Le Suricate - Neuvième numéro

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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Le Suricate N° 9

Bi-mensuel

8 janvier 2013

Magazine À la une

Dan Gagnon Megalomaniak Tour 2013 Interview exclusive du plus belge des humoristes canadiens

Mais aussi...

Entretien avec Stéphanie Sandoz et la rétrospective 2012

Gangster Squad Ruben Fleischer s’attaque aux gangsters et à la Yiddish Connection de Los Angeles.


Les suricates d’or 2012

Votez dès maintenant Les Suricates d’Or 2012 récompenseront le meilleur du cinéma de l’année écoulée. Bien entendu, le magazine demande à tous ses lecteurs et ses lectrices de voter et d’élire eux-mêmes les vainqueurs dans les différentes catégories. Rendez-vous sur notre site http://www.lesuricate.org/awards/les-suricates-dor/


Sommaire

France, terre d’accusation Une nouvelle année...

p. 5

Cinéma Rétrospective 2012 Aperçu 2013 Gangster Squad Paradis : Amour Le sac de farine/Shadow Dancer The Words/Les invisibles Sorties du 9 janvier Sorties du 16 janvier Actualités cinéma

Littérature p. 6 p. 7 p. 8 p. 9

Entretien avec Franck Ruzé 50 nuances de Grey Délivrance Critiques littéraires

p. 10 p. 11 p. 12

Arts

p. 13 p. 15

Expos SF

p. 40 p. 42 p. 43 p. 44

p. 48

Musique Best of 2012 25 ans des Classiques Entretien avec Stéphanie Sandoz Entretien avec Shakra Janvier aux Bozar Sorties CD’s

p. 16 p. 20 p. 22 p. 24 p. 26 p. 28

Scènes Entretien avec Dan Gagnon Cyrano et l’influence du théâtre Cendrillon ce macho Festival Femmes et Migration Les pièces de l’année 2012

Cotations Rien à sauver Mauvais Mitigé Bon Très bon Excellent

p. 34 p. 36 p. 37 p. 38 p. 39

Se lit partout, se vit tout le temps, même aux toilettes

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8 janvier 2013



Le terrier du Suricate

Edito

France terre d’accusation Ce n’est pas un scoop, le monde culturel est pointé du doigt en Europe car, en temps de crise, les subsides consacrés aux Arts avec un grand «A» sont les premiers à se voir sucrés de toutes parts. Pour beaucoup de béotiens, la culture est l’apanage des plus nantis. Ceux-ci laissant aux infortunés ou aux indigents la vulgarité d’une bande dessinée ou la médiocrité d’un programme télévisé. C’est pourquoi, aux quatre coins du vieux continent, des voix s’élèvent de la foule pour fustiger les dotations mirobolantes que les gouvernements nationaux allouent aux institutions culturelles. Si cela nous touche également en Belgique, on peut cependant s’estimer heureux d’être épargné par cette chasse aux sorcières. De fait, de par le pays, aucune grosse mesure d’austérité n’est venue frapper à la porte des artistes, si ce n’est un rééquilibrage honnête et juste vis-à-vis des autres groupes de métiers.

fraîchement élu, se rangeait aux côtés d’un peuple dont il n’a pourtant jamais fait partie. Non, la gauche caviar pouvait dormir sur ses matelas aux pieds d’or. C’est alors que le départ fiscal d’un des acteurs les plus connus du cinéma français va mettre du grain au moulin. Gérard Depardieu s’en allait en Belgique, dans un village aussi paumé que transparent.

Non loin de chez nous, dans l’hexagone, cette vénerie thaumaturgique se ressent bien plus. Vous n’auriez pas pu l’éluder, les acteurs français sont depuis quelques temps la cible des griefs d’une société en mal de coupables. Et pour cause, le monde de la finance semblait à la fois trop complexe et trop abstrait pour que la plèbe s’y attarde. Après avoir conspué l’exil fiscal de certains riches comme Bernard Arnault, puis vitupéré les patrons aux salaires trop confortables, la France se devait de changer de front. Qui allait-elle calomnier maintenant ? Certainement pas le monde politique car celui-ci,

Pour un homme qui réussit dans le cinéma, près de trois cents triment pour nouer les deux bouts. Alors oui, le cinéma n’est certes pas la première dépense à réaliser tout comme le reste de l’Art mais, quant est-il des intouchables du monde du sport et du football pour n’en citer qu’un seul ? Les salaires y sont bien plus mirobolants. On cherche la sorcière là où l’on veut bien la voir et celle-ci court à travers la forêt.

Suivirent alors les vérités et les ragots que tout le monde connait aujourd’hui. Si, effectivement, Gérard Depardieu n’est pas digne d’être défendu à l’instar d’une certaine Brigitte Bardot, on peut cependant se demander d’où vient l’ire envers le septième art comme on peut le vivre de nos jours avec Dany Boon par exemple. Quelle est cette manie sempiternelle des français de vouloir descendre l’homme qu’ils ont jadis porté aux nues ? Comme si la réussite était un péché, un méfait impardonnable.

M.M.

Une nouvelle année ... Pour rester dans les convenances d’usages : « Bonne année 2013 ». Ça c’est fait. Mais que souhaitez de bons d’une année au chiffre 13 ? Tout et rien. Rien car nous ne sommes pas superstitieux, et tout, car les futurs projets fleurissent, les lecteurs (Vous !) nous suivent de plus en plus nombreux et notre réseau professionnel culturel est en plein essor. Mais êtes-vous seulement prêt à nous suivre ? Car nous avons plus de salles de théâtres, plus de concours, plus de CD’s, plus d’avant-premières, plus de livres et enfin et surtout plus de nouveaux journalistes. Vous tenez en main (ou plutôt à bout de souris) le premier numéro de 2013. Congé de fin d’année oblige, il vous semblera peut-être moins fourni au niveau des nouveautés, mais fera aussi la part belle aux différents bilans de l’année. En attendant le suivant, n’oubliez pas de voter pour Les Suricates d’Or. Les prix seront décernés dans le numéro suivant, le 22 janvier.

L.S.

Une publication du magazine

Le Suricate © http://ww.lesuricate.org

Crédits

Directeur de la rédaction : Matthieu Matthys Rédacteur en chef : Loic Smars Directeur section littéraire : Marc Bailly Directeur section musicale : Christophe Pauly

Webmaster : Benjamin Mourlon Secrétaires de rédaction : Pauline Vendola, Maïté Dagnelie, Adeline Delabre

Relation clientèle : redaction@lesuricate.org

Régie publicitaire : pub@lesuricate.org

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Ont collaboré à ce numéro : Sontiu Falguière, Stellina Huvenne, Julien Sterckx, Guillaume Fey, Laura Damase, Olivier Eggermont, Marie Vandenberg, Quentin Esser, Cécile Marx, Lise Francotte, Evelyne Vandooren, Marylise Dufour, Marc Van Buggenhout, Emmanuelle Melchior, Nathalie Beauport

08 janvier 2013


Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Cinéma

2012 : James Bond toujours séduisant L’année 2012 a été une bonne cuvée dans son ensemble pour le cinéma mondial mais également pour le cinéma belge. Voici un aperçu des tops qui ont cartonné dans notre plat pays.

Skyfall

The Hunger Games

720 M €

C’est le numéro un en Belgique. Après cinquante années, le héros de Ian Fleming fait encore recette aux quatre coins du monde. Détrônant au passage le record d’entrées établi par Jason Bourne pour un film d’espionnage, James a gagné son pari en ravissant les spectateurs qui ont visiblement apprécié le côté plus physique de l’agent secret.

L’âge de glace 4

Adaptée du roman éponyme de Suzanne Collins, cette saga était censée prendre la relève de Twilight et Harry Potter. Malgré un bon score général, le film n’a pas vraiment convaincu et sa suite est déjà remise en question. Trop mièvre ou trop pudique dans son adaptation, Gary Ross va devoir mettre les bouchées doubles pour conquérir le public.

Ted

662 M €

L’une des franchises les plus rentables de ces dix dernières années a encore fait mouche en 2012. Pourtant, peu d’originalité semble sortir du crâne des réalisateurs qui ont une nouvelle fois repris la même trame de fond : la famille et les amis. Cela dit, on s’est amusé à voir évoluer les personnages que l’on connait maintenant par coeur dont Scrat, devenu héros de la saga.

Twilight 5

The Avengers

590 M €

1144 M €

Quand on fait un tour de l’horizon Marvel Comics, cela donne un film de super-héros détonant mais un peu brouillon pour les noninitiés. Autrement dit, il faut être bien informé sur les Comics américains pour apprécier ce film aux qualités techniques néanmoins incontestables. De fait, le film a beaucoup moins bien fonctionné en Europe.

818 M €

Blanche Neige et le chasseur

De tous les Batman, ce nouvel opus signé de la main du maître Nolan est certainement l’un des meilleurs. Pourtant, son « méchant », Bane, n’arrive pas à la hauteur du Joker incarné par feu Heath Ledger dans le film précédent. Peu importe aux spectateurs qui ne se lassent pas des aventures de la chauve-souris et de ses éternels combats dans Gotham City.

Madagascar 3

379 M €

Dans un monde dominé par les sagas interminables, Ted fût la surprise de l’année. Dirigé par le fantasque Seth MacFarlane, ce film a su envoûter et faire rire les cinéphiles américains et européens. Drôle, épique, déjanté et surtout irrévérencieux, Ted est un ours aux traits étrangement humanisés. Par là, Mark Wahlberg fait la bonne opération de l’année.

Encore une franchise aux revenus considérables. Après cinq épisodes d’amour instable, Bella fait toujours rêver la gente féminine. Avec cette troisième place au box-office belge, la saga prouve que la relève va devoir faire bien mieux pour la faire oublier. Pourtant, beaucoup considèrent Twilight comme une imposture scénaristique. Au final, c’est le public qui tranche.

The Dark knight Rises

519 M €

300 M €

À l’instar de Ted, ce film est une surprise. À l’inverse de ce dernier, il n’est pas vraiment digne d’intérêt pour un amateur du septième art. De fait, ce long métrage ne possède que peu de relief malgré une histoire originale. L’effet Kristen Stewart (Twilight) a visiblement fonctionné sur cette production dont le succès fût total en Belgique.

Rebelle

561 M €

Dans le coeur des enfants, Alex, Marty, Melman et Gloria conservent une place non négligeable. Leur cinquième position nous le prouve une nouvelle fois. Malgré cela, la critique a fait la moue de même que le public adulte. Peu d’originalité mais surtout, beaucoup moins drôle que les précédents, ce film a déçu les amateurs d’animation.

405 M €

Chaque année, Pixar nous dévoile toute l’étendue de son talent en nous montrant une production à chaque fois bluffante visuellement. Ce dernier film n’échappe pas à la règle mais ne restera cependant pas dans les annales. De surcroit, cette histoire un peu repiquée à gauche et à droite a moyennement fonctionné auprès du public mais également auprès des critiques.

NDLR : Liste établie d’après le box-office belge arrêté au 15 décembre 2012 (ne prenant pas en compte The Hobbit) Les données chiffrées sont relatives aux résultats financiers mondiaux

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2013 : une année probablement calme Si les dernières années ont été fastes pour le cinéma mondial grâce aux multiples sagas pour adolescents, 2013 devrait être plus calme et laisser la part belle aux films plus intimistes.

The Great Gatsby

Iron Man 3

96 M €

L’histoire légendaire de Gatsby le Magnifique écrite de la main de l’écrivain F. Scott Fitzgerald va renaître de ses cendres et pourrait bien être la grosse cylindrée de cette nouvelle année. Avec Leonardo DiCaprio dans le rôle du riche homme new-yorkais et Tobey Maguire en Nick Carraway, cette production pourrait en ravir plus d’un.

The Hobbit 2

Dans la pléthore de super-héros que nous fourni chaque année les studios Marvel, Iron Man est certainement l’un des plus intéressants pour le public par son côté flambeur. Boosté par la prestation cinq étoiles de Robert Downey Jr, la saga ne devrait pas décevoir les fans. Reste à savoir si le réalisateur Shane Black restera fidèle à l’univers installé par Jon Favreau.

Oblivion

N.C.

C’est l’une des quatre grosses sorties de l’année écoulée, The Hobbit a ravi les amateurs de fantasy aux quatre coins du globe. Même si l’histoire est moins recherchée que celle du Seigneur des Anneaux, cette saga fait mouche par la qualité des images et la patte de l’indomptable Peter Jackson. Une aubaine pour l’ex-endettée MGM qui se renfloue petit à petit.

Lincoln

Monstres Academy

50 M €

N.C.

Ce sera le film pour enfants de l’année sans aucun doute. Pourquoi ? Car ces deux héros sont connus des enfants du monde entier, malgré les douze années qui séparent cet opus du précédent. Au menu, il s’agira d’un prequel qui nous racontera comment Sully et Bob se sont rencontrés à l’université de la peur. Un bon moment de divertissement en perspective.

Die Hard 5

31 M €

Un film sur la traque de Ben Laden signé Kathryn Bigelow (Démineurs), cela a de quoi susciter l’intérêt de tout bon cinéphile ou grand curieux. De surcroit, ce film est entouré de rumeurs assez folles concernant des fuites au Pentagone qui auraient permis à la réalisatrice de donner plus d’authenticité à son film. Nous, on l’a déjà vu et c’est une tuerie.

Les Misérables

99 M €

La science-fiction est liée au cinéma et, ces dernières années, le genre semble connaitre un regain d’intérêt de la part des studios hollywoodiens. Oblivion sera probablement l’incontournable du genre en 2013. Dans un monde post-apocalyptique et dévasté par des aliens, Tom Cruise alias Jack Harper fera une découverte qui changera sa vie.

Quand Steven Spielberg est aux commandes, le film est souvent un succès. Celui-ci n’échappera pas à la règle et est déjà un succès retentissant outre-Atlantique. Malgré cela, Lincoln reste une figure emblématique des Etats-unis et non de l’Europe. Reste à voir si les européens auront l’envie d’aller vivre la vie d’un politicien étranger pendant 2h30.

Zero Dark Thirty

153 M €

N.C.

On ne sait pas encore beaucoup de choses sur cet énième film de la saga Die Hard. Néanmoins, on sait déjà que ce sera un succès au box-office malgré une histoire un peu réchauffée du gentil américain face au méchant russe. L’excellent Bruce Willis remet à nouveau le costume de John McClane sous la houlette du très médiocre John Moore (Max Payne).

Django Unchained

47 M €

Une comédie musicale anglophone adaptant la mise en scène du spectacle de Robert Hossein sur l’un des romans les plus lus de la littérature française, il y a de quoi avoir des doutes. Pourtant, nous sommes persuadé que cela va fonctionner. Cela dit, il faut avouer que le réalisateur Tom Hooper a su s’entourer de bons comédiens comme Hugh Jackman notamment.

64 M €

Les westerns ne sont plus trop à la mode ces derniers temps au cinéma. Seuls les grands réalisateurs osent encore s’aventurer dans ce genre-là. C’était le cas des frères Coen avec True Grit, ce sera également le cas de Quentin Tarantino avec Django Unchained. Une histoire banale vue sous l’oeil de Tarantino avec Christoph Waltz, ça peut être bien.

NDLR : Les données chiffrées sont relatives aux budgets de production

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8 janvier 2013


Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Gangster Squad, une histoire d’hommes Après avoir réalisé deux films loufoques, Ruben Fleischer change d’univers et s’attaque au monde des gangsters. Bien réussi et surtout bien mis en scène, ce film s’adresse à la gent masculine.

©Warner Bros

La critique Dans l’Amérique d’aprèsguerre, Los Angeles est le nouvel eldorado pour ceux et celles qui souhaitent se construire une vie de star ou tout simplement s’installer dans une contrée où il fait bon vivre. Evidemment, cette ville de deux millions d’âmes à l’époque ne faisait pas rêver que les familles aux moeurs irréprochables. L’argent qui y coulait à flots attisait l’avidité de certains mafieux tout droit venus de la capitale du crime, Chicago. Mickey Cohen était l’un de ceux-ci. Cet ancien boxeur rattaché à la Yiddish Connection (organisation mafieuse juive-américaine) était devenu l’un des grands noms du crime organisé et du détournement d’argent aux Etats-unis. Profitant de l’imbroglio administratif dans lequel est bercé la police de Los Angeles de l’époque, Mickey va tenter de contrôler la cité des Anges en éliminant ses adversaires comme ceux du clan Dragna. Inquiet de voir Mickey Cohen régner en maître sur la ville côtière et surtout, désespéré par l’impunité dont bénéficie le mafieux, Bill Parker, le chef de la LAPD, va convaincre une poignée d’hommes intègres de constituer une unité anti-gang qui s’attaquera aux activités de l’empire Cohen. Voici une histoire créée par des mecs pour des mecs. Ces histoires de gangsters dont l’Amérique raffole encore de nos jours font parties intégrantes de l’histoire des EtatsUnis. L’histoire de Mickey Cohen est l’une des plus intéressantes même si elle n’est pas la plus connue de toutes. En outre, on constate de nos jours un intérêt particulier des américains pour la mafia installée à Los Angeles en dépit de celle de Chicago, bien plus ancienne et plus en phase avec la prohibition, période

hautement marquante pour le pays de l’Oncle Sam. Hasard du calendrier, l’Amérique ne fût pourtant pas prête à voir ce film. Et pour cause, celui-ci devait sortir sur nos écrans bien plus tôt. La fusillade d’Aurora, qui a eu lieu dans un cinéma lors d’une projection, ressemblait à l’une des scènes du film qui fût, dès lors, coupée au montage et remplacée par la scène d’explosion dans Chinatown (scène supplémentaire que l’équipe a du tourner en réaction à cet incident tragique). Avec Ruben Fleisher aux commandes, on pouvait s’attendre à tout sauf à un film de ce calibre. Le jeune cinéaste était resté sur deux réalisations totalement différentes que sont Bienvenue à Zombieland et 30 minutes maximum, deux films pas trop mauvais mais complètement déjantés. Dès les premières minutes, on sent que Ruben Fleischer n’a pas pris de risque en nous servant tous les clichés du gangster à la mitraillette Thompson. De plus, en s’inspirant de nombreux films, on aperçoit en filigranes un patchwork des grands titres du cinéma d’outre-Atlantique comme Les Douze salopards ou encore le récent Inglorious Bastards. Evidemment, ce récit est tout autre mais l’inspiration scénaristique est assez flagrante. Pourtant, le scénario de Gangster Squad est tiré d’un récit réel car, il faut le souligner, les personnages de ce film ont pour la plupart existé. Bien entendu, Ruben Fleisher a pris du recul et l’a adapté selon ses besoins, donnant un rendu assez romanesque à l’histoire. On retiendra également de ce film le choix des acteurs. Josh Brolin en sergent-chef dur à cuire est criant de

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réalisme. Toujours bien en phase avec son personnage, l’acteur se fond littéralement dans les décors de l’époque à l’instar de Sean Penn, toujours aussi époustouflant et charismatique à l’écran. Cependant, et c’est une grande déception pour nous, Ryan Gosling convainc moins dans son rôle de dandy à la gâchette facile. Décrédibilisé par une voix fluette et risible, l’acteur canadien reste en décalage par rapport à l’histoire et ses quelques sursauts d'énervement restent plats. Bref, ce film contentera les hommes amateurs d’histoires de gangsters à la Al Capone. Doté de décors admirablement travaillés et d’un scénario intriguant, ce nouveau polar est une réussite. Un pur divertissement.

Matthieu Matthys Gangster Squad Action, Policier de Ruben Fleischer Avec Josh Brolin, Sean Penn, Ryan Gosling Los Angeles, 1949. Mickey Cohen, originaire de Brooklyn, est un parrain impitoyable de la mafia qui dirige la ville et récolte les biens mal acquis de la drogue, des armes, des prostituées et – sʼil arrive à ses fins – de tous les paris à lʼouest de Chicago. Tout ceci est rendu possible par la protection, non seulement des hommes de mains à sa solde, mais également de la police et des hommes politiques qui sont sous sa coupe.


