Le Bonbon Nuit 9

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Nuit

Mai 2011 - n째 9


maje

www.maje-paris.fr


édito Bonne Nuit Alors que tout Paris s'affiche déjà en terrasse, c'est en s'enfermant de nuit qu'on risque de prendre le plus de plaisir ce mois-ci. En effet, le samedi 14 mai aura lieu la 7e édition de la Nuit des musées à Paris, dans toute la France mais aussi en Europe. Cette nuit-là, les expositions, visites commentées et ateliers ainsi que du théâtre, du cinéma ou encore de la danse nous attendent dans presque tous les musées de la ville. On se plaint de la jeunesse qui se foutrait totalement de la culture (au profit de soirées sur facebook ?) mais l'an dernier, près de 2 millions de visiteurs dans toute la France se pressaient dans 1 300 musées. On s'en réjouit et on a hâte de visiter Pompidou ou le musée des Arts décoratifs de nuit, en se prenant pour Ben Stiller dans le très mainstream mais drôlissime Une Nuit au Musée. Larry, nouveau gardien de sécurité du Muséum d'histoire naturelle y découvre que la nuit, toutes les expositions prennent vie. Et c'est vrai qu'il y a quelque chose de magique dans les nocturnes de musées…

En couverture Bak par Nicola Delorme

C'est aussi l'idée qui anime notre magazine, pour qui la nuit ne se résume pas à faire la fête en boîte, mais aussi à visiter une expo (Richard Prince ce mois-ci), aller au ciné (« la bonne séance »), au restau à l'aube (« la bonne bouffe ») et même surfer sur le net (« le bon web »). ça donne aussi des rencontres qui sortent du cadre du clubbing (l'actrice Taylor Momsen), même si bien sûr notre cœur penche et penchera toujours pour les figures de la nuit, que ce soit le producteur et DJ Mondkopf ou le physio Bak, qui nous fait l'honneur d'afficher ses célèbres verres fumés en couv du mois. Violaine Schütz Rédactrice en chef Régie Publicitaire pubnuit@lebonbon.fr 06 33 54 65 95 Président — Jacques de la Chaise | Rédactrice en chef — Violaine Schütz violaine@lebonbon.fr | Directeur artistique — Tom Gordonovitch

tom@lebonbon.fr

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VLF, Norine Raja, Yann Stofer, Trafik, Stéphane Hervé, Stéphanie Antoine, Bruno Hassen, Clay Jeremiah Joyce, Gabriel Lahanque, Thibaut Victor, Magalie F. Fouquet, Hélène Iodtschin, Denys Beaumatin, Amélie Chassary, Anthony Lee Watson, Stéphane Semain | Régie publicitaire — pubnuit@lebonbon.fr 06 33 54 65 95 | Contactez-nous — nuit@lebonbon.fr | Siret — 510 580 301 00016 | Dépôt légal — à parution | OJD — en cours | Siège social — 31 bis, rue Victor-Massé, 75009 Paris Nuit

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programmation mai 05/05 06/05

AIRNADETTE + Fill’s Monkey + Thomas VDB + Janski Beeeats 22H THE NODZ + TWEE CAT TRIP 00H Soirée Bonbon 07/05 22H ULMANN KARAROCKÉ 13/05 22H IM TAKT & BOW LOW & MILIANA 00H Soirée Bonbon 22H

14/05 20/05

CONTROL & MELTONES APPLE TOP & LA ROTULE 50’s 00H Soirée Bonbon 21/05 22H LOLITO & MINNIE MOSKOVITZ 26/05 22H MARGAUX SIMONE 27/05 22H POLLUX FROM RIO & OK 00H Soirée Bonbon 22H

22H


sommaire Miam Miam !

p. 05

le bon timing

Taylor Momsen

p. 07

Richard Prince

p. 11

paris la nuit

VLF

p. 15

la bonne ombre

Bak

p. 17

la bonne bouffe

Qu'est-ce qu'on mange cette nuit ?

p. 20

Mondkopf

p. 23

We Are Enfant Terrible

p. 26

la bonne étoile

le bon art

le bon producteur

la playlist de

p. 27

la bonne séance

le bon en arrière

les bons spots

la bonne parisienne

Brassaï

p. 29

Le retour des squats

p. 31

Chew Lips

p. 33

p. 35

le bon look

le bon dj

la bonne page web

le casse bonbon

King Sabbah

p. 37

Sorties virtuelles

p. 41

Beaux yeux, cœur canaille

p. 45

trousse de secours

p.47

le bon agenda

p. 48

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le Bon Timing Les événements à ne pas manquer festival

Villette Sonique Comme tous les ans, le festival Villette Sonique impressionne par son casting pointu et de qualité. Cette fois-ci, les mélomanes se réjouiront de la présence de The Fall, Animal Collective, Thurston Moore, Cheveu, Emeralds, Discodeine, Caribou, Connan Mockasin, Julian Lynch ou des cultissimes Current 93. 27 mai au 1er juin : Villette + Géode + Cité de la musique

Pitch Your Sunday

Atelier

Après une première édition bondée, « les ateliers de la musiques électronique » reviennent à la Cartonnerie de Paris. Cette après-midi là, vous pourrez rencontrer de nombreux acteurs de la musique élecDR / DR

tronique (artistes, labels, professionnels...) ainsi que l'équipe du Bonbon Nuit, qui tiendra un petit stand. Le 22 Mai à la Cartonnerie de Paris, de 12h00 à 21h00.

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la bonne étoile ® Xavier Magot Ω DR

Taylor Momsen b.b. Rockeuse

Passée en un rien de temps de petite actrice modèle

Vous n’avez pas encore 18 ans et pourtant vous

dans la série Gossip Girl à rock star sexy et trash

paraissez totalement mature, le métier vous a-t-il

avec son groupe The Pretty Reckless, Taylor Mom-

fait grandir plus vite ? En avez-vous souffert ?

sen surprend, bluffe, épate. Il était temps de la ren-

Quand j’étais petite, les succès commerciaux de films comme The Grinch ont fait de moi un personnage public mais à cinq ans, on n’est pas suivi par les paparazzi, à moins d’être la fille de Tom Cruise, donc ce n’était pas très compliqué à gérer. Avec Gossip Girl, par contre, ça a changé et c’est là que les ennuis ont commencé. Aujourd’hui, je ne peux pas marcher dans la rue sans qu’il y ait une horde de paparazzi. C’est assez enrichissant d’une certaine manière, je sais ce que je veux et ce que je ne veux plus. Mon rêve n’a jamais été d’être célèbre, ça ne m’intéresse pas du tout, mais ça fait partie du jeu quand on veut faire ce qu’on veut. Aujourd’hui, je veux juste pouvoir vivre de ma musique et le faire jusqu’à mon dernier souffle.

contrer pour comprendre un peu mieux qui se cache derrière ce masque de Rimmel noir. Vous avez commencé une carrière très jeune, pourriez-vous me la raconter ?

J’ai commencé le mannequinat à deux ans et j’ai joué pour la première fois à trois ans. Ma mère adorait la mode et m’a inscrite dans une agence quand je n’étais encore qu’un bébé et sans que j’aie demandé quoique ce soit bien sûr. J’ai fait plusieurs publicités et, chaque chose en amenant une autre, je n’ai jamais arrêté. Mais pour moi, ça n’a pas été autre chose que des jobs, quelque chose que je faisais de manière automatique sans beaucoup d’intérêt. La musique, par contre, c’est quelque chose que j’ai choisi consciemment, ma passion, le grand amour de ma vie. J’écris des chansons depuis que j’ai cinq ans, j’ai commencé sur le tournage de The Grinch… Oui je sais, ça paraît fou. J’ai une vie plutôt particulière…

Cela signifie que vous voulez mettre un terme à votre carrière d’actrice ?

Je n’ai pas beaucoup d’intérêt pour le métier d’actrice. Comme je vous le disais, j’envisage cela vraiment comme un job qui rapporte de l’argent, mais pour moi ce n’est rien comparé à la musique. J’ai Nuit

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Taylor Momsen mis près de douze ans à faire exister ce disque, et c’est la chose dont je suis la plus fière aujourd’hui. Je suis heureuse d’avoir laissé une empreinte. Être actrice c’est vraiment différent, je n’ai jamais choisi cette voie et j’espère ne plus avoir à le refaire. Je veux juste faire des disques et des concerts. C’est amusant de voir la détermination que vous avez. Dans Gossip Girl par exemple, vous êtes la seule à avoir imposé votre propre look et à vous montrer telle que vous êtes aujourd’hui…

Mais j’ai toujours été comme ça ! Les gens qui travaillaient sur la série ont été surpris mais mes proches savaient depuis toujours que j’étais comme ça. Je suis une “rock chick”, j’ai toujours écouter Led Zep’, les Beatles et les Who, c’est pas un style, c’est moi. Si tu vas chez moi, tu vois des photos où j’étais déjà comme ça à onze ans, Rangers aux pieds, vestes en cuir, de l’eyeliner plein le visage et des putains de jupes gothiques. Mais quand je suis arrivée sur la série, ils m’ont évidemment habillée en fonction du personnage. Quand j’ai réalisé à quel point la série m’avait rendue célèbre, j’ai voulu me montrer sous mon vrai jour, donc j’ai décidé d’assumer mon propre style, je ne voulais plus tricher. On peut devenir fou à force de cacher sa vraie nature.

