Le Bonbon Nuit 46

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Octobre 2014 - n째 46 - lebonbon.fr



édito Octobre 2014

© Jacob Khrist

Putain, je perds la mémoire, je n’arrive plus à retenir le nom des gens. Ce genre de truc, c’est « piste noire » quand tu t’incrustes dans une soirée où ça-claque-d’la-bise. Les types et les nanas débarquent vers toi, leur mufle te rappelle quelque chose, toi tu fouilles les tréfonds de ton âme pour leur coller un nom, et puis merde, rien ne vient. Vu que t’as l’air d’une chèvre, t’essayes de feinter. Dans ce genre de situation, j’vais te donner ma botte secrète : c’est la technique dite des « 30 millions d’amis ». C’est simple, dès que tu sèches devant quelqu’un, appelle-le « mon chat », « mon lapin », « mon poulet » ou « mon loup ». Tu verras, ça passe comme papa dans maman et en plus, ça instaure direct un climat de franche camaraderie, genre on a gardé les cochons ensemble. Tu remarqueras vite fait que cette technique est pas mal utilisée et qu’il y a d’autres Alain BougrainDubourg dans la salle. Du coup, ta soirée hype commence à se transformer en ferme animalière, et pour peu que tout le monde soit sous croquette, ça devient carrément la mare aux canards. Mais revenons à nos moutons : les trous de mémoire, c’est le véritable fléau des oiseaux de nuit, rares sont ceux qui ont en gardé une d’éléphant. Regarde moi. Autrefois malin comme un macaque, me voilà désormais un poisson rouge. Faut croire que mes abus nocturnes m’ont sévèrement secoué le bocal. J’espère juste ne pas avoir oublié de te dire que le Bonbon Nuit vient de monter son site internet. Y’a de la culture, de la divagation, j’espère t’y voir faire un tour, mon lapin. MPK Rédacteur en chef

Rédacteur en chef — Michaël Pécot-Kleiner michael@lebonbon.fr | Directeur artistique — Tom Gordonovitch tom@lebonbon.fr Directeur de la publication — Jacques de la Chaise | Photo couverture — Koudlam par Nicola Delorme Secrétaire

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Nuit


tous les chemins mènent à la nuit…

le Bonbon.fr


sommaire Le Bonbon Nuit

à la une

Koudlam

p. 7

cinéma

Gaspard Ulliel

p. 11

cinéma

Y’a quoi au ciné ?

p. 15

Bettie Page

p. 17

Le Maire de la nuit

p. 21

Do you speak Debord ?

p. 27

Les boules de Geisha

p. 31

Mugwump

p. 33

La Rage

p. 37

cocktail

Tequila straight

p. 41

fashion

House of Moda

p. 43

Tartarafter

p. 45

playlist

Arthur-S

p. 47

agenda

Octobre

p. 48

érotisme nightivisme littérature banc d’essai musique gonzo

munchies

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Le Bon

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Le choix de l’ouverture Grolsch vu par Le Bonbon

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agenda Les événements à ne pas manquer

Gadjo. Un prince chez les Gitans. Quand un jeune aristo kiffe les tanj’ et qu’il décide de squatter avec eux afin de mieux comprendre et défendre leur culture, ça donne Gadjo, un documentaire bien gaulé réalisé par la talentueuse Flora Desprats. Avec Krikor à la bande son. Cœur avec les phalanges. À voir sur Arte, le 24 octobre à 23h15.

L’Impératrice et Flavien Berger au Point FMR L’Impératrice sonne bien, elle est disco et elle fêtera la release de son EP Sonate Ocean en compagnie de Flavien Berger, la petite sensation du moment. Les deux devraient nous faire de beaux enfants. Allez làààà. Samedi 18 octobre au Point Éphémère.

DBFC On guettera d’un œil vif la sortie du premier EP de DBFC, nouveau projet de David Shaw, Dombrance, Guillaume Rossel et Antoine Reininger. On a eu la chance de l’écouter avant tout le monde parce que leur attaché de presse est vraiment sympa et on l’a trouvé excellent. Oui, oui. En plus Gad est un ami d’enfance du DA ;) Sortie le 20 octobre.

Expo Hokusaï. Bon, d’après des infos de sources sûres, cet expo est l’une des plus grosses rétrospectives sur l’oeuvre d’Hokusaï, génie japonais intersidérale de la peinDR/ DR/ DR/ DR

ture. Les toiles rentreront ensuite dans leur pays d’origine et n’en sortiront plus jamais. Plus jamais. Au Grand Palais.

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à la une T/ MPK P/ Didier Renard

Koudlam “Je suis survivaliste, dès que j’ai des ronds, je me construis un bunker.” On n’est pas peu fiers d’avoir mis Koudlam ce moisci en couv’. D’abord, parce que la légende rapporte qu’il est ultra allergique aux photos. Ensuite, parce qu’il est à nos yeux l’un des artistes les plus stimulants du moment. Et enfin, surtout parce que son nouvel album, Benidorm Dream, est une petite merveille de trouvailles stylistiques. Détournant clairement un bon paquet de codes musicaux ico-

teaseuses sur les podiums, des nains, des sosies de Michael Jackson. Et tu vois les familles qui endorment leurs enfants dans les landaus… C’est étrange, c’est bon enfant. C’est vrai, je n’ai pas de jugement par rapport à tout ça, je conserve juste l’hallu du truc et j’essaie de faire en sorte que ça fasse réagir mes neurones pour faire de la bonne musique.

noclastes comme le r’n’b auto-tuné, les envolées jumpstyle et gabber made in Benelux, les flûtes de

Le beau et le grotesque, c’est ce qui assure la cohé-

pan synthétiques ou les slaps de basse bien kitchos,

rence de l’album ?

Koudlam subvertit plus qu’il ironise. Entre le beau et le grotesque, l’humour et la naïveté, Benidorm Dreams est, espérons-le, un disque qui ne sera pas trop en avance sur son temps. Benidorm Dream a donc été entièrement composé à Benidorm, célèbre station balnéaire espagnole de la Costa Blanca. Pour un intello hypeux de bon goût, cet endroit ressemble clairement à l’enfer avec sa débauche low-cost et son tourisme de masse. Pourtant, on ne sent aucune moquerie chez toi…

Oui, y’a pas de moquerie. En fait, moi, tel que je vois le truc, c’est comme une espèce d’hallucination, un truc hyper réel, assez décadent, c’est vrai que c’est l’hédonisme du beauf mais du coup ça me fait penser à une cour des miracles. Partout dans la rue, les bars sont ouverts avec des strip7—

Ouais, c’est ça, c’est mortel que tu dises ça. C’est ce mélange-là que j’espérais atteindre. Finalement, si tu l’as entendu, tu es en train de me dire que ça a fonctionné. C’est hyper borderline, tout l’enjeu est de ne pas tomber d’un côté ou de l’autre. Par exemple, sur YouTube, tout le monde mate en permanence du grotesque, il y a une fascination morbide, une culture populaire toujours à la limite du décent qui est vulgaire, et j’aime bien aller chercher dans les marges pour transformer le truc, le filtrer, pour que ça devienne ma came. Ma démarche, c’est de transformer la merde en or. Y’a des trucs qui paraissent tout pourris pour les gens, des gros trucs de dance ou de jumpstyle, et tu vois qu’à l’intérieur, y’a des super thèmes dans les mélodies, des trucs hyper naïfs. Tu vois, ça, moi je le pille et j’essaye d’en faire un truc cool. Nuit


Koudlam

“j’aime bien aller chercher dans les marges pour transformer le truc, le filtrer, pour que ça devienne ma came.”

J’ai l’impression que tu es constamment à la recherche d’une espèce d’innocence, d’un premier degré ultime, d’un bonheur imbécile, d’un primitivisme originel ?

La question, je ne me la pose pas comme ça quand je bosse. Après, il y a un mystère, même pour moi, dans l’essence de ma musique. C’est toujours compliqué de se transformer en musicologue de sa propre production. À la première écoute, j’ai été touché par la beauté de certains morceaux (Stoned, Benidorm Dream, Driving My Own Condor At Night Over The Whole Crap, Transperu…) mais il m’est arrivé aussi de rire plusieurs fois (Tycoon Of Love, The Magnificient Bukkake, The Chinese Gig). Ce rire, tu le prends comment ?

Je le prends super bien. Par contre Tycoon Of Love, je l’ai fait super sérieusement ! Chinese Gig, ok, mais Tycoon Of Love, je voulais vraiment en faire une chanson au premier degré. Je l’ai composé à une période où j’écoutais du r’n’b, et j’aime bien écouter des trucs vraiment impossibles. J’ai découvert des trucs dans le r’n’b qui étaient mortels, c’était bien à la mode d’ailleurs dernièrement, et pour moi c’était un challenge de faire un truc à ma sauce mais format r’n’b dans les règles de l’art, avec les voix auto-tunées. Je voulais en faire un truc premier degré triste, gangsta… J’adore ce morceau. Plein de potes ont cru comme toi que je déconnais, on m’a même tanné pour enlever l’auto-tune. C’était hors de question.

