Le Bonbon Nuit 7

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Nuit

Mars 2011 - n째 7


www.agnesb.fr


édito Bonne Nuit « Dans ma veste de soie rose, Je déambule morose, Le crépuscule est grandiose », « Dans ce dancing sans danseur, Sous la boule ronde, Parfums, lumières et couleurs, Qui se répondent », « Tous les soirs sans fins, Je traînais sur ma Vespa, Dans mon gilet de satin, C'était la dolce vita, Je cherchais l'aventure, Jusqu'au petit matin, Je me prenais pour Ben-Hur, En conduisant d'une main », « Mais qu'est-ce qui vous pousse à vous lever le matin ?, Les portes de la nuit ne sont jamais fermées à clef, La preuve que non : il suffirait de les pousser. »

En couverture Christophe par Nicola Delorme

Si quelqu'un a toute sa vie chanté la nuit c'est Christophe, artiste noctambule (se couchant à 7h du matin et se levant à 19h chaque jour) qui a tout dit en quelques morceaux du sujet de ce magazine. Les nuits sans sommeil à errer, oniriques et ombragées, comme celles où on se sape pour aller au dancing. Autant dire que l'avoir en couverture dans ce nouveau numéro relevait du rêve le plus fou pour les oiseaux de nuit que nous sommes. À ses côtés, d'autres étoiles illumineront nos nuits blanches. Les sémillants Pedro Winter et DJ Mehdi qui sortent un mix efficace et « open mind », les petites princesses des clubs Missill et Uffie, et une autre princesse, une vraie, la Lamballe et ses nuits maçonniques. Philippe Besson, écrivain et présentateur de l'émission culte des insomniaques : Paris Dernière. Ou encore Stanley Kubrick qui a filmé les nuits d'orgie comme personne dans Eyes Wide Shut. Revoir sa filmographie, qui n'a cessé d'explorer les côtés sombres de l'humanité passé minuit, reste une expérience hypnotique. Violaine Schütz Rédactrice en chef

Président — Jacques de la Chaise | Directeur de la publication — Ghislain de La Chaise | Rédactrice en chef — Violaine Schütz violaine@lebonbon.fr | Directeur artistique — Tom Gordonovitch tom@lebonbon.fr | Secrétaire de rédaction — Anne-Charlotte Anris | Contributeurs — Grégoire Alexandre, Matthias Bouaziz, Carine Brancowitz, Château Vacant, Nicolas George, Paul-Antoine Goutal, Marine Goutal, Bruno Hassen, Mirah Houdon, Irina Aupetit© Bruno Hassen

Ionesco, Keffer, Marie-Eve Lacasse, Thomas Lavelle, Delphine Le Goff, Xavier Magot, Ysa Perez, Manon Troppo, Yelle | Régie publicitaire — pubnuit@lebonbon.fr 06 69 12 09 90 | Contactez-nous — nuit@lebonbon.fr | Siret — 510 580 301 00016 | Dépôt légal — à parution | OJD — en cours | Siège social — 31 bis, rue Victor-Massé, 75009 Paris — Erratum : Le mois dernier, les photos de Jennifer Cardini étaient de Florent Brunel, Stéphane Jourdan étant le retoucheur de ses photos. Nuit

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tous les vendredis au Bus Palladium

Pour être sur la liste (entrée gratuite et prioritaire ) — ≥ Envoyez un mail à : party@lebonbon.fr — 6, rue Fontaine 75009 Paris M° Pigalle


sommaire Miam Miam !

p. 05

le bon timing

Christophe

p. 07

predo Winter & DJ Mehdi

p. 11

la bonne MC

Anna-Catherine Uffie

p. 15

la bonne télé

Philippe Besson

p. 19

la playlist de

Yelle

p. 25

la bonne étoile

la bonne rencontre

trousse de secours

p. 25

la bonne séance

p. 27

Missill

p. 29

paris la nuit

Keffer

p.33

le bon art

Horfé

p. 35

2011 : L'odyssée de Kubrick

p. 39

Pain Surprises

p. 41

Harry, un bar qui vous veut du bien

p. 43

Bus Palladium

p. 45

Lamballe, la loge de la candeur

p. 47

la bonne productrice

la bonne expo

la bonne soirée

le casse bonbon

bonbon nuit party

le bon en arrière

le bon agenda

p. 48

Nuit

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le Bon Timing Les événements à ne pas manquer soirée

La Panpan au Régine Créée par la French, c'est sans conteste une des meilleures soirées parisiennes. Comme une grande fête d'appartement, avec des gens cool, des artistes sexy (Sébastien Tellier, Will.I.Am, Breakbot, Beigbeder, Teki Latex) et surtout du grand n'importe quoi  ! Entrée gratuite (+ open bar pour les filles) sur présentation de ce Bonbon Nuit. Tous les jeudis au Régine, dès 23h. lafrench.com

festival

The Black Weekend Ski libre et allégresse aux sports d'hiver. Géré par une partie de l'équipe Calvi on the Rocks (en Corse, l'été), ce festival mêle les joies du ski (ou de la luge) à une grosse programmation électro (Discodeine, dOP, Rebotini, Hot Chip, François K, Frivolous, Radioslave, French Fries). C'est en quelque sorte le Paris clubbing branché qui se retrouve à la montagne. Du 16 au 20 mars à Chamonix. blackweekend.com

concours

Faîtes l'amour et la guerre

Auteur(e) de littérature d'action érotique ?

Pénetrez la “collection rose" de J'ai Lu

Le Bonbon Nuit s'associe à We Love Words pour un concours qui aboutira à la publication de votre roman d'espionnage à tendance érotique et féministe. Vous pouvez tenter votre chance en publiant quelques textes sur le site afin de pénétrer la collection rose de J'ai Lu. Le Bonbon Nuit fait partie du jury. Rendez-vous sur : www.welovewords.com/contests/ faites-lamour-et-la-guerre

Mixmove

Salon

Apprentis DJ ou simples curieux intéressés par un petit cours de mix, ce salon dédié au deejaying où se retrouvent tous les professionnels de la nuit est fait

DR/DR/DR/DR/

pour vous. Au programme ? Expositions, conférences, ateliers et animations, il y a de quoi faire naître une vocation. Tous les DJ, VJ, animateurs, créateurs, producteurs et amateurs sont les bienvenus... Les 13, 14 et 15 mars à Porte de Versailles (Pavillon 8) Nuit

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la bonne étoile ® Irina Aupetit-Ionesco Ω Bruno Hassen

Christophe Voyage au bout

de la nuit

Depuis toujours, le grand Christophe, chanteur

Bizarre de parler de lumière pour quelqu’un qui porte

habité et erraillé, vit la nuit. Le rencontrer chez lui,

tout le temps des lunettes noires ; c’est une philoso-

c’est comme aller visiter un musée le jour tombé

phie de vie ?

avec quelqu’un qu’on aime : on est émerveillé, ému,

Non c’est pour y voir ! En plus, elles ne sont pas noires elles sont bleues et elles éclaircissent. Je suis hypermétrope inopérable. Qui vous dit que Ray Charles n’avait pas sa lumière ? Même dans le noir on voit des choses.

touché, surpris mais on se sent bien aussi. Car l'interprète de La Dolce Vita est certes un "beau bizarre" ou un "dandy un peu maudit", mais il est surtout un artiste généreux qui révèle ses nuits en préservant toujours un certain mystère.

Pensez-vous qu’on est plus beau la nuit ? Christophe, on dit que vous vivez surtout la nuit, est-ce vrai ?

J’ai toujours vécu la nuit depuis que j’ai 16 ans. Je n’ai jamais été un mec qui se couche à 22h. Je crois même que lorsque j’avais 14 ans, je traînais chez moi jusqu’à minuit, 1h, 2h du matin ; je n’aimais pas me coucher dans des lits, je m’endormais sur le canapé de ma mère et c’est elle qui venait me réveiller vers 3h. La nuit et le jour c’est comme un film de science-fiction dans lequel il y aurait deux planètes : je me sens bien sur celle de la nuit. Vous chantiez dans Les Paradis perdus : « Le crépus-

La nuit, ça camoufle pas mal de choses. L’été, en pleine lumière, il faut se donner une belle couleur puis le teint arrive… on observe le changement comme dans un film de Jean Renoir. La nuit, c’est différent, on n'a besoin de rien. Quelle a été votre plus belle nuit ?

Pour qu’une nuit soit belle, pour moi, la Lune doit être montante… Il n’y en a donc pas qu’une… La Lune monte, elle prend son temps ! Ce que j’aime, c’est prendre des coups de lune tout le temps. Non mais je rigole, plus sérieusement je préfère ce gyrophare-là à celui des ambulances…

cule est grandiose »…

Je suis quelqu’un qui observe et je vis beaucoup avec la lumière, celle du jour, celle de la nuit. En vérité, je vois les silences du jour, pas ceux de la nuit.

Quelle a été votre plus belle rencontre nocturne ?

Ma femme Véronique, celle avec qui j’ai été marié 30 ans. C’était dans une boîte de nuit où son frère était DJ. Elle s’échappait de chez elle pour venir Nuit

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Christophe

“Le message que j’ai reçu d'Aimer ce que nous sommes, c’est qu’il faut s’aimer, aimer sa vie, s’aimer comme on est avec les imparfaits.”

le voir jouer ; il m’avait prévenu de la présence de sa sœur… je l’ai vue et je suis tombé… tombé tout court ! Aimer ce que nous sommes, votre dernier album sorti en 2008, a-t-il été écrit la nuit ?

Oui, surtout. Par exemple, Isabelle Adjani est venue poser sa voix sur Wo wo wo wo au milieu de la nuit… elle était capitonnée… décontractée… au fur et à mesure elle s’est déshabillée, mais je ne l’ai pas baisée… ces rencontres-là, c’est un peu comme si on ne les avait jamais faites finalement. Aimer ce que nous sommes est une référence à une psychanalyse ?

