Le Bonbon Nuit 44

Page 1

Été 2014 - n° 44 - lebonbon.fr



édito Été 2014

C’est statistique, 1 femme sur 2 et 1 homme sur 1 déclarent avoir une vie sexuelle plus active l’été. Je suis pas très fort en proba, mais ça veut dire qu’à vue de nez, tu risques de pas mal niquer jusqu’à septembre. Bon, le sexe c’est bonnard, mais t’en conviendras, c’est bien mieux quand on y ajoute une petite touche de folie.

© Jacob Khrist

C’est là que j’interviens. Je vais te parler d’une pratique qui fait fureur de l’autre côté de la Manche et qui va bientôt débarquer ici. Dans 2 ans, quand ce sera à la mode, tu pourras dire à tous ces moutons que t’étais un pionnier. Alors le truc, ça s’appelle le pegging. Mec, je t’en donne une description simple : tu te mets à quatre pattes, madame prend un godeceinture, et en avant Guingamp, tu te fais ramoner la prostate. Bon ok, sur le papier c’est pas trop sexy mais crois-moi, les nanas vont trouver ça vachement rafraichissant. Tu vas être un vrai vainqueur sur les plages d’HoSSEUgor avec ton godemichet en bandoulière. « Fini les missionnaires plan-plan et les levrettes claque-maindroite-sur-fesse-gauche » qu’elles vont dire, « on va te pegger ! ». Pour sûr, elles auront des étoiles plein les yeux. Et puis merde mec, on est en 2014, faut renverser les codes, inverser les rôles, faire preuve de modernité. C’est pas une petite douleur à l’arrière-train qui va t’empêcher de prendre le wagon de la marche du monde. Faut un peu souffrir pour être à la pointe, tu sais. Allez, bon pegging les cochonnes. MPK Rédacteur en chef

Rédacteur en chef — Michaël Pécot-Kleiner michael@lebonbon.fr | Directeur artistique — Tom Gordonovitch tom@lebonbon.fr Directeur de la publication — Jacques de la Chaise | Photo couverture — Zoé Bruneau par Nicola Delorme Secrétaires

de

rédaction

Louis

Haeffner

|

Régie

publicitaire

regiepub@lebonbon.fr

06 33 54 65 95 Contactez-nous — nuit@lebonbon.fr | Siret — 510 580 301 00032 | Siège social — 12, rue Lamartine Paris 9e 1—

Nuit



sommaire Le Bonbon Nuit

Zoé Bruneau

p. 7

Dana Wyse

p. 11

Y’a quoi au ciné ?

p. 15

psycho-socio

Nuit & société

p. 17

nightivisme

Le Poney Club

p. 23

Baise & Breakfast

p. 27

musique

Craki Records

p. 29

tumblr

sosiesdemerde

p. 33

gonzo

Gros fail au Berghain

p. 35

SOS amitiés

p. 39

Caïpirinha

p. 41

report

Desperados Wild Club

p. 43

playlist

Thylacine

p. 47

agenda

Louison la frite

p. 49

à la une art cinéma

papier cul

métier de l’ombre cocktail

3—

Nuit


JEUDI 24 juillet La Bellevilloise de 19H à minuit

Inscrivez-vous sur : grrrrr@lebonbon.fr

19-21 Rue Boyer, 75020 Paris

er ateli s ngle o bar à


agenda Les événements à ne pas manquer

Expo White Chapel : dans tes dents Paul Toupet fait partie de ces artistes bien tarés. Il nous présentera lors de cette expo ses sculptures étranges qui interpellent les plis les plus profonds de notre inconscient (ouais !). Conjointement, Axël Krillof présentera The Angels of Sodom, une réappropriation fantomatique de l’oeuvre de Gustave Moreau (ouais !). Jusqu’au 14 août à la Galerie de la Halle Saint-Pierre

Gros festoche bucolique Le Peacock Society promet encore d’être un bel endroit de débauche en ce mois de juillet. Le plateau est plutôt bien équilibré, puisqu’il fait co-exister découvertes et valeurs sûres au sein des principales tendances électroniques actuelles. Seront présents Richie Hawtin, Recondite ou encore Tale Of Us… Gros mouillage de caleçon, quoi. Les 11 et 12 juillet au Parc Floral de Paris