Vous semblez avoir un penchant pour les extrêmes…

Oui j’avoue. Je suis une extrémiste dans tout ce que je fais. Que ce soit en musique ou dans ma vie privée. Comme beaucoup d’artistes, je suis très névrosée, je bosse vingt heures par jour et dors très peu, ça vous donne une idée. Quand quelque chose ou quelqu’un me prend aux tripes, je me dévoue corps et âme. Je ne fais jamais rien à moitié. Je passe souvent pour une folle mais bon, je ne suis pas la seule donc ça me rassure. C’est vrai que je suis comme ça, c’est effrayant non ? À quoi ressemble votre vie aujourd’hui ?

Je suis très chanceuse de vivre ce que je vis, ça a toujours été mon rêve. Par exemple, l’autre jour, je jouais dans un festival et une fois le show terminé, j’ai foncé pour voir le concert de Motorhead, c’est quand même une vie parfaite, non ? J’ai réussi à recréer une nouvelle famille avec mon groupe, je passe mon temps avec eux en tournée et ça aussi c’est formidable. C’est loin de la vie agréable et tranquille à laquelle tout le monde aspire mais moi j’adore ça, je me sens à ma place. J’aime tellement partir en tournée que quand je m’arrête, je me tape des angoisses pas croyables. Oui, vous devez avoir raison, je suis complètement folle…

Sur ce premier album, vous parlez beaucoup de sexe et de drogues, ça aussi c’est vous ?

J’ai entièrement écrit l’album et oui, tous les constats qui sont présents sur le disque viennent de moi, ça vous donne donc une idée assez précise de ce que j’ai pu expérimenter jusqu’à présent. Maintenant, il y a beaucoup de métaphores et il ne faut pas prendre tout au pied de la lettre. Ce qui me plaît, c’est que chacun peut faire sa propre interprétation des textes. J’ai également changé les noms de chacun pour protéger les coupables. Je n’ai pas non plus envie de révéler toute ma vie intime sur un disque.

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The Pretty Reckless — Light Me Up Universal ≥ En concert le 8 juin au Trianon


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Richard Prince

Assemblage éphémère sur un livre de poche : 3 filles, Paris, 1972 BNF littérature et art © Richard Prince, photo by Rob McKeever, courtesy of Gagosian Gallery

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Dodge Challenger, Swap meet, in Carlisle, Pennsylvania, June 1990 © photograph by Richard Prince


le bon art ® Marie-Eve Lacasse Ω Richard Prince © BNF

Richard, Prince punk La BNF présente la collection bibliophilique de Richard Prince ainsi que des bouquins trash-punkpop de la Grande Bibliothèque retravaillés par ce maître de l’art contemporain américain. Richard

Qu’est-ce qu’un copyright ? Le risque du procès et son issue font également partie de la réflexion – et de l’œuvre – de Prince, qui n’a jamais eu peur de payer cher ses détournements.

Prince est, entre autres, célèbre pour avoir illustré l’album Nurse de Sonic Youth et pour avoir défrayé

Manuscrits et ephemera

la petite chronique par ses procès : ses détourne-

Pourquoi exposer la collection privée des livres de Prince ? Tout part d’une idée de Bob Rubin, cocommissaire de l’expo et ami de l’artiste. Invitant Bruno Racine à visiter l’atelier de Prince dans les Catskills au nord de New York, le président de la BNF découvre le musée personnel de l’artiste : des milliers de revues licencieuses, de romans de gare venus du monde entier, des éditions originales… Expédier tout ça en France pour en faire une expo devient une évidence. Afin de restituer l’effet "maison" de ce musée particulier, la salle d’expo de la BNF abrite donc, jusqu’au 26 juin, une "maison longue" faisant référence à la résidence de Prince dédiée à la conservation exclusive de sa collection se trouvant d’ordinaire dans un coffre-fort. La Maison exposée comprend 41 pièces de la série American/English, soit les premières éditions américaines et anglaises du même ouvrage, montées et collées sur un même support en bois.

ments de publicités Marlboro n’ont pas tellement plu au géant du tabac. Or, la face cachée de l’artiste pop n’en reste pas moins silencieuse.

Richard Prince est un collectionneur et un bibliophile. Il accumule les originaux, les tirages de tête signés, les manuscrits d’époque, les exemplaires dédicacés, les photos de pin-up signées. Amoureux des symboles de la (contre)-culture populaire américaine, il monte sur cimaises les romans de gare et autres "sous-genres" nommés comme tels par l’intelligentsia (à la fac, on parle de "paralittérature"). Ainsi beatniks, hippies, motards et leurs petites amies, cowboys, punks, rockers et infirmières traversent et nourrissent l’univers graphique du prince punk, images honnies se hissant ainsi au rang d’œuvres d’art. Prince poursuit d’une certaine manière le geste souvent renouvelé du ready-made en se jouant de la législation actuelle.

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Richard Prince Untitled (original), 2009 Original illustration and fabric, framed (104,1 x 83,8 cm) © Richard Prince, photo by Rob McKeever, courtesy of Gagosian Gallery

Untitled (party), 1993 Ektacolor photograph (42,5 x 52,7 cm) © Richard Prince, courtesy of Gagosian Gallery

Untitled (original), 2009 Original illustration and paperback book (86,4 x 88,9 cm) © Richard Prince, photo by Rob McKeever, courtesy of Gagosian Gallery

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Richard Prince

“un tirage de la série « Cowboys » a rapporté à l’Américain la ronde somme de 3 400 000 dollars.”

(qui peut vraiment se permettre de détourner une œuvre déjà existante sinon un artiste star ?) sont devenus la marque de fabrique de Prince. Et ça paye : dans une vente aux enchères en 2007, un tirage de la série Cowboys a rapporté à l’Américain la ronde somme de 3 400 000 dollars. En quittant l’expo, une salle de lecture permet de visionner sur iPads, seuls éléments high-tech de l’expo, les anciens catalogues consacrés à l’artiste bien scannés page après page (merci les stagiaires). On en profite aussi pour savourer l’irréprochable bande-son diffusée dans les salles (de Sonic Youth à Nico en passant par Neil Young, The Byrds, Lord Buckley ou The Fugs…) ; on se retrouve en quelque sorte dans le salon de Prince où les bouquins se lisent et s’accumulent sur fond de musique, de sexe, de soufre et de rock n’roll.

Cote « flagellation »

BNF oblige, l’expo présente des œuvres-clés de la littérature américaine de 1949 (année de naissance de l’artiste et année de publication de 1984 de George Orwell) à 1984 justement. Prince a demandé aux conservateurs de sortir des rayons tout ce qu’ils contenaient de romans pulp et assimilés, les cotés "EL" pour "Extension Libre" et autres "Y2 90000", cote spéciale à la BNF destinée à regrouper les livres érotiques et pornographiques. Il les enveloppe d’acétate et leur imprime un léger décalage au pinceau, le plus souvent à la peinture noire ou blanche. Ici, le masque d’une infirmière reprend sa place sur son nez ; là, le foulard du cowboy est remonté sous les yeux, changeant ainsi très subtilement l’interprétation, tantôt salace tantôt violente, de l’image proposée. Ces petits décalages, efficaces parce que ultra transgressifs

Richard Prince — American Prayer ≥ Bibliothèque nationale de France 11, quai François-Mauriac Paris 13e Jusqu'au 26 juin 2011

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Paris la Nuit  VLF • vlf-work.com



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la bonne ombre ® Norine Raja Ω Thomas Laisné & William Beaucardet

Bak

chapeau melon et gant de cuir

Avec ses verres fumés à monture or, ses rouflaquettes et son chapeau 70’s, Bak semble tout droit sorti d’un épisode de Derrick ou de Shaft. Détrompez-vous, c’est un businessman averti et le physio du Baron, le club dont tu t'es peut-être une nuit vu refuser l'entrée (ou pas). Rencontre avec une figure

au compte-gouttes car le lieu est assez petit. Pour moi, le Baron c’est un peu l’annexe de SainteAnne. Je choisis les gens qui ont l’air d’avoir un brin de folie, les personnes un peu décalées avec une âme artistique. Avec le temps, j’ai appris à les détecter.

de la nuit parisienne. Quelles sont les qualités d’un bon physio ? Depuis combien de temps travailles-tu comme physio au Baron ?

Cinq ans environ. à l’époque, j’effectuais une licence de sciences économiques et sociales à la fac. Pour me faire un peu d’argent, j’accompagnais des Dj en boîte de nuit. Une aubaine pour se faire des contacts et constituer son carnet d’adresses. Un soir, j’ai rencontré Lionel et André, les créateurs du Baron. Ils m’ont révélé leur intention d’ouvrir un nouveau bar à Paris. Ils voulaient m’engager comme physio car j’avais la réputation d’être une personne calme sachant gérer les conflits. Au début, je donnais juste des coups de main de temps en temps. Mais rapidement, j’ai eu envie de passer à la vitesse supérieure.

être au petit soin avec ses clients. Il m’arrive de prendre des mecs bourrés pour qu’ils ne rentrent pas en voiture. Avoir le sens de l’accueil est aussi primordial. Quand je refuse quelqu’un, je dis tout le temps : « Je suis désolé, mais je n’ai pas le plaisir de vous connaître ». Bien sûr, il faut savoir gérer les conflits. Les refus rendent les gens nerveux. Parfois, ils cherchent délibérément à vous faire sortir de vos gonds. J’ai déjà reçu des insultes racistes. Généralement, je prends ces personnes à partie devant tout le monde pour leur montrer la gravité de leurs propos. Et à la fin, je leur dis merci pour les déstabiliser, les mettre bien mal à l’aise. A contrario, certaines personnes te font des courbettes…

Comment sélectionnes-tu les « heureux élus » qui entrent au Baron ?