Paradis : Amour, peu de compassion Paradis est un triptyque réaliste reflétant trois réalités via trois femmes contemporaines. Ce premier long métrage était présenté en compétition au dernier festival de Cannes.

©Lumière Distribution

La critique Mise en scène d'une réalité frappante, connue de tous, allant à l'encontre des mœurs. Paradis : Amour est le premier volet de la trilogie d'Ulrich Seidl, représentant trois femmes d'une même famille à la recherche de leur rêve respectif. Elles passent leurs vacances séparément: l’une part faire du tourisme sexuel, l’autre œuvre comme missionnaire catholique, la troisième séjourne dans un camp pour ados en surpoids. Trois chemins qui reflètent différentes valeurs: l'amour, la foi et l'espoir. Cette première partie raconte l'histoire d'une quinquagénaire au physique corpulent, Teresa, qui passe ses vacances sur les plages du Kenya où elle devient une sugar mama, c'est-à-dire une Européenne, blanche, qui entretient une relation sexuelle payante avec de jeunes Africains. Elle découvre donc le tourisme sexuel mais en réalité, elle recherche l'amour et le plaisir d'être désirée à nouveau. Un hôtel luxueux, une plage au sable fin, une mer bleue azure, des palmiers et du soleil, un vrai lieu idyllique n'est-ce pas ? Ce décor est certainement le seul lien avec le titre « paradis » étant donné qu'un lieu sans vie ni expression, où le silence flâne dans l'ennui ne peut être considéré comme un paradis. De plus, le paradis signifie bonheur, si bien que lors d'une interview Ulrich Seidl dit : « Le paradis est la promesse d'un bonheur sans fin », or il n'est pas présent, seule la recherche de celuici est montrée. Quant à l'amour – de même que sa

poursuite, il est un sentiment à la fois merveilleux et plein de tourments pourtant, il est loin d'être exprimé ainsi vu l'absence de dialogues et d'actions ; il ne se résume pas à des échanges physiques dénudés d'âme à l'instar de ce qui est dépeint.

«Le film est tiré en longueur par des scènes dʼéchanges charnels» Bien que l'âge avancé de l'héroïne nous démontre la dure réalité du vieillissement et de ce qui en découle tels que le désespoir, les déceptions (amoureuses), la peur de ne plus plaire et surtout la beauté flétrissante, sa naïveté et son innocence sont exaspérantes, la rendant misérable et ne nous permettent donc aucune compassion envers elle. Sans compter que la description du personnage est totalement inexistante, ce qui maintient davantage l'écart entre le protagoniste et nous, les spectateurs. Aussi, la différence de richesse entre les Blancs et les Africains n'est qu'implicite car aucun commentaire de la part de Teresa, qui voyage en Afrique pour la première fois, n'est émis. La taciturnité est donc bien trop importante : de tels sujets demandent effectivement une communication plus abondante entre les personnages pour nous émouvoir. Pour finir, le film est tiré en longueur par des scènes d'échanges charnels, voire pornographiques (et non érotiques), inutiles. Le manque de dialogues le rend impénétrable et leur

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légèreté marque une très grande fadeur et insipidité. Le film aurait pu être beau et profond mais rien y fait, les sentiments ne suivent pas devant une telle platitude. Les thèmes sont plus qu'intéressants mais c'est une grande déception, à se demander comment Paradis : Amour a pu être en compétition à Cannes. À noter que le film prend un peu de beauté si un effort (ou un intérêt particulier) est déployé pour se renseigner afin de prendre connaissance des intentions et visions du réalisateur.

Sontiu Falguière

Paradis : Amour Drame dʼUlrich Seidl Avec Margarete Tiesel, Peter Kazungu Sur les plages du Kenya, on les appelle les « sugar mamas », ces Européennes grâce auxquelles, contre un peu dʻamour, les jeunes Africains assurent leur subsistance. Teresa passe ses vacances dans ce paradis exotique.Elle recherche lʼamour mais, passant dʼun beachboy à lʼautre et allant ainsi de déception en déception, elle doit bientôt se rendre à lʼévidence : sur les plages du Kenya, lʼamour est un produit qui se vend.

8 janvier 2013


Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Une adaptation du roman de Tom Bradby, dont le titre est inchangé. Colette McVeigh est une terroriste de l'IRA, tout comme ses frères. Son mari a été tué par les anglais, elle est donc veuve, et mère d'un fils. Après un attentat manqué à Londres, on lui offre deux options : soit vingt-cinq ans de prison, soit servir d'espion pour le MI5. Elle choisira d'espionner ses frères, sa famille afin de pouvoir prendre soin de son fils, l'élever et le voir grandir.

Shadow Dancer de James Marsh sortie le 16 janvier 2013 Drame (101ʼ) Avec Clive Owen, Andrea Riseborough, Gillian Anderson, Aidan Gillen, Domhnall Gleeson

On reconnaît bien le talent de James Marsh dans ses choix, autant concernant les acteurs que les lieux de tournage. En effet, tout au long du film, une ambiance lourde est bien présente reflétant la pression que subit Colette devenue espionne et celle des membres de sa famille qui sont des militants de l'IRA. Cette ambiance est non seulement créée par des acteurs très imbus de leur rôle mais également par un décor et un environnement sobres et froids, ce qui renvoit à ces décennies de troubles.

d’orienter le sujet central vers la trahison plutôt que vers le côté politique, ce qui a attiré les financiers. Mais cette initiative enlève une certaine crédibilité et réalité aux faits. Pour finir, l'intrigue est peu prenante à cause du trop peu d'action, installant ainsi la monotonie. Or bien d'autres films – trop nombreux pour les citer – sont lents et sans mouvements mais restent captivants, ce n'est pas vraiment le cas de Shadow Dancer. Le film n'a donc pas grand intérêt malgré les qualités des prises de vues et un bon casting. Autant regarder un documentaire sur « Les Troubles » en Irlande du Nord car la traîtrise qui est le centre de ce film aurait pu être placé dans un tout autre contexte et aurait probablement donné une intrigue plus poignante.

Sontiu Falguière

Par contre, l'aspect politique est carrément mis à l'écart, décision prise par Marsh

Le Sac de Farine de Kadija Leclere sortie le 16 janvier 2013 Drame (92ʼ) Avec Hafsia Herzi, Hiam Abbass, Mehdi Dehbi, Rania Mellouli, Smain Fairouze

C'est en Belgique que commence cette histoire, et plus précisément à Alsemberg, dans la banlieue bruxelloise. Sarah, huit ans, vit dans un foyer d'accueil catholique. Élève assidue, férue de littérature, elle voit son père venir un jour la chercher sous prétexte de l'emmener en weekend à Paris. Mais son projet est tout autre, elle se retrouve ni plus ni moins projetée au Maroc, dans sa famille, réveillée au matin par l’appel à la prière. On la rejoint alors à ses dix-sept ans, au sein de son village de montagne, jeune fille sensuelle et déterminée, mais déracinée, bouleversée par sa destinée. Entourée de sa tante, de son oncle et de leurs enfants, c'est le tricot, la faim et la question du mariage qui déterminent son quotidien. Sarah reste pourtant éprise des valeurs occidentales et chrétiennes de sa jeunesse, et c'est tout naturellement qu'elle refuse systématiquement les demandes en mariage qui proviennent des jeunes hommes de son village. Et son rêve occidental n'y est certainement pas pour rien. Elle n'a de souffle que pour assouvir une envie : retourner vivre en Belgique, retrouver l'école, les livres et une vie qu'elle imagine plus débordante que celle qu'elle mène ici. Surtout que

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Sarah et sa famille luttent pour trouver de quoi se nourrir au quotidien en pleine révolte de la faim, la Révolte des Awbach, au début des années 80. Même au plus fort de ce mouvement, Sarah ne s'éloigne jamais de son propre rêve, qui est de passer son baccalauréat. Kadija Leclere nous présente un film empreint d'émotion, fort d’une connaissance des différences culturelles entre les deux pays. La réalisatrice, qui a ellemême subi le déracinement et l'enlèvement, réussit parfaitement à transmettre des sentiments forts. Pour cela, elle a su s'entourer d'acteurs intéressants : Hafsia Herzi et Hiam Abbass qui ont déjà tourné ensemble dans La Source des Femmes de Radu Mihaileanu, le liégeois Mehdi Dehbi, sans oublier Smaïn qui signe son retour après une dizaine d'années d'absence. Une histoire éprouvante mais forte, balancée entre une Belgique moderne et un Maroc ancré dans la tradition, mais qui nous laisse voyager au travers des paysages figés des montagnes de l'Atlas.

Guillaume Fey


The Words de Brian Klugman et Lee Sternthal sortie le 16 janvier 2013 Drame, Thriller (96ʼ) Avec Bradley Cooper, Zoe Saldana, Olivia Wilde, Jeremy Irons, Dennis Quaid

Clayton Hammond, écrivain à succès, fait une lecture de son nouveau roman. Son histoire est la suivante : Rory Jansen (Bradley Cooper) vit avec sa femme Dora (Zoé Saldana) à New York et rêve d’être écrivain. N’ayant pas le succès escompté, son père lui trouve un emploi de magasinier dans une agence littéraire. Il passent leur voyage de noce à Paris où Dora lui offre une magnifique vieille besace. De retour à New York, Rory y découvre, caché dans la doublure, un manuscrit d’une rare beauté racontant l’histoire d’un jeune homme américain basé en France pendant la Seconde Guerre mondiale, qui tombe amoureux d’une jeune française. Il recopie l’histoire et la suggère à un agent de la boîte où il travaille. Le succès est instantané jusqu’à sa rencontre avec un vieil homme (Jeremy Irons) qui prétend être le véritable auteur du succès de Rory. De l’autre côté du miroir, Clayton Hammond rencontre une jeune femme qui veut en savoir plus sur lui et sur l’histoire...

Pierrot précise vite : «On en aurait pleuré hier...». Les invisibles du passé deviennent les survisibles du présent. Ce nʼest pas une raison pour leur tourner le dos !

sortie le 5 décembre 2012 Documentaire (115ʼ)

Loic Smars

Brian Klugman et Lee Sternthal réalisent ici leur premier film (ils font en outre un caméo dans le film). Connus pour leur scénario de Tron Legacy ou quelques

«Aujourd’hui, on en rigole !»

Les Invisibles de Sébastien Lifshitz

apparitions dans de petits rôles au cinéma, ils fournissent une réalisation ambitieuse doté d'un scénario alambiqué pouvant donner au projet une tournure légèrement casse-gueule. La photo du film, quoique idéalisant un Paris de carte postale, est soignée et agréable. Mais leur grande réussite est d’avoir pu convaincre des acteurs bankables comme Bradley Cooper (Very Bad Trip), Zoe Saldana (Avatar), la belle Olivia Wilde (Cowboys et Envahisseurs) ou encore ces vieux briscards que sont Jérémy Irons et Dennis Quaid. Leurs performances dramatiques sont toutes impeccables et on les sent investis du projet. Tout est réuni pour un grand film bien achalandé mais les sousintrigues finissent par subir trop de climax et perdent ainsi leurs intérêts. À voir pour les acteurs et la beauté de l’image essentiellement.

À travers un documentaire plein dʼhumour et de légèreté, Sébastien Lifshitz nous propose une succession de rencontres toutes plus touchantes les unes que les autres. A lʼheure où le débat du mariage pour tous est au coeur des conversations, Les Invisibles montre combien lʼamour est précieux. Le vrai combat sʼest tenu il y a cinquante ans. Pierrot, Thérèse, Christian, Bernard, Catherine... Ils ont tous 70 ans, ou plus.

Les personnages, vrais, nous parlent dʼenvie, de désir, de sexe. Dʼamour surtout. Lʼamour, qui nʼa pas de sexe, pas dʼâge, pas de lieu. Nous, spectateurs, on écoute, amusés, leurs histoires passionnantes. Leur choix dʼassumer leurs envies. En se révoltant dans des manifestations violentes. En portant des pantalons moulants. Parfois juste en attrapant une main... Autant de parcours différents qui se rejoignent en un point : il faut vivre pleinement ! Des images dʼarchives émouvantes, une bande originale séduisante, ce film est une véritable partition de musique. Un hymne à la vie, tout simplement.

Laura Damase

«Il faisait si beau, le soleil était si chaud et nous étions si nues.» Les regards gourmands témoignent de leurs appétits infinis pour la vie. Ici, pas de nostalgie mielleuse. Catherine raconte simplement ses premières expériences homosexuelles. Elle a aimé. Ses parents. Son mari. Ses enfants. Puis une femme.

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✎ Film à l’affiche actuellement

8 janvier 2013


Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Films à l’horizon (sorties du 09/01)

Pas

vus

!

I, Alex Cross

Rebelle

Kill List

Policier de Rob Cohen

Drame de Kim Nguyen

Policier de Ben Wheatley

Avec Tyler Perry, Edward Burns, Matthew Fox

Avec Rachel Mwanza, Alain Bastien, Serge Kanyinda

Avec Neil Maskell, Michael Smiley, Myanna Burin

Inspecteur de police, Alex Cross fait équipe avec son ami de toujours, Tommy Kane, et lʼinspectrice Monica Ashe pour élucider une affaire de meurtres en série. Le tueur, surnommé Picasso, cherche à sʼen prendre à un puissant industriel de la ville.

Komona, jeune fille, raconte à lʼenfant qui grandit dans son ventre lʼhistoire de sa vie quand elle a dû faire la guerre dans lʼarmée des guerriers rebelles dʼun pays dʼAfrique Centrale.

Meurtri dans sa chair et son esprit au cours d'une mission désastreuse à Kiev 8 mois plus tôt, Jay, ancien soldat devenu tueur à gages, se retrouve contraint d'accepter un contrat sous la pression de son partenaire Gal et de sa femme, Shen.

Rob Cohen est un réalisateur habitué aux films de seconde zone. Réalisateur un peu maladroit, il nʼest pas une référence en la matière. Alex Cross, cʼest le profiler que lʼon a déjà pu voir dans Le Collectionneur ou Le Masque de lʼaraignée. Deux bons films que celui-ci nʼégalera probablement jamais.

De nombreuses fois remarqué dans les festivals du monde entier, ce film est pétri de qualité visuelle et scénaristique. Lʼhistoire, constamment balancée entre beauté et cruauté, vous emmène dans lʼAfrique subsaharienne contemporaine. Ce film canadien est une merveille selon de nombreux critiques de cinéma.

Film à la fois intense et bizarre, Kill List sort en même temps au cinéma et en DVD. Le film a semé le doute dans de nombreuses rédactions hexagonales, soit ils ont aimé, soit ils ont détesté. Difficile donc de ce prononcer sur cette mystérieuse production. Un film dérangeant et subtil à la fois.

Tabou

Action de Simon West

Un prince (presque) charmant Comédie de Philippe Lellouche

Drame de Miguel Gomes

Avec Nicolas Cage, Malin Akerman, Danny Huston

Avec Vincent Perez, Vahina Giocante

Avec Teresa Madruga, Laura Soveral, Ana Moreira

Stolen

Voleur des plus doués, Will Montgomery sort de prison après avoir purgé une peine de 8 ans. Il n'a qu'une hâte : mettre un terme à son passé de criminel pour passer du temps avec sa fille. Mais son ancien partenaire kidnappe cette dernière.

Jean-Marc, quadra carriériste et pressé ne cherchant quʼà satisfaire ses intérêts personnels, va croiser malgré lui la route de Marie. Tout oppose cet homme dʼaffaire et cette jeune femme éprise de liberté et de justice.

Une vieille dame au fort tempérament, sa femme de ménage Cap-Verdienne et sa voisine dévouée à de bonnes causes partagent le même étage d'un immeuble à Lisbonne. La première meurt et resurgit alors une histoire de roman sʼétant déroulé en Afrique.

Gonflé à bloc par le succès de sa dernière réalisation The Expendables 2, Simon West continue de tourner des films dʼaction. Pour lʼoccasion, il retrouve Nicolas Cage avec qui il avait déjà travaillé dans Les Ailes de lʼEnfer en 1997. Ce dernier nage également en plein succès mais peut toujours faire un faux pas.

Après le fiasco de Nos plus belles vacances, Philippe Lellouche tente à nouveau sa chance dans la réalisation. Cette fois, la sauce devrait être plus digeste avec un casting plus en phase avec lʼépoque. De plus, le réalisateur a co-écrit lʼhistoire avec Luc Besson, scénariste plus expérimenté que lui.

Si lʼaffiche prête à la curiosité, le film en lui-même ne nous charme pas vraiment. Tourné en noir et blanc, une horreur à stopper à lʼheure de la 3D, ce long métrage est dʼun amateurisme sans nom. Reste maintenant à savoir sʼil est digne dʼintérêt et comporte une quelconque profondeur contextuelle. Qui sait...

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Films à l’horizon (sorties du 16/01)

Pas

vus

!

Django Unchained

Comme des frères

Action, Western de Quentin Tarantino

Comédie de Hugo Gélin

Drame de Fien Troch

Avec Jamie Foxx, Christoph Waltz, Leonardo DiCaprio

Avec François-Xavier Demaison, Nicolas Duvauchelle

Avec Bent Simons, Gabriela Carrizo, Maarten Meeusen

Kid

Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Dr King Schultz, un chasseur de primes allemand, fait lʼacquisition de Django, un esclave qui peut lʼaider à traquer les frères Brittle, les meurtriers quʼil recherche.

Depuis que Charlie nʼest plus là, la vie de Boris, Elie et Maxime a volé en éclats. Ces trois hommes que tout sépare avaient pour Charlie un amour singulier. Elle était leur sœur, la femme de leur vie ou leur pote, cʼétait selon.

Kid, un garçon de sept ans, vit seul dans une ferme avec sa mère célibataire et son frère Billy. Malgré une situation difficile à la maison, Kid se sent protégé et à l'abri auprès de sa maman.

Tarantino est une légende vivante du cinéma et son nouveau film est, de ce fait, lʼun des plus attendu de lʼannée. Direction les westerns spaghettis pour cette fois et ses cowboys. Pour lʼoccasion, Quentin nous a sorti un cowboy noir, une provocation de plus pour le cinéaste. Un western au temps de lʼesclavage, pourquoi pas ?

Ce film de potes a fait un carton en France où il est même considéré comme la comédie de lʼannée. Pour son premier long métrage, Hugo Gélin a fait mouche et devrait ravir le public belge de la même façon. Lʼoccasion dʼapprécier un film dʼamitié où les générations se croisent et se confondent.

Film belge, flamand et dramatique, autant de qualificatifs qui nous ont fait fuir. Il faut dire que les drames belges sont en général repoussants et ne servent quʼà flatter lʼégo de certains sur un cinéma de genre où le contexte prend souvent le pas sur la façade de lʼhistoire proprement dite. Un film certainement intelligent.

Alceste à bicyclette Comédie de Philippe Le Guay Avec Fabrice Luchini Serge Tanneur était un grand comédien, avant de se retirer des feux de la rampe. Trop de stress l'a poussé un beau jour à prendre la décision de mettre fin à sa carrière. Depuis trois ans, il vit en solitaire sur l'Île de Ré.

Le pitch est des plus intéressant et le casting lʼest tout autant. Avec un Fabrice Luchini en dramaturge déphasé et perdu dans ses pérégrinations rêveuses et un Lambert Wilson en star incompréhensive et imbue, cela peut donner un cocktail détonnant très drôle à admirer. Seul le titre déçoit quelques peu.

