle « l’importance du dépassement et de l’excellence pour les jeunes dans un contexte international ». Bernard Landry annonce la création d’une banque de stages : « Elle rapprochera l’OFQJ des entreprises et du marché

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« Ils se faisaient traiter de maudits Français. L’un d’eux disait : “ Maudit, je veux bien, mais Français, c’est nouveau. ” »


du travail. » C’est ainsi qu’une jeune responsable d’un musée de l’île de la Réunion effectua un stage de huit semaines comme attachée scientifique au Musée de la civilisation à Québec35. Ce programme Formation et Emploi est toutefois compliqué pour les chômeurs et bénéficiaires de minima sociaux. La loi québécoise interdit à l’époque à un bénéficiaire de « l’aide sociale » de toucher ses prestations s’il se trouve à l’extérieur du Québec. « Envoyer à l’étranger ces jeunes dans le cadre d’un programme de formation, c’était une première, explique Michel Leduc. Il a fallu convaincre le gouvernement de modifier la loi36. » Ce fut fait en 1998, et même le gouvernement fédéral emboîta le pas. En même temps, l’OFQJ se dote d’un nouveau secteur, Métiers et Techniques, pour les jeunes de niveau CAP et BTS en France et le DEP au cégep au Québec37. Priorité est donnée aux projets « valorisant un transfert de savoir-faire aux retombées concrètes », précise Alain Beaugier, directeur des programmes de la section française. Par exemple, faire un échange entre le Centre de formation d’apprentis de Sallanches en Savoie et l’École des métiers de la construction de Québec38. Après les décennies de la « démocratisation » et de la « diversification », celle des années 1990 est donc celle de la « professionnalisation », analyse Madeleine Bourgeois, directrice des programmes du côté québécois39. Les premiers ministres Lucien Bouchard et Alain Juppé confortent l’action de l’Office en juin 199640 et concluent en personne la réunion du 43e CA de l’Office. « Un véritable acte de refondation d’un OFQJ adapté aux réalités d’aujourd’hui », commente Jacques Barrat41.

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HÉGÉMONIE ÉTUDIANTE Secrétaire général de la section française depuis 1993, Jacques Barrat veut des stagiaires « vitrines de la France » et de haut niveau. Dès 1994, par exemple, il s’associe aux « missions commerciales croisées » de grandes écoles, permettant à des étudiants de démarcher pour des PME42. Cependant, le développement spectaculaire de la coopération étudiante, par son succès et les reconductions régulières, accapare la plus grande partie des échanges et des ressources. On parle même de « part hégémonique » des étudiants43, soit 68 % des stagiaires côté québécois44 et 72 % côté français45. C’est exactement l’inverse des intentions originales des fondateurs de l’OFQJ, qui souhaitaient plutôt 70 % de travailleurs. « Il faut travailler à la participation de couches plus larges de la jeunesse. Si on laisse faire le marché, la tendance sera d’accroître la place des jeunes étudiants dans nos échanges », prévient Jacques Fauconnier en prenant la succession de Jacques Barrat46. La question revient longuement dans le document Perspectives 2000, présenté à la 46e session du CA en 1999. Il prône un programme Coopération institutionnelle étudiante pour établir « une véritable gestion des effectifs47 ». « S’adresser à la jeunesse plurielle et inverser les courbes, c’était la volonté du ministère », précise Catherine Hocquinghen qui avait reçu, fin 1998, « un mandat très clair » et « une feuille de route » afin de « redéfinir l’architecture des programmes avec les Québécois48 ».

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LA CHANCE DE TRAVAILLER À L’OFQJ Tout au long des années 1990, les deux sections apprennent à gérer une offre de plus en plus complexe. Elle comprend à peu près tout ce qui se faisait durant la décennie précédente et inclut, de plus, des ententes de coopération entre organismes tiers, du financement extérieur et autre nouveauté, des projets récurrents pluriannuels. Dans une année normale, chaque section gère entre 200 et 300 projets, parfois plus. Elle doit recruter les candidats, organiser ses activités, mais aussi accueillir les stagiaires de l’autre section. « Le contact constant avec le milieu permet de générer constamment de nouvelles idées et de nouveaux projets », se souvient Gaétan Saint-Antoine, chargé de projet de 1978 à 199949. À tel point d’ailleurs que Michel Leduc dira : « Mon travail était d’abord d’écouter ces professionnels et d’agir en conséquence50. » « La chance de travailler à l’OFQJ », ajoute Pierre Gougeon, chargé de projet de 1978 à 2010, « c’est qu’on est toujours dans le projet, dans le positif51. » Il faut aussi un bon environnement social et matériel. À la section de Paris, on se souvient que c’est Claude Quenault qui a instauré une mutuelle52, et que Jacques Fauconnier a engagé en 1999 « la première négociation collective de l’histoire de l’OFQJ sur l’aménagement et la réduction du temps de travail53 ». Il y a aussi les locaux. La section québécoise quitte, en 1993, le 1214, rue de la Montagne à Montréal pour le 1441, boulevard René-Lévesque. À Paris, un projet se profile en 1997 : les premiers ministres Lucien Bouchard et Lionel Jospin « soulignent l’attention qu’ils portent à l’idée du regroupement dans un même lieu, à Paris, des principales institutions franco-québécoises que sont l’OFQJ, l’Association France-Québec et le Centre franco-québécois

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de coopération interuniversitaire, afin d’en faire un véritable lien de référence et d’information, au bénéfice des publics français concernés54 ». L’OFQJ veut, en fait, quitter et vendre le 5, rue de Logelbach. Le 23 avril 1999, la ministre Marie-George Buffet et le délégué général du Québec Michel Lucier inaugurent les nouveaux locaux, 700 m2, plus fonctionnels et plus symboliques aussi, passage de l’Aqueduc à Saint-Denis, à l’orée de Paris55. Durant la décennie, l’OFQJ diversifie ses canaux de communication. En 1990 surgit Tandem, « le petit journal illustré de l’OFQJ, totalement franco-québécois ». Piloté à Paris par Michèle Chanonat, c’est, comme le souhaitent André Maltais et Claude Quenault dans le numéro 1, « un espace de créativité et un laboratoire d’idées ». Tandem roulera deux ans avant d’être pris en main, dans un plus petit format, par la section québécoise. À partir de 1995 et jusqu’en 2000, la section française publie une double page chaque trimestre sur ses actions dans France-Québec mag. Il y a aussi l’audiovisuel : plusieurs dizaines d’émissions, dont Le Journal de l’emploi sur Canal +, relaient les offres de stages du programme Formation et Emploi. De nouvelles technologies arrivent. La section française de l’OFQJ crée dès 1992 sur Minitel, un système de télématique ancêtre d’Internet, le code de messagerie 3615 OFQJ. « Un point de passage incontournable pour l’accès à la banque de stages informatisée56. » Et, au printemps 1996, la section française annonce qu’elle paraîtra « sur INTERNET avec son nouveau serveur WEB » (les majuscules sont d’elle). « Internet a réellement facilité le recrutement des jeunes en région », constate Madeleine Bourgeois. Cela vaut les félicitations de Lionel Jospin à l’OFQJ, lors de sa visite au Québec en décembre 1998 : il louange le travail de l’Office dans le domaine des technologies

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de l’information lors d’une rencontre avec des jeunes au Café électronique de Montréal57. « La capacité, dit-il, pour des hommes et des femmes de culture francophone de se projeter sur de nouveaux médias et de nouveaux moyens est tout à fait essentielle58. »

UN TREMPLIN POUR 2 500 ARTISTES Si la formation professionnelle absorbe une bonne part des énergies de l’Office, la culture demeure présente, même si elle semble pour un temps reléguée dans l’ombre. Pendant toutes les années 1990, la Franco-Québécoise Monique Dairon-Vallières, en poste à Montréal, bâtit des coopérations avec plusieurs concours musicaux et festivals artistiques. Les lauréats obtiennent une bourse de l’OFQJ pour se produire dans un festival en France. Les gagnants du concours Cégeps en spectacle, par exemple, « profitent de l’expérience d’une très grosse scène » au Festival international de Belfort — la chanteuse Isabelle Boulay, notamment, en 1991. Scénario similaire pour les lauréats du Festival international de la chanson de Granby, qui partent suivre une formation avec Francis Cabrel aux Rencontres d’Astaffort, en France. Les liens cultivés par l’OFQJ entre les festivals québécois et français décuplent l’influence des artistes de part et d’autre. À raison de 250 stagiaires par an, ces coopérations touchent 2 500 artistes rien que pour la décennie. Cela représente quelques dizaines de milliers de spectacles et de manifestations diverses. Et, parmi les participants des années 1990, un grand nombre sont devenus célèbres. Du côté français, on retrouve Kent, Nilda Fernandez, L’Affaire Louis Trio, Au P’tit Bonheur... et, du côté québécois, Richard Desjardins, Arianne Moffat, Kevin Parent, Marie-Jo Thério...

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Les professionnels de l’OFQJ entretiennent des liens avec certains stagiaires, parfois très longtemps après leur stage. C’est le cas du chanteur Louis-Jean Cormier et de son groupe, Karkwa, lauréats de Cégeps en spectacle en 1999. « Ils venaient de Sept-Îles et on les a pratiquement adoptés. C’était nos bébés, raconte Monique Dairon-Vallières. Je les ai souvent accompagnés dans les tournées. Nous avons été une source de conseil pour eux, même quand l’OFQJ n’était pas directement impliqué. Ils ont beaucoup de reconnaissance et ils évoquent souvent qu’on les a soutenus. Louis‑Jean m’appelle pour me dire : “Je réfléchis à un projet. Eh oui, je sais, je n’ai plus 35 ans59… » L’OFQJ célèbre bien sûr les 350 ans de Montréal, en 1992, en parrainant une scène franco-québécoise aux Francofolies de La Rochelle et de Montréal. Il y a aussi un concours d’histoire sur l’Amérique française pour les collégiens et les lycéens, ou encore le soutien d’une expo photo Montréal, un parfum d’îles, réalisée par le photographe français François Poche et légendée par l’écrivain québécois Louis Caron, qu’ils prolongeront par un beau livre60. L’événement phare du 350e pour l’OFQJ reste le projet d’orchestre symphonique franco-québécois, constitué de 40 jeunes Québécois et du même nombre de jeunes Français. Il couronne trois années de partenariat entre l’OFQJ et les Conservatoires de musique de Lyon et de Montréal. Après une semaine intensive de répétitions au Camp musical des Laurentides à Saint-Adolphe-d’Howard, l’orchestre donne six spectacles lors d’une tournée de deux semaines. Un CD en témoigne. « Comme le chef de tournée est tombé malade le premier jour, j’ai dû tout gérer et je n’avais personne pour garder mon fils », se rappelle Monique Dairon-Vallières en riant. Elle se félicite aussi que l’orchestre ait vu émerger quelques

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grands noms comme Jean‑Marie Zeitouni, qui a fondé I Musici, Mathieu Lussier, l’un des plus grands hautboïstes, et l’arrangeur Anthony Rosenkovic. La musique classique ne sera pas délaissée ensuite par l’OFQJ. La section québécoise soutient une tournée en France du Jeune Orchestre du Québec, émanation du Conservatoire de Montréal, en janvier 1997 ; la section française aide les jeunes de l’Orchestre de chambre Amadeus de Lille pour sa tournée québécoise de l’été 1998.

HEUREUX D’UN PRINTEMPS DU QUÉBEC EN FRANCE Le plus gros événement de la décennie, c’est le Printemps du Québec en France, en 1999. Annoncé par Lucien Bouchard lors de sa visite en 1997, il voit 1 200 Québécois mettre « le feu sous la glace » dans 67 villes françaises. L’OFQJ en prend en charge plus de 250. Du théâtre de rue au robot mobile en passant par la diffusion sur les ondes radio, le volet jeunesse du printemps montre l’image d’une génération aux multiples talents. La section québécoise frappe un grand coup en organisant un concours de création étudiante, avec l’Association des professeurs de français du Québec. Sous le thème Heureux d’un printemps, titre d’une célèbre chanson de Paul Piché, la jeunesse québécoise doit présenter en images et en mots son Québec à elle — celui de l’ambition et du rêve, celui de l’intemporel avec ses paysages et ses saisons. Ils seront des milliers à participer au concours, et l’OFQJ n’aura que l’embarras du choix. Du Printemps du Québec, la ministre Louise Beaudoin dira, dans son bilan, que

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23 mai 2015 — La Maison du Québec à Saint-Malo accueille des écrivains des Premières Nations dans le cadre du Festival Étonnants Voyageurs.

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« le Québec a rejoint plus de Français qu’il y a de Québécois »61. Un événement miroir, « France au Québec — La saison », aura lieu à l’automne 200162. À côté des grands événements ponctuels, un engagement pluriannuel de la section québécoise de l’OFQJ bat des records : la programmation estivale de la Maison du Québec à Saint-Malo. Offerte par la municipalité à la Délégation générale du Québec à Paris (DGQP), cette maison du Québec a été inaugurée en 1984 par René Lévesque et Jack Lang. C’est une magnifique vitrine pour le Québec dans les fortifications malouines, dont les clés sont confiées à l’Association Saint-Malo–Québec. « En 1989, Louis Cournoyer, conseiller culturel de la DGQP, est venu nous demander d’assurer une programmation d’été », se rappelle Madeleine Bourgeois63. Monique Dairon-Vallières est embauchée pour s’en occuper. Il s’agit de monter une programmation complète sur deux mois, sept jours sur sept, avec deux douzaines de spectacles par semaine, plus des conférences. « La première année, c’était Kevin Parent et Marie‑Jo Thério, et plusieurs artistes autochtones », se souvient Monique Dairon‑Vallières. Depuis, un bon millier d’artistes sont passés à la Maison du Québec à SaintMalo. Le lieu, unique, s’inscrit durablement dans le paysage culturel franco-québécois et s’avère le point d’appui de nombreuses tournées d’artistes émergents de la scène québécoise. Il n’y a pas que des artistes de la scène à venir à Saint-Malo. Anne Ardouin, l’ancienne animatrice de Radio-Véronique à bord du Mermoz en 1984, devenue réalisatrice de documentaires, présente en 1993, à la Maison du Québec, Une rivière imaginaire, son premier bébé. « Nous étions sept jeunes appuyés par la SODEC qui présentions un court métrage. Ça s’est tellement bien passé

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que certaines personnes que j’ai rencontrées ce soir-là ont par la suite présenté mon film dans d’autres villes. Ça a créé des liens très forts64. » La culture, c’est aussi celle des terroirs et des régions. La section française de l’OFQJ, en partenariat avec le Musée de la civilisation de Québec et la Place Royale, y organisera des semaines d’animation durant l’été : le Pays basque en 1995, le Périgord en 1996, La Réunion en 199765. Autres événements pluriannuels apparus dans les années 1990, les universités d’été, conséquence normale de la coopération accrue entre l’OFQJ et l’enseignement supérieur. Les plus pérennes concernent le développement durable et le patrimoine. Organisée avec le Saguenay, l’Alsace, la Franche-Comté et le Nord–Pas-deCalais, l’Université d’été sur l’environnement et le développement durable débute en 1990 et se répète sept années de suite. Elle donne naissance à la Chaire en éco-conseil de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), dont les outils d’analyse seront adoptés par l’ONU. Organisée depuis 1998, alternativement en France et au Québec, l’Université d’été franco-québécoise sur le patrimoine est le fruit d’une collaboration entre les universités de Montréal, de Poitiers et de La Rochelle, l’OFQJ et la Région Poitou-Charentes66. En 2010, elle en était à la treizième édition. « Les universités d’été les plus dynamiques sont celles qui gravitent autour d’une forte personnalité. Dans le cas du développement durable, les deux piliers étaient Claude Villeneuve de l’UQAC et Daniel Lord du cégep de Saint-Félicien, qui déployaient de grands efforts pour en faire une réussite », souligne Gaétan Saint‑Antoine. Ces rencontres estivales s’adressent à des étudiants et à de jeunes

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24 février 1990 — Un équipage OFQJ féminin au départ du premier raid Harricana en motoneige. Il est composé de la Québécoise Louise Chambaz de Sherbrooke, de l’Inuite Rhoda Cookie de Poste-de-la-Baleine et de la Française Isabelle Charoy de Nancy. Derrière elles, les secrétaires généraux André Maltais (section québécoise) et Claude Quenault (section française). Elles devront abandonner après un accident dans la cinquième étape.

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professionnels : historiens, sociologues, urbanistes, architectes, professionnels du tourisme pour l’université sur le patrimoine ; juristes, ingénieurs, biologistes, économistes pour le développement durable. Les participants sont généralement pour moitié des Français, pour l’autre des Québécois, plus quelques Africains et Maghrébins pour le développement durable. Quelques stagiaires de pays tiers apparaissent ainsi. Il en est de même quand la section française soutient, entre 1996 et 1998, les voyages d’études au Québec de la Formation internationale Culture 67, orchestrée par le ministère français de la Culture, qui forme pendant six mois en France des professionnels étrangers des secteurs artistiques et culturels. Mais l’OFQJ n’est pas franchement aux manettes. Or, depuis le début de la décennie, tous les premiers ministres ont donné leur feu vert à une ouverture vers l’extérieur. La 44e session du CA, le 23 janvier 1998 à Paris, fixe un plafond de 5 % de stagiaires de pays tiers. Cela prendra corps au début de la décennie suivante. Surgissent en revanche dans les années 1990 des stagiaires politiques. En septembre 1994, une douzaine de jeunes militants des principaux partis français vont suivre les élections québécoises sur place, à l’initiative du Bloc québécois68. En mai 1995, les jeunes militants québécois suivent la présidentielle française. Un « petit futé » du Bloc, Jean-François Doray, réussit à remettre un cadeau à Jacques Chirac au nom du Comité d’action politique franco-québécois (CAPFQ) naissant. Parrainé par l’OFQJ et l’Association France-Québec, le CAPFQ regroupe alors du côté français des jeunes du RPR, de l’UDF et du PS et, du côté québécois, des jeunes du Parti libéral, du Parti Québécois, du Bloc et de l’Action démocratique. Très vite, on organise des stages

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dans des cabinets ministériels et parlementaires de l’autre pays. En 1998, la 56e Commission permanente de coopération francoquébécoise demande expressément à l’OFQJ de soutenir le CAPFQ69. Des futurs élus aux jeunes Amérindiens, il y a un grand pas que l’OFQJ a su franchir dans les années 1990. André Maltais, expert dans le domaine des relations avec les Autochtones, ne tarde pas à orienter les stages hors des sentiers battus70. Son vis-à-vis Claude Quenault voyait les choses du même œil : « On se disait que ce n’est pas parce que les Autochtones habitent au bout du monde qu’on ne peut pas faire d’échanges avec eux71. » D’ailleurs, le secrétaire général de la section française se passionne pour le raid Harricana en motoneige, organisé par son ami le pilote français René Metge, de 1990 à 1992, jusqu’à faire concourir une équipe OFQJ. Thierry Tulasne raconte : « Maltais et Quenault, qui étaient réellement amis, ont testé les motoneiges. On a créé un trio féminin, une Française, une Québécoise et une Inuit. Grosse attention médiatique. Malheureusement, elles ont été victimes d’une collision avec le seul train de la semaine : elles ont pu s’éjecter à temps, mais les machines étaient embouties72. » À l’été 1991, 20 jeunes de trois régions françaises (Midi-Pyrénées, Limousin et Champagne-Ardenne) viennent partager le quotidien de familles d’Inukjuak. Après quoi, une vingtaine de jeunes Inuits sont accueillis dans des familles françaises. En 1992, 21 jeunes de la ville de Cesson séjournent chez des hôtes montagnais dans le cadre de l’opération Ilnu.

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1992 — Pour les 350 ans de Montréal, l’OFQJ a organisé un rallye en rabaska durant 11 jours autour de l’île. Une soixantaine de participants français et québécois dont des Amérindiens y participent. Les Français venaient de plusieurs communes portant le nom de Montréal et de villes jumelées avec des municipalités de l’agglomération montréalaise.

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La même année, pour les 350 ans de Montréal, le grand projet Rabaskas — un rallye de 11 jours durant lesquels 64 jeunes Français et Québécois pagaient tout au long des 160 km d’eau qui ceinturent l’île de Montréal — mobilise la section québécoise pendant des mois. « On a fait une course avec les Mohawks, et une autre avec les Algonquins à l’île Bizard, se rappelle Madeleine Bourgeois, qui s’est passionnée pour ce projet. C’est le rallye en rabaska autour de Montréal qui aura valu à l’Office sa première une de journal73. » En 1994, une expérience d’un type nouveau, avec l’appui de l’OFQJ, relie les Autochtones québécois à ceux de l’Amazonie (Guyane française). À l’automne, une première délégation de l’ethnie Kali’na séjourne chez les Atikamekw de Weymontachie. Cette initiative inspire, l’année suivante, le projet « Amérindiens en français ». En mars 1995, 8 Atikamekw, 2 Algonquins, 2 Innus et 1 Micmac visitent 16 communautés guyanaises. Et six mois plus tard, 18 autochtones guyanais sont reçus dans des communautés atikamekw, algonquines et innues74. À la fin de la décennie, Michel Leduc emmène Jacques Fauconnier « jusque dans le Grand Nord », un voyage organisé par le conteur d’origine amérindienne Michel Noël. « On a invité les Autochtones à venir exposer et chanter à Saint-Malo75. » Finalement, les difficultés budgétaires de la décennie ont certes réduit le nombre de participants aux programmes, mais les deux sections ont su tenir bon. « Même dans les périodes les plus difficiles, un minimum d’unité a été préservé grâce à la solidité des relations professionnelles des agents des deux sections », lit-on dans le document Perspectives 2000 présenté à la 46e session du CA en 1999.




2000 LES ANNÉES


Macadam Tandem, la troupe de théâtre de rue franco‑québécoise a réuni des élèves des conservatoires d’art dramatique de Montréal et de Poitiers. Durant l’été 2008, la vingtaine de jeunes comédiens a fait une tournée au Québec et en France avec une création qui célèbre le théâtre de rue. Ils ont laissé leur imagination pédaler librement autour du thème proposé en l’honneur des 400 ans de Québec : « Le plaisir des sens ».


LES VERTUS DE LA MOBILITÉ

L

a décennie s’ouvre, en février 2000, par un Sommet du Québec et de la jeunesse qui réunit 600 participants et de jeunes observateurs français. Trois enjeux font consensus : l’éducation, l’emploi et la lutte contre l’exclusion. On envisage aussi la création d’un office Québec-Amériques pour la jeunesse, sur le modèle de l’OFQJ1.