Non, et à la base, c’était le titre d’une chanson qui est finalement devenu Mal comme sur l’album. Ce texte n’est pas de moi mais de Daniel Belanger. Je l’avais rencontré au théâtre Le Repaire. Je flanchais sur ce titre, il y avait un yope qui donnait pas mal la résonance. Bref, j’avais écrit un texte, mais je voulais quelque chose qui déchire, quelque chose de grandiose. J’ai envoyé mon morceau à Daniel et, deux nuits après, il m’a renvoyé ces paroles. C’était un bijou. Le message que j’ai reçu d'Aimer ce que nous sommes, c’est qu’il faut s’aimer, aimer sa vie, s’aimer comme on est avec les imparfaits. Cette chanson veut dire que si tu t’aimes, tu peux être aimé. Dansez vous quand vous sortez ?

J’étais danseur. Quand on danse, c’est qu’on sait qu’on a de l’allure ; il y a des danses, si on a pas ça dans la peau, ça ne sert à rien de les pratiquer. Quand j’écoute la musique d’aujourd’hui, j’ai envie d’aller dans des clubs "black" pour regarder danser les gens, plutôt que de danser moi-même. C’est la folie, c’est extraordinaire de les voir bouger comme ça ! Quels sont vos lieux de prédilection ?

Et bien justement, au Keur Samba dans le 8e. C’est 8—

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Christophe rencontre des gens comme Solène avec sa marque Lord SM… cette fille est un génie…ou Cerruti pour mes vestes et encore, son tailleur me les refaisait toutes… je mettais des coups de craie de partout ; Nino me détestait pour ça. Pouvez-vous m’en dire plus sur vos projets en cours ?

une boîte très propre avec mon copain Samba qui est là depuis 1966. Il est toujours ici celui-là, toujours assis sur le même tabouret et toujours le même costard ! Il a pas bougé, lui, c’est terrible, c’est complètement barjot même ! J’ai beaucoup chanté là-bas. À l’époque, j’aimais pas les concerts, je préférais les bars. Sinon, mon endroit préféré c’était le Pulp ! Aujourd’hui, je vais au Baron et au Montana car la musique y est bonne.

Une autobiographie est en préparation pour Flammarion dont la sortie est prévue fin 2011. Mon album Bevilacqua re-sortira le 28 mars prochain (ndlr : album de Christophe enregistré avec Alan Vega et sorti en 1996) ; je n’y ai pas retouché un son ! Les gens de ma maison de disques voulaient qu’on retouche les voix, mais j’ai refusé. Il y a aussi un concert à La Défense le 22 mars, puis la sortie d’une musique de film en avril 2011 qui s’appelle La Joie d’aimer avec Michel Galabru, Patrick Chesnay, Nicole Garcia entre autres. Un nouvel album est aussi prévu. Je vais continuer à travailler avec Christophe Van Huffel, (ndlr : guitariste et co-réalisateur de l’album Aimer ce que nous sommes), et Pascal Charpentier car je veux beaucoup de cordes expérimentales ; ça c’est pour les fondations. Après, nous pensons peut-être faire quelque chose avec Agoria, le producteur électronique ; nous verrons bien. Je veux des choses et des gens qui déclenchent des choses chez moi…

« Veste noire » ,« Veste de soie rose », dans vos

Christophe

paroles, il y a beaucoup d'allusions au style, vous

≥ En concert à La Défense le 22 mars

pensez que le style est important quand on sort le

Réédition de l'album Bevilacqua (1996) le 28 mars

soir ?

S’habiller, c’est donner des images de soi, c’est important. Je crée mes bottes, mes vêtements, mes affaires, ce ne sont pas les autres qui m’habillent, je suis intégral de ce côté-là. Sauf lorsque je

Remerciements à Audrey Gautier, maquilleuse de Christophe www.audreygautier.com et Marie-Pierre, manageuse de l'artiste.

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Pedro Winter & DJ Mehdi

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la Bonne rencontre ® Violaine Schütz Ω Archives

Pedro Winter & DJ Mehdi Les grands enfants de la techno

grands enfants.

: On garde ça pour notre livre, et j'espère qu'il y en aura encore beaucoup. Faire cette compile est une belle façon de graver nos 14 ans de vie commune (non homo). M. : Le 7e anniversaire d'Ed Banger à NYC reste quand même un "highlight".

Pedro, Mehdi, vous vous souvenez de la première fois

La compilation s'intitule Let The Children Techno,

que vous vous êtes rencontrés ?

quelle sorte de gamins êtiez-vous?

: Facile, on en parle souvent. 1997 à New York, sexy non ? Belle année (sortie d'Homework de Daft Punk) et ville de nos rêves. Moi, j'étais à NYC pour une soirée Respect avec Daft Punk et Cassius au Twilo. Mehdi : Je me souviens que Pedro avait les cheveux soyeux et des chaussettes rouges.

P.

Le producteur DJ Mehdi et le patron de label et DJ Pedro Winter sortent ensemble sur Ed Banger une compilation mixée, Let The Children Techno. L'occasion rêvée de rencontrer ces deux agitateurs de la nuit parisienne et internationale qui ont su rester de

Pedro

P.

: D'après madame Soleil, le taureau est un fonceur, je réfléchis après, et bien gamin, j'étais comme ça. La pension m'a rendu docile, mais surtout j'y ai appris à vivre en communauté, d'où sûrement ma facilité à guider mon crew. M. : J'étais rebelle, renégat. J'avais les cheveux longs, un blouson noir et des santiags. Mon QG était le commissariat d'Asnières.

Qu'est ce qui vous rassemble ? P. : La couleur de notre peau. Blague à part, Mehdi

La pochette représente un carton à dessin, ça révèle

est mon frère spirituel. M. : Pedro est le plus beau DJ du monde, aussi. On ne le dit pas assez.

une certaine nostalgie des jeunes années ? Vous

Quel est le plus beau souvenir que vous gardez d'une expérience vécue ensemble ?

vous sentez encore comme de grands enfants ?

: Moi, je n'ai absolument pas la nostalgie de l'école, par contre oui le goût de la colle Cleopatra me manque... Des grands enfants sûrement, mais pas dans le sens "kidult", pas dans la régression,

P.

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Pedro Winter & DJ Mehdi plutôt dans la spontanéité j'espère. M. : Pour être tout à fait honnête, j'ai bien pris un coup de vieux cette année, mais je compte me refaire l'année prochaine. D'après vous, est-ce que ce sont les kids qui lancent les nouvelles tendances ?

: Ils contribuent à propager le message, mais ce que tu appelles les "tendances", ça appartient à tout le monde. Les artistes sont pour moi les faiseurs de tendances.

P.

Vous n'aviez jamais fait de mix publié ensemble ?

: Mehdi est sûrement la personne avec qui j'ai mixé le plus. Cette compile, c'est notre façon de célébrer nos noces de plomb !

P.

Comment fait-on un mix à 4 mains ?

: On a fait ça dans son studio à quatre mains et deux cœurs. D'ailleurs, on n'a pas cherché à trop corriger, les erreurs de mix, il y en a... On a voulu un mix vivant, déjà au niveau du tempo, on commence doucement, puis on s'emballe, et on calme le jeu avant le baiser fatal de Flying Lotus.

P.

Quel est le profil des kids fans d'Ed Banger, ils ont grandi depuis le début du label, il y a des groupies de tous les âges ?

: Comme nous, les kids grandissent et découvrent de nouvelles choses. Certains ont lâché Ed Banger pour aller découvrir autre chose, ou ils reviennent heureux de retrouver Breakbot et Mr Flash. J'aime que les choses bougent, le mouvement est la clé de la longévité.

P.

C'est quoi la techno de 2011 ? P. : Il est super important qu'il y ait des gardiens du temple. On en parlait avec Mehdi l'autre jour. Un mec comme DJ Deep par exemple, il est resté fidèle à sa passion pour la house music, il sort des disques super confidentiels, continue son truc sans se soucier des modes. En hip hop il y en a aussi, DJ Premier par exemple. La techno est un symbole, un nom noble à un certain type de musique électronique. En utilisant ce mot dans notre titre, on a justement voulu désacraliser tout ça, tout en rendant hommage à ces artistes qu'on respecte énormément. Quel regard portez-vous sur la jeunesse d'au-

Vous pouvez me parler des groupes choisis, étiez-

jourd'hui, croisée en club, et qui semble très en

vous d'accord sur tout ?

colère au vu des dernières manifs ?

: Un projet à deux c'est d'abord une discussion, c'est Mehdi qui a apporté cette notion de conversation dans notre mix. L'idée étant de proposer un truc différent, une sélection éclectique, et de faire partager notre passion de cette musique que les novices appellent techno. La sélection des artistes a été super naturelle, pas de combat de coq ou d'ego déplacé, on a fait un CD dont on est super fier. M. : J'ai aussi beaucoup insisté pour mettre plus de filles dans le tracklisting mais Pedro n'a pas voulu. Y'a pas une seule fille ! Oh !

P.

P.

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: La colère semble être à la hauteur de leur douleur, donc nous autres artistes, soyons à leurs cotés. à leurs cotés en les divertissant, c'est notre mission première, mais aussi en les rencontrant, en échangeant, on est tous dans le même bateau non ?

ça va être le 8 e anniversaire du label, quel est le bilan ?

: Un bilan au bout de 8 ans ? Non, non, laissenous nous amuser encore une dizaine d'années, on reviendra pour le bilan. Sinon, pour le bilan, tu peux aussi appeler Pierre, notre comptable.

P.


Pedro Winter & DJ Mehdi Après pas mal d'années dans la techno, comment

Sur la platine de Pedro et Mehdi

conservez-vous cet enthousiasme ?

