Cinquante ans d'histoire Tambours et Fifres Sierrois 1944 - 1994

Cinquante ans d'histoire

Tambours et Fifres sierrois 1944 - 1994

50 ans des Tambours et Fifres sierrois

TABLE DES MATIÈRES Pages

Préface

Jean-Claude Robyr

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Message du Conseiller d'Etat

Serge Sierro

3

Le Fifre

Dominique Pont

4

Le Tambour d'hier et d'aujourd'hui

Louis Salamin

5

C'était avant 1944

Edouard Sommer

8

En feuilletant les pages de 50 ans d'histoire en 7 périodes

Louis Salamin

14

Cocktail souvenir en images

54

Les membres d'honneur

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Les membres actifs 1994 en photo

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50 ans des Tambours et Fifres sierrois

PRÉFACE Voilà une cinquantaine d'années, un groupe d'amis, pas­ sionnés par le jeu du tambour, mus par le besoin de se retrouver, de jouer ensemble, de partager le verre de l'amitié décident de s'unir et de former une clique.

Au cours des années qui suivirent, des périodes' fastes ont succédé à des temps plus difficiles, mais toujours des membres motivés ont permis la survie de la société.

Aux tambours se sont ajoutés les fifres et les Tambours et Fifres sierrois obtiennent aujourd'hui d'excellents ré­ sultats au niveau suisse.

Ce niveau musical et surtout l'amitié et l'esprit de grou­ pe qui rendent notre société si attrayante, c'est à tous nos membres passés et présents que nous le devons. Les présidents qui se sont succédé à sa tête le savent et se joignent à moi pour témoigner du passé de notre socié­ té.

Mais nos regards doivent se diriger vers l'avenir, vers ces jeunes que nous formons et à qui nous voulons transmettre notre amour de la musique et notre sens de la fête. C'est donc tout particulièrement à eux que je dé­ die cette plaquette et au futur de notre société.

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Jean-Claude Robyr: Président

50 ans des Tambours et Fifres sierrois

MESSAGE DU CONSEILLER D'ÉTAT Un demi-siècle des Tambours et Fifres sierrois, c'est un demi-siècle de rythmes vigoureux et de mélodies sa­ voureuses qui font vibrer nos murs et nos tympans !

On a écrit de fort belles pages sur la musique, expres­ sion de l'être humain, de ses passions et de ses an­ goisses, de ses joies et de ses élans de tendresse. On évoque plus rarement sans doute les ondes mysté­ rieuses qui prolongent et lancent dans l'espace les coups des baguettes de tambour et les chants des fifres, accor­ dant la percussion et la mélodie.

Vous, musiciens, qui êtes plongés dans cet univers so­ nore né de vos muscles et de votre souffle, vous connaissez l'étrange sensation de vous y noyer comme dans un océan de vibrations. Mais vous n'êtes pas les seuls à vous en délecter. Tous les habitants de notre vil­ le, tous nos hôtes venus vous écouter, partagent avec vous cette expérience, vibrant avec vous et grâce à vous, appréciant la vigueur de vos musiques, accordant sans le savoir leur rythme cardiaque et leur rythme res­ piratoire à celui de vos productions.

Comme ancien Président de Sierre, je vous remercie pour ces cinquante ans d'activité dans notre ville; com­ me Conseiller d'Etat chargé de la culture, je vous invite à nous livrer longtemps encore la sève vigoureuse de notre tradition, source de vitalité pour notre avenir!

Serge Sierra: Conseiller d'Etat

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50 ans des Tambours et Fifres sierrois

LE FIFRE «Fifre?» «Pipeau?» «Piccolo?» «Flûte?» Y a-t-il un ter­ me consacré pour désigner l'instrument que nous utili­ sons aux Tambours et Fifres sierrois?

Le Grand Larousse nous dit: «Fifre = petite flûte, tra­ versière à 6 trous au son aigu et au timbre perçant.» Ce mot a été adopté au XVIe siècle.