Il n’y a pas de client "type" au Baron. Tu trouves des gens de tous les horizons. Mais c’est une boîte de potes à la base, un club privé. Les habitués ont donc la priorité. Ensuite, la sélection se fait

Les gens sont prêts à tout. Certains restent très longtemps à l’entrée dans l’espoir de pouvoir entrer. D’autres se mettent dans des états incroyables s’ils se font refouler. Ils sont capables de pleurer ou même de te supplier. C’est complètement disproportionné. Sans oublier ceux qui Nuit

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Bak

“Certains clients, parfois des PDG de grandeS entreprises, me racontent leurs problèmes de couple.” t’offrent des billets d’avion, de l’argent pour avoir tes faveurs. Bien sûr, je refuse. Dans ce milieu, il ne faut jamais se faire acheter. Avant de travailler dans le milieu de la nuit, c’était un monde que tu ne fréquentais pas du tout. Comment

On peut dire que t’es un « branché » maintenant…

Lionel et André m’ont appris les codes de la nuit. Au début, je ne pensais pas faire partie de ce monde-là. Et puis, quelques années après, tu réalises que si. Mais on m’a accepté sans difficulté. Publicité pour The Kooples, apparition dans Tout ce qui brille, interviews… Tu es très sollicité. Comment expliques-tu cela ?

Je ne réalise pas. J’ai l’impression que je vais retourner à la fac demain pour rendre mon rapport de stage dans la "vie active". Même quand on m’a contacté pour faire mon portrait dans Libération, je ne me suis pas rendu compte de la chance que j’avais. Je pense que j’ai une bonne étoile. Mais je sais que c’est un milieu où le succès est éphémère. Quelle est ta plus grande réussite ?

Avoir créé ma boîte de sécurité, Main de fer et gant de velours, avec mon pote d’enfance Fabrice. On voulait vraiment changer l’image du physio, celle du mec antipathique avec son blouson Schott et ses gants en cuir. Il y a des gens intelligents, classes et sympas aussi dans notre profession. Après tout, nous sommes un peu des artistes de la nuit. Chaque soir, on essaie de faire le plus beau tableau, de créer une atmosphère. Et si tout le monde rigole à la fin de la soirée, c’est qu’on a réussi notre pari.

vois-tu cette expérience a posteriori ?

Effectivement, c’était complètement nouveau pour moi. Je n’étais sorti que deux fois en boîte. Et aujourd’hui encore, je sors très peu le soir. Mais cette expérience professionnelle m’a vraiment assagi. Je suis plus zen. J’ai aussi beaucoup appris sur l’être humain. La nuit, les gens sont différents. Ils sont plus vrais, se confient facilement à toi. Certains clients, parfois des PDG de grandes entreprises, me racontent leurs problèmes de couple. Parfois, ils me demandent même des conseils. Je suis au courant de beaucoup de secrets (rires). 18 —

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Bak est tous les soirs à la porte du Baron ≥ 6, avenue Marceau Paris 8e


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la bonne bouffe ® Stéphanie Antoine Ω Bruno Hassen & DR

Qu’estce qu’on mange cette nuit ?

L’Aubrac, l’authentique. On vient à quelle heure ?

La maison de l’Aubrac accueille les fêtards 24h/24, alors pas d’inquiétude, on ne se presse pas, on prend son temps et on commande de la véritable viande de l’Aubrac ! Qu’est-ce qu’on mange ?

C’est LE restaurant de la table aveyronnaise, c’est donc sans surprise que le menu est habité par l’authenticité de la région. Les viandes sont issues des troupeaux du propriétaire et les charcuteries en provenance de Laguiole sauront venir à bout des plus incroyables fringales nocturnes. Si c’est la tendresse que l’on cherche, on se rue sur l’impeccable aligot, puis on rentre seul.

Il n’y a pas que les kebabs dans

≥ La Maison de l’Aubrac, ouvert 24h/24.

la nuit ! Des bistrots qui servent

37, rue Marbeuf Paris 8e

après 2h du matin de l’aligot pour mieux repartir ou une bavette-

La Tour Montlhéry, l’historique.

frites avant de dormir ? à Paris

On vient à quelle heure ?

c’est possible. Le Bonbon Nuit

généreuses, ouvertes de jour

Ici on vous sert à manger jusqu’à 5h du matin. Cette institution ouverte il y a 42 ans et tenue d’une main de fer par Denise - si bien qu’on l’appelle Chez Denise - vous transporte dans les halles d’autrefois, où la "bonne bouffe" était l’ingrédient clef de la convivialité.

comme de nuit. Pas de bio, pas

Qu’est-ce qu’on mange ?

de graines germées ni même de

Ce bistrot de nuit vous propose une carte traditionnelle : charcuterie, côte de bœuf, rognons… la meilleure façon de dormir d’un sommeil lourd. On reprendra le régime au lever du jour !

s’est affamé et est parti le ventre vide à la recherche de tables

salades, l’appétit des oiseaux de nuit se veut féroce !

≥ La Tour Montlhéry / Chez Denise, service jusqu’à 5h. 5, rue des Prouvaires Paris 1er Le Tambour, le plus sympathique. On vient à quelle heure ?

L’établissement de la rue Montmartre sert jusqu’à 5h. Le lieu ne mise pas sur la musique pour mettre l’ambiance mais sur les clients de nuit, toujours de bonne humeur. L’atmosphère est rythmée par le bruit des couverts et des verres qui ne désemplissent pas. Gros rush à 2h quand les bars de la rue ferment leurs portes. Le parfait spot quand on a oublié de dîner après l’apéro ! Qu’est-ce qu’on mange ?

D’après le Tambour, la nuit à Paris on ne mange que des frites, des frites et des frites. Pourtant, certains se risquent à la cuisine d’autrefois : rognons au madère ou escalope normande… ≥ Le Tambour, service jusqu’à 5h. 41, rue Montmartre Paris 1er 20 —

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Qu'est-ce qu'on mange cette nuit ? La Cloche d’Or, le repaire des artistes. On vient à quelle heure ?

Bien connue des clubbeurs du 9e mais surtout des artistes affamés après leurs représentations éreintantes, la Cloche d’Or brasse depuis des décennies une clientèle de couche-tard. Ses murs se souviennent des nuits interminables de bavardages et de marivaudages des Cocteau, Piaf et Cerdan. Aujourd’hui, la clientèle se cale dans les banquettes et contemple les photos dédicacées accrochées au mur. Qu’est-ce qu’on mange ?

Entrées chaudes, entrées froides, viandes et poissons, on risque de s’endormir avant que toute la table n’ait fait son choix. Pour plus de rapidité, autant partir sur la côte de bœuf à la moelle ou sur la pièce de Chevillard pour deux personnes. Si le cœur vous en dit et que l’estomac assure, on tente le camembert rôti ou le chausson de foie gras à la périgourdine. Sinon, la soupe à l’oignon tient ses promesses et vous garantit un réveil sans maux de tête ! ≥ La Cloche d’Or, ouvert jusqu’à l’aube. 3, rue Mansart Paris 9 e Au Pied de Cochon, la brasserie mythique. On vient à quelle heure ?

Immense brasserie parisienne avec carrelage, banquettes rouges, terrasse spacieuse et stand de fruits de mer, le Pied de Cochon est la cantine nocturne par excellence. Ouverte de jour comme de nuit, il est ici toujours possible de satisfaire nos si étranges et irrépressibles envies d’huîtres. Qu’est-ce qu’on mange ?

Des fruits de mer donc, mais aussi l’irremplaçable pied de cochon, que beaucoup n’osent manger qu’une fois la nuit bien avancée. Tartare, andouillette, choucroute, pavé de rumsteak, religieuse au chocolat, crêpes au Grand Marnier, ici on ne fait pas sa fine bouche et on croque à pleines dents dans des assiettes bien garnies ! ≥ Au Pied de Cochon, ouvert 24h/24. 6, rue Coquillère Paris 1er Autres adresses de nuit : ≥ La Poule au Pot : 9, rue Vauvilliers Paris 1er ≥ Les Filles de Paris : 57, rue Quincampoix Paris 4e ≥ L’Alsace : 39, avenue des Champs-Élysées Paris 8e ≥ Le Grand Café : 4, boulevard des Capucines Paris 9 e ≥ L’Atelier : 95, boulevard du Montparnasse Paris 6 e ≥ Le Départ Saint-Michel : 1, place Saint-Michel Paris 5e Nuit

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le bon producteur ® Violaine Schütz Ω Yann Stofer & Trafik

Mondkopf Électro lunaire

Il y a deux ans, Mondkopf, tout juste 20 ans, s'im-

Quelles sont les plus grosses différences entre ce

posait comme la révélation électronique française.

disque et ton premier, comment vois-tu ton évolu-

Entre electronica, dub et techno élégiaque, sa

tion ?

musique évoquait un Brian Eno 2.0. Après quelques

Tous les morceaux de ce dernier album ont été faits dans un laps de temps assez court, tout a été plus ou moins taillé dans une même pierre… L'exact inverse du premier album en fait ! Il y a du coup une énergie bien différente, j'ai l'impression qu'on ressent plus directement mon impulsion à m'exprimer par la musique.