Avec The Landsc Apes, ton EP qui est sorti juste avant l’album, on aurait pu penser qu’avec le morceau Negative Creep, Benidorm Dream aurait une nette influence gabber. Ce qui n’est pas vraiment le cas…

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Koudlam

Oui. Le gabber, je respecte à fond, mais à la limite, je me suis plus inspiré pour l’album du jumpstyle ou de courants pourris comme ça. Ce truc du gabber, ça vient surtout de la promo autour de mon premier EP. J’ai pas de problème avec ça, j’ai passé vachement de temps en Hollande pour le clip de Negative Creep, j’y ai rencontré plein de gens et fait plein de teufs gabber, mais ça définit pas du tout l’album, ce n’est pas du tout primordial. Moi, j’ai pas mal été dans le hardcore quand j’étais plus ado, et quand j’ai commencé à faire de la techno, les premiers trucs que je faisais avec des machines, c’était du hardcore. Un morceau comme Negative Creep, je n’aurais jamais fait ça à l’époque. Dans Negative Creep, l’idée c’est que c’était un truc qui était sur une cassette des Spi, il y avait un kick, les crashs qui restaient tout le temps les mêmes, et y’avait une réverb’ qui ne faisait que monter sur les crashs. Et puis t’as cette voix que je mets en boucle, et c’est une communion de tout ça. Le gabber là-dedans, on s’est surtout marré à les filmer pour le clip. Ça fait une cohésion de sources qui viennent d’univers différents. Tu parlais tout à l’heure de certains mystères de ta musique. Il y en a quelques-uns sur ton album que j’aimerais élucider avec toi. Le moment le plus dramatique de Benidorm Dream est pour moi la fin de The Chinese Gig, avec son engueulade et ses bruits de pets. Tu as déjà eu des soucis avec des Chinois, il y a une anecdote derrière tout ça ?

Le pet, c’est parce qu’il y a eu plein de sessions. J’étais fatigué et j’ai fait ça. Tout le monde voulait que je l’enlève, mais hors de question. Justement, l’album est tellement sérieux par moments, que juste ça ça me faisait marrer, et que je trouvais ça cool de le mettre là. J’ai mis plus d’ambition dans mon LP, du coup le pet, c’est un truc parmi d’autres pour faire dégonfler un peu ça. Sinon, Chinese Gig, je pense que quand je la jouerai sur scène, je boufferai des nouilles en même temps. 9—

Et pour The Magnificient Bukkake (1756-1785), il y a 2 dates à côté.C’est le nombre d’années qu’il a duré ?

(rires) Je sais plus, on m’a raconté l’histoire d’un vieux samouraï qui était bien pervers à ses heures perdues, et il aurait fait un truc dans un dojo, mais je t’avoue que je ne sais plus trop à quoi correspond cette histoire… Mais en fait, c’est pas du tout « bukkake » au sens auquel on l’entend aujourd’hui. À la base, un bukkake, ça vient d’une coutume culinaire japonaise, je crois que c’était un repas de samouraï. Bon, celui-là a duré quasi 30 ans, et à la fin, c’était parfaitement immonde. (rires) Ton deuxième album sort à une période où l’humanité n’a jamais été aussi proche de la fin. On connaît ton tropisme pour tout ce qui est apocalyptique. De quel œil vois-tu la menace ultime de la fièvre Ebola ?

J’ai pas envie de passer pour Paco Rabanne, mais quand ça va arriver en Europe, ça va être le carnage total. Au Sénégal, y’a déjà des cas, bref. J’adore, mais j’adore pas, ça me fait flipper. Peutêtre que cette menace va nous rendre un peu plus humains, mais même pas, y’aura des hordes de malfaisants qui frapperont à ta porte pour te prendre ta bouffe. Je suis survivaliste, dès que j’ai des ronds, je me construis un bunker. J’prendrai 2 CD : un truc new age de relaxation et un best of d’Eric Clapton. Ou sinon, il faut qu’on fuit, quoi. Fuir à Myconos à boire des mojitos, habillé en blanc. À quoi ça ressemblerait une chanson sur Ebola ?

YAYAYA YAYAYA OHOHOH OHOHOH

Benidorm Dreams/Pan European Recording disponible le 13 octobre Release party le 31 aux Folies Pigalle.

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cinéma T/ MPK P/ YSL

Gaspard Ulliel “c’est un vrai film sur l’artiste, sur le processus créatif.” Entre le Yves Saint-Laurent de Jalil Lespert et celui de Bertrand Bonello, notre préférence va nettement vers le second. Moins lisse, plus nocturne, plus psyché, plus épuré, plus érotique, plus inventif, le film s’échappe du cadre restrictif de l’exercice biographique pour traiter d’un thème universel : celui du rapport entre l’artiste et la réalité. Prêtant sa chair consciente et inconsciente au personnage principal, Gaspard Ulliel réussit à transmettre sobrement toute une gamme d’émotions complexes et nuancées. Dans le lobby feutré d’un palace du 16e, nous avons voulu en savoir en peu plus sur le ressenti de son interprétation.

dicap dans ma préparation, en me disant que ça me semblait important de rencontrer des intimes de Saint-Laurent, des gens du premier cercle. Cette idée, je l’ai abandonnée très rapidement. En y repensant bien, je me dis que c’est peutêtre la meilleure chose qui me soit arrivée parce que ça m’a évité d’accorder trop d’importance à des témoignages très subjectifs. En fait, ça aurait amené du chaos dans la construction de mon personnage. Ces contraintes m’ont donc permis d’aller plus loin dans cette recherche de liberté, de repousser les limites. À partir de cet espace libre, on a donc pu fantasmer et ré-inventer des choses. C’est vraiment là que c’est devenu intéressant.

Gaspard, en quoi y aura-t-il un avant et un après Yves Saint-Laurent ?

En quoi ce film n’est pas à proprement parler un bio-

Je dirais que ce qui a vraiment changé, c’est ma manière de considérer un projet. Après une expérience comme celle-ci, j’ai vraiment envie de mettre l’accent sur les personnages. Pendant pas mal de temps, ma priorité était plutôt de travailler avec tel ou tel cinéaste ou de m’inscrire dans une histoire. Là, j’ai vraiment la volonté d’incarner de grands personnages.

pic ?

Ce film n’a pas été approuvé par Pierre Bergé, d’où

Oui, c’est même tout sauf un biopic. Ça contourne l’idée du biopic dans le sens où ça va bien au-delà, c’est un vrai film sur l’artiste, sur le processus créatif. C’est aussi un film sur une époque… C’est un cinéma qui devient quasi mental au fur et à mesure que le film avance. Quand j’ai découvert le script, je me suis dit que si le film prenait pour personnage central un inconnu, ce serait tout aussi intéressant.

un certain lot de difficultés. Comment avez-vous tourné ces obstacles en positif ?

Techniquement parlant, comment as-tu réussi à

Je sais qu’au début, j’ai vécu ça comme un han-

incarner un personnage sans le singer ou l’imiter ?

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Gaspard Ulliel

“Cette scène de baiser, j’en suis assez fier parce qu’à la base, elle n’était pas écrite. C’est l’une des rares scènes où l’on a vraiment improvisé.”

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Il y a eu une volonté de rester dans une certaine forme d’évocation parce que je savais qu’il y avait des attentes par rapport à une éventuelle ressemblance. Il y a donc eu d’abord ce travail corporel, avec mon amaigrissement d’une douzaine de kilos, qui me semblait nécessaire pour arriver dans un corps qui n’était plus vraiment le mien. Du coup, ça a changé ma façon de bouger dans l’espace, et permis de retrouver cette sorte de grâce omniprésente qu’il y avait chez Saint-Laurent. Et puis mentalement, il y a eu un vrai travail d’introspection, ça a été ça l’essentiel : me mettre à la place d’Yves Saint-Laurent, pour ensuite le rendre vrai à travers mes propres émotions. Le jour où j’ai compris ça, ça a été un déclic, j’ai eu l’impression de trouver la clef de chaque scène. L’idée, c’était de revivre sa vie à travers ma propre vie. Ce personnage, c’est autant moi qu’Yves Saint-Laurent. Il y a beaucoup de scènes de nuit dans le film qui contrastent avec la rigueur clinique de l’atelier de couture. Pour toi, en quoi la nuit a été un élément déterminant dans la vie d’YSL ?

Par rapport à ce scénario, c’est vrai que très rapidement, il y a au cette idée d’identifier ces scènes de nuit comme des scènes d’école buissonnière, une sorte d’exutoire où d’un coup il irait noyer son angoisse. Et c’était en même temps des scènes de lumière malgré cette obscurité enveloppante, il y avait une lumière dans le sens où dans ces scènes, le personnage était le plus en vie. Les scènes d’atelier sont des scènes quasi carcérales où il est infantilisé, surveillé, asservi. Alors que la nuit, il choisit ses asservissements par rapport aux paradis artificiels ou ses amants. Mieux, il pose les conditions de sa liberté à travers ses asservissements. Oui, la nuit est un vrai terrain de jeu, de liberté, de fantasme. C’est quelque chose qui me parlait, parce que j’ai toujours aimé la nuit, je trouve qu’il y a quelque chose de différent, quelque chose qui se délie, qui se dilate. La nuit est rassurante.

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Gaspard Ulliel

Quel a été ton travail de documentation sur les fêtes et les soirées de l’époque ?

C’est surtout le livre d’Alicia Drake, Beautiful People, qui m’a servi pour essayer de comprendre la nuit à cette époque. Cette décennie était quand même assez singulière avec cette France qui change, des mœurs qui évoluent, et c’est vrai que la nuit, surtout dans un microcosme comme celui de la mode, était extrêmement à part. Ce livre l’explique très très bien. Il y avait aussi toute cette sexualité qui n’est pas la mienne, qu’il a aussi fallu cerner. L’homosexualité, dans ce contexte-là, à cette époque précise, n’était pas la même. Il n’y avait pas cette volonté de normalisation, mais plutôt un besoin d’affirmer sa différence. Pour l’anecdote, Jacques de Basher (le personnage joué par Louis Garel) fait allusion à un moment à Scorpio Rising, un film de Kenneth Anger. L’as-tu déjà visionné ?

Non. J’ai vu Cruising (sourire) avec Al Pacino. Sinon, oui, dans le rapport de de Basher et SaintLaurent, il y a un côté très ritualisé. Ce n’est pas tant le rapport sexuel qui a son importance mais tout ce qu’il y a autour. Du coup, c’est vrai que c’est très séduisant cinématographiquement parlant.

