MISS UNIVERS…CETTE COUPE QUE GEORGINA RIZK RAMÈNE À BEYROUTH EN CET ÉTÉ 1971 VIENT COURONNER L’ÉLAN D’UN PAYS EN PLEINE CROISSANCE. GRÂCE À CETTE JEUNE FILLE, LE LIBAN, CE TOUT PETIT POINT DU GLOBE, QUE LE RESTE DU MONDE CROIT ENCORE PEUPLÉ DE NOMADES ET DE CHAMEAUX SORT DE L’OMBRE. ELLE N’A ALORS QUE 18 ANS.
Mai 1971. Georgina Rizk fait le voyage de Miami avec Felicina qui envisage de présenter sa collection à Huston,Texas. Dix jours de préparation sont prévus pour les 75 miss en lice avant l’événement qui doit avoir lieu en juin. La désinvolture de Georgina, son assurance, elle qui a l’habitude des runways et des projecteurs, en plus de la facilité avec laquelle elle jongle entre le français, l’anglais, l’arabe et l’italien, la démarquent de ses rivales. Ces dix jours sont aussi ponctués de réceptions et de cocktails qui permettent aux candidates de s’immerger dans un monde de producteurs et de professionnels. Elles ignorent que les membres du jury sont présents dans ces réunions mondaines. Le jour J, Georgina se prépare elle-même, sans l’aide de l’équipe de mise en beauté mise à la disposition des miss. Elle a l’habitude. Elle sait que la presse parle d’elle, que son nom est récurrent dans les pronostics. Un responsable lui a même soufflé qu’elle a «de fortes chances». Elle se voyait dans les cinq premières et se disait «pourquoi pas». Quand les présentations commencent, à 20h, les 75 plus belles femmes du moment sont lancées sur le tapis rouge. Les éliminations commencent. Le public s’enflamme pour Miss Brésil. Georgina est toujours là. A la fin, il n’y a plus qu’elle et miss Australie. Involontairement, en un flash, elle aperçoit sur la feuille du présentateur «1st runner-up, Miss Australia». Elle comprend que c’est gagné. L’émotion est intense pour la jeune fille de 18 ans qui n’avait pour seule supporter dans le public que sa sœur et une amie de celle-ci, et pour seul message d’encouragement que la recommandation de son père, avant son départ: «Sois naturelle et comporte toi comme une dame». Couronnée, couverte de fleurs, célébrée comme une reine qu’elle est désormais, Georgina Rizk découvre «le métier de Miss». Deux mois durant, elle vit dans les avions, se repose à peine, se change, s’habille, se prépare en vol. Sa plus belle récompense est l’accueil de la diaspora libanaise des deux Amériques. Grâce à ses compatriotes, elle se sent partout chez elle. Elle se donne pour mission de faire connaître son pays, son niveau de civilisation, son art de vivre. Mais elle n’a qu’une hâte, «revenir à la maison». Ce n’est qu’en août qu’elle regagne le Liban au milieu d’une liesse populaire et officielle sans précédent. Le président de la République, Sleiman Frangié, met à sa disposition une assistante, la journaliste Nouhad Azar, qui restera longtemps son amie la plus proche. La suite est plus terne, mais elle correspond à la modestie de cette femme qui n’a jamais rien demandé que le droit de vivre à son rythme, loin des projecteurs et du fracas médiatique. A la manière des phalènes, elle tombera pourtant amoureuse d’Ali Salameh, dit «Abou Hassan», l’un des fondateurs de l’OLP et proche de Yasser Arafat. Son mariage avec ce flamboyant Palestinien est évidemment controversé, bien que Salameh ait mis le plus grand soin à la maintenir à l’écart de ses activités et de la politique en général. Il sera assassiné à l’explosif, à un jet de pierre de son domicile, en 1979. Un événement qu’elle vivra dans une sorte de déni. Georgina, enceinte au moment de la tragédie, met au monde, trois mois plus tard, un garçon prénommé Ali. Passées les vicissitudes des années de guerre où elle séjournera longtemps entre Le Caire à Paris, elle épousera le célèbre chanteur libanais Walid Toufic dont elle aura deux enfants, Walid Junior et Noorhan. Depuis, hormis quelques rares apparitions télévisées (elle est souvent au jury de Miss Liban), elle refuse les interview et s’attache à mener la vie «normale» à laquelle elle a toujours aspiré.
e mère hongroise et de père libanais, Georgina grandit à Beyrouth. Elle passe son enfance dans le quartier de Rmeil où elle fréquente le collège de la Sainte Famille française. Elle a une demi-sœur plus âgée, Felicina Rossi, née d’un père italien. Une famille unie, aimante, ouverte et compréhensive au sein de laquelle les deux sœurs vivent une belle complicité. Felicina est styliste et Georgina est son modèle. En plus d’une beauté angélique, Georgina a un corps de rêve entretenu par la natation, discipline dans laquelle elle est championne, ainsi que d’autres sports tels le ski nautique et le ski alpin, le volley ball et le basket. Elle affirme n’avoir eu aucune conscience de sa beauté avant l’adolescence. L’année de ses 14 ans, la boutique Mic Mac, une franchise de Mic Mac Saint Tropez, marque de prêt-à-porter appartenant au play boy et homme d’affaires allemand Gunther Sacks alors marié à Brigitte Bardot, ouvre ses portes à Beyrouth. Le jour de l’inauguration, en présence du couple le plus glam du monde, Georgina fait partie des modèles qui présentent la collection. Elle est notamment remarquée par le journaliste Victor Bercin qui la pousse à se présenter au concours de miss organisé par Télé Liban. Le jury comprenait entre autres la chanteuse populaire Sabah et Raymond Loir, fondateur du concours source: «Maraya» 1999, une interview de Ricardo Karam.
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MAI 2014
PHOTO DR
PAR F.A.D.
Miss Liban. Elle remporte le titre et se laisse convaincre par Loir de participer à Miss Liban. Entre temps, elle continue à tourner des films publicitaires et à faire le mannequin pour les maisons de mode locales. C’est après avoir remporté la coupe de Miss Liban qu’elle est sélectionnée pour participer à Miss Univers. Une expérience qui marquera sa vie mais clôturera sa jeune carrière.