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EN MODE MODULOR
Rencontre au sommet au MAMO, le centre d’art créé par Ora-ïto sur le toit de la Cité Radieuse à Marseille. Carolyn Randolfi la directrice artistique de la Maison Bompard nous présente en exclusivité MODULOR, la toute première collection de cachemire du designer soulignant la silhouette parfaite de Thylane Blondeau.
L’OFFICIEL: Ito, c’est la première fois que tu collabores avec une Maison de mode. Qu’est-ce qui t’a plu chez Bompard ?
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ORA ITO: En e et, c’est la première fois. J’ai résisté pendant de longues années avant de me saisir de la mode. Je ne voyais pas vraiment le rapport entre mon métier de designer, des objets intemporels, qui ont une forme de pérennité et le côté éphémère, forcément, la mode. Je me suis toujours mé é de la mode, alors je m’en suis tenu à l’écart. Mais je dois dire que ce qui m’a plu d’emblée avec Bompard, c’est l’idée de partir de la matière. Cela m’a tout de suite inspiré. J’aime la noblesse du cachemire, qui est une matière première exceptionnelle, rare. Et il y a longtemps que je portais déjà des basiques de chez Bompard. Quand je conçois un objet, en réalité, ma ré exion part toujours de la matière. Je cherche à l’explorer, à l’exploiter, à la pousser au maximum de ce qu’elle peut donner, à approfondir son traitement, a n qu’elle livre quelque chose d’inédit, de nouveau. Au lieu du béton ou du bois ou encore du métal, cette fois-ci je suis parti du cachemire de la Maison Bompard parce qu’ils ont une forte légitimité dans cette matière. J’apprécie de travailler avec des marques qui ont une histoire, des racines, une expertise, qui possèdent des savoirfaire. Ce partenariat réunissait les trois éléments qui, pour moi, sont importants. Pour faire cette collection, je me suis aussi inspiré des courbes du corps. Je suis parti de l’anatomie pour dessiner ces vêtements, ces accessoires, a n qu’ils se portent facilement. Notamment la robe qui se passe comme on en le un gant, très près du corps. Il y a un vrai dialogue qui s’opère entre le cachemire et le corps. Cela a été notre approche et nous a permis d’explorer au maximum les possibilités techniques du cachemire et de la maille. Et cela m’a beaucoup plu.
L’O: Tu as travaillé avec la directrice de la création de Bompard, Carolyn Randol , comment s’est noué ce partenariat?
OI: Avec Carolyn, au démarrage, nous étions tous les deux un peu sur nos gardes. Il nous a fallu nous apprivoiser, mieux faire connaissance, confronter nos idées, nos univers. Un jour, j’ai vu les nouvelles collections Bompard qu’elle dessinait, et j’ai eu un déclic. J’ai découvert les possibilités presque in nies de la maille et les di érentes techniques de tricotage, et cela m’a motivé à pousser le curseur. Carolyn et son équipe m’ont montré ce qu’on pouvait faire, ils m’ont ouvert la voie de la maille et m’ont vraiment aidé. Moi j’ai poussé, poussé et repoussé encore les limites. Et comme je suis très soucieux du détail et un perfectionniste, je n’ai jamais rien lâché. Et puis, au fur et à mesure lorsque j’ai constaté les capacités de Bompard et de l’équipe du style et de la production à résoudre des problèmes, je me suis senti en con ance et nous avons pu avancer vraiment. A chaque fois que je suggérais quelque chose, Carolyn parvenait à retranscrire ce que j’avais en tête, ce que j’avais dessiné et ce que je souhaitais faire. Ce ping-pong a été très intéressant. Moi je les ai motivés à se surpasser, à mettre en avant leurs qualités, leur façon d’exécuter les détails. Notamment dans les intarsia, cette maille très travaillée, presque biomorphique, qui épouse parfaitement les formes du corps, qui en suit les courbes. Et ça, c’est remarquable. J’ai été étonné de voir jusqu’où on pouvait aller. Ainsi nous avons abouti à une collection très forte. Ce ne sont pas juste des couleurs sur un pull ou de la maille avec un motif graphique. La ligne est en accord avec mon design, elle en est un prolongement qui est de l’ordre de l’architecture. Elle incarne en quelque sorte une architecture du corps. Et cette idée me plaît énormément. Quand je vois une femme porter cette collection, j’ai presque l’impression de voir mes formes évoluer dans l’espace. Il ne s’agit pas d’un objet, bien sûr, mais j’ai quand même l’impression de voir passer mes objets portés qui évoluent librement.