Tremplin Le Mag N°47 - Mai 2025

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Stage de la Toussaint

Travaillez et consolidez vos connaissances en questions contemporaines, histoire et en anglais grâce au livret, à la masterclass, aux cours, exercices, ateliers d’écriture, etc.

Stage de Noël

Stage de Février

En distanciel, en visioconférence.

En présentiel dans les villes des 7

Sciences Po du réseau ScPo : Aix-en-Provense, Lille, Lyon, Rennes, Saint-Germain-en-Laye, Strasbourg et Toulouse.

* Les stages de la Toussaint et de Noël se déroulent exclusivement en distanciel et sont réservés uniquement aux élèves de Terminale.

** Le stage de février est ouvert aux élèves de Première (en distanciel) ainsi qu'aux élèves de Terminale (en distanciel et en présentiel).

Retrouvez toutes les informations sur le site internet Tremplin IEP

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Editorial

La couverture médiatique de la disparition du pape François et de l’élection de son successeur Léon XIV peut surprendre dans un monde largement éloigné du religieux, même si le christianisme demeure la première religion mondiale en termes de fidèles devant l’islam. L’influence diplomatique du plus petit État du monde peut être mise en avant pour l’expliquer. Mais c’est également peut-être l’immuabilité des rituels qui offre une image à la fois désuète et rassurante dans un monde dans lequel l’histoire semble s’accélérer.

La hausse des tensions en mer de Chine touchée par la menace chinoise d’envahir Taiwan, la suspension du financement de l’USAID, pièce maîtresse du système d’aide humanitaire mondiale, ou encore le retour des tensions au Cachemire entre l’Inde et le Pakistan alimentent la peur à l’échelle mondiale. Deux livres de référence pour la géopolitique permettent d’ailleurs de prolonger la réflexion.

L’actualité nationale de ce mois de mai 2025 est consacrée au rôle de l’État. L’indépendance du pouvoir judiciaire a pu être mise en cause suite à la condamnation de

Marine Le Pen pour détournement de fonds publics, notamment par le premier ministre, dont une partie de l’avenir politique est désormais lié à l’affaire Bétharram. C’est donc un premier ministre affaibli qui est chargé de construire un budget de l’État, dans un climat compliqué par les incertitudes commerciales et par la hausse des besoins dans certaines régions, à l’instar de Mayotte ou dans les services publics, notamment les hôpitaux.

Horizon Sciences Po est, enfin, l’occasion de découvrir deux nouvelles références mentionnées dans la bibliographie du réseau ScPo relative aux solidarités. Welcome, film de Philippe Lioret, permet de réfléchir aux différentes formes de solidarité qui s’expriment face au drame vécu par les exilés bloqués au sud de la Manche. Il permet également de s’interroger sur le respect de la loi ou l’impératif moral de la braver lorsque celle-ci impose un délit de solidarité. Une deuxième référence, L’insécurité sociale. Qu’est-ce qu’être protégé ? de Robert Castel revient sur les différentes formes de protection dont bénéficie l’individu face aux risques sociaux. Cependant, cette solidarité mise en œuvre par l’État et ses différents avatars ne permet pas de supprimer le sentiment d’insécurité sociale.

UNE RÉALISATION LES TREMPLINS

Tremplin Le Mag est une revue d’actualité et de culture générale portant à la fois sur des enjeux militaires et des questions de société. A travers une approche synthétique, elle vise à permettre un suivi de l’actualité internationale et nationale, tout en ouvrant vers des articles parus dans la presse généraliste. Un troisième moment permet d’élargir la réflexion en abordant une actualité moins chaude.