En avril 2000, c’est au tour du premier ministre québécois Lucien Bouchard d’effectuer une visite « alternée » en France. De La Sorbonne à Lyon, on se mobilise pour l’accueillir, d’autant que l’adoption par les députés canadiens de la loi C-20, qui réglemente de futurs référendums (question claire, majorité claire), le 15 mars, fait des remous en France. Le ton des réactions est résumé


par le Groupe d’amitié France-Québec, qui rassemble des députés de tous bords : il réaffirme le « droit à l’autodétermination du Québec » et le 50 % des voix plus une comme « règle de base » de la démocratie2. Lucien Bouchard et Lionel Jospin, dans le cadre de « l’approfondissement du partenariat stratégique » entre la France et le Québec, signent deux déclarations communes sur les enjeux technologiques et la diversité culturelle3. Ils choisissent le thème de la jeunesse pour leur rencontre de 2001 au Québec. Elle n’aura pas lieu. En avril 2001, Lucien Bouchard passe la main à Bernard Landry. Ensuite, le « 11 septembre » bouleverse les consciences et les agendas ; Lionel Jospin ne va pas, comme prévu, inaugurer la Saison de la France au Québec. Fin octobre, Bernard Landry vient à Paris pour les 40 ans de la Délégation générale du Québec. À défaut d’une « rencontre alternée », c’est une visite « de travail », aussi dense. Au lieu de parler jeunesse, les premiers ministres discutent de coopération policière4.

LES MOTIVÉS DU QUÉBEC Printemps 2002, le coup de tonnerre du « 21 avril » secoue la France. Lionel Jospin est éliminé au soir du premier tour de l’élection présidentielle. Jacques Chirac est réélu le 5 mai avec 82 % des voix contre Jean-Marie Le Pen. Il nomme premier ministre le sénateur JeanPierre Raffarin, président du conseil régional de Poitou-Charentes depuis 1988. Ce fin connaisseur du Québec y a organisé, en 2001, à titre de président de l’Association des Régions de France, les premiers Ateliers franco-québécois de la coopération décentralisée. Il a lancé un appel aux « motivés du Québec », si nombreux dans les villes et régions françaises5.

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6 avril 2000 — La « rencontre alternée », à Paris, des premiers ministres Lucien Bouchard et Lionel Jospin. 16 mai 2008 — Célébrations à Bordeaux en présence du premier ministre Jean Charest, d’Alain Juppé, maire de la ville, et JeanPierre Raffarin, président du comité français des fêtes du 400e anniversaire de la fondation de Québec.

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Il est tellement « motivé » qu’il se rend en visite « alternée » au Québec fin mai 2003, cinq semaines seulement après la victoire, le 14 avril, du Parti libéral, et l’accession de Jean Charest au poste de premier ministre du Québec. Il est vrai que la précédente visite date de cinq ans — celle de Lionel Jospin en 1998. Jean Charest et Jean-Pierre Raffarin scellent une « nouvelle alliance francoquébécoise ». Les ministres Monique Gagnon-Tremblay (Québec) et Pierre-André Wiltzer (France) signent un nouveau protocole pour l’OFQJ. Les premiers ministres « se félicitent que ce nouveau protocole favorise une plus grande ouverture vers la coopération avec des pays tiers tout en gardant le cap sur la mise en valeur des intérêts franco-québécois6 ». Le courant passe très fort entre les deux hommes qui aiment piocher des idées dans le pays d’en face7. Lors de la visite « alternée » de mai 2004 à Paris, Jean Charest et Jean-Pierre Raffarin ajoutent des pierres à leur « alliance » et signent, outre le relevé de décisions, une déclaration commune sur la modernisation de l’État8. Ils se revoient en novembre pour une mission commerciale conjointe au Mexique, où de jeunes entrepreneurs réunis par l’OFQJ les accompagnent. C’est une première en pays tiers que n’apprécie guère une partie du Canada anglophone9. L’épiderme reste sensible dans le triangle Ottawa-Paris-Québec. À l’hiver 2003, le président Chirac a reçu une piqûre de rappel pour avoir dit, le 9 décembre, dans un éloge protocolaire au premier ministre canadien Jean Chrétien, lors de son dernier voyage officiel à Paris : « Vous avez présidé un mouvement par lequel le pacte constitutif de votre pays a pu être réaffirmé au terme d’un processus exemplaire. » Le quotidien montréalais Le Devoir titre :

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« La France a-t-elle largué le Québec10 ? » Des personnalités québécoises de tous horizons s’inquiètent dans une lettre à l’Élysée11. La diplomatie triangulaire commande de marcher sur des œufs et d’avoir de la mémoire12,13.

LE QUÉBEC REPRÉSENTÉ À L’UNESCO Deux avancées marquent l’année 2005 pour la coopération francoquébécoise. La 60e session de la Commission permanente de coopération franco-québécoise lance, mi-mars, le Fonds francoquébécois de coopération décentralisée, retombée directe des deuxièmes Ateliers franco-québécois de la coopération décentralisée qui ont eu lieu à la fin de 2003 à Bordeaux14. Puis, le 20 octobre, l’UNESCO adopte la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles15. Une belle victoire diplomatique puisque l’initiative remonte à la rencontre BouchardJospin de 1998. Ce qui vaut au Québec, en mai 2006, un « gain majeur » avec une représentation officielle à l’UNESCO dans le cadre de la délégation canadienne. « Pour la première fois, le gouvernement fédéral reconnaît formellement le rôle légitime du Québec dans le domaine international et sa spécificité », se félicite Monique Gagnon-Tremblay16. Un contexte social difficile bouleverse le calendrier des « rencontres alternées ». Le 2 novembre 2005, juste avant de décoller, Dominique de Villepin, premier ministre français depuis le 31 mai, annule son voyage en raison de la crise des banlieues. Les manifestations du printemps 2006 contre le contrat première embauche (CPE) l’en empêcheront ensuite. Une fois encore, il s'écoulera 5 ans

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entre deux « rencontres alternées », la visite de Jean‑Pierre Raffarin en 2003 et celle de François Fillon en 2008. Deux visites seulement en 10 ans, qu’à cela ne tienne ! Jean Charest, hyperactif sur la scène internationale, traverse souvent l’Atlantique. En juillet 2006, profitant d’une mission en Europe, il rencontre Jacques Chirac et Dominique de Villepin. Il est déjà question du 400e anniversaire de la ville de Québec en 2008. Le président du comité français, nommé par l’Élysée pour cette célébration, n’est nul autre que Jean‑Pierre Raffarin. « Un moment formidable de fraternité de la jeunesse », prédit Dominique de Villepin17.

UNE TAXE CANADIENNE SUR LES STAGES Jean Charest est réélu en mars 2007 avec un gouvernement minoritaire. Le 6 mai, à 20 h 04, il est le premier, dit-on, à féliciter Nicolas Sarkozy, nouveau président de la France18. François Fillon devient premier ministre. Et pour le Québec ? « Absolument rien de changé, affirme le président, c’est toujours noningérence non-indifférence, vous voyez que j’ai bien appris ! », dit-il à Louis‑Bernard Robitaille, alors correspondant de La Presse à Paris19. Dès le 6 juillet, Jean Charest est reçu à l’Élysée. On cherche à établir une entente de mobilité professionnelle « afin d’éliminer les barrières qui existent dans plusieurs secteurs20 ». Une source d’irritation surgit cependant le 1er novembre : l’ambassade du Canada à Paris institue une taxe de 150 dollars pour « frais de participation » sur tous les stages de mobilité jeunes malgré une motion demandant l’exonération totale déposée, quelques jours auparavant, par le CA de l’OFQJ réuni pour sa 54e séance le 12 octobre 2007 au

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Plessis-Macé, près d’Angers. Ce problème s’ajoute à la complexité administrative croissante dans l’obtention des permis de travail, un point récurrent dans les rapports des CA de l’Office. En 1999, déjà, est évoquée « la lourde charge de travail qu’impose à la section française la procédure d’attribution des permis par l’ambassade du Canada21 ». L’accord franco-canadien du 3 octobre 2003 sur les échanges de jeunes n’a guère résolu la question, si bien que la commission mixte franco-canadienne du 6 mai 2009 amorcera une nouvelle négociation qui durera quatre ans.

LA RECONNAISSANCE DES QUALIFICATIONS PROFESSIONNELLES Les dirigeants politiques français et québécois se rencontrent quatre fois en 2008. Jean Charest passe à Paris en février, sur la route de Davos, puis à nouveau en mai. Les 3 et 4 juillet, c’est la 15e « rencontre alternée » à Québec, dans le cadre du 400e anniversaire de la Ville. La délégation française est imposante : quatre ministres, trois anciens premiers ministres, cinq présidents de Régions, et une soixantaine d’élus de droite et de gauche. François Fillon fait un discours remarqué : « Il existe en chaque Québécois une émotion française. Il y a en chaque Français un rêve québécois22. » Il évoque la « voix historique » du général de Gaulle et emploie le mot « pays ». Un tollé s’élève dans la presse fédéraliste et anglophone, à l’affût de la moindre inflexion de langage. Dans le relevé de décisions, Jean Charest et François Fillon encouragent les ministres à « poursuivre leurs démarches auprès des autorités canadiennes concernant l’exonération des droits et la révision des quotas de permis de travail23 ». À l’automne, la question perdure et, dans sa 55e séance,

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le 20 octobre à Québec, le CA demande aux secrétaires généraux de « souligner l’importance de la mobilité internationale dans la formation des jeunes adultes et d’exposer les préjudices actuels et prévisibles de la décision du gouvernement fédéral canadien ». La presse québécoise, elle, critique Nicolas Sarkozy pour son « 26 heures chrono » à Québec24. En une journée, le 17 octobre, il copréside un sommet Canada-Europe, prononce un discours à l’Assemblée nationale — une première —, inaugure le Centre de la francophonie des Amériques que dirige alors Michel Robitaille, qui deviendra Secrétaire général de la section québécoise de l’OFQJ en 2016, et participe à l’ouverture du Sommet de la Francophonie. En présence du premier ministre canadien Stephen Harper, une petite phrase du président français, récusant toute « division supplémentaire », réjouit les uns et irrite les autres25,26,27. Devant les députés québécois, Nicolas Sarkozy affirme : « Les Canadiens sont nos amis et les Québécois, notre famille. » L’événement, c’est la signature d’une entente franco-québécoise sur la « reconnaissance des qualifications professionnelles » afin de lever des verrous. Une vingtaine de professions y adhèrent le jour même. C’est un acte historique, suivi de près par le Canada et l’Union européenne28.

LE MILITANT DU LIBRE-ÉCHANGE Cet accord s’inscrit dans une autre stratégie encore plus ambitieuse de Jean Charest. Depuis 2007, il milite pour des négociations de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne. Tant et si bien qu’à l’ouverture des discussions à Prague, en mai 2009, le Québec gagne un siège à la table, ce qu’Ottawa lui avait toujours

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« Il existe en chaque Québécois une émotion française. Il y a en chaque Français un rêve québécois. »


En juillet 2008, dans le cadre du 400e de Québec et de l’événement Site en scène à Brouage, en France, GRÜV’N BRASS s’est associé à la fanfare picto‑charentaise Les Traîne-Savates pour former un ensemble de cuivres franco‑québécois de 11 musiciens. 17 octobre 2008 — Le président de la République française, Nicolas Sarkozy, avec Jean Charest, le premier ministre du Québec, signent à Québec l’entente sur la reconnaissance des qualifications professionnelles.

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refusé. « Là, les politiciens fédéraux étaient bien embêtés », raconte Jean Charest. Selon lui, l’Union européenne a toujours vu une similitude entre elle et le Canada. Quand elle négocie un traité, c’est sur mandat de ses États membres. « Au fond, le fédéral aurait dû obtenir un mandat des provinces, estime Jean Charest. Cela nous ramène au sens original de la fédération. Nous ne sommes pas des gouvernements subalternes. Nous sommes des États fédérés29. » Jean Charest surfe sur ses initiatives. Vingt mois après son élection à la tête d’un gouvernement minoritaire, il obtient des électeurs, le 8 décembre 2008, une courte majorité et un troisième mandat consécutif, ce qui est exceptionnel au Québec. Habitué du Forum de Davos, Jean Charest fait une nouvelle escale à Paris les 2 et 3 février 2009. Surtout pour prêcher en faveur d’un accord transatlantique et promouvoir « un nouvel espace de mobilité en français ». À l’Élysée, il reçoit les insignes de commandeur de la Légion d’honneur. Le président Sarkozy revient sur ses propos à Québec. Il déclare : « Le ni indifférence ni ingérence, qui a été la règle pendant des années, ce n’est pas trop mon truc… j’ai voulu refonder ça. » Il critique « ceux qui n’ont pas compris… le refus du sectarisme, de la division, de l’enfermement sur soi-même… Ce n’était pas dans le discours, mais j’avais vraiment envie de vous le dire ». La presse canadienne applaudit, celle du Québec s’offusque30. Cinq jours plus tard, Nicolas Sarkozy envoie une lettre d’apaisement aux chefs du Parti Québécois et du Bloc Québécois qui avaient réagi31.

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UNE NOUVELLE ARCHITECTURE DES PROGRAMMES Le difficile tango à trois, Ottawa-Paris-Québec, rythme la décennie. C’est dans ce contexte que l’OFQJ poursuit sa mission, axée sur « l’insertion sociale et professionnelle », rappelle la 59e session de la Commission permanente de coopération franco-québécoise, le 5 février 2003 à Québec. Le document Perspectives 2000, présenté à la 46e session du CA, fin 1999 à Nîmes, bâtit « une nouvelle architecture » des programmes. L’OFQJ veut que son rôle « d’ingénierie de projets soit davantage reconnu par ses partenaires »32. Afin de contenir la surreprésentation étudiante, l’Office crée le programme Coopération institutionnelle étudiante pour regrouper toutes les demandes et les ententes des réseaux éducatifs. On poursuit le programme Formation et Emploi, lancé en 1995, pour « renforcer l’employabilité avec l’acquisition d’une expérience professionnelle internationale », de même que le programme Mobilité jeunes travailleurs. Dans le nouveau programme Action développement, décliné en trois domaines (culturel, économique, social), on regroupe des activités précédemment divisées en « secteurs ». Le développement de réseaux et l’échange de savoir-faire restent l’objectif du programme qui remonte aux origines de l’OFQJ. Ce laboratoire d’idées, d’innovations et d’actions doit permettre d’ouvrir des champs nouveaux (multimédia, citoyenneté, pays tiers…). Par cette refonte des programmes, l’Office conforte la « réorientation » vers un public jeune « plus large », souligne Catherine Hocquinghen qui, en 2000, devient directrice des échanges de la section française, Alain Beaugier prenant une retraite bien méritée après trois bonnes décennies à l’OFQJ. « Il y a eu un gros investissement, y compris

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L’étudiante québécoise Nathalie Côté, en stage à Montbéliard en France, désignée 100 000e stagiaire de l’OFQJ. Août 2000 — Évie Mark et Martha Qitsualuk, deux chanteuses inuites du Nord-du-Québec à la Maison du Québec à Saint‑Malo. Démonstration de chants de gorge traditionnels.

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financier, autour de la culture pour rééquilibrer, explique-t-elle, de même que pour développer l’action sociale ainsi que les projets issus de la ruralité33 ». En juin 2000, le secrétaire général de la section française, Jacques Fauconnier, soumet aux administrateurs une note de cinq pages, « Pour un nouvel essor de l’OFQJ ». Il évoque des « repositionnements » institutionnels et multilatéraux, des missions « élargies » et des conventions avec les régions. Il se réjouit des liens renoués avec la section québécoise, « facilités par la volonté politique de mon homologue québécois de dépasser les contentieux existants, par le maintien de liens professionnels et personnels forts entre les employés des deux sections ». La réflexion se poursuit à la 48e séance du CA, le 18 janvier 2002, à Paris. Des ateliers réunissent, comme en 1999, les administrateurs et le personnel des deux sections. Les secrétaires généraux estiment nécessaire « d’accroître la connaissance mutuelle », « d’élargir la base sociale des participants », « de s’ouvrir largement sur le monde34 ». Les changements politiques de 2002 en France et de 2003 au Québec entraînent le départ de Jacques Fauconnier35 et de Michel Leduc36.

UN DUO INFERNAL Toujours « motivé » par les liens avec le Québec, le premier ministre Jean-Pierre Raffarin choisit, en février 2003, Emmanuelle Pérès comme nouvelle secrétaire générale de la section française. Une diplômée, comme lui, de l’École supérieure de commerce de Paris (ESCP Europe) dont elle a dirigé l’association des anciens. Elle est à peine plus âgée que l’OFQJ, qui célèbre en 2003 ses 35 ans. « Ma

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23 mars 2006 – Le premier secrétaire général de la section française Jean-Claude Quyollet avec Emmanuelle Pérès pour le lancement de la sixième édition de Pile et Face. 21 septembre 2004 – Durant les quatre années où ils ont codirigé l’OFQJ, Alfred Pilon et Emmanuelle Pérès ont formé un duo d’enfer.

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feuille de route était de redonner du dynamisme et de se rapprocher des Québécois. J’ai mis un mois et demi pour comprendre et trois mois pour la réorganisation. Nommée en mars, il fallait d’ici l’été être en ordre de marche. J’ai changé l’équipe de direction. On gérait cela comme une PME », explique-t-elle37. Catherine Hocquinghen part38. Côté québécois, la ministre Monique Gagnon-Tremblay annonce le 12 décembre 2003 la nomination d’Alfred Pilon. Cet avocat de 47 ans rédigeait des discours pour Robert Bourassa dans les années 1980 et était le chef de cabinet de Jean Charest en 1998-2000, dans ses années d’opposition. « Quand je suis arrivé, les deux sections étaient deux mondes différents, qui ne se parlaient presque pas, affirme Alfred Pilon. Avec Emmanuelle Pérès, on s’est donné une obligation de faire des actions conjointes39. » La secrétaire générale française confirme : « Nous avons fait un site Internet commun, une lettre d’information conjointe. Avec Alfred, nous avions une complicité sans faille, nous étions hyper solidaires en s’utilisant mutuellement, un duo infernal vis-à-vis de l’extérieur40. » Si Alfred Pilon ne sait pas encore qu’il restera secrétaire général durant 13 ans, Emmanuelle Pérès, elle, ne fera qu’un mandat de quatre ans. « Quatre années merveilleuses, j’ai laissé un outil en bon état41 », assure-t-elle. « Grâce à tous, nous avons su métamorphoser la section française42. » Un départ plus personnel que politique, faute d’accroche avec le champion olympique et ministre Jean-François Lamour. « Administrativement, il ne faudrait pas mettre la Jeunesse avec les Sports43 », estime-t-elle. C’est le conseiller jeunesse et vie associative du ministre, Frédéric Lefret, qui est nommé en mai 2007. « On m’a dit : tu as carte blanche pour dynamiser tout cela et

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redonner du souffle. » À son tour, il a fait « un peu de ménage : trop de lutte de pouvoirs. Il fallait donner plus de visibilité à l’équipe, les faire sortir44 ».

LA 100 000 e STAGIAIRE POUR LES 35 ANS Les deux équipes de l’OFQJ comptent une vingtaine d’employés chacune. Ces derniers examinent quelque 8 000 candidatures par année, gèrent 2 000 stages de part et d’autre, pensent programmes et partenariats. L’Office entretient plus de 500 partenariats en France et au Québec, avec des institutions et des organismes nationaux et internationaux, des collectivités locales, des entreprises, des établissements d’enseignement, et a conclu plus de 120 ententes rien qu’entre les instituts universitaires de technologie (IUT) français et les cégeps québécois. En célébrant ses 35 ans, le 3 mars 2003 à Québec, avec la publication du livre commémoratif Un pont pour la jeunesse signé Frédéric Bastien, l’OFQJ honore sa 100 000e stagiaire en présence de la ministre québécoise Louise Beaudoin. Cette dernière est la biologiste québécoise Nathalie Côté, qui part pour un stage de 24 semaines au musée du Château de Montbéliard à Doubs afin d’étudier des collections du xixe siècle d’herbiers, d’insectes et d’animaux. Ce soir-là, la ministre québécoise dira : « Il y a 35 ans, nous avons marié la sagesse de la France à l’audace du Québec45. » Pendant les années 2000, la section française doit composer avec un problème particulier : « L’intérêt pour le Québec a beaucoup augmenté entre 1995 et 2008 ; le nombre de projets déposés a doublé, voire triplé », souligne Armelle Dugué, alors chargée de projet Export et coopération professionnelle, devenue en 2008 directrice de la

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mobilité et des partenariats. « On a dû créer un centre de ressources qui occupe deux salariés. C’était nécessaire parce qu’on a compris, vers 2002-2003, que l’on était les seuls à donner une information de qualité sur la mobilité au Québec, même à des plus de 35 ans. C’est un travail de fond : 800 personnes accueillies chaque année, 7 000 courriels par an, 10 000 jeunes accompagnés, des milliers de personnes rencontrées dans des salons en région46. »

LA QUÊTE DE FINANCEMENT Entre 2003 et 2006, la section française passe de 1 209 stagiaires par an à 1 905. C’est l’effectif le plus important, côté français, depuis la création de l’Office. D’ailleurs, durant ces années-là, les deux sections totalisent en moyenne près de 850 participants de plus par année que pendant la décennie précédente. Parce que les budgets augmentent aussi. Les démarches, enclenchées dès le milieu des années 1990, pour trouver des sources de financement, en plus de la subvention des ministères de tutelle, s’amplifient. Au Québec, Alfred Pilon va chercher des donateurs privés, ce qui était un serpent de mer depuis 15 années. En France, Emmanuelle Pérès multiplie les conventions avec des institutions et surtout les conseils régionaux. La coopération décentralisée profite davantage à la section française qu’à la section québécoise. Contrairement au cliché sur le centralisme français, les régions québécoises jouissent de moins d’autonomie administrative et financière que les régions françaises, dont six ont signé des plans d’action avec le Québec depuis 199447.

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Ces partenariats financiers permettent de développer des programmes « qui ne consomment pas tous nos budgets, contrairement à ce qui se faisait dans les années 1990 quand on finançait tout, explique Armelle Dugué. On y est parvenu parce que, depuis le milieu des années 1990, on a compris qu’il fallait qu’on travaille notre visibilité institutionnelle au sein de l’appareil administratif48 ».