DJ sets et live aussi mentaux que percutants, il sort son deuxième album, Rising Doom, un disque influencé par la transe de la rave et la noirceur du black métal. Une réussite. D'où vient ce nom, Mondkopf ?

Je ne parle pas du tout allemand mais par curiosité j'ai demandé comment se disait "tête de lune" pour nommer un petit personnage que je dessinais au lycée et j'ai trouvé que ça sonnait bien, tout simplement. Quand as-tu commencé à faire de la musique, et pourquoi avoir choisi l'électronique ?

J'ai commencé au collège sur un logiciel assez nul, surtout conçu pour faire de la dance alors que je voulais faire des instrumentaux hip-hop. Puis j'ai découvert des labels comme Warp, Planet-mu, Skam et mon son s'est orienté vers l'electronica. Je n'ai jamais appris à jouer d'un instrument donc c'était un moyen pratique pour moi de maîtriser ces logiciels avec plein de synthés et de boîtes à rythmes.

Quelles sont tes plus grandes influences musicales (et pas seulement) ?

J'ai vécu des histoires d'amour avec le hip-hop, avec la musique électronique, la musique contemporaine minimaliste aussi, mais depuis peu, avec la techno assez radicale que je joue et le black métal à la maison, c'est le Malin qui me dicte ce que je dois écouter… Quand on te demande à quoi ressemble ta musique, tu dis quoi ?

C'est devenu encore plus difficile qu'avant pour moi de la décrire. Je fais de la musique électronique pour exprimer des émotions, dessiner des atmosphères ou des ambiances. Je ne me limite pas à une forme particulière. Un journaliste a dit que j'essayais peutêtre de faire se rejoindre le ciel et la terre. Nuit

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Mondkopf

“Ce qui se passe dans le monde est naturel, c'est l'angoisse que cela crée qui m'influence.” D'où te vient cet attrait pour un certain mysticisme, tu allais à la messe petit ?

Pas du tout ! C'est seulement récemment que je me sens concerné par l'idée de la foi, dans son côté le plus général et symbolique. Mais en dehors des dogmes, juste le principe de ce qui fait tenir les gens en ce monde. Sur Rising Doom, il y a un côté "transe", pourtant tu n'as pas connu les raves ?

Non en effet, mais les sons, les mélodies, la puissance que cette musique transmet me plaît beau24 —

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coup ! Ça peut sembler très "abusé" parfois mais ce côté premier degré me touche. Mes Dj sets sont plus techno que transe mais j'essaie d'y créer aussi cette énergie et cette émotion très directe que j'associe à l'idée de la rave. Rising Doom, ça pourrait être le titre d'un album de métal, et la typo du disque est très gothique, tu aimes les choses noires ?

Je crois que je suis plus à l'écoute de mes démons personnels qu'avant, ils me tirent vers l'obscurité. C'est cliché, je sais… Il y a un sentiment d'angoisse quasi apocalyptique sur ce disque, tu es influencé par ce qui se passe dans le monde en ce moment ?

Ce qui se passe dans le monde est naturel, c'est l'angoisse que cela crée qui m'influence je crois. La peur est la matrice de l'apocalypse. Pourquoi avoir choisi d'accompagner la sortie de ton premier single d'un fanzine ?

Je voulais construire un univers autour du disque en faisant travailler l'imagination d'autres personnes, faire parler ceux qui ont participé à la construction de Rising Doom, des gens qui me semblaient pouvoir interpréter le concept de manière intéressante. L'idée d'un fanzine est très vite apparue évidente. De la même manière que je fabriquais mes premiers albums "maison" pour les donner à mes amis, c'est simple et spontané. C'est du coup la première sortie de In Paradisum, qui va être mon label au sein de Fool House. Le fanzine accompagne le single de l'album : un CDR qui contient 4 titres inédits dont 3 qui ne seront pas sur l'album et qui ne sortiront pas non plus en digital. Il y a aussi des poèmes, des nouvelles, des réflexions, des captures d'écrans, des affiches de films qui n'ont jamais existé, ça va de Cioran à Futurama, tout ça en rapport avec le titre de mon album.


Mondkopf

C'est une chouette qui illustre la pochette de ton disque, tu te vois comme un oiseau de nuit ?

Non justement ! J'ai peur des chouettes, leurs hululements dans les bois m'empêchent de dormir quand je suis à la campagne. Je suis quelqu'un d'assez diurne finalement, je me lève assez tôt le matin pour profiter de la journée, je veux peut-être être vite sûr qu'il y a un lendemain… Ta nuit idéale ?

cherche vraiment à établir une connexion entre les gens avec la musique, il faut que ce soit puissant et mélodieux, mais vous pouvez vous attendre à tout… ou rien. Tes adresses fétiches à Paris ?

- Tous les parcs municipaux ! On y voit le cours des saisons à Paris. - Le Souffle continu, mon disquaire préféré. - Le Point FMR, une ambiance trop rare à Paris.

Ça correspond plus à des moments : boire un thé, et m'endormir en regardant Kiki la petite sorcière, les lumières qui s'allument avec un pincement au cœur en fin de Dj set… Que peut-on attendre d'un live et d'un Dj set de Mondkopf ?

Rising Doom Fool House / La Baleine

C'est compliqué à expliquer, c'est quelque chose de très personnel je crois. La base est techno, un côté rave, mais je ne me mets aucune barrière, je

≥ Release party le 18 mai au Rex Club avec Tommy four seven, Emptyset et Qoso, entrée libre

Nuit

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le bon en arrière ® Marine Goutal Ω Brassaï

Brassaï

Voyageur au bout de la nuit « La nuit parisienne comme objet photographique. » Cette formule résume assez bien l’œuvre du photographe d’origine hongroise Brassaï, associée pour toujours à l’esthétique surréaliste. Retour sur un

et de Robert Desnos, drogués notoires, il n’était pas question de mener une existence bourgeoise, ces différentes sorties leur permettant d’oublier la misère.

pionnier.

Brassaï, un nom devenu culte. Mais son œuvre aujourd’hui célébrée s’est construite sur une série de contradictions. Parmi celles-ci, l’idée un peu folle qu’a eue l’artiste de mettre à l’épreuve les possibilités techniques de la photographie qui, dans les années 1920, est encore une invention récente. Pour embrasser la "nuit" en images, Brassaï a beaucoup travaillé. Car comme l'indique l'étymologie, photographier c’est « écrire par la lumière ». Autre contradiction, Brassaï qui figure au panthéon des photographes parisiens, a jeté sur Paris son regard "d’étranger", à la fois familier et distant. Sublimation de la nuit parisienne, les photographies de Brassaï prennent part au fantasme d’un artiste apatride et bohème, ayant quitté la Hongrie pour Berlin et l’Allemagne pour Paris, et trouvant finalement en Paris son refuge. Né en Hongrie au tournant du vingtième siècle, Brassaï s’installe à Paris en 1924. Ce n’est que dans les années trente qu’il se consacre réellement à la prise de vue. Avant d’entrer en photographie, l’artiste, vivant à Montparnasse, menait une existence "d’éclaireur", c'est-à-dire qu’il passait ses nuits à boire et discuter, en changeant régulièrement d’établissement. Habitué du Sélect, bar de nuit fréquenté par Hemingway, il se rendait dans des établissements encore cotés aujourd’hui comme le Dôme. Toutefois, aux côtés d’Henri Michaux 26 —

Nuit

Ayant vécu de quelques expédients comme la vente de clichés et la réalisation de fresques pour des particuliers, à partir de 1930, il prend possession de ses thèmes : portraits, scènes de la vie quotidienne, mais c’est dans la prise de vue nocturne qu’il excelle. Sous son objectif, la banalité de la vie quotidienne : architecture, phénomènes climatiques et "tronches" se trouvent transfigurés via les opérations de cadrage et de réglage qui lui permettent de se livrer à une recréation des volumes et des formes. Chaque nuit ou presque, Brassaï sillonne ainsi Paris, son matériel photographique sur l’épaule et capte le clignotement des phénomènes lumineux, candélabres, ampoules de fêtes foraines que le flash au magnésium de son appareil imprimera dans un violent éclair de lumière blanche sur le papier sensible. Brassaï s’est immergé dans une pratique de la photographie de nuit en s’attachant à révéler la beauté étrange dont les choses se trouvent parées une fois vues de nuit. Mais surtout, cette plongée lui a permis de traquer les traces sécrétées par les marginaux, comme les graffitis, et de documenter les sociabilités marginales des voyous et des belles de nuit, d’un « monde secret et maléfique » pour reprendre ses mots, que seul le processus de dérive dans la ville lui permettait d’atteindre. Une pratique de la dérive parisienne nocturne, de Nerval aux situationnistes, dont l’histoire reste à réécrire.


Nuit

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la playlist de Ω Stéphane Hervé

We are Enfant terrible

1

Peru Peru - Au pral (Jean Barberis EP)

Un bijou entre Blonde Redhead, Pavement et les Beach Boys. 2

Toy Selectah - El sabanero raver

ça donne envie de payer sa tournée de tequilas frappées !  3

LCD Soundsystem - Get Innocuous

Le roi est mort, vive le roi !