Une compile disco de Kenny Dope, beaucoup de

: Tu te rends compte que ça fait maintenant 19 piges ! Il n'y a pas vraiment d'explication, tout ce qui touche à la passion, aux émotions, on essaie de nous apprendre ça en philo à l'école, j'ai jamais vraiment accroché. C'est un truc qui se vit ! M. : Heu, moi, ça fait que 6 mois que j'suis dans la techno, en vrai, mais faut le dire à personne.

musiques dépressives, Nick Drake, John Grant, l'al-

P.

bum de Sebastian que vous attendez tous, et nous sommes impatients d'entendre l'album de Siriusmo. Leurs adresses à Paris Le Petit bleu 23, rue Muller, 75018 Paris L'assiette de grillades est notre classique, on ne

Vous pensez quoi globalement de la nuit à Paris,

demande même plus la carte. Le couscous est la

notamment par rapport à l'étranger ?

spécialité du lieu. Dîtes à Anouar le patron que vous

Le "boutique clubbing" me plaît bien, j'aime nos clubs à taille humaine. Le Social Club, Le Pompon, Chez Moune. La nuit doit rester un moment particulier, un endroit de liberté, d'insouciance. Il faut arrêter de trop vouloir organiser tout ça. Il y a des soirs où tu veux écouter des vrais DJ alors tu vas au Social, des fois où tu t'en fous alors tu vas au Baron. Ou l'inverse, des soirs tu veux rouler des pelles alors tu acceptes d'écouter Edith Piaf au Baron, mais au moins tu es content de te perdre dans le cou qui sent bon d'une touriste suédoise... La nuit m'a toujours fasciné, j'y ai rencontré beaucoup de monde, concrétisé des projets et refait le monde pas mal de fois.

venez de notre part ! — Cire Trudon 78, rue de Seine, 75006 Paris L'idée d'avoir dépoussiéré cette institution est un coup de génie. Je suis fan. J'ai toujours deux ou trois bougies d'avance chez moi. — Fromages et Ramage 22, rue Ramey, 75018 Paris J'ai arrêté la vache qui rit, stoppé le babybel, jeté par la fenêtre le caprice des dieux ! Je ne jure que par Fromages et Ramage, merci les gars ! — Au Clair de Lune

Quels sont vos projets ?

1, rue Ramey, 75018 Paris

: Devenir ministre de la Techno en 2012 ou peut-être un poste à l'O.N.U, Koffi Annan de la techno ça me va aussi. M : 2011= Carte Blanche (son projet avec Riton).

Aussi appelé le "bar à vieille", c'est le pub du coin.

P.

Le jeudi, le bar se transforme en taverne bretonne avec huîtres et vin blanc ! — Le Pompon 39, rue des Petites-écuries, 75010 Paris Il ne manquait que ça à Paris, un petit bar à la cool, avec de la bonne musique au sous-sol. Une faune différente, le mélange des genres est parfait. Longue vie au Pompon ! Let The Children Techno Ed Banger / Because ≥ Déjà dans les bacs

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la bonne mc ® Nicolas George Ω Ysa Perez

AnnaCatherine Uffie Une américaine à Paris

cette Parisienne d'adoption nous parle de la capitale.

toujours adoré sa musique, je lui ai donc naturellement proposé de participer à mon album. J'ai eu beaucoup de chance qu'il accepte, c'est une personne adorable, gentille, avec un talent incroyable. Il a amené un son nouveau à cet album, j'en suis ravie !

Ton premier album a été l'un des cartons de cette

Qu'est-ce qui tourne en boucle dans ton Ipod en ce

année 2010 et t'a révélé au grand public... Cette pre-

moment ?

mière marche n'a pas été trop difficile à franchir ?

Le dernier album de Franz Ferdinand et Pharell Williams évidemment ! Mais tu sais, j'écoute beaucoup de choses différentes, j'aime autant le rock, que le hip hop. D'ailleurs, je pense intégrer de plus en plus de sons rock dans ma musique.

L'américaine Uffie (Anna-Catherine Hartley de son vrai nom) a été l'une des stars de 2010 avec son premier album, Sex Dreams & Denim Jeans, ses multiples couvertures de magazine et son style girlyglam affiché un peu partout. Pour Le Bonbon Nuit,

Cela faisait quatre ans que je défendais ma musique dans les clubs et, avant de présenter un album mature au public, je voulais trouver mon son et mon style. Je n'avais pas envie d'offrir un album non abouti. Et en même temps, ces quatre années sont passées très vite ! J'ai grandi, je suis devenue maman, j'ai évolué aussi bien personnellement que musicalement...

Quelle femme t'inspire au quotidien ?

J'aime Vivienne Westood, autant la personne que son travail. Elle est incroyablement talentueuse !

Raconte-nous un peu ta rencontre avec Pharell

La mode, justement, c'est aussi un milieu qui t'at-

Williams (en couv du Bonbon Nuit n°3) qui a colla-

tire... Oui, pour moi la mode reste un véritable moyen d'expression ! J'ai fait beaucoup de collaborations,

boré avec toi sur cet opus...

Je l'ai rencontré à Tokyo quand j'avais 19 ans. J'ai

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Uffie

“j'ai vécu mes premières expériences nocturnes à Paris, et je peux te jurer qu'elles ont été totalement démentes !”

comme par exemple avec Diesel, pour des teeshirts... Je suis avant tout une musicienne mais j'aime toucher à tout ! Tu es maintenant une Parisienne avertie... Mais la première fois que tu es venue à Paris, qu'est-ce qui t'a le plus impressionnée ?

L'architecture époustouflante ! Paris reste une ville où il faut se perdre, lever les yeux et s'émerveiller ! Sans parler de la nourriture, juste hallucinante… Et puis tu sais, je n'avais que 15 ans quand j'étais aux états-Unis et donc je ne pouvais pas sortir. Alors, ici, à Paris, j'ai vécu mes premières expériences nocturnes, et je peux te jurer qu'elles ont été totalement démentes ! Alors, justement où a-t-on le plus de chances de te croiser le soir à Paris ?

Sans doute au Stolly's pub, un bar irlandais dans le Marais ! Ou alors au Baron, Chez Moune, au Social Club ou à la Machine du Moulin Rouge ! Et pour dîner, tu m'emmènerais où ?

Au Cibus, un incroyable petit resto italien rue Molière dans le 1er arrondissement ! Le lieu à voir absolument lorsque l'on est de passage dans la capitale, pour toi, c'est quoi ?

Rien ne vaut un spectacle à l'Opéra Garnier. Et à tes yeux, Paris reste toujours la cité de l'Amour ?

Je dirais plutôt que c'est la capitale de la romance...

Sex Dreams & Denim Jeans Ed Banger Records / Because ≥ Dans les bacs

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la bonne télé ® Marie-Eve Lacasse Ω Stéphane Gizard

Philippe Besson Schizophrène

Philippe Besson est à la fois écrivain et animateur de Paris Dernière, amateur de belles choses et curieux

exercice de curiosité. J’essaie aussi d’être vraiment en empathie avec mes invités.

des milieux interlopes, animé par la fête et ému par les confidences. Nous l’avons rencontré à une heure

Quelle définition donnez-vous à l’empathie ?

raisonnable, autour d’un thé nature. Dingue.

L’empathie, ce serait de passer par une question professionnelle pour emmener les gens sur un terrain personnel, et rebondir sur les premiers aveux qu’ils formulent. Quand quelqu’un commence à vous dire quelque chose d’un peu personnel qui sort du cadre promotionnel, il faut saisir cet instant-là et tirer ce fil le plus longtemps possible sans montrer qu’on le tire.

Philippe Besson, vous animez l'émission Paris Dernière depuis septembre 2010. Comment décririezvous la touche "Besson" par rapport à celle d’Ardisson, de Taddeï ou de Xavier de Moulins ?

Au départ, il s’agissait surtout de reprendre un flambeau et de respecter l’ADN de cette émission. La force de Paris Dernière, c’est qu’elle existe en dehors de son animateur. Il y a quand même une vraie personnalité derrière la caméra...

Oui. C’est du "walk and talk", de la déambulation nocturne... Ce sont des rencontres dans des endroits un peu interlopes ou nouveaux. Après, moi j’ai essayé d’y apporter une touche personnelle : d’abord une écriture avec l’arrivée d’une voix off, comme si c’était le journal intime d’un oiseau de nuit, et ensuite j’avais envie d’une image plus léchée qu’avant. On a changé la caméra, et la nouvelle utilisation des travellings apporte quelque chose d’un peu plus cinématographique à l’image. Mais, je ne suis pas animateur de télé ni journaliste, et j’essaie de garder une fraîcheur, une distance et une ironie. Je ne suis pas là pour décrypter mais pour m’étonner. C’est plus un

C’est très sournois...

Il faut aller chercher ce que les gens résistent à vous donner au départ. Il faut les emmener sur un autre registre. C’est une empathie pour l’émission, donc, et pas entre Philippe Besson et ses invités.

Bien sûr. Mais après, il y a des choses qui m’intéressent. Quand Léa Seydoux prononce cette phrase : « Je n’étais pas heureuse quand j’étais enfant », ça m’intéresse moi, je ne pense même pas à l’émission. Ou quand l’écrivain marocain Abdellah Taïa dit : « Je suis allé vers la solitude, mais peutêtre est-ce que j’ai été poussé vers la solitude », cette phrase est terrible, et ça, ça m’intéresse. Et c’est le moment où moi-même j’oublie la caméra. Mais, il ne faut pas être impudique. Il y a des gens qui ont dit des choses dans l’émission que je n’ai pas Nuit

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Philippe Besson gardées, parce que je me disais que c’était trop violent et impudique pour eux. Il y a des gens qui vont un petit peu trop loin et je les préserve de ça.

Dernière m’apporte cependant le fait de découvrir des endroits nouveaux et des lieux dans lesquels je n’aurais probablement jamais mis les pieds.

Vous êtes confortable avec le tutoiement ?

C’est vraiment filmé en une seule nuit ? Allez, dites-

Le tutoiement est la marque de fabrique de l’émission, et le but est de rentrer par effraction dans toutes sortes de situations. Et on ne peut pas entrer par effraction si on n’est pas déjà un petit peu introduit et familier avec ce qui se passe. Le moment de la nuit est un moment très privilégié et protégé ; le vouvoiement créerait une distance qui n’irait pas avec l’intimité de la nuit. Ceci dit, il y a beaucoup de gens que je rencontre à l’émission que je connais déjà très bien dans la vie. Bertrand (Delanoë) trouvait ça d’ailleurs étrange de me voir avec une caméra, mais il n’était pas étonné par mon tutoiement, non. Il y a des gens avec qui le tutoiement est impossible : avec Marine Le Pen, par exemple, je préférais garder une distance.

nous la vérité...

Comment arrivez-vous à recueillir autant de confidences ?

Dans ces lieux de nuit, informels et intimes, les gens se livrent beaucoup plus, comme s’ils se sentaient protégés. Être dans une fête, filmé par une seule caméra, est beaucoup moins intimidant que se retrouver dans un studio de télé avec des spots et vingt-trois caméras !

Ah si, c’est filmé en une nuit. Mais non, allez.