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8 janvier 2013



©Jean-Marie Leroy

l’actu cinéma

Cinquante nuances de Grey au cinéma C’est le bestseller du moment dans toutes les librairies, Cinquante nuances de Grey est le premier tome d’une trilogie érotique. Aidé par la controverse qu’a engendrée l’histoire osée signée E.L. James, le livre s’est d’ores et déjà vendu à plus de 40 millions d’exemplaires à travers le monde. Comme tout succès attise la convoitise, il est assez normal de constater que les studios cinématographiques s’imaginent l’adapter à l’écran. C’est quasiment chose faite puisque la saga a trouvé acquéreur en Californie et plus précisément dans les couloirs d’Universal et Focus Features (société appartenant à Universal). Pour produire le film, c’est Mike De Luca (Ghost Rider) et Dana Brunetti (The Social Network) qui se sont lancés dans l’aventure. Reste à trouver les acteurs qui incarneront les deux protagonistes principaux. Les rumeurs évoquent d’ailleurs Ryan Gosling ou Henry Cavill dans le rôle de Christian Grey.

M.M.

Box office US

Be Film Festival, du belge une fois!

Du 28 au 3 janvier 2013

1. The Hobbit 2. Django Unchained 3. Les Misérables 4. Parental Guidance 5. Jack Reacher 6. This is 40 7. Lincoln 8. The Guilt Trip 9. Monsters Inc 3D 10. Rise of the Guard.

Comme chaque année depuis huit éditions, le Be Film Festival investit les Bozar et la Cinematek entre Noël et Nouvel An pour fêter une année de cinéma belge. À coups d’avant-premières, de courts-métrages, de rétrospectives et de fêtes thématiques, vous pouvez vous rattraper sur la vision des films du sud comme du nord du pays. Vous y êtes passé et vous avez apprécié ? Vous pensez avoir raté un évènement majeur de la scène culturelle et cinématographique bruxelloise ? Rien n’est perdu. Le succès étant présent, l’année prochaine, retrouvez-nous à la même période pour fêter le cinéma belge aussi bien néerlandophone que francophone.

Source : Box Office Mojo

DVD - Blu ray

M.M.

Quand Hollande fait fuir la France du cinéma À l’aube d’une révolution sans précédent concernant la taxe à 75% sur les très hauts revenus, l’Etat français est pointé du doigt par de nombreux riches dont les stars du cinéma hexagonal font inexorablement partie. De fait, personne n’a pu éviter la querelle qui oppose depuis quelques temps l’acteur français Gérard Depardieu à l’Etat représenté par le nonmoins délicat Jean-Marc Ayrault. Ecoeuré par cet impôt gargantuesque, «Obélix» a décidé très récemment d’acquérir une propriété en Belgique, non loin de la frontière française. Mais, narrant la lâcheté du comédien, le premier ministre français a qualifié aussitôt cet acte de minable, provoquant l’ire de l’intéressé. Cela aurait pu en rester là mais on a appris récemment que l’acteur venait d’obtenir la nationalité russe qu’il a acceptée avec plaisir. Tout cela pour dire que cet acte en annonce d’autres et que, à l’instar des sociétés en difficulté, les dénonciations vont bon train dans le pays de Molière. Dernièrement, c’est Dany Boon qui a fait les frais de la chasse aux sorcières. Accusé par Vincent Maraval, PDG de Wild Bunch, de s’octroyer des cachets mirobolants en se réfugiant à Los Angeles, l’acteur a souhaité réagir en affirmant ne pas gagner autant et, tout comme Gégé, avoir plus rapporté à la France qu’avoir reçu. Une guerre intestine qui pourrait coûter cher au cinéma surtout.

M.M.

Expendables 2 de Simon West

Lorsque Mr. Church engage Barney Ross, Lee Christmas, Yin Yang, Gunnar Jensen, Toll Road et Hale Caesar – et deux nouveaux, Billy The Kid et Maggie – l’opération semble facile. Mais quand l’un d’entre eux est tué, les Expendables jurent de le

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venger. Bien qu’en territoire hostile et donnés perdants, ils vont semer le chaos chez leurs adversaires, et se retrouver à tenter de déjouer une menace inattendue – cinq tonnes de plutonium capables de modifier l’équilibre des forces mondiales.

8 janvier 2013


Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Rétrospective de l’année

s p u Co de r u e co

de l’année 2012

L’année 2012 fut riche en nouveautés musicales et en concerts. Ce fut aussi le début de cette formidable aventure qu’est le Suricate. Quelques chroniqueurs et chroniqueuses ont voulu partager avec vous les albums et concerts qu’ils avaient préféré en 2012. Voici donc, pour vous, le meilleur de l’année 2012!

Bombardement australien dans nos oreilles Sortez les bazookas, le Parkway Drive nouveau est arrivé en cette année 2012! Et ce nouvel album se nomme «Atlas». Un nom bien choisi pour ce groupe qui ne cesse de gravir la montagne du succès depuis sa création en 2002 et qui s'impose comme LA formation de référence sur la scène metalcore. On commence doucement (comme d'habitude, mis à part sur «Killing with a Smile») avec un interlude mélodique avant d'avoir avec «Old Ghosts/New Regrets» un titre typé «Parkway Drive» : des guitares agiles et stridentes, un tempo rapide et le tout entrecoupé par un break monstrueux qui vous fera mosher dans votre salon. Mais le premier titre vraiment phare de cet album est «Wild Eyes» dans lequel le quintet australien montre toute sa maîtrise de la mélodie et de la puissance. Et les bougres ne nous laissent même pas le temps de respirer, enchaînant avec « Dark Days », le premier single tiré de l'album le chant rappelle par moment celui de Matthias Voigt (Heaven Shall Burn) et la chanson promet de faire quelques morts en concert! Avec «Swing», le groupe enchaîne passages supersoniques et rythmes lourds dont il a le secret.

Born This Way Ball au Sportpaleis

Ensuite changement d'ambiance avec «The Low Surrender» et son début assez psyché, assurément un des titres le plus expérimental de l'album. Il partage cet honneur avec «Atlas», un morceau mélangeant le metalcore et le post-hardcore mais qui ne convainc pas totalement. Mais que les fans se rassurent, avec «Sleight of hand» et «Snake Oil and Holy Water» le groupe conclut cet album avec deux chansons du style ravageur qui a fait leur célébrité. On voit que les australiens se sont fait plaisir sur ce disque, alliant leur formule toujours aussi efficace à de nouvelles idées bienvenues. On ne voit pas ce qui pourrait arrêter Parkway Drive qui s'impose de plus en plus comme le leader de la scène metalcore.

Olivier Eggermont

Le week-end du 29 et 30 septembre 2012 a été pour les Little Monsters belge, le week-end immanquable de l'année 2012. Wallons, Flamands, français, hollandais, gays, hétéros, filles, garçons, jeunes et moins jeunes ; tous s'étaient donné rendez-vous au Sportpaleis d'Anvers pour les deux shows de notre Mother Monster aka The Queen, Lady Gaga. Après une première partie mitigée entre Lady Starlight dont la prestation évoque toujours chez beaucoup un irrémédiable : «je n'ai pas tout compris de sa prestation, mais où voulait-elle en venir?» et The Darkness qui a laissé un très bon souvenir à tous, nous avions enfin la chance d'admirer notre idole après l'avoir attendue dans le froid et la pluie pendant plusieurs heures, voir même plusieurs jours pour certains.

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Gaga grâce à sa scène reproduisant la façade d'un château, son entrée sur le dos d'un cheval articulé ou encore son Monster Pit inédit a réussi à charmer tout le monde même les plus réticents. Un show tout simplement grandiose de par ses chorégraphies, ses décors, ses jeux de lumière... Mais Gaga, c'est plus qu'un show! C'est avant tout une artiste proche de ses fans qui n'hésite pas à en faire monter certains sur scène, qui chante des chansons inédites (Princess Die) à la demande du public et qui a toujours le mot pour rire. Les deux dates belges du Born This Way Ball étaient sold-out, comme le reste de sa tournée, et après y avoir assisté, on comprend pourquoi.

jamais vraiment écouté leur musique. Et puis je les ai vus. En vrai. Et là ça été la claque ! C’était le 29 juillet dernier, au Ronquières Festival. À peine avaient-ils posé le pied sur la scène que ce fut l’explosion. Le trio anversois déchire tout avec un Rock’n’roll lourd aux influences Blues, Rockabilly et Stoner. En gros, du très, très bon son.

vous aurez plus l’occasion d’en profiter sur CD, de sa voix somptueuse : en live le son est tellement puissant que l’on ne se rend pas forcément compte de talent vocal) et son jeu de guitare endiablé. L’impressionnant Monsieur Paul, toujours à droite de la scène, semble véritablement habité par la musique et dodeline du chef sur le tempo qu’il insuffle à sa basse.

Marie Vandenberg «And Death Said Live» C'est avec "And death said live" que Mors Principium Est marque un retour en force dans le milieu du death melodic. Après 5 ans d'absence et de nombreuses craintes quand à la séparation du groupe, les finlandais reviennent avec un album au son dense, sans prise de risques mais qui réussit à toucher son public. La nouvelle line-up du groupe a relevé le défi d'égaler ses prédécesseurs, car bien que The Unborn (2005) reste leur pièce maitresse à ce jour, And Death Said Live nous offre 10 morceaux exceptionnels, mélange parfait de clavier énergique, de solos déchainés et de vocaux entrainants. Les nouveaux membres apportent leur propre marque, et ce n'est pas pour nous déplaire ! Avec des perles telles que "Birth of the Starchild" et "Dead winds of hope", ce nouvel album de Mors Principium Est peut sans rougir prétendre au titre de meilleur album de death melodic de cette année. Un retour en grande pompe pour l'un des meilleurs groupes du genre.

Quentin Esser Triggerfinger Bien sûr, j’en avais déjà entendu parler, je savais plus ou moins ce qu’ils faisaient mais je n’avais

Mais ce son ne serait pas ce qu’il est sans les trois musiciens de génie qui forment Triggerfinger : Ruben Block, le chanteur à rouflaquettes à la voix puissante et intense, Paul Van Bruystegem (alias Monsieur Paul, en Français dans le texte), l’imposant bassiste hypnotique (précédemment bassiste de Beverly Jo Scott), et Mario Goossens, le batteur fou (vous vous souvenez de Animal, le batteur ébouriffé des Muppets ? La ressemblance est indéniable) en costard violet et baskets, mais néanmoins excellent (ancien batteur de Hooverphonic, actuellement producteur de Black Box Revolution). Nos trois compères se démènent sur scène dans un tourbillon époustouflant. Tout en sautant et virevoltant sur ses souliers vernis bleu électrique, Ruben Block nous scotche par sa présence scénique, sa voix somptueuse (bien que

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Et pour chapeauter le trio, Mario Goossens, tout sourire – à moins que ce ne soit un tic nerveux, sue à grosses gouttes en frappant de toutes ses forces et à toute vitesse sur les caisses de sa batterie, nous faisant nous rendre à l’évidence : le titre de “Meilleur musicien de l’année” qu’il a reçu en 2011 aux Music Industry Awards n’est vraiment pas usurpé. Comme ils le disent si bien dans leur biographie : une prestation scénique et une intensité musicale qui vous happe sans vous laisser indemne ! Mais s’ils sont absolument excellents sur scène, ils ne le sont pas moins en studio : leurs trois albums ( + 2 lives ) sont de véritables perles.

8 janvier 2013


Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts Leur premier album, “Triggerfinger” (2004), malgré qu’il soit bien pèchu et très agréable à écouter, présente quelques petites incohérences, semble encore un peu hésiter entre différentes influences musicales (certains morceaux tirent carrément vers le Metal, le dernier morceau est un titre en Français, une reprise de “Au suivant” de Jacques Brel, …). Mais ensuite sort “What Grabs ya?” , en 2008, un bijou d’intensité et de profondeur (particulièrement les morceaux “First Taste”, “Soon” et “Is it”). Le groupe enchaîne les concerts et les festivals, et sort en 2010 “All This Dancin’ Around” qui ne comporte quasiment que des morceaux géniaux. Depuis, le trio grimpe, grimpe, grimpe, et gagne en popularité d’abord dans le nord du Pays, puis aux PaysBas et en Allemagne, et enfin en Wallonie et même doucement en France. Ils sortent en 2012 un très bon album live (“Faders Up 2 – Live in Amsterdam), et un sublime coffret collector en bois sérigraphié dans la foulée.

à entendre cette œuvre interprétée de façon aussi magistrale. En 2013, je rêve qu’un groupe de rock nous sorte un album d’une telle beauté. Qui sait ? L’espoir fait vivre comme on dit…

Julien Sterckx Skip & Die C'est au beau milieu d'une errance web, entre publicité pour régime miracle et vidéo d'accouchement de girafe que j'ai découvert le groupe SKIP&DIE. Association d'une chanteuse Sud-Africaine, Catarina Pirata et d'un producteur Néerlandais Crypto Jori. Ils ont parcouru l'Afrique à la recherche de musiciens de plusieurs régions afin d’en obtenir à chaque rencontre une collaboration pour les titres de leur premier album: «Riots in the Jungle».

C’est aussi en 2012 qu’ils reprennent le tube “I Follow Rivers” de Likke Li dans une version envoûtante, où Mario Goossens accompagne la boîte à rythmes avec… une petite cuillère sur une tasse et un verre vide !

SKIP&DIE est un mélange parfait de Hip hop/Electro/ Jungle, un véritable pesto musical.

Depuis, le groupe est en tournée et foule les scènes de toute l’Europe. On attend avec impatience leur retour en Belgique et surtout, un nouvel album!

Pour leurs clips colorés kaléidoscopiques d'où s'échappent le flow désinvolte mais percutant de cette chanteuse aux cheveux roses, et leurs percussions enivrantes et endiablées à l'univers unique, je vous recommande SKIP&DIE, un groupe dont votre ouïe et votre vue ont tout à gagner.

Lise Francotte Thick as a Brick

Cécile Marx

Ce n’est pas un album, mais bien un concert qui m’a le plus marqué en 2012, en l’occurrence, celui de Ian Anderson au Cirque Royal, le 16 novembre dernier. Celui-ci interpréta dans leur intégralité les albums « Thick as a Brick » ( dont je vous avais parlé dans le Suricate n°3) et « Thick as a Brick 2 », la toute récente suite de cet album culte. Et ce soir-là, le spectacle fut tout simplement magique du début à la fin. Musicalement tout d’abord : Ian Anderson et son groupe livrèrent une prestation incroyablement juste et bien exécutée. Le tout bien aidé par la très bonne acoustique du Cirque Royal. A 65 ans, Ian Anderson n’a certes plus sa voix d’il y a 40 ans. Mais là où certains cacheraient leurs lacunes derrière un vulgaire playback, Ian avait décidé d’être accompagné pendant sa tournée d’un jeune chanteur, chargé d’exécuter les parties de chant les plus délicates. Ce que Ryan O’Donnell fit avec brio ! Le jeune camarade de Anderson doubla également ce dernier sur certaines parties de flûte. Ce qui n’était pas vraiment nécessaire, Ian Anderson n’ayant rien perdu de son talent avec son instrument de prédilection. Le show et la mise en scène, dans le style bon humour surréaliste anglais dont Ian Anderson raffole, valait également le détour. Petits sketchs et vidéos projetées sur écran géant ajoutèrent de la vie aux deux « concept albums » Pour résumer ma soirée, en fan absolu du « Thick as a Brick » premier du nom, j’ai tout simplement pris mon pied

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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Marc Ysaye fête les 25 ans des Classiques. Ce dimanche 9 décembre dernier, la moyenne d’âge dans les couloirs du Botanique devait tourner autour des 50 ans. Atmosphère un brin soixante-huitarde, bannières violettes sur tous les murs. Marc Ysaye fêtait les 25 ans de son émission culte: Les Classiques, sur Classic 21.

L’ article Au programme, des artistes incontournables et hyper connus comme The Animals, B.J. Scott ou Wishbone Ash, mais aussi quelques artistes moins connus, voire même tout frais sortis de nulle part. Parmi eux, je citerai Sirius Plan, Antoine Goudeseune ou encore Layla Zoe. Bref, un Botanique plein à craquer (la journée était Sold Out depuis quelques semaines déjà), et une affiche pleine de promesses… N’ayant pas pu assister à l’entièreté de l’événement, je m’attarderai surtout sur les deux concerts les plus touchants selon moi.

The Animals (16:00, Orangerie) En fait, il faudrait plutôt dire “Animals & Friends”, puisque le groupe original The Animals a subi moultes changements de line-up, et est aujourd’hui “scindé” en deux : Eric Burdon & The Animals d’un côté (avec le chanteur “d’origine” du groupe Eric Burdon, Eric McFadden, Red Young, Paula O’Rourke et Wally Ingram), et Animals & Friends de l’autre (avec le batteur d’origine John Steel, Pete Barton au chant, Danny Hangley, John Williamson et Mickey Gallagher). Pour cette date-ci, nous avions l’honneur de voir l’excellent claviériste Zoot Money (dans le groupe depuis 1968). Le concert sonnait comme ce que l’on attend d’un concert des Animals : un son rock brut exceptionnel, une ambiance du tonnerre et des musiciens talentueux. Mais ce qui frappe surtout, c’est l’étonnante bonne ambiance qui règne au sein du groupe : le vieux Zoot (70 ans) fait des grimaces au jeune guitariste Danny Hangley, le chanteur se marre

avec le reste de la bande, … Le groupe nous a offert une prestation d’enfer, ponctuant le concert de quelques-uns de ses morceaux cultes (Don’t Let Me Be Misunderstood, We Gotta Get Out of This Place, Boom Boom, …) ainsi que de reprises magnifiquement interprétées (I Put a Spell on You était particulièrement réussie)… Pour terminer avec – évidemment – le tube House of the Rising Sun. Pour la petite histoire, House of the Rising Sun est en fait une chanson traditionnelle américaine dont on ne connait pas vraiment l’origine (comme toutes les chansons traditionnelles, finalement) que le groupe a repris en studio en 1964 et qui lui a permis de rentrer dans les charts et de se positionner comme groupe de rock incontournable aux côtés des Stones et des Beatles à cette époque. Pour en revenir au concert, j’avoue avoir été complètement bluffée par la performance de Pete Barton, chanteur du groupe depuis “seulement” 2001… Sous ses faux airs de Benny Hill, les fesses un peu trop serrées dans son jean et les pieds nus sur la scène, le gaillard est absolument fantastique : une voix parfaite, un charisme indéniable et une puissance délirante. Il faut bien le dire : il est à la hauteur d’Eric Burdon (ça me fait mal de le dire, mais c’est vrai).

Andoine Goudeseune fingerpicking The Beatles (17:15, Witloof Bar) Ok, c’est parce qu’on ne pouvait plus rentrer dans la Rotonde pour le concert de Sirius Plan que je me suis aventurée dans le Witloof Bar… Et je

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ne m’attendais pas à être autant sous le charme ! Tout au bout de la salle plongée dans le noir se tient Antoine Goudeseune, sous une lumière violette. Grand bonhomme barbu, tout seul sur son tabouret, concentré sur sa guitare sèche. Il nous livre une interprétation bien à lui des tubes des Beatles : des arrangements où l’on retrouve non seulement les mélodies des chansons mais aussi les parties chantées et les petits sons indissociables de certains morceaux. Le tout sur une seule et même guitare ! Presqu’aussi fort que Jacques Stotzem (lui aussi présent à cet anniversaire) quand il reprend With or Without You et qu’on a l’impression qu’ils sont 6 sur la scène alors qu’il est tout seul, Antoine Goudeseune nous emmène dans son univers un peu féérique et fait ressortir l’essence même des chansons des Fab Four. Le public est envouté, par moment incapable de se retenir de murmurer les paroles si bien suggérées par le guitariste. Fan des Beatles depuis ses 11 ans, Antoine Goudeseune a concrétisé son projet tout récemment (son album est sorti en octobre 2012) et n’est pas encore signé (à bon entendeur…). Il multiplie les concerts et jongle entre ses multiples activités (il joue dans plusieurs groupes et est ingénieur du son et professeur dans les académies de Morlanwez et de Binche, ainsi qu’au Conservatoire Royal de Mons). Bref, une perle à suivre !

