mémoire

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FAITS DE SOCIÉTÉ : Comment traiter de sujets « difficiles » grâce aux outils actuels de la communication ?


MÉMOIRE


Durant mes deux années de phase projet aux beaux-arts, j’ai choisi de travailler sur des problématiques de communication relatives à des sujets « difficiles ». Par sujets « difficiles », j’entends des sujets sensibles, délicats, dont on parle trop peu, ou du moins trop en surface pour réellement les régler, des sujets dont certains se servent uniquement pour créer du sensationnalisme, mais que la majorité des gens préfère ignorer parce qu’ils sont dérangeants. Mon but a donc été de chercher comment traiter ce type de sujets, comment les aborder pour être à la fois efficace et juste dans le propos, en définitive comment montrer ces choses que beaucoup ne souhaitent pas voir.

J’ai choisi de travailler sur ce sujet essentiellement pour deux raisons. D’une part, c’est l’intérêt que je porte aux problématiques sociales qui m’en a donné l’envie. D’autre part, la recherche de solutions pour contourner les contraintes imposées par la société et le contexte culturel dans lequel nous nous trouvons, représente un défi constant. C’est en mettant mon regard et mes compétences de designer graphique au service de ces causes que j’ai pu expérimenter différents moyens de communication, tant au niveau du médium employé pour la création que pour la diffusion, et ainsi tenter d’exploiter au maximum les possibilités que la société actuelle nous offre en terme de communication. Dans ce mémoire, j’analyserai d’abord quelques cas de la communication relative à ce type de sujets, existant actuellement en France et à l’étranger, afin de pouvoir me positionner. Puis, m’appuyant sur ces constats, j’expliquerai les choix que j’ai faits dans mes propres réponses, et les problématiques de diffusion qui se sont présentées à moi.

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Pour répondre à ces problématiques, j’ai fait le choix de travailler sur deux faits de société qui me touchent, me révoltent : l’inceste et le mal logement. Ces deux thématiques m’ont amenée à trouver diverses solutions de communication, du point de vue de l’approche, des choix visuels et du moyen de diffusion des projets.


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La communication relative aux sujets « difficiles »

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- Aperçu diachronique de la communication associative

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- Le cas de la France : Un manque de communication néfaste

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- Limites de la communication associative

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- Diffusion des messages

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- Relations avec le monde de l’Art

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Approches et choix visuels

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- Public cible

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- Objectifs des projets

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- Choix formels et esthétiques Premières confrontations au réel

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Problématiques de diffusion : enjeux et compromis

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Partenariats avec le milieu associatif

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Actions s’inscrivant dans l’espace public

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Conclusion

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Introduction


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La communication relative aux sujets « difficiles »


CONTEXTE


Comme l’explique Amélie Gastaut ( conservatrice des collections de publicité aux Arts Décoratifs ) dans le catalogue de l’exposition « La Publicité au service des grandes causes », les premières affiches de prévention apparaissent dans les années 50. Mais leur développement n’aura lieu que dans les années 70, suite à la naissance de nombreuses ONG, dans le sillage de mai 68. Cherchant à l’époque comment utiliser l’affiche, en plus des relations presse, pour servir les ONG, la réponse est venue avec des messages militants, essentiellement portés sur la prévention et la sensibilisation pour montrer au public l’existence de telle ou telle organisation, comprendre qui fait quoi, et pourquoi ces actions sont menées. Partageant avec les graphistes, également très présents dans le mouvement, les mêmes valeurs d’engagement, de combat et de militantisme, ces associations ont naturellement fait appel à eux pour la création de leurs affiches, alors seul média « publicitaire ». On retiendra en particulier les affiches du collectif Grapus et de célèbres graphistes comme Alain Le Quernec ou Roman Cieslewicz.

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Aperçu diachronique de la communication associative


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Grapus est un collectif de graphistes fondé en 1970 par Pierre Bernard, Gérard Paris-Clavel et François Miehe, qui se sont connus à l’Atelier populaire de l’École des Arts Décoratifs en mai 68, rejoints en 1976 par Jean-Paul Bachollet et Alexander Jordan. Légendes du graphisme d’auteur, ils ont largement influencé la création graphique française et internationale. « Grapus va développer un projet politique. Il se veut marxiste et au sein de la société française crée, dessine, organise les signes graphiques pour être utile aux classes sociales exploitées par le système capitaliste dans leur résistance, leur lutte pour s’émanciper et participer à la construction d’une alternative démocratique. » ( P.B. 2006 ) Militant contre les dérives de la publicité commerciale et l’emploi de ses recettes, ils se sont attachés à développer dans une même dynamique recherche culturel. Pour eux, « Faire de la communication

États Généraux de la Solidarité. Toulouse 8, 9, 10

sociale dans une société où tout se publicite,

décembre 1989.

c’est combattre l’idée que la culture est élitaire,

Secours populaire français.

le syndicalisme démodé et la politique sale ! » ( Grapus 1979 ). Dans une société de plus en plus basée sur l’individualisme, leurs créations resteront toujours collectives. Leur style privilégiait l’emploi de l’écriture manuscrite, le mélange des techniques ( dessin, peinture, photographie, texte ), et l’usage fréquent d’un vocabulaire symbolique. Ils réalisèrent un très grand nombre d’affiches célèbres. Mais « après vingt ans d’utopie mise en actes et en images, c’est essentiellement devant cette difficulté à organiser notre résistance économique que nos différents points de vue et nos stratégies n’ont pu s’accorder. » ( P.B. 2006 ), ils cessèrent leurs activités en 1990 ( après avoir reçu le Grand Prix national des arts graphiques ), et offrirent aux archives communales d’Aubervilliers un fond exceptionnel d’archives.

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graphique et engagement politique, social et


Tout ce qui est humain est nôtre.

Secours populaire français. 1990

Secours populaire français. 1983

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Solidarité : les moins de 25 ans font plus !

Offrez des vacances aux enfants défavorisés. Mondial de la solidarité. Secours populaire français. 1982

Secours populaire avec vous partout dans le monde. Solidarité ! 1982


Nous sommes 2 400 000 citoyens … Groupe de Recherche et d’Action pour la Petite Enfance. Paris États généraux de la petite enfance. 20 - 21 janvier 1978, Mutualité.

Différence. Expo Secours populaire français. 1981

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Handicapés en uniforme … Expo / handicap 1981.


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Scandales, censure, arbitraire. Pour assainir l’ORTF il faut le démocratiser. Parti communiste français. 1972 Où va la France ? Les 3 jours du livre marxiste 15, 16, 17 mars 1974. Des journalistes rencontrent Georges Marchais. Parti communiste français.

Exister Vincennes. Affiches éditée et vendue par les communistes de Vincennes pour la défense de l’université. Travail offert par l’atelier Grapus. 1979


Rassemblement de lutte avec les communistes.

le blocage des impôts locaux … Au conseil

Ivry 21 octobre. Pour mettre en échec le plan

municipal. Mercredi 15 décembre. 1976

d’austérité Giscard Barre …Le 21 octobre à Ivry avec Georges Marchais. Fédération du Val de Marne du Parti Communiste Français. 1976

Lisez l’Huma.Organe central du Parti Communiste

Page suivante ( gauche ), par colonne :

Français. 1975

- Marée noire, le gouvernement a les mains sales. 1978 - 7 ans de malheur, ça suffit. 1980 - Remember Amoco. 1978 ( affiche rappelant le triste événement de la terrible marée noire sur les côtes de Bretagne causée par le naufrage du pétrolier Amoco Cadiz en 1978. - Dessin de presse pour le journal Le Monde ( non daté )

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Vitriots attention. Venez témoigner, exiger


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Créations d’Alain Le Quernec, affichiste engagé et militant, fin connaisseur de la rhétorique des images au service d’une cause. Partisan de l’économie de moyens, amateur des jeux de mots et de l’humour en général, il produit, depuis plus de trente ans des affiches essentiellement politiques, sociales et culturelles, sans compromission avec la publicité. Il publie encore régulièrement ses créations dans « Le Monde ».


l’École des beaux-arts de Cracovie, puis venu à Paris, il compte parmi les plus grands graphistes de la deuxième moitié du XXe siècle. Créateur protéiforme, il a produit des dessins, photographies, photomontages, collages, affiches, travaillé sur la mise en pages d’éditions, etc. Adepte du détournement d’images, d’associations insolites, il aime bousculer les règles. Travaillant dans le milieu de la publicité, toujours méprisé en France, tant par les graphistes « engagés » que par les plasticiens « authentiques », il parvint à démontrer qu’on peut faire de la publicité créative, qu’on peut réaliser des campagnes efficaces sans trahir son style. Travailleur acharné, il répondra à de nombreuses commandes, qui, au fur et à mesure, seront de plus en plus centrées sur le culturel et le social, travaillant notamment pour la mairie de Montreuil..

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Créations de Roman Cieslewicz. Issu de


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De la fin des années 80 jusqu’au début des années 90, nombre d’associations voient le jour, entraînant alors une concurrence les poussant à se professionnaliser et à réfléchir en termes de stratégie et de communication institutionnelle, et donc à se tourner vers les agences de publicité. « Le discours devient plus court, direct, provocant : aux illustrations des graphistes, les publicitaires préfèrent le réalisme parfois cru de la photographie de type journalistique, montrant la victime ou l’humanitaire afin de mettre le public face à une réalité difficile. L’idée est qu’un message choquant sera plus efficace car provoquant un sentiment de culpabilité. » Si elle entretient un lien direct avec la publicité commerciale, la communication dite institutionnelle s’en différencie par la nécessité de sensibiliser, de faire passer une indignation, par l’éthique. Déjà, c’est grâce au monde de la publicité qu’elle a pu obtenir de l’espace gracieux et diffuser ses messages. Aujourd’hui, ce sont toujours les agences de publicité qui produisent, gracieusement ou pour des sommes modiques, la majorité des campagnes. S’impliquant véritablement dans la création au service d’une cause, les campagnes sont souvent aussi réussies techniquement et graphiquement que celles vantant un produit. Pour ne pas trop heurter, la photographie est désormais mise en scène. Reléguant le principe du choc aux oubliettes, « les messages sont désormais plus subtils, il ne suffit plus de heurter mais de faire réfléchir. La dérision, l’humour, la pédagogie font leur apparition. » En 2007, Marsha Emanuel ( alors chargée de mission pour le graphisme au Ministère de la culture, et commissaire de l’exposition « Images d’utilité publique » en 1988 au Centre Pompidou ), expliquait que le graphisme d’utilité publique, aujourd’hui, ne semblait plus vraiment d’actualité, ou alors d’une façon radicalement différente. « Travailler avec des artistes et ou des commanditaires dans le domaine de l’art contemporain est devenu plus attrayant pour de nombreux graphistes. Ils trouvent une liberté plastique rarement permise dans la commande publique qui s’aligne, elle, de plus en plus sur les méthodes et codes publicitaires. »


Dans le même sens, Pierre Bernard, indiquait en 2006 lors de la remise de son prix Érasme : « En vingt ans, le maillage politique, social, culturel de mon pays – et je crains qu’il ne soit pas seul dans cette situation – s’est trouvé transféré sur le vaste terrain d’échanges des médias de masse. Dans cette logique, la licence commerciale et l’autorité financière viennent seules garantir l’authenticité et, au bout du compte, la validité d’une prestation de communication publique. Ne pas obéir à cette tendance générale relève aujourd’hui de la résistance à l’idéologie prédominante : celle du marché. Une idéologie qui s’incarne dans des valeurs consensuelles porteuses de passivité citoyenne et dont seules des formes convenues présentent le spectacle généralisé et permanent. » Pourtant, en observant, entre autres, le devenir des exmembres du Collectif Grapus, on peut se rendre compte que ce n’est pas tout à fait vrai. Certains graphistes continuent de croire en un graphisme social, politique, engagé, responsable et sans compromis. Ils sont effectivement minoritaires parmi les créateurs contemporains, mais leur démarche mérite d’être soulignée, et prise comme modèle.

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Comme l’affirme Vincent Perrottet, qui a travaillé avec le Collectif Grapus de1983 à 1989, « nous sommes trop peu nombreux à nous sentir responsables des messages que nous contribuons, par notre art et notre technique, à véhiculer. » Il dresse ainsi un virulent portrait de la pratique graphique actuelle, régie selon lui par le pouvoir et l’argent, et imposant une propagande visuelle à laquelle la majorité des graphistes se soumet lâchement et participe en acceptant de contribuer à sa création.


Vincent Perrottet et Gérard Paris-Clavel créent en 1989 les Graphistes Associés, auxquels différents graphistes s’associeront par la suite. Ils se sépareront en mai 2000. Ils se définissent alors comme un « atelier de conception d’images publiques d’utilité sociale cherchant à développer en France une pratique du graphisme responsable ».