Se remettre une petite claque le 2 août. Ça a l’air bien cool cette soirée au Trabendo. Cette soirée, tu vois, elle fait partie d’un festival qui s’appelle Summer Here Kids et qui dure tout l’été. À cette soirée, tu vois, y’aura des artistes qu’on aime vraiment bien, du genre Tristesse Contemporaine, Inferno Toledano, Femminielli Noir et Beau Travail. Rien à dire, ça sent la bonne soirée ça. Le 2 août au Trabendo

Grrrrr Before by Le Bonbon #2 La 2e édition des Grrrrr Before prendra place dans le plus champêtre des lofts parisiens : La Grrrrrande Prairie de la Bellevilloise ! Calé dans un transat ou affalé dans DR/ DR/ DR/ DR

l’herbe, mousse à la main et pouce en l’air ! Ce mercredi 23 juillet, Dj Aldric viendra ambiancer vos minois, tandis qu’un Bar à Ongles s’occupera de vos doigts. Mercredi 23 juillet à La Grrrrrande Prairie de la Bellevilloise de 19h à minuit 5—

Nuit


6—

Nuit


à la une T/ Elsa Anikinow P/ Lou Sarda

Zoé Bruneau “Se faire mettre à nu par Godard, c’était plutôt assez facile finalement.” Ah y’a plus de vieillesse ma bonne dame. Voilà que

immense talent ?

cette légende de Jean-Luc Godard se paie l’audace

Se faire mettre à nu par Godard, c’était plutôt assez facile finalement. C’est une des premières choses qui ont été évoquées lors de notre entretien. Est-ce que cela me gênait ? Pour moi tourner nue c’était une première, mais pour le moment, je trouve mon corps pas trop mal et je me suis dit que quitte à faire ça dans ma vie, autant que ce soit avec ce réalisateur. On a parlé épilation, j’ai eu peur de passer à côté du rôle car pour lui une femme à poil, c’est une femme… avec des poils ! Sur le tournage, nous étions une toute petite équipe et je me suis sentie très à l’aise, comme si j’avais enfilé un costume. Voila, c’est ça. Je n’étais pas nue tu vois. J’étais tout simplement en costume d’Eve, nuance.

de rafler le Prix du jury au dernier festival de Cannes. À croire qu’il n’a pas passé l’âge, à croire qu’il ne le passera jamais. C’est que Godard est un nom propre hors du commun que l’on a bien de la peine à définir : influent, inclassable, il déroute encore à 84 ans et ne se laisse pas enfermer dans des cases, encore moins dans des mots. Mais quand Jean-Luc fait son Adieu au langage, il sait y mettre les formes, et autant vous dire que celles de Zoé Bruneau crèvent l’écran.

Alors, sois belle et tais-toi Zoé ? Cela aurait pu être fort à propos dans ce film qui cherche à se passer de mots pour dire les choses. Mais non seulement y’a plus de vieillesse… Y’a apparemment plus de potiches non plus ! Zoé est une actrice douée, qui sait aussi fort bien écrire et vient de sortir un livre sur cette expérience cinématographique : En attendant Godard. Ce bouquin nous raconte son histoire, celle d’une jeune fille qui sait patienter pour fleurir à l’ombre de la caméra d’un grand monsieur du cinéma. Pour faire ses adieux au langage il faut apparemment se mettre à poil Zoé. Comment as-tu réagi lorsque Jean-Luc t’a annoncé que tu allais passer une bonne partie du film sans porter autre chose que ton 7—

Ton livre s’intitule En attendant Godard : l’attente en valait-elle la chandelle ?

Complètement ! Je suis tellement contente de l’avoir rencontré. Mais il est totalement différent de ce à quoi je m’attendais. J’ai été complètement surprise par le personnage. Il est sympathique. Vraiment, je ne pensais pas du tout qu’un monstre sacré comme lui pouvait être aussi sympathique. C’est quelqu’un de très libre, il n’a plus rien a prouver, du coup il ne fait que ce qui lui plaît. Et il émane de Godard quelque chose de joyeux, de lumineux et de plutôt zen. Nuit


Zoé Bruneau

“Godard, C’est le mec qui t’emmène dans sa vieille caisse et qui se met à rouler très vite sur des petites routes de campagne pour te secouer.”