Pour revenir sur cette relation amoureuse avec Jacques de Basher, il y a un certains nombre de scènes d’un érotisme torride (dont celle d’un baiser

la vie, et sur un plateau, je suis très différent. Cette scène de baiser, j’en suis assez fier parce qu’à la base, elle n’était pas écrite. C’est l’une des rares scènes où l’on a vraiment improvisé. Bertrand Bonello a laissé tourner la caméra assez longtemps, et c’est grâce à cette longueur qu’elle prend toute sa dimension. Le corps tient une place prépondérante dans le film, entre le corps d’YSL, celui des mannequins, des amants, et puis la pesanteur de celui de YSL âgé et joué par Helmut Berger. Finalement, vieillir, n’estce pas l’ultime malédiction pour un homme qui a consacré sa vie à la beauté ?

C’est très juste, oui, ce thème est très fort, et d’un coup, voir la pesanteur du corps d’YSL âgé, c’est très violent. C’est comme si d’un coup il était emprisonné dans ce corps. Il y a aussi le thème de la prison qui est omniprésent dans le film à travers plein d’éléments, et à la fin, c’est vrai que son corps est sa véritable geôle. J’aimais bien cette idée, qui est vraiment très juste de la part de Bertrand, de prendre un autre acteur. Lui prêter ma voix, ça a amené cette continuité qui donne l’impression que j’ai transmigré dans un autre corps. Et puis Helmut, ça renvoie aussi à cette réalité-là, puisque il a été aussi un corps mythique des années 70. Aujourd’hui, son corps n’est plus le même, quelque chose s’en est allé à la mort de Visconti, de la même manière que Yves est « mort », ou s’est retiré du monde bien avant sa mort physique.

interminable). Cette sensualité a-t-elle pu, à certains moments, te troubler ?

Je pense que l’idée, c’est d’essayer de ressentir ce trouble. Oui, il y a cette volonté de sortir de mon identité pour rentrer dans celle de mon personnage, donc forcément, ce baiser, il a autant d’intensité que si j’embrassais une femme. Après, ça reste une expérience vraiment encadrée par le travail. Du coup, il n’y a pas la même disposition par rapport à la pudeur. Je suis assez pudique dans 13 —

Saint Laurent de Bertrand Bonello

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Cinéma T/ Pierig Leray P/ DR

Y’a quoi au ciné ? 1 mois, 4 films, 4 avis. Le pro-

Mommy de X. Dolan –

blème ? On ne les a pas vus.

Je haïssais Xavier Dolan, sa mièvrerie sans fond et ses ralentis pour adulescents en histoire de l’art. Mais en un film, Dolan retourne mon scepticisme en un complet respect. Bouleversant de justesse, la haine et la violence, dans une mise en scène enfin édulcorée de toute facétie nerveuse, se confondent dans une beauté perçante, réelle. Une putain de gifle, un film qui reste.

Critiques abusives et totalement infondées des meilleurs/pires films du mois.

Gone girl de D. Fincher –

Mais aussi Ninja Turtles de vs Shredder, un putain de retour, faites tout mais tout pour le rater (belle-mère + piscine + messe) (0/5), Le sel de la terre de W. Wenders le 15 octobre, documentaire fascinant entre pessimisme morbide et optimisme mielleux dans une humanité qui part en vrille (4/5), Magic in the moonlight de W. Allen sortie le 22 octobre, car Woody Allen est un escroc malveillant et (quasi) sénile (0/5), Fils de de HPG sortie le 29 octobre, entre paternité et porno, biberon et pipette, couche et… bon, j’arrête (3/5). J. Liebesman, Splinter

Souvent brillants (Zodiac, Seven), parfois décevant (Millenium), Fincher et ses thrillers de flics nous lâchent rarement la grappe jusqu’au point de suspension final. La même pour Gone girl. Mais dans cette histoire de femme disparue, Oscar Pistorius et ses lames en plexi nous auraient bien plus régalés qu’un Ben Afleck en flamby américain pour minette courant après la Vérité… et Pistorius aurait été carrément plus rapide. Samba de E. Toledano et 0. Nakache –

Après la moumoute rasta dans X-men, Omar Sy enfourche le bon rôle à césar et le costume trois pièces de l’immigré qui va avec (clichés à accent, Charlotte Gainsbourg tête à baffes). D’un intérêt inexistant découle un film vide, perdu dans la mièvrerie d’un message sociopolitique niveau bac à sable, filmé comme un téléfilm pour ménagère. Vie sauvage de C. Kahn –

Le cinéma américain maîtrise à tel point l’art du road trip en forêt (de La nuit du chasseur à Mud en passant par La ballade sauvage) que cette vie sauvage à la française en devient anecdotique et insignifiante, vaine tentative naïve avec un Matthieu Kassovitz en catogan ridicule pour nous tirer la larme. Les combattants il y a quelques semaines, même constat, en moins pire. 14 —

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érotisme T/ Violaine Schütz P/ Petra Mason

Bettie page “Avez-vous déjà porté une frange ? Vous avez un front très haut, je crois que ça vous irait bien.” Deux livres sortent ce mois-ci ressuscitant le sexappeal et la modernité de la pin-up américaine la plus rock’n’roll de l’histoire. Mais qui était vraiment Bettie ?

Sans elle, pas de burlesque, de Dita Von Teese, ni de Madonna, ou de Beyoncé ! En effet les trois dames qui n’ont pas froid aux yeux ont utilisé des éléments de l’esthétique de la célèbre pin-up des années 1950, notamment celle de ses clichés fétichistes. Née le 22 avril 1923 à Nashville dans le Tennessee, une enfance difficile ne prédestinait pourtant pas la jeune fille à devenir une future star, symbole de la libération sexuelle. Ce genre d’enfance en a fait sombrer plus d’un(e) dans la drogue, l’alcool ou le sexe, mais elle explique aussi les ennuis de Bettie plus tard, les controverses auxquelles elle devra faire face, les scandales et la folie. Miss Page a grandi dans une famille très précaire, en pleine crise économique de 1929. Son père, un homme violent et démoniaque, a notamment volé une voiture qui se trouvait être celle du shérif et il fut condamné à une peine de prison jusqu’en 1931. Après le divorce de ses parents cette annéelà, l’homme mit enceinte une jeune fille de 15 ans. La mère de Bettie, seule, est obligée, par manque de moyens, de placer ses trois filles à l’orphelinat pendant deux ans. « On était si pauvres, dit-elle, qu’on ne mangeait que des haricots, des patates et des 17 —

macaronis. On ne pouvait pas parler à maman. Elle n’avait jamais voulu de filles. » Mais l’enfer ne s’arrête pas là. En 1934, le père revient à la maison et habite une chambre dans la cave et commence à abuser sexuellement de Bettie (ainsi que de ses sœurs). La jeune fille essaie d’oublier tout ça en développant tout ce qui touche aux choses de l’esprit, se plongeant à fond dans les études. Elle obtient son bac et s’inscrit au College Peabody, afin de devenir enseignante, et gagne ses premiers salaires en dactylographiant des manuscrits. Mais le physique la rattrape bien vite. Son histoire est celle de beaucoup de jolies filles sans argent. Elle rêve de gloire, s’essaie aux arts dramatiques, divorce de son premier mari rencontré au lycée (qui aurait été un boulet à sa réussite), monte à New York et enchaîne les petits boulots. Jusqu’à ce que le sort s’en mêle… Avez-vous déjà songé à porter une frange ?

En 1950, alors qu’elle se promène sur la côte idyllique de Coney Island, Jerry Tibbs, un officier de police, photographe amateur à ses heures perdues, la remarque, elle, ses yeux bleus et ses formes fatales, et lui propose de la photographier en bikini. Il en profite pour lui donner un conseil qui fera en grande partie la légende de Bettie : « Avez-vous déjà porté une frange ? Vous avez un front très haut, je crois que ça vous irait bien. » Nuit


Bettie Page

À cette époque, des camera clubs tentent de contourner la loi concernant la photo de nu, en prétextant des « photos artistiques » qui au final restent très proches de l’érotisme pur et dur. Après ses premières photos avec Tibbs, Page devient rapidement un modèle populaire dans ce milieu grâce à sa fraîcheur, ses courbes féminines, son large sourire et sa chevelure ébène hypnotique. Elle pose pour des magazines aux noms aussi évocateurs que Wink, Titter, Eyefull et Beauty Parade. Mais elle court de gros risques, à une période où les deux fléaux des USA sont le communisme et la pornographie. Elle décide pourtant d’aller encore plus loin. Sa notoriété prend une autre ampleur en 1952, quand elle rencontre le photographe Irving Klaw. Ce dernier est le spécialiste des photos SM échangées sous le manteau, par correspondance, dans une Amérique très puritaine. Bettie joue le jeu en apparaissant dans des mises en scène bondage en noir et blanc, avec fouet, tenue de cuir, talons ultra hauts et liens. Elle n’hésite pas à se faire attacher et même suspendre dans les airs même si parfois cela lui fait peur. Pour elle, c’est toujours mieux (et moins ennuyeux) qu’un job de secrétaire. Mais quand un jeune homme inspiré par ses photos meurt dans un accident bondage, elle aura a posteriori quelques scrupules. La belle et les bêtes