LA MULTIPLICATION DES PRIX OFQJ La visibilité ! Le souci est permanent, avec la volonté des deux sections de présenter le visage d’un organisme unique. En 2001, le slogan est commun, « 2001 façons de s’ouvrir au monde ». Le nouveau site Internet, mis en ligne cette année-là, préserve l’autonomie de chaque section, mais avec une structure et un visuel similaires. En 2003, pour le 35e anniversaire, les deux sections offrent une image unifiée. La Lettre électronique, mensuelle et commune, lancée en juin 2004, compte 8 122 abonnés à la fin de 2005 et 11 500 à la fin de 2007. Les deux sites Internet sont alors fusionnés sous le même nom de domaine, www.ofqj.org. L’écrit n’est pas abandonné avec les brochures (22 000 exemplaires en 2002), le livre anniversaire des 35 ans Un pont pour la jeunesse (3 500 exemplaires), et la refonte de Pile et Face dont la 6e édition est diffusée en 2006… À partir de 2007, la section québécoise s’associe avec le journal Métro de Montréal qui publie annuellement un tirage spécial. En 2009, la section française négocie un partenariat avec le Guide touristique du Petit Futé sur le Québec. Sans compter tous les articles de presse, la sortie de

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6 octobre 2004 — Grande opération de communication de la section québécoise de l’OFQJ au Spectrum de Montréal, avec plusieurs artistes dont Ariane Moffatt.

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quelques disques compacts, la réalisation de vidéos et, bien sûr, l’activité du Centre de ressources à Paris et du Centre d’information à Montréal. La visibilité, c’est encore, dans ces années 2000, la multiplication des prix OFQJ. Non seulement l’Office prime les meilleurs projets de participants, mais il attribue de nombreux prix et bourses d’excellence liés à des partenariats. La section québécoise, en 2002, compte une dizaine de prix, dont certains de longue date, dans le cadre d’événements et de concours tels que Cégeps en spectacle et Chapeau, les filles !, offrant à des jeunes un séjour de développement professionnel. La section française, en 2003, lance un prix OFQJ des jeunes critiques avec la SODEC, les Rendez-vous du cinéma québécois et France-Québec mag, en 2004, le prix OFQJ-Centre des jeunes dirigeants (CJD) sur la performance globale. Il y en aura aussi pour les métiers d’art, la BD, la communication scientifique… Le rapport annuel de l’OFQJ 2006 fait état de prix « décernés à une trentaine de jeunes Québécois et à une vingtaine de jeunes Français ». Chaque fois, c’est l’occasion de manifestations publiques. En 2007, la soirée des lauréats québécois coïncide avec la 61e Commission permanente de coopération franco-québécoise, les 1er et 2 mars à Québec.

UN MILLION DE DOLLARS EN UNE SOIRÉE La plus grande opération de communication de la décennie se déroule le 6 octobre 2004 au Spectrum de Montréal. Plus de 600 invités, dont le premier ministre Jean Charest, sont présents pour valoriser de nombreux projets de jeunes et féliciter une douzaine de lauréats. Les premiers lauréats du prix franco-québécois

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Envie d’Agir le reçoivent des ministres Nicole Guedj de la France et Monique Gagnon-Tremblay du Québec. Sont ainsi primés : un partenariat entre les associations audiovisuelles parisiennes Kyrnéa et L’Oroleïs et la télé associative québécoise TSF (Télé sans frontières) ; l’échange entre webtrotteurs de l’association marseillaise Urban Prod et le Regroupement des organismes communautaires autonomes jeunesse du Québec (ROCAJQ)49. « Avec Alfred, on a fait les discours des ministres, relate Emmanuelle Pérès, d’où une vraie complicité. Cela donne du sens, on n’est pas dans la posture50. » La soirée est ponctuée par des artistes, dont plusieurs anciens stagiaires de l’OFQJ tels que Jorane, Ariane Moffatt et Pierre Lapointe. Le point d’orgue, c’est le moment où l’on dévoile les dons privés, d’une valeur d’un million de dollars, provenant d’entreprises souvent impliquées dans la coopération économique franco-québécoise. Alfred Pilon explique les liens entre l’OFQJ et certains donateurs : « L’ancien ministre Gilles Loiselle, devenu conseiller du PDG de Power Corporation, avait participé à l’OFQJ du temps de Jean-Paul L’Allier ; Air Transat, c’était en reconnaissance du fait qu’on leur a apporté une clientèle régulière51 . » Il y a aussi des dons de service comme les autocars Orléans Express, filiale de la société française Kéolis, qui s’engagent pendant trois ans pour le transport gratuit des Québécois en partance pour un programme de l’OFQJ52. Cette soirée du Spectrum sera unique. « C’est un gros boulot et l’organisation de tels événements, ce n’est pas notre métier, constate Alfred Pilon. Bien sûr, ça nous a permis d’accumuler un million de dollars de dons, mais c’est un couteau à deux tranchants. Les ministres se sont mis à nous dire : “Refaites-le donc.” Implicitement, cela remettait en question nos budgets53. »

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LA CULTURE ENTREPRENEURIALE La soirée au Spectrum est la rampe de lancement d’un nouveau programme en 2005, Synergie entreprise. Il résulte d’une volonté du premier ministre québécois Jean Charest qui a lancé, en mars 2004, le Défi de l’entrepreneuriat jeunesse et en a confié le volet international à l’OFQJ avec l’aval de Jean-Pierre Raffarin, dans leur relevé de décisions du 4 mai 200454. Alfred Pilon et Emmanuelle Pérès veulent faire « voyager les valeurs entrepreneuriales55 ». Ils défendent la « promotion de la culture entrepreneuriale » à la 60e session de la Commission permanente de coopération franco-québécoise en mars 2005 à Paris56. « Tout ce qui touchait à l’entrepreneuriat n’était pas trop considéré avant57 », remarque Emmanuelle Pérès. L’OFQJ affiche le slogan « Osez entreprendre » et organise un colloque sur ce thème aux Entretiens Jacques-Cartier de décembre 2005 à Lyon. Au Québec, le volet sensibilisation à la culture entrepreneuriale est financé par le Secrétariat à la jeunesse et le volet entrepreneur par 17 organismes et entreprises qui ont consenti un million de dollars sur trois ans.

LE BATAILLON DES ÉTUDIANTS Les étudiants constituent toujours le bataillon principal de l’OFQJ. Les stages obligatoires et les ententes d’établissements obligent l’Office. Toutefois, le « rééquilibrage » voulu à la fin des années 1990 se réalise. Selon les statistiques des rapports annuels au conseil d’administration, ce n’est plus 72 % de participants étudiants en France

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et 68 % au Québec comme en 1997. Durant les années 2000, la moyenne est ramenée à 44 % en France et à 49 % au Québec pour le programme Coopération institutionnelle étudiante. L’action culturelle de l’OFQJ est très tournée vers les jeunes professionnels. L’Office assure le soutien ou l’organisation de partenariats à réciprocité franco-québécoise, comme les résidences croisées d’artistes et l’opération Grand Huit (quatre Français, quatre Québécois) avec la Région Rhône-Alpes. Demeurent aussi les jumelages d’événements, comme celui des festivals Festi Jazz de Rimouski et Jazz à Vienne. En revanche, l’OFQJ se retire en 2005 de la programmation de la Maison du Québec à Saint-Malo, qu’il assumait depuis 15 années ; mais l’Office en reste un partenaire privilégié par l’entremise de la Délégation générale du Québec à Paris.

LA CULTURE FRANÇAISE DÉCOIFFE Au Printemps du Québec en France, en 1999, répond l’événement France au Québec/La Saison à l’automne 2001, avec plus de 600 artistes français. La France, habituée à recevoir des saisons culturelles du monde entier, n’avait pas, jusqu’alors, programmé de son propre chef une saison française à l’étranger. Que le Québec soit le lieu de cette première expérience demeure significatif de ses relations privilégiées avec la France. La section française de l’OFQJ, en relation avec l’Association française d’action artistique, qui est l’opérateur principal, et les ministères de la Culture et des Affaires étrangères, participe à la décision de donner de la France une image renouvelée, axée sur la jeunesse58. L’OFQJ élabore 8 projets avec 70 artistes. Des nouveaux conteurs aux performances chorégraphiques, de la

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musique contemporaine à la mouvance techno, du ciné-concert électronique aux vidéastes, l’OFQJ présente un mélange explosif de disciplines et de tendances en émergence, exposant parfois des œuvres d’artistes littéralement « inclassables ». L’OFQJ n’oublie pas les espoirs musicaux et coproduit, en clôture du festival Coup de cœur francophone, le spectacle Libérer le trésor, consacré aux chansons méconnues interprétées par des artistes de la jeune scène. Le succès de la soirée engendre un disque compact du spectacle. Le 400e anniversaire de la ville de Québec, en 2008, est un autre temps fort de la décennie. L’OFQJ s’implique par exemple dans la double tournée, au Québec et en Poitou, d’une troupe de théâtre de rue, Macadam Tandem, montée par les conservatoires d’art dramatique de Montréal et de Poitiers ; dans les jumelages artistiques de 60 Français et Québécois lors de Sites en Scène 2008 à Brouage, terre natale de Champlain… Hors culture, l’OFQJ Paris est primé, lors de l’édition québécoise de Futurallia, pour avoir amené la plus grande délégation de jeunes entrepreneurs.

ÊTRE SUR TOUS LES FRONTS Interculturalité, développement durable, discrimination, engagement citoyen, médiation sociale : autant d’enjeux de société qui nourrissent les projets du volet social. Les militants du CAPFQ, des syndicalistes, des responsables associatifs, etc. y participent. L’un des projets les plus durables de la décennie, la Semaine d’action sur le racisme, amène l’OFQJ, dès 2000, à tisser des liens avec les milieux multiethniques français et québécois pour sensibiliser les jeunes et les moins jeunes. Il y a aussi des Rencontres Sciences et Citoyens, des

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Forums sur la santé, des chantiers contre l’exclusion, le concours Je prends ma place… « Il faut être sur tous les fronts, s’enthousiasme Emmanuelle Pérès, c’est raccord avec le programme d’engagement citoyen français Envie d’Agir59. » De plus en plus, l’OFQJ se greffe sur de grands événements qui lui donnent de la visibilité et l’occasion d’élargir ses activités à des pays tiers. En 2007, par exemple, en partenariat avec Jeunes Décideurs Europe et l’Institut du Nouveau Monde de Montréal, neuf jeunes journalistes (trois Allemands, trois Français et trois Québécois) ont couvert trois événements jeunesse (l’Université d’été francophone de Paris, l’École d’été de l’INM et un forum de l’Année polaire internationale à Berlin). Il y a longtemps que l’OFQJ songe à des partenariats internationaux. Les gouvernements ont donné leur feu vert depuis 10 ans. Cependant, au Québec, on craint encore que la relation « privilégiée » avec la France se dilue dans un grand ensemble. Quelques tentatives ont bien eu lieu, très tôt même. En 1971, la 4e session du CA accepte, à la demande de l’Agence de coopération francophone, l’accueil d’Africains et de Louisianais au Québec. Suivront des Roumains en 1990, une entente entre l’OFQJ et le canton suisse du Jura pour des stages Formation et Emploi, et une autre en 1995 avec les francophones canadiens hors Québec… En 1998, le CA fixe un quota de 5 % des effectifs. « Ce n’est qu’au début des années 2000 que ça prend forme », relève Michel Leduc, qui fut coopérant en Afrique de 1967 à 196960.

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SE POSITIONNER DANS LA MONDIALISATION Le premier accord tripartite est signé avec la Côte d’Ivoire le 4 novembre 1999 à Nîmes, lors de la 46e session du CA, par les ministres Louise Beaudoin (Québec) et Marie-George Buffet (France), et Simone Tchinah, vice-présidente d’un organisme ivoirien de formation professionnelle. Cet accord vise des échanges d’apprentis du bâtiment, liés à la construction d’une maison des apprentis à Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire61. Des jeunes Français et Québécois vont sur place, en 2000, où ils découvrent le géobéton (des briques de terre comprimée)62. En 2001, une dizaine de jeunes Ivoiriens viennent au CFA de Montpellier (France) puis dans une école de Longueuil (Québec), avec une aide financière de la Francophonie. Le partenariat est suspendu peu après en raison des soubresauts politiques en Côte d’Ivoire. « Il faut maintenant positionner la coopération franco-québécoise dans la mondialisation », insiste Jacques Fauconnier en 200062. Cette internationalisation conduit des stagiaires français et québécois à Beyrouth, à Lima, à Varsovie, de jeunes journalistes algériennes en formation à Québec et en stage en France, des Haïtiens à l’Université d’été franco-québécoise sur le patrimoine et le développement local… En 2006, lors du 4e Forum mondial sur l’eau à Mexico, l’OFQJ envoie 12 Québécois et 3 Français. « Entre organismes et ministères, on se prête des bouts d’ententes, raconte Alfred Pilon, c’est une des manières pour systématiser les progrès en pays tiers63. » Le recours aux délégations devient une des voies privilégiées pour encadrer des stagiaires en pays tiers. Dans sa lettre de départ, en février 2007, Emmanuelle Pérès souligne : « La section française a

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participé à plus de 20 délégations du gouvernement français. » La 61e session de la Commission permanente de coopération franco-québécoise, réunie le 2 mars 2007 à Québec, note que les activités de l’OFQJ « devraient donner lieu à davantage d’interventions en Europe et dans les Amériques64 ». En 2008, la section française de l’OFQJ « est allée chercher un soutien conséquent » du ministère des Affaires étrangères pour l’intervention dans les pays tiers, car « nous ne souhaitions pas grever les crédits de la relation bilatérale65 », insiste Armelle Dugué.

L’ÉVOLUTION LOJIQ Après le départ d’Emmanuelle Pérès et l’arrivée de Frédéric Lefret à Paris, les liens se font moins intenses entre les deux sections. « Ça n’était pas une affaire de personnalité, estime Armelle Dugué. Ce qui a créé une certaine incompréhension, c’est le regroupement LOJIQ66. » L’acronyme signifie « Les Offices jeunesse internationaux du Québec », un chapeau unique qui, en 2007, réunit l’OFQJ, qui a été créé en 1968, l’Office Québec Wallonie Bruxelles pour la jeunesse (OQWBJ, 1984), et l’Office Québec-Amériques pour la jeunesse (OQAJ, 2000). L’opération commence en 2005, alors que la ministre Monique Gagnon-Tremblay demande aux secrétaires généraux des trois offices des propositions de mise en commun. « Elle voulait un guichet unique pour mieux faire connaître l’offre québécoise de mobilité internationale67 », se rappelle Alfred Pilon. Avocat spécialisé dans la médiation et détenteur d’une maîtrise en administration des affaires, ce dernier a bien repéré que « les coûts de fonctionnement de la machine absorbaient 60 % de

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la subvention ». En 2005, il devient aussi secrétaire général de l’OQWBJ avec mandat de fusionner les deux bureaux. En 2006, il dirige également l’OQAJ. En 2007, c’est le grand coup avec LOJIQ : l’administration et la communication des trois organismes sont désormais communes, tout en réalisant d’importantes économies d’échelle (300 000 dollars sur deux ans pour les assurances, par exemple). La Fondation LOJIQ est créée pour faciliter la collecte de fonds privés. « LOJIQ n’est pas une entité juridique, précise Alfred Pilon, c’est strictement une marque sur un concept de guichet unique des Offices jeunesse. Le seul [nouvel] organe juridiquement constitué, c’est la Fondation LOJIQ68. » En 2009, la communication est complètement unifiée, avec un slogan commun, « Vous voyez loin, allez-y ». Le gouvernement québécois entérine ce qu’on appelle la loi LOJIQ, mais qu’il faudrait en réalité appeler OQMJ, car elle crée l’Office Québec Monde pour la jeunesse (OQMJ). Le regroupement LOJIQ règle des problèmes administratifs liés aux statuts différents des quatre offices (OQAJ, OQWBJ, OFQJ, OQMJ). La nouvelle structure complète l’offre de mobilité internationale du Québec, désormais étendue au monde entier. L’une des premières initiatives de LOJIQ, en 2008, sera un accord d’échanges avec la Catalogne69. L’OFQJ conserve sa nature bilatérale, car il est régi par une entente entre les gouvernements français et québécois. La création de LOJIQ a accéléré la réflexion sur la mobilité internationale, surtout au Québec. « En France, c’est plus une évidence, convient Armelle Dugué. On est dans Erasmus70 depuis 1987. La section française profite de ça71. » Alfred Pilon, qui a produit une série d’études et de mémoires sur la mobilité internationale pour le

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gouvernement, se souvient d’une collaboration avec HEC Montréal : « Les stagiaires ne voulaient pas aller juste en France. Une fois qu’on est là pour tester un produit, on veut le faire aussi en Belgique, en Allemagne, en Espagne. Le jeune en design veut absolument faire un détour par Barcelone et Berlin. De même pour le jeune Français, il vient au Québec et veut aller aussi à Toronto et à New York72. »

UN VRAI PASSEPORT POUR L’EMPLOI L’OFQJ fête ses 40 ans en 2008 avec un joli slogan, « 40 ans d’audace ». Il n’est plus le même qu’à 20 ou même 30 ans. En effet, quel genre de prestation les stagiaires du troisième millénaire cherchentils ? « Au début, l’OFQJ était une petite agence de voyages. Il fallait tout organiser pour eux, explique Alfred Pilon. Ça a commencé à changer avec les courriels. Les jeunes ne voulaient plus de nos notes de recherche : ils la faisaient eux-mêmes. Ça a suscité une réflexion. L’OFQJ ne pouvait plus être un organisme qui fait une prise en charge complète. On a introduit l’idée que l’OFQJ, c’est la mobilité et la première vertu de la mobilité, c’est l’autonomie. Les jeunes nous ont amenés à devenir un OFQJ 2.0.73 » Devant ce constat, l’Office « doit réfléchir à son positionnement stratégique et à ses missions au regard des priorités affichées par les gouvernements et des nouvelles attentes des jeunes », estime le CA lors de sa 55e séance à Québec, le 20 octobre 2008, et il demande aux secrétaires généraux « un plan stratégique de trois ans ». Reste que la variété des expériences offertes par l’OFQJ ne fait que croître pendant la décennie. Les résultats sont probants. Les programmes pour les demandeurs d’emploi affichent un taux de

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12 août 2008 — L’OFQJ souligne de façon festive la Journée internationale de la jeunesse avec un spectacle mettant en vedette des artistes de la relève internationale : Karkwa du Québec, MeLL de la France, Erizo du Mexique et MixMuzik de Wallonie-Bruxelles. 9 février 2008 – Pour souligner les 40 ans de l’Office à Québec, le secrétaire général Alfred Pilon avec le premier secrétaire général de la section québécoise, Jean-Paul L’Allier.

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retour à l’emploi ou aux études de 70 à 80 %, ce qui est considérable. « Il n’y a pas une semaine où je ne rencontre un ancien de l’OFQJ, déclare Alfred Pilon. On a changé leur vie, on les a ouverts sur le monde et on a favorisé leur émancipation74. » Son homologue français Frédéric Lefret ajoute : « La mobilité internationale est devenue un atout majeur. Les participants reviennent gonflés à bloc et ont une meilleure idée de leurs envies professionnelles75. » En duo, devant la Commission permanente de coopération franco-québécoise, lors de sa 62e session, le 4 mars 2009, sous les lustres du Quai d’Orsay à Paris, ils affirment que le passage par l’OFQJ doit constituer « un vrai passeport pour l’emploi76 ».

PORTER LES COULEURS DE L’OFQJ C’est exactement l’expérience de Virginie Roy, arrivée à 27 ans à Montréal, au chômage depuis presque un an malgré son diplôme en muséologie et sa maîtrise en communications : « Cela faisait une semaine que j’étais chez Cundari, une agence de pub à Montréal, que j’obtenais déjà une promotion ! » L’OFQJ, elle l’a découvert presque par hasard : « J’ai postulé pour leur programme Formation et Emploi. J’ai trouvé ce stage rémunéré de six mois, puis j’ai décroché une bourse de la Région Franche‑Comté avec laquelle l’OFQJ a un accord77. » Il y a aussi la belle histoire de Rachel Fortin, accessoiriste dans le domaine de la fourrure, qui participe au Salon 2006 de la mode éthique à Paris grâce à une bourse Alcan-OFQJ. « J’ai eu droit à une couverture médiatique européenne inespérée, dont un article dans le réputé Courrier international. J’ai fait énormément de contacts avec des

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designers européens. J’ai même été invitée à participer au salon Prêtà-porter Paris, au sein de la nouvelle section éthique », dit la designer qui signe désormais du nom de Rachel F. Elle mise sur la production locale et artisanale, et traite ses fourrures et ses peaux dans son atelier du quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal78. Du beau travail qui lui vaudra en 2011 d’apparaître dans Le Figaro Madame au côté d’une autre Québécoise, bien connue, qui a lancé l’entreprise de fourrure Harricana : Mariouche Gagné, stagiaire OFQJ en 200179. « On fait mûrir de jeunes adultes de tous profils, se félicite Emmanuelle Pérès. Certains prennent pour la première fois le train ou l’avion, un passeport. C’est important d’offrir cela à des jeunes et de nourrir la relation franco-québécoise. Avec l’équipe, on organisait tous les mois un déjeuner avec quinze jeunes, partants ou revenants, pour comprendre leurs besoins80. » Lors de ces rencontres, elle n’hésite pas à hausser la barre, même avec les décrocheurs, à qui elle veut redonner de la dignité. « Je leur disais : “Vous partez avec des financements publics. Alors, soyez réglo, on vous fait confiance, vous le méritez, vous portez les couleurs de l’OFQJ.” Ce n’est pas seulement un guichet distribuant des billets d’avion… Les jeunes quand on leur fait confiance, on a le meilleur81. »




2010 LES ANNÉES


Automne 2015 — Regards croisés sur la Première Guerre mondiale avec l’OFQJ pour des élèves photographes du cégep André-Laurendeau de Montréal et du lycée Jean-Rostand de Roubaix. Ils ont réalisé une exposition « Chemins de mémoire ».


L’OFQJ SE MONDIALISE

L

a décennie commence par un record. Lorsque Jean Charest atterrit à Paris en juin 2010, pour une visite éclair, « la quatrième en dix‑huit mois », le correspondant parisien de l’agence Presse canadienne observe que « Jean Charest détient le record absolu des visites en France pour un premier ministre québécois », une dizaine depuis 20031. Il revient fin novembre 2010 pour la 16e « rencontre alternée ». Il a beaucoup à discuter avec François Fillon : les négociations sur le libre-échange Canada-Union européenne, le soutien à Haïti dévasté par un séisme en début d’année, la préparation du 50e anniversaire de la Délégation générale du Québec à Paris en 2011… Dans le relevé de décisions, à propos de l’OFQJ, les premiers ministres « notent la place centrale de la mobilité internationale dans les parcours d’insertion professionnelle des jeunes adultes2 ».