Donc un fifre - si on parle de l'instrument et non de la personne qui en joue - désigne une petite flûte traver­ sière à six trous. Or l'instrument utilisé à Sierre est muni, en plus des six trous, de six clés: il s'agit en fait de l'ancien piccolo d'orchestre adopté principalement à Bâle au début du siècle. D'où l'appellation «fifre bâlois» ou «piccolo bâlois», pour le différencier du «fifre an­ cien» ou «fifre traditionnel» beaucoup utilisé en Valais.

L'instrument se compose de deux parties: une partie métallique qu'on appelle la «tête», sur laquelle se trou­ vent le bouchon, l'embouchure et la glissière d'accorda­ ge; et le «corps», en bois ou en plastique, où se trouvent les trous et les clés.

Le fifre bâlois est un instrument en do (en ut) dont la tessiture s'étend sur deux octaves et demie, du ré sous la première ligne de la portée au sol sur la quatrième ligne supplémentaire. C'est en outre un instrument transposi­ teur, en ce sens qu'il sonne une octave plus haut que ce qui est écrit ( on le remarque aisément lorsqu'on joue avec un piano). De par la présence des clés, tous les demi-tons sont «jouables>>, ce qui ouvre au fifre bâlois d'innombrables possibilités musicales, limitées seule­ ment par la dextérité et la fantaisie de celui ou celle qui le pratique!

Dominique Pont

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Dominique Pont

50 ans des Tambours et Fifres sierrois du village. Ces groupes locaux n'avaient pratiquement l'époque, s'en souvient encore très bien. Les délégués des différentes régions furent reçus, dans la cour du aucune relation entre eux.

Château, au son des Fifres et Tambours de Villa avec C'est dans ce contexte de fond qu'apparaît une personnali­ leur drapeau. té originale qui a joué un rôle très important dans le main­ tien et le développement de la pratique du fifre et du tam­ A la fin de la réunion, les participants à la fondation de bour en Valais. Il s'agit de Conrad Curiger, architecte de l'ACFTV apposèrent leur signature sur la peau d'un an­ profession, capitaine d'artillerie à l'armée, travaillant pour cien tambour des régiments suisses au service du roi de l'Etat du Valais à la conservation et restauration des monu­ Naples. Ce document ainsi que le drapeau de Villa ont apparemment disparu, ce qui est bien regrettable. ments historiques.

Conrad Curiger habitait le château de Villa. Il semble qu'il ait eu quelques notions mdimentaires de tambour. Il avait surtout la passion des costumes, des drapeaux et des pa­ rades. C'était un grand défenseur de tout ce qui avait trait à la tradition valaisanne.

En 1931, l'ACFTV organisait, à Viège, le premier concours valaisan.

En effet, c'est peu de temps après que Conrad Curiger prit l'initiative de convoquer les plus actifs et influents de ces fifres et tambours pour fonder "l'Association cantonale des fifres et tambours valaisans":L'ACFTV. Cette réunion eut lieu le 8 décembre 1929 au Château de Villa. Roger Sermier, fifre de Villa, tout jeune à

En 1942, Conrad Curiger organisa une réunion de tam­ bours au "Café de la Glacière" à Sion. Il avait invité le Dr Fritz Berger de Bâle, auteur de la méthode de tam­ bour qui porte son nom, pour y donner un cours. C'est certainement à cette occasion que reprit l'activité de l'Association bas-valaisanne des fifres et tambours.

Au palmarès on trouve des noms connus, comme Gédéon Mittaz de Chermignon, Jean Moix de St-Martin, Lucien Debons de Savièse mais aussi les Heynen et Bumann Il aimait spécialement les fifres et tambours. Il avait établi d'Ausserberg et Albrecht d'Eyholz. des contacts partout où des groupes de fifres et de tam­ bours étaient actifs: dans le Haut-Valais où existait déjà Il est intéressant de noter qu'aujourd'hui encore ces une Association mais aussi à St-Luc, St-Martin, Chermignon, lieux restent des pépinières de très bons tambours.