En 1954, Bettie fait une rencontre déterminante, celle de la photographe Bunny Yeager, ancienne pin-up reconvertie en artiste. Elle réalise une des plus belles et célèbres séances de photos de Page au parc Africa USA de Boca Raton en Floride. On y voit la brunette en tenue léopard poser nue au milieu de guépards. Pour ce shooting osé, Bettie a cousu elle-même la peau qu’elle porte. Bunny, qui mettait à l’aise Bettie notamment parce qu’elle était une femme (et qu’elle avait exercé le métier de pin-up), a aussi photographié sa muse pour des clichés publiés dans le magazine Playboy fondé par Hugh Hefner. Bettie sera la Playmate du mois en 18 —

janvier 1955, avec pour seul vêtement un chapeau de mère Noël. Mais la belle ne va pas tarder à regretter tout ça. En 1957, à la suite d’une commission d’enquête du Sénat contre la pornographie devant laquelle elle comparaît, elle prend la décision de disparaître. Attirée par une crise de foi dans une église, elle confesse ses pêchés et, âgée de 32 ans, se plonge dans la religion, allant même jusqu’à passer un diplôme de théologie pour devenir missionnaire. Mais si elle travaille pour des organisations religieuses, en tant que divorcée, les missions lui sont interdites. Remariée en Floride à un homme auquel elle ne parle pas de son sulfureux passé, elle finit par le quitter après l’avoir menacé de le poignarder s’il cessait un instant de contempler le Christ. Devenant de plus en plus mystique, elle s’exile en Californie, où seule dans son appartement, elle entend les messages de Dieu et du Diable. À 56 ans, on lui diagnostique une « schizophrénie paranoïde » qui lui vaut d’être internée vingt mois dans un hôpital psychiatrique de San Bernardino. Au cours d’une altercation à propos d’une quittance de loyer, l’ex-mannequin poignarde de vingt sept coups de couteau la propriétaire de son logement, qui (miraculeusement) survit. Inculpée de tentative d’assassinat (puis jugée irresponsable), elle est placée sous tutelle pendant huit ans. Hantée par ses démons et ses photos de jeunesse, Bettie meurt en décembre 2008, à Los Angeles, victime d’une attaque cardiaque, à l’âge de 85 ans. Mais son aura (et sa mini frange) vit encore dans beaucoup d’esprits.

Bettie Page — Queen of Curves de Petra Mason, photos de Bunny Yeager (Rizzoli) Photos illustrant cet article extraites de ce livre. — Bettie Page — les Photos Legendaires (Huggin Muninn)

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nightivisme T/ MPK P/ François Michel & Arthur Castillon

Le Maire de la nuit “Je ne suis pas Michou avec une plume dans le cul.” On l’avoue, on s’est bien foutu de la gueule de cette élection du Maire de la nuit l’année dernière. Et puis, au fil du temps, on s’est pris quelques caisses avec Clément, le mec qui occupe justement cette fonction. On l’a vu se bastonner avec les associations de riverains, l’ouvrir sur les médias, donner des sueurs froides à la Mairie… Bref, on l’a trouvé plutôt fréquentable. Dernier mois de mandat, il était temps d’écrire avec lui son épilogue.

lation sur la réglementation nocturne, ce qui veut dire que l’on est plus dans l’arbitraire par rapport aux procédés de la Mairie et de la police. On a mis en place un grand conseil de la nuit, on a également obtenu la future modernisation du noctilien. Et puis, très récemment, on a fait en sorte que le gouvernement délivre des licences 4, ce qui n’a pas été fait depuis 30 ans en France. Cette histoire des licences 4, c’est un premier pas vers une possible fermeture des bars plus tard.

Nous sommes à la fin de ton mandat. Sans pour l’instant rentrer dans les détails, le bilan est plutôt posi-

Ce qui a totalement foiré ?

tif ou négatif ?

Plutôt très positif. Parce que pas mal de choses ont abouti, j’ai été très surpris par la médiatisation que ça a pu prendre. Et le système que j’ai mis en place marche encore, donc oui, je suis globalement satisfait de ce mandat parce que le problème de la nuit parisienne est devenu un sujet plus sérieux. Concrètement, quelles sont les avancées que tu as menées concernant la nuit ?

J’avais demandé qu’il y ait un Maire de la nuit délégué par arrondissement, ce qui a été fait, ça permet de calmer les ardeurs des fondamentalistes et des dictateurs anti-nuit. Ensuite, on a obtenu, suite au boycott de la fête de la Musique, une régu21 —

Il a fallu que je donne énormément d’énergie bénévolement pour que les choses avancent. Alors que si la Mairie avait été à l’écoute dès le départ et ne m’avait pas pris pour un clown, les choses auraient avancé bien plus vite. Deuxième chose qui a foiré, c’est que la Mairie est encore autosatisfaite, elle s’auto-congratule en pensant que si un article place 2 boîtes de nuit parisiennes dans le top 10 européen, la nuit parisienne est sauvée. Ce qui est totalement faux, c’est de la poudre aux yeux. À ton avis, pourquoi pas mal de gens de la nuit ont critiqué cette élection l’année dernière (et j’en fais partie) ?

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Le Maire de la Nuit

Parce que les gens ont pris ça pour une blague. Comme l’avait dit l’un des organisateurs, le Maire de la nuit devait trouver la légitimité qu’il voulait bien se donner. Effectivement, ça aurait pu être quelqu’un d’autre qui aurait pris la fonction avec plus de légèreté. Mais moi, je ne suis pas Michou avec une plume dans le cul. Franchement, j’ai vraiment pris ça au sérieux parce que le sujet me touche. Qui sont les principaux casse-couilles auxquels tu as été confronté ?

Essentiellement le réseau Vivre Paris, qui a cherché à démonter au maximum ma légitimité. Ce réseau est composé de 27 associations de riverains allergiques à la nuit parisienne. Ils veulent que les bars soient fermés à 23 heures, que les théâtres arrêtent de jouer, bref, ils sont hostiles à la culture. Ce sont de grands malades qui la plupart du temps n’habitent même pas au-dessus d’un bar, ce sont des procéduriers, des coquilles vides, une minorité gueularde qui est face à une majorité silencieuse. Pour moi, les fondamentalistes dans une démocratie, on ne discute pas avec eux, on les détruit. Point barre. Tes alliés ?

Bizarrement, la BRP, la police de nuit, qui m’a filé pas mal de plans car ils étaient en accord avec mon discours. Mais mon plus grand allié, ça a été les médias. Ils m’ont permis de balancer le discours. C’est comme ça que je fais bouger la Mairie, dès que tu balances une info, un dossier, une critique dans un article, ils sont en panique. Et là, ils t’écoutent. Il y a eu également le collectif Village Timbaud et le collectif culture Bar-Bars.

On va dire que le clubbing n’est pas ta spécialité, tu es plutôt un homme de bars. Tout le monde parle du grand Paris, mais n’est-ce pas une diversion pour masquer les misères faites aux bars parisiens ?

Oui, c’est ce que j’appelle jeter ses ordures chez le voisin. En gros, on dit qu’on va aller faire la fête en banlieue comme ça Paris sera une grande campagne. Je pense que c’est vachement bien le grand Paris, j’ai une culture bar mais j’aime bien traîner dans les teufs des collectifs aussi. Mais le truc, c’est que Paris intra-muros se doit d’avoir une énergie. Il faut donc défendre l’authenticité des bars de nuit, des cafés, des petits clubs, parce que c’est ça aussi qui fait l’image de notre capitale à l’étranger. On se connaît, t’es un bel oiseau de nuit. Décris-moi ton parcours « marathon » habituel quand il s’agit pour toi de s’en coller une bonne.

Un apéro au soleil à la péniche du Playtime (quai d’Austerliz 75013), ensuite tu passes dans le 10e voir les hipsters au Mauri7 ou chez Jeannette, puis un petit verre chez Les Niçois (7, rue Lacharrière 75011). Bouffe à Pizza Dino (7, rue du Cher 75020). Enfin, tu remontes à Pigalle, avec le Sans Souci, au Tendre Voyou, au Pigalle Country Club (haut de la rue J-B Pigalle 75009). Pour clubber, soit chez Moune, soit au Carmen ou au Bus Palladium, et puis after au 82 ou au Zorba à Belleville. Qu’est-ce que tu comptes faire après ce mandat ?

Me barrer à Istanbul pour écrire, car je suis auteur à la base. Ensuite aller en Chine pour étudier la nuit là-bas, car il y a pas mal de potentiel. Et puis après cette traversée du désert, je reviendrai en France pour porter le débat de la nuit au niveau national. Me lancer en politique, en quelque sorte. facebook.com/clementleonr.mairedelanuit

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Sandro Miller Š Malkovich, Malkovich, Malkovich 25 —

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littérature T/ Julien Bouisset P/ MPK

Do you speak Debord ? “Sans le vouloir, Guy Debord a été le père fondateur du mouvement Punk d’outre-Manche.” Si en France La Société du spectacle de Guy Debord semble avoir largement inspiré les révoltes de Mai 68, cette œuvre a réussi à dépasser la Manche pour mettre en scène toute l’énergie du mouvement punk, notamment. À l’occasion du 20e anniversaire de la mort du créateur de la théorie situationniste, Andrew Hussey, le doyen de l’Université de Londres à Paris, vient d’éditer pour la première fois

à déambuler dans les rues de Saint-Germain-des Prés, le repère des situationnistes, à boire un verre dans chaque bar qui méritait le détour. L’alcool lui permettait de tordre le temps, de l’accélérer ou de le ralentir. Et c’est là que réside, pour Guy Debord, la pleine signification poétique, magique, de l’injonction lancée par Baudelaire à tous les poètes : « Enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse ! ».

en France sa biographie baptisée Guy Debord, la société du spectacle et son héritage punk, histoire de comprendre la portée de cet écrivain révolutionnaire sur le monde contemporain. Mais aussi de décrypter les différentes influences qui ont façonné cet « emmerdeur professionnel ». La preuve par dix, selon Andrew Hussey. Alcool : L’alcool avait une fonction de contre-pouvoir devant les contraintes du travail et du devoir pour les situationnistes. C’est lui aussi qui libérait, aux tables et aux comptoirs des cafés, les dispositions au jeu et à la poésie qui étaient pour Guy Debord les plus hautes facultés de l’homme. Ce dernier a d’ailleurs toujours été très fier de son alcoolisme. Cette dignité, on la retrouve, d’ailleurs, chez l’ensemble des situationnistes qui vivaient comme des aristocrates avec l’alcool. Pour eux, l’ivresse était une manière de détourner le quotidien. Guy Debord l’avait très bien compris et passait ainsi une grande partie de ses journées 27 —

Baudelaire : Guy Debord a fortement été influencé par Charles Baudelaire. Le poète incarnait, selon lui, la modernité de Paris. À cette époque, Paris devenait véritablement spectaculaire, à l’instar des grands travaux entrepris par Georges Eugène Haussmann. Guy Debord étant nostalgique du vieux Paris, il retrouvait également chez Charles Baudelaire une ivresse déraisonnée de la vie qui le fascinait. De loin l’une de ses plus grandes influences. Hacienda :

Le club de Manchester créé par Anthony H. Wilson, le manager de Joy Division. Ce nom a été donné en référence au Formulaire pour un urbanisme nouveau d’Ivan Chtcheglov, ex-membre de l’organisation Internationale Lettriste, mouvement auquel appartenait également Guy Debord avant de fonder l’Internationale Situationniste. « Thony » Wilson voulait implanter les idées situationnistes tirées de La Société du Nuit


Do you speak Debord ?