Affiche pour une exposition photographique, 1995

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Image internationale pour la paix ( non daté )

Affiche pour la galerie Françoise Courtiade, 1990

Affiche Hitler – Le Pen, 1998


Vincent Perrottet poursuit actuellement une activité

Depuis qu’il a quitté le groupe en 1992, Gérard

de graphiste « libre » et indépendant, toujours dans

Paris-Clavel poursuit son activité de graphiste indépendant et d’artiste dans son atelier d’Ivry-surSeine. Membre fondateur en 1991 de l’association

du graphiste vis-à-vis de son sujet, mais aussi

Ne Pas Plier, association politique, utopique,

en fonction des contextes et des attitudes dans

esthétique et expérimentale d’éducation et de

lesquels il produit puis diffuse ses créations. »

luttes populaires, qui agit sans relâche aux côtés

( étapes:120, mai 2005 ) Pour lui, le rôle du

des « sans voix », il se définit comme un graphiste

graphiste est, entre autres, « par sa pratique, [d’]

« libre ». « Artiste engagé et dégagé des impératifs

améliorer les rapports et les relations entre les

commerciaux et des traditions établies par des

êtres humains », il doit être « responsable de ses

‹ spécialistes auto-proclamés › », il varie les supports

actes et de ses images », la notion de liberté de

et les moyens d’expression pour donner à voir des

penser ( pour le graphiste comme pour ceux à qui

images sociales, politiques et culturelles exécutées

il s’adresse ) étant au fondement de la création.

dans un style très pictural.

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une perspective sociale et culturelle. « À travers ses propres choix, il questionne la responsabilité

Qui a peur d’une femme ? 1995 Exposition de Vincent Perrottet,

coproduction Villes de Fontenay-sous-Bois, Noisy-

« Graphisme dans la rue »

le-Sec, Drancy et Bobigny, CE d’Orly, association

du 30 mai au 30 juin 2009

Sirène et association Ne pas plier.

Fontenay-Sous-Bois


Alexander Jordan fonde en 1985 le bar Floréal. photographie, collectif composé actuellement de dix photographes ( dont il fait toujours partie ), regroupés autour d’objectifs communs : montrer l’humain dans sa singularité et sa diversité, questionner les problématiques du monde dans lequel nous vivons, offrir des espaces d’échange aux publics les plus divers. Parallèlement, il créé en 1989 l’atelier Nous Travaillons Ensemble, devenu la signature commune d’un groupe de graphistes indépendants, aujourd’hui composé de lui-même, ainsi que Sébastien Courtois, Valérie Debure, Isabelle Jego, et Ronit Meirovitz, auxquels peuvent s’associer d’autres designers. Continuant de chercher des réponses fortes de

Autoproduction, 2003

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communication visuelle à des enjeux de société, ils emploient aussi bien l’aquarelle que les nouveaux médias. Leurs principaux partenaires sont des villes, associations humanitaires, centre socioculturels et musées.

Interdiction de sortir sans tschadri, interdiction de travailler, de s’instruire … Les Talibans ont aboli les droits de la femme en Afghanistan – La Forge, 1998


De l’autre côté de la rue – reportage photo d’Olivier Pasquiers ( le bar Floréal ) et témoignages dans les Boutiques solidarité Emmaüs – Fondation

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Abbé Pierre – éd. Flammarion, 2001

Kosovo, Timor, Tchétchénie, Israël/Palestine, Iraq – affiche repiquée par couches successives depuis 1999 – La Forge


L’Atelier de Création Graphique ( ACG ) est fondé en 1990 par Pierre Bernard, Dirk Behage et Foke Draaijer. Dans l’esprit de Grapus, c’est avec l’envie de « tenter de remédier, partout où cela [ leur ] semblait possible et nécessaire, à cette parure grotesque du désenchantement social », qu’est né ce nouvel atelier collectif. Aujourd’hui, l’Atelier continue de répondre à des commandes dans les domaines de l’édition, de l’affiche, de la signalétique et des systèmes visuels d’identité, avec toujours la conviction que le

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graphisme a une fonction d’utilité publique.

L’enfance n’est pas un jeu d’enfants, 1998

Le livre des droits de l’enfant, 2000

Projet d’affiche – manifestation européenne contre

Destiné à faire connaître la Convention

les agressions sexuelles envers les enfants.

internationale des droits de l’enfant. 50 000 pièces ont été diffusées pendant 3 ans à tous les futurs parents du département. Aux icônes personnelles des créateurs se sont ajoutées des images extraites de magazines ou de livres de photographes, et l’apport de l’iconographe documentaliste.


La manifestation pour les droits des femmes du 17 octobre 2009 est à l’initiative du «Collectif national pour les droits des femmes» et de «Femmes solidaires». Pour accompagner leurs messages, un matériel coloré à l’échelle variable est mis en place : stickers, tracts, pancartes et banderole. Survolant le cortège des manifestants, les pancartes forment une nuée de revendications

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positives, énergiques et joyeuses.

Collectif national pour les droits des femmes, depuis 1999 Logotype, affiches et dépliants pour le regroupement d’associations féministes, de syndicats et partis politiques qui se fixe l’objectif de faire passer dans les faits et la pratique, l’égalité formelle que les femmes ont conquise durant tout le vingtième siècle. Confédération des MJC de France, 1997-2000 Système d’identification graphique pour les Maisons des jeunes et de la culture.


Dans la lignée de l’atelier Grapus, , Guillaume Lanneau est un artiste engagé qui produit des « images à vocation citoyenne ». Convaincu de l’utilité des images, de leur capacité à faire réfléchir, il a une pratique sociale du graphisme. C’est avec Bruno Charzat, graphiste, qu’ils ont fondé en 1997 le collectif Au Fond à Gauche. Même si son nom n’est à l’origine pas dû à ça, ils assument totalement la connotation politique qu’il revêt. Guillaume Lanneau réalise aussi bien des projets personnels, militants ou non, que des travaux au sein de son collectif. Il travaille essentiellement pour des structures collectives : collectivités territoriales, associations, comités d’entreprise ou partis politiques. Il croit aux bienfaits du service

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public. Pour lui, l’exigence sur la qualité du travail et sur la façon de fonctionner font aussi partie de l’engagement que requiert le graphisme, au-delà du simple choix des sujets traités. Ces affiches, souvent intéressantes d’un point de vue graphique, et ayant un fort impact visuel, ont également le mérite de nous amener à réfléchir, à poser un regard critique sur les sujets dont elles traitent.


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Le cas de la France : Un manque de communication néfaste

On peut se rendre compte de l’importance de montrer certaines choses sur la place publique en repensant aux actions menées durant l’hiver 2006/2007 par l’association Les Enfants de Don Quichotte, qui œuvre pour les droits des personnes sans-abris. L’installation d’un campement citoyen sur les berges du Canal Saint-Martin à Paris, composé de nombreuses tentes accueillant des SDF, ainsi qu’à une échelle moindre dans diverses villes de province, avait permis de créer un mouvement de mobilisation national, et d’obtenir la modification de la loi sur le droit au logement opposable. Bien que pour diverses raisons, elle ne soit malheureusement pas encore véritablement appliquée, cette loi constitue tout de même une grande avancée pour les associations de défense des SDF et, bien entendu, pour les SDF eux-mêmes, qui peuvent désormais déposer des demandes de logement et se retourner contre l’état en cas de non-respect de ses engagements. Sans cette action médiatique, visible par tous, des Enfants de Don Quichotte, les changements dans cette loi n’auraient probablement pas été effectués, ou du moins pas si rapidement. Concernant l’inceste, actuellement nos médias diffusent de plus en plus de reportages – débats, ou articles sur le sujet.

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Dans la société actuelle, société de l’image où les messages publicitaires et autres emplissent de façon exponentielle notre champ visuel, l’importance de la médiatisation des « grandes causes », pour les faire connaître et susciter des mobilisations autour d’elles, n’est plus à démontrer. Pourtant, il arrive encore que certains sujets, malgré leur gravité et l’importance qu’ils représentent, ne bénéficient pas, d’une communication suffisante, juste et efficace, en termes de prévention notamment. Restons réalistes, certains problèmes ne seront jamais totalement éradiqués, pourtant cela ne diminue en rien la nécessité de mesures préventives les concernant, ni de les mettre sur la place publique.


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Certaines de ces émissions sortent parfois du lot, comme le documentaire « L’inceste : enfances brisées, vies explosées », diffusé sur France 3 dans l’émission « Hors-Série ». Dans ce documentaire, on retrouve des témoignages inédits, livrés avec une véritable volonté de briser le silence qui entoure l’inceste ; des femmes et des hommes qui nous racontent des choses que l’on n’a pas forcément l’habitude d’entendre, comme le plaisir parfois ressenti malgré soi lors des attouchements. On y découvre également le déroulement d’un procès d’assise, le témoignage d’agresseurs ( chose très rare dans ce type de document ), ou encore celui d’une famille qui a surmonté l’inceste et tente aujourd’hui de reprendre une vie « normale ». Cependant, la majorité de ces émissions reste, en général, relativement en surface et ne joue la plupart du temps que sur la valeur spectaculaire dont ces sujets sont le vecteur. De la sorte, non seulement ils n’apportent pas grand-chose de concret pour faire évoluer le problème, mais je dirais même que le sensationnalisme est plutôt contre-productif en matière de prévention, « soit parce qu’il encourage un certain voyeurisme, soit parce qu’il décourage ceux qui passent à l’acte de demander de l’aide, mais sans inhiber leur violence » ( extrait du document « Violence envers les enfants Concept pour une prévention globale » ). À côté de ces quelques émissions, très peu d’objets de communication relatifs à l’inceste sont diffusés en France. Je n’ai pu recenser aucune campagne de prévention à grande échelle, ni à la télévision, ni dans la presse, ni dans l’affichage public ; les seuls documents accessibles l’étant dans les associations spécialisées ( ce qui implique une recherche précise de la part du public pour se les procurer ). À noter tout de même que depuis 1985, des mesures sont prises dans les écoles primaires, collèges et lycées de France ( comme en Suisse ou au Québec par exemple ), pour y mettre en place des campagnes de prévention, ou plutôt dirons-nous de « dépistage ». Comme beaucoup de spécialistes l’expliquent, il est effectivement très périlleux de


destiner une campagne de prévention à des enfants, car celle-ci, les rendant responsables de l’arrêt des violences, et donc d’une certaine manière responsables de la violence elle-même, risquerait de confirmer le sentiment de culpabilité, déjà très fort chez les victimes. On se rend ici bien compte de la difficulté d’aborder un tel sujet. Pourtant, plutôt que d’évincer d’office toute forme de sensibilisation ou de prévention pour ne pas prendre de risques, il serait à mon avis plus judicieux de chercher des solutions plus adaptées et efficaces.

En effet, les conséquences du manque de communication peuvent être désastreuses pour les victimes qui, ignorant les conséquences d’une éventuelle révélation pour leur agresseur et pour elles-mêmes, et ne connaissant pas les mesures de prise en charge existantes, renoncent à révéler leur secret et continuent de souffrir en silence. De la même façon, si la majorité de la population ne connaît pas le problème, son ampleur ou sa gravité au niveau des conséquences physiques et mentales qu’il engendre sur les victimes, ni les mesures à entreprendre en cas de suspicion ou de confrontation directe à une victime, elle ne pourra jamais venir en aide aux éventuelles victimes de son entourage. Et l’on sait combien l’aide extérieure est essentielle pour régler ce genre de difficultés.

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En revanche, si elle manque en France, il semble que, au Québec par exemple, la communication autour des problèmes de l’inceste, et plus généralement des agressions sexuelles, soit beaucoup plus fréquente, et donc beaucoup plus efficace.


Limites de la communication associative

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La censure est au coeur du problème de la communication autour de tels sujets. En effet, en France, il arrive fréquemment que des associations fassent pression pour interdire certains objets de communication, qu’elles jugent inadaptés, trop violents, choquants, etc. Directement, ou à la suite des éventuelles réactions de ces associations, c’est l’instance suprême en la matière, le BVP ( Bureau de Vérification de la Publicité, devenu depuis 2008 l’ARPP : Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité ) qui tranchera pour autoriser, interdire ou limiter la diffusion de la campagne, bloquant alors parfois les tentatives de mise en place d’une communication un peu différente, plus courageuse, plus osée, ou plus intelligente. Même si le problème de l’inceste est de plus en plus présent sur le devant de la scène, les efforts faits en termes de communication préventive sont quasi inexistants. On parle d’enfance maltraitée, de pédocriminalité, mais l’inceste, qui n’est d’ailleurs entré en ces termes dans les textes de loi que très récemment, est le grand « oublié » des campagnes. En réalité, il n’est pas vraiment oublié par tous, puisque certaines associations tentent de faire des propositions dans ce sens, mais diffuser largement dans l’espace public des objets de communication sur ce thème semble encore irréalisable. Concernant les limites de ce que l’on peut et doit montrer ou pas concernant l’inceste, les avis sont partagés chez les spécialistes. Pourtant, à mon sens, même si le message est direct et effectivement violent, il ne correspond à rien d’autre qu’à la réalité de la vie des nombreuses victimes. Comme l’explique Isabelle Aubry, présidente fondatrice de l’association AIVI ( Association Internationale des Victimes de l’Inceste ), elle-même ancienne victime, « ces images sont peutêtre choquantes, mais elles le sont toujours moins qu’un viol d’enfant. » Mais même la lutte contre un tel crime ne justifie visiblement pas, aux yeux des instances qui ont le pouvoir de décision, l’utilisation de ce style de visuels.


de l’AIVI, réalisée gracieusement en 2005 par l’agence V. Suscitant de nombreux débats lors de sa parution dans les journaux, et ayant reçu les foudres de nombreuses associations ( parfois même de lutte contre l’inceste ), elle a été immédiatement interdite d’affichage public par le BVP, qui la jugeait trop choquante et déplacée.

