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Wolkenwerk Zürich
La tour et son rapport à la ville
Zürich
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Zürich
300’000
150’000
2020 1850 1930
Evolution de la population à Zürich (source: Wikipédia)
90 ans
60 ans
450’000 30 ans
Pyramide des âges à Zürich 2020 (source: Wikipédia)
Wolkenwerk Zürich
Contextualisation
On peut dire que la ville de Zürich a connu la croissance démographique la plus forte de toute la Suisse. Avec environ 40’000 habitants au début des années 1850, la ville croît fortement et s’étale d’autant plus avec la ville de Winterthour très proche. La ville atteint un niveau historique en 1960 avec 440’000 habitants. Nombre d’habitants qui n’est toujours pas atteint aujourd’hui avec un exode rural important dès les années 1960-1970. On compte aujourd’hui, environ 433’733 habitants dans la ville de Zürich.
On reconnaît que cette forte croissance a lourdement impacté la production architecturale de la ville avec la construction de nombreux ensembles de logements entres les années 50 et 80. Des ensembles parfois composés par des tour comme celles de Hardau en 1978. Avec la production de ces ensembles, cette partie de la suisse alémanique s’est inconsciemment dotée d’une grande culture de la construction et de la réalisation de projets d’architectures comme les tours. Ils constituent alors des atouts et s’implantent très tôt dans la culture des habitants du canton et plus largement de la Suisse alémanique.
Comme toutes les grandes villes Suisses, Zürich attire les jeunesses et une part de la population plutôt jeune. Avec des institutions comme l’ETHZ (Eidgenössische Technische Hochschule Zürich) ou l’université de Zürich, la ville forme et représente une capitale économique et universitaire très importante.
Zürich est une ville très cosmopolite, on compte environ 30% d’étrangers, pourcentage élevé mais toujours très loin son homologue romande Genève (41%).
La tour et son rapport à la ville
Données
Date de construction
Lieu de construction Architecte Hauteur Densité
2017-2020 Zürich, Suisse von Ballmoos Partner Architekten, Staufer & Hasler Architekten 53-71 mètres, 17-22 étages Elevée
Von Ballmoos Partner Architekten et Staufer & Hasler Architekten construisent un ensemble dans une ville où ils sont déjà beaucoup intervenus. Ils élaborent à l’aide d’un PLQ (plan de quartier) un quartier périphérique au nord de Zürich dans lequel il est décidé de planifier le développement autour d’un «couloir vert» composé notamment par le Andreas Park. Il en ressort très rapidement que dans le quartier de Leutschenbach, «on peut développer des constructions denses et hautes»1
La vocation même du nouveau quartier est celle de créer un nouvel espace public qui est un «lieu auquel les habitants de la ville peuvent s’identifier et se sentir connectés»2. En ce sens l’addition de cette proposition avec celle de l’implantation de tours est un paralèlle parfait entre le besoin de densification d’une région périphérique de Zürich et une région comme la périphérie de Genève. Cette stratégie semble pouvoir s’appliquer aux quartiers en développement à Genève comme le quartier du PAV avec des nouveaux centres composés par des îlots d’urbanité.
1Hochhäuser Wenn Türme im Team spielen 2Hochhäuser Wenn Türme im Team spielen
La tour et son rapport à la ville
Vision territoriale
Le site a besoin de se développer dans un contexte urbain dont la densité apparente se doit d’être modérée. Ainsi, le contexte spatial et paysager de l’espace public est primordial.
La réponse que donnent alors les bureaux von Ballmoos Partner Architekten et von Staufer & Hasler est un ensemble de quatre tours disposées sur des grands socles. Trois de ces tours sont destinées au logement tandis que la dernière (la plus au sud de l’ensemble) est destinée aux bureaux.
«Si vous vous promenez dans le quartier, les tours sont des protagonistes à certains endroits, juste un indice à d’autres, elles n’apparaissent jamais comme des monuments mais sont toujours intégrées dans l’ensemble»1
En résulte alors, dès les premiers étages de tour un nouvel espace public se dessinant dans la ville. Plus libre et moins dense grâce à la différence de hauteur des tours, il donne un second souffle au quartier et un caractère figuratif qui lui permet à l’échelle de la ville de se forger une identité sortant de l’ordinaire.
A l’échelle de l’ensemble, les quatres tours dialoguent entre elles. Elles n’ont pas la même orientation. En effet, les quatre rectangles pivotent selon leur position et leur rapport au socle. La répétition des émergences ne crée pas de sérialité mais un tout dans lequel chaque élément possède une relation unique face au paysage et à ses voisins.
Skyline d’un quartier de la ville de Zürich Ensemble Wolkenwerk au centre
1Werk, bauen+wohnen, Hochhäuser 12-2021
La tour et son rapport à la ville