L’ANCIENNE STAGIAIRE DEVENUE PREMIÈRE MINISTRE Moins de deux ans plus tard, l’année politique 2012 apporte de nouveaux visages. En mai, François Hollande, qui succède à Nicolas Sarkozy, nomme Jean-Marc Ayrault premier ministre. En septembre, les Québécois propulsent une femme à la tête de leur gouvernement, Pauline Marois. C’est aussi la première fois qu’une participante de l’OFQJ accède au pouvoir au plus haut niveau : la première ministre a effectué un stage comme jeune travailleuse sociale en France en 1972. Elle l’évoquera en mars 2013 lors de la 17e « rencontre alternée » à Montréal, devant 50 jeunes du Québec et de la France, en compagnie de Jean-Marc Ayrault. Les premiers ministres dialoguent une heure avec les jeunes réunis par l’OFQJ pour souligner les 45 ans de l’Office. « L’OFQJ nous a permis d’exporter notre musique en France », témoignent Justine Laberge et David Bussières, du duo Alfa Rococo3. L’entrepreneur français Charles Brun, fondateur de IZIPIZI, lauréat du prix OFQJ-Moovjee4, raconte sa prospection du marché québécois. « Passionnant et rafraîchissant », applaudit Pauline Marois5. Jean-Marc Ayrault veut « donner un nouvel élan à l’OFQJ pour toucher davantage de jeunes de différentes origines6 ». Les premiers ministres, dans leur relevé de décisions, souhaitent « la création de réseaux de jeunes travailleurs, étudiants, entrepreneurs et créateurs au sein de l’espace francophone, avec l’appui de l’OFQJ7 ». Dans son discours à Québec, Jean-Marc Ayrault est clair : « La relation que nous avons est unique, il faut faire très attention à ce qu’elle ne se banalise pas, il faut garder la spécificité8. » La mise en garde, cette fois, est française.

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14 mars 2013 — Les premiers ministres Pauline Marois et Jean-Marc Ayrault à Montréal dialoguent avec des jeunes lors des 45 ans de l’OFQJ. 4 novembre 2014 — Le président François Hollande et le ministre Patrick Kanner à Québec avec des participants de l'OFQJ.

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LE RÔLE CENTRAL DE LA JEUNESSE FRANCO-QUÉBÉCOISE Au printemps 2014, nouveaux changements politiques. Le 31 mars, Manuel Valls remplace Jean-Marc Ayrault. Le 7 avril, le parti de Pauline Marois, le Parti Québécois, est défait aux élections et les libéraux reviennent avec un nouveau premier ministre, Philippe Couillard, dont la mère est française. Un nouvel interlocuteur pour le président Hollande qui avait sympathisé, à l’automne 2012, avec Pauline Marois et relancé le « non-ingérence non-indifférence » en ajoutant « partenariat, fraternité, solidarité9 ». Lors de sa visite d’État en novembre 2014, François Hollande, devant les députés québécois, reprend le mot « unique », car « par l’Histoire, vous serez toujours nos frères ». Cela n’empêche pas de « moderniser l’édifice de la coopération franco-québécoise, car le monde a changé ». Ainsi, l’entente de reconnaissance professionnelle a donné « un temps d’avance » à la relation France-Québec sur la relation Canada-Europe. À Québec, François Hollande rencontre une dizaine de participants des programmes OFQJ10. Il existe néanmoins un sujet de crispation à propos des frais de scolarité des étudiants français, que le Québec veut relever. Finalement, on conclut en mars 2015 une entente qui abroge « l’accord » de 1978 : seuls les frais de scolarité des étudiants de premier cycle sont majorés au même tarif que pour les étudiants canadiens. Pour les autres, c’est le statu quo. On exempte les jeunes de Saint-Pierre-et-Miquelon de cette majoration pour le premier cycle. L’application du tarif français aux étudiants québécois demeure11.

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Les premiers ministres Philippe Couillard et Manuel Valls se rencontrent deux fois en visites « alternées », en mars 2015 à Paris et en octobre 2016 à Québec. Le relevé de décisions de 2016 « confirme le rôle central de la jeunesse franco-québécoise » et prend des airs de plaidoyer : « Le Québec et la France mettent en œuvre des politiques volontaristes pour contribuer à relever les grands défis auxquels est confrontée la jeunesse : citoyenneté, insertion sociale et professionnelle, formation, emploi, numérique, environnement ou développement durable. Ils souhaitent renforcer les échanges de bonnes pratiques gouvernementales sur ces questions. La mobilité internationale, atout indéniable pour l’avenir des jeunes, y occupe une place importante. L’OFQJ, acteur majeur de la coopération bilatérale, doit poursuivre le développement de mesures qui répondent aux attentes des jeunes dans ces domaines prioritaires communs. Ses programmes, accessibles à tous, notamment à ceux qui en ont le plus besoin, favorisent la mobilité franco-québécoise et, dans ce contexte, s’ouvrent davantage à la Francophonie. Ils pourront expérimenter des initiatives communes sur la promotion de la langue française et de la culture francophone. Les actions dans le champ du volontariat seront encouragées et l’OFQJ continuera à mobiliser la jeunesse sur les grands enjeux de sociéte1́ 2. »

DU CAPFQ AU QUAI D’ORSAY Six mois plus tard, en mai 2017, Emmanuel Macron renverse le jeu politique français en accédant à l’Élysée. Son mouvement En marche bouscule les partis traditionnels et obtient la majorité à l’Assemblée nationale. Le maire du Havre, Édouard Philippe, devient premier ministre. D’aucuns s’interrogent sur le peu de connexions québécoises du nouveau duo exécutif français.

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26 novembre 2010 — Jean Charest accueilli à l’hôtel Matignon par François Fillon pour la 16e rencontre alternée des premiers ministres. 6 mars 2015 — Philippe Couillard et Manuel Valls, à Paris, signent le relevé de décisions de la 18e rencontre alternée.

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Secrétaire général de la section québécoise de l’OFQJ depuis août 2016, Michel Robitaille, qui a été six ans délégué général du Québec à Paris et représentant personnel du premier ministre pour la Francophonie, ne s’en formalise pas : « J’ai rencontré Édouard Philippe lors d’une mission au Havre alors qu’il était maire de cette ville. J’ai noté chez lui un très grand intérêt pour le Québec. Aussi, dans les faits, la coopération n’a jamais été aussi intense et aussi diversifiée. La France est maintenant le premier pays d’exportation du Québec en Europe, devant le Royaume-Uni et l’Allemagne, ce qui est nouveau. La coopération universitaire est aussi très intense et il y a une augmentation de la mobilité professionnelle. Nos artistes sont omniprésents sur les scènes françaises13. » Autour d’Emmanuel Macron et d’Édouard Philippe, on trouve des personnalités qui connaissent très bien le Québec. Le conseiller diplomatique de l’Élysée, Philippe Étienne, a coprésidé les 60e et 61e sessions de la Commission permanente de coopération franco-québécoise, en 2005 et en 200714, 15. Plusieurs ministres ont des liens forts avec le Québec : le ministre de l’Intérieur et ancien maire de Lyon Gérard Collomb a reçu l’Ordre national du Québec en mars 201516 ; la ministre des Outre-mer et élue de Saint-Pierre-et-Miquelon Annick Girardin est une ancienne stagiaire de l’OFQJ17 ; le secrétaire d’État aux Affaires étrangères Jean-Baptiste Lemoyne est un des pionniers du CAPFQ18 ; et la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées Sophie Cluzel est allée au Québec lors de ses précédentes responsabilités associatives. Ces deux derniers, trois jours après leur nomination, participent à la réception diplomatique du 24 juin 2017 à la Délégation générale du Québec à Paris19.

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VALORISER LES… AKI Pour l’OFQJ, la décennie commence avec un nouveau plan stratégique, demandé par le CA en 2008 et présenté le 18 décembre 2009 à la 56e séance du CA à Paris. Les secrétaires généraux Frédéric Lefret (France) et Alfred Pilon (Québec) affirment que l’Office « doit prendre toute sa place comme chef de file connu et reconnu en mobilité internationale de la jeunesse », et donc « animer des réseaux de veille et de réflexion ». Tout en concourant à la mise en œuvre des stratégies gouvernementales, « il doit être aussi le laboratoire d’expérimentation et d’innovation ». Enfin, il pourra « jouer un rôle de passerelle vers la francophonie ». Concrètement, on prévoit « une nouvelle architecture de l’offre de service » et chaque section va engager des actions spécifiques20. Au Québec, l’intégration de l’Office au sein de LOJIQ se poursuit avec un déménagement « sur la rue Sainte-Catherine à proximité du Quartier latin de Montréal » et une diversification du financement. Côté français, une initiative tient à cœur à Frédéric Lefret : la valorisation des acquis. « Au retour, 80 % des participants retrouvent plus facilement un travail en France. C’est l’adage “ les voyages forment la jeunesse ”. Or, à aucun moment, on atteste des compétences. Pourtant les parents disent : mon enfant a changé. Ce n’est pas normal que l’on ne puisse pas en attester. D’où l’idée de regrouper les organismes de mobilité en Europe pour bâtir un outil de mise en valeur des compétences transversales acquises lors d’une mobilité internationale21. » Ce sera une tâche de longue haleine portée par la section française à partir de 2010. Les résultats du partenariat européen AKI sont présentés le 30 janvier 2017 à l’Assemblée nationale française. Ce partenariat réunit l’OFQJ, l’Office franco-allemand

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pour la jeunesse (OFAJ), l’Union wallonne des entreprises (UWE) et l’Institut supérieur de formation permanente (INSUP). LOJIQ et le Bureau international jeunesse (BIJ) sont partenaires associés. Cinq « compétences transversales » sont définies : adaptation au changement, confiance en soi, ouverture d’esprit, sens des relations interpersonnelles et sens des responsabilités22.

DU FLOU JURIDIQUE À LA SECTION FRANÇAISE Le CA de 2009 fait aussi une autre demande : « moderniser » le protocole de l’OFQJ en prenant en compte l’autonomie de gestion des sections, la gouvernance de l’organisme (avec la création de conseils de section) et les interventions en pays tiers. La nouvelle entente, qui modifie le protocole de 1968, déjà adapté en 2003, est signée le 8 décembre 2011 à Québec lors de la 57e séance du CA. Le texte entérine l’évolution de fait de l’OFQJ. La Gazette officielle du Québec le publie le 25 septembre 2013. En France, la procédure est encore plus longue. Le 31 janvier 2013, le Conseil d’État estime que l’entente, si elle n’induit pas de nouvelles charges, se substitue tout de même à un protocole qui en produisait, ce qui nécessite une approbation parlementaire. Le Sénat donne son feu vert le 15 mai 2013. L’Assemblée nationale fait de même le 29 janvier 2014 après un intéressant débat en commission des Affaires étrangères et un rapport très complet du député Jean-René Marsac (PS, Ille-et-Vilaine). Ce dernier attire par ailleurs l’attention sur le statut juridique de l’OFQJ : « Il n’est pas expressément énoncé, comme c’est le cas pour l’OFAJ, qu’il est un organisme international. En conséquence, il ne peut se prévaloir

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des immunités et privilèges associés. » Le député réclame donc une clarification. La question s’éternise. Marianne Beseme, secrétaire générale de la section française nommée en avril 2017, en fait un objectif : « Pour la structure, il y a encore du flou juridique au sujet du statut du personnel et du statut fiscal vis-à-vis par exemple d’entreprises qui pourraient nous aider. Tout en capitalisant sur ce qui a été fait, il est nécessaire d’avoir une base juridique stable pour pouvoir continuer23. »

LA DUALITÉ DE L’OFQJ EST UNE RICHESSE En 2013, Frédéric Lefret, secrétaire général de la section française depuis 2007, reconduit en 2011, doit céder sa place, deux mois après les 45 ans de l’Office soulignés à la Délégation générale du Québec à Paris24. « La majorité a changé, dit-il, mais l’important ce sont les jeunes, pas le SG. Mon seul échec : ne pas avoir déménagé de Saint-Denis, isolé de tout. Je rêvais de faire un OFQJ au rez-de-chaussée du ministère avec un café-exposition et des conférences le soir, un lieu vivant. Tous les ministres ont dit oui au déménagement, mais pas un centime25. » Lui succède Pascal Bonnetain, élu PS de l’Ardèche, conseiller régional, ancien entraîneur national de canoë-kayak, et ancien président de la commission Sport des Régions de France. Il découvre l’OFQJ : « Sur ce poste, il faut avoir une vision jeunesse et connaître le spectre politique. L’Office est politiquement plus soutenu par le Québec. Pour nous, c’est un organisme de jeunesse (lié au ministère de la Jeunesse et des Sports) ; pour les Québécois c’est un organisme diplomatique (lié au ministère des Relations internationales). Déjà, dans le schéma, on n’est pas pareil. Je m’en suis aperçu. Les

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Québécois sollicitent souvent l’avis ministériel. En France, on a une certaine indépendance ; on décidait et après je le disais au ministre26. » Il reste quatre ans au poste de secrétaire général27. « Ce challenge m’a plu. La dualité de l’OFQJ est une richesse, il y a un contrôle permanent de l’un et de l’autre. À un moment, on est capable d’avancer ensemble. Et j’ai toujours été bluffé par la qualité des équipes de l’Office, avec des réseaux bien entretenus28. » En avril 2017, arrive donc Marianne Beseme, en provenance du cabinet du ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, Patrick Kanner. C’est la première secrétaire générale à avoir été, auparavant, administratrice de l’OFQJ, en 2013-2014, au titre du ministère des Affaires étrangères comme chargée de la diplomatie sportive et de la coopération jeunesse. « J’ai tout de suite apprécié le dynamisme de l’Office, capable de présenter des projets novateurs et souples sur les grands enjeux. C’est un outil très intéressant pour les gouvernements, pour repérer des thématiques qui mobilisent les jeunes29. »

PÉRIODE D’INCERTITUDE AU QUÉBEC Côté québécois, Alfred Pilon, secrétaire général de 2003 à 2016, aura effectué le plus long mandat, qui se termine après trois années de difficultés financières. En effet, la section québécoise subit des réductions budgétaires de 40 % en 2013 et de 15 % en 2014. Face à cette situation inquiétante, Alfred Pilon publie un livre blanc intitulé La mobilité : un développement durable. « Je l’ai écrit pendant le temps des fêtes. Le message était : si vous coupez encore, vous êtes mieux de fermer30. » Le document a l’effet escompté. Non seulement les réductions budgétaires cessent, mais le budget est restabilisé au

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printemps 2016, et un financement supplémentaire est accordé par le Secrétariat à la jeunesse pour le développement d’un nouveau programme de volontariat au Québec qui sera géré par LOJIQ. Les difficultés budgétaires des années 2013-2015 apparaissent nettement dans le rapport présenté à la 60e séance du CA, en 2014 à Québec. Toutefois, l'évolution sur 10 ans, rappelée dans le rapport, est plutôt bonne, grâce à une diversification des financements et, notamment côté français, aux partenariats qui complètent la dotation ministérielle, proportionnellement moindre. En 10 ans, le budget consolidé des deux sections passe de 5,1 à 5,7 millions d’euros (8 à 9 millions de dollars), tandis que le nombre de participants augmente de 2 913 en 2003 à 4 368 en 2013. Autrement dit, les frais de structure diminuent de 52 % à 41 %, tandis que l’enveloppe des programmes augmente de 46 % à 58 %.

LA SPÉCIFICITÉ DE L’OFQJ MAINTENUE AU SEIN DE LOJIQ Alfred Pilon30 est remplacé à l’été 2016 par Michel Robitaille, délégué général du Québec à Paris depuis 2010. Il trouve une maison en ordre. « J’ai une équipe expérimentée de talent composée de personnes de tous âges et de sept nationalités différentes. On dispose d’un gros outil informatique, qui nous donne des statistiques (représentation régionale, niveau d’études des participants…) et qui, avec les attentats et les catastrophes naturelles qui malheureusement se multiplient, est capable de dire dans l’heure où sont nos ressortissants (nom, lieu, courriel…) afin que nous puissions leur apporter assistance31. »

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3 novembre 2014 — 60e séance du CA de l’OFQJ à Québec avec les ministres Patrick Kanner (France) et Christine St-Pierre (Québec) et les secrétaires généraux Pascal Bonnetain et Alfred Pilon. 13 septembre 2017 — Une délégation francophone de l’OFQJ conduite par la section française au Sommet Climat Chance d’Agadir au Maroc.

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À l’automne 2017, le Québec donne un nouveau cadre juridique. L’Assemblée nationale vote, le 9 novembre, à l’unanimité, la loi 139. Cette loi fusionne trois des quatre offices, l’Office Québec Wallonie Bruxelles pour la jeunesse (OQWBJ), l’Office Québec-Amériques pour la jeunesse (OQAJ) et l’Office Québec-Monde pour la jeunesse (OQMJ), sous l’appellation unique d’Office Québec-Monde pour la jeunesse. L’objectif est d’optimiser l’efficience administrative et l’accessibilité aux programmes pour la jeunesse. L’OFQJ est maintenu, conservant ainsi le « lien privilégié » avec la France en matière de mobilité jeunesse. « Tout le long du processus, nous avons insisté pour que l’OFQJ garde sa spécificité. Notre ministre de tutelle Christine St-Pierre a défendu avec succès cette position à l’Assemblée nationale32. » De plus, la loi élargit la compétence de LOJIQ en incluant des stages et des projets de mobilité au Québec et dans les autres provinces canadiennes. « Cette loi, adoptée à l’unanimité, illustre le consensus québécois envers les vertus de la mobilité, se félicite Michel Robitaille. Le fait que cette dernière sera complétée par une mobilité intra-Québec et interprovinciale, ce qui était souhaité par les jeunes Québécois, nous permettra également de mettre en œuvre un programme de volontariat en collaboration avec de nombreux acteurs du milieu, dont le Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec33. »

UNE NOUVELLE TAXE CANADIENNE En 2013, un nouvel accord franco-canadien prolonge les PVT (programme vacances-travail) de 12 à 24 mois. Mais, en début de décennie, le quota annuel de permis de travail accordés par l’ambassade canadienne est très vite atteint, puis les quotas réservés

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aux organismes franco-québécois sont supprimés, et c’est désormais premiers arrivés, premiers servis. La course aux PVT devient une loterie : en avril 2015, la deuxième « ronde » d’attribution de 2 250 permis dure… 114 secondes ! De plus, en février 2015, le gouvernement conservateur canadien impose une taxe de 230 dollars aux employeurs de travailleurs étrangers, même pour les stages non rémunérés. Cela touche notamment les échanges intermunicipalités et les ententes entre les IUT et les cégeps. Après les demandeurs de permis, taxés de 150 dollars depuis 2007, c’est au tour des employeurs. Taxer le « libre échange » des personnes, surtout lorsqu’il y a réciprocité, quel paradoxe à l’heure de l’Accord économique et commercial global (AECG/CETA) entre le Canada et l’Union européenne ! « Nous avons reçu beaucoup d’appels et de courriels de gens inquiets pour leur stage », déclare au Devoir Steven-Paul Pioro, directeur adjoint des communications à LOJIQ. Les IUT dénoncent le « verrouillage » des stages en cours d’année. « Le rayonnement du Québec à l’étranger est en jeu », écrivent les ministres Christine St-Pierre et Kathleen Weil au ministre canadien de l’Immigration34, 35. « On a eu des craintes. On a perdu quelques ententes, regrette Armelle Dugué, directrice de la mobilité et des partenariats à la section française. On a dû se retourner très vite. D’abord s’adapter à la fin des quotas en faisant passer les stagiaires bac + 2, par exemple, au premier semestre et ceux ne nécessitant pas de permis au second semestre. Avec la taxe, qui a fait monter le coût de la mobilité, le stage de quatre semaines en entreprises pour les jeunes en insertion n’était plus envisageable ; on l’a transformé en séjour de découverte professionnelle et interculturelle en milieu de travail. »

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Voilà pourquoi le nombre de participants n’a guère fléchi, malgré 82 désistements en 2015 du fait de la taxe ou de permis trop tardifs. « Il y a toujours une forte demande », constate Armelle Dugué36.

DES STATISTIQUES MOINS LISIBLES Effectivement, depuis 2010, la section française enregistre plus de 2 000 participants par an, chiffre jamais atteint auparavant. La section s’est attelée à multiplier les sources de financement. Ainsi, en décembre 2013, elle signe dans les locaux de l’Assemblée nationale une convention-cadre avec les grandes associations d’élus territoriaux qui permet de bonifier l’offre de mobilité aux jeunes Français. Dominique Bussereau, président de l'Assemblée des départements de France, ancien secrétaire général de la section française, s'est lui même engagé au titre de président du Département de la Charente-Maritime en signant une convention avec l'OFQJ pour le cofinancement de la mobilité des jeunes de son territoire au Québec. « Nous avons développé des programmes qui consomment peu de budget, comme l’accompagnement des emplois temporaires, explique Armelle Dugué. Nous avons aussi des pratiques budgétaires différentes qui font qu’on peut envoyer plus de monde. Par exemple, si un stagiaire touche une indemnité de Pôle emploi, il ne recevra pas toute la bourse de l’OFQJ. Ça veut dire en pratique qu’avec la même somme, on peut accroître l’effectif37. »

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La répartition des effectifs au sein de LOJIQ change aussi les statistiques. Par exemple, les 40 Québécoises au Forum mondial des femmes francophones à Paris en 2013 sont comptabilisées à l’OFQJ du Québec, les 17 qui partent à Bucarest avec un groupe de Françaises à la Conférence des femmes de la francophonie en 2017 entrent dans l’effectif de l’OQMJ. Autrement dit, plus l’OFQJ mondialise ses activités, plus les chiffres français augmentent et ceux de la section québécoise diminuent, car au Québec les participants sont comptabilisés en fonction du territoire où se déroule leur projet. Michel Robitaille ne s’en formalise pas : « Il faut éviter de faire des comparaisons d’effectifs, le contexte n’est pas le même au Québec. Le nombre croissant d’actions franco-québécoises communes en pays tiers et la façon différente de comptabiliser les effectifs, de part et d’autre, ne feront que maintenir cette disparité. L’important est la qualité et la pertinence des services offerts aux jeunes, ce qui est reconnu pour les deux sections de l’OFQJ38. »

40 ANS POUR ATTEINDRE 4 000 STAGIAIRES La barre des 4 000 stagiaires, Français et Québécois, est atteinte pour la première fois en 2010. Il aura fallu 40 ans pour arriver à l’objectif fixé… en 1969. C’est surtout une question de budget car, bon an mal an, il y a deux fois plus de candidatures que de jeunes acceptés. Comment ont d’ailleurs évolué les programmes ? Les statistiques présentées chaque année dans les rapports au conseil d’administration sont révélatrices. Mobilité étudiante reste en tête avec 37 % des

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participants en 2016. C’est la première fois que le taux passe sous les 40 %. Le rééquilibrage voulu en 2000 est bien réel. À la fin des années 1990, on comptait plus de 70 % d’étudiants. En fait, leur nombre demeure quasi stable, ce sont les stagiaires dans les autres programmes qui augmentent. Les étudiants ne représentant plus qu’un participant sur quatre côté français et un peu plus d’un sur deux côté québécois, ce qui explique qu’on trouve moins de participants québécois dans les autres programmes. Le programme Développement professionnel s’est hissé au deuxième rang en 2016, avec 19 % des participants. Il concerne des jeunes professionnels entre 25 et 35 ans, en grande majorité dans le secteur culturel. Projets individuels, missions professionnelles, délégations pour des événements majeurs : l’éventail des possibilités est large, avec, au bout, des échanges d’expertises et la constitution de nouveaux réseaux. Avec 17 % des participants, le programme Entrepreneuriat a fait un bond en 2016, du fait de la volonté française de promouvoir le numérique et le « label French Tech » avec de grandes délégations d’entrepreneurs. On compte six Français pour un Québécois parmi les participants à ce programme. Lancé en 2005 sous le nom de Synergie Entreprise, il a longtemps plafonné, avec guère plus de 5 % à 8 % des stagiaires. Le programme Emploi, insertion sociale et professionnelle a rassemblé le deuxième contingent de participants, avec 20 % à 26 % des participants, jusqu’en 2015. Une tendance à la baisse s’est manifestée en 2016 (16 %), en contrecoup de la taxe canadienne, notamment. Ce programme, dont les participants sont essentiellement

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français, bénéficie en France du cofinancement des collectivités et de Pôle emploi. La section québécoise soutient, elle, des chantiers d’insertion. Enfin, le programme Engagement citoyen concerne 11 % des participants, aux trois quarts français. On y trouve notamment les jeunes du CAPFQ et les volontaires du service civique.