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Campagne de prévention à destination des adultes


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Campagne de l’association Droits des NonFumeurs, créée par l’agence de publicité BDDP&Fils, jouant volontairement la carte de la provocation dans le but de « réagir à l’indifférence désespérante des jeunes à l’égard des discours anti-tabac » et de « rompre avec la tiédeur des campagnes préventives ». Jugée choquante, et totalement inadaptée, la campagne a engendré une très vive polémique. L’association Familles de France a notamment déposé une plainte devant l’ARPP, jugeant l’image « ambiguë » et le message incompréhensible. Sa diffusion a finalement été très rapidement arrêtée sous la pression du gouvernement.


Même si les choix de l’ARPP peuvent parfois être justifiés, ce qui n’est pas toujours le cas à mon avis, comme pour la campagne d’AIVI présentée plus haut, je pense que le pouvoir répressif de cette instance ne facilite pas le travail des directeurs artistiques. En effet, par peur de voir leurs campagnes interdites de diffusion, beaucoup d’associations ou d’institutions s’autocensurent, imposant alors ces contraintes très strictes aux créatifs. Difficile de donner des exemples précis d’autocensure, mais mon expérience personnelle du travail avec le domaine associatif, notamment au sujet de l’inceste, m’a permis de me rendre compte des barrières qu’ils s’imposaient dans le choix des projets qu’ils allaient pouvoir diffuser ou pas. À plusieurs reprises, et avec différentes associations, la phrase « ça ne passera pas … » m’a été adressée à propos des projets que je leur présentais, et qui pourtant semblaient beaucoup les intéresser à titre personnel. C’est donc visiblement dans un contexte ultra-répressif que la création des campagnes de prévention se déroule, ce qui amène donc les auteurs soucieux de l’efficacité de leurs productions, à sans cesse se placer à la limite du montrable – suffisamment choquant pour marquer les esprits, mais pas trop pour ne pas être censuré. De plus, au sujet des limites à ne pas franchir, la divergence d’opinions des différents acteurs du milieu associatif, des spécialistes ou des autorités en mesure de faire interdire une

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Visiblement, il y a certains sujets auxquels il ne faut pas « toucher », dont il ne faut pas parler, et qu’il ne faut surtout pas montrer, que ce soit pour défendre les victimes d’un quelconque problème, ou par provocation pour lutter contre un autre. Preuve à l’appui : la campagne de DNF ( ci-contre ). Pour ma part, je n’adhère pas forcément au choix qu’avaient fait les auteurs de cette campagne, mais le résultat causé par l’audace qu’ils ont eue me paraît symptomatique du climat de création dans lequel nous, designers graphiques travaillant sur ce type de sujets, nous trouvons.


campagne, créé un climat de confusion autour des décisions à prendre pour mettre en place de telles campagnes de prévention.

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J’ai effectivement pu constater, par les différents échanges que j’ai eus avec les responsables d’associations toulousaines ou de plus grande envergure, que les opinions sur la question étaient très variables. Citons, par exemple, les avis radicalement opposés de deux anciennes victimes, chacune confrontée quotidiennement à d’autres victimes : Isabelle Aubry ( AIVI ) et Eva Thomas, première victime de l’inceste à témoigner à visage découvert à la télévision, et fondatrice de SOS Inceste. Tandis que la première estime que montrer des choses dures, choquantes, correspond à la réalité et est nécessaire pour être efficace en termes de prévention, la deuxième considère qu’il vaut bien mieux suggérer que montrer les choses clairement.


J’ai pu me rendre véritablement compte de cette difficulté l’année dernière, lors de mon travail avec l’association AVAC ( Association Vivre Autrement ses Conflits ), petite association toulousaine pour l’accompagnement thérapeutique ou la psychothérapie des malaises psychiques en lien avec les malaises sociaux et, en particulier les violences familiales

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Le manque de moyens de certaines associations est également une des raisons à l’origine du manque de communication. Il est évidemment compréhensible que n’ayant que peu de ressources, l’essentiel du budget soit utilisé pour l’aide directe aux victimes, laissant alors très peu de budget pour la communication. Chaque année, le gouvernement français délivre le label « Grande Cause Nationale », permettant aux organismes et associations désignés de médiatiser sans frais un problème de société. Évidemment, les associations de prévention de l’inceste n’ont jamais bénéficié de cette unique aide que l’État leur propose. Les victimes de l’inceste sont effectivement moins nombreuses que les femmes violentées ( cause 2010 ), ou que les personnes nécessitant un don d’organes, de sang, de plaquettes et de moelle osseuse ( 2009 ), pourtant ne serait-il pas plus logique de répartir ces aides de l’État entre différentes causes ? Les femmes cesseront-elles d’être violentées l’année prochaine, quand l’État soutiendra une autre grande cause ? La réticence de l’État à financer une campagne de prévention de l’inceste peut aussi s’expliquer par le fait que les mesures préventives sont liées à des investissements substantiels dont les effets ne sont pas immédiatement perceptibles. Une telle mesure entraînerait des dépenses dont les bénéfices ne seraient pas visibles à court terme. Pourtant, comme les auteurs du document « Violence envers les enfants, Concept pour une prévention globale » l’expliquent, « agir de manière préventive épargnerait les coûts en souffrance humaine et en charges sociales économiques ». En effet, selon les statistiques, les soins nécessités par les victimes suite aux agressions entraînent davantage de dépenses que la prévention en elle-même.


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et conjugales. La responsable m’a demandé de transformer l’un de mes travaux d’édition ( plaquette informative et préventive ) en site Web. Davantage intéressée par l’édition, elle m’a toutefois expliqué ne pas disposer de l’argent nécessaire pour l’impression d’un tel document, et donc ne pouvoir opter que pour une page Internet dont la diffusion représente un coût nul ou quasi-nul. Certaines associations, de plus grande envergure, réussissent toutefois à obtenir des partenariats avec des agences publicitaires, qui travaillent alors bénévolement ou à des tarifs très préférentiels pour eux. On peut citer en exemple l’AIVI et l’association Droits des Non-Fumeurs pour les deux campagnes évoquées plus haut, ou encore la Fondation Abbé Pierre. C’est une notion que je trouve remarquable, même si elle ne concerne qu’une toute petite partie du monde associatif, car au-delà de l’intérêt mercantile qu’elle constitue pour les agences, elle permet aux associations de pouvoir communiquer autour des causes qu’elles défendent ( sans quoi, elles ne le pourraient probablement pas ).


Diffusion des messages

La nature du sujet dont il est question a souvent de lourdes conséquences sur la possibilité, ou pas, de diffuser dans l’espace public les objets de communication créés. Ainsi, comparant mes deux sujets principaux, on s’aperçoit que la communication relative à l’inceste est quasiment absente visuellement de l’espace public, alors que la lutte contre le mal logement, ou plus généralement contre la misère, occupe régulièrement les panneaux publicitaires de nos villes par exemple. Ceci s’explique simplement par le fait que l’inceste est un sujet qui a été tabou pendant très longtemps, qui dérange parce qu’il va à l’encontre de nos représentations parentales, de notre idéal familial. En revanche, confronté quotidiennement à des personnes mendiant, à des sans-abris, ou simplement à des gens en état de grande précarité, chacun a plus ou moins conscience du phénomène, et se sent même parfois touché par le sujet. En effet, selon un sondage réalisé fin 2009 par l’institut CSA pour le compte de l’association Emmaüs, en première ligne dans la lutte contre l’exclusion, 56 % des Français estiment qu’ils pourraient un jour se retrouver sansabris, et 75 % se disent solidaires des SDF. On comprend bien alors pourquoi il est moins délicat de mettre en place une campagne relative au mal logement dans l’espace public, qu’une concernant l’inceste.

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Les campagnes de sensibilisation et de prévention peuvent être diffusées de nombreuses façons différentes. Le choix de l’un ou l’autre de ces moyens de diffusion se fait selon divers critères, en fonction du public que l’on souhaite atteindre, certes, mais aussi de la possibilité ou non de montrer certaines choses à certains endroits, ou encore pour des raisons financières.


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Cependant, si ce type de problèmes est très peu traité, en France, grâce aux outils de communication classiques ( affichage, encarts presse, ou spots télévisuels ), il est en revanche très représenté sur le Web. Le manque de moyens financiers des associations ( la mise en ligne d’un site Internet ne coûtant quasiment rien et permettant une diffusion sans limites ), et les blocages qui leur sont imposés en termes de choix de direction de communication dans l’espace public, sont probablement les causes principales de cette singularité. On retrouve donc sur Internet les sites des associations, mais aussi de nombreux sites constitués par des victimes elles-mêmes, ayant souvent pour objectif de venir en aide à d’autres victimes éventuelles. Ils prennent parfois la forme de blogs, sur lesquels les victimes partagent leurs expériences ( passées la plupart du temps ), se tiennent au courant de l’évolution de leur santé physique et mentale, ou du procès lorsqu’il y en a un. D’autres sont davantage une compilation de différents témoignages et de textes de soignants expliquant les maux engendrés par ce type d’agressions. Les sites des associations, en revanche, sont pour la plupart un peu plus complets dans leur contenu. Accordant souvent aussi une place aux témoignages, et à divers textes théoriques sur le sujet ( écrits par eux-mêmes ou récupérés dans des livres ou articles ), ils y décrivent leurs rôles, leurs objectifs, et leurs actions. Les sites les plus travaillés en termes de contenu présentent également souvent une partie exposant les mesures à prendre en cas d’agressions subies ou découvertes dans son entourage, ainsi que les données juridiques à connaître par exemple. La monstration massive de ce problème en ligne est, à mon avis, quelque chose de positif, parce que cela permet que le problème ne soit pas totalement oublié. Pourtant, il est vrai que sur Internet, compte tenu de la quantité énorme d’informations à disposition, trouver ce genre de sites n’arrive a priori que si une recherche dans cette direction a été faite par l’internaute. Contrairement à une diffusion dans l’espace public, à la vue de tous, ce n’est pas directement l’information, ou la prévention, qui vient à au public, mais plutôt lui qui doit prospecter.


En d’autres termes, bien que permettant une diffusion large, le Web ne possède pas l’immédiateté ( ni probablement l’efficacité donc, dans ce cas précis en tous cas ) d’une communication présente dans l’espace public. La source incroyable d’informations qu’est Internet renferme évidemment de nombreuses ressources concernant aussi les autres problèmes davantage évoqués, eux, dans d’autres formes de communication, comme le mal logement. Sites d’associations, articles détaillant et analysant la situation en France et à l’étranger, sites de soutien, etc. ne manquent pas non plus sur le Web.

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De la même façon, au Québec, de nombreux sites Web sont consacrés à la problématique de l’inceste. Toutefois, ils semblent avoir beaucoup d’avance sur nous en la matière. Effectivement, une différence non négligeable avec la France, est que le site-même du gouvernement canadien présente une campagne de sensibilisation, traitant des agressions sexuelles de façon générale, mais y incluant sans détour la notion d’inceste, et offre des ressources pratiques détaillées et très bien expliquées pour les victimes, les agresseurs ou l’entourage. Sur le site officiel de l’Agence de la santé publique du Québec, c’est pareil, de nombreux guides relatifs à toutes formes d’agressions sexuelles sur les enfants, dont l’inceste, sont téléchargeables. Selon les cas, ils se destinent aux enfants ou aux adolescents aux-mêmes, aux parents, aux enseignants, ou encore à une catégorie bien précise de personnes ( très jeunes filles par exemple ).Le site propose même d’en commander gratuitement jusqu’à quinze exemplaires, mesure très intéressante d’un point de vue préventif, car permettant une diffusion beaucoup plus aisée des documents. En France, en revanche, le site du gouvernement n’évoque l’inceste que par rapport à la législation.


42 Site Web de l’AIVI ( page d’accueil )

Parmi les sites Web des associations françaises de lutte contre l’inceste, celui d’AIVI est certainement

- Données techniques sur l’association, ses missions

le plus complet. Cependant, cela n’empêche pas

et ses actions ( compte-rendus ).

que son manque de clarté rend plutôt difficile l’accès aux nombreuses données qu’il comporte.

- Données théoriques sur l’inceste, ses

Après que l’internaute, peut-être une victime pour

conséquences, et les moyens d’y remédier.

qui le cap a déjà été difficile à franchir, ait dû faire l’effort de trouver le site Web par lui-même, il

- Diverses publications d’AIVI ( aide légale, ou

lui faudra encore se dépêtrer de ce foisonnement

psychologique ) à acheter ( bénéfices reversés à

d’informations pour enfin obtenir la réponse qu’il

AIVI ), ou à télécharger ( brochures, manifestes,

était initialement venu chercher.

etc. ).

De plus, sans même aborder le style graphique à proprement parler, la simple profusion d’éléments

- Une médiathèque : vidéos visionnables en ligne,

de toutes sortes sur la page d’accueil créé un effet

et conseils cinématographiques ou de lectures.

plutôt repoussant, n’incitant malheureusement pas

- Et une grande rubrique « témoignages », divisée

trop les visiteurs à rester sur la page pour accéder

en sous-catégories.

à ses considérables ressources.