Lise Francotte


The Animals à l’Orangerie

Photos: Lise Francotte


Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

La rencontre avec Stéphanie Sandoz

Un 2e album réalisé en faisant le tour du monde en treize étapes. Un album réalisé avec des talents multiculturels. Stéphanie Sandoz nous propose, avec talent et pugnacité, Jet Lag, un cd qui vous fera voyager… Dis-nous quelque chose à ton propos ? Qui es-tu ? J’ai toujours adoré chanter sans pour autant oser assumer d’en faire mon métier. Je n’avais pas la voix de Grace Jones, je ne connaissais rien ni personne dans ce milieu et je n’avais aucune légitimité. Et puis j’ai eu un électrochoc, un sentiment d’urgence. J’avais le sentiment de passer à côté de ma passion, de ce besoin viscéral et inexplicable de faire de la musique. Alors je me suis lancée ! Je me suis entourée de musiciens, je suis montée sur scène et j’ai chanté des reprises. J’écrivais des petits textes dans mon coin, j’avais des idées mélodiques. J’ai commencé à faire des chansons. J’ai réfléchi à des compositeurs, des auteurs, des musiciens avec lesquels j’avais envie de bosser. Je suis allée les rencontrer un à un, au culot, pour les convaincre de travailler avec moi. Je les attendais pendant des heures à la sortie des salles de concerts. Beaucoup ont accepté de me donner ma chance, m’accompagnent depuis le début et sont même devenus des amis. Je crois que ma force c’est ma ténacité. Ma chance, ce sont mes rencontres. J’ai appris ce que je sais en travaillant avec des gens d’exception. Comment as-tu eu l’idée de cet album, de voyager ainsi à travers le monde ? Je rêvais de partir, d’aller voir ce qui se passe ailleurs, jusqu’au bout du monde. Mais pas question de m’éloigner de ma musique : la seule solution était de mêler musique et voyage! Cette idée d’album «tour du monde» est

venue finalement assez naturellement. A chaque étape de mon voyage, j’allais faire une chanson, capter l’instant présent…Et j’allais le construire au fil de mon voyage et de mes rencontres. Je l’ai appelé « Jet Lag » bien sûr en référence au décalage horaire mais aussi parce que ça allait forcément être quelque chose de différent. La seule chose qui était compliquée pour moi c’était l’avion. J’ai une peur bleue de l’avion. La perspective de parcourir plus de 40000 km me rendait hystérique. Et finalement j’ai vaincu ma peur en écrivant en vol les textes de mes 13 chansons ! Pourquoi avoir choisi des noms de villes ? Parce que je voulais que chaque chanson de l’album porte le nom d’une destination et que, dans l’imaginaire collectif comme dans le mien, les grandes capitales véhiculent le rêve…Et puis, j’avais envie d’échanger avec des artistes locaux. C’était la base de mon projet. Je me suis dis que j’aurais plus de chance d’en rencontrer dans les grandes villes… Deuxième album et un sacré culot de présenter ainsi un album multiculturel ! Sincèrement, en décidant d’y aller, je n’ai pas réfléchi à ce qu’on pourrait penser de ma démarche. Mon premier album était plus jeune et plus classique. Je me cherchais beaucoup. Pour celui-ci, il y avait une espèce d’évidence, une folie aussi parce que c’était très ambitieux. J’avais envie de tenter l’aventure, de repousser les frontières et mes

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propres limites. C’était avant tout un défi personnel. Je l’ai fait et j’en suis très fière. Avais-tu pris contact avec des artistes locaux avant de les embarquer ou les as-tu choisis une fois sur place ? Le mois précédant mon départ, j’ai identifié des artistes et musiciens dans chaque ville, je les ai contactés via leurs sites Web en leur expliquant mon projet. A mon grand étonnement, j’ai eu des réponses quasi immédiates et même des rendez-vous…Un truc pareil n’arriverait pas en France ! Mais finalement, sur place, rien ne s’est passé comme prévu ! Parmi les gens que je devais voir, beaucoup ne sont pas venus, mais bizarrement j’ai rencontré d’autres artistes fabuleux complètement par hasard. Par exemple, alors que je venais d’être plantée par mon artiste chinois, j’ai eu une conversation sur Skype avec un copain qui avait vécu à Hong Kong. Il m’a proposé de me mettre en relation avec un de ses amis, chanteur et musicien. J’ai accepté et le lendemain, j’avais rendez-vous pour déjeuner downtown avec un certain Kenny. Quand je suis arrivée devant le restaurant, j’ai vu tous ces photographes devant la porte. Naïvement, j’ai pensé qu’une star devait déjeuner là. Et bien, la star en question, c’était justement Kenny qui m’attendait dans le restaurant, entouré de ses bodyguards et de son traducteur ! Et moi qui arrive en mode détente et jean baskets ! J’ai compris par la suite que Kenny Bee était une super star, adulée dans son pays. Et pendant ce déjeuner, je l’ai convaincu de faire un duo sur mon album.


As-tu déjà eu des refus de collaboration ? Bien sûr ! Et des « incompatibilités » aussi ! On m’a proposé des musiques ou des textes que je n’ai pas aimés, quand bien même certains étaient signés de personnalités qui auraient pu « accélérer ma carrière », et à contrario j’ai attendu en studio 2 ou 3 artistes emblématiques qui avaient « a-do-ré » leur chanson et qui ne sont jamais venus ! C’est ça la musique… On essaie des trucs, parfois ça marche, d’autres fois ça capote. Mais au moins on essaie ! J’ai fais des choix artistiques sur cet album et je les revendique parce que j’ai été sincère. Pourquoi avoir choisi telle ou telle destination plutôt qu’une autre ? J’ai pris un atlas, j’ai fermé les yeux… et hop ! Si c’était réaliste en termes de transport, je restais sur le hasard qui fait souvent bien les choses. J’ai choisi de faire 13 titres, par pure superstition ! Si je me donne la chance de repartir pour faire « Jet Lag 2 » (on se croirait dans Pékin Express !), je viserai l’Amérique du Sud et l’Afrique noire qui m’ont manqué musicalement parlant. Mais comme dirait ma maman, il faut se laisser des marges de progression ! Qu’est-ce qui t’a frappée, émue lors de ce périple ? J’ai pleuré deux fois. Une fois devant le lac de Côme, parce que la beauté du lieu a réveillé chez moi des émotions profondes. Une fois à Bombay, dans une ruelle, quand ces enfants chauves et mal nourris se sont massés autour de moi pour jouer avec mes cheveux. L’Inde m’a fait l’effet d’un électrochoc. Sec et violent. Ce pays m’a fait relativiser beaucoup de choses. J’y retournerai. En voyageant, en touchant de près l’âme des villes et de leurs habitants, on évolue forcément. On change son point de vue. Je crois que ce voyage a changé ma perception de la vie et des autres. Quelle est la collaboration qui t’a le plus marquée et pourquoi ? Toutes m’ont marquée ! A chaque fois, c’est un bout des autres que l’on emporte avec soi. Cette rencontre à Alger avec Samira Brahmia, avec une vie si différente de la mienne. Ou encore ma collaboration avec Cerrone, un artiste énorme que j’admire et avec lequel je rêvais de travailler. Je n’y ai pas cru quand il m’a donné rendez-vous ! Il m’a donné plein de conseils pour l’album et il le

suit de près. Et Sean Dinsmore (aka DJ Cavo) à Shanghaï et l’immense Chris Birkett à Johannesburg. Et ce percussionniste génial sur Hollywood Boulevard à Los Angeles dont j’ignore le nom et qui m’a offert son son. Ou encore Félix de You and You, qui vient d’un univers très différent du mien et signe avec moi le nouveau single éponyme, « Jet Lag ». Des gens de tous âges, de toutes les nationalités, de toutes les influences. C’était riche de sens et c’était ça que j’attendais de cet album. Et puis mon équipe de choc, mes amis talentueux, avec laquelle j’ai finalement assemblé tous ces petits morceaux d’ailleurs en rentrant à Paris : Chris Birkett, Laurent Binder, Cyril Paulus, Yasmin Shah, Pierre-Etienne Michelin, Laurent Vernerey, Jérôme Attal… Cette aventure, je l’ai voulue collective. C’est eux tous la « Jet Lag Team » !

finalisé à mon retour, tranquillement, en studio. Là, j’ai fait le tri et assemblé les morceaux comme on fait un gros puzzle ! Il y en avait dans tous les sens ! J’avais des voix des uns reçues par email, des sons d’ici et là, des instruments de toutes les provenances… C’est à Paris que j’ai harmonisé le tout avec l’équipe.

Quelles sont les anecdotes amusantes, touchantes, tristes que tu pourrais nous raconter ?

Que sont devenues tes premières chansons ? Tu as commencé à écrire à quel âge ?

Par exemple, j’écrivais dans les avions, et à l’atterrissage à chaque escale, mon obsession était de maquetter les chansons. Alors, pour faire mes maquettes, je me mettais dans les baignoires ou les douches des hôtels avec mon casque et mon ordinateur sur les genoux…C’est là que l’acoustique était la meilleure… autant de concerts live pour mes voisins de palier ! Je me souviens aussi de ce bœuf improvisé au cœur du vieux Shanghai, très traditionnel et qui contraste avec les buildings ultra modernes alentours. Un gosse réparait son vélo, une dame faisait sécher son linge dans la rue, un vieux monsieur fumait la pipe dans son fauteuil. Et il y avait cette jeune fille qui jouait de la guitare. J’ai commencé à chanter en l’écoutant. Le gosse a pris un bâton pour marquer le tempo sur son vélo. Un attroupement s’est formé et tout le monde tapait dans les mains ! Un beau souvenir ! J’ai aussi voulu enregistrer plein de sons réels des villes, avec un micro embarqué. Tous ces sons, bruits de voitures, brouhaha, instruments de musique, vent sur la mer… perceptibles ou non, sont mixés dans l’album… Quand j’approchais d’eux mon micro, généralement, les gens hallucinaient ! C’était un moyen génial de faire connaissance et d’engager la conversation.

J’ai des dizaines et des dizaines de chansons qui dorment paisiblement dans mon ordinateur, sur des carnets… J’en sème un peu partout ! J’ai toujours aimé écrire et aussi loin que je m’en souvienne, j’écrivais des textes. Cette année, je commence d’ailleurs un bouquin…

As-tu tout écrit durant ton voyage ou as-tu fini certaines chansons à ton retour ? J’ai écrit pratiquement toutes les chansons pendant le voyage et j’ai tout

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Pourquoi avoir choisi la chanson pour t’exprimer ? Chanter a toujours été une passion. Et pourtant, je n’aime pas spécialement ma voix. Mais j’ai reçu de nombreux signes qui m’ont convaincue de persévérer. A commencer par ce producteur américain emblématique, Brian M. Bacchus, que j’ai rencontré par hasard dans un bar à New York, et qui m’a fait enregistrer mes premières démos là-bas…

Comment définirais-tu ton style de musique ? Je pense faire de la « chanson française - (mais pas seulement parce que dans mon album je chante aussi en anglais ou en italien) – d’un genre globalement pop – (mais « Jet Lag » est un album qui mélange les genres et les styles musicaux… tu ne fais pas la même musique à Bombay ou à Moscou !) ». En tout cas, sur iTunes et toutes les plateformes de téléchargement légal, on peut me trouver dans la case « french pop ». A part la chanson, tu as d’autres passions ? La voile… je referai un jour le tour du monde en bateau ! Quels sont tes futurs projets ? Partager mon « Jet Lag » avec le plus grand nombre ! J’espère que chacun pourra trouver quelque chose à aimer dans cet album. Et je pense déjà au prochain départ…

Propos recueillis par Marc Bailly

08 janvier 2013


Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Interview

aux portes de la gloire! Fondé en 1997, Shakra est un groupe de hard rock qui a vécu bien des déboires. Après plusieurs disques au succès mitigé, les bernois bénéficièrent d’une certaine renommée quand ils assurèrent les premières parties de géants du rock comme Iron Maiden ou Guns N’ Roses. Malgré cela, les tensions au sein du groupes se font nombreuses et sont principalement dues aux problèmes de drogue du chanteur Mark Fox. Celui-ci finira donc par partir et sera remplacé par John Prakesh. Depuis lors, le groupe a renait de ses cendres. Après «Back On Track», ils reviennent cette année avec «Powerplay», un nouvel album qui pourrait bien les faire décoller. Nous avons profité de cette sortie pour nous entretenir avec Thomas Muster, le guitariste du groupe. Bonjour Thomas! Ravi de faire ta connaissance!

avons besoin. Cette fois, nous avons mis 3 mois à enregistrer cet album.

Shakra s’est formé il y a 20 ans. Quand tu regardes en arrière, que penses-tu de l’évolution du groupe?

Comme son prédécesseur, cet album est rempli de bons riffs et solos!

Lorsque nous avons commencé dans les années 90, nous étions fort influencés par des groupes comme AC/DC, Saxon ou Accept. Beaucoup venant des années 80 donc. Bien entendu, j’aime encore ces groupes, mais pour être honnête, je ne les écoute plus beaucoup aujourd’hui. J’écoute plutôt Rush ou Dream Theater. Cela ne veut pas dire que Shakra sonne comme ces deux groupes aujourd’hui. Mais tu ne trouveras plus de riffs à la AC/DC dans nos deux derniers albums. Je pense que cela est dû à une évolution musicale et personnelle qui s’est fait de façon naturelle. Et «Powerplay» montre ce que nous sommes en 2013! Justement, «Powerplay» est votre 9ème album. Comment s’est déroulé l’enregistrement? Nous avons toujours la même méthode de travail. Nous enregistrons d’abord des chansonspilote dans notre salle de répétition. Puis, Roger enregistre sa batterie en studio sur ces chansons-pilote. Ensuite, nous enregistrons tous les autres instruments petit à petit (basse, guitare et clavier). Et enfin, les voix. Nous n’enregistrons jamais en situation «live» contrairement à certains. Nous travaillons dans le studio de Thom et cela nous permet de prendre le temps dont nous

Merci! Où trouves-tu ton inspiration? Eh bien pour être honnête, je ne sais pas... Parfois ça vient tout seul, parfois pas... Je joue de la guitare tout le temps: lorsque je suis au lit, devant la télé, je trouve un chouette riff et je chante une mélodie sur celui-ci. Et une nouvelle chansons est née! Comment composezvous? Est-ce que vous travaillez en équipe? Ou est-ce que l’un d’entre vous conduit l’écriture? Je travaille à la maison dans mon petit studio. C’est plus confortable pour moi. Je travaille avec une boite à rythmes. De cette façon, je peux enregistrer et essayer quelques parties vocales avec John plus tard. Si on trouve que le résultat donne une bonne chanson, John écrit des paroles et Thom travaille quelques solos. Et voilà, nous travaillons ainsi depuis des années. Lorsque j’écoute «Powerplay, votre nouvel album et «Back o n Tr a c k » , l ’ a l b u m précédent, il est évident que vous avez trouvé votre son et un style très reconnaissable.

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Vous avez changé de chanteur également et avez choisi John Prakesh. Qu’a-t’il apporté au groupe? C’est très simple, il a apporté cette magnifique voix et sa nature charmante. Et ça compte beaucoup! Nous avions beaucoup de problèmes avec notre précédent chanteur et John est quelqu’un de tout à fait différent, Dieu merci!


Etait-ce difficile pour vous de faire un aussi bon album après «Back on Track»? Avez-vous ressenti plus de pression durant l’enregistrement?

L’album

Non! Pas du tout! Et pour une simple raison, j’ai commencé à écrire de nouvelles chansons juste après la sortie de «Back on Track». En quelques mois, j’avais tout un tas de nouvelles chansons. Tout s’est donc fait très facilement et nous n’avons dès lors pas ressenti de pression. Plus tard, lorsque nous avons travaillé les voix, tout correspondait à ce que j’avais en tête. Heureusement donc tout a de nouveau bien fonctionné pour cet album, mais ce sont des choses que tu ne sais jamais à l’avance. Vous prévoyez de tourner en 2013? Le plus possible! Les premières dates se trouvent sur www.shakra.ch Vous avez fait les premières parties de groupes connus par le passé comme GNR, qu’est ce que ces expériences ont apporté au groupe? Hmmm... ce n’est pas une question facile... Bien entendu, c’est chouette de jouer face à 13.000 personnes. Mais dans un sens, c’est une situation étrange, car vous savez que ce n’est pas pour vous que les gens sont venus mais plutôt pour la tête d’affiche. Je ne dis pas ça uniquement pour Shakra. Quand je repense aux fois où je me suis rendu aux concerts d’AC/DC par exemple, combien de fois ne me suis-je pas dis pendant que la première partie jouait : « Stoppez, je suis venu voir Angus! Donc je pense qu’il est préférable de jouer en tant que tête d’affiche! Avez-vous un message à adresser à vos fans pour 2013? Amusez-vous bien en écoutant notre nouvel album «Powerplay», et nous espérons vous voir sur la route en 2013!

Comme je vous le disais, ce nouvel album confirme le grand retour du groupe sur la scène du hard rock. Après des débuts difficiles, Shakra a su trouver un style et un son qui les différentie des autres groupes. Les chansons sont bâties sur des riffs très solides et des mélodies très bien travaillées. On sent que le groupe a prit le temps de bien faire les choses et que l’expérience est là. Il en résulte donc un album cohérent aux sonorités riches et variées. Quelques balades aussi nous emportent et démontrent que le groupe sait être subtil tout en restant puissant. Shakra peut donc se targuer d’avoir réussi avec brio cette métamorphose et on ne peut leur souhaiter que le meilleur!

Merci pour votre gentillesse! Merci aussi à toi!

Propos recueillis par Christophe Pauly

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8 janvier 2013


Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

L’agenda Bozar du mois de janvier Le Palais des Beaux-Arts est l’une des institutions culturelles incontournables dans la capitale belge. Ce mois de janvier sera riche en concerts, l’occasion d’y aller faire un tour.