Si, si ! Ce qui se passe, et c’est très décevant hélas, c’est que 95 % de l’émission est tournée le jeudi soir. On commence les tournages vers 18h30 et on termine vers 3h du matin. Il y a 9 séquences dans l’émission ; en 9 heures, on peut tourner 30 minutes de séquence et calculer 30 minutes de déplacements entre chaque endroit. C’est une émission extrêmement organisée et balisée. Après, il peut arriver qu’il y ait des fêtes qui n’ont pas lieu le jeudi soir. Quand il y a une fête importante à un autre moment de la semaine, il peut y avoir des tournages le samedi ou le lundi. Je pense au défilé Etam ou encore à votre fête Marie-Antoinette, par exemple, qu’on a filmés dernièrement. Vous vous amusez quand vous tournez ?

Oui.

Mais oui ! Il y a toute l’excitation et l’adrénaline des soirées. Quand on rencontre Bret Easton Ellis ou Philip Seymour Hoffman, on ne regrette pas d’avoir travaillé avant. Parfois, on voudrait que ça dure plus longtemps. Il y a des moments frustrants où on quitte des invités et on se dit : Ah c’était bien, pourquoi faudrait-il que ça s’arrête ?

Étiez-vous déjà un oiseau de nuit ? Ou vous avez

Mais ça c’est aussi le protocole de l’interview, ce n’est

complètement changé de mode de vie pour l’émis-

jamais une vraie conversation. Pire encore, ce n’est

Bon, ils sont éméchés aussi, parfois.

sion ?

peut-être jamais une vraie "rencontre"...

J’étais déjà un oiseau de nuit par obligation de métabolisme : je ne sais pas me lever le matin. Vous voyez, là il est 11h30, et pour me lever j’ai dû mettre mon réveil à 10h45. Je me couche tard et je me lève tard. J’aime sortir d’une manière conviviale, dans des dîners, avec des amis, mais Paris

Oui, mais justement, la force de Paris Dernière, c’est d’essayer de faire en sorte que ce soit une conversation. Petit à petit, il faut dériver vers quelque chose qui n’est pas prévu. Ce qui marche, c’est quand le type vous répond d’une manière inattendue et vous emmène ailleurs. Mais, il y a

20 —

Nuit


Philippe Besson aussi des gens qui ne sortent pas de leur rôle, et des interviews décevantes. Trouvez-vous encore le temps d’écrire ? Comment filmer la nuit et écrire le jour, étant donné que ce sont des temporalités et des énergies différentes ?

Vous avez la réponse dans la question. Ce sont deux exercices différents et qui n’ont tellement rien à voir. J’ai toujours été très schizophrène. Avant de faire des émissions de télévision, je faisais des émissions de radio, je bossais sur Europe 1, j’ai été scénariste, et j’ai toujours eu une activité à côté de mon métier d’écrivain. Je n’ai jamais eu de problème à organiser ma schizophrénie, je suis très bon pour ça. Entre le chroniqueur littéraire et le chroniqueur nuit : est-ce le grand écart ?

Oui, mais c’est surtout une question de matière. Quand on est chroniqueur littéraire, on doit parler d’un livre et d’une histoire, d’un objet à analyser. Quand on est chroniqueur nuit, c’est une histoire de rencontres, de contacts, de paroles. Le fait d’avoir été chroniqueur littéraire ne m’a en rien préparé à être chroniqueur nuit ; cependant, mes trois années à Ça balance à Paris m’ont préparé à la chose télévisuelle, au fait que les caméras ne m'embarrassent pas, que la technique autour d’une émission de télévision ne me gêne pas... Vous venez de faire paraître Retour parmi les hommes

“Dans ces lieux de nuit, informels et intimes, les gens se livrent beaucoup plus, comme s’ils se sentaient protégés.”

aux éditions Julliard, où vous écrivez : « Paris (...) est-elle autre chose qu'une ville cicatrisée, qui tente d'occulter ses blessures dans la légèreté et la désinvolture ? » À l'aune de ce que vous voyez à Paris Dernière, diriez-vous encore la même chose ?

Non, Paris n'est pas une ville cicatrisée, elle ne surmonte aucune blessure, ne sort d'aucun drame, sauf peut-être celui de s'être assoupie. Et on s'y amuse, on peut y trouver l'étourdissement. Il suffit d'être un peu curieux, ou de se laisser faire. Bien sûr, les années folles de Montparnasse, que

j'évoque dans le roman, sont quand même plus classieuses que celles que nous vivons : avant, on croisait Hemingway, Cocteau, Radiguet, Picasso, Kessel. Maintenant, on a peur de tomber sur Loana ou Beigbeder. Et quand vous écrivez : « Je repartais sans cesse, détestant l'immobilité, ayant besoin de grand large jusqu'à la folie », est-ce de Philippe Besson dont il est question ? Nuit

— 21


Philippe Besson Oui, je me reconnais dans ce désir d'exil, cette nécessité d'aller voir ailleurs. Rien ne m'effraie plus que la sédentarité, l'immobilité, l'enracinement. Ce qui me plaît, c'est le mouvement, au risque de me perdre. Qu’est-ce que l’émission vous a apporté en tant qu’homme et en tant qu’écrivain ?

Il n’y a pas grand-chose qui peut influer sur mon écriture. Mais en tant qu’homme, je suis quelqu’un de curieux. J’aime être dans des choses neuves et inédites, des endroits que je n’ai jamais fréquentés et le fait que je rencontre des gens que je n’aurais jamais rencontrés autrement. Ce sont des opportunités incroyables. La fille dans les escaliers de Montmartre qui se désape en expliquant qu’elle s’est faite gangbanguer la veille par trente mecs mais qu’il n’y en a que dix qui sont passés par sa chatte, je l’écoute et je me dis : sans doute que cette conversation, je ne l’aurais pas eue sans cette émission. Contrairement à ce que tout le monde dit, Paris est une ville qui s’amuse et une ville qui sait faire la fête. Pour une certaine élite ? Ou pour tout le monde ?

Pour tout le monde. Vraiment. Ça vous fait quoi de vous retrouver avec des actrices X ou dans des boîtes à partouze ? Êtes-vous excité par ce que vous voyez ?

Non, d’abord parce que je suis homo... Je me demandais d’ailleurs si vous alliez filmer un peu la nuit gay.

on avait l’impression qu’il allait partir avec la fille, et ça c’était vachement bien. Moi, on sait que je ne vais pas partir avec la fille, donc je joue les candides un peu ironiques. Je n’ai aucun jugement moral. Je ne juge jamais les gens que j’interroge. Quand un type est dans une boîte à partouze en train de se faire sucer par une nana, je continue l’interview. Tout me paraît normal. Rien ne peut me choquer. J’ai tourné une double pénétration en pleine rue, je m’en fous complètement. Après il faut respecter les obligations du CSA : on peut montrer quelque chose de sexy, mais pas porno. Soit on montre et on floute, soit on s’arrange pour que ce soit montré mais sans que l’on voit très bien ce qui se passe. Et vous, où sortez-vous à Paris ? Avez-vous encore envie de sortir ?

En journée, j’aime le Bouquet d’Alésia où je lis les journaux tous les jours, parce que c’est à cent mètres de chez moi. Ensuite, il y a les bars comme l’étienne Marcel ou les bars d’hôtel, comme celui du Lutetia, du Crillon ou du Costes. Pour dîner, je pense à des restos comme Joe Allen, rue PierreLescot - je conseille le cheese burger et la Caesar salad. J’aime bien le Paname aussi, juste en face, ou aller chez Georges, sur le toit de Beaubourg. En endroits de nuit, l’Anthracite, rue de la Reynie dans le 4e, où on peut faire la fête jusqu’à 3h du matin avec des créatures, et le Mathis malgré la disparition de Gérald (Nanty, ancien propriétaire des lieux décédé le 19 décembre dernier, ndlr), et ce nouvel endroit qui s’appelle le Schmuck, 43, rue de Ponthieu, un bar de nuit qui vient tout juste d’ouvrir.

Oui, je vais filmer le tournage d’un film gay en février ou en mars. Faut qu’il y ait un tournage qui ait lieu un jeudi soir. Philippe Besson — Retour parmi les hommes Julliard Bien sûr.

Vous me demandiez tout à l’heure ce qui me différenciait des autres animateurs. Frédéric avait une approche assez sociologique du cul ; avec Xavier,

Paris Dernière

22 —

Nuit

≥ Tous les samedis soir à 00h15 sur Paris Première


Nuit

— 23


la playlist de Ω Grégoire Alexandre

Yelle

1

Miike Snow - Sans soleil

L'une de mes découvertes les plus marquantes de 2010. La chanson est particulièrement belle et simple. 2

Robyn - Hang with me

On a échangé des morceaux sur iTunes avec Robyn quand on s'est reprises chacune à notre tour. 3

White Rabbits - Percussion Gun

Un piano minimal, une batterie maximale et une voix émotionnelle, le crush. 4

Kate Bush - Running up that hill

Sa musique est dans mon sang. Mes parents écoutaient Kate Bush, elle est comme ma tante (rires). 5

Yelle, le trio français formé de

Agnes Obel - Riverside

Une chanson très émotionnelle, avec un joli accent, qui a fait boum dans mon cœur.

Julie Budet, Grand Marnier et Tepr sortent un deuxième

6

album d'électro pop fraîche et

Une sorte de pop song parfaite, moderne, catchy, belle, dansable, ou pas. Les Australiens savent faire ça !

pétillante teintée d'une belle

Flight Facilities - Crave you

mélancolie, avec la participation de l'Allemand Siriusmo sur

7

trois titres. La jolie Julie nous

Un beat heavy, une caisse claire folle, et je suis aussi de la West Coast ! Ok, c'est la Bretagne…

livre avec tendresse sa playlist,

Ice Cube - I rep that west

mêlant nouveautés, coups de cœur et titres cultes qu'elle aime

8

d'amour.

Une belle chanson dance, un duo talentueux, avec une réelle sensibilité.

The Twelves - When you talk

www.yelle.fr —

9

Safari Disco Club Recreation Center/Barclay

J'aime être surprise par des chansons "anciennes" qui sonnent encore moderne.

The Units - High pressure days (Rory Phillips remix)

10

Yelle - Safari Disco Club

Et oui de l’autopromo ! C'est le morceau d'ouverture de notre album qui sort en mars, ou comment perdre le beat sur le refrain. Nous sommes fiers du disque et nous aimerions que vous l'écoutiez attentivement.