43 Campagne canadienne de prévention contre les agressions sexuelles en tous genres, diffusée actuellement sur le site du gouvernement canadien. Les chiffres à droite des visages sont un compteur qui défile en direct, comptabilisant le temps depuis l’agression. Au-delà de la valeur que représente une telle démarche de la part du gouvernement canadien, comparée au manque d’initiatives du nôtre, je trouve que la clarté des visuels et du message rendent la campagne très efficace.


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Les campagnes d’affichage, auxquelles sont souvent associés des spots destinés à être diffusés à la télévision, malgré leur coût important ( réalisation et achat de l’espace publicitaire pour un temps donné ), ont une visibilité exemplaire puisque se situant dans l’espace public ou sur un média à forte audience, et garantissent donc, si toutefois elles sont elles-mêmes de qualité, une grande efficacité en termes de communication. Concernant la pauvreté ou le mal logement, les campagnes d’affichage sont relativement courantes en France ( au moins une différente par an ). Néanmoins, même si les sondages récents confirment l’implication de la majorité de la population française, le problème est loin d’être réglé. La communication sur ce thème reste donc impérative pour faire avancer les choses. La Fondation Abbé Pierre, membre d’Emmaüs International et d’Emmaüs France, créée en 1988 pour le logement des plus défavorisés, est certainement l’organisme le plus actif en termes de communication à ce sujet. Régulièrement, l’agence publicitaire française BDDP Unlimited réalise pour eux des campagnes de sensibilisation, ensuite largement diffusées. Traitant du problème des taudis, dangereux pour la santé, de la surpopulation dans les logements, ou encore du non-logement qui se développe fortement avec la crise économique et que les pouvoirs publics ignorent bien souvent, leurs campagnes sont souvent très puissantes visuellement, et ont le mérite de dire très habilement les choses. Ci-contre : Campagne de sensibilisation traitant précisément du problème des taudis, réalisée en 2007 par BDDP Unlimited pour La Fondation Abbé Pierre. Les textes, utilisant un vocabulaire simple et une formulation facile d’accès, occupent une place très importante dans les affiches, prenant même le pas sur les photographies de fond, qui ne sont plus là que pour créer une ambiance malsaine, effrayante, repoussante.


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« Hiver 2008 », campagne de sensibilisation au problème du mal logement, réalisée par l’agence publicitaire française BDDP Unlimited pour la Fondation Abbé Pierre, et élue Grand Prix de la Campagne Citoyenne 2010. Le slogan et les photographies de chaque affiche comparent la taille des logements à celle des espaces publicitaires - leur lieu de diffusion appuyant encore cet effet. La campagne a également été renforcée par une opération de « guerilla marketing » dans les lieux emblématiques de la capitale ( Palais de Justice, Bourse, Hôtel de Ville et Assemblé Nationale ) : cinq « commandos » composés de représentants de la Fondation Abbé Pierre, d’Emmaüs et de BDDP Unlimited se sont donné rendez-vous pour coller au sol les visuels phares de la campagne et distribuer des tracts.


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Campagne de sensibilisation, réalisée par BDDP Unlimited pour la Fondation Abbé Pierre, et diffusée au cours de l’été 2009. L’objectif est d’alerter sur la problématique des SDF et des mal-logés en période estivale. À tort, le grand public, influencé par le discours de nos médias, a tendance à considérer que les pauvres sont plus à l’abri de la souffrance à ce moment-là. Pourtant, les SDF et les mal-logés meurent aussi nombreux l’été que l’hiver. Donc juste en termes d’approche, la campagne me paraît très efficace grâce au lien visuel entre le SDF et le maître-nageur sauveteur, impliquant le public, lui-même souvent en vacances à la plage à cette période de l’année.


récemment, en 2010, par la Fondation Abbé Pierre. Elle traite des logements qui n’en sont pas ( habitat en caves, locaux commerciaux, garages, voitures, etc. ). Les photographies, fond des affiches, attirent l’œil par leur esthétique, mais sont tout de même un peu effrayantes, perturbantes ( couleurs, nuit, ciel menaçant, et surtout ombres chinoises au sol ). Seul un slogan y figure, identique sur tous les visuels et n’en occupant qu’une petite partie, laissant alors à l’image le rôle principal. 10 000 affiches ont été diffusées pendant 8 jours en France, visibles dans les abribus ou sur les flancs des bus. Un clip vidéo, basé sur le même principe que les affiches, a également été diffusé à la télévision, pendant cette même période.

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Campagne de BDDP Unlimited, lancée très


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Pas de campagne d’affichage concernant directement l’inceste en France. Toutefois, d’autres types de campagnes sur des sujets connexes peuvent s’en rapprocher en termes de problématiques de communication. Diverses associations, nationalement ou internationalement reconnues, organisent régulièrement des campagnes de prévention ou de sensibilisation utilisant l’affichage public, à plus ou moins grande échelle. Deux d’entre elles sont largement en tête de la visibilité dans l’espace public. Enfance et Partage est une association française qui se bat depuis trente ans pour « protéger, défendre et prévenir les enfants contre toutes formes de maltraitance, que ce soit les violences physiques ou psychologiques, les négligences graves ou les abus sexuels. » En collaboration avec diverses agences publicitaires, elle réalise de façon régulière des campagnes de prévention, traitant chaque fois d’une caractéristique précise relative aux problématiques dont elle s’occupe. Ses campagnes sont en général très réussies. Les choses sont dites, montrées ou fortement suggérées, parfois exagérées ( comme sur la campagne de 2008 ), la violence est bien présente dans le message, mais la subtilité employée pour le communiquer permet de passer à travers les restrictions imposées par l’ARPP. Pourtant, l’une de ces campagnes ( ci-contre ), quoique me paraissant efficace au premier abord, m’a ensuite fait m’interroger sur la réelle nécessité d’intégrer aux visuels de telles photographies. Choisies suffisamment neutres pour ne pas choquer et permettre une identification plus facile du public aux personnes évoquées, par conséquent, elles ne disent rien. Le seul texte n’aurait-il pas suffi à faire passer le message ? Ou bien, l’utilisation d’un autre type d’images moins réalistes ( la photographie étant peut-être trop proche du réel et, malgré l’arrivée du numérique, encore trop gage de vérité dans l’inconscient collectif ), n’aurait-elle pas permis de pouvoir en montrer davantage, être plus incisif encore, sans pour autant risquer la censure ?


En réalité, cette campagne n’a pas vraiment pu bénéficier, faute de moyens, d’un affichage public. Cependant, un grand nombre d’affiches a été distribué à des centres spécialisés pour y être affichées. Elle a également été diffusée toute l’année dans la presse écrite en fonction des espaces offerts. Des mots sont mis sur la souffrance d’adultes qui, enfants, ont subi des violences physiques ou sexuelles et n’ont jamais pu en parler. L’association de ces textes courts et percutants, et des portraits plutôt dramatiques en fond, joue sur l’émotionnel, donnant un côté très austère aux affiches, renforcé par les nuances choisies.

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Campagne de 2004 d’Enfance et Partage, réalisée bénévolement par l’agence Publicis Conseil.


En termes de diffusion, les stratégies choisies impliquent une bonne connaissance de l’offre et de ses enjeux. Par exemple, la campagne de 2005 d’Enfance et Partage ( ci-contre ) a été uniquement diffusée sur le réseau Métrobus, à moindre coût que pour un affichage classique, et avec une efficacité de diffusion incontestable.

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En effet, selon le baromètre IPSOS, méthode d’évaluation de l’efficacité d’une campagne d’affichage : « pour les budgets plus ‹ limités ›, l’option ‹ 100 % Métrobus › s’avère très performante. Depuis trois ans, les meilleurs scores ont été obtenus par des campagnes ayant inclus Métrobus dans leur plan. » Un choix judicieux économiquement parlant, et en termes d’efficacité, qu’il s’agit donc de souligner…


53 Signée Léo Burnett, cette campagne de 2005 d’Enfance et Partage suggère la maltraitance quotidienne en montrant des objets anodins pour chacun, mais objets de torture pour les enfants maltraités ( enfermement, brûlures, sévices sexuels, immobilisation sous la contrainte ). Elle fut diffusée sur le réseau Métrobus toute l’année. Le contraste entre la violence du message divulgué par le texte, et la présentation neutre des objets sur fond blanc, rappelant la froideur d’un catalogue de vente, y est saisissant. La force de cette campagne réside, à mon avis, dans cette opposition impliquant une lecture des visuels en deux temps : d’abord d’une façon très distanciée, puis beaucoup plus impliquée, dérangeante, au moment de la compréhension du sens.


Si j’évoquais précédemment les risques pris en choisissant d’utiliser des photographies dans ces visuels – risques de censure, ou au contraire d’auto-censure entraînant une trop grande neutralité des images – la campagne de 2008 d’Enfance et Partage ( ci-contre ) me permet d’affirmer qu’il peut en être autrement. Effectivement, ici, l’usage de la photographie n’est pas problématique. Malgré une forte connotation de violence, les images passent facilement, et ceci parce que le trucage est clairement perceptible, annihilant alors le lien entre photographie et réalité.

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C’est encore une fois une remarquable façon de contourner le problème lié à l’utilisation de l’image photographique.


55 Campagne 2008 de l’agence MC Saatchi GAD,

anormalement marqués, ridés. La tristesse dans

pour Enfance et Partage, déployée dans toute la

leurs yeux, augmentée par les cernes rajoutés,

France avec 100 000 affichettes, 4 millions

donne un côté très dur, mais aussi très émouvant

de flyers et un spot télévisuel.

à ces visuels, augmentant leur efficacité auprès du

Elle symbolise, grâce à du maquillage et à

public.

un trucage photographique, le vieillissement prématuré des enfants maltraités. La force de ces visuels repose sur la subtilité des images. D’abord, l’œil s’arrête, percevant quelque chose d’étrange, puis c’est à l’observation plus précise des visages qu’on s’aperçoit qu’ils sont


« Préserver la dignité et l’intégrité des enfants et des adolescents sur Internet » constitue la mission d’Action Innocence, organisation non gouvernementale ( ONG ) à but non lucratif, reconnue d’intérêt général, et fondée en Suisse par Valérie Wertheimer en 1999 en Suisse, puis en France en 2003. À ce jour, Action Innocence est présente en France, en Belgique, en Suisse et à Monaco.

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Cette association réalise aussi régulièrement des campagnes de prévention diffusées en France. De la même façon que celles d’Enfance et Partage, ces campagnes se placent à la limite du tolérable. Les messages communiqués, le sens caché derrière les visuels, voire même parfois les mots employés, sont très violents, mais rien dans l’image n’est véritablement choquant, rien qui pourrait heurter les âmes sensibles. C’est grâce à cette subtilité que ce type de campagne peut être diffusé très largement sans soucis.


sur les grandes chaînes françaises, qui permet que

2005, et diffusée en France avec deux spots

les affiches fonctionnent si bien. Sans l’existence

présentés dans les écoles, au cinéma et à la

du clip, elles resteraient compréhensibles, mais

télévison, ainsi qu’avec ces deux affiches. L’objectif

beaucoup moins parlantes je pense, beaucoup

de la campagne est d’alerter sur les dangers

moins fortes et efficaces.

d’Internet pour les enfants. L’efficacité de ces deux affiches repose essentiellement sur le lien qu’elles entretiennent avec les clips vidéos de la campagne. En effet, sur les spots, il y avait un effet de surprise lors du visionnage : au départ, seul le visage d’enfant, discutant sur Internet, était visible, puis l’élargissement du plan permettait de se rendre compte que c’était en réalité un adulte portant un masque qui discutait devant la webcam, utilisant le pseudo et l’apparence d’un enfant pour tromper son jeune correspondant. Il est, bien évidemment, impossible de retranscrire cette chute sur un visuel papier, mais c’est l’existence des deux supports, dont le clip qui a largement été diffusé, notamment

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Campagne réalisée par Euro RSCG Genève en


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Produite par Euro RSCG Genève en 2009, cette campagne de prévention a été diffusée en France et se déclinait dans la presse, à la TV, et par voie d’affichages. Deux variantes étaient proposées : pour les filles et pour les garçons. Destinée à alerter les parents sur les nouveaux risques d’Internet, toute l’efficacité de la campagne se joue sur le contraste entre l’univers de l’enfance ( naïf et innocent ) et la celui d’Internet ( dangereux et violent ). La signature de la campagne « Faisons d’Internet un lieu plus sûr » invite chacun à agir. Les spots TV correspondaient exactement aux affiches, mais le médium audiovisuel permettait une arrivée plus progressive des informations.


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Contrairement à la France, il semble que l’Allemagne soit peu réticente à l’utilisation de visuels très directs voire choquants dans ses campagnes. Les limites n’étant visiblement pas les mêmes. Leurs visuels de lutte contre les abus sexuels sur les enfants sont beaucoup plus audacieux, plus osés. Les images, malgré leur esthétique, sont très violentes. Ils ne montrent pas non plus les choses directement, mais font subtilement appel à des symboles de l’enfance, contournant alors la difficulté de la représentation des enfants eux-mêmes. La sobriété globale des affiches les rend particulièrement efficaces.

Visuels de l’agence Grabarz & Partner Inside, pour

l’association Gegen Missbrauch ( Against Abuse Inc.)


Comme pour leurs efforts en matière de prévention sur le Web, les campagnes d’affichage luttant contre l’inceste ou les violences sexuelles infligées aux mineurs sont beaucoup plus courantes au Québec qu’en France.