“Le but ultime du situationnisme est de rendre l’existence beaucoup plus passionnante. Selon eux, la poésie, et non pas l’argent ou les loisirs, est ce qu’il manque à la société.” 28 —

spectacle dans la culture populaire et les classes populaires du nord de l’Angleterre. Cette boite de nuit était un endroit où tout était pratiquement autorisé dans le but de « faire du désir une source du changement », comme le prônait les situationnistes. Également, si l’Hacienda diffusait exclusivement de la musique new wave à ses débuts, ce club est désormais reconnu pour avoir été l’un des premiers lieux dans le monde à avoir diffuser de la musique électronique. Jeu :

Guy Debord est fasciné par la pensée développée par le philosophe hollandais Huizinga. Sa thèse ? Chaque civilisation doit dépendre du jeu et non du travail. Le jeu et la fête sont donc des sources majeures de création et permettent de se replonger dans l’enfance. Cet élément, indispensable dans les thèses situationnistes, permettait de donner un sens à la vie de Guy Debord et aurait dû être l’activité créatrice de tout être humain.

Liberté sexuelle :

Le livre de chevet des situationnistes a toujours été Les liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos. Et ceci n’est pas le fruit du hasard. Les situationnistes aspiraient à être sexuellement libérés et prenaient un malin plaisir à jouer ensemble à des jeux sexuels et débridés. Guy Debord était, sans ambages, un véritable charmeur, qui n’hésitait pas à draguer d’autres filles sous le regard nonchalant de sa dernière femme, Alice Becker-Ho. Notamment.

Mai 68 : Pour Guy Debord, c’est l’époque où la révolution qu’il prédit depuis de nombreuses années est à portée de main. Mais depuis son décès, le rôle des situationnistes dans les révoltes françaises de Mai 68 a tendance à être exagéré. Ces révolutions étaient surtout une révolte contre la société moderne, car contrairement aux pays anglo-saxons, la France n’a pas vécu de révolution contre-culturelle à cette époque. Il y avait une véritable répression au centre de la France Nuit


Do you speak Debord ?

gaulliste. Les situationnistes ont simplement dénoncé ces pratiques. Ils n’ont été finalement que le symptôme de cette révolution. Et si on leur attribue autant de poids au sein du mouvement de Mai 68, c’est en partie parce que de nombreux graffitis provocants et pleins d’esprit sont issus de l’esprit même de Guy Debord et de ses comparses, à l’instar de « L’imagination prend le pouvoir » ou encore le célèbre « Sous les pavés, la plage ». Punk : Sans le vouloir, Guy Debord a été le père fondateur du mouvement punk d’outre-Manche. Le terme « situationniste » entre dans le vocabulaire anglais avec l’arrivée des Sex Pistols, qui déboulent sur scène en 1976 en déclarant la guerre à toute forme antérieure de culture rock. Malcolm McLaren, le manager des New York Dolls puis des Sex Pistols, était un fan de l’œuvre de Guy Debord. Il était à Paris en Mai 68, à l’heure des révolutions, avec le designer Jamie Reid. C’est là qu’ils ont découvert les textes situationnistes et ont décidé de les ramener en Angleterre. Les Sex Pistols étaient un groupe si mauvais qu’ils allaient pouvoir, selon Malcolm McLaren, subvertir toutes les musiques rock de l’époque, à l’instar de Led Zeppelin ou des Beatles. Et c’est précisément ce qu’avait réalisé quelques années plus tôt Guy Debord, avec l’art ou le cinéma, et ses grands détournements.

Un mouvement contestataire philosophique incarné par l’Internationale situationniste dont Guy Debord était un membre actif et cofondateur. Le situationnisme est finalement une tentative de dépassement des mouvements artistiques d’avant-garde du XXe siécle comme le dadaïsme, le surréalisme et le lettrisme. Selon les situationnistes, la vie est dictée par la fatigue, l’ennui et le travail. Le but ultime du situationnisme est de rendre l’existence beaucoup plus passionnante. Selon eux, la poésie, et non pas l’argent ou les loisirs, est ce qu’il manque à la société pour

qu’elle se détache du spectacle. Il faut donc se détacher du travail pour avoir le sentiment d’être un être humain et de vivre pleinement. Le secret du situationnisme réside dans le fait que l’argent n’est finalement qu’un symbole. Spectacle : L’ennemi ultime de la pensée situationniste, inspiré de la dialectique de Hegel. Le spectacle est une invention de style de vie qui est imposé par le travail. C’est le prolongement du fétichisme de la marchandise que Karl Marx avait développé dans Le Capital. Le travail est désormais au service du capitalisme et c’est pour cela que les situationnistes le méprisaient. La société est finalement un grand spectacle dont il fallait se détacher, à l’instar de la culture populaire, l’art ou encore la politique. Suicide : L’acte ultime de révolte des thèses situationnistes. Tout au long de son existence, Guy Debord a voulu maîtriser sa vie. Mais à la fin, malade et affaibli par des crises de goutte, il s’imaginait en soldat qui avait perdu la guerre. La seule chose à faire était de mettre fin à ses jours et de contrôler jusqu’au bout son œuvre. Ainsi, le 30 novembre 1994, date à laquelle il se suicide dans sa propriété de Champot en Haute-Loire d’une balle en plein cœur, est également le jour où la société a basculé définitivement dans le spectacle. En franchissant le point de non-retour.

Situationnisme :

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Andrew Hussey — Guy Debord, la société du spectacle et son héritage punk aux éditions Globe

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banc d’essai T/ Ulla P/ Hillel Schlegel

Les boules de geisha Avant que la ménagère, entre deux chapitres de 50 shades of shit, se rue sur cet accessoire érotique,

les abysses féminines en plus. Je lance un porno pour fluidifier l’affaire.

les boules de geisha étaient utilisées par les courtisanes japonaises pour s’exciter avant le retour des seigneurs de guerre. Emoustillée par une fin bestiale ambiance hentaï chic, je m’y tente.

« Idéal pour un périnée plus tonique après un accouchement ou pendant la ménopause, réduit les risques d’incontinence ». D’entrée, la notice place le potentiel aphrodisiaque de l’objet aussi bas qu’un doigt devant Télé-achat. Que ceux qui ignorent encore le rayon couches pour adultes se rassurent, les boules de geisha permettraient également d’améliorer le plaisir sexuel à long terme grâce à une meilleure maîtrise des muscles et à la sensibilisation des parois du vagin. Quand les puristes vous vanteront les mérites d’un contrôle absolu de son corps (et de ses orgasmes), je préfère l’idée somme toute basique de sentir un mini bout de gland 15 km à la ronde. Encore faut-il pouvoir accueillir quoi que ce soit. En faisant l’impasse sur le lub, mon modèle deux boules peine à rentrer. L’exercice équivaut au bourrage de 5 tampons. Maxi-king. Ensemble. L’angoisse primaire d’en perdre un en route dans 30 —

Une fois l’engin paré, j’ai comme la sensation que mon dernier visiteur a malencontreusement oublié sa verge à l’intérieur. Comme indiqué, je contracte mon périnée / maintiens deux secondes / relâche / repose. Je décide d’employer la seconde méthode dite passive (s’adonner à ses activités habituelles) dès lors que les conseils d’un coach sportif mental l’emportent sur les gémissements du film encore en fond. Alors que j’espère qu’une courte balade destinée à faire rouler les billes à l’intérieur des boules m’accordera une once de plaisir, je me confronte à un Quasimodo en petite forme sonnant les cloches dans ma chatte. Les boules de geisha sont au plaisir ce que E.L. James est à la littérature : un leurre. Adeptes du plaisir immédiat, passez votre chemin. Les résultats sont censés se faire ressentir au bout d’un mois. Pour les sportives du minou, ne dépassez pas les 45mn d’effort par jour au risque d’obtenir l’effet inverse, à savoir l’épuisement des muscles. Et il va sans dire que personne n’aura envie de tremper son biscuit dans un poulpe mort. À consommer avec modération donc, ou avec qui bon vous chante. Nuit


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musique T/ Arnaud Rollet P/ Jacob Khrist

MUGWUMP “Avec Leftorium, on essaye de décompartimenter…” Le Nouvel An Belge, organisé le 21 septembre dernier dans le 18e, était un joyeux bordel permettant

et indépendance, ce qui colle bien avec mes choix concernant la musique et ma vision du projet.

d’augmenter les ventes de houblon mais aussi de faire la connaissance de Mugwump. À la tête des

Le côté non identifiable te plaisait bien.

soirées Leftorium qui font bouger les noctambules

ront qu’apprécier.

Ben oui ! Je ne voulais pas faire un son deep house, un son tech house, un son disco, etc. J’ai un large éventail d’influences – je sors depuis que j’ai 16 ans, j’ai connu la new beat, j’adore le pop rock, l’electronic body music, le funk, les BO de films…

Ça vient d’où, ce nom de Mugwump ?