24 —

Nuit


Le Bal de l'Élysée Montmartre

La Panpan

“SanS conteSte une deS meilleureS SoiréeS pariSienneS”

Entrée et open bar* offerts pour les filles tous les jeudis

Tous les jeudis au Régine, de 23h à l'aube, entrée Infos, réservations : lebal@elyseemontmartre.com

offerte pour tous sur présentation de ce Bonbon.

Résa. : Digitick.com et points de vente habituels

Réservation table : 06 67 66 80 00

72, boulevard de Rochechouart Paris18e

49, rue de Ponthieu Paris 8e

01 44 92 45 36 / www.elyseemontmartre.com

* de minuit à 1h30

Horror Picture Tea

La Machine du Moulin Rouge MERCREDI 30 MARS / 19h30 - 4h

12€ EN PRÉVENTE* / 16€ SUR PLACE

SOLANGE LA FRANGE / SUCCESS LEONARD DE LEONARD / AGENT SIDE GRINDER RODEO MASSACRE

Thé + pâtisserie = 8€

Salon de thé rock & salon de tattoo

Vendredi 11 février

Du mardi au samedi : 14h30 ≥ 2h

Résa. : Digitick.com et points de vente habituels

95, rue Saint-Honoré Paris 1e

90, boulevard de Clichy Paris 18e, M° Blanche

horrorpicturetea@elegangz.com

01 53 41 88 89 / www.lamachinedumoulinrouge.com


Offres non cumulables valables du 1er mars au 5 avril 2011 — La direction se réserve le droit d'entrée


EMF_Bonbon.70x70.pdf

Excuse my French

1

17/02/11

15:17

Bonbon Party @ Bus Palladium

C

M

J

CM

MJ

CJ

CMJ

Entrée gratuite aux

N

soirées Bonbon tous les vendredis

Entrée gratuite et prioritaire Excuse My French - Samedi 19 mars

04/03 — 11/03 — 18/03 — 25/03

La Bellevilloise 23h30-6h

6, rue Fontaine Paris 9 e

21, rue Boyer 75020 Paris

01 45 26 80 35

4 elements

Bateau Ivre

Un shooter ou un verre de vin offert avant 21h

Bar à cocktails

Bar électro "Mix & Live" 149, rue Amelot Paris 11e / 01 47 00 34 11 Du mercredi au jeudi : 18h ≥ 2h Vendredi : 18h ≥ 4h / Samedi : 21h ≥ 4h

40, rue Descartes Paris 5e / M° Cardinal-Lemoine

Prog & infos : www.bar4elements.com

01 44 07 22 54

Happy hour du mercredi au vendredi de 18h à 21h

Lundi au samedi de 18h00 à 02h00


Offres non cumulables valables du 1er mars au 5 avril 2011 — La direction se réserve le droit d'entrée


trousse de secours Ouvert toute la nuit ! Pharmacies de garde

Épicerie Shell

Chez Tina

84, av. des Champs-Élysées 8e

6, boulevard Raspail 7e

1, rue Lepic 18e

≥ 01 45 62 02 41

≥ 7/7 — 24/24

d≥j jusqu'à 4h30 / v≥s jusqu'à 7h

6, place de Clichy 9 e

Minimarket fruits et légumes

Boulangerie Salem

≥ 01 48 74 65 18

11, boulevard de Clichy 9 e

20, boulevard de Clichy 18e ≥ 7/7 — 24/24

6, place Félix-Éboué 12

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

≥ 01 43 43 19 03

Alimentation Huit à 8

Livraison médicaments 24/24

151, rue de la Convention 15e

Fleuristes

≥ 01 42 42 42 50

≥ 7/7 — 24/24

Chez Violette, au Pot de Fer Fleuri

Supérette 77

78, rue Monge 5e

Urgences

77, boulevard Barbès 18e

≥ 01 45 35 17 42

SOS dépression

≥ Mardi au dimanche jusqu'à 5h

Relais Fleury

e

≥ 08 92 70 12 38

114, rue Caulaincourt 18e

Urgences psychiatrie

Resto

Se déplace sur région parisienne

L’Endroit, 67, place du Docteur-

≥ 01 46 06 63 97

≥ 01 40 47 04 47

Félix-Lobligeois 17e 01 42 29 50 00

Carwash

Drogue, alcool, tabac info service

≥ tlj de 11h à 1h, jeudi, vendredi,

Paris Autolavage 7/7 — 24/24

≥ 0800 23 13 13 / 01 70 23 13 13

samedi de 10h à 5h

Porte de Clichy 17e

Livraison sextoys

Tabac

Shopping

Commande en ligne

Tabac du Châtelet

Virgin Megastore

www.sweet-delivery.fr/

4, rue Saint-Denis 1er

52, av. des Champs-Élysées 8e

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

≥ 7/7 — jusqu'à 3h

≥ jusqu'à minuit

Tabac Saint-Paul

Librairie Boulinier

Livraison alcool + food

127, rue Saint-Antoine 4e

20, boulevard Saint-Michel 6 e

Nemo 01 47 03 33 84

≥ 7/7 — jusqu'à minuit

v≥l jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Le Pigalle

Faim de Nuit 01 43 44 04 88

22, boulevard de Clichy 18e

Kiosques à journaux 24/24

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

≥ Vendredi et samedi jusqu'à 5h

38, av. des Champs-Élysées 8e

Allô Hector 01 43 07 70 70

16, boulevard de la Madeleine 8e

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Poste de nuit

2, boulevard Montmartre 9 e

Apéritissimo 01 48 74 34 66

52, rue du Louvre 1er M° Louvre-

Place de Clichy 18e

≥ 7/7 — jusqu'à 4h

Rivoli / Étienne-Marcel

Allô Glaçons

Boulangeries

53, rue de la Harpe 5e

01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24

Snac Time

≥ 01 44 07 38 89

97, boulevard Saint-Germain 6 e

20, rue du Fg-Saint-Antoine 12e

Épiceries

≥ 7/7 — 24/24

≥ 01 43 40 03 00

L'Épicerie de nuit

Boulangerie pâtisserie

Internet 24/24

35, rue Claude-Bernard 5e

99, avenue de Clichy 17e

Envoyez-nous vos bons plans

≥ Vendredi et samedi jusqu'à 3h30

≥ 7/7 — 24/24

ouverts la nuit : nuit@lebonbon.fr

Nuit

— 25


programmation mars 04/03

BLACK MINOU Soirée Bonbon 05/03 22H ULMANN KARAROCKÉ 11/03 22H THE EDGE & OLD FASHION LADIES 00H Soirée Bonbon 12/03 22H EREVAN TUSK & MISSENT DENMARK 22H

00H

18/03

JUNIE JUNGLE & HOME AND DRY Soirée Bonbon 19/03 22H ENEMIES & HIS MAJESTY 25/03 22H TAMARA KABOUTCHEK 00H Soirée Bonbon COSMOBROWN 26/03 22H CHATEAU BRUTAL & TOYBLOÏD 22H

00H


la bonne séance ® Xavier Magot Ω DR Rango de Gore Verbinski avec Johnny Depp et Timothy Oliphant 9/10

On le sait, le cinéma d’animation est, depuis l’ère Pixar, un genre aussi apprécié des enfants que des adultes. Rango n’échappe pas à la règle, loin de là. Ultra référencé et plus sombre que les films d’animation habituels, il ravira surtout les plus grands par son soustexte freudien et ses nombreux clins d’œil. Grâce à la métaphore du caméléon, animal polymorphe par excellence, c’est ici la thématique de la personnalité qui est abordée. Rango, dramaturge reptilien à la recherche de son identité, se retrouve catapulté dans le désert Mojave et devient grâce à sa verve inimitable le shérif de Dirt Town. Notre héros ainsi plongé dans un univers inconnu pourra enfin se créer un personnage à la hauteur de ses ambitions. Le film de Gore Verbinski, en plus d’être du pur bonheur animé, est d’ores et déjà un des grands films de l’année. — Sortie le 23 mars The Fighter de David O’Russell avec Mark Wahlberg et Christian Bale 5/10

Faute d’Histoire propre, les USA se sont créés une mythologie contemporaine, à grand renfort de destins contrariés et de success-stories ordinaires, amplifiée par un amour immodéré pour la rédemption, valeur chrétienne par essence dont le film de boxe en serait la parabole idéale. Égrainant les motifs forts d’une nation encore adolescente, David O’Russel se sert jusqu’à la caricature des convictions de l’Amérique profonde pour arriver à ses fins : émouvoir par le sensationnel du quotidien, spectaculariser le commun. Ce Fighter nous plonge dans l’univers white trash de deux frangins boxeurs, l’un star du passé, accro au crack et l’autre, éternel second couteau qui hésite à prendre la place de l’aîné. Le résultat donne un film bourré de pathos, qui enfile les clichés à vitesse grand V. — Sortie le 9 mars Never let me go de Mark Romanek avec C. Mulligan, Keira Knightley 6/10

Mark Romanek, clipeur star des années 90, se libère film après film de ce qui a fait sa marque de fabrique : un style agressif et explosif toujours dans la force et la puissance. Avec Never let me go, le réalisateur s’adonne à la contemplation en se tournant vers des motifs "K. Dickien" au moment même où la controverse autour des bébésmédicaments refait surface. Adaptant une nouvelle de l’écrivain japonais Kazuo Ishiguro, il nous conte l’histoire d’amour contrariée de Kathy et Tommy, nés et élevés en batterie afin de servir de donneurs d’organes. Le film, s’il reste bel et bien dans le champ de la science-fiction, louche perpétuellement vers le réalisme poétique en recyclant l’esthétique de Breaking the waves sans toutefois jamais lui arriver à la cheville. — Sortie le 2 mars Nuit

— 27


28 —

Nuit


la bonne productrice ® Mirah Houdon Ω Thomas Lavelle

Missill Bombe aux platines

Issue du graffiti et du graphisme, Missill a réussi

Le fait de mixer influence-t-il tes productions ?

à passer avec succès au DJing et à la production.

Oui forcément, c’était la première motivation de Targets, mais je n’oublie pas le côté agréable de l’écoute.