8—

Zen, Godard ? Ah oui ça surprend ! Alors pas de batailles de tournage croustillantes à nous raconter ?

Comme il le dit lui-même, « la colère est passée ». Il a eu assez de talent et de force en lui pour savoir évoluer. Il m’a vraiment mise en confiance durant ce tournage. C’est un vieux monsieur à l’extérieur, mais il a gardé une âme d’enfant. Godard, c’est le mec qui t’emmène dans sa vieille caisse et qui se met à rouler très vite sur des petites routes de campagne pour te secouer, qui peut te raconter des histoires et te faire marrer pendant des heures. Le Godard que j’ai rencontré est quelqu’un d’incroyablement ouvert. Ce livre, ce n’est pas qu’un simple carnet de tournage, tu y as mis beaucoup de toi…

Bien sûr ! Mais il faut dire aussi que cela fait un bon petit moment que j’attends Godard tu sais ! La première fois que je l’ai rencontré, c’est il y a plus de 10 ans. Il cherchait une actrice pour l’un de ses films, mais je n’ai pas été sélectionnée. Pour Adieu au langage, nous avons bu un café, et il m’a très vite fait savoir qu’il m’avait choisie pour interpréter le personnage d’Ivitch… Mais le tournage s’est étalé sur trois ans. Alors moi, tout en attendant Godard, j’ai joué dans pas mal de pièces, je suis passée à l’âge adulte. Je me suis découverte en tant que femme, en tant qu’actrice. Et puis j’ai écrit ce livre, aussi. Et tu as toujours voulu être actrice, ou ton trip d’enfant c’était plutôt majorette ou cosmonaute ?

Et bien j‘ai clairement baigné dans ce milieu, mes deux parents étant comédiens (Zoé est la fille de Philippe Bruneau et de Claire Nadeau, ndlr). Mais le métier d’acteur ne m’attirait pas plus que cela. Je voulais faire de la mise en scène. C’est pour mieux comprendre ce qu’il se passe quand tu es acteur que je me suis inscrite à des cours de théâtre… et je me suis prise au jeu.

Nuit


Zoé Bruneau

Tu préfères jouer ou écrire ?

Et tu as bien fait la fête là-bas j’espère ?

Jouer et écrire sont deux façons de transmettre des émotions. Quand je joue, je suis dans l’instant. Et je voulais conserver une trace de chaque instant de ce tournage car c’était une expérience très particulière. On ne savait pas où il voulait en venir, l’équipe du film était réduite. Nous étions cinq tout au plus quand on tournait. Je ne voulais pas perdre ou oublier une miette de tout ce que je ressentais.

Ha ha ha ! Ah oui pour ça, ne t’inquiète pas.

En parlant d’écriture, ton roman préféré ?

Tout ce que j’aimais de Siri Hustvedt. C’est un petit chef-d’oeuvre assez inclassable qui m’a beaucoup bousculée. Un autre livre qui m’a vraiment marquée adolescente, c’est Sous le règne de Bone de Russel Banks. écrire, c’est une expérience que tu voudrais réitérer ?

Carrément ! J’y trouve énormément de plaisir. J’ai adoré me creuser la tête pour trouver la bonne formule, et cette boulimie de lecture qu’entraîne l’écriture. Cela me plonge dans un état second très agréable. Quelle a été ta réaction quand tu as vu le film pour la première fois ?

C’était juste avant Cannes et j’ai été très émue. Là encore, nous étions en petit comité et nous étions tous très fiers d’avoir participé à ce projet. Je me suis sentie d’autant plus motivée pour aller le défendre au festival.

Et tu sors où, à Paris ?

Mes deux endroits favoris sont le Silencio et le Carmen, mais boire des coups avec mes amis à la maison, cela doit être mon truc préféré. Avec qui rêverais-tu de tourner ?