Après le concours de Viège, l'activité de l'ACFTV s'est Lens, Savièse et ailleurs. cependant quelque peu relâchée. Peut-être cette situa­ Il avait formé le groupe des "Fifres et Tambours de Villa". tion était-elle liée aux difficultés auxquelles beaucoup A son instigation, des rassemblements de fifres et tambours de gens étaient confrontés pendant les dures années 30 étaient organisés. A Lens en 1929, à Pont-de-la-Morge en ainsi qu'au début de la deuxième guerre mondiale.

1930 avec la collaboration d'un certain tambour Duc. C'est néanmoins durant cette période que fut fondée en Celui de Lens semble avoir eu une importance particu­ 1933 la société des Fifres et Tambours de St-Luc, pre­ mière société constituée dans la région sierroise. lière pour la suite des événements.

50 ans des Tambours et Fifres sierrois Le comité fut constitué comme suit: - Président: Capitaine Conrad Curiger.de Villa Sierre - Secrétaire: Daniel Vuignier, de St-Martin - Caissier: André Puippe de Sierre - Moniteur cantonal: Lucien Debons de Savièse - Inspecteur des tambours et commissaire du Challenge: Colonel brigadier Schwarz et Dr Fritz Berger de Bâle.

A cette réunion prirent également part: Daniel Quinodoz, représentant St-Martin, André Emery, représentant Lens et Eugène Rey représentant Montana. Plus tard, les trois devinrent membres des Tambours et Fifres sierrois.

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Cette même année 1942, le 4 octobre, fut organisé le LES "TAMBOURS DE VILLA" concours de Sierre, toujours à l'initiative de Conrad Curiger.

Les deux quartiers de "Villa d'en Haut" et "Villa d'en Bas" étaient à l'origine des villages essentiellement an­ Les résultats de ce concours ne mentionnent qu'un niviards. Ils n'étaient pleinement occupés qu'en cer­ "groupe" de tambours concourant sous le nom de taines périodes de l'année, selon le rythme de transhu­ Sierre. C'est-à-dire seulement deux ou trois tambours. mance des gens de la Vallée, mais spécialement au mois Nous ne savons pas qui étaient ces tambours mais on de mars lors des travaux des vignes. peut penser qu'il s'agissait de tambours faisant partie des "Tambours de Villa".

Les "Bourgeoisies" de Grimentz et de St-Jean avaient et ont toujours leurs vignes dans les alentours de Villa.

C'est à cette époque qu'en témoignage de son amitié Elles y ont aussi leurs caves de plaine. pour les tambours valaisans et pour Conrad Curiger en particulier, le Dr Berger composa la marche "Le Pas de Comme les travaux des vignes des Bourgeoisies en Villa" (la relation avec les "Tambours de Villa" est évi­ mars ne se concevaient pas sans l'accompagnement de dente) et la "Retraite aux treize étoiles". fifres et tambours, on peut dire qu'il y en a toujours eu à Villa, du moins quand les Anniviards y étaient.

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Cependant, comme mentionné plus avant, c'est Conrad Curiger qui a formé dans les années 1920 (probable­ ment vers 1926/27) le premier groupe de fifres et tam­ bours connu sous la dénomination de "Fifres et Tambours de Villa".

50 ans des Tambours et Fifres sierrois C'était un groupe bien structuré. Les répétitions d'en­ semble avaient lieu au Château de Villa. Les cours de tambour étaient donnés par le fameux Cyrille Mittaz de Corin.

te parade se répète encore une fois 10 jours après, soit le dimanche de l'Octave de la Fête-Dieu. Conrad Curiger avait à cœur d'y conduire ses Fifres et Tambours de Villa.

C'est ainsi qu'ils participèrent plusieurs fois aux parades de l'Octave de Fête-Dieu notamment à Savièse et à Kippel dans le Lotschental.