LES JEUNES FEMMES MAJORITAIRES Certaines constantes demeurent d’une décennie à l’autre. Les plus de 30 ans se maintiennent autour de 15 % des participants. Pour les moins de 24 ans, les plus nombreux du fait de l’effectif étudiant, la tendance diffère d’un pays à l’autre : ils représentent 60 % des participants québécois bon an mal an ; côté français, la part des 18‑24 ans diminue (63 % en 2007, 48 % en 2016) en raison de la baisse relative des étudiants et de la hausse des actifs. Les jeunes femmes sont majoritaires, de longue date côté québécois (56 % en 2001, 60 % en 2016), plus récemment en France (47 % en 2007, 52 % en 2016). Quant à la durée des projets, la moitié s’effectue en deux semaines ou moins, surtout pour des événements, des colloques, des missions professionnelles brèves. Ce qui change au fil des ans, c’est la prise en charge et les moyens de communication. La section française a modernisé les prestations fournies en 2010, avec réduction de l’accueil à l’aéroport au profit d’un « coffret mobilité Québec » qui, pendant cinq années, a été envoyé aux jeunes en partance. Elle s’est attachée à développer un accompagnement sur mesure. « Cet accompagnement guide les jeunes stagiaires dans toutes les démarches administratives à

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effectuer avant leur départ puis pendant leur stage et à la suite de cette expérience, notamment s’il y a un projet d’emploi temporaire. Pour sécuriser leur parcours, de nombreuses prestations sont offertes : billet d’avion, assurances, cofinancement et maintien des indemnités Pôle emploi ou des collectivités territoriales, pour permettre à tous d’accéder à la mobilité », explique Frédérique Bouyx, chargée de projet Emploi et Insertion professionnelle39. La constitution de délégations lors de tel ou tel événement entraîne après le maintien de l’accompagnement avec des programmes de missions sur mesure, côté français. La section québécoise a elle aussi réévalué les prestations offertes aux participants en début de décennie. L’objectif étant d’unifier son offre pour tous les composants de LOJIQ et en fonction des directives liées aux financements offerts par le Secrétariat à la jeunesse (SAJ) et le ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF). Cette réforme visait également à répondre aux orientations mises de l’avant par la Stratégie d’action jeunesse québécoise 2009‑2014. Thierry Tulasne, coordonnateur de projet à la section québécoise, qui a connu l’OFQJ en 1980 alors qu’il avait été embauché par la section française pour un contrat à durée déterminée (CDD) de six mois, constate que les projets conçus par l’OFQJ actuellement sont mieux structurés et moins improvisés — ce qu’il admet regretter un peu. « On a fait des trucs qui ne passeraient plus maintenant, se rappelle-t-il. Dans les années 1980, on a organisé le Raid pour la paix, à vélo, à travers la campagne française. On faisait un jour de vélo et un jour d’action communautaire. Je les suivais dans un camion-balai improvisé, on n’avait même pas d’outils. Organiser

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des trucs de fous, c’était plus facile. De nos jours, on tient plus compte de l’argent, de la sécurité, des aspects sociaux. On est plus prudents, et plus utilitaires aussi. Ça reflète l’époque40. »

UNE COMMUNAUTÉ OFQJ CONNECTÉE Dès 2012, un nouveau cadre de gestion numérique, à la fine pointe des besoins de la clientèle, a été implanté. Cette nouvelle interface de gestion des relations clients (CRM), baptisée Atlas par l’équipe de l’OFQJ, permet dorénavant de traiter toutes les demandes et les inscriptions en ligne en offrant aux jeunes la possibilité d’interagir avec l’équipe tout au long des processus de suivi de leur dossier. Stéphane Carrier, directeur des programmes, vante les mérites de ce virage technologique : « L’implantation d’Atlas a aussi eu des impacts positifs sur l’organisation du travail, alors que plusieurs tâches “ mécaniques ” sont désormais assumées par l’interface numérique laissant place à une mutation du personnel qui désormais s’occupe plus d’accompagnement et de développement en cohérence avec la Déclaration de services aux citoyens41. » En matière d’accompagnement et en harmonie avec l’évolution des médias sociaux, la section québécoise systématise de plus en plus la création de groupes Facebook avec certaines délégations, ce qui facilite la communication avec et entre les participants avant, pendant et après leur séjour. « Cette façon de faire contribue également à construire l’idée d’une communauté OFQJ liée et “connectée” même après l’expérience de mobilité internationale », précise Stéphane Carrier42.

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12 mars 2016 — Table ronde du CAPFQ France pour ses 20 ans à la Délégation générale du Québec à Paris avec François Decoster, pionnier du CAPFQ devenu maire de Saint-Omer et vice-président Région Hauts-de-France, Daniel Cornalba (jeunes socialistes), Armelle Dugué, directrice de la mobilité et des partenariats de l’OFQJ France, Quentin Delorme alors président du CAPFQ France. Pour le Forum mondial des femmes francophones qui s’est déroulé à Paris le 20 mars 2013, l'OFQJ a organisé une délégation d’une quarantaine de jeunes femmes du Québec, de la France et des pays francophones.

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En matière de développement, les deux branches de l’OFQJ conçoivent de plus en plus de projets élaborés par elles-mêmes, avec ou sans partenaires, qui répondent aux attentes des jeunes et aux priorités déterminées par leur conseil d’administration. Ces projets facilitent notamment l’accès à des réseaux de partenaires stratégiques en France et au Québec, une valeur ajoutée fort appréciée.

DES TANDEMS EN MISSIONS FRANCOPHONES Aujourd’hui, le terrain de jeu est aussi plus vaste. Il s’appelle l’espace francophone. Les gouvernements ont donné leur feu vert dans les années 1990, puis des expérimentations en pays tiers ont jalonné la décennie suivante. Dans les années 2010, la carte francophone est franchement jouée. En octobre 2010, LOJIQ ouvre un chalet dans le Village de la Francophonie, au 13e Sommet de la Francophonie à Montreux (Suisse), lors duquel le Québec décroche l’organisation du premier Forum mondial de la langue française en 2012. « Si ce n’est pas nous qui défendons le français, aucune autre institution ne le fera à notre place. Nous, les Québécois, sommes en première ligne de la défense et de la promotion de la langue française », insiste le premier ministre Jean Charest à la tribune, un propos très applaudi. Il prévoit que le forum « s’adressera à un public élargi favorisant l’implication et la participation des jeunes43 ». Une première convention de partenariat est signée en février 2012 par la section française de l’OFQJ et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). « Le franco-québécois c’est bien, mais ce couple leader peut faire plus de choses en francophonie, ce chantier fut ma marotte, raconte Frédéric Lefret. J’ai profité du service

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civique pour envoyer des jeunes en francophonie avec l’OFQJ, la société nationale des Acadiens, la Louisiane44… » Ce sera les fameux « tandems », avec 13 missions expérimentales en 2012 dans les Alliances françaises en Amérique latine et dans les Caraïbes, en partenariat avec le ministère des Affaires étrangères de la France. En 2014, autre exemple, une Française et une Québécoise travaillent à Rabat (Maroc) comme assistantes du projet jeunesse de l’association Quartiers du Monde. La mobilité des jeunes est la priorité de la stratégie jeunesse de la Francophonie adoptée au 15e Sommet à Dakar en 2015, où l’OFQJ a délégué 16 professionnels (8 Québécois, 4 Français, 4 Sénégalais). Ainsi, il est logique qu’un accord OIF‑OFQJ soit signé le 3 mars 2015 par le Québécois Clément Duhaime, administrateur de l’OIF, et les secrétaires généraux de l’OFQJ, Pascal Bonnetain et Alfred Pilon. « Tout ce que fait si bien l’OFQJ, nous souhaitons l’élargir à l’ensemble des jeunes de la francophonie  », affirme la secrétaire générale de l’OIF, Michaëlle Jean45. Le président Hollande lui emboîte le pas au 16 e Sommet à Antananarivo (Madagascar) en 2016, où une vingtaine de jeunes de l’espace francophone sont intégrés au sein des délégations. « Je suis prêt, déclare-t-il, à ce que l’expérience que nous avons acquise avec l’Office franco-québécois pour la jeunesse puisse être généralisée, et que nous puissions promouvoir les mobilités et les échanges NordSud des jeunes Francophones. Je soutiens pleinement le programme de volontariat de la Francophonie, en faisant que les jeunes qui font leur service civique en France puissent également le faire dans les pays francophones46. » Le même jour, la section française de l’OFQJ signe une convention-cadre sur le volontariat francophone avec l’OIF, la CONFEJES47, l’Agence universitaire de la Francophonie,

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« La dualité de l’OFQJ est une richesse, […] j’ai toujours été bluffé par la qualité des équipes de l’Office, avec des réseaux bien entretenus. »


l’Agence de service civique et le Bureau international jeunesse (BIJ). Le but est de promouvoir le volontariat francophone en mutualisant les moyens et d’inciter les membres à multiplier par 10 le nombre de volontaires d’ici à 201848. La section québécoise de l’OFQJ tient lors de ce sommet son deuxième Marché aux projets, qui attire 5 000 visiteurs et 82 porteurs de projets.

LA LIBRE CIRCULATION EN FRANCOPHONIE Outre les « tandems » en mission, l’OFQJ affiche sa présence et ses délégations lors de grands événements francophones. En 2012, lors du premier Forum mondial de la langue française, qui rassemble 1 300 personnes à Québec, la section française de l’OFQJ soutient la présence de 100 jeunes, dont 50 Français et 50 francophones pris en charge par le ministère des Affaires étrangères. La section québécoise de l’OFQJ appuie une vingtaine de jeunes de la communauté française de Belgique, un Louisianais et un Haïtien. Sur place, l’OFQJ a un kiosque qui sert de point de ralliement et de café pour les jeunes de la délégation. L’Office a également répondu à la demande du forum en mettant trois jeunes professionnels à la disposition des organisateurs. La libre circulation des francophones dans la francophonie est la « priorité » no 1 émise par les participants du Forum à la suite de quelques refus de visas par le Canada, y compris pour des membres du Parlement francophone des jeunes ! « C’est un cancer dans notre communauté francophone », s’insurge, très applaudi, le Québécois Jean-Louis Roy, ancien administrateur de la Francophonie 49. En 2015, au deuxième Forum à Liège, LOJIQ envoie 36 Québécois,

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et la section française de l’OFQJ accompagne encore une délégation de 50 Français et de 50 francophones d’une trentaine de nationalités invités par la France. Durant toute la décennie, des délégations de l’OFQJ se font remarquer à plusieurs événements francophones : 18 entrepreneurs au forum économique Africallia en 2010 à Ouagadougou ; une quarantaine de jeunes femmes d’une dizaine de pays conviées par la section française de l’OFQJ publient le livre blanc Un genre de printemps au premier Forum des femmes francophones (FFF) en 2013 à Paris50 ; une délégation franco-québécoise d’une vingtaine de femmes d’affaires réunies par la section québécoise de l’OFQJ se rend à la deuxième édition du FFF en Roumanie en 2017 ; 52 jeunes de 12 pays assistent à la Conférence internationale des jeunes francophones de l’OIF en 2016 à Paris ; de jeunes pâtissiers de Belgique, de France, du Québec et de Suisse montrent leurs talents à la Fête de la francophonie en Chine en 2017, etc.

POUR L’EAU, CONTRE LA HAINE Au-delà de la francophonie, l’Office se positionne aussi lors de grands événements internationaux. Quelques exemples : en 2011, 50 jeunes vont au Forum social mondial de Dakar ; en 2014, 32 jeunes d’Afrique, d’Europe et du Québec au Salon international de l’agriculture à Paris rédigent le livre blanc Semer l’avenir ; en 2016, 14 professionnels français et une douzaine de jeunes francophones des Amériques assistent au Forum mondial de l’économie sociale à Montréal ; en 2017, 70 jeunes participent à la simulation du Parlement européen Canada-Québec-Europe à

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2 juillet 2012 – La délégation française de jeunes entrepreneurs au Forum mondial de la langue française à Québec avec Dominique Restino, président du Moojve, Frédéric Lefret, secrétaire général de l’OFQJ France, et Armelle Dugué, directrice de la mobilité et des partenariats. 3 mars 2015 – Accord sur la mobilité des jeunes francophones entre l’administrateur de l’OIF Clément Duhaime et les secrétaires généraux de l’OFQJ Pascal Bonnetain et Alfred Pilon, devant la secrétaire générale de l’OIF Michaëlle Jean entourée des ministres Patrick Kanner (France) et Christine St-Pierre (Québec).

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Prague… « La valeur ajoutée de l’OFQJ est énorme dans ce genre d’événement auquel un jeune, seul, n’a pas nécessairement accès », souligne Michel Robitaille51. Les grands enjeux de société mobilisent les jeunes, comme lors des Conférences des parties (COP) sur le climat. À l’occasion de la COP21 qui s’est tenue à Paris en 2015, la section française de l’OFQJ lance un projet d’envergure avec sa propre délégation composée de 52 jeunes de 17 nationalités (dont 13 Québécois), La jeunesse francophone pour l’eau. Résultat : un livre blanc assorti de recommandations, intitulé Un Paris pour l’eau, est publié. L’initiative réunit aujourd’hui des centaines de jeunes. À l’époque secrétaire général français, Pascal Bonnetain se souvient : « Les ministres Ségolène Royal et Annick Girardin ont été surprises de la qualité du projet. Chaque fois, les jeunes sont force de propositions et les ministres prennent plus de temps que prévu. » Il poursuit : « L’OFQJ a la capacité de mailler les liens politiques et institutionnels et a un réseau important. On ouvre nos réseaux aux jeunes et après ils sont capables, ils sont assez grands. Le problème c’est de leur ouvrir nos réseaux. Pour la politique de l’eau, cela a été un travail extraordinaire. Il faut sensibiliser nos partenaires institutionnels et les entreprises52. » Le projet se poursuit en 2017 : des jeunes de l’OFQJ sont encore présents en septembre au présommet climat d’Agadir au Maroc et, en novembre, à la COP23 à Bonn, en Allemagne. Autre thématique actuelle : la lutte contre la radicalisation des jeunes. Le Québec accueille, en octobre 2016, 500 participants de 70 pays à la conférence de l’UNESCO « Internet et la radicalisation des jeunes, prévenir, agir et vivre ensemble ». La conférence

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Un Paris pour l’eau : 52 jeunes francophones dévoilent leurs recommandations pour l’eau dans le cadre de la COP 21. Pour dynamiser la francophonie économique, LOJIQ a accueilli, du 26 au 29 avril 2017, une délégation internationale composée de 104 jeunes entrepreneurs francophones en provenance de 20 pays.

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est ponctuée par l’Appel de Québec, lancé par le premier ministre Philippe Couillard. Parmi les initiatives, LOJIQ relaie la campagne « Non à la haine », orchestrée par le Conseil de l’Europe et officiellement lancée en présence du premier ministre et de la ministre des Relations internationales Christine St-Pierre53. Six jeunes, sélectionnés par la section française et accompagnés par la secrétaire d’État chargée de l’aide aux victimes Juliette Meadel, se joignent à une délégation internationale de 40 jeunes pour le séminaire « Non à la haine » organisé par LOJIQ et l’OIF54.

LA PLUS GRANDE DÉLÉGATION DEPUIS LES JO DE 1976 ! Cette présence dans les grands rendez-vous internationaux renforce la visibilité de l’OFQJ. Il renoue aussi avec des groupes très ciblés. Les projets spéciaux, souvent événementiels, se multiplient, notamment pour les programmes Développement professionnel et Engagement citoyen. « Qu’ils soient initiés, développés ou organisés par l’OFQJ, les projets spéciaux contribuent à nourrir des ententes et des partenariats, développer des réseaux, dynamiser un secteur d’activité, favoriser la mise en valeur de certains domaines d’expertise au Québec et en France, articuler l’action de l’OFQJ avec une priorité stratégique ou une opération multipartenaires tout en étant à l’écoute des besoins de la jeunesse », souligne le rapport de la 62e séance du CA, le 5 décembre 2016 à Québec. Cela va des Biennales internationales du spectacle de Nantes au Festival international des startups de Montréal en passant par l’opération « Chemins de mémoires » avec de jeunes photographes du cégep André-Laurendeau de Montréal et du lycée Jean-Rostand de Roubaix sur les champs de bataille de 14-1855.

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2 novembre 2016 — Un séminaire de formation « Non à la haine », organisé au Québec, dans le cadre de la Conférence QuébecUNESCO sur Internet, à propos de la radicalisation des jeunes. Avril 2018 — Une délégation de 150 professionnels et acteurs francophones du domaine du numérique rassemblée par la section française de l’OFQJ pour la Semaine numérique de Québec.

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Côté français, le plus important des projets — en nombre de participants — sera la Semaine numérique de Québec en avril 2016. La section française déplace 134 startups et PME, 21 structures d’accompagnement, 35 représentants de collectivités territoriales, 10 écoles du Web et 3 universités avec le secrétaire d’État Jean-Vincent Placé… soit plus de 280 personnes. Le journal Les Échos souligne : « Il s’agit de la plus importante délégation française jamais envoyée au Québec depuis les Jeux olympiques de 197656 ! » Le projet est né lors du festival numérique Web à Québec de 2015 où déjà 63 jeunes professionnels français avaient fait le voyage. L’OFQJ tâte le terrain dans les villes labellisées « French Tech ». Astrid Laye, chargée de projet Export et coopération professionnelle, explique : « L’idée est à la fois de faire découvrir l’écosystème numérique du Québec, de sensibiliser les Français à une culture d’affaires nord-américaine et de renforcer les coopérations ou les liens déjà existants57. » Plus de 400 candidatures affluent. Les heureux sélectionnés assistent non seulement à la sixième édition du Web à Québec, « le plus grand rassemblement numérique francophone en Amérique du Nord », mais visitent aussi des incubateurs, participent à des soirées de réseautage58… En 2017, la délégation française, avec 200 jeunes réunis et soutenus par l’OFQJ, représente 8 des 13 régions de France. Côté québécois, l’événement majeur de cette décennie est la Grande rencontre des jeunes entrepreneurs du monde francophone à Montréal en avril 2017. Ce rendez-vous de la relève entrepreneuriale qui a réuni quelque 600 entrepreneurs, dont une délégation internationale de 104 jeunes issus de 20 pays de l’espace francophone, a été constitué par la section québécoise avec le soutien de nombreux partenaires, dont la section française de l’OFQJ, l’OIF et le BIJ. Le président de la Jeune Chambre de commerce de Montréal,

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Nicolas Duvernois, coorganisateur de l’événement, se réjouit des retombées : « Ce grand rassemblement a permis non seulement de promouvoir l’entrepreneuriat et les meilleures pratiques d’ici et d’ailleurs, mais également de soutenir, d’inspirer et même de financer des jeunes afin que leurs idées innovantes deviennent des projets porteurs59. »

LES JEUNES LEADERS EN ÉMERGENCE La sélection qu’imposent ces grands événements entraîne un retour partiel à la politique des jeunes leaders, dominante dans les deux premières décennies de l’OFQJ, surtout côté français. « Les jeunes hyperdiplômés sont de très bons ambassadeurs », assure Pascal Bonnetain. Il nuance aussitôt : « Les jeunes moins bien formés peuvent se révéler à l’étranger et devenir leaders60. » « Chaque candidat doit nous fournir son curriculum vitæ et une lettre de motivation, mais celle-ci est au moins aussi importante, sinon plus », précise Michel Robitaille61. Un principe auquel souscrit également la nouvelle secrétaire générale française Marianne Beseme. Reste qu’un séjour avec l’OFQJ s’avère un bon tremplin. Après avoir fait l’École nationale de l’humour à Montréal, Érika Leclerc-Marceau découvre la France en 2010 grâce à un stage de l’OFQJ dans le cadre de l’émission Microphone francophone. « L’OFQJ a été absolument essentiel dans ma démarche », commente l’humoriste, maintenant installée en France, au Péagede-Roussillon, avec son conjoint le musicien et poète Martin

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Ferron. « J’ai pu aborder une culture humoristique différente, notamment la découverte d’une scène alternative en humour qui me plaisait et qui est presque absente au Québec62. » S’ils ne sont déjà des leaders, nombre de participants le deviennent. Des vagues d’artistes prennent le devant de la scène. « Comment se fait-il que j’ai découvert seulement à 35 ans que l’OFQJ existait ? » se demande encore la slameuse québécoise Queen Ka, qui a profité d’un stage à la Maison du Québec à Saint-Malo en 2014, l’année de ses 35 ans63. Des entrepreneurs se félicitent de l’existence d’un Office « générateur d’opportunités », le slogan des 45 ans. Les jeunes du CAPFQ sont une pépinière d’où sont sortis le ministre français Jean-Baptiste Lemoyne et le ministre québécois Pascal Bérubé, responsable de la région du Bas-Saint-Laurent et délégué au Tourisme de 2012 à 2014. Aux élections municipales françaises de 2014 ont notamment émergé les nouveaux maires de Niort, Jérôme Baloge, et de Saint-Omer, François Decoster, pionniers du CAPFQ64. En 2017, le tout jeune Pierre-Henri Dumont, ancien administrateur de l’OFQJ, est élu député du Pas-de-Calais. D’autres se préparent un bel avenir, comme Jade Boivin, la benjamine du CA de l’OFQJ depuis novembre 2016. Dix mois auparavant, cette étudiante montréalaise en politiques publiques effectue un stage au Conseil de l’Europe, dont le secteur jeunesse organise le projet « Non à la haine ». Elle promeut auprès des autorités gouvernementales l’appui à LOJIQ en matière de lutte contre les discours de haine. En effet, LOJIQ a depuis 2014 le statut de coordonnateur officiel de la campagne québécoise grâce à la force de ses réseaux, et notamment à ses liens avec le Bureau international jeunesse à Bruxelles (BIJ), un allié de premier plan en Europe.

