Le Nœud Pap' #2

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Confession of the Child of the Century Par Lise Beuve

Genre : Fiction Réalisateur : Sylvie Verheyde Date : 29 août 2012 Production : Ad Vitam / Les films du Veyrier Acteurs : Charlotte Gainsbourg, Peter Doherty, Lily Cole

P

aris, 1830. Le jeune dandy Octave perd espoir en l’amour et sombre dans la débauche après avoir été trahi par sa maîtresse. De retour à la campagne pour inhumer son père défunt, il rencontre Brigitte, une douce veuve de dix ans son aînée avec qui il retrouvera la passion. Sur le papier, cette adaptation de l’oeuvre d’Alfred de Musset avait tout pour plaire. Sylvie Verheyde met au service d’un grand texte un casting étonnement plaisant. En effet, on imagine aisément que le rôle du dandy Octave est un costume à la taille de Peter Doherty et qu’il n’y a probablement pas mieux que Charlotte Gainsbourg pour lui donner la réplique! La perspective de voir à quoi ressemblerait une partie de jambes en l’air entre l’enfant terrible du RoyaumeUni et la fille de Jane et Serge était on ne peut plus alléchante, il faut l’avouer. On avait hâte qu’il sorte. Petite déception à l’arrivée.

« IL MANQUE

La vérité? On s’ennuie. Le film bien trop linéaire s’éternise. On est tenté plusieurs fois de regarder à droite à gauche, ou tiens, pourquoi ne pas essayer de déchiffrer le sms que notre voisin est en train d’envoyer « On mange quoi ce soir? ».

Ambitieuse, Sylvie Verheyde tente de réaliser un film historico-pop qui lorgne du côté de Sophia Coppola, mais opte pour une mise en scène des plus classiques. Pourquoi?! Si son dessein était de rester fidèle à l’oeuvre d’Alfred, c’est aussi manqué. Trop occupée à soigner l’image, les décors et les costumes (sublimes, on le concède), la réalisatrice ne se rend pas compte que ces

acteurs peinent à donner du relief à leur double. Peter Doherty, lorsqu’il ne sombre pas dans les clichés de son personnage, semble vide et tout penaud. Octave est très vite rattrapé par la personnalité du chanteur, si bien qu’on a plutôt l’impression de voir un film sur un Pete Doherty du 19e siècle. Quant à Charlotte, qui porte sur ses épaules tout le film, elle peine à se livrer. Tous deux ne parviennent pas à faire rayonner leurs personnages. Le couple ne fonctionne pas aussi bien qu’on l’espérait, il leur manque la passion dévorante et le feu brûlant qu’on a adoré mille fois dans les Liaisons dangereuses de Frears. Il manque une âme à ce film trop terne. Il faut bien reconnaître une qualité à ce film: la première partie est réussie. La réalisatrice capte assez bien « ce mal du siècle », cette mélancolie, cette désillusion qui touche la jeunesse de l’époque. L’ambiance nous transporte. Les cadres lA PASSION sont beaux, très chauds, ça fourmille, ça chante, ça bécote, ça fornique, quelques inserts sur des détails bohèmes et une caméra à l’épaule chancelante que l’ivresse justifie. L’odeur des parfums, des bougies et de la débauche crève presque l’écran. Cette séquence avec sa clique de dandy-zombies se pose en miroir de notre propre époque où les banquiers règnent en maîtres et où l’horizon se dessine faiblement pour une jeunesse débauchée qui n’a pas de projet, qui ne croit plus en rien et qui a peur de souffrir.

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