VN PARTICIPATIONS

42 RUE DEYRIES

33800 BORDEAUX

TÉL : 05.33.49.01.80 contact@trempliniep.fr

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION

Thierry CORDE

COMITÉ DE RÉDACTION

Florent VANDEPITTE

AUTEURS

Arnaud LE GARS - M. Vincent BIENSTMAN - Mme Judith LEVERBE

PHOTOS

Vue satellite. (Nasa) - Arc de triomphe. (Unplash) - Vue satellite. (Nasa) - Le pape François à la fin de son audience générale hebdomadaire sur la place Saint-Pierre au Vatican, le 26 octobre 2022. (Vincenzo Pinto/AFP) - Un avion de chasse taïwanais décolle pendant que l’armée chinoise fait des manœuvres militaires au large de l’île, le 2 avril 2025. (I-Hwa Cheng/AFP) - Une manifestation contre la suppression de l’USAID, le 17 avril, à Washington. (AFP) - Le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, et la vice-première ministre ukrainienne, Ioulia Svyrydenko, signent un accord sur les minerais, à Washington, le 30 avril 2025. (AFP) - Dans un centre de distribution d’aide alimentaire, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2025. (Abdel Kareem Hana/AP) - Manifestation anti-indienne devant un bâtiment à Rawalpindi atteint par un tir de drone, à Rawalpindi (Pakistan), le 8 mai 2025. (Aamir Qureshi/AFP) - Le pape nouvellement élu Léon XIV au balcon de la basilique Saint-Pierre, le 8 mai 2025. (Alberto Pizzoli/AFP) - Couverture fin de la politique des grandes puissances, Nicolas Tenzer - Couverture Nouveau dictionnaire amoureux de la géopolitique, Hubert Vedrine - Drapeaux français (Pxhere) - Marine Le Pen se rend au tribunal pour le procès des assistants parlementaires du Front National(Mediapart) Jordan Bardella, le plan B du Rassemblement National pour 2027(le jdd) Un consommateur américain dans un rayon de l'enseigne Home depot (les echos) - Bernard Arnault et Donald Trump inauguraient un nouvel atelier Louis Vuitton au Texas (ancre magazine) - Emmanuel Macron et le Président malgache Andry Rajoelina lors du sommet de la COI (france tv info) - Emmanuel Macron lors de sa visite sur l'île de Mayotte (france 24) - François Bayrou s'adresse à la presse après une réunion avec le collectif des victimes de violence de Notre-Dame-de-Betharram (france 24) - Elisabeth Borne et Alain Esquerre, le porte-parole des victimes de l'affaire Bétharram après une entrevue au ministère de l'Éducation nationale (rtl) - Manifestation des étudiants et médecins à Paris, le 29 avril 2025 (egora) - Un amphithéâtre de médecine à l'université Lyon1(tutorats pass) - Buste (Unplash) - Affiche de Welcome, Philippe Lionel - Couverture de l'insécurité sociale. Qu'est-ce qu'être protégé?, Robert Castel

Tous droits de reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays.

TREMPLIN LE MAG

Revue d’actualité et de culture générale

ACTUALITÉ INTERNATIONALE

ACTUALITÉ NATIONALE

HORIZON SCIENCES PO

- Philippe Lioret, Welcome, 2009

- Robert Castel, L’insécurité sociale. Qu’est-ce qu’être protégé ? Seuil et La République des Idées, 2003

1. Pape François, mort d’un Pape chef d’État

2. Taïwan sous pression militaire croissante de la Chine

3. Fin de l’USAID, un séisme humanitaire mondial

4. Derrière l’accord Kiev–Washington, la mise sous influence des ressources ukrainiennes

5. Gaza : l’aide humanitaire bloquée, des milliers de vie en péril

6. Inde / Pakistan : vers une nouvelle escalade ?

7. Léon XIV, un pontificat sous le signe de la paix

8. Dans nos librairies ce mois-ci

Arnaud LE GARS

ARTE, le dessous des cartes : Le Vatican, quel rôle diplomatique

ÉTATS-UNIS, GUERRE COMMERCIALE :

« LIBERATION

DAY » OU « RUINATION DAY » ?

Le pape François est mort. Avec lui disparaît non seulement le chef spirituel de plus d’un milliard de catholiques, mais aussi le chef d’État de la Cité du Vatican, plus petit État du monde, mais centre d’une influence mondiale. Cette double dimension fait de sa mort un événement d’envergure, tant religieuse que politique. François, né Jorge Mario Bergoglio à Buenos Aires en 1936, aura marqué son époque par un pontificat singulier, celui d’un homme simple et tenace, qui aura tenté de recentrer l’Église sur les marges, sur les pauvres, sur les oubliés du monde. Il fut le premier pape venu d’Amérique latine, le premier jésuite à accéder à la tête de l’Église catholique, et surtout le premier non-européen à monter sur le trône de Saint Pierre depuis plus de treize siècles.

Sa mort ouvre une période d’incertitude et de spéculation sur l’avenir de l’Église. Car François n’était pas seulement un pape atypique ; il a aussi, en dix années de pontificat, modifié en profondeur la géographie du pouvoir au sein du Vatican. En nommant une majorité de cardinaux issus du Sud global – Afrique, Amérique latine, Asie –, il a façonné un collège électoral plus divers, moins eurocentré, qui pèsera de tout son poids dans le choix de son successeur. Son décès marque donc aussi la fin d’une ère de transition, où l’Église catholique, encore imprégnée de traditions européennes, amorce son recentrage vers des territoires en pleine croissance démographique et religieuse.