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La voilà propulsée à 27 ans présidente du comité québécois de la campagne « Non à la haine », seule formation jeunesse officielle de la conférence Québec-UNESCO en octobre 2016. Les suites seront nombreuses pour l’étudiante qui fait maintenant son doctorat. Un mois après la conférence, le gouvernement québécois la nomme au CA de l’OFQJ, et elle figure parmi les quatre représentants du Conseil de l’Europe à la prochaine conférence de l’ONU sur la gouvernance Internet. « Un séjour professionnel, ça peut ouvrir plein de portes qui ne se seraient jamais ouvertes autrement, confie-t-elle. Pour quelqu’un qui fait des études en politiques publiques, c’est passionnant de voir comment sont formulées les politiques de coopération65. »

ÇA TRANSFORME DES VIES L’OFQJ demeure aussi attentif aux jeunes « ayant moins d’opportunités ». Cela reste une priorité. Une expérience à l’étranger peut être un fabuleux coup de pouce. Frédéric Lefret l’a constaté avec l’expérience des tandems en francophonie : « Un jeune issu de la diversité, de Vaulx-en-Velin, chez lui il n’est pas considéré ; là-bas il est vraiment reconnu66. » La mobilité des jeunes en insertion est au cœur de la nouvelle convention de partenariat, pour cinq ans, signée en juin 2017 entre l’OFQJ, l’Union nationale des missions locales françaises et le Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec. Elle officialise une expérience menée déjà depuis plusieurs années. La signature a été ponctuée d’une table ronde animée par Frédérique Bouyx, chargée de projet Insertion et formation professionnelle à la section française de l’OFQJ. Maryse Lima, de la

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mission locale du Blanc-Mesnil, en banlieue parisienne, apprécie le « réseautage » à la québécoise et la possibilité offerte à des jeunes de « leur mettre le pied à l’étrier67 ». Par exemple, Farid Aichi a passé six mois à Montréal : « J’ai tout de suite été mis à l’aise et l’expérience m’aide pour être plus performant dans les entretiens d’embauche68. » Alexandre Soulières, directeur général des CJE, l’affirme : « Ça transforme des vies. Ce que l’on fait, ce n’est pas de l’agence de voyages, mais un accompagnement pour les jeunes. On ne lâche pas69. » Marianne Beseme renchérit : « Pour les moins favorisés, on leur montre que la mobilité internationale, c’est aussi pour eux70. »

SIX AXES STRATÉGIQUES Et l’avenir ? Il est impossible de prévoir ce que sera l’OFQJ dans 10, 25 ou 50 ans, pas plus que ses fondateurs ne pouvaient pressentir ce qu’il deviendrait. Le plan stratégique 2017‑2021 a été adopté à la 62e séance du CA, le 5 décembre 2016 à Québec. Six axes, appuyés sur une vingtaine d’objectifs, sont mis de l’avant : consolider la relation bilatérale, promouvoir des secteurs prioritaires, élargir le public de l’Office, étendre le champ d’intervention à la francophonie, diversifier le financement et renforcer la gouvernance. Tout ceci, bien sûr, dans un contexte politique en perpétuelle mouvance, et en espérant que le Canada n’instaure pas de nouveaux obstacles à la mobilité, que le rapport de la 62e séance du CA de l’OFQJ souligne comme des « freins majeurs ».

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La révision du statut juridique et fiscal de la section française est évoquée. Ce qui pourrait être utile pour mettre à contribution les 25 000 membres de Générations OFQJ, un regroupement d’anciens stagiaires français créé en 2012. Marianne Beseme envisage aussi de « remettre à plat une certaine dispersion de la programmation. On fait beaucoup de choses avec beaucoup de publics très différents. C’est un atout. Certains sont accompagnés, d’autres soutenus ou subventionnés… les modes d’interventions évoluent. Il faut sans doute aller vers deux-trois procédures d’interventions, plus mutualisées, pour gagner encore en qualité71. » Alors que la section française travaille à étendre son programme de volontariat à la francophonie, la section québécoise en crée un, qui s’appellera Québec Volontaire. Ce programme vise à favoriser le volontariat international, mais aussi national et interprovincial. Le programme Québec Volontaire prévoit 55 % d’actions interrégionales à l’intérieur du Québec, 10 % dans les autres provinces canadiennes et 35 % à l’étranger — principalement en France les premières années, du fait des ententes signées. Une autre intention chère à Michel Robitaille est d’accroître la part des projets maison élaborés par l’Office. Actuellement, au Québec, 80 % des projets émanent de jeunes ou de groupes. « On veut passer de 20 % à 30 % de projets lancés par nous parce que la valeur ajoutée de ces projets est plus grande72. » Du côté de la section française de l’OFQJ, l’objectif est toujours le même. Depuis quelques années, elle s’était déjà engagée dans l’accompagnement au montage de projets. Elle cherche désormais à en faire davantage. Elle s’appuie sur le dynamisme du centre de

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ressources, dont les deux salariés sillonnent le territoire français pour promouvoir la mobilité et les programmes de l’OFQJ, et y sensibiliser les élus.

LE POTENTIEL DE L’OFQJ ET DE SES PARTENAIRES Reste, enfin, la dernière « commande » en date des premiers ministres, signée le 14 octobre 2016. Dans une « déclaration commune en matière de protection et de promotion de la langue française », Philippe Couillard et Manuel Valls lancent la réflexion en vue de « démarches conjointes » pour, d’une part, l’enseignement de la langue française en Afrique et, d’autre part, la promotion et la diffusion de la langue française en Amérique du Nord au moyen d’activités de médiation culturelle. Les premiers ministres évoquent le potentiel que représentent l’OFQJ et ses partenaires, le Réseau des villes francophones et francophiles d’Amérique, ainsi que le Centre de la francophonie des Amériques73. Concrètement, la France va envoyer des assistants de langue française et les Québécois agiront comme médiateurs culturels. « Pour le projet pilote, l’OFQJ a ciblé l’Île-du-Prince-Édouard et le Manitoba », annonce Michel Robitaille. Quant au Réseau des villes francophones et francophiles d’Amérique, qui regroupe 140 municipalités, il a déjà reçu 18 jeunes Français et Québécois pour développer des circuits touristiques patrimoniaux. L’héritage francophone suscite de l’intérêt : « On a reçu deux fois plus de demandes que de postes à pourvoir », note Michel Robitaille74.

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À l’occasion de la 20e rencontre alternée tenue le 8 mars 2018 à Paris, les premiers ministres Édouard Philippe et Philippe Couillard réaffirment la place des jeunes dans tous les secteurs de la coopération incluant désormais la coopération institutionnelle. 8 mars 2018 — L’OFQJ célébrait son demi-siècle au Quai d’Orsay sur le thème « 50 ans de rêves et d’actions ».

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Cette dernière remarque est vraie pour quasiment tous les programmes. En 2016, la section française a reçu et traité 5 514 demandes et fait partir 2 693 participants ; la section québécoise a reçu 2 681 demandes et a soutenu 1 410 participants. Après cinq décennies, qui ont vu passer 150 000 jeunes par l’OFQJ, l’enthousiasme demeure intact.

2018 SERA UN BON CRU ! L’aventure se poursuit et les perspectives sont encourageantes. Une soixantaine d’activités spéciales, tenues dans diverses régions du Québec et de la France, marquera les 50 ans de l’OFQJ. Le ministre français de l’Éducation nationale Jean-Marie Blanquer et la ministre québécoise des Relations internationales et de la Francophonie Christine St-Pierre, coprésidents de l’OFQJ, ont lancé les célébrations le 1er décembre 2017 à Paris75. Le premier grand événement est un grand concert festif à Paris, le 8 février, veille de la date anniversaire de l’OFQJ. Cette « Nuit givrée », au profit d’un projet de solidarité francoquébécois, réunira deux groupes de musiciens ayant bénéficié des programmes de l’Office, les Québécois de Valaire et les Français de Lyre Le Temps. En mars, la célébration du 50e anniversaire de l’OFQJ sera l’une des activités marquantes de la 20e rencontre des premiers ministres, qui se tiendra à Paris.

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8 février 2018 — Salle comble pour un concert organisé au New Morning à Paris avec les Québécois du groupe Valaire et les Alsaciens de Lyre le temps dans le cadre de l’une des célébrations du 50e anniversaire de l’Office.

En avril, la section française réalisera sa troisième mission d’envergure au festival Web à Québec (WAQ) avec plus d’une centaine d’entrepreneurs et de professionnels du numérique. Fin mai, on prévoit à Montréal une soirée en hommage aux bâtisseurs de l’OFQJ tandis qu’un « 6@8 des anciens » aura lieu début juin en France. En juillet et en août, la section québécoise soutiendra une programmation spéciale des Week-ends de la jeune scène québécoise à la Maison du Québec à Saint-Malo. En octobre, de jeunes Français et Québécois se joindront à des jeunes du monde francophone pour participer au 17e Sommet de la Francophonie, qui se tiendra en Arménie, alors que d’autres prendront part au 20e Congrès commun du Réseau Québec-France et de la Fédération FranceQuébec/francophonie, sous la présidence d’honneur de l’académicien Dany Laferrière. En novembre, l’astronaute québécois David Saint‑Jacques, ancien stagiaire de l’OFQJ, s’envolera dans l’espace avec le logo de l’OFQJ. Mais surtout, quelque 4 000 jeunes Français et Québécois traverseront l’Atlantique pour réaliser un rêve qui les marquera pour la vie !




L’OFFICE FRANCO‑QUÉBECOIS POUR LA JEUNESSE


LES COPRÉSIDENTS FRANÇAIS Ministres de la Jeunesse et des Sports François Missoffe 1968-1969 Joseph Comiti 1969-1972 Paul Dijoud 1972-1976 Pierre Mazeaud 1976-1978 Jean-Pierre Soisson 1978-1981 Edwige Avice 1981-1984 Alain Calmat 1984-1986 Secrétaires d’État délégués à la Jeunesse et aux Sports Christian Bergelin 1986-1988 Roger Bambuck 1988-1991 Ministres de la Jeunesse et des Sports Frédérique Bredin 1991-1993 Michèle Alliot-Marie 1993-1995 Guy Drut 1995-1997 Marie-George Buffet 1997-2002 Ministre de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche Luc Ferry 2002-2004

Ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports Najat Vallaud-Belkacem 2014 Ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports Patrick Kanner

2014-2017

Ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer 2017-

QUÉBÉCOIS Ministre délégué à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports Jean-Marie Morin 1968-1970 Ministre des Communications Jean-Paul L’Allier 1970-1976 Ministre délégué au Haut‑commissariat à la jeunesse, aux Loisirs et aux Sports Claude Charron 1976-1982 Ministre des Affaires intergouvernementales Jacques-Yvan Morin 1982-1983

Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative Jean-François Lamour 2004-2007

Ministre des Loisirs, de la Chasse et de la Pêche Guy Chevrette

1983-1984

Ministre de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative Roselyne Bachelot‑Narquin 2007-2009

Ministre des Loisirs, de la Chasse et de la Pêche Jacques Brassard

1984

Haut-commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté et à la Jeunesse Martin Hirsch 2009

Ministre des Loisirs, de la Chasse et de la Pêche Yvon Picotte

1984-1985

Ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative Luc Chatel 2010-2012

Ministre des Relations internationales Gil Rémillard 1985-1986

Ministre des Sports, de la Jeunesse, de l’Éducation populaire et de la Vie associative Valérie Fourneyron 2012-2014

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Ministre délégué aux Petites et Moyennes Entreprises André Vallerand 1986-1988 Ministre des Affaires internationales Paul Gobeil 1988-1989


Ministre des Affaires internationales et ministre responsable de la Francophonie Guy Rivard 1989-1994 Ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Francophonie Liza Frulla 1994 Vice-premier ministre, ministre des Affaires internationales, de l’Immigration et des Communautés culturelles, ministre responsable de la Francophonie Bernard Landry 1994-1996

Ministres des Relations internationales et de la Francophonie Sylvain Simard 1996-1998 Louise Beaudoin 1998-2003 Monique Gagnon-Tremblay 2003-2008 Pierre Arcand 2008-2010 Monique Gagnon-Tremblay 2010-2012 Jean-François Lisée 2012-2014 Christine St-Pierre 2015-

LES SECRÉTAIRES GÉNÉRAUX FRANÇAIS Jean-Claude Quyollet Francis Jacquemont Dominique Bussereau Anne Cublier Claude Quenault Jacques Barrat Jacques Fauconnier Emmanuelle Pérès Frédéric Lefret Pascal Bonnetain Marianne Beseme

QUÉBÉCOIS 1968-1974 1975-1978 1979-1982 1982-1988 1989-1993 1993-1997 1997-2003 2003-2007 2007-2013 2013-2017 2017-

Jean-Paul L’Allier Jean-Guy Saint-Martin Pierre Bernier André Tétrault Alexandre Stefanescu André Maltais Ginette Pellerin Michel Leduc Alfred Pilon Michel Robitaille

1968-1970 1970-1975 1975-1978 1978-1985 1985-1989 1989-1991 1991-1995 1995-2003 2004-2016 2016-

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LES ADMINISTRATEURS FRANÇAIS Brahim Abbou, Eugénie Abed-Lardennois, Remy Adisson, Bernard Angers, Brigitte Arthur, Joël Balavoine, Francis Balle, Jean-Pierre Beauchataud, Daniel Beauron, Laurent Beauvais, Marie‑Frédérique Bergeaud, Denis Bernat, Jean-Marc Berthon, Marianne Beseme, Dominique Besser, Jean-Pierre Billat, Bernard Blanc, Claude Blanchemaison, Pierre Bodineau, Bernard Bondil, Jean‑Luc Bonheme, Corinne Bord, Joëlle Bottalico, Michel Bouchareissas, Yasmine Boudjenah, Gilles Bouihaguet, Karine Brard-Guillet, Sylvain Breuzard, Jacques Brunhes, René BuccoRiboulat, Jean-Claude Carle, Alain Catta, Jean Caviale, Michel Chaloult, Thomas Chaudron, Janine Chevillard, Anne Julie Clary, Chantal Colleu-Dumond, Cyril Cosme, Marceau Crespin, Anne Cublier, Samuel de Beauvais, Serge Degallaix, Yves Delahaye, Max Delaquis, Bruno Delaye, Joël Delplanque, Hyacinthe de Montera, Xavier Deniau, Jean‑Louis Deroide, Amaury‑Daniel de Sèze, Lucien de Somer D’Assenoy, Jean-Louis Devaux, Jean‑Charles Devé, François de Vulpillières, Jacques Dhersy, Gilles d’Humières, Jean‑Marie Domenach, Geneviève Domenach‑Chich, René Dosière, Jean‑Luc Dubois, Xavier du Cauzé de Nazelle, Jean‑Benoît Dujol, Frédéric Du Laurens, Françoise Dulery, Pierre‑Henri Dumont, Jacques Dupuy, Virginie Duval, Yann Dyèvre, Serge Eluecque, Philippe Étienne, Stélio Farandis, Joseph Fischesser, Jean‑François Fitou, Pierre Gaborit, André Gadaud, Laurent Gallissot, Pierre Garrigue, Vincent Gaumer, Patrick Gautrat, Annie Gauvin, Anne Gazeau‑Secret, Francis Gelin, Steve Richard Gentili, Jean‑Patrick Gille, Claude Goasguen, Roland Goeldner, Adrien Gouteyron, Philippe Graillot, Georges Gros, Jacques Grospeillet, Stéphanie Hattenberger, Ludovic Hebrard, Jean-Pierre Heissat, Jean‑Michel Hercourt, Yves Jacques, Sébastien Jallet, Bruno Janin, Jean Knap, Simon Laborde‑Peyre, Laurent Lagonotte, Jean-Louis Langlais, Catherine Lapoix, André Lapostolle, André Larquie, Pierre Lasbordes, Pierre Le François, Raphaël Le Mehaute, Agnès Leclerc, Jacques Legendre, Gildas Lelidec, Anne‑Marie Leroy, Jacky Lesueur, André‑Jean Libourel, Alain Lombard, Sofiène Lourimi, Jean‑Claude Luc, Étienne Madranges, Jean Maheu, Raymond Malesset, Boris Marcqc, Philippe Marini, Rémi Martial, Pierrette Martin, Simone Martin, Christian Masset, Hélène Mathieu, Pierre Mehaignerie, François-Xavier Menou, Pierre Mesmer, Jean-Pierre Meullenet, Francine Meyer, Pierre Moinot, Gérard Montassier, Élisabeth Morin, Alain Mouchoux, Gérard Muller, Jean Musy, François Nicoullaud, Patrick Olivier, Jean Pachot, Benoît Paumier, Mathis Pellerin, Florentine Petit, Dominique Piot-Marin, Georges Poirier, Christian Prettre, Albert Prevos, Jean‑Pierre Raffarin, Louis Raillon, Dominique Restino, Marie Richard, Alexis Ridde, Alain Rousset, Yves Saint-Geours, Gérard Sarrazin, Elsa Schalck, Thomas Scuderi, Claude Sibert, Thierry Simon, Alain Sortais, Jean Tardif, Yves Tavernier, Pierre Théorêt, Joseph Torrent, Éric Tosatti, Michel Tosca, Gabriel Trouvet, Olivier Trusson, Orlane Valentin, Charles Vallée, GeorgesVanderschmidt, Pierre Viaux, Léo Vigneault, Olivier Villey, Daniel Vitry, Hélène Wagnier, Emmanuelle Wargon.

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QUÉBÉCOIS Jacques Alméras, Bernard Angers, Serge Arsenault, Julien Aubert, Joseph Audet, Yves Bain, Gérard Barbin, Geneviève Baril, Jean‑Louis Bazin, Louise Beaudoin, Yves Bélanger, Diane Bellemare, Johanne Bergeron, Luc Bergeron, Nathalie Bernier, Pierre Bernier, Alexandre Bessette, Yvan Blain, Francine C. Boivin, Jade Boivin, Aline Borodian, Laurent Bouchard, Nathalie Boyd, Berengère Brassars, Pierre Brodeur, Jean-Pierre Brunet, Léo Bureau‑Blouin, Pierre Caron, Clairandrée Cauchy, Maurice Champagne, Maurice Charlebois, Claude Chayer, Gaston Cholette, Roch Cholette, Marcel Cloutier, Julie Cusson, Geneviève Dallaire, Fernand Daoust, Luc Dastous, Michel Décary, Simon Décary, Niquette Delage, Jacques Demers, Bertrand Denault, Claude Descoteaux, Christian Deslauriers, Carole Diodati, France Dionne, Shalee‑Fatou Diop, Yvon Doyle, Stéphanie Doyon, Henri Dubé, François Duffar, Andrée Duguay, Jacques Dupuy, François Duranleau, Claire Dutrisac, Joseph Facal, Catherine Ferembach, Bruno Fortier, Maurice Fortin, Francine Fournier, Benoît Fradet, Guy Fregault, Gérard Frigon, Line Gagné, Diane Gagnon, André Garon, Claude Gauthier, Francis Gauthier, Martin Geoffroy, Denis Gervais, Anne Gosselin, Adélard Guillemette, Frédéric Harvey, Michel Héroux, Yvan Jacques, Suzanne Jalbert, Jacques Jolicœur, Bertrand Juneau, André Komlosy, Jean‑Claude Labelle, Mathieu Laberge, Patrice Lafleur, Pierre Lafleur, Jean‑Guy Laguë, Robert Laliberté, Gaétan Langlois, Michel Laporte, Guy Lavigueur, Michel Leclerc, Pierre Lefrançois, Jean-Marc Léger, Carole Lepage, Gilles Loiselle, Jean Martel, Jean Meloche, Clément Ménard, Pierre Ménard, Raymond Morissette, Maudeleine Myrthil, Lilly Nguyen, Jacques Noël, Joanne Paquet, Sophie Paquet, Guillaume Pelegrin, Jean Pelletier, Robert Perreault, Michel Philibert, Bastien Poulain, Pierre Raymond, Serge Rémillard, Denis Ricard, Marcel Risi, Cynthia Rivard, Florian Rompré, Jean-Claude Rondeau, Marie‑Renée Roy, Anne‑Sophie Sainte-Marie, Bruno Salvail, Marie‑Claude Sarrazin, Jacques R. Sicotte, Caroline Simard, Jean‑François Simard, Pierre‑Étienne Simard, Alexandre Soulières, Jean Tardif, André Tétrault, Brigitte Thériault, Marc-André Thivierge, Monique Thomas, Tony Tomassi, Arthur Tremblay, Stéphan Tremblay, Yvon Tremblay, Robert Trempe, Stéphanie Trudeau, Stéphanie Vallée, Karine Vallières, Denis Vaugeois, Geneviève Verreault‑Tremblay, Léo Vigneault, Jean-Claude Villiard, David Whissell, Diane Wilhelmy.

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LE COMITÉ D’HONNEUR DU 50 e Pour marquer son engagement au service des jeunes dans tous les secteurs professionnels, l’OFQJ a réuni un comité d’honneur pour parrainer son 50e anniversaire. Ces personnalités françaises et québécoises sont aujourd’hui toutes reconnues dans leur domaine d’action. Elles ont en commun d’avoir un jour bénéficié des programmes de l’OFQJ, ou encore, d’avoir travaillé au sein de l’organisation, en plus de garder un attachement particulier pour l’autre territoire. Elles seront nos grands parrains et marraines durant cette année charnière. Nous les remercions chaleureusement pour leur attachement à l’OFQJ et leur engagement. Nous espérons que nombre des jeunes actuellement en mobilité avec nous suivront leurs traces !