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La fondation Marie-Vincent, organisme québécois à but nonlucratif, venant en aide depuis 1975 aux enfants victimes de maltraitances, et plus particulièrement d’agressions sexuelles, produit par exemple chaque année une ou deux campagnes luttant contre ces problèmes. Les affiches de ces campagnes de prévention sont diffusées dans l’espace public, au même titre que les autres objets qui complètent en général les campagnes ( messages télévisuels, radiophoniques, ou sur le Web ). On peut noter la violence qui se dégage de chacune des affiches, non directement par le visuel, mais par l’idée qu’il évoque, le message qu’il tente de faire passer. L’utilisation de texte seul, ou d’images peu offusquantes en elles-mêmes, mais devenant des symboles forts suggérant l’horreur sans toutefois offenser le regard du public, est encore une fois une façon très intéressante de contourner les problématiques liées à l’utilisation d’images trop choquantes. C’est également un principe que j’ai utilisé dans plusieurs de mes projets de lutte contre l’inceste.


perdu sa doudou à 3 ans

et son enfance à 6 ans

et son innocence à 4 ans

L’ENFANCE, PAS LA VIOLENCE

L’ENFANCE, PAS LA VIOLENCE

www.marie-vincent.org

www.marie-vincent.org

Campagne, réalisée en 2005, se déclinant sur deux affiches, traitant de façon assez subtile de la violence infligée aux enfants. La force de ces affiches repose, à mon avis, sur leur sobriété. L’impact de ces affiches est très puissant, notamment grâce au recours unique au texte, très succinct, mais reposant sur un contraste fort ( entre la candeur d’un enfant et l’horreur d’un acte offensif sur l’un d’eux ), emprunt d’énormément de violence.

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perdu une dent à 5 ans


Conception : TAM-TAM\TBWA

Conception : TAM-TAM\TBWA

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www.marie-vincent.org

L’ENFANCE, PAS LA VIOLENCE

www.marie-vincent.org

L’ENFANCE, PAS LA VIOLENCE

Créée en 2007, cette campagne repose sur un

Aussi réalisée en 2007, cette autre campagne

message télé et radio portant sur l’agression

comporte également un message télé et radio de

sexuelle envers les enfants, et sur cette affiche

la même nature. La sobriété de l’affiche la rend

assez « violente ». Mais, malgré la violence de

très efficace et lui confère un fort impact visuel. Le

l’image, en réalité, rien de scandaleux n’est

message est clair, on va directement à l’essentiel,

montré. Seul le message qui s’en dégage, l’idée

sans aucune violence visuelle, tout en subtilité.

de la mort d’un enfant, appuyée par le texte, crée

De la même façon, l’utilisation du symbole est un

un choc.

contournement intelligent des problématiques de

Cette façon détournée de dire les choses sans

communication liées au sujet.

risquer de heurter le public, de simplement les suggérer par l’utilisation de dessins ou de symboles, me semble être une bonne alternative.


L’enfance, pas la violence. s.v.p. www.marie-vincent.org

IT SHOULDN’T HURT TO BE A CHILD

Campagne de 2008, abordant le thème du silence imposé par l’agresseur, sa domination, son pouvoir sur sa victime. La puissance évocatrice de l’image est très forte. Cette campagne a été diffusée à l’échelle du Québec au moyen d’une vaste opération d’affichage dans différents lieux publics et sur Internet. Un message d’intérêt public était également diffusé à la radio. Son lancement coïncidait avec le lancement du plan d’action gouvernemental de lutte contre les agressions sexuelles. Cette vaste campagne invitait la population à briser le silence

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L’ENFANCE, PAS LA VIOLENCE


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Toujours au Québec, le gouvernement a lancé une vaste campagne de sensibilisation aux agressions sexuelles. Cette campagne a débuté fin mars et se poursuivra jusqu’à la mi-mai de cette année 2010. L’objectif principal est de sensibiliser la population aux graves conséquences des agressions sexuelles et à en donner un portrait juste. Sur le site du gouvernement, on peut découvrir les spots Web et les spots télévisuels, dans lesquels l’accent est mis sur l’impossibilité d’oublier une agression sexuelle, et qui proposent une aide en donnant les adresses Web et numéros à contacter. On peut également y télécharger ( ou commander pour un envoi postal de la version papier ) trois dépliants différents. Ces documents préventifs ciblent chacun un public et une problématique différents : les abus sexuels sur les personnes handicapées et contre les personnes aînées ( deux documents qui s’adressent en particulier à l’entourage de ces personnes ), et les agressions sexuelles de façon générale ( document délivrant des informations d’ordre plus global, et se destinant au grand public ). L’intérêt que représentent ces documents est indéniable en terme de prévention. Très complets, ils délivrent aussi bien des informations d’ordre théorique que d’ordre pratique. De plus, le travail graphique qui a été fourni pour leur réalisation est notable en regard des documents habituels de prévention. Les informations y sont présentées clairement, facilitant la recherche d’un élément précis grâce à des titres bien visibles par exemple. De plus, l’esthétique globale des documents est plutôt attrayante, donnant envie de lire, de s’intéresser au contenu. Ce genre d’initiative de la part du gouvernement, de lancer une telle campagne d’une part, mais aussi d’y prêter un tel intérêt sur le plan visuel, est remarquable.


LES PRINCIPALES FORMES D’AGRESSION SEXUELLE Une agression sexuelle peut prendre plusieurs formes. Différents gestes peuvent être posés, et le degré de violence utilisée peut aussi varier.

BAISERS

à caractère sexuel

ATTOUCHEMENTS

seins, cuisses, fesses, pénis, vulve, anus

MASTURBATION

de la personne par l’agresseur ou de l’agresseur par la personne

CONTACT ORAL-GÉNITAL

FELLATION : intromission du pénis de l’agresseur dans la bouche de la victime ou du pénis de la victime dans la bouche de l’agresseur CUNNILINGUS : contact buccal des organes génitaux d’une fille ou d’une femme

LES AGRESSIONS SEXUELLES CONTRE LES PERSONNES HANDICAPÉES

EXISTENT ET MARQUENT PROFONDÉMENT

Soyons vigilants

PÉNÉTRATION

pénétration vaginale ou anale par le pénis, pénétration de l’anus ou du vagin avec les doigts ou avec des objets

EXHIBITIONNISME

comportement d’une personne qui montre ses parties génitales en public

FROTTEURISME

comportement d’un individu qui recherche le contact physique avec des personnes non consentantes, dans des endroits publics (par exemple, tenter de frotter ses organes sexuels sur des inconnus dans l’autobus)

VOYEURISME

UNE RÉALITÉ DIFFICILE,

QU’IL FAUT DÉNONCER LES AGRESSIONS SEXUELLES CONTRE LES PERSONNES AÎNÉES

EXISTENT ET MARQUENT PROFONDÉMENT Soyons vigilants

Certaines études indiquent que le portrait serait plus sombre encore. Ainsi, elles soutiennent que les agressions sexuelles sont les infractions contre la personne les moins signalées aux autorités policières. Pourquoi ? En raison de la honte ou de la PEUR ressentie par les victimes ainsi que des tabous, des mythes ou des PRÉJUGÉS à l’endroit de ces crimes qui nuisent à la dénonciation.

En tenant compte des 5 341 agressions sexuelles répertoriées au Québec en 2008, voici ce qu’on peut dire de l’agresseur : Dans plus de huit cas sur dix, l’agresseur est une personne CONNUE de la victime; Dans 98 % des cas, c’est une personne de sexe masculin; Dans 77 % des cas, c’est un adulte; ♦ Dans 70 % des cas, l’agresseur commet son crime dans une résidence privée (généralement la sienne ou celle de la victime). ♦

Rappelons que l’agresseur est l’unique responsable de l’agression sexuelle.

COMMENT FAIRE SA PART POUR CONTRER LES AGRESSIONS SEXUELLES?

QUI SONT LES VICTIMES

D’AGRESSION SEXUELLE? À la lueur des statistiques policières de 2008, on peut affirmer que : ♦ Les victimes sont majoritairement des femmes et des enfants. ♦ Plus de HUIT SUR DIX (81 %) connaissaient l’agresseur. ♦ La majorité (69 %) a été agressée dans une résidence privée. ♦ Près de trois victimes sur dix (29 %) ont été BLESSÉES physiquement.

Les mots d’ordre : vigilance, information et sensibilisation. Pour contrer les agressions sexuelles, il faut favoriser une meilleure connaissance de celles-ci tant auprès des jeunes que des adultes. Il faut aussi travailler à l’atteinte de l’égalité entre les hommes et les femmes, les garçons et les filles dans la société. Soyons vigilants, rappelons-nous que : ♦

PEU IMPORTE LES CIRCONSTANCES d’une agression sexuelle, la victime n’est

PAS RESPONSABLE !

La réalité, c’est que ça peut arriver à n’importe qui : enfant, adolescent, adolescente ou personne adulte quel que soit son âge. Mais la victime n’est jamais responsable… peu importe comment elle est habillée, peu importe son état ou son comportement.

EN QUOI SE DISTINGUE

L’AGRESSEUR SEXUEL? MONSIEUR TOUT-LE-MONDE LES AGRESSIONS SEXUELLES

EXISTENT ET MARQUENT PROFONDÉMENT

Demandez de l’aide

L’agresseur est généralement une personne saine d’esprit qui connaît la victime et qui profite de sa relation de confiance ou de sa position d’autorité avec elle pour l’agresser sexuellement. Ce peut être un parent, un entraîneur sportif, un professeur, un employeur, un collègue, un client, un conjoint, un membre de la famille, un ami, un professionnel consulté ou une simple connaissance.

Chez les JEUNES FILLES, les agressions sexuelles sont plus souvent commises à l’intérieur du milieu familial par un oncle, un cousin, un frère, un ami, le père, le conjoint de la mère, etc. Chez les JEUNES GARÇONS, les agressions sexuelles surviennent davantage à l’extérieur du milieu familial et sont commises par un entraîneur sportif, un professeur, un animateur de camp, etc. De façon générale, les agresseurs sont presque exclusivement de sexe masculin et principalement des adultes, sains d’esprit, tels un conjoint, un ami, une connaissance, un professionnel consulté, un collègue de travail, un employeur, un camarade d’études, un voisin ou un membre de la famille. Certains groupes de femmes sont plus à risque aux agressions sexuelles notamment les jeunes femmes, les femmes autochtones, les prostituées et les itinérantes, tandis que d’autres groupes sont plus vulnérables : les personnes handicapées, les femmes des communautés culturelles et les personnes aînées.

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tendance ou comportement « voyeuriste », c’est-à-dire basé sur l’attirance à observer l’intimité ou la nudité d’une personne ou d’un groupe de personnes


Dans un autre registre de la communication, l’événementiel peut aussi jouer un rôle très utile à l’évolution des problématiques liées aux sujets « difficiles ».

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L’association AIVI, par exemple, a organisé en 2004 l’opération « 50 000 nounours face à l’Inceste », destinée à la sensibilisation du grand public et des pouvoirs politiques. Cette action s’est déroulée en trois étapes : une collecte de nounours, symbole de l’enfance et de l’innocence, l’invitation à la signature du manifeste AIVI ( dont la principale demande était l’insertion de l’inceste dans le code pénal ), puis, un rassemblement lors de la Journée Mondiale des Droits de l’Enfant. Plusieurs stands d’information étaient présents : prévention, santé, droit ... et les élus étaient officiellement invités à venir répondre à leurs propositions ce jour-là. Face au succès et à la médiatisation de l’événement, le Ministre de la justice de l’époque, Dominique Perben, s’était engagé publiquement le 26 novembre à insérer l’inceste dans le code pénal. Ce n’est toutefois qu’après de nombreux rebondissements que La loi Fort a été votée, le 28 janvier 2010, dont le premier volet a été promulgué au journal officiel le 8 février. Le mot « inceste » est donc désormais inscrit dans le code pénal, ce qui est très important pour lutter contre ce fléau.


Affiche de l’opération « 50 000 nounours face à l’Inceste », créée par Jacques Séguéla ( Euro RSCG ). Illustrant littéralement dans la photographie constituant l’affiche l’idée d’objet sexuel, par une poupée gonflable couchée dans un lit d’enfant, l’auteur a pris le parti de créer un choc visuel. Effectivement, si la chambre est plutôt neutre dans son décor, les trois ours en peluche ( rappelant également le titre de la manifestation ), dont un dans les bras de la poupée, indiquent clairement le subterfuge, la substitution. Par ses couleurs, sa position centrale dans la page, et enfin son côté dérangeant, la poupée gonflable devient peu à peu de plus en plus troublante, attirant pernicieusement notre regard dans sa direction. L’orientation du cadrage augmente encore cet effet, puisque nous adoptons malgré nous la position de l’éventuel agresseur, de celui qui Ce côté perturbant rend l’affiche très efficace, car il permet de marquer les esprits. Plus que la simple promotion de l’événement organisé par AIVI, et bien qu’elle ne soit pas revendiquée en tant que telle, cette affiche me paraît manifestement être une affiche de prévention dissimulée derrière le prétexte de l’opération des 50 000 nounours.

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prendrait son enfant pour un objet sexuel.


Dans le même esprit, cette même association a monté en 2006 une exposition itinérante, sur le thème de l’inceste, « Des mots, des maux », circulant dans toute la France dans divers lieux comme des associations, écoles, mairies, hôpitaux, bibliothèques, etc. S’adressant à tous les publics, elle était constituée de témoignages, d’informations diverses sous forme d’abécédaire, et de photographies.