à l'occasion de la sortie de son deuxième album, Kawaii, on a rencontré cette geekette colorée à l'énergie communicative et au tempérament bien trempé.

Quelles sont, d'après toi, les plus grandes différences entre ton premier et ton second album ?

Tu viens du graffiti, quels souvenirs en gardes-tu ?

Un très bon souvenir ! C’était sympa “les arrachées” ainsi que de jouer au chat et à la souris avec la police – hihihi. Mon pseudo Missill vient de mon nom de graffeuse. Mes potes m’ont appelée comme ça car je suis un peu speed… Et puis je trouve que ça me va bien !

Pour moi, Targets était le résultat de l’excitation d’un DJ qui veut produire ses morceaux, surtout dans le but de les jouer ! Kawaii est plus abouti, c’est mon premier album en tant qu’artiste, avec un vrai concept, de gros challenges technologiques pour le live, un jeu : Missill - Kawaii sur iPhone, et ma propre “crazy machine”. Tout un univers a été créé autour et en même temps que la musique.

Qu'est-ce qui t'a donné envie de te lancer dans la musique ?

Quelles sont tes influences majeures ?

ça s’est fait complètement naturellement, après il a fallu prendre des risques pour y arriver, et donc se décider à y croire à fond quand on veut parvenir à en vivre. La prod, c’est la continuité du DJing, et surtout une autre forme d’expression pour moi.

Elles sont partout. J’adore passer du temps sur internet à écouter un maximum de styles sur tous les sites et blogs que je peux trouver. Mais pour les soirées, mon influence principale est la dance music et je viens du hip hop, donc. En ce moment, j'écoute un peu de tout mais pas mal de glitch-hop, dubstep mélodique par exemple : Lunice, David Lynch... Et puis des tracks plus cool, comme Lykke Li qui est pour moi vraiment

Comment décrirais-tu tes sets ?

Dynamiques, électriques, rapides et taillés pour rendre les gens fous.

Nuit

— 29


Missill “sweet”. Sinon, j'admire Seeper, Miyazaki, Murakami, Probertson, JC/DC et Para One. Quel est le concept du concert qui suivra ce nouveau disque ?

Justement, je prépare un live assez fou ! Un concept qui n’existe pas encore... ça demande une préparation hallucinante, car c’est un mélange de différentes technologies. Je me suis designée ma propre machine que j’ai appelée la Missill Game Girl ; c’est une sorte de lapin entre la borne de jeu d’arcade et un jouet pour enfant, qui va contrôler le son et l’image. Il y a aussi la “keytar” que j’ai également designée, et je serai accompagnée de mon groupe (un clavier et un batteur). Ce live sera prêt pour les festivals de l’été. Tu joues beaucoup aux jeux vidéo ?

Pas plus que la moyenne. Ce qui me fait kiffer, c’est cet univers, les personnages, les couleurs, les animations, et surtout la création ! Je suis plus une geek du graphisme que du hardcore game. Je reste une passionnée de l’image.

fond complètement nu, et tout le public s’est mis à lui jeter des bières et des cigarettes en l’insultant. C’était impossible de le faire descendre ! Je pense que c’est la plus soft de mes histoires, les autres ne sont pas publiables… Sur scène, tu te donnes beaucoup, d'où vient cette énergie ?

J’ai juste l’impression d’être transpercée par le son, comme électrisée, mais comme je suis de nature super speed, c’est au contraire pour moi très dur de rester calme. Quel est l'endroit le plus fou au monde où tu as joué ?

Dans une prison pour femmes, c’était incroyable de pouvoir donner une heure d’évasion à ces femmes car, parmi elles, quelques-unes n’avaient jamais quitté la prison depuis 30 ans ! Quel regard portes tu sur les kids qui viennent voir tes sets ?

Je pense qu’ils ont peu de confiance en demain, donc leur but c’est de faire tout à fond, quitte à faire changer les choses.

Tu as créé une appli iPhone pour ce disque, peux-tu nous en parler ?

Quand j’ai créé les morceaux, j’ai dessiné en même temps tous les personnages, les décors, écrit le scénario, et comme cet album est orienté musique 8-bit, le but était le jeu vidéo. C’est un aboutissement, entre Mario et Sonic sauf que là c’est moi qui cours ! (rires). Tout le concept de mon album Kawaii se situe autour du jeu vidéo, donc c’est une réussite pour moi d’avoir ce jeu sur iPhone. Il est arrivé en 2e place du top le premier jour avec plus de 36 000 téléchargements, donc pour moi ça s’annonce super bien tout ça. As-tu des anecdotes de choses étranges ou drôles qui se sont passées à l'un de tes sets ?

Missill — Kawaii Atmosphériques

Un jour, un gars est monté sur scène, s’est déshabillé, a sauté sur le sound system pendu au pla-

≥ http://www.missill.com

30 —

Nuit


Nuit

— 31



Paris la nuit 6 â„Ś Keffer / www.kround.com


Orphé

Détails d'une des oeuvres de l'artiste qui seront exposées le 19 mars

34 —

Nuit


le bon art ® Delphine Le Goff Ω Nicolas Chenus & Mattias Bouaziz

Horfé

légende du

graff

Horphé, Orphé ou Horfé, si cette déclinaison de

On imagine que les graffeurs de ta trempe opèrent

noms ne vous évoque rien d'autre qu'Eurydice, Coc-

dans l'obscurité ? Est-ce plus un mythe qu’une réa-

teau ou une faute d'orthographe, c'est que vous

lité ?

devez sûrement marcher en fixant les constellations

Eh bien, pour tout te dire, ça n'a pas trop d'importance. Il est certain que la journée comme la nuit, c'est toujours mieux d’être discret, seul, et pourquoi pas un peu déguisé dans un genre qui n’est pas le tien. Après, ce n’est pas une légende que les graffeurs vivent la nuit et c’est souvent le lendemain que tu découvres les peintures qui ont été faites la veille. Alors non, ce n’est pas un mythe, c’est toujours d’actualité de grimper sauter, courir sur des toits, ce n’est pas toujours facile d’être discret quand il fait jour, en tout cas pour certains trucs.

de chewing-gums sur le bitume. Car ce "blaze"-là, apparaît partout où les graff ont l'habitude d'éclore, et aussi partout où on ne l’attendrait pas. Une expo est consacrée à son auteur ce mois-ci, l'occasion de le rencontrer.

À 27 ans, le graffeur Horfé s’impose par son omniprésence, son audace et son inventivité. Mais s’il expérimente ouvertement les styles, renouvelle les genres en bravant les espaces, ce Janus au double visage, ne nous révèle pourtant qu'une infime partie de sa complexe créativité. N’espérez donc pas trouver ici les vérités prothétiques d’un article wikipédien, l’appréhension du mystère horphique passe par l’initiation ; pour le connaître, il faut le suivre ! Et "le suivre", c'est exactement ce qu'ont fait des mois durant, les vidéastes du collectif Sofarida. Leur tout dernier DVD Beats and Drips (sorti le 26 février dernier) compte, parmi les portraits filmés d’artistes, celui de notre mythique graffeur. Et à l’occasion de cette sortie, Sofarida présente sa première exposition personnelle, du 19 mars au 9 avril à la galerie Celal. Alors, en attendant de percer à jour une des facettes de l’artiste, abordons avec lui quelques questions.

La nuit, dans quels quartiers de Paris aimes-tu déambuler ?

En fait, je suis principalement dans le nord de Paris le jour comme la nuit. Je n’ai jamais rien eu à faire dans le sud. La nuit, c’est surtout autour des 18e, 19e et 20e que je me promène, l’archi des immeubles est très irrégulière dans les quartiers populaires, les gens sont moins méfiants envers les jeunes, et pour l’infiltration, c’est assez facile, tout a vécu. Les immeubles neufs y sont de très mauvaise qualité. Pour rentrer et sortir, circuler, c’est assez facile, et puis je préfère ces quartiers pour déambuler seul ou à plusieurs. Nuit

— 35


36 —

Nuit


Horphé Tu as fait de nombreux graffs sur les camionnettes

Est-ce qu’il t’est déjà arrivé, une fois plus que les

des marchés, apprécies-tu particulièrement ce

autres, de faire « Waouh. Bravo ! » devant une pièce

support ambulant ? Des propriétaires t'ont-ils déjà

d’un autre gars pour le style ou le spot ?

"remercié" ?

Bien, j’ai dit bravo à quelqu’un qui, avant moi, est arrivé sur un spot que j’avais repéré et où j’avais le projet de faire un gros truc mais il est arrivé avant, alors là, bravo ! Jamais Risot ou encore Sonick m’ont surpris pour se placer. Ici en France ou à l’étranger, c’est aussi « Waouh » lorsque quelqu’un fait une peinture extraordinaire dans un endroit extraordinaire, à Paris ça ne se fait pas beaucoup mais à Berlin ou à Rome, les plus couillus m'épatent toujours. Et il y a aussi le « Waouh » pour celui que tu vois partout mais que personne n’a jamais aperçu nulle part, je suppose que les gens savent de qui je parle.

J’ai été très gracieusement remercié de toutes les façons possibles, on t’en offre un autre à peindre ou bien tu te bats avec le type qui est outré, il m’est arrivé aussi que trois Roumains sortent avec des bâtons parce qu’ils dormaient dedans. Mais en général, je ne demande pas trop, et puis les camions que j’ai faits qui étaient bien ont été à la casse assez rapidement, ou bien ont été repassés par un type qui te déteste sans te connaître, comme ça se fait beaucoup dans le graff… De laquelle de tes pièces es-tu le plus fier ?

Je n’ai pas vraiment de pièce préférée, j'aime à peu près tout ce qui sort de moi en tant que grand mégalo-taggeur, tu sais que je ne laisse rien au hasard… Non je plaisante, je préfère les gros spots un peu simples qui se voient bien mais, comme en général, j’ai presque toujours envie de recommencer en mieux ce que j’ai fait. Au final, on ne peut pas dire que je sois fier de grand-chose. Par contre, la chose dont je suis fier c’est d’être toujours actif et en forme !

Quels artistes ferais-tu entrer au Panthéon du graffiti ?