Le parcours du pape François est à lui seul une rupture

dans l’histoire vaticane. Issu d’une famille modeste d’immigrés italiens, formé à la rigueur intellectuelle et spirituelle de l’ordre des Jésuites, il a été archevêque de Buenos Aires avant de devenir pape en 2013, dans un conclave tendu après la renonciation inédite de Benoît XVI. Dès les premiers instants de son pontificat, il donne le ton : simplicité, proximité, réforme. Il choisit le nom de François en hommage à saint François d’Assise, patron des pauvres et de l’écologie, signe clair de ses priorités. Il refuse les attributs luxueux, opte pour un appartement modeste, parle un langage direct et s’engage publiquement pour les exclus, les migrants, les victimes d’injustice. Ce style pastoral tranche avec les codes institutionnels habituels du Vatican, souvent perçus comme figés et distants. Son pontificat fut aussi celui d’un combat opiniâtre contre les excès de la finance mondiale. Il a plusieurs fois dénoncé « l’idolâtrie de l’argent », fustigeant une économie qui tue et laisse des peuples entiers sur le bord de la route. Dans ses nombreuses interventions, François a imposé un discours social puissant, appelant à replacer la dignité humaine au cœur des politiques économiques. Dans la même veine, il s’est engagé fermement pour la cause environnementale, notamment avec l’encyclique Laudato si’ en 2015, qui reste à ce jour l’un des textes religieux les plus influents sur la crise écologique. Il y affirme que la sauvegarde de la création est inséparable de la justice sociale, dans un plaidoyer radical pour une écologie intégrale.

Mais ce pape progressiste sur certains sujets est resté fidèle à des positions traditionnelles sur d'autres, en particulier

Le pape François à la fin de son audience générale hebdomadaire sur la place Saint-Pierre au Vatican, le 26 octobre 2022

sur l’avortement et le célibat des prêtres. François a maintenu la ligne de l’Église sur l’interdiction de l’IVG, tout en appelant à plus de compassion envers les femmes concernées. De même, il a laissé la porte entrouverte à certaines évolutions sur le rôle des femmes et des laïcs, mais sans bouleversement doctrinal majeur. Ce refus de rompre avec certains dogmes a parfois déçu les milieux réformateurs, notamment en Europe, où une partie du clergé espérait davantage d’ouverture sur les questions de sexualité, de genre et de gouvernance ecclésiale. Le pape François aura donc incarné une réforme sans révolution, un mouvement lent mais réel vers une Église plus incarnée, plus proche du monde, sans renier son identité théologique.

La mort du pape François survient alors que les tensions migratoires et les replis identitaires se durcissent en Europe et aux États-Unis. Jusqu’à ses derniers mois, il aura tenté de maintenir une parole forte sur l’accueil de l’autre. Sa rencontre récente avec le vice-président américain, au cours de laquelle il a plaidé pour une politique migratoire plus humaine, résume l’un des derniers combats de son pontificat. À ses yeux, l’Église ne peut pas être neutre face aux souffrances de ceux qui fuient la guerre, la misère ou le changement climatique. Cette position constante, souvent critiquée par les conservateurs, a renforcé son image de pasteur des périphéries, soucieux de

faire entendre la voix des sans-voix sur la scène internationale.

Le 8 mai 2025, le conclave a élu un nouveau pape : Léon XIV. L’Église catholique entame ainsi une nouvelle étape de son histoire. Rassemblés dans la chapelle Sixtine, les cardinaux électeurs ont suivi les rites immuables du conclave –silence absolu, votes à bulletin secret, fumée blanche – pour désigner celui qui succède à François. Le visage du collège cardinalice, cependant, n’a plus rien à voir avec celui d’il y a quelques décennies. Plus de la moitié des cardinaux votants ont été nommés par François. Beaucoup viennent du Sud global, là où le catholicisme est en pleine vitalité. Cette diversité a sans doute pesé dans l’émergence d’un profil inattendu, à l’image du pape défunt. Léon XIV hérite d’une Église en mouvement, traversée de tensions : entre tradition et réforme, entre repli identitaire et ouverture au monde. Il devra composer avec ces lignes de fracture tout en poursuivant, ou en réinterprétant, l’élan initié par François. La mort de ce dernier tourne une page majeure. Figure humble mais ferme, François a tenté d'incarner un équilibre entre exigence spirituelle et lucidité face aux défis du monde. Son pontificat aura marqué l’histoire. Avec Léon XIV, un nouveau chapitre commence. Dans l’Église, la fin d’un règne n’est jamais un simple adieu. C’est le début d’autre chose.