4

Yacht - Summer Song

Une chanson parfaite pour toutes les saisons.

5

Étienne Daho - Amoureux solitaires (Siskid remix)

Un classique revisité par un DJ-producteur de génie, qui en fait un hymne du dancefloor. 6

ça fait un petit moment déjà

Tiga - Sunglasses at Night (Alter ego remix)

Notre premier album sort sur le même label (Last Gang Records) que Tiga. J'aimerais que ce soit mon épitaphe :)

qu'on suit le trio We Are Enfant Terrible qui avec son électro rock

7

explosif a répandu la rumeur

Un morceau qui, étrangement, ne prend pas une ride.

Robots in Disguise - La Nuit

live. Après leur EP Wild Fish et le single Flesh 'n' blood Kids, le groupe sort son premier

8

album chez Last Gang Records,

Une délicieuse version krautfunk d'un hymne électropunk. Magique !

Explicit Pictures. Brillant et

Duchess Says - Black Flag (Emperor machine remix)

terriblement dansant. Clotilde, leur charismatique chanteuse,

9

également Dj à ses heures au

On fait bientôt une tournée en Allemagne avec ce groupe australo-américain complètement dingue et génial.

sein du duo Alex & Annie, nous

The Death Set - Slap Slap Slap Pound Up Down Snap

fait sa playlist. —

10

Le 11 mai à la Boule noire

Un message 8 bit à caractère informatif.

Explicit Pictures Last Gang / Naïve www.weareenfantterrible.com

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The Funky Fingers - La SNCF c'est des cons


la bonne séance ® Xavier Magot Ω DR La Solitude des nombres premiers de Saverio Costanzo 8/10

Dès l’ouverture, le constat est sans appel. L’Italie a enfin retrouvé un auteur digne de revitaliser un cinéma aujourd’hui laissé en friche. À cheval sur quatre époques, cette "solitude" suit, de 1984 à nos jours, le destin de deux égarés amenés à se croiser inlassablement. Ce récit, toujours trouble grâce à son angoisse sous-jacente, nous mène par le bout du nez sans jamais ménager sa tension. Adapté du best-seller éponyme de Paolo Giordano, le film ne se résume pas à son intrigue, mais parvient avant tout à révéler un style et donc un auteur fulgurant. Ici le message est clair, l’enfance définit irrémédiablement l’humain jusqu’au moment où il parvient enfin à en faire son deuil et s’accepter en tant que tel. Une œuvre âpre et intense à découvrir ! ≥ Sortie le 4 mai La Ballade de l'impossible de Tran Anh Hung 6/10

Révélé durant les années 1990, Tran Ahn Hung est arrivé aujourd’hui à une maîtrise totale de son art, il délivre avec cette "ballade" un film visuellement époustouflant où la sensation est à chaque plan présente. Le film met en scène l’éclosion du désir de jeunes adultes sur fond de révolution culturelle au Japon. Watanabe, étudiant fraîchement débarqué à Tokyo, retrouve Naoko qu’il n’avait pas revue depuis le suicide de leur ami commun Kizuki. Ils deviennent à leur tour amants mais Naoko souffre de plus en plus du deuil alors que Watanabe se résigne à tomber dans d’autres bras. Emprunt de nostalgie 60's et faisant la part belle au non-dit et à la contemplation, ce film d’une beauté rare pourra néanmoins paraître un peu longuet aux moins habitués. ≥ Sortie le 4 mai Play a song for me d'Esmir Filho 9/10

Dans un village perdu au fin fond du Brésil, Tambourine Man, 16 ans, trompe son ennui grâce à son blog et à son amour pour la poésie. Fan absolu de Bob Dylan, il rêve en secret de la fille qui poste jour après jour ses vidéos sur son site. Mais bientôt le retour au village d’un sombre inconnu va raviver des souffrances que beaucoup tentaient d’oublier. Mystérieux et introspectif, le premier film du jeune Esmir Filho est certainement l’un des plus beaux exemples de cinéma 2.0. Avec un dispositif proche de l’art contemporain, le réalisateur brésilien nous fait avancer à tâtons le long d’un couloir brumeux où morts et vivants, réel et virtuel, technologie et ruralité se télescopent à l’envi pour définir l’univers mental d’un adolescent d’aujourd’hui. Le cinéaste réalise le meilleur film de fantômes depuis bien longtemps. ≥ Sortie le 25 mai Nuit

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la bonne parisienne d'adoption ® Clay Jeremiah Joyce Ω Gabriel Lahanque

Chew Lips Très chou

Mon amie Pauline m’avait dit : « Viens, il y a un nouveau groupe super qui joue à la Boule noire! ». Deux ans plus tard, je retrouve Tigs, la chanteuse de Chew Lips, le groupe électro-pop d’outre-Manche qui vit en France. à la terrasse de Chez Jeannette, le soleil brille, il fait chaud, ce sera un café pour elle, un verre de Monbazillac pour moi et un Gin Tonic pour le photographe. Que vient-il de se passer en Pologne pour l’ouverture de votre tournée européenne ?

D’un coup ma voix s’est cassée. Je me suis retrouvée à 10 heures du soir dans un hôpital de Varsovie, ambiance glauque avec longs corridors, et tout ce à quoi je pensais, c’était « merde, j’ai pas d’assurance santé ! ». On m’a injecté dans la fesse un cocktail de stéroïdes qui n’a pas marché. C’est la première cigarette que je fume depuis une semaine et demie. Maintenant ça va, je peux émettre des sons correctement. Peux-tu me parler de votre public parisien et de votre expérience ici ?

On a fait le Pop In, le Showcase, endroit sympa mais rempli de crétins, le Point FMR et la Boule noire. On a fait deux sets promo aussi, un à Uniqlo et l’autre à l’Apple Store Opéra. C’était pas terrible, j’adore Apple mais on n'a même pas eu le droit à un Ipad gratuit et puis les conditions étaient nulles. Aucun matos son ! Un complet désastre. Le lendemain, on était programmé à Rock en Seine ! Je vis maintenant à Paris depuis décembre. J’ai 26 ans et j’avais envie de changer 30 —

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d’air, vivre autre part qu’en Angleterre et puis j’ai rencontré un Parisien. Cela dit, mon français est carrément pourri et je dois avouer que je trouve les Français très étranges : bien plus gentils que je ne l’imaginais, mais c’est comme s’ils refusaient de l’admettre, ils sont gentils en secret. Les Parisiens sont sombres aussi et ils se prennent tellement au sérieux quant aux vêtements qu’ils portent. J’adore la mode française mais ça n’a pas l’air très fun à porter. Les Françaises en particulier. Elles cherchent à se vieillir. C’est l’inverse à Londres, je ne sais pas quelle attitude convient le mieux. Et puis ici tout le monde grille le métro, tout le monde s’en fout. Votre premier album sorti en janvier 2010 s’appelle Unicorn et les textes de tes chansons s’apparentent souvent à de la poésie, peux-tu me parler de votre univers ?

On s’est tous trois accordés sur le fait qu’on aimait bien ce mot alors ça paraissait évident d’appeler ainsi notre album. Comme c’est le premier, on peut dire que c’est un album de "kidults" (adulescents, ndlr), c’est pour ça que je chante beaucoup à propos de la frustration, l’espoir, les signes qu’il faut suivre, l’impatience. Il y a des chansons sombres aussi comme Gold Key. Car il peut faire sombre dans ma tête ! Mais je n’écris pas de chansons politisées et je n’aime pas non plus parler des tracas du quotidien. Parlons un peu de vos clips. Sur votre site, on peut voir une nette différence entre la vidéo pour Play


Chew Lips

Together, celle de Salt Air qui est très arty et enfin Karen qui fonctionne comme un vrai court-métrage.

C’est super dur de faire un clip. Il faut pas mal d’argent et vouloir se coltiner la vision d’un réalisateur qui va te dire : « Attends, j’ai une vision, toi dans une usine désaffectée, ça va être une vraie performance vidéo ». Cela dit, je rêverais de bosser avec Spike Jonze. Bref, on a toujours plus ou moins une vague idée de ce que l’on attend du clip, en l’occurrence avec Karen, on a fait appel à l’équipe des clips de Florence and the Machine, Tom Beard et Tabitha Denholm de chez Partizan, pour créer une atmosphère où rien ne se passe vraiment, en s’inspirant du travail de Nan Golding et du clip Sunday de Sonic Youth.

également El Guincho, un artiste de Barcelone. Son album Pop Negro est génial. On a également repris pour des shows radio anglais Empire State of Mind de Jay-Z et une chanson de Carly Simon, une chanteuse américaine des années 1980 mais jamais en concert, je devrais le faire. Quels sont vos projets à venir ?

Finir notre tournée européenne par une date au Bush Hall à Londres. Je rejoins les autres demain matin à Vienne. Et puis notre deuxième album, que j’ai fini d’écrire et que l’on enregistrera à Londres probablement, après la tournée. J’aimerais bien le faire à New York ou à la Barbade, message à Rihanna et Jay-Z ! En exclusivité, je peux te dire que l’album portera un nom français.

Il y a des artistes avec lesquels tu aimerais collaborer ?