Toujours à propos d’identité : Mugwump, c’est un

bruxellois de tous âges, ce Dj-producteur lance son propre label, Subfield, dans la foulée des festivités franciliennes du Plat Pays. Une bonne résolution que les fans de psychédélisme sur vinyle ne pour-

projet solo ou non ?

D’un bouquin de William S. Burroughs, The Naked Lunch, car je suis un gros fan de Cronenberg, qui a adapté au cinéma ce livre pourtant réputé inadaptable. Les Mugwumps sont des personnages qui viennent d’un rêve psychédélique de l’auteur : ce sont des amphibiens qui n’ont pas de sexe et ne sont pas vraiment identifiables. Après avoir « googlé » le nom, je lui ai découvert deux origines possibles : c’est une tribu indo-américaine très ancienne, mais c’est aussi un terme utilisé au 19e siècle en politique américaine pour désigner des hommes politiques qui, parce qu’ils refusaient de suivre aveuglément la ligne de leur parti, soit votaient contre ou changeaient de camp, contribuant ainsi à faire avancer des politiques réformatrices. C’est donc un mélange entre psychédélisme 33 —

Comme beaucoup de producteurs, j’ai pris l’habitude de travailler avec un ingé son : je viens avec des maquettes et on affine le son ensemble. J’ai commencé à faire ça avec Spirit Catcher, un duo belge signé sur 20 : 20 Vision. Plus tard, j’ai travaillé avec un autre ingé son, Kolombo. Aujourd’hui, j’ai démarré une nouvelle collaboration avec un jeune producteur belge, DC Salas. J’avais entendu son premier disque sorti sur Doctor Vinyl, un petit label belge géré par un des meilleurs disquaires européens. Je lui ai fait un remix et puis on a commencé à s’envoyer régulièrement des démos avant de décider de faire quelque chose ensemble. Une sortie est d’ailleurs bientôt prévue sur mon nouveau label, Subfield. Nuit


Mugwump

Sur Subfield, il n’y aura donc que des sorties « Mugwump » ?

Ce sera le cas dans un premier temps car je suis assis sur pas mal de matériel. Mais une fois cette phase passée, je me réserve le droit de dévoiler d’autres choses. Il y a par exemple un maxi en route avec un producteur que j’aime beaucoup mais que je ne préfère pas citer pour le moment. J’attends aussi de voir comment vont être reçus les deux premiers maxis, Interluudes qui vient de sortir et le prochain avec DC Salas (Giallo / Hinterlands EP), prévu pour la fin de l’année. Tu as déjà été sorti par énormément de labels reconnus (Kompakt, International Feel, Throne of Blood, etc.) Pourquoi lancer le tien ?

Je me suis aperçu que c’était très difficile pour un label super reconnu d’aller dans plusieurs directions avec un artiste, les gens aimant bien mettre les artistes dans des cases. Je me suis donc dit qu’avoir une seule structure réunissant toutes mes prochaines sorties pourrait sans doute permettre d’identifier plus facilement ma musique en plus de pouvoir contrôler les dates de sortie de mes disques. Du coup, quand !K7 m’a proposé de faire un label, je n’ai pas hésité, surtout que cela représente une distribution mondiale incroyable et que j’ai une liberté totale ! Et comme j’ai envie maintenant de me lancer dans des trucs un peu plus pop et rock, produits de manière électronique mais sans être « club », je crois que c’était le bon moment.

où il n’y avait pas que des kids. Attention, je n’ai rien contre que le renouvellement des générations, mais quand j’allais me produire à l’étranger, je constatais que ces deux publics se mélangeaient alors qu’à Bruxelles, ça n’existait pas. Idem pour les genres musicaux : il n’y avait que de la house, de la techno, voire un peu de disco ou des trucs électro façon Ed Banger. Hormis la maison ou dans quelques bars, il n’y avait pas véritablement d’endroits pour moi. Et donc, avec mon partenaire Pierre (alias Prince Off ), on s’est dit qu’on allait faire cette soirée où on pourrait aussi bien jouer leftfield house, techno, disco, un peu de tout quoi. Comme le clubbing que j’ai connu quand j’ai commencé à sortir en Flandres. À cette époque, il y avait une vraie mixité musicale et sociale. Avec Leftorium, on essaye de décompartimenter… et ça marche ! Pareil au niveau des Dj’s : on a eu Gerd Janson, Ata, Roman Flügel, Jennifer Cardini, Ivan Smagghe… des gens qui peuvent jouer un peu de tout, toute la nuit, avec qui on ne partage pas tous le temps les mêmes goûts mais avec lesquels on se retrouve sur l’ouverture d’esprit. Pour finir, tu peux confier aux lecteurs du Bonbon Nuit quelle est ta friandise préférée ?

C’est le cuberdon, un bonbon belge délicieux, en forme de triangle avec beaucoup de sucre… mais de là à te dire ce qu’il y a dedans, c’est une autre histoire ! C’est plus psychédélique ! (rires)

Ce désir de liberté, c’est aussi ça qui t’a amené à l’organisation des soirées Leftorium ? Interluudes EP Subfield

C’est un peu la même démarche. À Bruxelles, il y avait toujours une difficulté pour les gens de mon âge, qui aiment la musique et en achètent sans être spécialement Dj’s, de sortir dans des endroits 34 —

Giallo Hinterlands EP Subfield soundcloud.com/geoffroymugwump facebook.com/MUGWUMP.MUSIC

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gonzo T/ Raph la Rage P/ DR

une nuit au disco bus “détends-toi claudine !…” Le rendez-vous était fixé à 22h, dans un café très cher à Saint Paul. Que cette rencontre fut difficile à obtenir… Cela faisait plusieurs semaines que j’avais croisé ce mystérieux Disco Bus. Une étoile filante aux couleurs arc-en-ciel, duquel sortait un son étouffé semblant être du Bananarama, alors que j’étais tranquillement en train d’attendre un taxi, ivre mort place de la Concorde. Intrigué, je fis dès le lendemain matin une demande d’immersion par mail au service presse de la société qui gère ces auto-

je ne fasse pas trop de bêtises dans le bus et que je ne me moque pas de sa société… Pardonnezmoi d’avance Claudine… Malgré les milliards d’années lumières qui nous séparent, elle demeure super sympa, si vous êtes le patron de Claudine ne l’engueulez pas pour la mauvaise pub, s’il en est, elle n’y est pour rien ! C’est de loin la personne la plus professionnelle que j’ai rencontrée, après Dana Scully. Tout a super bien été organisé, les équipes sont super pros.

cars de la night, ces limousines géantes, roulant à pleine petite allure dans les coins les plus huppés de la capitale, promettant une fête de tous les diables aux privilégiés ayant la chance de pouvoir payer très cher pour une bar mitzvah ou un enterrement de vie de jeune beauf. De nombreux échanges de mails plus tard, c’est qu’ils étaient méfiant les bougres, une société d’informatique voulant fêter ses 30 ans d’existence sur le carrosse béni, avait enfin autorisé la présence d’un « journaliste » dans une de

Les convives étant en retard, l’attachée présente ses excuses et me remercie de veiller si tard. « J’ai grande habitude, ne vous inquiétez pas Claudine ! » lui confiais-je avec un regard de braise. « Oh moi ce n’est plus de mon âge, je ne tiens plus le choc ! » « Mais vous n’êtes pas si vieille Claudine ! » lui repondis-je en la fixant comme si j’allais prendre sa main dans le creux de la mienne…

ces fêtes roulantes de tous les diables. Il était 22h, sée comme tout.

Nous nous avançons vers le paquebot de mes rêves, tout noir, son intérieur brillait de mille feux.

A priori, la night, c’est pas son truc à Cloclo. Elle semblait malgré son prénom avoir la trentaine, était toute apprêtée, petit serre-tête, jupe BCBG, vouvoiement de mise (qui durera jusqu’à la fin), elle s’était préparée à veiller tard pour checker que

Un jeune homme comme vous et moi, un brin éméché, passe par là avec son pote : « C’est quoi cette grosse merde sérieux ? » « Comme je vous le disais au téléphone, les gens sont curieux ! » glissa de suite Claudine, un peu gênée.

Claudine, l’attachée de presse m’attendait, stres-

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Une nuit au Disco Bus

“C’est quoi ce son, c’est énorme ?!” demandeje au Dj, intrigué. “C’est Get Lucky de Daft Punk.” Je fis la connaissance de Dj Lova, maître d’ambiance ! Il porte une belle chemise avec un collier de surfeur, en général c’est un signe de bon augure. « On n’a jamais eu des personnes qui z’étaient déçues » me glisse Pénélope, hôtesse de la soirée. Son rôle sera de remplir les coupes de champagne et de veiller à ce que personne ne baise ou ne se drogue. Elle aussi a été extra. C’est à ce moment qu’une trentaine de collègues éméchés, en costard cravate et tailleurs s’avancent vers la bête, chauds comme la braise ! Aurélie, l’organisatrice de cette boucherie se présente, toute pimpante, la voix défaillante. Aurélie, c’est la bonne copine du bureau, toujours là pour 38 —

mettre l’ambiance. Toujours là pour dépanner quand la direction des Disco Bus lui apprend que le solde n’a toujours pas été réglé et que, bien sûr, ne se baladant pas avec le chéquier de l’entreprise sur elle, doit payer l’adition de 30 000 dollars avec son argent perso. Croyez-moi, après cet épisode, elle était tout de suite moins joviale la Lily. Show must go on, on commence les hostilités avec Reggae Night de John Sépuki enchaîné maladroitement par Dj Lova avec Another One Bites The Dust. Au début, l’ambiance peine à venir, les convives n’ont pas l’air d’humeur à la fête. C’était sans compter sur ce magnifique riff de funk qui se fait entendre. « C’est quoi ce son c’est énorme ?! » demande-je au Dj, intrigué. « C’est Get Lucky de Daft Punk ». Pas de doute le mec est un pro. Il doit sans doute écumer les discothèques londoniennes pour dénicher de telles pépites. Les gens ne sont pas jojos, j’en aperçois une làbas qui est plutôt bonne, on dirait Carla Bruni, j’achète. Je lui dis bonjour, on boit une coupe. Je sors une blague, elle souri, il lui manque une dent, je retourne parler à Claudine. Elle se fait draguer par un vieux avec une cravate sur qui est en train de lui dire : « Ce qui est fou c’est qu’on a une collaboratrice au bout là bas là, elle s’appelle Dubus ! Carole Dubus ! Faut le faire quand même ! » On passe devant l’assemblée nationale, j’ai une pensée émue pour notre république en plein déclin alors que « Pas de Woogie Boogie » fait vibrer les doubles vitrages. Claudine ne me lâche pas d’une semelle, on se croirait dans Tintin et les Picaros. De retour sur le dancefloor, Ludo, cheveux coiffés en piques, grosse gourmette et énorme chaîne par dessus le col de cheumise (ce n’est pas une faute d’orthographe, elle était vraiment cheum sa chemise…), met le feu et sabre le champagne ! Nuit