L’orchestre philharmonique royal de Liège

10 janvier 2013 - 20h

Ce jeudi 10 janvier, l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège propose son concert du Nouvel-An. Christian Arming, chef viennois, dirigera Alban Gerhardt (violoncelle) durant le concerto pour violoncelle de Friederich Gulda. La suite du programme sera plutôt classique puisqu'il s'agira d'oeuvres de Strauss. Johann (Jr) Strauss, Wein, Weib und Gesang, op. 333 Friedrich Gulda, Concerto pour violoncelle et orchestre Josef Strauss, Geheime Anziehungskräfte (Dynamiden), op. 173 Richard Strauss, Der Rosenkavalier, Suite de valses n° 1, op. 59

Hilary Hahn

Photos ©Anne-Sophie Trebulak / Sim Canetty-Clarke

12 janvier 2013 - 20h

Hilary Hahn, violoniste américaine, proposera le samedi 12 janvier un récital en dehors des sentiers battus. Après une première partie plutôt classique, Hilary Hahn proposera l'interprétation de plusieurs pièces miniatures commandées aux meilleurs compositeurs modernes. Un florilège de « bis » originaux et variés. Photo ©Peter Miller / DG

Trio Talweg

14 janvier 2013 - 20h

Ce trio fondé en 2004 proposera le lundi 4 janvier une immersion dans leur univers musical et haut en couleurs. Passant de Rachmaninov à Chausson avec une facilité déconcertante, ils ont gagné un Diapason d'Or pour leur premier album en 2008. Rakhmaninov Trio élégiaque n° 2, op. 9, Sonate pour violoncelle et piano, op. 19 Ernest Chausson, Trio avec piano, op. 3 Photo ©Balasz Borocz

Rinaldo Alessandrino

Hilary Hahn, violoniste américaine, proposera le samedi 12 janvier un récital en dehors des sentiers battus. Après une première partie plutôt classique, Hilary Hahn proposera l'interprétation de plusieurs pièces miniatures commandées aux meilleurs compositeurs modernes. Un florilège de « bis » originaux et variés. Girolamo Frescobaldi, Cento partite sopra passacagli Dietrich Buxtehude, Praeludium, BuxWV 163 Louis Couperin, Prélude & Chaconne (Tombeau de Mr. de Blancrocher) Georg Böhm Capriccetto, Präludium, Fuge und Postludium Alessandro Scarlatti, Toccata Johann Jacob Froberger, Tombeau fait à Paris sur la mort de Monsieur de Blancrocher Johann Sebastian Bach, Aria variata alla maniera italiana, BWV 989 Photo ©Eric Larrayadieu

Plus d’informations sur les lieux et les tarifs sur www.bozar.be

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15 janvier 2013 - 20h



Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Nouveaux albums

Mark Knopfler nous revient avec «Privateering»

Alors que beaucoup de vieux rockeurs montrent des signes de fatigue et d'essoufflement artistique, Mark Knopfler, lui, affiche tout le contraire! Après «Get Lucky» (un album dont le succès avait davantage conforté sa place sur le devant de la scène musicale Rock) et une superbe tournée à travers l’Europe, le voici de retour avec un véritable bijoux! En effet, l’homme n’a pas profité comme certains de sa gloire passée pour faire oublier une quelconque panne de créativité ou une production discographique au point mort depuis quelques années (les exemples ne manquent pas aujourd’hui dans le monde de la musique). Au contraire, Knopfler a énormément travaillé pour nous offrir un doublealbum comportant pas moins de vingt chansons. Un défi énorme donc pour le Sultan du Swing qui n’a pas hésité à se mettre en danger (car un doublealbum est un véritable risque vis-à-vis des fans qui trouvent souvent que les artistes meublent ce genre de disque avec des chansons parfois un peu inutiles plutôt que de concentrer le meilleur sur un seul disque.) Seulement voilà, on est Mark Knopfler, ou on ne l’est pas! C’est donc avec génie que celui-ci a disposé ces vingt morceaux exceptionnels en prenant soin de varier les genres et les tempos. Pour ce faire, il s’est entourré de pas moins de 16 personnes pour bâtir ce monument musical. Il y a bien entendu son vieil ami Guy Fletcher (le claviériste de Dire Straits qui a toujours contribué aux album solo de

Mark), mais aussi des musiciens issus du Folk irlandais comme le flutiste Michael McGoldrick ainsi que des musiciens de session venant de Nashville pour accompagner les parties plus Country de l’album. Voici donc une description de certains morceaux qui vous donnera certainement envie de découvrir ce «Privateering». L’album commence par «Redbud Tree», une balade folk qui commence doucement avec une simple guitare acoustique et une steel pedal en fond. La voix de Knopfler amène davantage de mélancolie et de douceur. Puis le thème arrive, joué par une guitare électrique. On reconnait immédiatement le style du guitar hero et ce son pur et si particulier qu’il produit en jouant en finger picking. Le phrasé est simple, mais juste. Sans fioritures et d’une efficacité à toute épreuve. Vient ensuite «Haul Away», une balade celtique dont le thème est sublimé par des flûtes. Ce morceau fait bien entendu penser à «Golden Heart», le titre éponyme de son premier album solo. C’est sur ce disque que l’on retrouvait pour la première fois ce genre de musique et cela avait marqué un profond changement dans la façon d’écrire de Knopfler. Son public l’avait alors découvert sous un jour nouveau. Place au Blues ensuite avec «Don’t Forget Your Hat». On reconnait là l’influence de Robert Johnson sur

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l’anglais. On y retrouve une guitare slide très expressive accompagnée d’un harmonica joué avec brio. «Privateering» ramène cette fois le folk en avant-plan avec un riff très rythmique à la guitare qui suit la voix de Knopfler. Puis, «Miss You Blues» une balade rock assez sympa sans prétention. Le disque change ensuite de couleur avec «Corned Beef City», un countryrock très entraînant et rythmé par la guitare électrique dont le son rappelle «Money For Nothing» avec cette pédale wha fermée. «Go, Love» ramène la tendresse et fait penser au genre que l’on retrouvait par exemple sur «Sailing to Philadelphia». Une balade aux sonorités typiques avec ça et là un petit phrasé à la guitare électrique. Bref, vous l’aurez compris, «Privateering» offre un condensé de tous les styles abordés par Knopfler au cours de sa carrière. Il rassemble ainsi le meilleur de ce dieu de la guitare au travers de morceaux variés et de qualité. Po u r l e s f a n s , u n e v e r s i o n deluxe existe avec cinq titres supplémentaires, deux vinyls, une interview de Knopfler et un code pour télécharger un concert. De quoi passer des heures dans l’univers de cette légende vivante.

Christophe Pauly


Nouveaux albums Suzanne Vega «Close-up Volume 4, Songs Of Family»

En 1985, la chanteuse Suzanne Vega sort son premier album. 25 ans plus tard et 7 millions d’albums dans son escarcelle, elle est considérée comme l’une des plus brillantes chanteuses de sa génération. Suzanne réinterprète maintenant la majorité de son catalogue de manière plus personelle et plus dépouillée. Elle a créé quatre nouveaux albums thématiques, dont le dernier vient de sortir. Close-up Volume 4, Songs of Family est le quatrième album d’une série qui comprend ses chansons préférées. Chacun ayant sa propre thématique. Celui-ci nous parle de sa famille et des proches qui entourent la chanteuse. Ce sont des chansons très intimistes dont deux sont des compositions récentes. « The Silver Lady » est l’une des toutes premières chansons qu’elle ait écrites, elle n’avait alors que quatorze ans. Close Up Vol.01 (Love Songs) et Vol.02 (People & Places) étaient sortis en 2010, Vol.03 (States Of Being) en 2011. Ce nouvel opus est composé des titres Rosemary, Honeymoon Suite, World Before Columbus, As You Are Now, Soap and Water, Widow's Walk, Blood Sings, Bad Wisdom, Ludlow Street, Tired of Sleeping, Pilgrimage et The Silver Lady.

V2 Music

Suzanne Vega est une figure emblématique de la folk depuis le début des années 1980. Elle s’accompagne d’une guitare acoustique, elle chante ce que l’on appelle de la folk ou de la neo-folk. Depuis ses débuts acclamés en 1985, elle a vendu des millions d’albums, reçu sept Grammy Awards et fait des concerts dans le monde entier. Son deuxième album « Solitude Standing » contient le hit planétaire « Luka », qui parle de l’enfance abusée. Sa chanson « Tom’s Diner » a été remixé plus de 25 fois par des gens comme Will Smith, REM, Tupac, Jars of Clay, Destiny’s Child, Lil Kim et Ludacris. Suzanne a collaboré à maintes reprises avec des groupes ou des artistes comme Leonard Cohen ou Danger Mouse. Elle écrit régulièrement pour le New York Times. On retrouve dans cet album la voix si particulière de Suzanne Vega, son folk, sa douceur, tout son talent est ici présenté dans ce beau volume.

Marc Bailly

Andrew Bird «Hands Of Glory»

Andrew Bird nous propose ici une nouvelle interprétation de titres tirés de son album Break It Yourself. Enregistré lors de ses vacances estivales en forme retour aux sources dans l'Illinois, il est composé de classiques de la musique country de manière totalement acoustique. « Quel que soit le style que je choisisse, ma musique a toujours eu un côté sudiste, assez versée dans l’imagerie de l’Ancien Testament, les flammes de l’enfer. Ca s’est beaucoup vu récemment sur mon album Break it Yourself, alors que d’une certaine façon, Hands of Glory l'équilibre ». Que signifie le titre de cet album ? « Parfois je remue mes mains comme un prédicateur quand je chante. Je ne le fais pas exprès. Il y a aussi une autre explication plus sinistre au titre. J’ai lu que l’on croyait à une époque que les mains des meurtriers pendus coupées et conservées dans la saumure avaient des pouvoirs magiques. La main qui a commis le crime... »

Andrew Bird joue du violon depuis qu’il a quatre ans et il a d’abord navigué dans la musique classique. Quelques années plus tard, il s’intéresse au jazz, à la country, au blues et à d’autres genres comme la V2 Music pop. Et depuis le début de sa carrièrer en 1997, il a sorti 11 albums, dont le premier Weather Systems en 2003. Plus récemment, il a compose la musique du film Norman, a participé à la musique de The Muppets. L’album est réussi au niveau sonore, gracieux mémé, mais on déplore quand même le peu de titres, vu que cet opus n’en contient que 8. Quelques chansons supplémentaires n’auraient pas gâché notre plaisir…

Marc Bailly

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8 janvier 2013


Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Nouveaux albums Acaro «The Desease of Fear»

Acaro est un jeune groupe dont les 5 membres originaires de Boston se sont unis par amour du métal. Chris Harrell (chant), Felipe Roa & Chris Robinson (guitare), Kevin Smith (basse) et Jason Fitzgerald (batterie) ont donné leur premier concert à Worchester (MA) en 2008 et ne s'arrête plus depuis de parcourir les ÉtatsUnis pour partager avec le public leur vision du métal. Leur objectif est simple : continuer à faire de la musique, à l'écrire et à la partager avec le plus de monde possible aux quatre coins du globe. C'est dans ce but qu'ils sortent leur premier album The Disease of fear, savant mélange entre métal « brutal » et métal « mélodique ». En effet, les premières minutes d'écoute peuvent déranger en raison de l'apparente dureté du son, mais très vite, on se laisse emporter par la musique et la voix typiquement métalleuse de Chris Harrell.

SPV

L'album comprend 8 titres dont le premier single Becoming the Process est également le premier clip du groupe. Celui-ci est visible sur leur site : www.acarometal.net

Marie Vandenberg

Dropkick Murphys «Signed and Sealed in Blood»

Pour leur huitième album studio Signed and sealed in blood, DKM fait encore mieux que dans le passé. Le groupe celtic punk rock ne semble pas se fatiguer pour un sou.

En effet, ce nouvel opus est encore plus dynamique et envoutant que les précédents. Chaque titre est à la fois la continuité du précédent et quelque chose de totalement différent. Pas un instant on V2 Music ne s'ennuie en écoutant l'album. On va de surprise en surprise sans jamais être déçu. DKM reste dans la continuité de ces précédents albums par la qualité des textes chantés et l'envie qu'ils nous donnent de fredonner et de danser sur leur musique. Composé de douze titres, Signed and sealed in blood est d'une homogénéité indiscutable en matière de qualité de chant et de musique. La voix incomparable d'Al Barr est, de nombreuses fois, sublimée par les choeurs interprétés par les autres membres du groupe. Les fans de longue date ne seront pas déçus par ce huitième album et les novices seront sans doute conquis par l'énergie dégagée par le groupe sur cet album pourtant enregistré en studio.

08.01 PHANTOM LIMB gb 18.01

BADEN BADEN Fr BUENAS ONDAS Be / EASTERN STANDARD TIME Us • coprod. Intersection 22.01 GET WELL SOON De SESSIONS URBAINES #5 : CONVOK, NINA 24.01 MISKINA, DJUBAY, SEVEN, DJ GRAZZHOPPA & SMIMOOZ be • coprod. Lezarts Urbains SESSIONS URBAINES #5 : FLYNT, FEINI-X CREW + 26.01 FINALE DU RAP CONTEST be • coprod. Lezarts Urbains SESSIONS URBAINES #5 : SPEECH DEBELLE, DYNAMIC, MIKIGOLD & FATOOSAN (SUPAFLY 31.01 COLLECTIVE) + SAY IT LOUD PROJECT be 19.01

coprod. Lezarts Urbains

01.02 THE JOY FORMIDABLE Gb SESSIONS URBAINES #5 : NEMIR, MATADOR, 02.02 LOMEPAL & CABALLERO, MASTA PI, SIKU SIKU, BLAPS MUZIK, LABELGE be • coprod. Lezarts Urbains TRIBUTE TO BRIAN ENO, DOCTEUR HONORIS 03.02 CLAUSA UCL 2013, AVEC ENSEMBLE MUSIQUES NOUVELLES (Direction Jean Paul Dessy) 03.02 MAXIMILIAN HECKER De 04.02 PASSENGER Gb + STU LARSEN Au • SOLD OUT 05.02 FOXYGEN Us PROPULSE : TWIN, VEGAS, LI-LO*, THE WAOW, 06.02 CARL ET LES HOMMES BOÎTES be • coprod. Fédération Wallonie-Bruxelles + Botanique + Court-Circuit

PROPULSE : SCARLETT O’HANNA, THE

LE BATH CLU, LEAF HOUSE, 07.02 ANNARBOR, YEW be • coprod. Fédération Wallonie-Bruxelles + Botanique + Court-Circuit

PROPULSE : VITAS GUERULAITIS, DEEPSHOW, be 08.02 MADÉ J., CASTLES, THE FOUCK BROTHERS • coprod. Fédération Wallonie-Bruxelles + Botanique + CourtCircuit

10.02 AMPARO SÁNCHEZ Sp 12.02 REA GARVEY Ie + RYAN SHERIDAN Ie 15.02 ESBEN AND THE WITCH Gb 16.02 LUCY ROSE Gb 16.02 SONS OF NOEL AND ADRIAN Gb + EYES & NO EYES Gb 16.02 DUCKTAILS Us 21.02 VEENCE HANAO Be 22.02 AN PIERLÉ Be • SOLD OUT 28.02 STEREO GRAND Be • coprod. Progress Booking 01.03 KAIZERS ORCHESTRA No 01.03 RON SEXSMITH Ca

Marie Vandenberg

ABBOTA 2013 @ AB : ROSCOE, MONTEVIDEO, 01.03 LEAF HOUSE, THE PEAS PROJECT, JOY WELLBOY be • coprod. Botanique & AB ABBOTA 2013 @ BOTA : COELY, TOMMIGUN, PAON, STEAK NUMBER 8, GEPPETTO & THE 02.03 WHALES be • coprod. Botanique & AB

03.03 JAKE BUGG Gb 05.03 VILLAGERS Ie 05.03 THE SEA AND CAKE Us 06.03 LILLY WOOD AND THE PRICK Fr 06.03 CHRISTOPHER OWENS Us

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…ET TOUTE LA SUITE DE L’AGENDA 02.218.37.32 – WWW.BOTANIQUE.BE


Keith Emerson «The Christmas Album»

Réédition de l'album du même nom de 1988, cet album de Noël n'en a que le nom ou presque. Malgré une technique indéniable et une maîtrise du clavier extraordinaire, Keith Emerson n'arrive pas à transmettre l'esprit de Noël à l'auditeur grâce à cet album pourtant prévu à cet effet. En effet, à part peut-être le dernier titre de l'album Silent Night interprété au piano et accompagné par The London Community Gospel Choir, qui arrive a rappelé l'esprit de Noël, le reste de l'album semble être une succession de titres se rapprochant plus de la musique de jeux vidéos des années 90 que de la musique traditionnelle de Noël. Déception donc à l'écoute de cette réédition ne proposant aucune variante à l'album de 1988 ainsi qu'aucun titre supplémentaire.

Marie Vandenberg

V2 Music

Keith Emerson Band «Three Fates»

Keith Emerson, claviériste du légendaire Emerson, Lake & Palmer (ELP pour les intimes) nous revient aujourd'hui avec un projet classique fort ambitieux : réenregistrer certains des plus grands succès d'ELP et enregistrer également de nouveaux morceaux, en compagnie de son ami le guitariste Marc Bonilla et de l'orchestre classique Münchner Rundfunkorchester (dirigé par Terje Mikkelsen). Rien de très étonnant lorsqu'on connait un peu l'artiste. Mais le résultat est il à la hauteur de l'attente des fans? Pour ma part la réponse est oui, mais un oui à nuancer. Oui car le travail de réarrangement des morceaux est très bien exécuté, et certains titres joués avec un orchestre prennent une dimension encore plus épique. Je dirais même que grâce à l'orchestre, on se rend encore mieux compte du talent d'écriture de Keith Emerson et c'est un réel plaisir d'entendre tout un tas de nouvelles subtilités sur chaque morceau. Mention spéciale à deux d'entre-eux, particulièrement bien réussis : Tarkus et surtout Fanfare for the Common Man.

V2 Music

Oui toujours car, accompagné par son bon vieux synthé Moog, le jeu de Keith Emerson est toujours aussi juste et envoutant. Tout autant que les excellentes parties de guitare et solos de Marc Bonilla. Il faut par ailleurs préciser que celui-ci a réalisé beaucoup de boulot sur cet album, et qu'il aurait été plus juste d'ailleurs de parler du Keith Emerson & Marc Bonilla Band, mais soit. Par contre, ceux et celles qui seraient à la recherche d'un album de rock progressif peuvent passer leur chemin. Cet album, au style si difficile à décrire, est plutôt une espèce d'hybride entre musique classiques avec des influences rock et différentes autres sonorités. Aussi, si vous n'avez jamais écouté d'ELP avant, vous risquez de rester de marbre à l'écoute de l'album, la musique proposée étant assez difficile d'accès pour les oreilles non initiées. Comme souvent, je terminerai cette chronique en vous conseillant de vous forger votre propre opinion en allant écouter Three Fates, vous risquez juste de détester ou d'adorer.

Julien Sterckx

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8 janvier 2013


Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Nouveaux albums Skunk Anansie «Black Traffic»

Au début de chaque morceau de ce sixième album de Skunk Anansie, on est transporté d'un univers à l'autre jusqu'à ce que la patte du groupe nous ramène à l'essence rock de leur musique. Le groupe anglais qui s'était séparé en 2001 pour se reformer en 2009 continue sur sa trajectoire ascendante sans difficulté. Le mélange entre homogénéité des titres et différence de tonalités fait de Black Traffic un des meilleurs albums du groupe. La voix de Deborah Anne Dyer aka Skin est également magnifiquement mise en valeur sur des titres comme I hope you get to meet your hero ou Our summer kills the sun. L'album plaira donc aux fans du groupe et permettra aux non-initiés de découvrir ce groupe mythique anglais.

V2 Music

Machine Head «Machine F**king Head Live»

Marie Vandenberg

Cela fait bientôt vingt ans que les métalleux de Oakland écument les routes à travers le monde. Remarqué dès leur premier album (Burn My Eyes) en 1994, le combo mené par Robb Flynn bouleversa la scène du métal en combinant un son lourd et des solos sophistiqués. Après quelques changements de personnel, le groupe s’est figé depuis quelques années avec Robb Flynn à la guitare et au chant, Adam Duce à la basse, Dave McClain à la batterie et Phil Demmel à la guitare. D’année et année, le groupe a gagné en confiance et l’arrivée de Demmel a apporté énormément de musicalité aux compositions. Celui-ci défie souvent Flynn à la guitare lors de solos majestueux.

Roadrunner Records

Beaucoup de mélodies à deux guitares ont ainsi fait leur apparitions et ont véritablement sublimé le jeu des deux guitaristes. Après des années d’intenses tournées, Machine Head n’avait fourni qu’un disque live en 2003 (Hellalive). Un manque se faisait donc ressentir. Voici donc de quoi compléter magistralement leur discographie. Machine Fucking Head Live comporte quinze titres enregistrés lors de diverses soirées de la dernière tournée.

Les fans pourront ainsi y retrouver l’ensemble de la discographie du groupe. La chronologie des morceaux semble avoir été respectée par rapport à la setlist proposée cet été. Cela commence donc avec «I Am Hell» et «Be Still And Know» tirés de Unto the Locust. On savoure de suite la qualité de la prestation du groupe. Ce qui est frappant dans ce disque live, c’est le son et la balance entre le groupe et le public. L’ingénieur du son a laissé une place très importante aux cris de la foule qui scande le fameux «Machine Fucking Head» entre chaque morceaux. Parmis les titres phares, il y a aussi «Imperium» et son introduction batterie/guitare très militaire. «Old», la chanson qui les avait découvert à leurs débuts. Ainsi que «Aesthetics of Hate», dédiée à Dimebag Darrell. Un excellent double album qui se révèlera indispensable à tout bon fan du groupe!