LES COPRÉSIDENTS Ministre de l’Éducation nationale de la République française Jean-Michel Blanquer

Ministre des Relations internationales et de la Francophonie du gouvernement du Québec Christine St-Pierre

LES MEMBRES FRANÇAIS

QUÉBÉCOIS

Présidente et co-fondatrice de DAMAE Medical Président-directeur général de Pur Vodka Lauréate du prix Jeune Entrepreneure d’Avenir Président de la Jeune Chambre Anaïs Barut de commerce de Montréal Nicolas Duvernois Président de l’Assemblée des départements de France, ancien ministre Vice-secrétaire générale de l’Organisation des Dominique Bussereau Nations unies 1998-2006 Louise Fréchette Ministre des Outre-mer Annick Girardin Écrivain et membre de l’Académie française Président d’honneur du Congrès Conteur, écrivain et humoriste Québec‑France / France-Québec Yannick Jaulin Dany Laferrière Secrétaire d’État auprès du ministre Première ministre 2012-2014 de l’Europe et des Affaires étrangères Pauline Marois Jean-Baptiste Lemoyne Fondateur et codirecteur du cirque Éloize Rédactrice en chef adjointe Jeannot Painchaud du magazine L’Express Valérie Lion Chanteur, conteur, écrivain et scénariste Fred Pellerin Ancien ministre et ancien président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Artiste visuelle et écrivaine Virginia Pésémapéo Bordeleau Jean-Jack Queyranne Cofondateur de la marque Faguo Nicolas Rohr

Adjointe parlementaire du premier ministre du Québec pour le volet jeunesse Karine Vallières Animateur, chef cuisinier et restaurateur Daniel Vézina

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LES ÉQUIPES OFQJ PARIS : Marjane Belghanem, Marianne Beseme, Frédérique Bouyx, Émilie Brisson, Sandrine David, Armelle Dugué, Claire Favillier, Raphaëlle Gillé, Aurore Guillemin, Astrid Laye, Kamel Litim, Yolande Louisy, Amaury Luthun, Monika Niel, Astride Pavot, Geoffroy Poirier‑Coutansais, Catherine Rigny, Amélie Tchadirdjian, Jonathan Thunin. OFQJ/LOJIQ MONTRÉAL : Emmanuelle Allaire, Monica Arijon, Laurie Averty, Marie Chantal Camara, Stéphane Carrier, Monique DaironVallières, Oanh Doan, Sarah Dries, Gaëlle Généreux, Diana González Galván, Eve Line Lafond, Michel Lagacé, Geneviève Lambert, Jonathan Leibel, Justin Maheu, Sylvain Marseguerra, Gabrielle Mercier-Richard, Steven-Paul Pioro, Marilyne Poliquin, Véronique Raymond, Marie Rémy-Lever, Michel Robitaille, Linda Rouillier, Charles Saliba-Couture, Hilda Sanchez Lopez, Victor Sanchez Lopez, Salimata Touré, Thierry Tulasne, Louise Turbide, Thien-Huong Vû-Dô. OFQJ/LOJIQ QUÉBEC : Fetra Andri, Guillaume Bellemare, Anne‑Catherine Biron-Lajoie, Pierre Caron, Caroline Côté, Martin Delgado, Marie-Noëlle Fortin, Geneviève Fradette, Luis Huertas, Claudia Grandmont, Jean‑Patrice Lamoureux, Catherine Paradis, Chantale Robitaille.



NOTES LES ANNÉES 1960 1.

LACOSTE, Francis. Note pour le ministère des Affaires étrangères (MAE), 2 mai 1960.

2.

Voyage du général de Gaulle au Canada. Dossier 135, B-Amérique/Canada, 19521963 pour le MAE, 18-22 avril 1960.

3.

LACOSTE, Francis. La Province du Québec sous le gouvernement de M. Lesage. Perspectives nouvelles au Canada. Chances nouvelles pour l’action économique et culturelle de la France. Dossier 135, B-Amérique/Canada, 1952-1963, no 1786 AM pour le MAE, 12 décembre 1960.

4.

POIRIER, Georges. « Inaugurée le 5 octobre 1961 », Spécial 50 ans de la Délégation générale du Québec à Paris, France-Québec mag, no 157, octobre 2001, p. 8.

5.

COURTEAUX, Olivier. « La visite du général de Gaulle au Canada en 1960 dans l’ombre de la crise algérienne », Ryerson University, Journal of the Western Society for French History, vol. 36, 2008, p. 306. et COURTEAUX, Olivier. Le Canada entre Vichy et la France libre 1940-1945, Québec, Presses de l’Université Laval, 2015.

6.

PEYREFITTE, Alain. C’était de Gaulle, vol. 3, Paris, Fayard, 2000. Considéré comme « le ministre des affaires québécoises » de 1962 à 1968 et de 1977 à 1981.

7.

France-Québec mag, no 157. Op. cit.

8.

DE GAULLE, Charles. Discours et messages, tome 3, Paris, Plon, 1970, p. 353.

9.

PEYREFITTE, Alain. C’était de Gaulle. Op. cit.


10. DE GAULLE, Charles. Mémoires d’espoir : le renouveau, 1958‑1962, Paris, Plon, 1980, p. 282. 11. PEYREFITTE, Alain. C’était de Gaulle. Op. cit. 12. PEYREFITTE, Alain. C’était de Gaulle. Op. cit. 13. Ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec, chiffres au 19 décembre 2017. http://www.mrif.gouv.qc.ca/fr/Ententeset-Engagements/Ententes-internationa les?territoireId=&secteurId=&codeStat ut=&anneeEntreeVigueurDebut=1964& anneeEntreeVigueurFin=2017&Numero =#results. 14. Entretien avec Xavier Deniau. 18 mars 1998. Alors gaulliste dans la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, il sera le fondateur de l’Association France-Québec en 1968 et écrira le Que sais‑je ? sur la francophonie en 1983. Il est décédé en 2011. 15. « Hommage. Xavier Deniau, une certaine idée du Québec », France‑Québec mag, no 155, avril 2011, p. 22-23. 16. Entrevue avec Bernard Dorin, FranceQuébec mag, no 157, octobre 2011, p. 22-23.

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17. Bernard Dorin est cofondateur de l’Association France-Québec en 1968. Cet ambassadeur de France a été une éminence grise pro-québécoise. Références prises dans : COMEAU, Paul-André, et Jean‑Pierre FOURNIER, Le Lobby du Québec à Paris, Montréal, Québec Amérique, 2002. 18. CYR, Luc, et Carl LEBLANC (réal.). « Le voyage du général de Gaulle au Québec », Prospec, (prod.), 1997. Témoignage de Jean-Paul L’Allier. 19. Entretien avec Jean-Paul L’Allier. 6 février 2001. Ministre de 1970 à 1976, il sera plus tard délégué du Québec à Bruxelles et maire de Québec de 1989 à 2005. À son décès en 2016, l’OFQJ a salué le « bâtisseur de ponts » dont « la vision ancrée dans l’action a porté de bien belles récoltes ». 20. Entretien avec André Patry. 12 juillet 2001. Premier chef du protocole du Québec en 1966, il sera l’instigateur de la création de l’Association Québec‑France en 1971. Il est décédé en 2012. Il a aussi écrit : PATRY, André. Le Québec dans le monde 1960-1980, Montréal, Leméac, 1980. 21. PEYREFITTE, Alain. De Gaulle et le Québec, Montréal, Stanké, 2000, p. 68. 22. Entrevue avec Bernard Dorin. Op. cit.


23. Entretien avec Jean-Claude Quyollet. 29 janvier 2001. Nommé préfet en 1977, il sera directeur de cabinet du ministre de la Santé en 1979 puis à nouveau préfet, notamment des régions Limousin et Haute-Normandie. Il a terminé sa carrière comme président de la société des Autoroutes du Sud de la France. Il est décédé le 21 mars 2018 à l'âge de 86 ans.

29. France-Québec mag, no 106, automne 1997. Décédé en 1997, ce proche de Bernard Dorin fut aussi l’un des fondateurs de l’Association France‑Québec et de l’association Les Amitiés Acadiennes.

24. Entretien avec Jean-Paul L’Allier. Op. cit.

32. Entretien avec Jean-Claude Quyollet. Op. cit.

25. DORVAL, André, et al. Les textes marquants des relations francoquébécoises (1961-2011), Montréal, Éditions Multimondes, 2011.

33. « L’Office franco-québécois n’a aucune visée politique », Le Devoir, 9 novembre 1968, p. 1.

26. Entretien avec Jean-Claude Quyollet. Op. cit.

34. Entretien avec Jean-Claude Quyollet. Op. cit.

27. Jean-Bernard Raimond a été ministre des Affaires étrangères de la France de 1986 à 1988 et est décédé en 2016. Michel Bruguière, historien, cofondateur de l’Association France-Québec en 1968, est décédé en 1989 à 51 ans.

35. Entretien avec François Duffar. 2 avril 2001.

28. Expression souvent reprise par des journalistes et des universitaires. Lire notamment : PORTES, Jacques. « Vingt ans après ou les métamorphoses du triangle Paris-Québec-Ottawa », Revue française d’histoire d’outremer, vol. 77, no 288, 1990, p. 93-109. On peut aussi consulter : DUGUAY, Gilles. Le triangle Québec-Ottawa-Paris, récit d’un ancien ambassadeur canadien, Québec, Septentrion, 2010.

30. Le Soleil, 5 novembre, 1968. 31. La Presse, 2 novembre 1968.

36. Entretien avec Jean-Paul L’Allier. Op. cit. 37. Entretien avec Jean-Claude Quyollet. Op. cit. 38. Entretien avec Alain Beaugier. 2 février 2001. Le Québec lui a décerné l’Ordre des francophones d’Amérique en 1999. 39. Entretien avec Jean-Paul L’Allier. Op. cit. 40. Entretien avec Jean-Claude Quyollet. Op. cit. 41. Entretien avec François Duffar. Op. cit.

291


42. Jusqu’à la 46e rencontre à Nîmes en 1999, les conseils d’administration se réunissent en « session », puis les documents officiels utilisent le terme « séance ». 43. L’Action, 15 juillet et 17 juillet 1968.

45. « Réception d’adieu des jeunes Québécois », La Nouvelle République de Tours, 30 août 1969. 46. Entretien avec Jean-Claude Quyollet. Op. cit.

44. Montréal-Matin, 3 août 1968.

LES ANNÉES 1970 1.

Lettre de Robert Bourassa à Georges Pompidou, 7 décembre 1970. AN-5 AG 2/115.

2.

Lettre de Georges Pompidou à Robert Bourassa, 8 décembre 1970. AN-5 AG 2/115.

3.

Entrevue avec Pierre-Louis Mallen, France-Québec mag, no 13, décembre 1974, p. 9-10.

4.

GISCARD D’ESTAING, Valéry. « Je me souviens du Québec d’antan », Québec Match, numéro spécial, 1989, p. 36-37.

5.

Le Devoir, 5 décembre 1974.

6.

Le Monde, 17 novembre 1976.

7.

DIMIC, Nicolas. Les relations franco‑canadiennes sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, IEP Paris, 1985, p. 31.

292

8.

BEAUX, Marcel. Rapport de fin de mission, MAE, 26 octobre 1979. Après plusieurs postes d’ambassadeur, il a été président de l’association Paris-Québec et vice-président national de FranceQuébec. Il est décédé en 2013.

9.

Entretien avec Claude Charron. 26 janvier 2001. Après sa carrière en politique, il se tourne vers le journalisme radio et télévision, et sera correspondant à Paris.

10. Entretien avec Maurice Ligot. 27 octobre 1998. 11. BEAUX, Marcel. Op. cit. 12. Entretien avec Claude Charron. Op. cit. 13. Le Nouvel Observateur, 6 novembre 1977. 14. Entretien avec Claude Charron. Op. cit.


15. Entretien avec Alain Beaugier, 2 février 2001, et entretien avec Alain Beaugier, Traces et Jalons, 1988, p. 22. 16. CHOLETTE, Gaston. L’action internationale du Québec en matière linguistique, Québec, Presses de l’Université Laval, 1997, p. 29-30, 35. 17. Entretien avec Jean-Paul L‘Allier. Op. cit. 18. Notes de Jean-Guy Saint-Martin. 3 août 2017. Il a notamment été ambassadeur du Canada au Maroc, sous-ministre au développement économique à Ottawa, consultant en gouvernance. De 2012 à 2017, il a présidé Oxfam-Québec. 19. Entretien avec Jean-Paul L‘Allier. Op. cit. 20. Entretien avec Jean-Claude Quyollet. 29 janvier 2001. 21. Entretien avec Alain Beaugier. Op. cit. 22. Pierre Bernier a ensuite été sousministre dans plusieurs ministères puis chargé de mission auprès du PDG de l’ENAP et professeur associé à l’Observatoire de l’administration publique. En 1978, il aura pour successeur André Tétrault, un ancien directeur du cégep André-Laurendeau, qui vient du cabinet du ministre Claude Charron, tandis qu’arrive, côté français, en 1979, Dominique Bussereau, issu du cabinet du ministre Jean-Pierre Soisson après avoir été président du Mouvement des jeunes giscardiens. 23. Entretien avec Daniel Camp. 28 septembre 2000.

24. Entretien avec Gaétan Saint-Antoine. 18 juillet 2017. 25. Entretien avec Jean-Claude Quyollet. Op. cit. 26. Entretien avec Jean-Claude Quyollet. Op. cit. 27. Entretien avec Louis-Bernard Robitaille. 17 mars 1998. 28. Entretien avec Louis Jolin. 20 septembre 2017. Après l’OFQJ, il fera carrière dans le tourisme, en passant par Tourbec et l’Université du Québec à Montréal. Il a dirigé la Maison des étudiants canadiens à Paris de 2013 à 2017. 29. Entretien avec André Tétrault. 24 janvier 2001. 30. Entretien avec Maurice Segall. 7 février 2001. 31. France-Québec mag, no 160, juillet 2012, p. 14. Dans les années 1990, Maurice Segall a créé l’association Passerelle francophone et est devenu l’ambassadeur de la chanson francophone nord-américaine en France avec les festivals Déferlantes. Il est décédé en 2012. 32. Entretien avec Alain Beaugier. Op. cit. 33. Entretien avec Alain et Martine Chevillard. 7 octobre 2000. 34. Entretien avec Suzie Harvey. 16 février 2001.

293


35. « Régions. Rhône-Alpes : 20 ans de coopération », France-Québec mag, no 168, juillet 2014, p. 50-51. 36. Entretien avec Madeleine Bourgeois. 26 juin 2017.

37. Bilan des échanges, les stagiaires français au Québec en 1970, p. 53. 38. Rapport, 9e session du CA de l’OFQJ, Rimouski, 15-16 juin 1973, p. 152. 39. Entretien avec André Tétrault. Op. cit.

LES ANNÉES 1980 1.

France-Québec mag, no 44, juillet 1982, p. 5-8.

7.

Entretien avec Jean-Louis Roy. 25 mai 1998.

2.

PAQUIN, Stéphane. « La relation Québec-Paris-Ottawa et la création de l’Organisation internationale de la Francophonie (1960-2005) », Guerres mondiales et conflits contemporains, no 223, 2006, Presses Universitaires de France, p. 31-47.

8.

France-Québec mag, no 176, août 2016, p. 25. Après le décès de Michel Rocard.

9.

France-Québec mag, no 78, automne 1990, p. 16.

3.

Note de Hubert Védrine au président de la République, datée du 28 juin 1983, AN-5 AG 4/11 469.

4.

MORIN, Claude. L’art de l’impossible, Montréal, Boréal, 1987, p. 443.

5.

Institut François Mitterrand, discours de Michel Charasse à Gaspé le 26 mai 2012 pour l’inauguration de l’Espace François-Mitterrand.

6.

France-Québec mag, no 66, juillet 1987, p. 14-15.

294

10. André Tétrault deviendra ensuite sousministre adjoint au ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Il sera PDG des installations olympiques de 1976 à 1999. En 2000, il est chargé du comité d’enquête sur la place des Québécois dans les équipes sportives canadiennes. 11. France-Québec mag, no 44, Op. cit. 12. France-Québec mag, no 67, octobre 1987, p. 15.


13. Médiéviste de formation, Alexandre Stefanescu devient en 1989 directeur à l’édition collégiale et universitaire aux Éditions CEC. De 1998 à 2002, il est secrétaire du Conseil supérieur de la langue française. Il publie notamment en 2005 avec Pierre Georgeault Le français au Québec, les nouveaux défis chez Fides. Il codirigera plusieurs livres sur René Lévesque à la suite de colloques : René Lévesque, mythes et réalités (VLB, 2008), René Lévesque, homme de la parole et de l’écrit (VLB, 2012), René Lévesque, les ressources naturelles et le développement économique (VLB, 2015). La France l’a nommé chevalier des Palmes académiques en 1991. 14. Entretien avec Alexandre Stefanescu. 30 avril 2001. 15. Le Journal de Montréal, 17 octobre 1988. Après la réunion du CA de l’OFQJ.

22. « Bilan des échanges », 22e session du CA de l’OFQJ, Québec, 7-8 décembre 1980, 2e cahier, p. 7-10. 23. « Propositions d’activités pour 1981 », 23e session du CA de l’OFQJ, Paris, 9-10 novembre 1981, cahier no 2, p. 21. 24. « Propositions d’activités pour 1981 », Op. cit. 25. Le Stagiaire, vol. 11, no 2, juillet 1981, p. 2. 26. Plaquette de la section française de l’OFQJ, janvier 1987. 27. La Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (DATAR), créée par le général de Gaulle en 1963, a fêté ses 50 ans le 14 février 2013. 28. Rapport, 27e session du CA de l’OFQJ, Joliette, octobre 1984, cahier no 4, p. 9.

16. France-Québec mag, no 72, mars‑avril 1989, p. 14-15. 17. Entretien avec André Tétrault. 24 janvier 2001. 18. Entretien avec Pierre Gougeon et Gaétan Saint-Antoine. 18 juillet 2017. 19. Entretien avec Pierre Gougeon, Op. cit. 20. Entretien avec Madeleine Bourgeois, Traces et Jalons, 1988, p. 42-43. 21. Entretien avec Madeleine Bourgeois. 26 juin 2017.

295


29. Proche de Jean-Pierre Chevènement dès les années 1970, Anne Cublier devient en 1988 attachée culturelle au Consulat général de France à Montréal. Après un passage à la Villa Médicis à Rome, elle rejoint en 1997 Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’Intérieur, comme conseillère technique chargée des relations avec la presse et devient administratrice de l’OFQJ. En 2002, elle participe au comité stratégique du Pôle républicain lors de la candidature présidentielle de Jean-Pierre Chevènement. En 2005, celui-ci crée la Fondation Res Publica où elle figure au conseil scientifique. Elle est membre de l’Académie de la Carpette anglaise et du Cercle des anciens et amis de l’OIF. 30. Entretien avec Anne Cublier. 27 janvier 2001. 31. France-Québec mag, no 50, octobre 1983, p. 13.

37. Entretien avec Madeleine Bourgeois. 30 janvier 2001. 38. Entretien avec Madeleine Bourgeois. Op. cit. 39. Entretien avec Alain Beaugier, Op. cit. 40. Entretien avec Pierre Bernier, Traces et Jalons, 1988, p. 20. 41. Entretien avec Anne Cublier, Op. cit. 42. Entretien avec Monique DaironVallières. 13 juillet 2017. 43. Entretien avec Claude Quenault. 14 février 2001. 44. Entretien avec André Tétrault. Op. cit. 45. Entretien avec Madeleine Bourgeois. 30 janvier 2001. 46. Entretien avec Anne Cublier, Op. cit.

32. Plaquette de la section française de l’OFQJ, Op. cit.

47. D’origine grecque, Fred est décédé le 2 avril 2013, à l’âge de 82 ans.

33. France-Québec mag, no 68, février 1988, p. 14.

48. Entretien avec Thierry Tulasne. 23 octobre 2017.

34. Entretien avec Alexandre Stefanescu, Traces et Jalons, 1988, p. 49.

49. Le Devoir, 5 juin 1984.

35. Entretien avec Anne Cublier, Traces et Jalons, 1988, p. 48. 36. Entretien avec Alain Beaugier, Traces et Jalons, 1988, p. 22-23.

296

50. Télérama, no 1797, 20 juin 1984, p. 21-23. 51. Cahier de programmation 1985, 27e session du CA de l’OFQJ, Joliette, octobre 1984, p. 4.


52. Gilles Tremblay est décédé à 85 ans le 27 juillet 2017.

55. France-Québec mag, no 70, octobre 1988, p. 21.

53. Entretien avec Maurice Segall. 7 février 2001.

56. Entretien avec Gilles Villemure. 19 février 2001.

54. France-Québec mag, no 71, décembre 1988, p. 18.

LES ANNÉES 1990 1.

France-Québec mag, no 77, juin 1990, p. 19.

7.

France-Québec mag, no 95, hiver 1994, p. 14-15.

2.

Entrevue à La Presse Canadienne, mi-juillet 1991, citée par France-Québec mag, no 82, automne 1991, p. 22.

8.

France-Québec mag, no 96, printemps 1995, p. 16.

9.

France-Québec mag, no 96, printemps 1995, p. 18-19.

3.

4.

Visite reportée « à la demande du gouvernement du Québec » selon un communiqué de Matignon du 28 août 1990. France-Québec mag, no 78, automne 1990, p. 16. Un projet d’agrandissement d’un golf sur des terres revendiquées par les Mohawks à Oka, dans le sud-ouest du Québec, provoque à l’été de 1990 une crise, avec barricades, qui va durer 78 jours. Un policier est tué et 3 000 soldats déployés.

5.

France-Québec mag, no 82, Op. cit.

6.

France-Québec mag, no 83, hiver 1991, p. 19.

10. Relevé de décisions du 11 juin 1996, publié par France-Québec mag, no 101, été 1996, p. 28-29. 11. France-Québec mag, no 114, automne 1999, p. 36-38. 12. Entretien avec André Maltais. 26 janvier 2001. 13. Le Soleil, 16 mars 1991.

297


14. En 1991, André Maltais est nommé sous-ministre aux Affaires autochtones. Il deviendra plus tard négociateur fédéral en chef pour des dossiers autochtones et secrétaire des Affaires autochtones pour le Québec de 2005 à 2012. Il publiera en 2013 Le Réveil de l’aigle : les peuples autochtones, des sociétés en mutations (Éd. Pierre Tisseyre). Il est président d’honneur du Festival du conte et de la légende de l’Innucadie. 15. Compte rendu de la rencontre des 24 et 25 janvier 1992 à Lyon des relais régionaux OFQJ. 16. Le Devoir, 25 février 1992. 17. Claude Quenault sera ensuite directeur de la nouvelle Confédération des MJC de France. En 1998, il est chargé de mission à la Villette et orchestre la venue de jeunes pour le 50e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. 18. Propos recueillis par Le Figaro, 14 décembre 1993. 19. Entretien avec Thierry Tulasne. 23 octobre 2017. 20. Cette même Liza Frulla, devenue 10 ans plus tard ministre fédérale du Patrimoine canadien, défendra bec et ongles la Convention de l’UNESCO sur la diversité culturelle, soutenue par la France et le Québec.