Une nuit au Disco Bus

Sabine se lâche sur Samba de Janeiro. Mouvement de foule, Madeleine me bloque dans un coin du bus. Quand il disait que ce bus était prévu pour 34 personnes, les ingénieurs n’ont pas pensé à Madeleine, jeune femme coquine et gourmande qui porte ce prénom à merveille. Ca m’a rappelé mes jeunes années, lorsque j’étais reporter de guerre en Turquie pendant le tremblement de terre. Je suis resté bloqué pendant 4 jours sous les gravas avant qu’un clébard de l’équipe de recherche ne me lèche la main. On a cette même sensation de ne pas bien savoir quand on va pouvoir sortir un jour. PAUSE CLOPE ! ALLELUJA ! Tout le monde sort. Et là, l’ambiance s’éteint. On se met à nouveau à parler boulot. On picole, on picole. Claudine me demande ce que je pense de la soirée. Je n’ai pas envie de lui dire qu’elle a perdu sa soirée à espérer un bon papier alors que je ne peux que constater une fois de plus la décadence de notre civilisation, doublée par le ridicule de la vie d’entreprise. On picole, on picole. Je la rassure parce que vraiment, elle est mignonne et sympa… On picole, on picole. Le chauffeur à moustache ressort un peu vénère du retard qu’on a pris. On repart ! En rentrant, je vomis un peu de bile jaune sur le tapis rouge à l’entrée du bus, j’oublie un peu où je suis… apparemment dans un bus… je valide mon navigo sur le cul de Madeleine. Elle se marre. Les premières notes cultes de tube « I got a feeling » se font entendre. Je décide de dérider Claudine : « Allez… Détendez-vous Claudine ! » Elle se met à faire quelques hochements de tête forcé, plus ou moins en rythme, puis se prend à aimer ça. « Vous êtes fou ! » Elle arrête tout de suite à cause de l’enchaînement de Lova, qui annonce, si ma mémoire est bonne, Tandem, de Vanessa Paradis. Elle est gênée. Alors 39 —

que Madeleine tente une lap dance qui n’est pas passé loin de scinder le bus en deux, j’ai quelques eye-contact avec Claudine, ça sent la braguette. On passe devant la tour Eiffel et c’est là que Ludo vient vers moi, émerveillé par la vision de ce monument, alors qu’Alexandrie Alexandra en est à son climax. Son portable en joue avec un gros flash dégueulasse comme pour prendre une photo souvenir, il me lance : « C’est quand même magique ! » Et il a raison ! L’arrivée est épique. Dj Lova a tout prévu, We are the champions de Queen à fond les ballons. Là, toute la troupe se sert dans les bras dans un élan de fraternité corporate. Tous oublient la hiérarchie des bulles. Ainsi, Jean-Paul oublie qu’il gagne 5K€ de moins par an que Corine alors que cette dernière passe son temps à faire les psychotest de Biba en se touchant la chatte. En vrai, c’était vraiment vraiment beau, je ne suis pas ironique. J’en oublie mes petites impertinences de bobo parisien, à l’affût du plan de merde pour pouvoir le critiquer. J’oublie les soirées pointues avec des Djs berlinois, la fête, ce n’est pas l’endroit où on la fait, mais les gens avec qui on la partage. Et après des heures passées avec eux, je les aime mes collègues. Comme Gérard Lanvin dans Camping, je range mes préjugés au vestiaire pour comprendre la beauté de la vie, l’universalité de la fête, le bonheur de se bourrer la gueule dans un espace cloisonné avec des meufs qui ont la dalle parce que tous les hommes de leur âge sont chauves. Je sors le premier, pressé de raconter cette aventure dans le dehors. Les portes s’ouvrent. Devant moi, des clochards attendent sagement. « Désolé, j’ai pas de monnaie… »

Nuit


Cocktail T/ Vincent Kreyder P/ Hillel Schlegel

tequila straight Malgré nos tentatives parfois désespérées et souvent pathétiques pour y échapper, toutes les bonnes soirées ont une fin et mes audacieuses saillies drôlatiques sur la gnôle suivent ce principe.

Un an que je vous décortique vos breuvages favoris affublé d’un amateurisme qui n’a d’égal que votre manque de goût, l’heure est venue pour moi d’explorer de nouveaux horizons encore plus creux. Ce papier buvard étant le dernier sur le sujet, j’ai choisi de vous parler d’une compagnonne de teuf fidèle et implacable : la Tequila Straight. Ou shot de Tequila, sel et quart de citron. Je pense ne pas être trop présomptueux en affirmant qu’on a tous un dernier souvenir de soirée ressemblant à un petit shot de Tequila, un quart de citron, un peu de sel dans le creux de la main et un sourire innocent vissé sur le faciès de nos co-détenus boiteux. Sorte de portail inter-dimensionnel entre le comptoir et le trottoir, la Tequila Straight est une route aussi sirupeuse que savonneuse vers la porte des enfers. Ethylo-mologiquement, le mot «Tequila » vient de « téquitl », qui ne signifie pas « t’es qui, toi ? » en langage 5-du, mais « travail » et « tlan » qui se traduit par « lieu ». Lieu de travail donc, ce qui n’est pas tout à fait impertinent compte tenu du 40 —

boulot qu’il y a à abattre lorsqu’on passe le pas de notre bar préféré. Désireux de pouvoir se la coller convenablement mais étrangers aux principes élémentaires de distillation, les méso-américains se contentaient d’une basse gnôle d’agave avant que les espagnols n’arrivent au XVIIe siècle avec les connaissances nécessaires pour mettre au point la Tequila. Tragique témoignage de la domination de l’ignorance sur la décadence. Tout du moins, jusqu’à ce que cette dernière vous pousse à ravaler toute forme d’amour-propre en vous faisant passer outre la pénurie de citron et de sel de votre débit de boisson favori. Et je vous parle d’expérience. Malgré le caractère assez médiocre de la plupart des tequilas que vous trouverez dans nos rades lutéciens, j’avoue éprouver une affection aveugle des papilles pour la traditionnelle et conviviale tournée de shots aux relents de sueur de Mexicain en poncho. Affinités de moustaches ? Echos faits à une enfance marquée d’un « Z » qui veut dire « Zob, je ferai mes devoirs demain » ? Bien évidemment, je n’ai aucune variante à vous proposer, attaché que je suis à cette trinité séculaire selTequila-citron. Dans l’ordre, tu lèches, tu avales et tu mords (pour toute réclamation relative à cette vanne, merci de vous adresser à MPK). Nuit


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Nuit


fashion Photos / Valentin Fabre Stylisme / Reno - House of Moda Texte / Crame - House of Moda

Mathew, graphiste chez House of Moda, teste un look de soirée qui marche aussi pour une balade en semaine de retraité aux serres d’Auteuil. Serre chaude, couleurs fraîches, touche amazonienne avec ce bandeau de plumes achetées en vrac à Montmartre. 42 —

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House of Moda Ultratropique — 25 octobre à partir de minuit à la Java — houseofmoda.tumblr.com

Solène, l’une de nos clubbeuses préférées, ne craint ni les UV perçants, ni la douche tropicale, grâce au trio visière, sunglasses et tuniqueau-toucan créée par Alex Dos Lopez. Ici, trois oiseaux paradisiaques paradent. Un seul sera le phénix de ces bois. 43 —

Nuit


munchies T/ Agathe Suarez P/ MPK

Tartarafter Chaque mois, Agathe, notre chef cuistot qui aime faire la teuf, nous sort une recette assortie d’une anecdote. C’est notre rubrique Munshies (Munshies : grosses dalles après s’être bien foncedé)

On est en 2006, je sors du Pulp, un soir de semaine comme les autres. La seule alternative le mercredi : « Dans ton garage, dans ton cul », nom d’une soirée de l’époque, hein. Je rentre ? Je rentre. Pas de taxi. After ? Soit je finis dans un bar de nuit ultra alcoolisée, sois je vais à un after dans un appart où les gens seront comme Sheila et ne pourront plus jamais fermer les yeux. Auquel cas, je n’aurai plus jamais faim. Non. Je rentre. Dans le frigo un steack et quelques trucs qui traînent. Mon after sera le bon, sera le mien. Un besoin évident de protéines me fait vous proposer cette recette salvatrice et incontournable. Le vrai tartare de quand on rentre après une soirée : le Tartarafter.