Christophe Pauly

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Nouveaux albums Stéphanie Sandoz «Jet Lag»

« Jet Lag » c’est d’abord une histoire. Une jeune femme rêve de voyager et d’écrire des chansons sur des lieux qu’elle visiterait. Et voilà Stéphanie Sandoz partie pour un périple de cinq semaines autour du monde. Et voilà donc notre globetrotter musical en route Londres, Milan, le lac de Come, Alger, Johannesburg, Moscou, Bombay, Hong Kong, Los Angeles, New York… Excusez du peu !! A chaque étape, elle y rencontre un artiste du cru avec qui elle collabore.

En Chine, elle rencontre Kenny Bee qui est une véritable légende là-bas. Il a tourné dans une centaine de films et a réalisé une cinquantaine d’albums… A Alger, Samira Brahmia bouleverse notre chanteuse et elles interprètent un duo qui parle avec légèreté de nos différences. A Los Angeles, elle collabore avec Cerrone, rien de moins. Ils adaptent le tube « Misunderstanding ». Shangai est l’occasion de collaborer avec Sean Dinsmore, qui est un dj , un compositeur américain et le créateur d’un nouveau style de musique né de la fusion des anciennes cultures de l’Orient avec le monde moderne de l’Occident. Johannesburg donne l’occasion à Stéphanie Sandoz de travailler avec David Hykes, un musicien américain qui a popularisé le chant harmonique après avoir étudié les chants mongols et tibétains. Bref, « Jet Lag » raconte son fabuleux voyage en treize titres originaux. Treize titres qui sont la quintessence des rencontres, des cultures, des histoires, des sentiments multiples et instantanés que Stéphanie a éprouvés lors de son périple. Chaque étape est le titre d’un morceau et chaque chanson est inspirée des émotions et de l’atmosphère ressentie par l’artiste lors de ses séjours. Un ensemble qui propose des titres aux styles totalement différents, évidemment, mais qui forment un bel album porté par la voix mélodieuse de la chanteuse. Une belle découverte.

Marc Bailly

“Brief Nocturnes and Dreamless Sleep” The long anticipated 11th studio album by

Spock’s Beard

Is available for Pre-Order NOW!!

SpocksBeard.com Progressive Rock at its Very Finest!!

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8 janvier 2013


Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Scènes

Dan Gagnon, le mégalo belgo-canadien Dan Gagnon est l’humoriste canadien qui avait fait le pari fou de remplir le Cirque Royal alors qu’il était encore peu connu. Défi hors normes pour un homme hors du commun.

©Mathieu Buyse

La rencontre Arrivé de son Canada natal il y a un peu plus de huit ans, Dan Gagnon a travaillé comme chroniqueur à la Dernière Heure, sur NRJ, sur la Une, sur StarTV et pour l’émission «sans Chichis» avant de se lancer un défi de taille : remplir les 2000 places du Cirque Royal qu’il avait loué avec son propre argent pour présenter son premier one-manshow ! Rencontre avec l’intrépide Dan Gagnon. Bonjour Dan. Pourrais-tu nous dire ce qui t’as amené dans notre joli petit pays ? En deux mot : L’amour. J’ai rencontré une fille qui faisait un Erasmus il y a huit ans et demi. Trois mois plus tard elle devait rentrer chez elle. Comme nous étudions la communication, je me suis dit « quitte à être chômeur ici, autant l’être ailleurs ! » Et nous sommes toujours ensemble depuis. Chroniqueur, animateur, écrivain et maintenant une carrière d’humoriste naissante. Après ton triomphe au cirque royal, huit dates prévues en 2013 à travers la Belgique pour «l’excellent spectacle de Dan Gagnon»! Dis-nous, quelle est la recette de ton succès ? Mon but est d’avoir toujours 25 projets en même temps pour pouvoir au moins en faire un et être sûr que c’est la meilleure idée de celles que j’ai

eues. Et quand je pars en vacances, donc à Noël et pendant l’été, je fais le ménage. J’essaie néanmoins que mes projets futurs ne m’empêchent pas de profiter de l’instant présent. L’important pour moi c’est de m’amuser. Quand j’ai commencé le boulot, je disais que je voulais que le boulot soit la portion rémunérée de mes loisirs. Parce qu’une carrière c’est très long lorsque tu t’ennuies. C’est l’avantage de retourner au Canada deux ou trois fois par année, quand je rentre chez moi, ça remet tout en perspective.

«Jʼai toujours 25 projets en tête pour pouvoir en réaliser au moins un» Tu n’as pas hésité à louer le Cirque Royal pour réaliser l’un de tes rêves : faire un one-man-show. Le challenge était grand : remplir 2000 places en 50 jours auprès d’un public qui ne te connaissait pas en tant qu’humoriste. N’as-tu jamais eu peur que cela ne fonctionne pas ? Oh si tout le temps! Et, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’était pas le fait de ne pas remplir le Cirque qui me stressait parce qu’à la limite si il y avait juste eu 200 personnes sur 2000 et que le spectacle était bon, les spectateurs auraient quand même vécu quelque chose de chouette. Par contre, s’il y avait eu 2000 personnes

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et que le spectacle était nul, ça aurait été plus embêtant. Il y avait donc un risque et c’est pour ça que le prix était à 10 euros. Je voulais que l’entrée ne soit pas chère pour que les gens se disent : « allons voir ce que ça peut donner ». Je voulais commencer à faire quelque chose pour me donner une crédibilité en tant qu’humoriste et c’est pour ça que j’ai fait le Cirque Royal. Je me suis dit : si je le remplis et que c’est bien on pourra dire que je suis un vrai humoriste de scène, et si je le remplis et que c’est mauvais ou si je ne le remplis pas et que c’est mauvais et bien tant pis, j’aurai essayé… Et même l’échec aurait été marrant à ce moment-là.. Donc oui, c’était risqué mais, si toi-même tu n’es pas prêt à miser sur toi, comment est-ce que tu peux convaincre les autres de le faire ? L’humour Belge est-il différent de l’humour canadien ? Oh oui ! L’humour c’est fort culturel. Forcément, tu as toutes les références mais c’est aussi la manière de le dire ! J’ai entendu un jour une phrase qui disait : « quand tu vas dans un nouveau pays il faut trois mois pour comprendre une langue, six mois pour pouvoir la parler et neuf mois pour commencer à capter l’humour ». Et je trouve que c’est vachement vrai. Le spectacle que j’ai en ce moment est un spectacle qui est écrit pour la Belgique et je le joue juste en Belgique.


Megalomaniak Tour 2013 Le 31 janvier 2013 au Centre Marius Staquet de Mouscron Le 1er mars 2013 à l'Aula Magna de Louvain-la-Neuve Le 24 mars 2013 au Théâtre Saint-Michel de Bruxelles Le 18 avril 2013 au Forum de Liège Le 29 mai 2013 au Palais des Beaux-Arts de Charleroi Le 7 juin 2013 à la Maison de la Culture de Namur Le 14 juin 2013 au Centre Culturel de Huy Je suis en train d’en écrire un deuxième qui, lui, est pour la France mais que je jouerai en Belgique également car je peux y mettre les deux sensibilités. Mais le troisième spectacle que je voudrais jouer au Québec, je le réécrirai entièrement. En plus de toutes tes activités, tu réalises depuis peu des podcasts, d’où te vient cette idée ? J’écoute une émission en anglais qui s’appelle WTF (What The Fuck) animé par Marc Maron qui réalise des interviews. Je trouvais ça super intéressant et comme ça n’existait pas en français, j’avais envie de le faire. Quand je faisais de la radio, les gens me demandaient souvent « cette personnelà, elle est comment en vrai ? ». Et j’avais envie de créer une émission qui répond à cette question. La première saison est terminée et comprend 12 épisodes d’une heure dont l’un des invités a été Philippe Geluck. Ça marche d’ailleurs assez bien puisque, par mois, 5000 à 6000 personnes téléchargent les émissions. Et que nous réserves-tu pour la suite ? J’ai encore un million d’idées! J’aimerais tourner une série de 8 épisodes de sept minutes, avec Renaud Coppens, homme avec qui j’ai fait le Cirque Royal. Le but serait de raconter ma demande de nationalité belge. Je trouve que Bruxelles est une ville magnifique. C’est haut, c’est neuf, c’est moderne et j’ai envie de faire connaître la belgitude. Ensuite, faire de la radio et de la télé en France, du cinéma aussi et puis, pourquoi pas, réaliser des films. Et bien merci Dan pour cette interview et rendez-vous tout bientôt pour l’un de tes spectacles où nous serons assurément présents.

Emilie Lessire

Infos et réservations www.kingsofcomedy.be

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8 janvier 2013


Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Grand spectacle et duo absurde au Théâtre Royal de la Place des Martyrs ! L'entrée en scène est originale et accompagnée d'une musique et de costumes folkloriques, ce qui nous initie, dès les premières secondes, au caractère de Cyrano, un personnage si charismatique et peu ordinaire !

les obligations sociétales. Il est le portrait même de tout homme de la société c'est-à-dire paraître ce que nous ne sommes pas ; qui de nous pourrait démentir cela? Mais avons-nous un si grand cœur et sommes-nous aussi déterminé dans nos opinions que l'est Cyrano ?

Mise en scène de Daniel Scahaise

“Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès! Non! Non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile”, voilà qui décrit bien notre protagoniste au long nez, un homme au cœur d'or et d'une grande profondeur mais qui se cache derrière un masque : il se montre fier, révolté et insurgé or il est tout simplement un homme amoureux, et un véritable poète. Sa laideur le pousse à voiler ses sentiments qu'il exprime à travers son rival, aidant ce dernier à conquérir sa belle Roxane ; il se sacrifie et maintient cette élégante supercherie jusqu'à son dernier souffle.

Avec Christophe Destexhe, Laure Bardet, Denis Carpentier, etc.

Cyrano est un incroyable combattant non seulement dans l'art de l 'épée mais aussi dans sa lutte contre la stupidité et

Sontiu Falguière

Quand on décide de se lancer dans la critique culturelle, on voit tout et rien. Le plus grand plaisir de ce métier est de trouver la pièce qui ne ressemble pas à aucune autre, qui nous motive à perpétuellement se rendre au théâtre. De l’influence du théâtre belge ... fait partie de ses originales créations essentielles ! (attention les classiques sont aussi fort utiles)

finalement, inverser les rôles finissent par leur plaire ?

Théâtre Royal de la Place des Martyrs Jusqu’au 05 janvier 2013 Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand

Eric de Staercke et Caroline Lambert prennent le parti absurde du théâtre comme sauver du monde. Théâtre Royal de la Place des Martyrs Jusqu’au 05 janvier 2013 De l’influence du théâtre belge sur la résolution des conflits mondiaux De et Avec Eric De Staercke et Caroline Lambert

Tous les deux rentrent de leur boulot déprimé. L’une pour un dégommage au sens littéral au centre de beauté et l’autre pour un client crucifié sur la porte du Brico et qui n’a même pas payé ses clous ! Mais comme pour enfoncer un peu plus le clou, voilà que la police du théâtre sonne à la porte car ils n’ont plus mis un pied dans un théâtre depuis 11 ans. Leur punition : une longue (très longue) tirade du Cid de Corneille. Désespéré, le couple se lance dans un suite d’expérimentations théâtrales. Et si

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Le petit point négatif de cette pièce exceptionnelle est l'incompréhension des dialogues dans le premier acte sûrement à cause des nombreux bruitages mais aussi d'une mauvaise articulation de la part des comédiens ; un petit hic qui a vite été rectifié dès l'acte suivant et n'enlève rien à l'excellent jeu d'acteur dont ils font preuve.

S’en suit une suite de saynètes sur l’amour ou le couple : une opération chirurgicale d’une escalope, de la danse zen en combinaison rose moulante, du bonheur de la mort et la pudeur de l’amour, de la problématique du nu sur scène ou encore la profession de foi d’un gardien de parking s’enflammant sur son héritage de prétendu «berger». Nos deux compères sont vite complices dans une interprétation d’un calme stupéfiant pour l’un et d’une fougue toute en finesse de l’une. Leur pièce ne nous sauvera pas des conflits mondiaux mais ne peut lui faire plus de torts, si ce n’est divertir et faire rire un maximum de spectateurs.

Loïc Smars


Cendrillon ce macho, c’était gay !

La critique Après une longue recherche pour retrouver l’entrée du feu Théâtre Molière dans la petite Galerie de la Porte de Namur, ça y est, nous y sommes ! Au bout de 5 ans d’on-dits flatteurs et d’amis qui nous serinent : «Quoi ? T’as pas été voir Cendrillon ce macho ?», nous avons passé la porte, avec cette petite peur dans le ventre : être déçu par quelque chose que l’on attend depuis peut-être trop longtemps. On a plus grand chose à faire découvrir avec le blockbuster du TTO. Mais pour ceux qui ne le sauraient pas encore, l’idée est simple : Ministru revisite le conte de fée traditionnel avec une histoire moderne. C’est l’histoire d’un jeune vendeur d’olives maltraité par sa «marâtre» et ses deux jeunes «soeurs», qui sympathisera avec une de ses clientes, assistante au palais royal qui l’invitera à la grande fête en l’honneur du prince. Mais voilà, la marâtre est interprétée par «Maman», haut personnage du milieu festif gay bruxellois, les deux soeurs, sont deux frères, le prince est un gay qui tarde à faire son coming-out, Cendrillon en tombe amoureux et la tante, bonne fée, est droguée, alcoolique et complètement délurée ! Sans oublier qu’il va falloir convaincre le Roi et le Peuple d’accepter cette nouvelle idylle hors normes et pourquoi pas faire passer une loi sur le mariage gay ! Et ce n’est pas encore gagné ... Les contes de fées,

même déjà écrits, ont leur part d’imprévus et de difficultés ... La grande force de «Cendrillon ce macho», c’est bien sûr l’inversion de l’histoire, mais aussi la mise en scène haute en couleur d’Uffner, entremêlée de playbacks hilarants. Le tout magistralement servi par la scénographie de Didier Vervaeren.

« Frédéric Nyssen au jeu humble et simple qui détonne au milieu de toute l’animation autour de lui. »

Cendrillon ce macho Théâtre de la Toison d’Or

De Sébastien Ministru Mise en scène : Nathalie Uffner Avec : Maman, Antoine Guillaume, Laurence Bibot, Marla, Bruno, Frédéric Nyssen, Julie Duroisin et Jean-François Breuer

L’interprétation est décapante, avec surtout un Frédéric Nyssen au jeu humble et simple qui détonne au milieu de toute l’animation qui se passe autour de lui. Les quelques fautes de jeux et autres play-backs parfois moyens sont vite oubliés. On ne se souvient que du grand spectacle auquel on a assisté, surtout avec la participation du public déchaîné et très bien briefé par les ouvreuses, très en forme pour la fin de l’année. Cendrillon ce macho était Le spectacle pour terminer l’année. Pour les déçus qui n’ont pu le voir, nous espérons, avec vous, une sixième saison ...

Ju

u u’a q s

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Loïc Smars

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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Les femmes ont aussi leur mot à dire ! La culture n’est pas qu’une affaire d’homme, c’est une affaire de tous. Le Festival Femmes et Migration a pour but de montrer que qu’elle que soit le genre ou l’origine, l’art fait partie de toutes les cultures. Le principe de l’Espage Magh’ est d’échanger entre les différents populations dans un Bruxelles cosmopolite. Malgré tout, le chemin est encore long car un des constats est que le public des spectacles est souvent proche de l’origine culturelle que défend l’évènement du moment.

Samia Oroseman a eu son succès en France et en Belgique avec un spectacle collectif : «Samia et les 40 comiques». Cette fois, elle revient en Belgique mais toutes seule sur scène dans un spectacle sur la femme et sur la religion.

Ensuite Samia arrive, elle est connue du public qui lui fait un accueil du tonnerre. Son spectacle est un succès, souvent mérité. Une standing ovation conclura un bon moment passé à l’Espace Magh’.

Turban sur la tête, elle va s’amuser avec le public à démonter tous les préjugés que les gens peuvent à voir sur le monde arabe et la femme musulmane.

Loïc Smars

Car Samia est une humoriste féministe qui revendique ses choix, sa liberté, son amour du théâtre et bien sûr de la vie !

Espage Magh’ Samia Orosemane Femme de couleurs

Tout d’abord nous avons droit à une première partie d’une jeune artiste africaine pétillante et motivante, expliquant la difficulté d’une ivoirienne à vivre avec un occidental. Son succès sera total.

Milena Bochet a souvent été en Slovaquie. De ces voyages, elle en a tiré deux documentaires. L’un il y a 10 ans et l’autre visible le mois passé au Festival Femmes et Migration. Après l’humour de Samia Orosemane, nous changeons totalement de culture et d’horizon. Cap sur la Slovaquie et les villages de Roms. « - Comment elle était Vozariana ? - Elle avait des cheveux rouges, une jupe rouge (...)» Par cette phrase, le documentaire part explorer l’influence des traditions et des ancêtres sur une communauté. Et plus précisément la communauté Rom.

font parfois oublier la difficulté de la vie quotidienne et la violence sur les femmes. Mais très vite, le documentaire explore aussi la décision de l’état slovaque de stériliser, parfois sans qu’elles le sachent, les femmes roms. Infâmie toujours présente. Le racisme contre ces roms étant toujours très prégnant. Bien filmé, bien réalisé, le documentaire montre bien la passion de la réalisatrice pour son sujet et l’émotion ressentie pendant le tournage. Un documentaire pourtant essentiel qui malheureusement ne sera que trop peu vu ...

L’ancêtre c’est Vozariana, femme influente de la communauté dont les «pouvoirs magiques» planent encore sur la bourgade d’Hermanovce.

Loïc Smars

Sa descendance tente de perpétuer l’importance des us et coutumes et nous

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Espage Magh’ Cheveux rouges et café noir de Milena Bochet


Les pièces de théâtre qui ont marqué 2012 Good Mourning, un one woman show désopilant, impertinent et touchant !

Une adaptation sans faute du classique de Victor Hugo.

Pièce difficile mais au combien réaliste et utile.

La magie du Magic Land Theatre dans toute sa splendeur !

Succès du Théâtre Océan Nord, cette adaptation du dernier texte (4.48) écrit par Sarah Kane nous en met plein la gueule.

L’influence du théâtre belge ... : absurde, texte absurde, situations absurdes et acteurs absurdes. La pépite des Martyrs 2012.

Mélanger magie, théâtre et chant. Pari impossible ? Non, le théâtre du Parc l’a réalisé !

Spectacle à succès sur trois arabes qui émigrent en Belgique. C’est bien joué, c’est très drôle et en plus utile. Que demandez de

Spectacle coup de poing sur la vie controversée de Jean Genet, auteur à la vie étrange et passionnante.

Cinquième saison pour le blockhbuster du TTO. C’est toujours aussi drôle, non ?

Les festivals théâtres qui ont marqué 2012

Festival de courtescréations au National !

Festival sur l’égalité des sexes au TTO !

2ème éditions du festival du rire de Bruxelles.


Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Littérature La rencontre avec Franck Ruzé

Franck Ruzé a 40 ans. Il est l’auteur d’un premier roman très remarqué (Dilettante 2003), «O%», traduit dans de nombreux pays, suivi par «666» en 2006 et «Les hommes préfèrent les connes» en 2009. Nous le retrouvons cette année pour la sortie de «L’échelle des sens». Comment pourriez-vous vous présenter ? L'idée qu'on a de soi, et donc sa signalétique à un moment donnée, fluctue et ma présentation, aujourd'hui, ne peut pas en rendre compte. Je comprends bien que le jeu, ici, est de donner un instantané et qu'il n'est pas vraiment important de rendre compte. Qu'il est d'usage de brandir un certain nombre de panneaux convenus, comme : j'aime la littérature depuis toujours, etc. Ce qui n'est pas nécessairement faux, mais est-ce sincère? Est-ce que j'atteins un état de sincérité en disant cela ? Je suis aussi difficile avec moi-même qu'avec mes personnages, avec cette obsession: est-ce que je sonne faux ? Et surtout : est-ce que je sonne « vrai » ? Par exemple, je voudrais bien dire que, si j'ai essayé de faire médecine et si je suis actuellement responsable qualité de logiciels de prescription en milieu hospitalier, avec la sécurité des patients comme but, c'est parce que j'aime protéger les autres et il y a un parallèle avec mes livres, qui sont souvent écrits en réaction par rapport à quelqu’un que je n'ai pas réussi à protéger ; je voudrais bien dire ça mais, honnêtement, est-ce que ça « passe » de dire qu'on aime protéger les autres ? Aujourd'hui pour pouvoir se permettre de dire ça, il faudrait rajouter que c'est pathologique. Ou dire qu'on a besoin de ça pour exister et que, dans une certaine mesure, on fait ça pour soi.

Dans mes livres je fais semblant de ne pas aimer mes personnages et les personnages ne s'aiment pas euxmêmes, pour que le lecteur les adopte. Pour que le lecteur fasse le lien et donne au personnage ce que je ne peux pas montrer. Parce que

« Elle faisait de l’escorting pour payer ses études ... » l'amour du lecteur ne se dit pas, il ne peut pas sonner faux. Comment vous est venue l’idée de ce livre ? Ça ne s'est pas passé comme ça. Je ne me suis pas dit « Je vais écrire un livre sur la prostitution étudiante ». En fait, j'étais en train d'écrire un autre livre, sur un vieux banquier qui a à peu près, non d'ailleurs pas à peu près, qui a tout ce qu'il désire, il lui suffit juste de désirer, mais il ne désire plus rien. Donc il s'ennuie. Et en me demandant ce qu'il pourrait bien désirer, je me suis rappelé d'une fille que j'avais connu en médecine. Elle faisait de l'escorting pour payer ses études, la première année de médecine ça ne pardonne pas, il faut être dans les meilleurs, donc il faut du temps, pas question de travailler à côté. Elle m'avait raconté des choses assez choquantes, à l'époque. Je ne lui avais pas posé de questions, je m'étais contenté de l'écouter. J'avais besoin de matière pour ce personnage, alors je l'ai recontactée. Elle avait changé de vie, mais pas depuis longtemps. Et j'ai écrit un chapitre avec ce nouveau

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personnage, le premier chapitre de « L'échelle des sens ». Quand je l'ai relu je me suis dit que je n'avais plus du tout envie d'écrire sur le vieux banquier. Le personnage de Tennessee voulait que j'écrive sur elle, que je raconte ce qu'elle avait vécu et pourquoi. Que je donne corps à cette souffrance, que je la communique. Je n'avais jamais rien pu faire pour aider la vraie jeune fille, je voulais faire quelque chose pour le personnage. Je lui ai dit d'accord, tu vas avoir ton livre à toi. Et elle a dit : je le veux maintenant. La prostitution auprès des jeunes est-elle réelle ? Tout à fait réelle. Elle se pratique plus en Angleterre qu'en France, le coût des études ayant explosé là-bas. Une étude très sérieuse de l'université de Kingston en 2010 révèle que 10 % des étudiants ont pensé travailler comme escort. 1 étudiant sur 10, on a du mal à imaginer ça. En France, d'après le syndicat SUD Etudiant, on en était à 1 sur 50 en 2006, même si aucune étude ne vient étayer ce chiffre. 7 ans après, on ne sait pas où on en est. Une étude sérieuse serait la bienvenue. Il serait temps de se demander combien de Françaises travaillent dans les agences d'escort anglaises et suisses. Il serait temps, surtout, de créer un revenu étudiant qui permettrait, même et surtout si la question du libre choix revient toujours à ce sujet, de ne pas faire ce choix, même pseudolibrement, acculé par les factures.


Cela a-t-il toujours existé ou est-ce une cause de la crise actuelle ? C'est antérieur. Les enfants des classes moyennes ne peuvent prétendre à des bourses et leurs parents ne peuvent pas les aider financièrement. Dans « L'Echelle des sens », Tennessee est titulaire d'une bourse, parce que je voulais montrer que même une bourse ne suffit pas. Mais il y a toutes celles et ceux qui n'ont même pas de bourse. Dans ces conditions, comment envisager des études longues ? On est vraiment dans une situation de transmission des pouvoirs interclasse : la classe aisée a créé le système scolaire tel qu'on le connaît, permettant à ses enfants d'atteindre la même position sociale ; les études ont été pensées par et pour cette classe, uniquement. Comment ces jeunes le vivent-ils ? La personne que je connais coupait nettement son corps de soi, afin que ce qui arrive à son corps puisse être distancié. Quand elle avait mal à la jambe, elle disait « Ah, la jambe a mal ». Pas « ma » jambe, « la » jambe. Ce qui m’a frappé dans votre livre, c’est cette espèce de détachement qu’a votre héroïne par rapport à ce qu’elle fait, une sorte de protection ?

Tennessee a 19 ans, est étudiante et se prostitue. Elle travaille pour une agence d'escorts aux tarifs élevés. Ses tarifs sont assez hauts car elle vend sa virginité. Elle se vend ainsi pour payer ses cours de psychologie. En dehors de la fac, de ses clients et de son psy, elle entretient une relation platonique avec Xavier qui est amoureux d’elle. Tennessee ne croit pas à l’amour ni aux sentiments, juste au prix qu'on peut leur accorder, à la valeur qu'on leur donne dans une société où tout se vend. L’échelle des sens adopte le point de vue sans concession d’une jeune femme à la fois attachante et inquiétante dans sa quête de sens. Par une succession de scènes courtes, parfois opaques, dures, crues, déconcertantes ou lumineuses, au style efficace, au ton oral et tranchant, on ressent

Tout ce qui lui arrive la sonne un peu, l'étourdit. Et elle s'approprie cet étourdissement, pour en faire un détachement. Sa vision mécaniste des choses l’aide beaucoup : le corps n’est pas sacré, c’est une machine. Les sentiments ne sont pas sacrés, ce sont des dispositions génétiques. Et avec ça, elle se tient à distance, sur le bord d’elle-même.

« Dans le livre, Tennessee est titulaire d’une bourse, parce que je voulais montrer que même une bourse ne suffit pas ! » Quelle est la conclusion que vous donneriez au fait que les jeunes doivent se prostituer pour pouvoir faire des études ? S'il y a bien, en France, une frange de la population qui n'a aucun droit, c'est bien les étudiants. Même pour la couverture maladie. Les étudiants ne sont pas censés travailler, ils ETUDIENT, pourquoi leur faire payer des cotisations alors que les demandeurs d'emploi ont la CMU ?

conditions pourquoi auriez-vous des droits ? Et cette problématique se fait de plus en plus douloureuse alors que des études longues sont requises pour des postes auxquels nos parents pouvaient postuler avec un Bac. Regardez le niveau de diplôme demandé pour faire institutrice : maintenant, un Master. Il est temps qu'on fasse attention à ceux qu'on dit être l'avenir de notre société et qui le sont actuellement plus dans les mots que dans les faits. Les faits doivent rejoindre les mots : il faut donner aux étudiants les moyens d'être l'avenir. Quels sont vos projets ? Un nouveau livre est en cours de documentation. Je me familiarise avec les personnages, je les fais vivre, jusqu'au moment où je n'aurais plus besoin de les faire parler : ils parleront d'eux-mêmes. Et à ce moment-là, je prendrai mon stylo.

Propos recueillis par Marc Bailly

C'est un peu comme si on leur disait : oui, mais vous ne contribuez pas à la société, vous ne travaillez pas et vous n'essayez pas de contribuer, vous ne cherchez pas d'emploi, donc dans ces

le désarroi, la solitude, la bravade, l’humour, la peur, l’espérance, la fragilité de ceux qui ont 20 ans en un siècle où l’on prône le contrôle de soi et la liberté de choix et où le marché est roi. Un livre qui fait réfléchir sur notre société, sur la jeunesse… Sur le fait que beaucoup de parents ne savent plus payer d’études à leurs enfants. Alors est-ce un effet de la crise ou cela a-t-il toujours existé ? Comment faire pour vivre cela quand on est jeune et qu’on a encore toute le vie devant soi. Certes le livre de Franck Ruzé n’est pas là pour donner la réponse, mais il est là pour poser la question. Un livre de société qui remet pas mal de choses en place.

Editions Albin Michel

Marc Bailly

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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

50 nuances de Grey De EL James EL James, ancienne productrice de télévision, mariée et mère de deux enfants, vit à Londres. Depuis sa plus tendre enfance, elle rêvait d’écrire des récits dont les lecteurs tomberaient amoureux, mais avait mis ces rêves entre parenthèses pour se consacrer à sa famille et à sa carrière. Elle a enfin trouvé le courage de prendre sa plume pour rédiger son premier roman Fifty Shades of Grey.

La critique Cinquante nuances de Grey dont le titre original est Fifty Shades of Grey est une romance érotique écrite par la Britannique EL James, connue d'abord par auto-publication sur le site Internet de l'auteure puis sur un site Internet. L'éditeur Vintage Books le publie en édition papier dans une version révisée en avril 2012. La même année, Cinquante nuances de Grey remporte même le National Book Award britannique dans la catégorie « fiction populaire ». Se déroulant essentiellement à Seattle, ce livre, qui connait un succès international, est le premier d'une trilogie qui retrace la relation entre une jeune diplômée en lettres, Anastasia Steele, et un homme d'affaire, Christian Grey. Tout commence donc quand Anastasia Steele accepte de remplacer sa colocataire malade, Katherine, afin d'interviewer le milliardaire Christian Grey. Ce dernier l'intimide. Il s'agit en effet d'un jeune PDG séduisant et mystérieux. Bien qu'elle le trouve attirant, elle décide de ne pas aller plus loin, mais à sa grande surprise, Christian Grey vient la voir sur son lieu de travail. Malgré les mises en garde du jeune homme, la jeune et innocente Ana est confrontée à un tout nouvel univers aux côtés du riche entrepreneur. Christian a

malheureusement une face sombre qui prend sa source dans son enfance et son adolescence tourmentée. En effet, Anastasia découvre que Christian est adepte du BDSM ! La jeune femme doit alors décider si elle est prête ou non à faire des compromis pour l'homme qu'elle aime…

« Immortel est une trilogie. Il faut bien garder à l’esprit qu’il y a les tomes suivants ! Que pourrais-je dire de ce livre qui a déjà fait couler tant d’encre ? Les uns le critiquent ouvertement, les autres ont un avis mitigé et, finalement, il y a ces lecteurs qui n’osent pas dire qu’ils l’ont lu et peut-être même apprécié. On ne peut bien sûr pas nier que cette romance contient des scènes explicitement érotiques mettant en scène des éléments de pratiques sexuelles assez particulières. Toutefois, derrière celles-ci, on peut découvrir deux êtres très attachants avec chacun leurs failles et leurs espoirs… les nôtres ? L’écriture est simple et s’attache dans la modernité avec la reproduction de mails. L’histoire

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nous emmène très facilement dans le monde d’Ana et Christian. Il y a de la passion, du suspense, des rebondissements et une certaine addiction… J’ai eu du mal à m’en détacher et l’ai lu en seulement deux jours. D’ailleurs, j’attends avec impatience la sortie du deuxième tome Cinquante nuances plus sombres ce jeudi 3 janvier ! Il faudra attendre début février pour connaitre le dénouement de cette histoire avec le dernier tome Cinquante nuances plus claires. Quoi qu’il en soit n’hésitez plus, faites-vous votre propre opinion et lisez-le ! Dans tous les cas, il ne vous laissera pas insensible...

Evelyne Vandooren

Editions Jean-Claude Lattès


Délivrance De Jussi Adler Olsen A Wick, aux confins de l’Ecosse, une bouteille de verre dépoli est longtemps restée sur le rebord d’une fenêtre du commissariat ; personne ne l’avait remarquée, pas plus que le message qu’elle contenait. Un message qui commence par le mot Hjœlp, « Au secours » en danois, écrit en lettres de sang. Envoyée à Copenhague par la police anglaise, la mystérieuse missive atterrit sur le bureau des affaires classées de l’inspecteur Carl Mørck et de son équipe. Son déchiffrage révèle qu’elle provient de deux garçons qui auraient été kidnappés dans les années 90. Chose étrange : leur disparition n’a jamais été signalée …

La critique Thriller haletant, « Délivrance » lance une fois de plus l’inspecteur Mørck et un de ses acolytes, que rien n’aurait dû réunir, dans une course contre la montre, dans le cercle très fermé des communautés religieuses sectaires. Entre passé et présent, l’inspecteur Carl Mørck, coupable d’être vivant, Rose, à la personnalité ambigüe, et Hafez El Assad, dont la vie relève du jeu de piste, équipe d’enquêteurs plus déjantés les uns que les autres, prisonniers de leurs démons, l’auteur nous conduit dans une enquête impossible à lâcher avant d’en connaître le dénouement, nous laissant malgré tout des moments de répit par l’humour involontaire provoqué par les relations entre les héros et la découverte de leur personnalité. Entre victimes et bourreau, les frontières peuvent être fragiles, tant Jussy Adler Olsen a pu donner vie aux personnages, faire de leurs expériences et vécu une forme de rédemption. Au travers de l’intrigue, l’auteur nous fait prendre conscience de la place de ces mouvements religieux

profondément ancrés dans la vie scandinave ; mouvements sectaires qui murent les communautés dans le silence, quel qu’en soit le prix.

devrait au total compter 11 volumes.

Nathalie Beauport

A lire avec quelques heures devant

« L’auteure maîtrise et met en avant la complexité des échanges relationnels (...) » soi pour plonger au cœur de la tourmente et vivre intensément la vie des personnages. Après « Miséricorde », publié en 2011, et « Profanation », en 2012, « Délivrance » est la troisième enquête du département V. Né le 2 aout 1950 à Copenhague, Jussi Adler-Olsen a étudié la médecine, la sociologie, le cinéma et la politique. Ancien éditeur, il connaît un succès sans précédent avec la série Département V.

Editions Albin Michel

Jussi Adler Olsen Né à Copenhague en 1950 Roman Policier Sorties française :

Miséricorde, 2011 Profanation, 2012 Délivrance, 2013

Primée par le Prix de la Clé de Verre, le Prix des Lauriers d’Or des Libraires et le prix des Lecteurs du meilleur livre danois, la série Département V, dont le 5ème tome paraîtra bientôt au Danemark,

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08 janvier 2013


Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

La mort rôde de Madeleine Chapsal Editions Livre de Poche, 112 p.

Les paresseuses s’invitent chez Starbucks® «50 recettes et les meilleurs cafés pour les déguster + un mug»

La mort est présente dans notre vie de tous les jours mais nous n'y prêtons pas beaucoup d'attention, nous évitons d'y penser car elle est synonyme de douleur, de crainte et de malheur. Pourtant plus nous vieillissons, plus nous nous rendons compte de sa présence, de cette réalité inévitable, de notre destin final. C'est ainsi que Madeleine Chapsal, près de nonante ans, nous décrit avec émotions les disparitions de ces âmes qu'elle a connues de près ou de loin en passant par sa famille, ses amis ou de simples connaissances. En une centaine de

pages, elle nous met face à une réflexion sur ce qui est essentiel. Ce petit récit est court, bref et facile à lire.

Si vous êtes accros aux préparations culinaires du Starbucks®, ce coffret est fait pour vous ! Il contient une série de recettes inédites pour faire sensation auprès de vos amis et surtout pour vous régaler !

Les recettes ont été testées et approuvées surtout celles des cookies au chocolat et du gâteau aux pommes caramélisées à la cannelle. Un vrai délice !

Les recettes reprises dans le livre sont faciles à réaliser et très rapides. En à peine une heure, vous pouvez préparer un dessert onctueux ou un petit encas salé original. En passant par le brownie glacé à la glace vanille et aux framboises au gratin de fruits au mascarpone, ces petites préparations feront sensation !

Sontiu Falguière

« Les Paresseuses s’invitent chez Starbucks® » est un ouvrage qui regorge de bonnes idées ! N’hésitez pas à faire entrer l’univers du Starbucks® dans votre quotidien avec ses desserts succulents ! Plaisir garanti.

Stellina Huvenne

de Rosa Jackson Editions Marabout Pratique, 96 p.

C'est avec plaisir que je retrouve les aventures de Betsy. J'apprécie énormément le ton direct de l'auteur. J'ai à chaque fois l'impression de lire un épisode de « Sex and the City » par le style et par l'amour des chaussures de notre reine. Les personnages secondaires sont très attachants et essentiels à son équilibre.

Vampire et Indésirable Queen Betsy, Tome 8 de Mary-Janice Davidson Editions Milady, 288 p.

La vie de Betsy n'a rien de facile. Pour ceux qui ne la connaissent pas, elle s'est réveillée du jour au lendemain « vampire ». Sa vie de vampire est dirigée par un livre de prédiction indestructible. Ajoutez à cela qu'elle voit les fantômes (dont celui de sa belle-mère), que sa demi-sœur est la fille de Satan et qu'elle n'y connait rien au métier de reine… ah oui, j'oubliais, un mari vampire qu'elle aime mais qui lui porte souvent sur les nerfs. Ce tome fait partie de ce que l'auteur appelle une trilogie. Bien que le ton reste le même, les événements prennent une direction plus sérieuse. Marc et Laura (la

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demi-sœur) prennent une place un peu plus dominante. L'apprentissage de notre Betsy continue et il n'a rien de facile. Les prédictions du livre se réalisent dans un certain sens. Un défaut ? Certains verront aussi cela comme une qualité, notre bonne Betsy rappelle souvent aux lecteurs les évènements qui se sont déroulés auparavant. Je dois dire aussi que personnellement, je survole ces paragraphes. Vivement la suite !

Marylise Dufour


Ce livre-disque de berceuses contient un cd avec des musiques enivrantes et chaleureuses qui plairont à beaucoup d'entre nous, amoureux du jazz ou non.

Les plus belles berceuses de jazz Collectage de Misja Fitzgerald Michel Préface et traduction de Valérie Rouzeau Illustrations de Ilya Freen Editions Didier Jeunesse, 48 p.

Le cd contient quinze berceuses qui ont été sélectionnées par Misja Fitzgerald Michel, un guitariste de jazz de renom. Dans l'album, on retrouve entre autre « Over the Rainbow » de Judy Garland, « My Funny Valentine » de Chet Baker, « God Bless the Child » de Billie Holliday, etc. Les plus grandes voix de l'âge d'or du jazz sont présentes dans cette magnifique compilation aux sonorités chaudes et envoutantes... Des titres moins connus sont également présents pour le grand bonheur des oreilles.

De A.R.R.R. Roberts Editions Milady, 300 p.

Ilya Green a déjà réalisé plusieurs illustrations pour Didier Jeunesse dont « Le Masque », « Bulle et Bob à la plage », « Peter Pan & Wendy », « Strongboy »,... Ce livre-disque est incontestablement un ouvrage à avoir chez soi, à offrir ou à s'offrir...

Stellina Huvenne

Comme vous l’aurez compris, ce livredisque ne se destine pas seulement aux enfants... Il réchauffera également votre maison en créant une ambiance jazzy douce et sensuelle.