Je fais entrer Robert Combas, Basquiat, Keith Harring, Christopher Wool et Katharina Grosse. Pour les graffeurs qui m'ont le plus marqué, il y a Smat et Dion, en premier lieu pour les ravages, O'Clock pour la performance de vie et être encore aujourd’hui partout où je vais. Mes potes depuis le début, ils auront tous un tombeau que je décorerai moi-même si je ne meurs pas avant eux…

Si la muse du graffiti te prêtait des ailes pendant quelques instants, où irais-tu poser ton "blaze" ?

Sur les fesses de Pamela Anderson en 1985 ! Quel est ton plus gros coup de cœur artistique... de nuit ?

J’adore les monuments historiques devant lesquels tu es ridicule - 500 ans d’histoire, et toi, tu n’es rien - ou bien une statue, pour s’asseoir bien comme il faut, boire un coup à l’ombre de Napoléon, ou de Staline en Russie. J'aime aussi les ponts, dans toutes les villes où je vais j’adore y traîner un peu, voir de quand ils datent, et toujours ça reste un mystère pour moi le "comment ils les ont construits !"

DVD Beats and Drips Part 2 dans les bacs ≥ Exposition à partir du 19 mars à la galerie Celal, 45, rue Saint-Honoré, Paris 1er www.sofarida.com — www.galeriecelal.com

Nuit

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la bonne expo ® Xavier Magot Ω DR

2011 : l’odyssée de Kubrick Du 23 mars au 31 juillet prochain, l’exposition autour

Comment est née l'idée de cette expo ?

de Stanley Kubrick ouvrira ses portes. Un événe-

Je savais que cette exposition existait, conçue par le Filmmuseum de Francfort. Je suis allé à Gand en Belgique, lorsqu’elle y était installée en 2006. Il y a deux ans, j’ai été relancé par Jan Harlan, le beau-frère de Stanley Kubrick, et par Iris Knobloch, PDG de Warner Bros France. L’idée m’est venue d’installer l’exposition sur deux niveaux à la Cinémathèque afin de l’accueillir tout entière et permettre ainsi aux visiteurs parisiens et franciliens de découvrir l’univers de Stanley Kubrick.

ment majeur pour tous les fans de ce cinéaste de génie qui sera ponctué par de nombreuses manifestations annexes. L’occasion idéale de faire le point avec Serge Toubiana, directeur de la Cinémathèque française. Pouvez-vous me dire en quelques mots ce que représente Stanley Kubrick pour vous ?

Kubrick est, au même titre que Fellini, Bergman et quelques autres, un des cinéastes contemporains dont l’œuvre continue de briller, de nous faire signe. Il a exploré les principaux genres (le péplum, la science-fiction, le film de guerre, le film d’horreur), en fermant la porte derrière lui. Aucun cinéaste n’a pu refaire un film de genre, sans se confronter d’une manière ou d’une autre à cet "héritage" Kubrick. Pour être franc, c’est un cinéaste dont les films m’impressionnent. Je me sens tout petit à côté d’eux car il met en branle des moyens importants : c’est un cinéma du dispositif, et en même temps il est traversé par le regard, l’idée d’une conscience, d’un humanisme qui affleure derrière l’horreur de la guerre ou de la peur. Le spectateur est obligé d’aller voir ce qu’il y a derrière les images fortes, souvent impressionnantes, de la plupart de ses films, pour découvrir le secret : cette part qui renvoie à l’humanité et à l’émotion.

Comment va-t-elle se dérouler ?

L’exposition est didactique et parcourt le chemin de Kubrick depuis ses débuts comme photographe pour Look, ses premiers pas dans le cinéma, sa première caméra, ses courts-métrages, etc. Ensuite, l’exposition se déroule film par film, depuis Fear and Desire, jusqu’à Eyes Wide Shut, sans oublier les films sur lesquels il avait beaucoup travaillé et qu’il n’a pas réalisés – je pense à son projet de film sur Napoléon, ou à Aryan Papers, son film sur les camps de concentration laissé à l’état de projet. L’exposition est très documentée : photos, notes, scénarios, affiches, extraits de films, maquettes, dessins, objets en trois dimensions. La partie consacrée à 2001 : l'odyssée de l’espace est très spectaculaire. Quels événements enrichiront l'expo ?

Il y aura une rétrospective de ses films, des tables 38 —

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2011 : L'odysée de Kubrick

rondes avec ses proches : Christiane Kubrick sa femme, Jan Harlan, Ken Adam, Marisa Berenson seront présents à la Cinémathèque le 23 mars. Plusieurs conférences, dont celle de Michel Ciment, qui connaît parfaitement l’œuvre de Kubrick. Plusieurs livres seront également édités ou réédités, des numéros spéciaux (Trois Couleurs, les Inrockuptibles), des éditions en ligne sur le site de la Cinémathèque. Enfin, le coffret DVD avec l’intégrale de son œuvre, sera édité chez Warner. Cet incroyable enthousiasme s’explique par l’aura de ce cinéaste qui persiste onze ans après sa mort. Son œuvre est très connue du public, mais garde un mystère, des secrets que tout le monde a le désir d’approcher, de déchiffrer. C’est souvent le cas avec des génies comme lui.

Diriger la Cinémathèque, c’est veiller à ce que nos projets soient divers, ouverts à un public qui désire mieux connaître l’histoire du cinéma. Nous avons la chance d’avoir un bâtiment magnifique, trois salles de projection, des espaces d’exposition, un musée, une bibliothèque. La plupart des cinémathèques dans le monde nous envient. Et puis, je crois à la transmission : ce que nous avons et ce que nous savons de l’histoire du cinéma, les collections très riches que nous possédons grâce au travail d’Henri Langlois qui était un précurseur, il faut les transmettre aux nouvelles générations. Je crois beaucoup à cette mission.

Plus généralement, pouvez-vous me parler de votre

≥ 51, rue de Bercy, 75012 Paris

Expo Kubrick, du 23 mars au 31 juillet à La Cinémathèque française

rôle au sein de la Cinémathèque ? Nuit

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La bonne soirée Communiqué ® Mirah Houdon

Pain Surprises Collectif stupéfiant

« Ça fait longtemps que la nuit n'a pas connu d'orgasme », c'est par ce slogan plein de promesses que le collectif Pain Surprises, trois jeunes garçons clubbers de 19 ans, s'apprête à lancer ses soirées débridées à L'élysée Biarritz, en mars. On les a rencontrés.

Sur une table de La Fourmi, où on leur a donné rendez-vous à l'heure de l'apéro, Jacques, étienne et Félix ont déposé un nain de jardin doré (leur mascotte) arborant un doigt d'honneur, une mini boule à facettes et un godemiché en plastique. On leur demande, interloqué, pourquoi ? « Parce que c'est la fête », répondent-ils en cœur. Fondé par deux étudiants (un en journalisme qui écrit aussi pour Brain et Parissi et l'autre à Science-Po) et un musicien originaire de Strasbourg, le collectif de copains est parti d'un constat : « Que fait-on ce soir ? Il n'y a encore rien d'excitant ». étienne raconte : « On en avait marre de rester chez nous à fumer des joints. Ou de sortir toujours dans les mêmes lieux, pour entendre la même musique partout et s'apercevoir qu'il faut être riche pour consommer au bar. Toutes les soirées sont organisées par les mêmes personnes depuis 20 ans. On tourne en rond. ». « Le

problème de la nuit, continue Félix, c'est comme la France, il y a trop de vieux. » Les amis décident alors de rêver des soirées à l'image de leurs frustrations, où l'on ne sortirait plus pour rencontrer « la fille de sa nuit » (comme ils le disent) ou boire, ou entendre un groupe, mais pour être surpris par des performances et événements inédits orchestrés par leurs soins. Tout le monde (quelque soit l'âge, le sexe, la couleur de la peau ou le boulot) y est vivement convié, et happenings et mises en scène seront les ingrédients majeurs de leurs soirées qui auront lieu tous les vendredis à L'élysée Biarritz, dès le 11 mars. « Dans les Pains Surprises, tu ne sais jamais sur quoi tu vas tomber, du concombre ou du saumon. Il y a aussi l'idée de pain, coup, reprise dans notre titre ». On espère que leurs soirées seront à cette image : des électro-chocs plein de surprises.

Vendredi 11 mars 10€ en prévente / 13€ sur place, bières à 6€ ≥ élysée Biarritz, 22-24, rue Quentin-Bauchart, 75008 Paris Contact : painsurprises@gmail.com

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le casse bonbon ® Manon Troppo Ω Carine Brancowitz

Harry

un bar qui vous veut

Mon amie Caitlyn a décidé de vivre à Paris il y a un an, sur un coup de tête, et ce, notamment par attrait pour ses nuits, ses bars et les déglingués qu'on y croise. Elle s'amusait un tantinet moins intensément à Austin, le week-end. Mais pour la Saint-Valentin, elle m'avait prévenue, ce serait un programme américano-américain ; une soirée avec moi et surtout avec son amoureux, à savoir : les Staaaaaaates, baby. Je me préparais donc à rencontrer ses amis expat' et à enfiler milk shake à la fraise sur milk shake à la fraise et barbecue ribs sur barbecue ribs, le tout servi par une étudiante ultra souriante, hyper active et à l'accent trop cute dans un petit diner secret que je pourrai conseiller aux Béotiens par la suite en crânant allègrement. V'là-t-y pas qu'elle commence par me donner rendez-vous à 20h30 au Starbucks Coffee de Sébastopol. J'ai une dent empirique contre tout ce qui est chaîne du genre, et puis, ça me fait toujours doucement rigoler, ces marques qui se disent éthiquement responsables tout en affublant les immeubles de leurs devantures en aluminium. Mais, mais, mais, je moufte pas, et je commande un Mocha praliné en essayant de me convaincre que c'est aussi bon et fun qu'un Sour cocktail dans un bar tamisé. La vérité vraie, c'est que j'ai l'impression de retourner à la cantine, avec ses bacs à touillette et les carafes d’eau à remplir soi-même. En plus de ça, le semblant d'ambiance de cette usine blanchâtre ne tient qu'aux rares clients de la boutique Musika, juste à côté. Sceptique quant à la suite de la soirée, je me renseigne sur les intentions de Caitlyn. 42 —