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Ingrédients : - 300g de rumsteack à couper au couteau - 1 demi-avocat - quelques morceaux de roquefort - des noix de cajou - de l’oignon rouge et blanc avec les verts pour le goût de ciboulette - du piment frais d’Espelette ou en poudre - 2 tranches de bacon que l’on fait frire et que l’on découpe en petits dés - 2 bonnes cuillères à soupe d’huile d’olive - le jus d’un demi-citron - 1 jaune d’œuf

Je tranche la viande, je cisèle le reste des ingrédients solide, je mélange le tout avec le jaune d’œuf, l’huile d’olive et le jus de citron. À côté, je monte une mayonnaise (ou j’en prends de la toute faite) à laquelle je rajoute du parmesan râpé, si on en a, du sel, du poivre, et un peu de Jack Daniels parce qu’il ne faut pas perdre le rythme. Hyper protéiné, hyper fin de soirée, à déguster vraiment seul parce que c’est indécent. Mais toujours et encore en écoutant : Laurent Garnier - Excess Luggage Logic - The Difference Curtis Mayfield - Right On For The darkness. Nuit


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Nuit


trousse de secours Ouvert toute la nuit !

Pharmacies de garde

Épicerie Shell

Chez Tina

84, av. des Champs-Élysées - 8e

6, boulevard Raspail - 7e

1, rue Lepic - 18e

≥ 01 45 62 02 41

≥ 7/7 — 24/24

≥j jusqu'à 4h30 / v≥s jusqu'à 7h

6, place de Clichy - 9e

Minimarket fruits et légumes

Boulangerie Salem

≥ 01 48 74 65 18

11, boulevard de Clichy - 9e

20, boulevard de Clichy - 18e ≥ 7/7 — 24/24

6, place Félix-Éboué - 12

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

≥ 01 43 43 19 03

Alimentation 8 à Huit

Livraison médicaments 24/24

151, rue de la Convention - 15e

Fleuristes

≥ 01 42 42 42 50

≥ 7/7 — 24/24

Chez Violette, au Pot de fer fleuri

Supérette 77

78, rue Monge - 5e

Urgences

77, boulevard Barbès - 18e

≥ 01 45 35 17 42

SOS dépression

≥ mardi au dimanche jusqu'à 5h

Relais Fleury

e

≥ 08 92 70 12 38

114, rue Caulaincourt - 18e

Urgences psychiatrie

Resto

Se déplace sur région parisienne

L’Endroit, 67, place du Docteur-

≥ 01 46 06 63 97

≥ 01 40 47 04 47

Félix-Lobligeois 17e 01 42 29 50 00

Carwash

Drogue, alcool, tabac info service

≥ tlj de 11h à 1h, jeudi, vendredi,

Paris Autolavage 7/7 — 24/24

≥ 08 00 23 13 13 / 01 70 23 13 13

samedi de 10h à 5h

Porte de Clichy - 17e

Livraison sextoys

Tabac

Shopping

Commande en ligne

Tabac du Châtelet

Librairie Boulinier

www.sweet-delivery.fr

4, rue Saint-Denis - 1er

20, boulevard Saint-Michel - 6e

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

≥ 7/7 — jusqu'à 3h

≥ jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h

Tabac Saint-Paul

Monoprix (Champs-Élysées)

Livraison alcool + food

127, rue Saint-Antoine - 4e

52 av. des Champs-Élysées - 8e

Nemo 01 47 03 33 84

≥ 7/7 — jusqu'à minuit

≥ du l. au s. jusqu’à 00h

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Le Pigalle

Faim de Nuit 01 43 44 04 88

22, boulevard de Clichy - 18e

Kiosques à journaux 24/24

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

≥ vendredi et samedi jusqu'à 5h

38, av. des Champs-Élysées - 8e

Allô Hector 01 43 07 70 70

16, boulevard de la Madeleine - 8e

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Poste de nuit

2, boulevard Montmartre - 9e

Apéritissimo 01 48 74 34 66

52, rue du Louvre - 1er M° Louvre-

Place de Clichy - 18e

≥ 7/7 — jusqu'à 4h

Rivoli / Étienne-Marcel

Allô Glaçons

Boulangeries

53, rue de la Harpe - 5e

01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24

Snac Time

≥ 01 44 07 38 89

97, boulevard Saint-Germain - 6e

20, rue du Fb Saint-Antoine - 12e

Épiceries

≥ 7/7 — 24/24

≥ 01 43 40 03 00

L'Épicerie de nuit

Boulangerie-pâtisserie

35, rue Claude-Bernard - 5e

99, avenue de Clichy - 17e

Envoyez-nous vos bons plans

≥ vendredi et samedi jusqu'à 3h30

≥ 7/7 — 24/24

ouverts la nuit  : nuit@lebonbon.fr

Internet 24/24

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Nuit


la playlist du mois P/ DR

arthur-s

L.V. featuring DANDELION — CCTV

Les basses nocturnes vibrent pour nous tous. Howard Shore et Ornette Coleman — The Naked Lunch

La musique de l’interzone pour les joyeux cafards. Miles Davis — My Funny Valentine (Lincoln Center, 12 Fevrier 1964)

Désintegration d’un standard… Un concert mythique. Dinah Washington — What A Difference A Day Makes ?

Douceur… Il ne fait aucun doute que la

Valery Gergiev / Kirov Orchestra — Tchaikovski : Symphonie N.6

rencontre entre Le Professeur

Un des plus beaux enregistrements de ce chef d’œuvre.

Inlassable et Arthur S devait avoir lieu tôt ou tard, elle

Rage Against The Machine — Bombtrack

était inévitable, ils ont trop de

Prends ça !

« S » en commun. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : un

King Crimson — Lark’s Tongues In Aspic I

ProfeSSeur InlaSSable plus

1973, Le roi Robert nous livre un délicieux plat… en gelée.

un Arthur S = 4 + 1 qui font 5 « S ». Lettre qui serpente,

Sansom François — Ravel : Concerto En Sol (Adagio Assai)

insidieuse et rassurante, ronde

Un mouvement magnifique du maître.

et piquante, à l’image de la musique flamboyante née de

The Beatles — Because

leur association. À l’occasion de

Cosmic John

la sortie de son album avec Le Professeur Inlassable (Drummers

Serge Gainsbourg — Flash Forward

& Gunners), Arthur S fait sa

Un soir qu’à l’improviste, je frappe à ma porte…

playlist, pout la nuit, pour la vie ! —

Charles Mingus — Ii B.s.

facebook.com/

Un orchestre de feu… Mingus Mingus Mingus !

arthursetleprofesseurinlassable Earth, Wind And Fire — Shinning Star

Yeahhhhh. Quatuor Ysaÿe — Schumann : Quatuor À Cordes Op. 41 N°1 (Adagio)

Un moment de grâce. Pierre Boulez — Stravinsky : L’oiseau De Feu (Suite 1910)

La magie du tout jeune Igor.

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Nuit


agenda La sélection du Bonbon Nuit

Jeudi 2 octobre 00h La Java 5€

Vendredi 17 octobre 23h YoYo 15/20€

Minuit w/ Céline & Myako

Magie Noire w/ Margaret Dygas, Livio & Roby 23h30

Vendredi 3 octobre 23h Djoon 12€

Terranova

Imported Party w/ FLC 23h

Monseigneur 5€

23h45

La Septième w/ D.KO 23h

Zig Zag 10/20€

Kompakt Night w/ Gui Boratto, Michael Mayer, Electric 20/25€

Modeselektion Night w/ Modeselektor (live), Nosaj

Concorde Atlantique 15€

Thing…

Petre Inspirescu, Cristi Cons, Grego G… 23h30

Zig Zag 10/20€

Dimanche 19 octobre 07h Concrete 20€

Paco Osuna - Long Play Album Tour 00h

San Proper, S3A, Lil Louis…

Rex Club 15€ Dimanche 19 octobre 07h Concrete 20€

Me.Club.001 w/ Rødhåd, Etapp Kyle, Antigone

San Proper, S3A, Lil Louis… Samedi 4 octobre 23h La Machine 5€ Nuit Blanche w/ Jekyll & Hyde, Sundae, Phonographe Corp…

Vendredi 24 octobre 00h Rex Club 15€ Btrax w/ Extrawelt, Ben Men, Romain Play 00h

La Java 5/10€

Dimanche 5 octobre 14h La Chesnaie Du Roy 20€

Überbacken 012 w/ Even Tuell, Pepperpot, Tom

Cocobeach w/ Damian Lazarus, Mathew Jonson

Joyce

(live), Camion Bazar… Samedi 25 octobre 23h30 Showcase 15€ Vendredi 10 octobre

23h30

Zig Zag 10/20€

Magie Noire w/ Maya Jane Coles, Franck Roger

Dusty Kid, Julian Jeweil, Dj Jee Mercredi 29 octobre 15h Parc de la Villette 110€ Samedi 11 octobre 23h La Machine 10€

Pitchfork Music Festival (3jours)

Aton Night #1 w/ Cracki Crew 23h30

Showcase 15/20€

Samedi 1 novembre 23h30 Zig Zag 10/20€

#9414 w/ Martin Buttrich, Matthias Tanzmann

La Mesure du Cercle X Monaberry w/ Andhim,

Jeudi 16 octobre 23h30 Badaboum 5/8€

00h

Vertikal Labels Night w/ L.I.E.S, Antinote

Correspondant w/ Barnt, Red Axes, Jennifer Cardini

Vendredi 17 octobre 23h YoYo 15/20€

Dimanche 2 novembre 07h Concrete 20€

Magie Noire w/ Margaret Dygas, Livio & Roby

Concrete 3rd Birthday w/ Raresh, Praslea, Anthony

Super Flu…

23h30

Zig Zag 10/20€

Rex Club 15€

Naples Rex Club 20€

Kompakt Night w/ Gui Boratto, Michael Mayer,

00h

Terranova

Ben Klock All Night Long

23h45

Electric 20/25€

Modeselektion Night w/ Modeselektor (live), Nosaj

Envoyez vos bons plans soirées à :

Thing…

louison@lebonbon.fr

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