Ce qu’il y a de bien avec les rêves, c’est que tu peux leur demander l’impossible. Celui avec qui j’aurais rêvé de tourner, c‘est Pialat. Il y a une intensité extraordinaire dans chacun de ses films. Mais cela semble difficilement réalisable à l’heure actuelle… J’aimerais beaucoup tourner avec Pascale Ferrant. J’adore le regard qu’elle porte sur le monde du cinéma en général. Elle construit chacun de ses personnages de manière si approfondie… C’est un vrai travail d’orfèvre, et je l’admire beaucoup pour cela. Sinon… Ah oui ! J’aimerais aussi tourner avec Spielberg. ET, Rencontres du troisième type, ce sont des films qui ont marqué mon enfance. Ce mec sait vraiment raconter une histoire. Tu écoutes quoi en ce moment ?

Il y a un morceau du groupe Jungle que j’adore. Et puis aussi, on ne dirait pas comme ça, mais j’ai un gros côté midinette, j’écoute beaucoup Rihanna ! Ah mais j’allais oublier une question d’importance ! Sur le tournage, il était sympa le chien ?

Aaah, le chien, ce personnage si présent a l’image… Et bien figure-toi que je n’ai même pas eu l’honneur de le rencontrer.

Et alors, monter les marches pour présenter un film, c’était comment ?

Que dire ? Waaahouu !! ça résume assez bien ce que tu peux ressentir. C’est un rêve qui se réalise et mieux encore. Cela a dépassé mes espérances, c’était juste magique. Et je te signale que j’ai réussi l’exploit de ne PAS tomber en montant les marches. C’était ma grosse hantise, à vrai dire. 9—

Adieu au langage de Jean-Luc Godard. Prix du jury au Festival de Cannes 2014. En attendant Godard au Éditions Maurice Nadeau.

Nuit


10 —

Nuit


art T/ Paul Owen Briaud P/ Dana Wyse

Dana Wyse “la vie est, sans conteste, meilleure avec de l’opium.” Si ses pilules magiques sont vendues dans toutes les boutiques de musée du monde, elle a d’autres tours dans son sac à malices. On cause dans son atelier d’Aubervilliers où on mesure l’effet de la crise sur le ghetto, mais c’est vers Chantilly, dans les oubliettes d’un châtelet du Moyen âge, qu’elle prépare son prochain coup. Elle me montre sa collection de farces et attrapes, m’offre un verre d’eau du puits de là-haut, et un tour de magie avec deux cartes à jouer et une allumette pour s’assurer que je me

optimisme dans la lumière du soleil comme un cristal pendouillant du rétroviseur central d’une Volkswagen… mais sans fil apparent ! On ne sait pas où on était avant d’être né ; on ne peut pas savoir où on ira après notre mort. Alors la vraie question, pour moi, n’est pas « sommes-nous réels ? » mais « est-ce que ça importe ? ». Si tu as assez de temps libre pour méditer sur ton « existence », c’est que tu ne passes pas assez de temps à préparer le « dîner » pour ton enfant.

fasse offrir des verres dans les bars pour le restant de mes jours.

Pour quoi aimerais-tu être reconnue dans le futur ? Et aujourd’hui ?

Si tu devais ne sauver qu’une personne, qui seraitce ? Si tu pouvais ne tuer qu’une personne ?

Je sauverais John Lennon, parce qu’il était si magnifique. Tuer quelqu’un ? Pas une âme. Mais si je pouvais torturer légèrement ? Sans hésiter, cette catin d’Angela Fraser qui a volé 2,50$ sur mon budget carnaval en CM1. Le monde existe-t-il vraiment ? Sommes-nous réels ?

Ah, la question éternellement sans réponse. Voici comment je vois les choses : nous sommes de délicates poches de matière biologique visqueuse, échouées sur un gros morceau de lave séchée suspendu on ne sait comment dans l’espace incommensurable de notre univers, virevoltant avec 11 —

Dans le futur, comme la fière maman du vainqueur des présidentielles françaises de 2042. Aujourd’hui, comme la femme à barbe écrivaine résidente du Château de la Reine Blanche. Que penses-tu de l’analyse que certains font de ton travail, puisque tu n’aimes pas l’intellectualiser ?

