Des mots plein les mains Interview propos recueillis par ¬ Valérie Lassus - photo ¬ Pixfisher
C’est la 3e édition de Sign’ô, festival accessible aux sourds et aux entendants. Contes, danse, théâtre, vidéo, ateliers, guinguette, bal, l’association Act’s*, qui oeuvre pour la mixité des publics, met les petits plats dans les grands. Parmi les fidèles, Delphine Saint-Raymond, une comédienne sourde, qui n’a pas les mains dans les poches. Vous avez travaillé avec plusieurs compagnies et vous êtes présente dans de nombreux spectacles bilingues. Quel a été votre parcours ? J’ai été approchée par la compagnie de théâtre de rue le Phun, alors que j’étais plasticienne, à Mix’Art Myrys. J’ai su, là, que j’avais trouvé ma voie avec le théâtre. J’ai compris que je ne voulais pas travailler seule dans mon coin. D’autre part, être en contact avec des sourds m’a donné envie de m’adresser aussi à eux. À partir de 2002, j’ai donc commencé à jouer dans des spectacles bilingues et à écrire. Aujourd’hui, je m’intéresse à la mise en scène... Peut-on dire que vous êtes militante ? À ma façon, c’est-à-dire en faisant profiter de mon expérience mes collègues
artistes sourds, notamment au niveau des droits, du statut d’intermittent, de la paperasse ! Je suis de plus en plus impliquée dans Act’s. Pour le festival, je vais également participer à la conférence sur l’interprétation en langue des signes. Non pas la traduction classique en direct mais dans l’optique de jouer, de rendre une création accessible à tous les publics. Justement, comment abordez vous le travail de comédienne au sein d’une équipe bilingue, par exemple pour Le livre des amours, avec la compagnie La pierre en bois ? Dans un premier temps, c’est exactement comme pour un traducteur de langue étrangère. Je m’imprègne de l’univers de l’auteur, du contexte. Dans