Les Fifres et Tambours de Villa ont participé au concours de Viège de 1931 et à un concours à Lausanne dans les années 30.

Cependant, petit à petit, probablement par manque de relève, ce groupe s'amenuisa de plus en plus. Il perdit tout d'abord les fifres et continua tant bien que mal sous la dénomination de "Tambours de Villa" avec des tam­ bours que Conrad Curiger recrutait çà et là pour la Fête­ Dieu à laquelle il tenait tant.

Quelques tambours de l'école de Roland Epiney partici­ paient à ces sorties tels par exemple: Ulysse Perruchoud, Fifres et Tambours de Villa au festival de Lens en 1932 Ulysse Mudry et Richard Amadori. Toutefois, la sortie de Kippel en 1944 fut probablement la dernière que Conrad Souvent, le dimanche, les élèves tambours allaient à la Curiger organisa avec ce groupe. rencontre du vieux Cyrille entre Loc et Corin, à l'en­ droit où il avait une vigne et une petite cabane. Là, ils Les "Tambours de Villa" n'étaient cependant qu'en pouvaient s'en donner à cœur joie sans déranger les voi­ veilleuse. En effet, bien avant la constitution officielle sins! Joseph Rey de Corin, frère d'Eugène longtemps du "Corps de Dieu de Villa" en 1948, la coutume était membre et moniteur des Fifres et Tambours sierrois, fai­ établie qu'après la participation à la procession de la sait partie de ce groupe de Villa.

Fête-Dieu à Sièrre, les soldats de Villa, ainsi que ceux de Muraz et de Borzuat, s'en retournaient dans leurs Les cours de fifre furent d'abord donnés par le "flûti" quartiers respectifs pour continuer la fête en famille. En Balmer de Muraz, puis par Jean-Baptiste Salarnin de Villa. pure tradition anniviarde, les fifres et tambours jouaient et jouent encore un rôle important lors de ces réunions.

Les Tambours de Villa participaient aux diverses fêtes locales et en particulier à la parade de la Fête-Dieu à Tout naturellement donc, les "Fifres et Tambours de Sierre.

Villa" se renouvelèrent dans le cadre du "Corps de Dieu Dans plusieurs villages, la coutume était établie que cet- de Villa" officiellement fondé en 1948.

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50 ans des Tambours et Fifres siellois Dans ce processus, Conrad Curiger continue de jouer un rôle important. Il était en effet membre fondateur du Corps de Dieu de Villa et participa de nombreuses an­ nées à son comité. C'est lui aussi qui créa son drapeau et en devint son parrain lors de sa bénédiction le 5 juin 1960.

ne douzaine de jeunes, en fait tous encore des gamins de 10 à 13 ans, s'étaient inscrits pour apprendre à jouer du tambour chez Roland Epiney. Lui-même était encore très jeune (17 à 18 ans) à l'époque.

Voici la liste de cette première école de tambour à l'ori­ gine de la "Société des Fifres et Tambours sierrois"

Depuis que la société des Tambours de Sierre existe, il y a toujours eu quelques-uns de ses membres qui fai­ Initiateur, moniteur et organisateur saient partie de ces groupes de quartiers anniviards de - Roland Epiney Sierre, dont "Les Fifres et Tambours de Villa", contri­ Premiers élèves buant ainsi au maintien de la tradition.

- Lucien Epiney de Paris (cousin de Roland réfugié à Sierre pendant la guerre) L'ÉCOLE DE TAMBOUR DE ROLAND ÉPINEY - Théophile Zufferey de Muraz C'est vers la fin des années 1930 début 40 que le jeune - Nestor Balmer de Muraz Roland Epiney de Sierre eut envie d'apprendre à jouer - André Zufferey de Muraz du tambour. Il s'adressa au tambour Pierre Caloz de - Pierrot Caloz de Muraz Chippis mais habitant la colline de Daval entre Chippis - Jean Antille de Muraz - Jean Chardon de Venthône et Chalais.