TAÏWAN SOUS PRESSION MILITAIRE CROISSANTE DE LA CHINE

ALLER PLUS LOIN...

FRANCE 24 : La Chine lance de nouveaux exercices militaires dans le détroit de Taïwan

TV5 MONDE : La Chine lance des manœuvres militaires pour simuler des « frappes » et un « blocus »

Deux jours d’exercices militaires menés par la Chine autour de Taiwan marquent une nouvelle étape dans l’escalade des tensions. Alors que Pékin affirme avoir « atteint tous ses objectifs », Taipei dénonce une tentative de modifier le statu quo par la force. L’île vit sous la menace permanente d’un encerclement militaire chinois, sans précédent depuis des décennies.

Du 31 mars au 1er avril 2025, l’Armée populaire de libération (APL) chinoise a mené des exercices militaires d’ampleur autour de Taiwan. Selon les autorités de Pékin, ces deux jours de manœuvres ont permis de « tester la capacité à prendre le contrôle de la mer, de l’espace aérien et de l’information » autour de l’île. En clair : une simulation d’encerclement total, avec frappes coordonnées entre l’aviation, la marine et les unités de missiles.

Pour la Chine, l’objectif est double. D’abord, adresser un message clair à Taipei : nous pouvons vous isoler et frapper à tout moment. Ensuite, démontrer à la communauté internationale sa capacité à projeter rapidement une puissance militaire crédible autour de l’île. Pékin a évoqué un « entraînement au combat réel ».

Du côté taïwanais, la réponse a été ferme. Le ministère de la Défense a accusé la Chine de vouloir « modifier unilatéralement le statu quo dans le détroit de Taiwan par la force », et a dénoncé une campagne de pression militaire de plus en plus agressive.

L’armée taïwanaise a détecté la présence de dixneuf bâtiments chinois, dont un porte-avions, dans sa zone de manœuvre. Des avions de chasse et des drones ont également été observés franchissant la ligne médiane du détroit de Formose, une frontière informelle longtemps respectée, mais désormais régulièrement violée par l’APL. Pour les forces taïwanaises, ces incursions sont un défi logistique et stratégique. Le surmenage guette les pilotes, peu nombreux, qui doivent intercepter les appareils chinois presque quotidiennement. En usant de la technique dite de "submersion", la Chine semble vouloir épuiser les capacités de défense de l'île, non par une attaque frontale, mais par une pression continue et asymétrique. Cette approche n’est pas nouvelle. Elle remonte à la guerre de Corée, où les forces communistes chinoises avaient déjà utilisé des vagues massives de soldats pour submerger l’adversaire. Aujourd’hui, la tactique s’adapte au contexte technologique : il ne s’agit plus de soldats au sol, mais d’avions de chasse, de drones et de navires de guerre. L’objectif reste le même : désorganiser, démoraliser, user l’ennemi. Pour Taiwan, cette stratégie a des conséquences concrètes. L’armée de l’air est constamment mobilisée, les coûts de maintenance des appareils explosent, et le moral des troupes est mis à l’épreuve.

Le déploiement d’un porte-avions dans la zone n’est pas anodin. Il s’agit d’un signal fort. Le Parti communiste chinois veut démontrer sa capacité à projeter sa puissance navale loin

de ses côtes. En faisant manœuvrer ses bâtiments de guerre dans les eaux proches de Taiwan, Pékin envoie un double message : à l’île, qu’elle est vulnérable ; à la communauté internationale, que la Chine ne reculera pas.

Ce qui distingue les récents exercices d’avril 2025 des précédentes démonstrations, c’est leur niveau de coordination. L’APL a intégré dans ses simulations des frappes simultanées, des blocus navals et des actions de guerre électronique. Selon Pékin, ces opérations étaient une réponse aux « provocations séparatistes » de Taiwan. En réalité, aucune action particulière de Taipei ne justifie une telle montée en puissance.

À Taiwan, la population ne cède pas à la panique. Habitués à vivre sous la menace chinoise, les Taïwanais gardent leur sang-froid. Les autorités organisent régulièrement des exercices de défense civile. Les médias couvrent les développements militaires sans excès, et les écoles, entreprises et institutions continuent de fonctionner normalement. Ce calme apparent ne doit pas masquer une inquiétude profonde : l’idée d’un conflit militaire devient de plus en plus plausible. Mais la résilience de la société taïwanaise reste forte, portée par une démocratie vivace et une identité nationale solidement ancrée. Face à la pression chinoise, Taiwan poursuit sa modernisation militaire. Elle mise notamment sur les armes asymétriques : missiles sol-air, drones, mines marines, guerre électronique.