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La vocation première de cette exposition était d’informer, de sensibiliser, de prévenir sur le sujet. « Former les gens à entendre, à voir et à aider, c’est leur apprendre le poids des maux liés à l’inceste, le sens du mot tout en libérant la parole des victimes. Parler de l’inceste tout simplement, parce qu’on le connaît peu et qu’il sévit dans tous les milieux. […] Combattre quelques idées reçues tout en donnant matière à penser : telles sont les ambitions de cette exposition. »  Bien entendu, faire connaître le travail de l’association était également un objectif important d’AIVI, afin de mettre en place de véritables partenariats sur la durée.


Affiche de l’exposition itinérante de l’association AIVI « Des mots, des maux ». Cette affiche, plutôt surprenante en comparaison avec l’affiche de la dernière manifestation organisée par cette même association, n’est pourtant que le reflet de la majorité des documents issus de la plupart des petites associations. En effet, en l’absence de partenaires dans le milieu de la publicité comme les grandes associations, ou n’obtenant pas systématiquement leur soutien pour la réalisation de l’ensemble du matériel de communication, le manque de moyens financiers les poussent souvent à faire appel à des bénévoles pour la création de leurs visuels, du site Web à l’affiche, en passant par les brochures, plaquettes et toutes sortes de documents circulant au sein de Le problème, c’est qu’en général, ces bénévoles n’ont qu’une connaissance ( très ) approximative du graphisme, c’est-à-dire qu’ils ont quelques notions en informatique et s’imaginent alors, plein de bonnes intentions, pouvoir aider les associations. En réalité, leur aide n’en est pas toujours une. Prenons l’exemple d’une affiche, si elle ne sort pas visuellement du lot, que les informations principales ne se lisent pas bien, ou encore qu’elle fait appel à un vocabulaire si désuet qu’elle semble traîner sur ce mur depuis de nombreuses années, l’efficacité recherchée sera quasi nulle, et malgré l’économie, l’association n’en retirera aucun bénéfice. Mise à part cette affiche, qui sert alors de support unique à ma critique d’ordre plus global, n’en voyant pas vraiment l’intérêt, j’ai choisi de ne pas insérer à mon mémoire de visuels entrant dans cette catégorie que je considère comme médiocre

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l’association.


Investir l’espace public, être visible de tous, est fondamental pour communiquer sur des sujets « difficiles ». L’association ActUp – Paris, créée le 26 juin 1989 suivant le modèle d’Act Up New-York ( existant depuis 1987 ), est un modèle exemplaire en la matière. Leur rôle est en premier lieu de lutter contre le SIDA, mais aussi contre toutes les formes de discriminations, les dominations et les inégalités qui le nourrissent.

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Leur objectif est de rendre visible la maladie, les malades, afin de ne plus laisser les institutions décider de leur sort à leur place. Leur combat est avant tout une lutte politique. L’identité visuelle d’Act Up est forte et marquante. Ils mènent leur combat grâce à la violence symbolique de leurs visuels, de leurs slogans lapidaires et de leurs actions médiatiques. Leurs partis pris radicaux et leurs actions militantes ont pour but d’obliger les pouvoirs publics et l’establishment à agir. C’est pourquoi, pour faire réagir, ils ont souvent la nécessité de «faire acte de désobéissance civile», d’agir à la limite de la légalité. Les zaps ( actions dites rapides ), occupations, manifestations, campagnes de lobby, coups médiatiques, sont autant de moyens d’alerter, d’informer, mais aussi de faire pression. La force de leur communication réside dans la simplicité de leurs images et la clarté de leurs messages. Investissant l’espace public par des tracts, banderoles, pancartes, tee-shirts, affiches au graphisme travaillé et percutant, leurs revendications ne passent pas inaperçues. Utilisant leurs propres corps pour communiquer, lors de diverses manifestations, les militants d’Act Up s’allongent au sol, symbolisant les morts par le SIDA, et ainsi tentent de marquer les esprits pour combattre l’épidémie. Même si Act Up et moi ne travaillons pas vraiment sur les mêmes sujets, j’admire le travail qu’ils font, et me sens proche de leur vision de la communication revendicative, dont je me suis d’ailleurs fortement inspirée pour l’un de mes projets du DNSEP.


Archives visuelles de différentes actions des

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membres de l’association Act-Up – Paris.


Relations avec le monde de l’Art

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Concernant le même type de sujets, le monde de l’Art offre en général beaucoup plus de libertés aux créateurs. En effet, des photographes comme Nan Goldin ou encore Larry Clark sont aujourd’hui exposés sans aucun problèmes dans n’importe quelle institution dédiée à l’Art. Les photographies qu’ils exposent sont pourtant loin d’être « politiquement correctes », mais le contexte de lieu d’exposition dans lequel elles sont montrées semble suffire à justifier leur caractère décalé.


Les photographies de Nan Goldin, ce sont

Ces photographies, d’un réalisme parfois brutal,

l’histoire de sa vie au cœur de la contre-culture,

concernent souvent des scènes privées. Ainsi,

une accumulation de clichés qui livrent sans tabou

elle décrit dans ses images l’usage de la drogue

ses amitiés, ses amours, mais aussi sa solitude et

au sein de couples violents, la vie des travestis,

sa fragilité. Photographiant toutes sortes d’univers

les méfaits de l’alcool, le sexe considéré comme

assez marginalisés, comme le milieu des drag

déviant, etc.

queens, les milieux gays et travestis, les membres

Ce qui m’intéresse particulièrement dans

de la culture punk de Bowery, minés par la

son travail, c’est la disparité entre ce qu’elle

consommation de drogues dures, on retrouve dans

photographie, plutôt déviant de la norme, et la

ses images différents thèmes récurrents comme la

façon si simple, naturelle, qu’elle a de nous le

fête, la drogue, la violence, le sexe, et l’angoisse.

montrer, créant ainsi un décalage que je trouve

Dans les années 80, le SIDA a « décimé » son

particulièrement intéressant.

groupe d’amis. Elle les a toujours suivis pour les

Après avoir été diffusé, dans un premier temps,

photographier, parfois jusque sur leur lit de mort,

dans divers lieux underground, boîtes de nuit et

créant ainsi des images extrêmement violentes.

cinémas, sous forme de performance, projections,

L’esthétique instantanée de ses images prises sur le

son travail a ensuite rapidement trouvé sa place

vif est très puissante. Ses images, très personnelles,

dans les musées, ou les manifestations consacrées

et pourtant loin de tout voyeurisme malsain, ont

à la photographie.

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une puissance émotionnelle et visuelle indéniable.


Photographe de l’adolescence et de la marginalité, Larry Clark est également passé plus tard à la réalisation de films, dans lesquels il développe des problématiques proches de celles relatives à son travail photographique. Ces images, réalisées entre 1963 et 1971, sont extraites de la série « Tulsa » qui l’a révélé. Drogue, sexe et violence – ses photographies témoignent de l’arrivée de la drogue dure dans l’Amérique des années 60 ; il y documente les ravages de la décadente jeunesse américaine de l’époque. Réalisé sur le modèle d’un journal décadent et empathique, il y fait ressortir son extrême fascination pour le sujet. Sans pudeur, et avec beaucoup de proximité et d’intimité, il photographie ces jeunes à la limite entre rêve et souffrance. Véritable manifeste social d’une jeunesse invisible et indicible, sa série a

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véritablement marqué les années 70, dont elle porte les stigmates, à la limite du voyeurisme, ses photographies ont créé une véritable polémique lors de leur première diffusion. Pourtant, le but de Larry Clark n’est pas simplement de choquer par la violence de ses images, mais plutôt de démonter les rouages de la société américaine. Très fortes par la puissance qu’elles dégagent, elles reflètent une violence des sentiments inédite, faite d’excès et de simplicité. Déstabilisantes et dérangeantes par ce subtil mélange entre beauté et horreur, entre fascination et dégoût, entre instants de bonheurs et charge insurmontable, c’est justement cette ambiguïté qui m’intéresse particulièrement dans son travail, l’ambiguïté du sujet dont elles traitent, mais aussi et surtout l’ambiguïté du regard que l’on peut poser dessus. Ses photographies sont aujourd’hui reconnues par le monde de l’Art, et régulièrement exposées, comme par exemple à la Maison Européenne de la Photographie, à Paris, fin 2007.


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Pourtant, malgré cette liberté généralement laissée aux créateurs, il arrive tout de même que des restrictions soient imposées à certaines institutions, concernant l’exposition de travaux considérés comme « limites ». L’exemple le plus marquant de ce type d’obstacles concerne sans doute le cas de l’exposition « Présumés innocents », organisée par le CAPC de Bordeaux en 2000. Cette exposition sur le thème de l’enfance rassemblait plus de deux cents œuvres d’artistes contemporains, comme Richard Mapplethorpe, Cindy Sherman, Nan Goldin, ou encore Christian Boltanski. Pourtant déjà exposées sans aucun problème dans d’autres centres dédiés à l’Art, les œuvres, considérées comme choquantes, voire proches de la pédophilie pour certaines, ont suscité une vive polémique. La justice a été saisie. L’association catholique de protection de l’enfance La Mouette dénonçait alors certaines images équivoques d’enfants et la présentation d’images pornographiques susceptibles d’avoir été vues par des mineurs. Les organisateurs ont été mis en examen en 2006, après six ans d’instruction. Ils devaient comparaître en correctionnelle pour diffusion d’images pornographiques, mais la cour d’appel de Bordeaux a finalement décidé d’annuler l’ordonnance de renvoi devant le tribunal, visant les trois personnes. Il n’y aura donc pas de procès.


77 Sally Mann est une photographe américaine dont les œuvres sont présentées dans de nombreux musées aux États-Unis et dans le monde. Ces deux images sont extraites de son œuvre très controversée, « Immediate Family », dans laquelle elle réinvente la photographie de famille, montrant ses trois enfants dans l’intimité de la vie de tous les jours, où se mêlent l’innocence des jeux d’enfants, une sensualité troublante ainsi qu’une vertigineuse mise en abîme sur la mort, la violence et la vie. Elles ont fait partie des images jugées problématiques dans l’exposition au CAPC.


Réalisée en 1975 avec la petite actrice Brooke Shields, alors âgée de dix ans, prenant une pose de Lolita, cette photographie n’a cessé de faire parler d’elle, causant de nombreuses polémiques. Photographe publicitaire new-yorkais, mandaté par la mère de Brooke pour photographier sa fille, mannequin de l’agence Ford, Gary Gross cherchait avec ce type d’images à révéler la féminité de jeunes filles pré-pubères en les comparant à des femmes adultes. Également montrée du doigt par les détracteurs de l’exposition « Présumés Innocents », cette même photographie a depuis été retirée de l’exposition « Pop Life », à la Tate Modern Gallery de Londres, le 1er octobre 2009, sous prétexte qu’elle était

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trop obscène.


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Comme beaucoup d’autres du même ordre, cette affaire, qui a pris une ampleur incroyable, semble être là pour nous rappeler que finalement, même dans le domaine artistique, on ne peut pas dire ni montrer n’importe quoi ! Les pressions sont finalement toujours présentes dans le domaine de la création de façon générale.


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Approches et choix visuels


CRÉATION


Entamant la phase de création, j’ai cherché à me positionner par rapport à la communication existante, tout en respectant les principes établis par les théoriciens experts ayant travaillé sur ces sujets. Mes différentes recherches d’ordre sociologique, philosophique, psychologique, ou encore historique, m’ont permis de définir le public cible auquel j’allais destiner chacun de mes projets.

Pour mes différents travaux traitant de l’inceste, j’ai décidé de suivre les recommandations quasi unanimes des experts et donc de ne pas adresser mes projets directement aux enfants. S’adresser aux agresseurs eux-mêmes aurait pu être un choix intéressant, et a priori inédit, mais après analyse, je me suis aperçue de la complexité de mise en place d’une telle communication, notamment en raison de la difficulté relative à la caractérisation du public. Comment les comprendre suffisamment pour leur adresser un message ciblé qui les touche directement ? Et aussi, par quel biais de communication être sûr de les atteindre ? Existe-t-il un profil type qui permettrait d’établir une communication appropriée à tous ? L’évidence de la réponse m’a alors amenée à chercher dans une autre direction. Il me restait la possibilité de m’adresser aux victimes ellesmêmes, à partir d’un certain âge ( encore en âge d’être victimes de ce type d’abus, mais suffisamment mûres pour comprendre ce genre d’histoires et toutes les problématiques qui y sont liées ), ou à l’entourage ( adultes ou adolescents matures ) d’éventuelles victimes. Ces deux solutions me paraissaient envisageables. Mon choix s’est porté sur la réalisation d’un projet dans lequel ces deux catégories de personnes peuvent se retrouver, puis de deux autres s’adressant plus spécifiquement à l’entourage pour l’un, et aux victimes adolescentes pour l’autre. À noter, cependant, que les barrières ne sont pas totalement hermétiques : un projet construit pour l’entourage peut tout à fait être utile à une victime, et réciproquement.