Rihanna ! Je vais aller la voir à son prochain concert ici. J’aimerais bien travailler avec elle mais elle va peut-être dire : « Chew who ? ». J’aime beaucoup

Chew Lips — Unicorn Believe Digital

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le bon look Ω Amélie Chassary 7 Anthony Lee Watson

Coco DJ Le 28 mai aux Disquaires 6, rue des Taillandiers Paris 11e Chemise Hugo Boss - Veste Georges Rech - Jeans Uniqlo

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Le Bon Look

Aurore Monteuse Veste Georges Rech — Illustration Nicolas Nemiri Lieu Bar Les Taulières

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Les bons spots ® Thibaut Victor Ω Magali F. Fouquet & Hélène Iodtschin

Le retour des squats Le dieu de l'underground n'est pas enterré sous le clubbing institutionnel. Son nouveau temple ? Le squat. Petit tour d'horizon de ces lieux cachés où on peut faire la fête en secret.

Pas de panique. Le revival punk allemand à la Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée n'est pas d'actualité. Le squat 2011 reste happy et organisé. Fin de party pour le clubbing d'attitude, autres guest-lists pour happy-fews et bières à 9 euros. Une autre nuit est possible : libre, sans sélection à l'entrée, gratuite ou presque - entrée libre ou à 5 euros, bière à 2 euros en moyenne. Pour pénétrer le réseau, on se rend sur le site www.intersquat.org ou lamiroit.free.fr. La Miroiterie est la valeur sûre de Ménilmontant et sa prog s'annonce toujours passionnante, de concerts noise en expos underground. Avant de se connecter ailleurs… Désenclaver la nuit

Dans le 10e, le squat à la mode c'était, jusqu'à il y a quelques jours, le XIII. La nuit tombée, un seul objectif pour le collectif OXIII, réuni au départ « autour d'une réquisition d'un immeuble au 13, rue d'Enghien et désormais infiltré un peu partout dans la capitale », comme ils le disent eux-mêmes : désenclaver les tribus parisiennes et créer de nouvelles connections. En février au 08 - squat royal du OXIII -, on assistait ainsi à un concert des sublimes Neonbirds et à des extraits, en avant-première, du magnifique album d'Alister. à côté des habitués du Baron, des cailles entrent avec leurs bouteilles. Ça déferle. De la frange. Du punk. Du moche. Du beau. De la fourrure. Du cuir. Des clopes. Des clopes. Des clopes. Ça chante  : « Je 34 —

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Le retour des squats vous promets n'importe quoi, demain je serai mort ». On ne s'est pourtant jamais senti aussi vivant. La hype qui s'ennuie s'est réveillée au son de l'underground. Quelques semaines plus tôt, l'über-branchée revue Entrisme y fêtait d'ailleurs son dernier numéro. Succès garanti. Marc Zeller du collectif OXIII est actuellement à la recherche d'un nouveau squat et nous fera savoir quand il sera trouvé. Ambiance "welcoming", débordements et catacombes

Le site Die Nacht (dont on a parlé dans le Bonbon Nuit 5) a fait les frais de l'esprit "squat" peu après, lors de sa soirée Dirtyground. Le sol était noir de monde. La soirée s'est fait gazer. Mais les flics ont respecté l'esprit du lieu : pas de sélection à la sortie. Le 08 ferme ses portes. Mais du neuf se prépare… Autre réseau, la Gare aux Gorilles (métro Corentin-Cariou) connaît les risques : décision de justice en attente. L'espace de libertés créatives continue sa prospection arty : concerts - la récente Dusk'til Dawn aux groupes électriques, performances, expos. Ce squat au cachet incroyable - petite maison, canapés sur cour parfaits pour le printemps, ambiance "welcoming" et rock, mais pas que - ferme désormais à 22h, vendredi et samedi uniquement. Respect de la voisine oblige. Le Château Pirate (République) a lui aussi décidé de stopper les soirées tardives suite aux débordements. L'aventure continue sous terre pour de confidentielles soirées "cataphiles", dans les catacombes s'entend. Fermées au public, les catacombes peuvent être néanmoins visitées sur une minuscule portion et sont ouvertes pour des "touristiques" qui donnent lieu à d'immenses fêtes souterraines. Le musée officiel accueille le public depuis le XIXe siècle. Ouvrez vos oreilles ou revenez à la lumière : galerie CCA, rue de Turenne ; ateliers, expos, théâtre au 15, rue Saint-Charles ; ou au Théâtre de Verre, rue la Chapelle. Ici ou ailleurs. Nuit et jour. Dance to the underground.

www.catacombes-de-paris.fr www.intersquat.org

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le bon dj ® Michael Pécot-Kleiner Ω Denys Beaumatin

King Sabbah dj métaphysique

« L'inconscient, disait Deleuze, n'est pas un théâtre mais une usine. » Cette sentence du philosophe pourrait aisément se vérifier avec King Sabbah, tant l'énergie de celui-ci échappe à toute forme de représentations réductrices et trop névrotiques. De l'autre côté du miroir et à ses multiples points d'entrée, rencontre avec un insaisissable continuateur de la tradition des Dj inspirés et médiumniques.

Le temps pour King Sabbah ne signifie pas grand chose : difficile de vouloir faire connaissance linéairement avec un personnage dont la vie se déploie sur une géographie intensive, et non sur un axe chronologiquement borné. Plutôt que de le cerner avec des dates, la logique serait de voir les époques de son existence comme des espaces, des zones de transit ou de migration. Casablanca, Monte Carlo, Paris, New Delhi, New York dessinent dès lors les contours de sa cartographie individuelle, les chapitres de sa légende intérieure. Naissance on ne sait trop quand à Casablanca, jeune gigolo à Monte Carlo aux côtés de Franck Sinatra et de Tina Onassis, apprentissage de la mode chez Chantal Thomass à Paris, styliste de génie à New Delhi où il habille les stars de Bollywood et designe les costumes d'Air India, membre de la ultra hype new-yorkaise… Probablement né de l'union d'Apollon et de Dionysos, le Dj King Sabbah n'est pas seulement reconnu

pour sa musique, puisqu'il fut également un acteur majeur de la mode de ces 30 dernières années. « Plutôt que de parler du monde de la mode, je préfère parler du monde des images. » Le monde des images. Son troisième œil l'appelle à le transcender : « Paris se meurt d'amour et de tristesse d'être la capitale des Logos. Il est temps que l'on rentre en logothérapie. » Apollon est devenu paralytique, « notre univers, c'est du Findus », Dionysos doit reprendre ses droits. Et le son en est la clé. King Sabbah is DJing

« Faire un gros fuck aux normes conservatrices, mais avec un saphir au bout du doigt. » Sans doute, la musique permet-elle de déshabiller les gens qu'il a depuis si longtemps vêtus. Un premier disque produit à la fin des années 1980 par Tony Mansfield et promotionné par Paul Oakenfold sur le mythique label Sirius, une étroite collaboration avec Jean-Claude Gautier sur son single How to do that, des milliers d'heures de vol à jouer dans les clubs underground de New York et de Détroit, la fréquentation amicale de Tom Silverman (boss de Tommy Boy records) et de Mitchell Krasnow lui ont donné une vision aguerrie de l'art du DJing. « La loi du Dj, c'est de faire danser, mais il ne doit pas être un dictateur. Il doit aussi savoir s'effacer, car son job consiste à mettre à l'honneur l'esprit de ceux qui ont composé la musique… » Nuit

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King Sabbah

“J'aime cette légende aztèque qui disait que les volcans se réveillaient lorsque les musiciens devenaient trop soporifiques.” À la question sur la finalité du mix, il répond : « Le moment crucial dans Saturday Night Fever, c'est quand John Travolta mange une part de pizza et qu'il a aux pieds ses chaussures à talon. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il incarne à cet instant précis l'essence éternelle du clubbing : le Keep it real. » Ses disques comme autant de cartes de tarot, le médium Sabbah tire à chacun de ses sets éclectiques des variantes hip-hop, disco, funk, house, voire minimal, et dirige son public vers ce fameux "Keep it real" où les catégories sexuelles et sociales 38 —

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s'effacent en subvertissant la sclérose des images. « J'aime cette légende aztèque qui disait que les volcans se réveillaient lorsque les musiciens devenaient trop soporifiques… » King Sabbah est ce volcan-là. King Sabbah is DJing his life

Mais plus qu'une simple pratique derrière les platines, le DJing est pour lui une manière de vivre, mieux, une véritable ontologie. Il suffit de jeter un œil sur son book pour comprendre que King Sabbah scratche sa vie comme bon lui semble. Et bien que le Times India et le New York Times aient salué dans leurs pages sa fulgurante créativité, que le magazine Paper l'ait classé parmi les "intouchables" de la hype, ou qu'il fut désigné avec Paul Auster comme faisant partie des sept personnalités juives les plus importantes pour parler du 9/11, King Sabbah n'hésite pas à changer de disques quand les habitudes le blasent. Le voilà désormais de retour à Paris, posant sa voix pour Junesex sur le titre Fast food messiah, sculptant la magnétique disco déesse exposée dans la galerie Anne de Villepoix, collaborant avec Marc Collin de Nouvelle Vague ou organisant des soirées à l'Alcazar… Persistant dans sa folie, Claude Sabbah atteindra un jour, nous en sommes sûrs, l'ultime sagesse.

www.myspace.com/kingsabbah — Ses adresses L'Alcazar, 62, rue Mazarine 6 e Le Vortex, 56, rue de la Fontaine-au-Roi 11e Le Sneakers Café, 66, rue de la Fontaine-au-Roi 11e Le Napoléon, 73, rue du Faubourg Saint-Denis 10 e