- Jean-Pierre Salamin de Sierre Pierre Caloz tapait le tambour à la fanfare L'Echo de - Ulysse Perruchoud de Sierre Chippis. C'était aussi un bon tambour militaire et, mal­ - Jean Epiney de Sierre gré le répertoire plutôt réduit du tambour de l'époque, - Richard Amadori de Noës Roland avait acquis avec Pierre une bonne base qui lui - Ulysse Mudry de Noës permit de rejoindre La Gérondine de Sierre comme - Ernest Salamin de Noës - Marcel Stoffel de Chippis tambour de marche et d'accompagnement.

Cette "carrière" de tambour, courante et banale, aurait pu s'arrêter là. Cependant, Roland Epiney avait le feu sacré pour le tambour. Il voulait progresser et aimait en­ seigner. Il commença à donner des cours de tambour à Sierre dans les années 1942 / 1943.

Il est intéressant de noter que la plupart des élèves ve­ naient non pas de Sierre même mais plutôt des environs et spécialement des quartiers ou villages anniviards.

Dès le début, Roland a enseigné la notation Berger en même temps qu'il enseignait les principes de base du C'est dans la "buanderie" de la maison paternelle à la tambour. C'était un bon pédagogue. Il avait cette facul­ route de Pradegg (route du Château Mercier) que se té d'être le copain tout en étant très exigeant, tant en ce donnaient les premiers cours. En peu de temps une bon- qui concernait la progression qu'il attendait de chacun

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50 ans des Tambours et Fifres sierrois de nous que de la discipline lors des répétitions ou des fifres de Muraz, entre autres le "flûti" Balmer, pour ren­ forcer l'équipe locale pour la rentrée de la vigne de la sorties. commune. Sur la place du village, le tambour Cyrille Walzer et ses compagnons musiciens s'en donnaient à LEÇONS DE TAMBOUR CHEZ PIERRE CALOZ cœur joie en jouant les airs anciens de leur répertoire.

Les mêmes scènes avec la même ambiance se dérou­ Les cours se donnaient le dimanche après-midi.

Ces répétitions pouvaient prendre une tournure inatten­ laient à Muraz, à Villa, à Borzuat, à Noës lors des tra­ due. A la saison des foins, lorsque le temps menaçait, il vaux des vignes au mois de mars. m'est arrivé de trouver toute la famille au travail. Que faire dans ces conditions sinon prendre une fourche ou Si à Chippis cette coutume s'est perdue, il est réjouis­ un râteau et donner un coup de main pour "tourner", sant de constater qu'elle reste bien ancrée dans les "mettre en tas" ou "rentrer" le foin. Les fla, les triolets, Bourgeoisies d'Anniviers. les ra et les principes de diane pouvaient attendre un peu! Mais Pierre s'arrangeait quand même toujours La plupart des communes de la Vallée ont aujourd'hui pour me donner au moins une leçon abrégée une fois le leur société de fifres et tambours. Les anciennes mélo­ dies, si caractéristiques de notre région, continueront de boulot terminé. se transmettre aux jeunes générations et avec elles, le En ce temps-là, l'apprentissage du tambour comprenait les goût pour le fifre et le tambour. principes de base, les six vieilles marches militaires, la marche de procession, le rassemblement, au drapeau et les deux dianes (suisse et française). C'était en général le ba­ MÉLODIES ANNIVIARDES DANS LA MUSIQUE DE JEAN DAETWYLER gage classique et suffisant du futur tambour de fanfare.

LE GOÛT DU FIFRE ET DU TAMBOUR

D'où nous vient ce goût pour le fifre et le tambour dans la région sierroise?

Il est avant tout propre aux Anniviards qui en ont gardé la tradition.