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Public cible


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Concernant la misère, la question du logement me paraît fondamentale. C’est effectivement la première étape pour pouvoir envisager une quelconque forme d’évolution, de reconstruction, de réintégration, de resocialisation – des repères stables étant indispensables pour entamer ce type de démarche. Et l’urgence est bien présente, elle est devenue chronique, car, comme l’explique Sylvie Quesemand Zucca dans son ouvrage « Je vous salis ma rue » : « Plus on laisse, pendant des décennies, un homme s’installer dans ces processus d’exclusion et de désocialisation, plus il sera difficile de l’aider à s’en sortir. » De plus, au cours de mes recherches, j’ai pu constater que des lois existaient et n’étaient pourtant pas respectées par l’État lui-même. La loi relative au Droit Au Logement Opposable ( DALO ), modifiée le 5 mars 2007 à la suite des actions de l’association des Enfants de Don Quichotte, spécifie que : « […] Le droit à un logement décent et indépendant […] est garanti par l’État à toute personne qui, résidant sur le territoire français de façon régulière […] n’est pas en mesure d’y accéder par ses propres moyens ou de s’y maintenir. « Ce droit s’exerce par un recours amiable puis, le cas échéant, par un recours contentieux […] ». Pourtant, dans les faits, cette loi n’est pas réellement appliquée. Par manque de moyens, la garantie d’un logement décent pour tous est loin d’être effective. Tout comme la Fondation Abbé Pierre, dont le travail en termes de communication est une référence essentielle en la matière, j’ai choisi de créer une objet de sensibilisation s’adressant à un public relativement large, composé d’éventuels donateurs, publics ou privés, de futurs bénévoles, et des pouvoirs publics, qu’il semble capital de faire réagir à ce sujet.


Objectifs des projets C’est en fonction des divers publics cibles choisis, et des problématiques majeures concernant l’inceste, que j’ai déterminé différents objectifs. Dans un premier temps, il me paraît nécessaire de simplement interpeller le public sur l’existence et sur l’ampleur du phénomène ( d’un point de vue quantitatif, mais aussi au niveau de la gravité des conséquences sur la santé physique et morale des victimes ), ainsi que, dans un deuxième temps, sur la nécessité de le combattre.

Enfin, aider les victimes à reprendre la parole, à se confier pour se libérer de leur lourd secret, est un objectif probablement très difficile à atteindre, mais qui constitue, à mon avis, le défi le plus primordial concernant le problème l’inceste.

Pour mon projet sur le mal logement, partant des constats relatifs au non-respect du droit à un logement pour tous, j’ai souhaité réaliser un projet me permettant de soutenir une association venant en aide aux personnes sans-abris. Par la production de ma campagne de sensibilisation, en posant visuellement la question du mal logement, je souhaite l’aider à faire passer ses messages concernant la nécessité de prendre des mesures pour que le droit au logement opposable soit véritablement effectif, pour que la loi soit respectée.

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Il me semble également essentiel d’apporter des informations concrètes au public, éventuellement dans l’entourage d’une victime murée dans le silence, et de lui donner les moyens d’agir si nécessaire, en cas de suspicion ou de révélation d’un inceste.


Choix formels et esthétiques Premières confrontations au réel Concernant l’approche que je voulais avoir du sujet de l’inceste dans l’ensemble de mes objets de communication, la première volonté que j’avais, était de dire et de montrer les choses, dans la mesure du possible et jusqu’à une certaine limite évidemment, telles qu’elles sont dans la réalité.

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L’enjeu de mon travail a donc été, comme usuellement dans ce genre de projets, de chercher à jouer avec les limites, d’essayer de contourner de différentes façons les problématiques de communication auxquelles je me suis heurtée, en fonction des contraintes imposées ou supposées.

La première solution dont j’ai usé pour m’écarter des difficultés liées à la représentation de la violence dans les images, a été de n’utiliser que du texte, laissant le poids des mots opérer seul dans mes visuels. Créant une campagne de sensibilisation à l’inceste destinée aux adultes et adolescents matures, composée d’affiches et d’animations diffusables sur le Web, j’ai moi-même écrit une série de textes plutôt incisifs sur le thème de l’inceste. M’inspirant de la forme poétique japonaise des haïku ( poèmes très brefs articulés autour de trois vers de dix-sept pieds ), cette forme m’est tout de suite apparue adéquate car permettant de résumer en quelques mots des situations graves et complexes, et ainsi de produire des textes très percutants. C’est en m’appuyant sur divers témoignages de victimes que j’avais pu lire, que j’ai tenté de faire ressortir dans mes textes différentes problématiques liées à l’inceste, aux souffrances que les victimes vivent quotidiennement, et aux conséquences que ces épreuves auront sur leur vie future. Tenant compte du public auquel j’avais choisi de m’adresser, je me suis autorisée à concevoir des écrits assez directs, employant un vocabulaire fort, et dont la syntaxe suggère des choses horribles, dérangeantes, voire choquantes. J’ai également opté pour la rédaction de mes textes à la première personne, afin d’impliquer


davantage le public. Ces deux caractéristiques me semblaient être le meilleur moyen pour interpeller le public et surtout pour le faire réagir.

J’ai réalisé les animations dans un deuxième temps, m’appuyant alors sur la configuration déjà établie pour les affiches. Les spécificités techniques de l’animation, permettant de faire entrer le facteur temps dans les choix formels, ont toutefois permis l’apport d’une caractéristique supplémentaire : les mots composant les poèmes apparaissent les uns après les autres, du plus lourd de sens au moins signifiant, créant un choc initial, accompagné d’une interrogation sémantique s’estompant peu à peu à l’apparition de chaque nouveau mot. Afin de confronter mes visuels au regard de spécialistes du problème, j’ai contacté les responsables de l’antenne toulousaine de l’association IED pour leur présenter mon travail. Elles m’ont donné un avis très favorable sur les partis pris que j’avais définis dans ce projet, m’affirmant qu’elles estimaient, comme moi, que la violence était parfois nécessaire dans la communication, pour garantir son efficacité.

Le deuxième projet que j’ai réalisé sur le thème de l’inceste m’a amenée à rechercher une nouvelle solution pour éviter le même type d’obstacle lié aux représentations de l’enfance dans la photographie cette fois. En effet, j’avais écrit un texte

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Pour les affiches, je me suis appuyée sur la structure particulière des haïku pour définir un principe de mise en pages applicable à une série de plusieurs affiches constituées de textes différents, jouant formellement avec les mots pour soutenir la lecture des poèmes. J’ai opté pour l’utilisation de deux couleurs complémentaires afin de créer une certaine vibration, attirant du public vers les affiches, et produisant en même temps un effet légèrement dérangeant ( sans pour autant empêcher la lecture ).


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retraçant l’histoire d’une petite fille victime depuis très jeune des désirs pervers de son père, dans lequel je mettais en avant la souffrance et les difficultés de la victime, insistant sur les principaux symptômes qui se manifestent habituellement chez les victimes de l’inceste. Je souhaitais que ce texte me serve de support initial pour une campagne d’information et de prévention, permettant alors d’alerter l’entourage d’éventuelles victimes sur les divers signaux pouvant se manifester à la suite d’agressions sexuelles, pour qu’ils apprennent à voir, décoder, entendre, ou tout simplement accueillir l’enfant dans sa réalité, leur permettant ainsi d’éventuellement détecter des problèmes auxquels ils n’avaient pas fait attention auparavant chez des enfants qu’ils côtoient. Cependant, le texte seul ne me suffisait pas, je désirais l’illustrer, notamment pour capter le regard du public. Je voulais des images qui soient fortes visuellement, mais pas trop choquantes pour ne pas créer un climat trop dramatique face à un texte déjà relativement violent. Souhaitant sortir des usages conventionnels qui veulent que des dessins enfantins soient quasiment toujours utilisés pour traiter de ce sujet, j’ai choisi d’utiliser des poupées, symboles de l’enfance. J’ai donc photographié plusieurs poupées, les faisant correspondre à chaque étape de l’histoire – de l’innocence à la libération, en passant par des périodes d’extrême violence, de peur et de soumission – aussi bien par le choix du modèle que par la façon de les photographier. Désirant donner à mon objet de communication une véritable valeur fonctionnelle, j’y a intégré une deuxième partie, dans laquelle sont expliquées les conduites à adopter en cas de suspicion ou de découverte d’un cas d’inceste ( conseils détaillés en fonction des différents cas de figure possibles ). Cette deuxième partie permet alors d’octroyer à l’objet le statut d’objet préventif. Ayant d’abord imaginé l’objet sous la forme d’une petite brochure éditée, j’ai finalement dû, pour qu’il puisse être diffusé à moindre coût, adapter son contenu à une page Web, y rajoutant alors quelques informations


complémentaires : données statistiques, conseils de lecture sur le sujet, témoignages ( partie que je modère ), et la possibilité de télécharger les photographies seules ou le document complet en vue d’une impression.

Enfin, c’est la lecture de diverses autobiographies écrites par d’anciennes victimes de l’inceste qui a suscité chez moi l’envie de réaliser ce dernier projet. Frappée par la force de leurs récits, par l’émotion qu’ils suscitent, la justesse des mots employés, et la violence des faits souvent racontés avec une incroyable distanciation, j’ai choisi de me servir directement de cette fabuleuse ressource comme base pour mon propre projet. L’utilisation de ces écrits m’a également paru être une bonne solution pour permettre une identification du public ( adolescents, victimes potentielles ) aux auteurs des textes ( anciennes victimes, pour la plupart également adolescentes ou jeunes adultes au moment de l’écriture ). J’ai d’abord extrait des passages de ces textes, ma sélection se portant sur les parties permettant de dégager l’idée principale de chaque livre que j’avais lu, celle qui m’avait paru être la plus singulière concernant chaque histoire. Puis, souhaitant illustrer ces recueils, j’ai encore une fois été confrontée aux traditionnelles interrogations concernant le choix du type d’images à utiliser. Pour ce projet, comptetenu des écrits que j’avais sélectionnés, et du public auquel j’avais décidé d’adresser mon projet, le dessin me paraissait être la meilleure solution. Plutôt « issue » du domaine de la photographie, le dessin ne faisait pas vraiment partie de mes pratiques privilégiées, mais j’ai choisi de me lancer

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Au delà de cette demande de changement de support, l’association AVAC, et plus particulièrement sa responsable, Mme Bidan, avec qui j’ai travaillé, n’a exigé aucun changement en termes de contenu dans le projet que je lui ai proposé, me faisant part de son opinion très positive sur mes créations, et sur l’approche que j’avais du sujet en regard de ce à quoi elle est confrontée quotidiennement.


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dans cette direction, puisqu’elle me paraissait être la plus pertinente pour ce projet. J’ai alors commencé par constituer une banque d’images personnelles, me permettant de définir le meilleur style de dessins à utiliser, en fonction du public cible notamment. J’ai finalement opté pour un dessin au trait, avec des tracés nets en noir et blanc, un dessin assez froid et plutôt minimaliste, permettant de créer une certaine distance avec le public tout en restant attrayant sur le plan visuel, et concédant - comme les textes - une identification du lecteur aux personnes représentées, suscitant alors plus d’intérêt de sa part. Quant aux éléments représentés, j’ai encore une fois choisi de montrer les choses comme elles étaient, en évitant au maximum les compromis, créant ainsi des images parfois très dures, mais finalement simples reflets de la réalité. L’association des textes, que j’avais également triés avec un certain souci de vérité par rapport aux histoires d’origine, et de ces dessins, crée alors un contraste fort entre l’horreur des choses représentées, évoquées, et la naïveté, l’innocence des victimes ( style des dessins ). Cette opposition me semble la plus pertinente pour toucher les adolescents, et tout à fait juste en regard des problématiques liées à l’inceste. Souhaitant créer des objets de communication faciles d’accès, et discrets à la fois, pour les adolescents auxquels ils se destinent, j’ai opté pour la réalisation d’éditions de petit format. Chacune des éditions se base donc sur les extraits sélectionnés dans le récit d’une des victimes, auxquels viennent se greffer mes dessins. J’ai contacté les auteurs de chacun des textes, pour obtenir un accord de leur part pour l’utilisation d’extraits de leurs écrits, en prévision d’une éventuelle diffusion, mais aussi pour avoir leur avis sur mon travail. Les deux réponses reçues jusqu’à maintenant se sont révélées favorables et très encourageantes, me confortant alors dans mes choix. Afin de promouvoir mon projet, j’ai également réalisé deux types d’affiches. L’une d’elles communique autour du projet global. Elle se base sur l’utilisation du slogan – titre du projet « Des victimes de l’inceste prennent la parole »,


et sur un dessin extrait de l’une des éditions. La destination de cette affiche serait d’être diffusée dans l’espace public, dans la rue, c’est pourquoi je l’ai conçue au format abribus ( 120 x 175 cm ). L’autre fait plus particulièrement la publicité pour les éditions, et a pour vocation d’être placée à proximité de leur lieu de diffusion. Ainsi, j’ai opté pour un format plus restreint, du type des affiches que l’on trouve habituellement dans les salles d’attente des médecins par exemple, permettant un affichage pratique dans de nombreux lieux de diffusion potentiels ( 40 x 60 cm ).