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le casse bonbon ® Manon Troppo

Beaux yeux, cœur canaille Le soleil chante, les oiseaux brillent, les filles s’achètent des jupes et les garçons redeviennent galants dans les escaliers. Springtime, and the living is going to be easy. Ça faisait quelques semaines, déjà, que le Mansart m’avait volé mon coeur. J’étais tout bonnement tombée en amour pour ce bar que tout prédestinait à devenir le QG des beaux jours. Jean, l’homme au moins le plus cool de Pigalle, a décidé il y a peu d’offrir un petit frère au Sans Souci. Un petit frère qui veut pas tout faire comme l’autre, qui se distingue de lui avec sa propre personnalité, qui affirme sa grande terrasse et n’hésite pas à draguer les copines de l’aîné en lousdé. Il en a bien assez, des copines, l’aîné, vous m’direz. Le charme opérait d’autant plus que des collègues y avaient aussi élu domicile et que je me doutais que je tomberai sur des bonnes surprises. Je savais que tout allait être racheté alentour, et que bientôt, la foule que je fuyais plus haut, allait rabouler ici bas, mais pour le moment, j’étais bien. Bien comme tout. La dernière fois que je me suis installée à la terrasse, j’ai ressenti cette même excitation gamine, dans mes veines, que quand, après 9 heures de car, j’arrivais enfin au pied de l’immeuble où on séparait les filles des garçons, pour les dortoirs, en colo. Une sorte de bouillonnement innocent. Une fois les verres servis, le bouillonnement se transformait en joie totalitaire, tout était parfait, les gens souriaient d’une façon que même les pubs elles savent pas, les verres pleuvaient plus que 40 —

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chez Eddie Barclay. La béatitude qui m’a envahie alors a fait passer l'éden pour un vulgaire spa ; sans blague, il se passait quelque chose là bas, du MDMA dans les aérations, peut-être. Et tout le monde arborait ce même bien être contagieux. A la fermeture, j’ai même blagué avec le plus grand videur de la terre. Vous trouvez ça banal ? A quand remonte la dernière fois où vous avez vraiment ri avec un type qui n’attend qu’une chose de vous, c’est que vous dégagiez ? Tout était très Sébastien Tellier. C’était la fraîcheur. Mais, les années passent trop lentement et les heures, trop vite. Déjà, ça fermait. Avant le départ, je tiens à saluer ce serveur infernal. C’est pas commun, un serveur grisonnant dans nos lieux de prédilection. C’est encore moins courant un serveur grisonnant américain qui fait à moitié la gueule ; à moitié seulement. Avec ce David, originaire de Detroit, on distingue mal le lard du cochon ; un coup, il nous rembarre, après, il nous fait rire. Ca fait le grand 8 avec nos sentiments à l’intérieur. Et c’est charmant. La valse infernale des taxis peut maintenant commencer. Je me bats à moitié pour ne pas me faire chaparder ma place par des p’tits malins. Et ça se bat réellement derrière moi, entre gros durs qu’ont pas peur des petits minets. Pigalle, mieux que quiconque, m’a appris à faire profil bas ; je laisse pisser et je baisse les yeux. Parce que Pigalle, mieux que quiconque, m’a emmerdée jusqu’à l’os. À l’heure


Beaux yeux, cœur canaille où tout ferme et où les canailles voient défiler les bancs de poulettes éméchées, leurs hormones leur jouent des tours et, finalement, leur langue fourche. Toujours. Je suis passée de « wouah, les yeux ! » à « bonne » pour finir sur « pute » en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Et de « pute » à « viens là, j’te dis » en un claquement de doigts. Un peu gitane, j’arrive généralement à me les mettre dans la poche le temps de passer mon chemin, mais certains, plus coriaces, ont soulevé mes robes, touché mes cheveux et beaucoup, beaucoup abîmé mon peu de foi en l’humanité. C’est ce à quoi je pensais quand un des castagneurs s’approche et me propose slash m’ordonne de rentrer avec lui. Ça commence à être chaud cacao pour ma pomme, c’est pas le genre de type qui gère bien l’échec et pas non plus le genre de type avec qui j’aimerais effectivement terminer la nuit. Va falloir dire “non”, mais en douceur et pendant qu’il s’approche, ma tête n’arrive toujours pas à choisir entre les 3,4 répliques de secours. Là, comme dans un film 70s, une voiture freine à ma droite, une porte s’ouvre et une voix m’invite à m’échapper. Je rentre tout en lançant au voyou que je suis pressée et que j’ai rendez-vous. Je ne veux pas le vexer, vous comprenez, il y a 9 chances sur 10 pour que je le croise à nouveau, au même endroit, jeudi prochain. Et en reprenant mes esprits, je découvre un taxi détendu comme Bouddha qui me raconte sa vie depuis 5 minutes déjà. Le type est un peu maboule, pour ne rien vous cacher il a une “philosophie du taxi”, un credo qu’il m’expose de A à Z. Pour lui, une course doit être un moment de détente pure. Voilà pourquoi il met de l’argent de côté, il compte installer tout un tas de gadgets et transformer sa voiture en véritable temple de relaxation. C’est son métier, par ailleurs, « relaxateur ». - Je veux commencer par les fauteuils, évidemment. - ...Evidemment. Oui. ... C’est-à-dire?

- Les fauteuils, c’est le premier contact avec le client. Les fauteuils, il faut qu’ils soient accueillants et qu’ils massent. - Des fauteuils qui massent ? - Des fauteuils qui massent. Un système de petites billes intégrées au tissu, qui circulent de haut en bas, de droite à gauche, et vous êtes au paradis. - Ah ouais. Mais ça va vous coûter un bras tout ça. - Le plaisir du client n’a pas de prix. S’il est heureux, je suis heureux, et on passe un bon moment. - Oui, forcément, vu comme ça... - La vie est faite de plein de petits bons moments mis les uns à la suite des autres, vous savez? - Je crois, oui. Enfin, je crois que je sais, oui. - Après, j’installerai des lumières relaxantes. Ça sortira des appuie-coude, ça passera du bleu au vert. Ça vous rappellera les vacances. - Et vous allez nous mettre des compiles Nature et Découvertes aussi, ou quoi ? - Ah non, j’enregistre moi-même le son de la mer et du vent dans les feuilles. J’en ai là, j’allais vous le mettre. Ce mec est barge, me dis-je. Barge bien. Barge comme on voudrait en croiser plus souvent à Pigalle quand 1m90 de muscles convoitent votre petite culotte. - Mademoiselle, on est arrivés. Jamais je ne m’étais endormie dans un taxi auparavant. Notamment parce que j’étais bien trop occupée à m’engueuler avec eux. Il avait arrêté le compteur, attendu que le morceau Falaises d’Etretat se termine et m’avait ouvert la porte. Un peu droguée, je lui ai fait la bise pour lui dire au revoir. Et il m’a donné sa carte. Dessus, il y a écrit « Essayez la méthode, votre corps vous dira merci ». En effet, mon corps n’était plus qu’un géant remerciement. Mais le problème de la nuit à Paris c’est qu’elle est toujours trop courte.

Nuit

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les bonnes pages web Ω Violaine Schütz

Sorties virtuelles

J'y étais... Say Who

frais, on n'a rien à se mettre et

Regroupant les images de photographes qui sillonnent les fêtes les plus trendy et "m'as-tu-vu" de Paris, Say Who permet de voir qui était à la soirée qu'on a ratée hier, car comme sur facebook, les invités y sont "taggés". Le must ? Le top 10 des mondains : pour savoir qui clubbe le plus, et avec qui il faut donc s'acoquiner pour ne plus rater un événement majeur. Bien aussi : lastnightsparty.com

finalement, on démissionne. à

≥ www.saywho.fr

Parfois on a envie de sortir, et puis la nuit tombe, dehors il fait

ce moment-là, une seule façon d'assouvir son désir de voir le

Voir le monde sans être vu

monde, sans bouger de chez

We Are The World

soi, le web. On a sélectionné

Ce nouveau projet a été initié par les sémillants Marco Dos Santos (Dj, ex-DA du Paris Paris, photographe, clippeur et figure de la nuit) et Jill Caytan (talent scout pour l'agence Première Heure, ex de la Clique et Djette au sein de Je Kiffe mes Cops). Il s'agit d'une web-tv réalisée à partir de petits films réalisés sur leurs téléphones portables la plupart du temps ou avec un appareil photo, où se croisent people et inconnus, séquences club et scènes de rue. Souvent hilarant.

quelques sites, nouveaux ou déjà cultes, pour s'évader en un clic.