Jean Daetwyler est arrivé à Sierre vers 1940/41. On peut imaginer son étonnement lorsque, pour la premiè­ re fois, en pleine semaine, il entend dans les vignes, au­ tour de Muraz et de Villa, d'étranges mélodies de fifres et tambours. Ce fut sans doute pour lui une double dé­ couverte. Tout d'abord celle de cette curieuse coutume du travail en commun, au mois de mars, dans les vignes des "Bourgeoisies" et "Confréries" d'Annivers puis, d'entendre des valses ou polkas joyeuses pour encoura­ ger les travailleurs pendant la journée et agrémenter la pause de midi, puis, le soir, des marches alertes et en­ traînantes pour rentrer au village.

Cette musique a toujours été présente en Anniviers, dans les villages et hameaux de Sierre et environs dont la population était à l'origine, en majeure partie, de souche anniviarde.

La Bourgeoisie de Chippis faisait venir un ou deux Il est fort probable que ces airs aient poursuivi le nou-

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50 ans des Tambours et Fifres sierrois veau directeur de La Gérondine plusieurs heures enco- pour tous ceux qui les vécurent - ainsi que pour la re après que les fifres et tambours eussent joué leur der- Chanson du Rhône, le groupe de danse Les Zachéos et nier morceau et les "commounis" fini leur dernier verre bien sûr, La Gérondine. devant leur cave!

Bien que la musique de Jean Daetwyler fut assez avant­ C'est très certainement lors d'une de ces auditions im- gardiste pour l'époque, l'utilisation de ces thèmes de prévues que Jean Daetwyler a réalisé qu'il pourrait fai- fifres et tambours lui donnait une touche d'authenticité re un heureux usage de ces mélodies en les intégrant locale d'un très bel effet. Ses refrains dans lesquels re­ dans ses compositions musicales. Encore fallait-il les venaient des airs connus des gens la région fit qu'elle fut saisir en notation de musique pour pouvoir les re- très vite acceptée et appréciée par toute la population. prendre le moment voulu.

Edouard Sommer Ulysse Mudry de Noës raconte: "C'était vers 1941/42, j'avais onze à douze ans. Un dimanche on a entendu jouer le fifre et le tambour. Avec mon copain Richard Amadori on est allé voir d'où ça venait et ce qui se pas­ sait. On eut vite fait de trouver de quoi il s'agissait. Dans l'atelier de menuiserie attenant à la maison Massy et Epiney, il y avait Jean Daetwyler qui écoutait attentive­ ment et transcrivait en notes musicales les airs tradi­ tionnels d'Anniviers joués par le tambour Cyrille Mittaz de Corin et le fifre Arthur Pont de Glarey/Sierre".

C'est lors d'une de ces séances de prise de notes que Jean Daetwyler proposa aux deux gamins, si curieux et intéressés, de s'inscrire aux cours de tambour de Roland Epiney à Sierre. C'est ainsi qu'Ulysse Mudry et son co­ pain Richard se décidèrent à apprendre à jouer du tam­ bour et firent partie des premiers élèves de l'école de Roland Epiney.

De son côté, à la suite de ces prises de notes, Jean Daetwyler écrivit de nombreuses partitions dans les­ quelles il réussit un heureux mariage entre musique mo­ derne et mélodies anciennes d'Anniviers, entre autres pour la musique originale écrite spécialement pour les Fêtes du Rhône de 1948 à Sierre, - de célèbre mémoire

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50 ans des Tambours et Fifres sierrois

EN FEUILLETANT LES PAGES DE CINQUANTE ANS D'HISTOIRE Cinquante ans, cela se fête, certes. Mais un tel anniver­ saire peut aussi être l'occasion d'une rétrospective ,. non pas par nostalgie du temps passé, mais tout simplement pour savoir, pour se souvenir et pour rendre hommage.