L’objectif est de rendre toute invasion coûteuse et incertaine pour la Chine. Mais cette stratégie de dissuasion repose aussi sur le soutien des États-Unis. Washington ne reconnaît pas officiellement Taiwan comme un État indépendant, mais s’est engagé, via le Taiwan Relations Act, à aider l’île à se défendre. L’ambiguïté stratégique américaine vise à dissuader Pékin sans provoquer un affrontement immédiat. Cette posture, cependant, montre ses limites face à l’accélération des actes militaires de la Chine.

Le plus grand risque n’est pas forcément une invasion planifiée, mais un incident mal maîtrisé. Une collision entre avions, une interception trop agressive, un tir mal interprété… Dans un climat aussi tendu, une erreur humaine pourrait faire basculer la région dans un conflit ouvert. La Chine affirme vouloir une réunification pacifique, mais refuse de renoncer à l’usage de la force. Taiwan, de son côté, rejette toute idée d’intégration imposée. Les lignes sont claires, mais l’espace de dialogue se rétrécit.

Les récents exercices militaires chinois montrent que Pékin intensifie sa pression sur Taiwan en s’appuyant sur une stratégie de démonstration de force. L’île, bien qu’exclue de la plupart des cadres diplomatiques et sans alliances militaires officielles, continue de renforcer ses capacités de défense et de coopérer discrètement avec plusieurs partenaires, notamment les États-Unis. La situation reste marquée par une ambiguïté stratégique : Pékin refuse d’exclure l’usage de la force, tandis que Washington soutient (jusqu’à quand ?) Taipei sans pour autant reconnaître son indépendance. Cette configuration rend le statu quo instable, en particulier dans un contexte d’incidents militaires récurrents.

À mesure que les opérations militaires autour de l’île gagnent en complexité et en fréquence, le risque d’escalade involontaire augmente. La stabilité régionale dépend de plus en plus de mécanismes de prévention des crises, d’une retenue calculée et de canaux de communication fiables entre les acteurs concernés.

FIN DE L’USAID, UN SÉISME HUMANITAIRE MONDIAL

Lorsque Donald Trump a annoncé la fin de l’USAID le 26 février 2025, il a déclenché bien plus qu’un simple changement de politique étrangère. Derrière l’acronyme discret de cette agence fédérale américaine, se cache en réalité une pièce maîtresse du système d’aide humanitaire mondiale. Sa suppression brutale a provoqué un choc en chaîne dont les conséquences, humaines, économiques, géopolitiques et sociales, se font déjà sentir dans des dizaines de pays.

Créée en 1961 par le président John F. Kennedy, l’United States Agency for International Development (USAID) était la principale agence fédérale américaine en charge de l’aide au développement à l’étranger. Elle finançait des programmes de santé, d’éducation, de lutte contre la pauvreté, de réponse aux catastrophes naturelles, et d’aide alimentaire dans plus de 100 pays. Sa mission : promouvoir la stabilité mondiale en investissant dans le développement humain, économique et social des régions les plus vulnérables. Durant des décennies, l’USAID a représenté jusqu’à  40 % de l’aide humanitaire mondiale. Pour beaucoup d’ONG et d’agences internationales, elle constituait non seulement un bailleur de fonds, mais un véritable partenaire stratégique. Avec un budget

annuel d’environ 35 milliards de dollars (2024), l’agence soutenait des projets vitaux allant de la vaccination infantile à la construction d’écoles ou l’approvisionnement en eau potable.

La suppression de l’USAID a entraîné un arrêt net de près de 6 000 programmes humanitaires à travers le monde. Ces programmes, actifs dans plus de 100 pays, couvraient des domaines aussi cruciaux que la santé, la nutrition, la sécurité alimentaire, l’éducation, ou encore la lutte contre le VIH/SIDA. L’un des exemples les plus frappants est celui du programme PEPFAR (President’s Emergency Plan for AIDS Relief), soutenu depuis 2003 par les États-Unis. L’interruption de ce financement met directement en péril le traitement de 20 millions de personnes vivant avec le VIH, dont 500 000 enfants. Les ruptures de traitement, même brèves, peuvent entraîner des résistances médicamenteuses et des rechutes mortelles.

Autre conséquence : l’arrêt de projets d’accès à l’eau potable dans des zones en proie à la sécheresse ou aux conflits, comme certaines régions du Sahel ou du Moyen-Orient. Cela a exposé des millions de personnes à des risques sanitaires immédiats, notamment le choléra ou la dysenterie.

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