≥ wearetheworld.tv Se rendre au concert sans enfiler son perfecto Grandcrew

Ce site diffuse en entier des live de groupes triés sur le volet, plutôt tendance indé (donc on aime). Au menu : Cocoon, Born Ruffians, Daniel Darc, Suuns, James Chance, Pacific !, The Concretes, Zombie Zombie... Pratique si on avait oublié de réserver sa place de concert. Sur le même principe, les déjà très connus concerts à emporter de la Blogothèque demeurent un must. ≥ www.grandcrew.com/fr/ En direct des clubs Awdio

Ce site d'utilité publique retransmet gratuitement la musique de nombreux gros clubs internationaux , en direct, et notamment celle diffusée par des dizaines de boîtes de nuit françaises. On y entend surtout de l'électro, mais le site s'ouvre de plus en plus sur d'autres musiques. Pour profiter de la chaleur de la boîte de nuit sans se coltiner la queue au coin fumeur. ≥ www.awdio.com

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Nuit


Sorties virtuelles Les nocturnes des musées tous les soirs de la semaine Google art project

Grâce au Google Art Project, on peut visiter dix-sept musées sans faire un pas hors de son lit et faire des nocturnes tous les soirs. Le principe ? Le système de navigation Street View (déjà disponible sur Google Earth et Google Maps), qui permet aux internautes de se déplacer de pièce en pièce à travers le musée tout en zoomant sur les toiles des grands peintres. Et on y voit au final presque mieux qu'un samedi aprèm' au Louvre. ≥ www.googleartproject.com Mater les looks de soirées de sa chambre à coucher Eonline

Le red carpet sans voir rouge parce qu'on s'est foulé la cheville en stilletos ou qu'on n'a jamais investi dans un costume trois-pièces ? C'est désormais possible grâce aux vidéos postées dans la rubrique « tapis rouge » de ce site très gossip qui permet de traquer les derniers looks des stars et de se la jouer "fashion police". ≥ http://fr.eonline.com Se téléporter chez Pharrell Williams The Selby

On ne présente plus The Selby, alias Todd Selby, photographe de mode qui s'invite chez ses amis people pour shooter leur intérieur. On peut ainsi constater qu'on a le même mug qu'Erin Wasson, que Pharrell Williams collectionne les jouets, ou qu'on irait bien bouquiner chez Karl Lagerfeld, dont la collection de magazines et de livres s'avère dantesque. ≥ www.theselby.com Visiter les capitales virtuellement Konbini

L'une des dernières émissions de la web-tv trendy frenchy Konbini, Street Mapper, propose de visiter les grandes capitales européennes avec un guide de choix. Pour Paris, il s'agit du styliste Jean-Charles de Castelbajac, de la blogueuse Caroline Daily et du journaliste Abdel Bounane que l'on suit présentant leurs meilleures adresses souvent secrètes. ≥ www.konbini.com

Nuit

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Bonbon Nuit party | Tous les vendredis au Bus Palladium â„Ś StĂŠphane Semain


cli c

re rt

montma hy

tables de poker, billards, multicolore. ouvert tous les jours de 13h à l'aube 84, rue de clichy Paris 9e 01 48 78 32 85 | clichy-montmartre.com | pokercm.fr Pièce d'identité obligatoire | Interdit aux mineurs


trousse de secours Ouvert toute la nuit ! Pharmacies de garde

Épicerie Shell

Chez Tina

84, av. des Champs-Élysées 8e

6, boulevard Raspail 7e

1, rue Lepic 18e

≥ 01 45 62 02 41

≥ 7/7 — 24/24

d≥j jusqu'à 4h30 / v≥s jusqu'à 7h

6, place de Clichy 9 e

Minimarket fruits et légumes

Boulangerie Salem

≥ 01 48 74 65 18

11, boulevard de Clichy 9 e

20, boulevard de Clichy 18e ≥ 7/7 — 24/24

6, place Félix-Éboué 12

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

≥ 01 43 43 19 03

Alimentation 8 à Huit

Livraison médicaments 24/24

151, rue de la Convention 15e

Fleuristes

≥ 01 42 42 42 50

≥ 7/7 — 24/24

Chez Violette, au Pot de Fer Fleuri

Supérette 77

78, rue Monge 5e

Urgences

77, boulevard Barbès 18e

≥ 01 45 35 17 42

SOS dépression

≥ Mardi au dimanche jusqu'à 5h

Relais Fleury

e

≥ 08 92 70 12 38

114, rue Caulaincourt 18e

Urgences psychiatrie

Resto

Se déplace sur région parisienne

L’Endroit, 67, place du Docteur-

≥ 01 46 06 63 97

≥ 01 40 47 04 47

Félix-Lobligeois 17e 01 42 29 50 00

Carwash

Drogue, alcool, tabac info service

≥ tlj de 11h à 1h, jeudi, vendredi,

Paris Autolavage 7/7 — 24/24

≥ 0800 23 13 13 / 01 70 23 13 13

samedi de 10h à 5h

Porte de Clichy 17e

Livraison sextoys

Tabac

Shopping

Commande en ligne

Tabac du Châtelet

Virgin Megastore

www.sweet-delivery.fr/

4, rue Saint-Denis 1er

52, av. des Champs-Élysées 8e

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

≥ 7/7 — jusqu'à 3h

≥ jusqu'à minuit

Tabac Saint-Paul

Librairie Boulinier

Livraison alcool + food

127, rue Saint-Antoine 4e

20, boulevard Saint-Michel 6 e

Nemo 01 47 03 33 84

≥ 7/7 — jusqu'à minuit

v≥l jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Le Pigalle

Faim de Nuit 01 43 44 04 88

22, boulevard de Clichy 18e

Kiosques à journaux 24/24

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

≥ Vendredi et samedi jusqu'à 5h

38, av. des Champs-Élysées 8e

Allô Hector 01 43 07 70 70

16, boulevard de la Madeleine 8e

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Poste de nuit

2, boulevard Montmartre 9 e

Apéritissimo 01 48 74 34 66

52, rue du Louvre 1er M° Louvre-

Place de Clichy 18e

≥ 7/7 — jusqu'à 4h

Rivoli / Étienne-Marcel

Allô Glaçons

Boulangeries

53, rue de la Harpe 5e

01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24

Snac Time

≥ 01 44 07 38 89

97, boulevard Saint-Germain 6 e

20, rue du Fg-Saint-Antoine 12e

Épiceries

≥ 7/7 — 24/24

≥ 01 43 40 03 00

L'Épicerie de nuit

Boulangerie pâtisserie

Internet 24/24

35, rue Claude-Bernard 5e

99, avenue de Clichy 17e

Envoyez-nous vos bons plans

≥ Vendredi et samedi jusqu'à 3h30

≥ 7/7 — 24/24

ouverts la nuit : nuit@lebonbon.fr

Nuit

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le bon agenda Sélection subjective des soirées à Paris

Jusqu’au 27 mai La Gaieté Lyrique

Vendredi 20 20h La Boule Noire 20€

≥ Expo Matt Pyke & Friends : Super - Computer -

≥ Twin Atlantic

Romantic

21h

Bus Palladium gratuit

≥ Apple Top & La Rotule 50’s + Bonbon Party all Mardi 3 23h Le Petit Social gratuit

night long !

≥ Brodinski + Lucky Boy Mike B Samedi 21 20h La flèche d'Or 10€ Mercredi 4 19h30 La Cigale 30€

≥ The Pigeon Detectives + Miami Horror + Bell X1 + Holstenwall

≥ Metronomy

23h

Social Club 13€/15€

Jeudi 5 19h30 Le Bataclan 37€

≥ Hot Natural Label Night : Jamie Jones + Richy

≥ Straight From Jersey : Redman + Naughty J

Ahmed + Robert James

21h

Bus Palladium 20€

≥ Airnadette +Fill’s Monkey + Thomas VDB + Janski

Mardi 24 20h La Machine 26€

Beeeats

≥ Gonjasufi (Warp) & Live Band

21h

La Bellevilloise 14,70 €

≥ Cassius + Busy P + Club Cheval + Dj Mehdi 23h30

Social Club gratuit

Mercredi 25 20h La Boule Noire 25€ ≥ Cults Live

≥ Yours ! : Maya Jane Coles + Alex Dee Vendredi 27 20h La Cigale 29€ Vendredi 6

20h30

Jardin de Bagatelle gratuit

≥ Com(m)e à la maison : Surprise Party 21h

Bus Palladium 5€

≥ The Nodz + Twee Cat Trip + Bonbon Party all night

≥ The Sonics + The Masonics 21h

Bus Palladium 5€

≥ Pollux From Rio & Ok + Bonbon Party All night long baby !

Long : Violaine Schütz Samedi 28 22h30 La Bellevilloise 18€/20€ Samedi 7

23h

Social Club 13/15€

≥ DEMENT3D w/ Shackleton, Lucy, dscrd

≥ Excuse My French : Beat Assailant feat. Mr Viktor & Max Pinto + 20Syl & Greem + Dj Netik & Youthstar + Dizraeli & Downlow feat. Wireless + Samsara

Mardi 10 jusqu'au 14 Galerie Candy gratuit ≥ Amylee & Manuel Angot

Mardi 31 20h La Boule Noire 20€ ≥ Empyr Live

Mercredi 11 19h30 La Boule Noire 17€ ≥ We are enfant terrible 23H30

Rex Club 7/10€

Vendredi 3 juin 23h59 Glaz'Art 11€/13€ ≥ We Are Family: Boris Brejcha (Harthouse/Autist

≥ Sound Clash Tour : The Alchemist + Just Blaze +

Records) + Rafaël Murillo (Popcorn Records) +

Just Dizle

Louca (Popcorn Records) + Vincent Vidal (Quartz)

Vendredi 13 21h Bus Palladium 5€

Vous aussi envoyez votre programmation à :

≥ Im Takt & Bow Low & Miliana + Bonbon Party

prognuit@lebonbon.fr

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Nuit


WHOMADEWHO GACHETTE OF THE MASTIFF

Jeudi 12 MAI 20H30



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