J’ai choisi de me positionner en opposition à la majorité des campagnes de sensibilisation actuelles ( quel que soit le sujet ), comme celles de la Fondation Abbé Pierre par exemple, qui développent une esthétique publicitaire par l’utilisation de photographies mises en scène, réalisées en studio avec des mannequins. À l’inverse, je souhaitais utiliser des images davantage ancrées dans le réel. Mon idée était donc de montrer la réalité quotidienne de ces mal-logés, leurs habitats précaires, leurs abris de fortune, que j’ai facilement pu trouver à Toulouse pour réaliser cette série de clichés. Considérant que l’affiche était le meilleur moyen de diffusion pour ce projet, car intervenant dans l’espace public, et touchant alors un public très diversifié, et ayant le pouvoir de créer un « coup médiatique », j’ai cherché un slogan percutant à associer à mes photographies. Repartant de mes constats relatifs au non-respect de la loi DALO, j’ai souhaité faire ressortir cette idée dans les affiches. Ainsi, j’ai placé directement en tant que slogan un extrait significatif de cette

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Ayant pour objectif, pour ma campagne de sensibilisation au problème du mal logement, de sensibiliser et de susciter la réaction du public, j’ai cherché à réaliser des visuels marquants. Pour cela, j’ai choisi de revenir à mon médium de prédilection : la photographie, que j’avais un peu laissé de côté depuis mon arrivée aux beaux-arts, mais qui me paraissait le plus pertinent pour ce projet.


loi, auquel j’ai opposé, en signature, une phrase contenant des données statistiques concernant les mal-logés. Avec le contraste entre cette dernière phrase, soutenue par l’image de fond connotant la misère, et le texte de loi, j’ai souhaité créer un choc, que j’estime nécessaire pour interpeller le public.

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J’ai conçu trois affiches pour cette campagnes : deux déclinaisons au format abribus ( 120 x 175 cm ), et un modèle pour un panneau publicitaire de 4 x 3 m. Bien que les intentions et le message soient les mêmes, les informations présentes sur les deux types d’affiches ne sont pas exactement identiques, pas traitées de la même manière, en raison des conditions de lecture différentes de ces deux types d’affichage. Alors que les affiches présentes dans les abribus offrent un recul assez faible mais autorisent un temps de lecture relativement long, les panneaux 4 x 3 doivent être vus de loin, et le message décrypté très rapidement. Les choix visuels qui en découlent sont donc différents.


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Problématiques de diffusion : enjeux et compromis


DIFFUSION


Les choix relatifs à la diffusion d’un projet sont essentiels puisqu’ils vont déterminer sa visibilité, et donc son efficacité auprès du public. Souhaitant, dans la mesure du possible, que mes projets voient réellement le jour, et ainsi qu’ils soient confrontés à la réalité ( pour tester leur efficacité d’une part, mais aussi pour qu’ils soient véritablement utiles ), j’ai soumis chacun d’entre eux à des regards extérieurs, demandant des conseils, mais aussi sollicitant d’éventuels partenariats ou collaborations. Pour la majorité de mes projets, j’ai pu travailler avec différentes associations qui en ont permis la diffusion ( ou devraient le faire ). Mais pour l’un d’entre-eux, les problématiques relatives à la diffusion souhaitée - de type institutionnel - étant plus délicates, j’ai dû envisager des propositions alternatives de diffusion.

Lors de ma rencontre avec les dirigeantes d’IED Toulouse, suite à leurs commentaires très positifs au sujet de la pertinence de mes affiches et de mes animations, je leur soumettais l’idée d’un éventuel partenariat. Très enthousiastes, elles ont décidé de me supporter pour sa diffusion, en utilisant mon travail pour leur propre communication autour de l’inceste et de la pédocriminalité. Suite à cet accord, j’ai enrichi mon corpus d’haïku, notamment en y intégrant des textes relatifs à d’autres types d’abus sexuels concernant les enfants ( puisque IED ne s’occupe pas exclusivement de l’inceste, mais de toutes formes de pédocriminalité ). Je suis allée jusqu’à un total de cinquante-deux textes, pour que l’animation présentée sur le site puisse être différente chaque semaine, sur une période d’une année. Finalement, la collaboration avec cette association ne m’a pas poussée à faire des compromis par rapport à mes choix initiaux. Je pense que j’ai eu la chance, pour ce projet, de

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Partenariats avec le milieu associatif


travailler avec une association véritablement ouverte aux nouvelles propositions, et sur la même longueur d’onde que moi en termes de communication. Pour éviter des coûts excessifs de production des affiches, et le nombre d’exemplaires requis le permettant, j’ai opté pour une fabrication « artisanale », utilisant une police pochoir réalisée à partir d’une police déjà existante, et conçue manuellement. Le projet a donc effectivement pu voir le jour depuis. Les six affiches ont déjà été montrées lors du forum des associations sur le stand d’IED, ainsi que lors de leur soirée-débat annuelle, et les animations sont en ligne sur leur site Web.

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La page Web que j’ai créée pour l’AVAC est désormais en ligne ; on y accède depuis le site Internet de l’association. Vous pouvez y accéder directement à l’adresse suivante : http://avac.toulouse.online.fr/OliviaCampaignolle/

Tel que je l’ai pensée pour le moment, ma campagne de sensibilisation au problème du mal-logement serait diffusée sur des panneaux d’affichage classique, du type abribus et 4 x 3. Désirant mettre en place un partenariat pour que mes affiches deviennent le support de revendication d’une association spécialisée dans l’aide aux personnes sans-abris, j’ai tout de suite pensé au Collectif des Enfants de Don Quichotte à Toulouse. En effet, soutenant leurs actions depuis quelque temps, j’ai déjà des contacts avec ses deux représentants et plusieurs de leurs membres. Pour le moment, je n’ai pu discuter que brièvement de cette idée avec eux. Bien qu’ils ne soient évidemment pas seuls à décider, ils y semblaient plutôt favorables. Pourtant, comme je le pressentais, ils m’ont tout de suite mise en garde sur


J’ai d’ores et déjà pensé à quelques pistes que je pourrais leur soumettre. Il serait possible, par exemple, de diffuser « sauvagement » les mêmes affiches à un format plus petit ( action illégale et peu durable ). Comme j’ai dû le faire pour mon projet avec l’AVAC, je pourrais également adapter mes propositions afin d’utiliser le médium Internet pour la diffusion du projet. Enfin, on pourrait imaginer un projet de plus grande envergure, une action ponctuelle et qui ne se déroulerait qu’à un seul endroit, mais qui pourrait être médiatisée grâce à l’intervention de journalistes qui relayeraient l’événement, comme ça avait été le cas lorsqu’ils ont monté leur campement citoyen sur les berges du canal Saint-Martin.

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l’importance des moyens financiers nécessaires à la mise en œuvre d’une telle campagne, et sur le manque de budget de leur association. En effet, l’association des Enfants de Don Quichotte n’existe que depuis octobre 2006, et la majorité de leurs initiatives repose davantage sur l’aide directe aux personnes, ou sur des actions médiatiques et spectaculaires ( gratuites ). Nous devons tout de même nous revoir très prochainement pour discuter plus précisément de ce projet, mais il semble probable qu’il faille encore une fois réfléchir à des solutions alternatives de diffusion pour que la campagne puisse exister dans l’espace public.


Actions s’inscrivant dans l’espace public Initialement, j’ai conçu mon projet d’éditions sur le thème de l’inceste pour qu’il soit diffusé dans des infirmeries de collèges et de lycées, et qu’il y serve en tant que support de discussion, comme une invitation à la parole. L’idée étant que les jeunes puissent y avoir accès, mais qu’un professionnel de santé soit toujours là pour leur venir en aide et répondre à leurs éventuelles questions.

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Les démarches pour envisager une telle diffusion impliquent de contacter, dans un premier temps, les auteurs des textes et leurs éditeurs, pour leur demander l’autorisation d’utiliser des extraits de leurs textes dans ces documents. Une fois les accords obtenus, il s’agit de proposer le projet à des institutions comme le rectorat ou le CRDP ( Centre Régional de Documentation Pédagogique ), toutes deux gérant les documents qui circulent dans les établissements scolaires. Pour le moment, je n’ai pas obtenu les réponses de l’ensemble des auteurs, et n’ai donc pas encore pris contact avec les institutions qui pourraient me permettre de diffuser mon projet comme je le souhaite. Pourtant, les diverses analyses du matériel à disposition dans ce genre de lieu, associées au manque de moyens financiers du ministère de l’éducation pour former son personnel sur des problèmes aussi spécifiques que l’inceste, m’ont amenée à croire qu’il serait difficile de faire aboutir ce souhait originel. C’est pourquoi, j’ai cherché des solutions de diffusion alternative de mes dessins et de mon message de lutte contre l’inceste. Ces réponses sont actuellement à l’état de propositions – leur véritable réalisation n’étant prévue qu’en cas de refus catégorique de distribuer mes éditions. Ce serait alors une sorte de réaction à ce manque d’audace, pour leur faire prendre conscience des conséquences de leurs choix ( pour les victimes et leurs familles ).


J’ai tenté de construire des propositions s’inscrivant de façon plutôt incisive dans l’espace public, faisant acte de désobéissance civile, en m’inspirant de la communication militante d’une association comme Act-Up, ou des actions que Greenpeace organise régulièrement, comme lorsqu’ils ont tenté de déployer une banderole sur le parvis de l’Assemblée Nationale à cinq jours du sommet de Copenhague.

J’ai d’abord conçu une grande banderole ( 12 x 9 m ), divisée en trois lés, qui serait déroulée sur la façade du Ministère de la Justice. Compte tenu de la fonction du lieu sur lequel elle serait placée, celle-ci porte un message axé sur la répression. Ensuite, j’ai réalisé une longue banderole ( 33,5 x 2 m ), elle aussi divisée en plusieurs lés, qui serait accrochée devant l’Assemblée Nationale, lieu emblématique du pouvoir de l’État. Le message de cette deuxième banderole insiste, lui, sur la nécessité de briser le silence autour de l’inceste. Enfin, j’ai imaginé une banderole de plus petite taille ( 3,5 x 1 m ), qui pourrait être utilisée lors de manifestations, comme par exemple devant le Ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports. Le message que porte cette dernière banderole traite davantage de la nécessité de prévention en matière d’inceste. J’ai également réalisé trois types d’objets dérivés : tee-shirts, badges et autocollants. Ces outils, permettant de sensibiliser les gens au problème de l’inceste, pourraient être utilisés lors de manifestations en premier lieu, voire plus fréquemment, comme le nœud rouge, symbole de la lutte contre le SIDA.

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J’ai réfléchi à divers supports qui allaient me permettre de transmettre mon message au public et/ou aux autorités, au travers de mes dessins et des slogans que je leur ai associés. Ainsi, j’ai imaginé trois principaux types d’actions éclairs de grande envergure, appuyées par des visuels directs, minimalistes pour être les plus clairs possible, visant chacune un lieu stratégique.


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MÉMOIRE


Mes recherches sur les enjeux de ce type de communication, et la réalisation de ces différents projets, ont été très enrichissantes pour moi. D’une part, je me suis confrontée à un médium de création que je n’avais pas vraiment fait l’effort de connaître auparavant : le dessin. J’ai approfondi mes connaissances dans le domaine du Web et de l’animation. Je pense m’être perfectionnée dans les techniques que j’avais déjà pratiquées auparavant. Et d’autre part, les nombreuses contraintes imposées par ces sujets, et qui m’ont amenée à rechercher de nouvelles solutions, ont été un défi constant qui m’a permis d’ouvrir le champ de mes possibles, et m’a rendue plus réactive face à de nouveaux sujets, face à de nouvelles problématiques imposées. Mes tentatives pour produire des objets de communication efficaces et pertinents, à n’importe quelle échelle, et quels que soient les supports employés, ont été un exercice très instructif concernant ma pratique de designer graphique.

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Au cours de la réalisation de ce travail, je me suis aperçue qu’aborder de tels sujets en communication amène souvent à se confronter aux mêmes enjeux. Finalement, le problème rencontré est toujours le même : celui de la diffusion. Les diverses contraintes imposées à ce niveau-là ont des conséquences sur tout le reste de la démarche créative. Le challenge, c’est d’apprendre à jouer avec les limites qui nous sont dictées : limites de l’acceptable, du montrable, de l’éthique. Il faut sans cesse chercher de nouvelles stratégies pour réaliser des projets suffisamment originaux et pertinents pour être saisissants, marquants, et donc efficaces, mais tout de même « acceptables » pour ne pas faire l’objet de censure. Ces innovations peuvent se faire au niveau des médiums de création, permettant, par exemple, de contourner les problèmes liés à l’utilisation d’un certain type d’images ( non tolérées dans l’espace public ). Mais il faut aussi souvent faire preuve d’audace au niveau des moyens employés pour la diffusion, en choisissant par exemple une diffusion « sauvage » ( et illégale ), ou encore en « oubliant » les médiums de diffusion traditionnels au profit d’Internet, plus « libre » et moins coûteux.


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L’intérêt que j’ai porté à ce travail me donne envie de poursuivre dans cette direction après mes études, de démarrer ma carrière en travaillant sur ce type de sujets. Mais, que je trouve ou non un emploi me permettant de ne travailler que dans ce secteur, je souhaite de toute façon poursuivre mon travail dans ce sens, à un niveau personnel uniquement s’il le faut ( quitte à accepter un travail de graphiste uniquement « alimentaire » en parallèle si nécessaire ).



MÉMOIRE

Olivia Campaignolle / Mémoire du DNSEP communication École des beaux-arts de Toulouse / juin 2010


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