C'est dans cet esprit que nous avons désiré connaître et relater le chemin parcouru par notre société durant ce demi-siècle. La tâche ne fut pas facile, car les écrits et autres procès-verbaux des vingt premières années, en particulier, n'étaient pas d'une très grande clarté ni très précis; de plus, entre 1948 et 1953, nous n'en avons pas même retrouvé un seul. Si bien qu'il a fallu faire appel aux souvenirs des plus anciens membres, à la mémoire encore vive, avec bien sûr le risque de l'oubli et de l'im­ précision.

Il était donc temps de relater dans une brochure l'activi­ té de la société, de ses débuts à nos jours.

PREMIÈRE PÉRIODE 1944-1953

1944 L'événement principal pour les tambours valaisans en 1944 est sans conteste la manifestation du "Champ de Mai" orga­ nisée le premier week-end de juin à Sion. Roland Epiney, tambour passionné et chevronné, a pris l'initiative deux ans auparavant de recruter et de former des jeunes tambours de Sierre et environs. C'est ainsi qu'il réussit à instruire une quin­ zaine de petits tambours qui participent à cette manifestation et reçoivent le prix de "Meilleure école de tambour".

Fort de ce premier succès, il entreprend de constituer une so­ ciété à part entière. C'est le 4 août 1944 qu'est fondée la clique des Tambours sierrois. Le comité de la nouvelle section est composé de: Dr Léon Broccard, premier président Angelin Salamin, vice-président Maurice Bechter, secrétaire André Puippe, caissier Joseph Salamin, membre adjoint Le monitorat est tout naturellement confié à Roland Epiney.

A l'image de toute organisation humaine, la clique des Tambours sierrois - il s'agissait de son nom initial - a connu l'euphorie des débuts, une période de fléchissement puis de reprise, comme également des modifications de structures.

Et, finalement, l'enthousiasme qui anime actuellement son activité est la meilleure preuve de réussite mais avant tout garant d'un avenir prometteur. Cette plaquette est éditée pour rendre hommage aux pionniers, à tous les membres d'hier, ainsi qu'à ceux qui, aujourd'hui, se dévouent et s'ac­ tivent pour assurer la pérennité de la société.

D'une manière générale, nous pouvons diviser ces cin­ quante ans d'histoire en sept périodes distinctes: Groupe de tambours en 1944 avec à gauche Roland Epiney, moniteur

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50 ans des Tambours et Fifres sierrois

1945 La jeune société s'organise et se structure, cherche des fonds et se dote d'un costume style "anniviard" compo­ sé d'un pantalon de drap noir, d'une ceinture d'étoffe rouge, d'une chemise blanche avec pompon jaune et rouge et d'un chapeau noir. Au sujet de son activité technique, la chronique de l'époque est plutôt avare en informations, les références manquent et les propos sont incomplets. On peut toutefois imaginer, sans risque de trop se tromper, que la clique participait aux manifestations locales du genre Fête-Dieu, premier août, etc...

roule à Winterthur. Roland Epiney, déjà reconnu dans le milieu des tambours valaisans, est sélectionné pour fai­ re partie du groupe de l'Association cantonale qui parti­ cipe pour la première fois à une compétition de haut ni­ veau.

Le premier tambour bâlois est acheté par la société.

Eugène Rey, de Montana, qui a accompli son école de recrues avec Roland, devient membre actif de la clique.

La section demande son admission à l'Union Romande des Tambours, Fifres et Clairons.

Dr Broccard, premier président

1946 La première assemblée générale n'a lieu que le 18 mai.

Lors de cette assemblée, il est décidé de confectionner un fanion, lequel, soit dit en passant, a disparu de la cir­ culation. Il est en outre décidé de participer aux Fêtes du Rhône organisées à Lausanne.

Cette année-là, le concours fédéral des tambours se dé-

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Groupe des Tambours valaisans (sélection pour le concours fédéral de Winterthur en 1946) _de gauche à droite: Dan•iel Quinodoz, Roland Epiney, Eugène Rey, porte-dra­ peau, Conrad Curiger, André Emery, Lucien Debons et Gilbert Emery.