Nuit

du bien

- C'est-à-dire que là, ils se mettent à ranger, le serveur commence à nous regarder d'un sale oeil... Faudrait qu'on se lance dans notre 2e partie de soirée, enfin... notre soirée, quoi. - Je pensais qu'on pourrait aller se faire un hamburger sur les Grands Boulevards ? - Ben, écoute, oui, un hamburger, ça me paraît pas mal cainri sur les bords. Tu connais un endroit bien ? - Follow the white rabbit, qu'elle me chuchote, coquine et alléchante. Je la suis, coquine et alléchée. Plus on avance, plus je dois faire face à l'inévitable : l'enseigne qui se dessine de mieux en mieux jusqu'à devenir parfaitement lisible est bien celle du Hard Rock Café. C'est là qu'elle me traîne, la bougresse ! Et pourquoi pas le Planet Hollywood tant qu'on y est ? J'en ai l'appétit coupé. Mais décidée à ne pas lui gâcher sa "date", je prends sur moi et m'installe, résignée, au milieu de touristes japonais peinant à couvrir le mauvais rock de leurs petites voix de crapahuteurs essoufflés par une trop longue journée de shopping. Après avoir fait le tour de la carte triste comme un aquarium vide et avoir hélé une vingtaine de serveurs plus occupés à faire la gueule qu'à nous servir, on passe une commande qui arrive au bout d'une heure, froide et manifestement destinée à la table voisine. Soixante minutes à attendre un bout de gras dans un décor me donnant la nausée, et voilà que ma patience, équivalente à celle d'une sainte pour avoir déjà parcouru tout ce chemin, est à bout. Je lui explique que ses choix me laissent un peu sur ma faim. Elle admet qu'un combo Starbucks/


Harry, un bar qui vous veut du bien

Hard Rock Café en guise de soirée américaine, ça équivaut à un jus d'orange chez Pomme de Pin et un anniversaire chez Hippopotamus. Je lui demande avec des centaines de pincettes : « Et le Harry’s Bar, tu connais ? » Elle secoue la tête et rougit. Je l’embarque et ne fléchis pas quand on croise le serveur et notre commande, lui précisant cependant que même en trois secondes, je peux affirmer que les hamburgers qu’il s’est enfin décidé à nous apporter n’ont rien de plus saignant que la semelle de ses chaussures. Dix minutes après, la vraie vie commence enfin au 5, rue Daunou. Il faut toujours être accompagné d’un(e) américain(e) au Harry’s Bar. C’est un petit tip que je vous donne, les copains. Les serveurs décuplent alors leurs efforts d’amabilité, et, pourtant, ils partent déjà avec une sacrée avance. On nous raconte tout, tout sur l’histoire du bar, sur

les recettes, sur Woody Allen, l'habitué, sur Harry, qui était connu comme étant le meilleur barman du monde. Et même si ça fait dix fois qu’on l’entend, on veut qu’ils nous la racontent encore, l’histoire du Bloody Mary inventé spécialement pour Hemingway . On nous dit tout sur le Bloody Mary, tout en nous en servant, plus que de raison, des foutus Bloody Mary. Alors que j’arrive encore à articuler, je case ma petite citation directement sortie de la bouche de l’écrivain sus-cité « Always do sober what you said you’d do drunk. That will teach you to keep your mouth shut ». à laquelle Caitlyn ajoute : « Or that'll teach you not to do a thing, ever », qui nous fait rire bêtement et recommander une tournée offerte. Les amérloques, quand même, parfois, c’est chouettos ; d’ailleurs, c’est à eux qu’on doit le divin Alka Seltzer. Merci, les gars. Mais le problème de la nuit à Paris, c’est qu’elle est toujours trop courte. Nuit

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Bonbon Nuit Party

Tous les vendredis au Bus Palladium â„Ś Arnaud Chaillou & Paul-Antoine Goutal



le bon en arrière ® Marine Goutal Ω Château Vacant — www.chateau-vacant.com

Lamballe & la Loge de la Candeur

1780. La nuit parisienne voit se multiplier les sociétés secrètes. Associations d’invertis, sociétés de sadiques, amicales de lesbiennes, réunions ésotériques : chaque année, une dizaine de nouvelles confréries voit le jour. Aux marges de la légalité, chacun de ces groupes se réunit une fois la nuit tombée. Le goût pour les réunions clandestines devait un jour pousser les grandes dames de Versailles à pénétrer dans la plus importante des sociétés secrètes : la franc-maçonnerie.

Structurée sous forme de Loges, la franc-maçonnerie prend un tour féminin en ce XVIIIe siècle finissant. La plus célèbre d’entre elles, la Loge de la Candeur n’est certainement pas étrangère aux nombreux fantasmes d’orgies et d’ésotérisme qui entourent encore aujourd’hui le courant. Le destin de la Loge, qui se voit dissoute à la Révolution est alors indissociable de celui d’une de ses ferventes animatrices, la princesse Marie-Thérèse-Louise de Savoie-Carignan, amie intime de Marie-Antoinette, dont la tête devait finir sur une pique. Le 25 mars 1777, la princesse de Lamballe avait fait une visite solennelle à la Loge de la Candeur et devait succomber à la séduction de ces fêtes. Lors de ces soirées, l’atmosphère ésotérique régnait, l’impression d’être au cœur d’une révélation majeure pour l’univers et l’aspect rituel correspondaient bien au caractère exalté et romanesque de l’aristocrate. La princesse de Lamballe fut nommée rapidement Grande Maîtresse de toutes les Loges de France, le 10 janvier 1781 et loin de l’image humaniste véhiculée par la franc-maçonnerie aujourd’hui, elle 46 —

Nuit

commença à y organiser des soirées non pas pour discuter de thèmes philosophiques mais de sujets frivoles et saugrenus, tant et si bien que les temples se mirent à ressembler à des boudoirs. La soirée type se déroulait ainsi : agapes richement garnies, musique, danse, et chant. Les sœurs déclamaient des chansons, des poèmes ou des contes comme Le Triomphe de la maçonnerie des dames ou L’échelle lyrique d’une grande maîtresse. Les grands soirs, à l’instar de ce 5 février 1778, où la Loge de la Candeur offrit une fête en l’honneur de Mme de Lamballe, on pouvait entendre un orchestre composé de clarinettes, de hautbois, de flûtes, de cors de chasse et de bassons, ouvrir la séance. Les assemblées auxquelles assistaient les sœurs en se trémoussant prirent bientôt un ton mondain, voire puéril. C’est ainsi qu’il fut décrété que l’un des rites consisterait à embrasser le derrière d’un petit chien. C'est de cette époque, par ailleurs, que datent les nombreuses expressions, encore en usage telles que le célèbre "canon" désignant un verre, ou la "poudre forte" désignant le vin. Délaissant les salons alors à la mode tels que les Aphrodites ou les Antifaçonniers, les dames de la cour fraîchement initiées firent dans les Loges ce qu’elles faisaient si brillamment dans leurs salons, certaines réunions se terminant ainsi en orgies. Les soirées de la Loge de la Candeur, si frivoles, furent l’une des causes principales du succès et de la puissance maçonnique à la fin du règne de Louis XVI, une communauté qui allait en partie précipiter la chute de la Monarchie. Les soirées maçonniques de la princesse de Lamballe, où quand la micro-histoire rejoint la "grande histoire".


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le bon agenda

Régie Publicitaire pubnuit@lebonbon.fr

Sélection subjective des soirées à Paris

06 33 54 65 95

Jeudi 3 21h Bellevilloise 22€/25€

Samedi 19 19h Mains D'œuvres gratuit

≥ “An Ethio-Jazz Night With Strut” : Mulatu Astatke

≥ Full Moon Party ! #1 : Violaine Schutz + Alice

Full Live Band

Lewis + Karaocake + Poni Hoax + Audrey Katz 23h30

La Bellevilloise 13€/15€

Vendredi 4 23h Rockstore 15€

≥ Excuse My French : Foreign Beggars (Live) + Groo-

≥ We Are The 90's

verider + Mr Viktor + Soul K.

23h

Bus Palladium gratuit

≥ Black Minou + Bonbon Party all night long :

Lundi 21 19h30 La Cigale gratuit

DJ Freddy

≥ Aloe Blacc & The Grand Scheme + Première partie Maya Jupiter

Samedi 5 20h 4 elements gratuit ≥ Antony Adam + Cerax + Cage & Mannix

Mercredi 23 19h30 Théâtre du Marais 10€ ≥ Les Precieuses Ridicules Version Rock'n'roll, mise

Jeudi 10 19h Galerie Surprise gratuit

en scène Pénélope Lucbert

≥ Exposition Stratigraphiede Leslie David Vendredi 18 19h Trabendo 28€ Vendredi 11 23h Machine du Moulin Rouge 17€/20€

≥ Gang Of Four

≥ Nasser + Curry&Coco + Swayzak + The Naked & Famous + Radio Radio + Phred + Numinots +

Vendredi 25 23h Bus Palladium gratuit

millions of guests

≥ Tamara Kaboutchek + Bonbon Party all night long

23h

Bus Palladium gratuit

00h

Rex Club 12€/15€

≥ The Edge & Old Fashion Ladies + Bonbon Party all

≥ dOP (Circus Company) + Krause Duo + Treplec

night long

(Milnormodern , Philpot – De)

Samedi 12 23h La Machine du Moulin Rouge 16€/22€

Samedi 26 20h New Morning 22€

≥ South Central + Make The Girl Dance + DSL +

≥ Bibi Tanga & the Selenites + Lucy Dixon & le

Detroit Grand Pubahs 00h

Rex Club 12€/15€

Professeur Inlassable 20h

4 elements gratuit

≥ Superpitcher + Chloé

≥ Gwen Maze + Alex Murac

Mercredi 16 23h30 Rex Club 8€/10€

Lundi 28 19h30 Flèche D’or 12€

≥ Warp Présente Chris Clark + John Hopkins +

≥ Jaga Jazzist

Battles + Jennifer Cardini Jeudi 31 22h La Machine du Moulin Rouge Vendredi 18

23h

Bus Palladium gratuit

≥ Un Etrange Printemps au profit de Sidaction : plus

≥ Junie Jungle & Home And Dry + Bonbon Party all

de 50 artistes sur 3 salles. L’événement militant de

night long

la scène électro au profit de la lutte contre le sida.

00h

Rex Club 12€/15€

≥ Skryptom Spéciale Luna : Live de Stephan Bodzin

Vous aussi envoyez votre programmation à :

vs. Marc Romboy

prognuit@lebonbon.fr

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