Wolkenwerk Zürich
La tour et son rapport à la ville

Figure 31_Plan du rez-de-chaussée sans échelle

Wolkenwerk Zürich
Socle et rapport direct à la ville
Le projet de Wolkenwerk prend à cœur de connecter ses tours à l’espace public direct. Les socles des différents bâtiments correspondent au caractère du quartier de Leutschenbach comme une zone en développement dans laquelle les besoins sont la mixité des usages.
Pour cette raison, les socles adoptent un rapport direct et font front aux rues. Il sont investis par une multitude d’acteurs différents: ateliers, studios, magasins, restaurants, commerces...
De cette manière les espaces du rez-de-chaussée sont complètement utilisés par les acteurs du quartier et les habitants de l’ensemble.
Les socles sont aussi composés de grands halls libérés de toute structure linéaire permettant de créer des grands espaces utiles intérieurs. Ces halls de grande hauteur communiquent directement avec l’espace public extérieur grâce à leurs dimensions importantes et leurs rapports d’échelles. C’est l’usine de ferrures Nyffenegger qui loge dans ces grands halls et qui joue un rôle central dans la mise en valeur des activités du lieu. Avec entrepôts, usines de fraisage et de percement de bronze et de laiton, l’entreprise avait tenu à garder un rôle prépondérant dans l’activité du lieu (lieu dans lequel elle était déjà présente avant les nouveaux projets de construction).
La matérialité des socles joue un rôle important dans le rapport de l’ensemble au quartier et au sol. Réalisé avec des passages qui mènent aux centres des îlots, les façades de ces premiers niveaux sont réalisées avec un remplissage de briques de clinker situé entre les ossatures porteuses visibles en béton. Ainsi, le projet s’installe dans l’histoire du lieu et fait référence aux bâtiments commerciaux existants dans les années 1940.
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Figure 32_Plan de l’étage type sans échelle

Wolkenwerk Zürich
Programme et typologie
La grande mixité du programme développée et pensée en même temps que l’élaboration des typologies du projet a permis au rezde-chaussée d’être un tout vivant et fortement lié à la ville. Il est du même coup fortement lié aux quatre émergences dans lesquelles on retrouve le programme de logements pour les trois tours plus au nord et de bureaux pour la tour la plus au sud.
Richesse typologique
La richesse se ressent entre les différents niveaux. Ainsi tous les types d’habitants peuvent trouver un appartement convenable dans l’ensemble des bâtiments construits: grande ou petite famille, célibataire, couple, personne aisée ou moins.
On retrouve les qualités de vivre «près du sol» comme des maisonnettes avec accès à des jardins privés au cœur de l’îlot au nord et des vues directes sur les espaces verts produits par le plan de quartier, les qualités de vivre avec un balcon d’angle dans les étages intermédiaires et enfin les qualités de profiter de vues rayonnantes dans les étages les plus élevés des trois tours de logement.
Cette manière de concevoir la tour et son socle permet de créer une plus petite ville dans l’enveloppe de la construction, la population y est mixte et devient alors intéressante.
Cette population est invitée à se retrouver dans les jardins communaux pensés par les architectes et les architectes paysagistes. Grâce à l’élaboration de jardins en toiture des socles, les habitants vivent et se rencontrent à l’extérieur de leur logement mais toujours dans leur propre «micro-ville» dans laquelle tout le monde peut alors se connaître ou du moins se reconnaître.
La tour et son rapport à la ville
Figure 34_En bas, vue d’un grand espace commun


Structure et environnement
L’ensemble du projet est réalisé avec une structure ponctuelle massive en béton armé. Des grands noyaux organisent et soutiennent les niveaux de tour et les socles sont produits avec une structure ponctuelle de grande portée. Libérant ainsi des grands halls de production et des espaces modulables réversibles pour les commerces, restaurants, bars... L’entrée des tours est aussi marquée par la structure ponctuelle avec un léger retrait de la façade au rez-de-chaussée. En revanche, on retrouve une structure linéaire et plus soutenue dans l’îlot nord composé par les logements au rez-de-chaussée.
L’environnement au service du projet
Le concept de végétation se base sur la «stratification verticale de la forêt»1. Des grands arbres se réfèrent à la dimension de la construction et ressemble dans les proportions aux grands halls proposés au rezde-chaussée tandis qu’une strate arbustive et plus diversifiée «réagit à l’échelle humaine et introduit des éléments et des mises en scène horticoles»2.
Avec cette méthode, le jeu d’échelle intervient aussi dans la conception des espaces verts extérieurs, elle met en relation la nature et la construction en intégrant des éléments de dimensions et de natures variées.
L’environnement s’invite aussi dans la structure et les espaces construits du projet. Les socles produits sont investis par des terrasses vertes irriguées par l’eau de pluie captée par les grandes surfaces de toiture des tours et des socles. Le surplus de l’eau ruisselle ensuite le long des toitures, pour se jeter dans un grand bassin d’eau du parc public.
La tour et son rapport à la ville

Jeux d’échelles
Le projet de Wolkenwerk tire ses forces et ses qualités des jeux d’échelles qu’il impose et crée. Composition entre le socle et la tour, composition entre le lieu de travail et le lieu de vie ou encore composition entre pièces de petite échelle ou pièces de très grande échelle. Il fonctionne de manière intelligente avec le programme mixte et éparpillé dans le quartier et fonctionne d’autant plus que les tours proposent une diversité évidente des lieux de vie et donc une grande variété d’individus.
Wolkenwerk
Vision territoriale paysage figuratif et jeux d’échelles
Socle et rapport direct à la ville mixité, diversité et jeux de volumes
Programme & Typologie quand le public rencontre le privé, il crée le commun
Structure clareté et réversibilité
Environnement intégration des ressources naturelles
La tour et son rapport à la ville