298

21. Entretien avec Ginette Pellerin. 25 mai 2001. 22. Communiqué publié par l’AFP, 15 novembre 1995. 23. Entrevue avec Jacques Barrat, FranceQuébec mag, no 105, été 1997, p. 46-47. 24. Le Point, no 1275, 22 février 1997. 25. Jacques Barrat sera ensuite conseiller culturel à l’ambassade de France en Roumanie, directeur de l’Institut français de Bucarest (1999-2001), président de l’Alliance des enseignants et chercheurs francophones, membre de l’Académie des sciences d’Outre-Mer à partir de 2004 et conseiller scientifique pour la fondation Del Duca (2005-2007). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la géopolitique de la francophonie (1995), de la Roumanie (2003), du Burkina Faso (2008), de la Côte d’Ivoire (2009) et du Liban (2013). Il est décédé le 6 août 2013. 26. Entrevue avec Jacques Fauconnier, France-Québec mag, no 107, hiver 1997, p. 32-33. 27. GASTINE, Alice, et Claude QUENAULT. Parler en public, c’est facile, AlbinMichel, Paris, 2016. 28. Entrevue avec Jacques Barrat. La Gazette de l’UJPLF, no 68, janvier‑février 1995, p. 7. 29. Entretien avec Michel Leduc. 28 février 2001.


30. Entretien avec Michel Leduc. Op. cit. 31. Le Devoir, 25 février 1992. 32. Entretien avec Michel Leduc. Op. cit. 33. France-Québec mag, no 109, été 1998, p. 34. 34. Entretien avec Ginette Pellerin. Op. cit. 35. France-Québec mag, no 101, été 1996, p. 32. 36. Entretien avec Michel Leduc. Op. cit. 37. En France, le CAP est le certificat d’aptitude professionnelle et le BTS, le diplôme de brevet de technicien supérieur (BTS). Au Québec, le DEP ou diplôme d’études professionnelles (DEP) est obtenu au cégep. 38. Entrevue avec Alain Beaugier. FranceQuébec mag, no 101, été 1996, p. 33. 39. Entretien avec Madeleine Bourgeois. 26 juin 2017. 40. Relevé de décisions. Op. cit. 41. Entrevue avec Jacques Barrat. Op. cit. 42. France-Québec mag, no 103, hiver 1996, p. 34. 43. « Les 30 ans de l’OFQJ », France-Québec mag, no 108, printemps 1998, p. 72-73. 44. LEDUC, Michel. « Les 30 ans de l’OFQJ », La Presse, 20 février 1998.

45. Entrevue avec Jacques Fauconnier. Op. cit. 46. Entrevue avec Jacques Fauconnier. Op. cit. 47. Document « Perspectives 2000 », 46e session du CA de l’OFQJ, Nîmes, 5 novembre 1999, p. 3. 48. Entretien avec Catherine Hocquinghen. 3 novembre 2017. 49. Entretien avec Gaétan Saint-Antoine. 18 juillet 2017. 50. LEDUC, Michel. Op. cit. 51. Entretien avec Pierre Gougeon. 18 juillet 2017. 52. Témoignage de Léa Kichelewski, 29 septembre 2017. 53. Bilan de mandat de Jacques Fauconnier, 28 septembre 2001, p. 9. 54. Relevé de décisions du 30 septembre 1997, publié par France-Québec mag, no 106, automne 1997, p. 28-29. 55. France-Québec mag, no 113, été 1999, p. 35. 56. France-Québec mag, no 100, printemps 1996, p. 42. 57. France-Québec mag, no 111, hiver 1998, p. 34-35. 58. Trentième anniversaire de l’OFQJ, document audiovisuel, 1998.

299


59. Entretien avec Monique DaironVallières. 13 juillet 2017.

67. France-Québec mag, no 110, automne 1998, p. 36.

60. POCHE, François, et Louis CARON. Montréal, un parfum d’îles, Stanké, 1994.

68. France-Québec mag, no 95, hiver 1994, p. 17.

61. France-Québec mag, no 115, hiver 1999, p. 20.

69. France-Québec mag, no 108, printemps 1998, p. 60.

62. France-Québec mag, no 122, hiver 2001, p. 27.

70. Entretien avec André Maltais. Op. cit.

63. Entretien avec Madeleine Bourgeois. 30 janvier 2001. 64. Entretien avec Anne Ardouin. 25 février 2001. 65. France-Québec mag, no 106, automne 1997, p. 34-35. 66. France-Québec mag, no 114, automne 1999, p. 46.

71. Entretien avec Claude Quenault. 14 février 2001. 72. Entretien avec Thierry Tulasne. Op. cit. 73. Entretien avec Madeleine Bourgeois. Op. cit. 74. France-Québec mag, no 99, hiver 1995, p. 22. 75. Entretien avec Michel Leduc. Op. cit.

LES ANNÉES 2000 1.

France-Québec mag, no 115, hiver 1999, p. 10-13, et no 116, printemps 2000, p. 12.

4.

Reportage télévisé, TVA Nouvelles, 30 octobre 2001, et France-Québec mag, no 121, automne 2001, p. 40-43.

2.

France-Québec mag, no 116, printemps 2000, p. 42-43.

5.

France-Québec mag, no 122, hiver 2001‑2002, p. 44.

3.

France-Québec mag, no 116, printemps 2000, p. 44-51.

6.

France-Québec mag, no 128, été 2003, p. 40-43.

7.

« Réformes : Quand Raffarin copie le Québec », Le Point, 13 mai 2004.

300


8.

France-Québec mag, no 131, printemps 2004, p. 40-46.

16. Communiqué du ministère des Relations internationales du Québec, 5 mai 2006.

9.

France-Québec mag, no 133, automne 2004, p. 38.

17. France-Québec mag, no 138, été 2006, p. 31.

10. Le Devoir, 3 janvier 2004. 11. France-Québec mag, no 130, hiver 2003‑2004, p. 40-41. 12. France-Québec mag, no 130, hiver 2003‑2004, p. 7. Cinq semaines avant la rencontre Chirac-Chrétien, l’Assemblée nationale du Québec unanime a rappelé, le 30 octobre 2003, que « le Québec est une nation », terme récusé la veille par les députés canadiens. 13. France-Québec mag, no 123, printemps 2002, p. 7. Et le 17 avril 2002, même unanimité des députés québécois pour réaffirmer que le « rapatriement » de la Constitution canadienne, 20 ans auparavant, demeure « toujours inacceptable au Québec ». 14. France-Québec mag, no 130, hiver 2003, p. 42-46. Les 4 et 5 décembre 2003 avec plus de 200 personnes dont 60 Québécois. 15. Adoptée le 20 octobre 2005 à la quasiunanimité moins deux voix (États‑Unis et Israël), la convention est entrée en vigueur le 18 mars 2007 après ratification par une quarantaine d’États. Le Canada et les pays européens ont été les premiers.

18. France-Québec mag, no 141, mai 2007, p. 31. 19. La Presse, 5 juin 2007. 20. France-Québec mag, no 142, été 2007, p. 27. 21. Document « Perspectives 2000 », 46e session du CA de l’OFQJ, Nîmes, 5 novembre 1999, p. 21. 22. Discours de François Fillon, France‑Québec mag, no 144, été 2008. 23. Spécial sur les 400 ans de Québec, France-Québec mag, no 144, été 2008, p. 52-53. 24. Le Soleil, 17 octobre 2008. 25. « Sarkozy choisit l’unité canadienne », Le Devoir, 18 octobre 2008. 26. « Un plaidoyer pour un Canada uni », La Presse, 18 octobre 2008. 27. Le Monde, 24 octobre 2008. 28. France-Québec mag, no 146, décembre 2008, p. 12-17. 29. « Jean Charest a conquis l’Europe », L’actualité, 5 octobre 2009.

301


30. « Vive Nicolas Sarkozy », The National Post ; « Une bouffée d’air frais », The Globe and Mail ; « Encore Sarkozy » Le Devoir ; « La gifle de Sarkozy », L’Actualité ; « Insulte présidentielle », Le Soleil ; « Le mot sectarisme est trop fort », La Presse. 31. « Le poids des mots », France-Québec mag, no 147, mars 2009, p. 20-21. 32. France-Québec mag, no 115, hiver 1999, p. 58-59.

37. Entretien avec Emmanuelle Pérès. 22 juin 2017. 38. Catherine Hocquinghen, après l’OFQJ, devient ingénieure organisation à La Salpêtrière puis responsable méthodes et organisation à la Ville de Choisy-leRoi. Depuis 2014, elle est ingénieure en organisation du travail auprès de la direction générale de l’Université Pierreet-Marie-Curie à Paris. 39. Entretien avec Alfred Pilon. 8 juin 2017.

33. Entretien avec Catherine Hocquinghen. 3 novembre 2017.

40. Entretien avec Emmanuelle Pérès. Op. cit.

34. Québec-France, portrait d’une relation en mouvement, Ministère des Relations internationales du Québec, 2e trimestre 2002, p. 20.

41. Entretien avec Emmanuelle Pérès. Op. cit.

35. Après son passage à l’OFQJ, Jacques Fauconnier est retourné au CNRS jusqu’à sa retraite en 2006. Il est décédé brutalement en 2012. 36. Après ses neuf ans à la tête de l’OFQJ, Michel Leduc est redevenu bénévole et militant. Il a présidé le Parti québécois de la région de Laval pendant dix ans ainsi qu’une jeune compagnie de danse contemporaine. En 2005, la France l’a décoré de l’Ordre des Palmes académiques et il est vice-président de la section québécoise des membres de l’Ordre. En 1997, il avait reçu l’Ordre du mérite de la République française. Il se prépare à publier en 2018 un livre sur René Lévesque, Un homme et son parti, chroniques d’un militant.

302

42. Lettre de départ d’Emmanuelle Pérès du 28 février 2007 qui annonce qu’elle rejoint le Centre des jeunes dirigeants d’entreprise (CJD) comme secrétaire générale, le 1er mars. Elle sera ensuite conseillère jeunesse et vie associative au cabinet du ministre Luc Chatel. Depuis 2011, elle est déléguée générale de la Fédération de la formation professionnelle. 43. Entretien avec Emmanuelle Pérès. Op. cit. 44. Entretien avec Frédéric Lefret. 24 juin 2017. 45. France-Québec mag, no 127, printemps 2003, p. 39.


46. Entretiens avec Armelle Dugué. 6 juin 2017 et 17 octobre 2017. 47. Portrait de la relation bilatérale QuébecFrance, Ministère des Relations internationales du Québec, 2008. 48. Entretiens avec Armelle Dugué. Op. cit. 49. France-Québec mag, no 133, octobrenovembre-décembre 2004, p. 39. 50. Entretien avec Emmanuelle Pérès. Op. cit.

61. France-Québec mag, no 115, Op. cit. 62. France-Québec mag, no 117, été 2000, p. 46-47. 63. Entretien avec Jacques Fauconnier. 29 septembre 2000. 64. Entretien avec Alfred Pilon. Op. cit. 65. France-Québec mag, no 141, mars‑avril‑mai 2007, p. 29. 66. Entretien avec Armelle Dugué. Op. cit.

51. Entretien avec Alfred Pilon. Op. cit.

67. Entretien avec Alfred Pilon. Op. cit.

52. France-Québec mag, no 133. Op. cit.

68. Entretien avec Alfred Pilon. Op. cit.

53. Entretien avec Alfred Pilon. Op. cit.

69. Lettre d’information de l’OFQJ no 38, 10 mars 2008.

54. France-Québec mag, no 131. Op. cit. 55. Lettre d’information de l’OFQJ no 6, décembre 2004-janvier 2005. 56. France-Québec mag, no 134, mars 2005, p. 36-37. 57. Le rapport 2001 de l’OFQJ évoque « la mise sur pied d’un comité de pilotage sur l’entrepreneuriat jeunesse ».

70. Erasmus : programme d’échanges d’étudiants et d’enseignants dans l’espace européen. 71. Entretien avec Armelle Dugué. Op. cit. 72. Entretien avec Alfred Pilon. Op. cit. 73. Entretien avec Alfred Pilon. Op. cit. 74. Entretien avec Alfred Pilon. Op. cit.

58. France-Québec mag, no 121, automne 2001, p. 38.

75. « Spécial jeunes », France-Québec mag, no 143, automne 2007, p. 33.

59. Entretien avec Emmanuelle Pérès. Op. cit.

76. France-Québec mag, no 147, mars 2009, cahier spécial de 16 pages sur la 62e session de la Commission permanente de coopération franco-québécoise.

60. Entretien avec Michel Leduc. 15 juin 2017.

303


77. « L’OFQJ, accélérateur de carrières », L’Express, 5 juin 2008.

80. Entretien avec Emmanuelle Pérès. Op. cit.

78. Rapport annuel 2006 de l’OFQJ, p. 18.

81. Entretien avec Emmanuelle Pérès. Op. cit.

79. Le Figaro Madame, 1er décembre 2011.

LES ANNÉES 2010 1.

La Presse, 27 juin 2010.

2.

France-Québec mag, no 154, janvier 2011, p. 20-23.

3.

DE CONTENCIN, Bertile. « L’Office franco-québécois pour la jeunesse : un pont essentiel », L’Outarde libérée, 20 mars 2013.

4.

Moovjee : Mouvement pour les jeunes et les étudiants entrepreneurs, fondé en 2009 par Dominique Restino, élu à la Chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP), après avoir découvert au Québec le mentorat pour entrepreneurs. Il a été élu président de la CCIP en novembre s2016.

9.

France-Québec mag, no 162, janvier 2013, p. 22-23.

10. France-Québec mag, no 170, février 2015, p. 22-25. 11. Entente entre le gouvernement de la République française et le gouvernement du Québec en matière de mobilité étudiante au niveau universitaire. 6 mars 2015. 12. « 19e Rencontre alternée des premiers ministres du Québec et de la République française ». 14 octobre 2016. Consulté à : www.mrif.gouv.qc.ca/content/ documents/fr/ententes/2016-A04.pdf

5.

DE CONTENCIN, Bertile. Op. cit.

13. Entretien avec Michel Robitaille. 23 octobre 2017.

6.

France-Québec mag, no 163, avril 2013, p. 22-25.

14. France-Québec mag, no 134, mars 2005, p. 36-37

7.

Relevé de décisions, rencontre alternée des premiers ministres du Québec et de la République française,

15. France-Québec mag, no 141, mai 2007, p. 28-29.

8.

France-Québec mag, n 163. Op. cit.

304

o

16. France-Québec mag, no 171, mai 2015 p. 26-27.


17. Annick Girardin devient députée de l’archipel et, depuis 2014, ministre (Francophonie, Fonction publique, Outre-mer). Son mouvement local s’appelle… Cap sur l’avenir.

28. Entretien avec Pascal Bonnetain. Op. cit.

18. France-Québec mag, no 172, juillet 2015, p. 26.

30. Entretiens avec Alfred Pilon. 8 juin 2017 et 20 octobre 2017. Alfred Pilon a été nommé le 6 juillet 2016 sous-ministre adjoint au ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion.

19. France-Québec mag, no 180, août 2017, p. 23. 20. Plan stratégique, 18 décembre 2009. 21. Entretien avec Frédéric Lefret. 24 juin 2017. 22. Consulté à www.aki-mobility.org 23. Entretien avec Marianne Beseme. 23 octobre 2017. 24. France-Québec mag, no 163, avril 2013, p. 32. 25. Entretien avec Frédéric Lefret. Op. cit. Frédéric Lefret deviendra ensuite directeur du cabinet parlementaire du député des Français d’Amérique du Nord, Frédéric Lefebvre, jusqu’en 2017. Il dirige une société de formation aux métiers de la beauté et du bien-être. 26. Entretien avec Pascal Bonnetain. 4 septembre 2017. 27. Pascal Bonnetain a été nommé en avril 2017 directeur du CREPS de BourgogneDijon. Il demeure président du syndicat mixte Ardèche Claire.

29. Entretien avec Marianne Beseme. Op. cit.

31. Entretiens avec Michel Robitaille. 15 juin 2017 et 23 octobre 2017. 32. Entretiens avec Michel Robitaille. Op. cit. 33. Communiqué de LOJIQ. 9 novembre 2017. 34. Le Devoir, 31 mars 2015, p. 1. 35. France-Québec mag, no 171, mai 2015, p. 22-23. 36. Le terme baccalauréat n’a pas le même sens en France et au Québec. En France, bac + 2 équivaut à deux ans d’études supérieures après le lycée. Le baccalauréat français est obtenu à la fin du lycée, alors qu’au Québec, le baccalauréat ou bac est l’aboutissement de trois ans d’études universitaires. 37. Entretiens avec Armelle Dugué. 17 octobre 2017 et 8 novembre 2017. 38. Entretiens avec Armelle Dugué. Op. cit. 39. Entretiens avec Michel Robitaille. Op. cit.

305


40. Entretien OFQJ avec Frédérique Bouyx. 22 janvier 2018.

54. France-Québec mag, no 177, novembre 2016, p. 8.

41. Entretien avec Thierry Tulasne. 23 octobre 2017.

55. Communiqué de l’OFQJ. 7 novembre 2016.

42. Entretien OFQJ avec Stéphane Carrier. 22 janvier 2018.

56. France-Québec mag, no 177, novembre 2016, p. 32.

43. Entretien avec Stéphane Carrier. Op. cit.

57. DAUVERGNE, Géraldine. « French Tech : 300 Français à la Semaine numérique de Québec », Les Échos, 6 avril 2016

44. France-Québec mag, no 154, janvier 2011, p. 28-31. 45. Entretien avec Frédéric Lefret. Op. cit.

58. France-Québec mag, no 175, mai 2016, p. 26-27.

46. France-Québec mag, no 171, mai 2015, p. 35.

59. Les Échos. Op. cit.

47. Communiqué « L’OFQJ au XVIe Sommet de la Francophonie à Antananarivo : ce qu’il faut retenir », publié sur le site OFQJ.org, le 30 novembre 2016. 48. Conférence des ministres de la Jeunesse et des Sports de la Francophonie, créée en 1969. 49. Communiqué de l’OFQJ. 30 novembre 2016. 50. France-Québec mag, no 161, octobre 2012, p. 30-37 51. France-Québec mag, no 163, avril 2013, p. 33. 52. Entretiens avec Michel Robitaille. Op. cit. 53. Entretien avec Pascal Bonnetain. Op. cit.

306

60. Entretien OFQJ avec Nicolas Duvernois. 22 janvier 2018. 61. Entretien avec Pascal Bonnetain. Op. cit. 62. Entretiens avec Michel Robitaille. Op. cit. 63. Entretien avec Erika Leclerc-Marceau. 28 mai 2017. 64. Entretien avec Monique DaironVallières. 13 juillet 2017. 65. « Les 20 ans du CAPFQ », France-Québec mag, no 175, mai 2016, p. 28-29. 66. Entretien avec Jade Boivin. 30 octobre 2017. 67. Entretien avec Frédéric Lefret. Op. cit.


68. France-Québec mag, no 180, août 2017, p. 32. 69. France-Québec mag, no 180. Op. cit. 70. France-Québec mag, no 180. Op. cit. 71. Entretien avec Marianne Beseme. Op. cit. 72. Entretien avec Marianne Beseme. Op. cit. 73. Entretiens avec Michel Robitaille. Op. cit. 74. « Déclaration commune entre le premier ministre du Québec, M. Philippe Couillard, et le premier ministre de la République française, M. Manuel Valls, en matière de protection et de promotion de la langue française ». 14 octobre 2016. Consulté à : www.mrif.gouv.qc.ca/content/ documents/fr/ententes/2016-A05.pdf 75. Entretiens avec Michel Robitaille. Op. cit. 76. France-Québec mag, no 181, décembre 2017, p. 24-25.



CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES Archives OFQJ — 14 bas gauche, 24, 28 © Gabrielle Hémon, 35, 40, 45, 50 haut, 58 bas, 61, 96 bas, 102, 103, 103 haut, 107 bas, 160, 177, 187, 190, 193 haut, 211 bas © Louise Leblanc ; 213 bas © Michel Lagacé, 218, 230, 239, 249 bas, 255 bas, 258 bas © Michel Lagacé, 264 haut, 266, 268 haut. Archives de la Ville de Montréal — 14 bas droite, 21. Archives nationales du Québec — 8, 17 haut, 19 © Jules Rochon, 208 bas © Christian Chevalier/ Fonds Assemblée nationale. CAPFQ — 169 bas, 258 haut. Fonds Délégation générale du Québec à Paris — 10 bas à gauche, 14 haut. Kéroul — 132 gauche © J. A. Perrault, 132 droite. Ministère des Relations internationales et de la Francophonie — 45 bas, 81 bas. Georges Poirier — 107 haut, 118, 140 gauche, 166 bas, 169 haut, 201 haut, 213 haut, 240, 242 bas, 249 haut, 258 haut. Jean-Michel Sicot — 148 gauche, 276 bas, 278. Gracieuseté des participants — 112, 114, 116, 120, 122, 124, 126, 128, 130 droite, 134, 136, 138, 140 droite, 142, 144, 146, 148, 150, 154, 156, 158. Autres sources — 17 bas © Christian Desjardins/CCNQ ; 74 © Francofolies de La Rochelle ; 81 haut © Fonds France-Québec ; 96 haut © Laurent Boursier ; 108 © Jean-Bernard Porée ; 130 gauche © Lison Lescarbeau ; 152 gauche © Étienne Dufresne ; 152 droite © Jean-Philippe Sansfaçon ; 166 haut © Bertrand Sylvain/DGQP ; 193 bas © Jean Goupil ; 196 © Hubert Fielden ; 201 bas © Patrick Lazic ; 208 haut © GRÜV’N BRASS/Darri ; 211 haut © L’Est républicain ; 234 © Mémo - Fragments de mémoire ; 255 haut © Fondation de l’Entrepreneurship ; 264 bas © OIF ; 268 © WAQ ; 276 haut © Assemblée nationale du Québec/ Patrick Lachance. Photo de la couverture — © André-Olivier Lyra — 13 avril 2018 — Le Parcours numérique francophone est une initiative qui vise à renforcer la coopération numérique pour la jeunesse dans l’espace francophone en favorisant la mobilité des jeunes acteurs du numérique afin qu’ils puissent participer aux événements internationaux sur l’innovation numérique et les nouvelles technologies. Photos des auteurs — Jean-Benoît Nadeau © Julia Marois ; Georges Poirier © Georges Poirier. Citation — « Il existe en chaque Québécois une émotion française. Il y a en chaque Français un rêve québécois. » de François Fillon.



TABLE DES MATIÈRES AVANT-PROPOS 5 LES ANNÉES 1960

9

LES ANNÉES 1970

41

LES ANNÉES 1980

75

1968 - 2016 LES PORTRAITS

111

LES ANNÉES 1990

161

LES ANNÉES 2000

197

LES ANNÉES 2010

235

L’OFFICE FRANCO‑QUÉBECOIS POUR LA JEUNESSE

281

COMITÉ DU 50e

286

NOTES

289

CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES

309


Achevé d’imprimer en mai 2018 sur les presses de Marquis imprimeur. Les typographies utilisées pour composer ce texte sont Roboto et Crimson Text.



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