Bingo Pacquet est un posstit jouissant d'une vie tout ce qu'il y a de plus confortable (à l'exception de ses pieds atrophiés, arthritiques et éléphantiasiques) et rien ne semble pouvoir troubler la quiétude de ses jours. Son bonheur prend malgré tout fin lorsque le magicien Glandalf (sourd, empoté et toussant à plus finir) et une compagnie de nains (tous assez poltrons) arrivent un beau jour pour l'emmener à l'aventure.

Bingo le Posstit

Le disque est accompagné d'un très beau livre avec les illustrations d'Ilya Green et les traductions des textes musicaux de Valérie Rouzeau. Ilya Green partage son univers au travers de ses dessins apaisants et chaleureux. Chaque musique a une illustration personnelle qui fera rêver les enfants avant d'aller se coucher.

Ils projettent de braquer le trésor (c'est du moins ce qu'ils prétendent) gardé par Snob, un gros dragon très ennuyeux. Bingo, et on le comprend, est des plus réticents à s'engager dans cette folle entreprise, mais une dague naine poliment pointée sur sa gorge le pousse à accepter (à sa grande surprise), et les intrépides compagnons embarquent pour une quête à l'air vraiment épique (du moins jusqu'à ce qu'on lise ce qui est arrivé par la suite à son malheureux cousin). Ah oui : Bingo découvre aussi une espèce d'anneau - mais Dieu seul sait ce que c'est que cette histoire... Et nous voilà avec une parodie basée sur l’œuvre de Tolkien… Cette fois, il s’agit donc de Bilbo le Hobbit, passé à la moulinette par Adam Roberts. Eh oui, l’auteur « légendaire » qui se cache derrière La Der des Etoiles (2005) ou bien encore Va Dinci Coddah (2006)… Oui, le décor est planté, et l’on pourrait pour ainsi dire s’arrêter là. Il s’agit d’une vague variante de l’histoire originelle,

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notes de bas de page à profusion, jeux de mots souvent bien trouvés… Il ne s’agit pas de critiquer ici le fait que Tolkien soit parodié, même si j’estime que c’est une honte. Aucun gag ou jeu de mots ne semble avoir demandé de longues minutes de réflexion, l’histoire se repose paresseusement sur l’intrigue de l’œuvre d’origine (malgré deux ou trois épisodes se voulant originaux), et ne parlons pas des notes de bas de page… Elles sont le plus souvent un véritable calvaire de par leur longueur et les digressions qu’elles occasionnent. Ajoutons à cela un rythme très mal géré, souvent beaucoup trop lent pour accrocher le lecteur au-delà de l’humour proposé. En bref, pour toucher au sommet de la fantasy, ou de l’humour, il faudra repasser, car ce n’est pas cet ouvrage qui aura de quoi satisfaire les amateurs de l’un ou de l’autre. Adam Charles Roberts écrit sous les pseudonymes A.R.R.R. Roberts, A3R Roberts and Don Brine. Il est professeur à l’Université de Londres, critique littéraire et auteur de nouvelles. Il écrit également des parodies très souvent appréciées et saluées par ses confrères.

Evelyne Vandooren

08 janvier 2013


Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

P’tit biscuit ou l’histoire du bonhomme de pain d’épices qui ne voulut pas finir en miettes de Cécile Hudrisier Editions Didier Jeunesse 36 p.

P'tit Biscuit voit le jour dans la cuisine d’une grand-mère qui avait très faim. P'tit Biscuit ne voulant pas se faire manger, il prend la fuite dans la forêt. Marchant au fil des sentiers, il fera la rencontre de plusieurs animaux affamés qui lui demanderont gentiment un petit morceau de biscuit... Jusqu'à sa rencontre avec le loup qui ne lui laissera aucun choix et mangera une bonne partie de son ventre... Dépité et fatigué P'tit Biscuit retournera chez la grandmère à la recherche d’un peu de chaleur.... Seulement, il sera loin de ses attentes et il devra faire un choix fatidique ... L’histoire est sympathique et la fin est inattendue ! Cécile Hudrisier manie à merveille son texte qui entraîne le lecteur dans un autre univers. En plus de

Après avoir lu un premier livre dans la collection de romans de gare « Kiss and Read » des éditions Luc Pire (« Les dessous de Villers », par Véronique Biefnot), j’avais envie d’essayer un livre de la collection jumelle « Kill and Read » toujours chez le même éditeur. Comme j’avais rencontré Évelyne Guzy à deux reprises lors du salon du livre belge, et aussi chez Filigranes, c’était l’occasion pour moi de combler une lacune en lisant un de ses livres. C’est chose faite avec ce « Martyr de l’étoile », dont l’histoire se passe entièrement à Bruxelles. Il faut savoir que les livres de ces deux collections (Kill et Kiss) doivent respecter certains critères. L’histoire doit se situer en Belgique et la taille du texte ne peut pas excéder 144.000 signes. Une taille qui convient justement à un roman de gare. Je me demande même s’il n’y avait pas aussi un critère lié à la proximité d’une gare. À confirmer…

Martyr de l’étoile de Evelyne Guzy Editions Luc Pire 144 p.

Je ne vous cache pas qu’étant Bruxellois, j’ai encore appris des détails historiques sur ma propre ville en lisant ce livre. Évelyne Guzy distille tout au long de son roman, un cours d’histoire sur Bruxelles, sur Éverard t’Serclaes en particulier ou sur la place des Martyrs. Je sais enfin pourquoi je touche le bras de t’Serclaes chaque fois que je vais à la GrandPlace ! Merci Évelyne ! Le livre raconte une enquête policière sur l’assassinat de Marie B., une jeune femme, retrouvée devant la maison de l’Étoile qui est située à la Grand-Place de Bruxelles. Une jeune femme dont on

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créer une atmosphère unique par ses écrits, l’auteure réalise des illustrations de qualité. Elle juxtapose différentes techniques : crayon de couleur, aquarelle, collage pour un effet unique. Elle crée ainsi un univers doux et stylisé, à la fois chaleureux et nostalgique. P'tit Biscuit est un personnage touchant et émouvant. Un livre que je recommande pour sa qualité. Cécile Hudrisier n'en est pas à son premier livre, elle a déjà réalisé « La moufle », « Les musiciens de La Nouvelle Brême », « Sssi jte mords, t'es mort » chez Didier Jeunesse.

Stellina Huvenne

découvrira qu’elle menait une enquête journalistique dans les milieux islamistes radicaux et musulmans. Ce n’est pas à proprement parler ma tasse de thé, mais le style d’Évelyne Guzy a fait que j’ai lu ces 142 pages presque d’une traite. À travers le regard de Laureen G., qui va aider le commissaire Steurs à dénouer cette intrigue, on découvre une enquête qui trouve un lien indirect avec les événements du 11 septembre. C’est expliqué minutieusement. Cela tient de l’enquête journalistique et de la visite guidée de la ville de Bruxelles. On comprend mieux le style quand on découvre qu’Évelyne Guzy a une licence en journalisme et communication, et une agrégation. Elle n’en est pas à son coup d’essai et a déjà publié des livres pour la jeunesse, des livres de littérature, des textes journalistiques ou scientifiques. Son premier roman s’intitule « Dans le sang ». Personnellement, j’ai bien aimé ce court polar, qui respecte la taille du roman de gare. Je voudrais faire une remarque pour Évelyne Guzy. J’aurais aimé avoir une traduction des phrases ou expressions arabes en bas de page. En dehors de cela, voilà un petit roman policier à un prix très démocratique.

Marc Van Buggenhout


Paris la nuit de Jérémy Guez Editions J’ai Lu Policier 144 p.

Bettý de Arnaldur Indridason Editions Points Seuil 205 p.

Paris la nuit. Abraham est un fils de la rue. Avec Goran, son ami d'enfance, il partage défonces, embrouilles et petites combines. Dealer à l'occasion pour assouvir ses propres besoins, il erre dans les rues de la Goutte d'Or à Paris, conscient que sa vie s'enfuit dans une direction toujours plus sombre, sans issue. À l'occasion d'une de leurs nombreuses virées dans un bar de la capitale, ils découvrent une salle de jeu clandestine qu'ils décident de braquer. Mais les truands ne vont pas les laisser s'en sortir indemnes. Vient alors le temps de la fuite de la planque, puis de la traque...

« Paris la nuit » n’est pas un livre tendre. Il nous donne à voir un Paris sauvage, parsemé de personnages durs et violents. Jérémie Guez est un écrivain de talent qui écrit avec les tripes des dialogues et des personnages dignes d’Audiard, c’est dire. Nous sommes loin du Paris pour touristes, ça c’est certain… Roman court, « Paris la nuit » vous précipitera dans un univers où la drogue règne en maitre, où la dépendance fait loi.

Premier roman de l’auteur, qui a également écrit « Balancé dans les cordes » qui fait partie d’un triptyque, « Paris la nuit » possède déjà cette force, cette puissance que l’on retrouvera dans son deuxième livre de manière encore plus foudroyante.

Marc Bailly

« Quand j’ai rencontré Bettý, j’ai su que ma vie allait basculer. Elle était magnétique et fatale. J’aurais tout donné pour elle. J’ai même accepté de travailler pour son mari. Mais maintenant c’est moi qui suis derrière les barreaux. Aux yeux de tous, je suis coupable de meurtre. Parce que, si l’amour se joue à trois, il y en a toujours un de trop. »

Au fil des pages, l'intrigue s'installe pour nous en apprendre toujours un peu plus, sans pour autant trop nous en dire, et cela afin de laisser le temps à notre esprit d'assimiler progressivement chaque détail. Puis 'Boom' c'est le choc, tout s'écroule... au beau milieu du roman, la toile tissée au fil des pages l'univers que l'on imagine autour des personnages et les personnages euxmêmes - ne correspond en rien à ce que l'on a pu imaginer dès le départ. Ce que l'on prenait pour une 'simple' histoire d'amour, un trio amoureux, sensuel, s'avère finalement n'être pas si banal que ça. Un personnage étant à nos yeux une simple victime devient alors un bourreau et le bourreau ne s'avère pas si tyrannique qu'il y paraissait.

Arnaldur Indridason nous offre avec « Bettý », certes un roman court, mais une petite pause plus qu'agréable, dans les aventures d'Erlendur Sveinsson (personnage phare et mystérieux de sa série policière en plusieurs volumes). En effet, « Bettý » n'a rien à voir avec cette 'série', malgré un petit clin d’œil sur deux/trois lignes au milieu du roman. Mais dès le départ, ce dont vous doutiez pourtant se produit, le charme opère et cela en douceur, avec un suspense haletant et un dénouement que vous aurez du mal à réaliser. Ce roman est rédigé à la première personne, pour une histoire racontée en direct de prison. Accusation, culpabilité, innocence, victime, mensonge, alcool, sexe, tromperie, injustice et meurtre, sont les ingrédients de ce cocktail à la Indridason, qui nous prouve qu'il est capable d'écrire autre chose et pourtant de rester un maître dans l'art du roman noir en provenance de Scandinavie.

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Retenez donc bien le nom de cet auteur car il inscrira bientôt son nom dans le monde du polar de manière indélébile…

« Bettý », sous ses airs de femme fatale, énigmatique, belle et ténébreuse, vous emprisonnera dans sa toile si fine et tortueuse que vous ne pourrez en réchapper, étouffé par l'amour et le besoin de sa chair, de ses baisers 'parfumés' à la fumée bleue de ces cigarettes grecques... Prenez garde, tomber sous son charme s'avère dangereux et mortel. La beauté renferme bien des secrets qu'il est risqué de vouloir découvrir...

Emmanuelle Melchior

08 janvier 2013


Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Arts

S.F. [Art, science & fiction] « Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie » Arthur C. Clarke

L’ article Pour son dixième anniversaire, le MAC’s, Musée des arts contemporains, nous offre un voyage dans l’univers de la science-fiction. La manifestation, intitulée S.F. [Art, science & fiction] nous emmène à la découverte d’une exposition collective qui présente de nombreuses disciplines de l’art d’aujourd’hui. D’Orson Wells à Arthur C. Clarke, de Yoko Tsuno aux Marvel, d’E.T. à 2011, a Space odyssey, la science-fiction a inspiré les plus grands en littérature, bande dessinée ou cinéma. Pourtant, la science-fiction a aussi, dès ses débuts, inspiré le monde artistique dans le domaine des BeauxArts. Peinture, sculpture, photographie, actions publiques. Autant de techniques artistiques qui ont puisé dans la culture et l’imaginaire SF pour en exprimer les principaux mythes. L’exposition présente plus de septante œuvres d’art moderne et contemporain, nous faisant redécouvrir les voyages dans le temps et dans l’espace, les mondes post-industriels ou postapocalyptiques, les aliens et autres fantasmes liés aux progrès technologiques. Voyage à travers le temps Le temps qui passe, inéluctable, statistique, scandé au travers l’œuvre « One Million Years – Past » et « One Million Years – Future » de l’artiste japonais On Kawara.

La Jetée, film français de sciencefiction de Chris Marker (1962), considéré comme un chef-d'œuvre est en fait un « photo-roman » commenté par un narrateur unique et accompagné d'une bande-son réalisée par Trevor Duncan. Cela donne à ce récit très singulier un fort contenu poétique et sert à représenter une face de la «réalité». « Ceci est l'histoire d'un homme marqué par un souvenir d'enfance ». Le héros, prisonnier dans un camp souterrain après la troisième guerre mondiale, devient le cobaye de scientifiques qui cherchent à l'envoyer dans le passé pour établir un corridor temporel afin de permettre aux hommes d'autres époques d'« appeler le passé et l'avenir au secours du présent ». Cet essai cinématographique sera à l’origine du film de Terry Gilliam, L’Armée des 12 singes, en 1995. Créée en 1999, la Big Crunch Clock de Gianni Motti est une horloge digitale solaire à vingt chiffres qui effectue le compte à rebours de la période prévue pour l’explosion du soleil, dans cinq milliards d’années. Le décompte du temps, au centième de seconde, bien que long, est inéluctable ; il fait prendre conscience au spectateur des limites de l’univers. Espace intergalactique Through the Black Hole, de la série « Art in Another World », de Jacques Charlier, est une invitation au voyage

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intergalactique, telle une publicité pour une agence de tourisme. L’univers façon Superman, dans lequel Mike Kelley nous fait atterrir sur la planète Krypton, déambulant dans les rues d’une ville miniature faite de résine et de lumière. L’originalité de l’œuvre de Frédéric Platéus vient pour une part de sa fascination pour certains objets et figures liés à la technologie et à la science-fiction. Sa virtuosité à générer des formes font de ses œuvres des sortes d’ovnis à l’image de Proteus IV, le robot du film de Donald Cammell, qui se fabrique un corps géométrique à partir d’un cube ayant la faculté de se mouvoir dans l’espace en se déployant en formes pyramidales. Artiste, ingénieur, physicien, inventeur et visionnaire, Panamarenko a mené une recherche insolite sur des notions telles que l'espace, le mouvement, le vol, l'énergie et la gravitation. Son œuvre, qui associe expérimentation artistique et technologique prend diverses formes : avions, sous-marins, voitures, tapis volants, oiseaux. Des constructions toujours spectaculaires, d'une beauté étrange, à la fois ludiques et imposantes. Anton Corbijn, photographe des stars, présentant le groupe Kraftwerk au travers de clichés noirs et blancs fortement contrastés, rappelle l’épopée de Star Trek, ou la série Thunderbirds.


L’Autre Bruno Gironcoli, artiste orienté « art monumental », nous propose une œuvre spectaculaire, mélange de corps et d’objets, d’humain et d’alien. Chef-d’œuvre du Land art, Spiral Jetty, de Robert Smithson, associe art monumental et cinéma dédiés au culte solaire et à l’infini, suscitant l'expérience d'un décentrement constant.

ce d’inspiration les effets de la bombe atomique et de l’évolution des technologies pour exprimer sa vision de l’évolution humaine, entre nature et technique, entre biologie et cybernétique, entre langage et outils de communication de masse. Avec un humour cynique, il relate la perte de la liberté de l’homme dans sa recherche constante d’évolution et d’immortalité. Univers virtuel

Construction artistique d’autant plus interpellante qu’elle n’est pas sans rappeler les pistes de Nazca, dessinées il y a plusieurs milliers d’années, symboliques du mythe extra-terrestre.

João Maria Gusmão & Pedro Paiva construisent des œuvres lumineuses projetées, dans un univers virtuel, ou l’objet lui-même n’a plus d’existence, mais bien l’image qu’il renvoie.

Qu’imagineront les générations futures devant les traces laissées par l’artiste ?

Se réservant la salle « Grange au foin », l’artiste britannique Anthony McCall a choisi d’installer une œuvre lumineuse de la série «Solid light films». Deux cônes de lumière, formés par le halo des projecteurs vidéo, dessinent sur le sol des figures qui, se déployant en un mouvement perpétuel, construisent dans l’espace une architecture immatérielle.

La nouvelle écologie Considéré comme un pionnier du Land Art, Peter Hutchinson évoque des décors naturels victimes du dérèglement climatique et des effets de l’homme, en associant de manière improbable faune et flore dans des œuvres picturales utilisant le collage, la peinture, le pastel ou l’encre. Que dire alors de Tetsumi Kudo, artiste japonais prenant comme sour-

Futur proche

pation, dans un monde où le livre n’a plus aucun intérêt, si ce n’est la forme qu’il représente. Marie Velardi présente son œuvre Futurs Antérieurs, XXIe siècle, frise chronologique se déroulant sur plus de cinq mètres, présentant un déroulé du 21ème siècle. Séquencée par des événements marquants extraits d’ouvrages et de films d’anticipation, cette chronologie factice réécrit une histoire du siècle en cours et à venir. Le Mac’s, au travers de son exposition S.F. [Art, science & fiction], invite le visiteur à devenir un voyageur de la Machine à remonter le temps, à perdre ses repères, jusqu'à perdre son reflet et son ombre. Informations pratiques MAC's, Site du Grand-Hornu, rue SainteLouise, 82 -7301 Hornu, Belgique Ouvert du mardi au dimanche de 10 à 18 h, gratuit le premier dimanche de chaque mois

Nathalie Beauport

Dora Garcia utilise l’œuvre littéraire Fahrenheit 451 (1957), pour en faire une nouvelle construction d’antici-

Space Oddity : design/fiction La science-fiction a-t-elle encore sens aujourd'hui ? En 1969, le single de David Bowie, Space Oddity, le propulse au sommet des hit-parades. Dans sa musique, ses paroles, mais aussi dans l’atmosphère du premier clip vidéo de 1969, la chanson porte l’empreinte d’une époque abasourdie par les premières expéditions de l’homme dans l’espace, les premiers pas sur la lune, l’évolution des sciences, des techniques et des formes. L’architecture, le design, la mode, l’électro-ménager, les objets de consommation, la littérature et le cinéma s’emparent des formes capsulaires, matières synthétiques et effets spéciaux liés à la recherche aéronautique. L’exposition démarre par un clin d’œil à cette époque révolue à travers le clip du tube de Bowie. Ensuite, le visiteur est propulsé dans une autre époque : la sienne.

ces sujets la source de leur inspiration. Futur improbable, vision onirique et naïve d’un avenir fantaisiste qui fascine l’homme. Le second volet de l’exposition se penche plus précisément sur les nouveaux outils qui projettent vers le futur les relations de l’homme à la technologie. Technologies de pointe utilisées

pour mettre en compétition les modes de production du futur. Pourtant, la réelle valeur ajoutée des recherches présentées dans le cadre de « Space Oddity » réside avant tout dans la dimension poétique que les designers y ont appliquée.

L’univers SF confine relève encore et toujours du fantastique et au merveilleux : l’utopie, l’espace, l’alien, l’anticipation, l’apocalypse, … La première partie de l’exposition consacre les créateurs qui ont fait de

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Du 9 ja nvier 2 013 au février 23 2013 a u Théâ de la T tre oison d ’O r !


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