Je pense que quiconque prenant plus d’une demiseconde de son temps pour analyser mon travail est mon héros. Parmi toutes les options possibles, pourquoi es-tu devenue qui tu es, et dans quelle mesure cela a-t-il été intentionnel ?

Je ne crois pas qu’on puisse intentionnellement consacrer sa vie à la fabrication de pilules qui Nuit


Dana Wyse

donnent un accent québécois immédiat, ou à la cocaïne sans coke. C’est un grand mystère. J’étais censée devenir avocate spécialisée dans la finance.

Si tu pouvais garder éternellement le même âge, lequel aurais-tu ?

9 ans, parce qu’on est dispensé de corvée de vaisselle.

Je n’ai pas d’enfants. La vie est-elle meilleure avec des drogues ?

Que fais-tu de tes nuits ?

La vie est, sans conteste, meilleure avec de l’opium.

J’aimerais mentir et dire que je vais aux réunions des Alcooliques Anonymes, ou que je porte secours secrètement à des enfants malades, mais je ne fais pas grand’chose à part aller voir des groupes au Silencio, ou brûler de vieilles lettres d’amour et des pianos brisés, au château.

Boring. C’est vrai que tu t’es dit qu’il serait plus simple de vendre un million d’œuvres à 1$ qu’une seule à 1 million ? Et alors en quoi est-ce de l’art et non plus simplement du commerce ?

C’est vrai. La problématique, au début, était : dois-je obéir à l’élite, ou à la loi de l’offre et de la demande ? Voulais-je voir mon travail disparaître aux mains de 10 riches collectionneurs, ou voulais-je que ma tatie Joan puisse l’acheter pour 8$ dans un centre commercial texan ? Puisque mes pilules sont inspirées des jouets made in China des bazars « Tout à 10 francs », il était naturel que j’imite ce modèle économique. La modicité est partie intégrante du geste artistique.

Qui est venu le premier, la poule ou l’œuf ?

Je vais donner raison à Stephen Hawking et répondre l’œuf. Qu’aimerais-tu que nos lecteurs sachent à propos de ton travail ?

Qu’il est à vendre et que s’ils contactent directement Jesus Had A Sister Productions, ils auront droit à une grosse ristourne.

As-tu trouvé un sens à la vie ? Si oui, lequel ?

Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez les gens ?

J’ai trouvé plusieurs sens à la vie, mais aucun que je souhaite partager, à moins qu’on soit autour d’un feu de camp chaussés de bottes de chasseur pleines de gadoue à boire de la bière Kokanee.

Pitié. Assez avec les énigmes. Chaque artiste que je rencontre doit choisir un tatouage, que je me ferai faire à l’endroit qu’il/elle aura choisi pour moi. Quel sera-t-il ?

Céline Dion, sur toute la surface du dos.

En qui aimerais-tu être réincarnée ?

Pamela Des Barres, sans l’ombre d’un doute. Hmmm, et pourquoi pas un bel étron fumant parQu’est-ce qui ne va pas dans le monde de l’art ?

semé de moucherons ?

Qu’est-ce qui va ?

Tout doux, l’ami. Céline Dion est un trésor national. Respect.

Je trouve que hiérarchiser la valeur d’œuvres d’art comme s’il s’agissait d’actions Pfizer est vulgaire. La créativité est viciée quand elle devient denrée. Voilà pour la partie sinistre. Le côté lumineux se trouve dans l’enthousiasme pur et joyeux d’un bon commissaire ou spectateur. Vous leur devez tout, pour avoir attribué à votre travail un sens et un contexte additionnel. 12 —

Je ne suis pas canadien, moi. Je m’en tiendrai aux cartes et à l’allumette… Pour finir, à quoi bon ?

Oh, Paul, don’t make me cry again. www.danawyse.aeroplastics.net

Nuit


13 —

Nuit


Cinéma T/ Pierig Leray P/ DR

Y’a quoi au ciné ? 1 mois, 4 films, 4 avis. Le pro-

Albert à l’ouest de Seth Mc Farlane

blème ? On ne les a pas vus.

Sortie le 2 juillet –

Critiques abusives et totalement

On a adoré la peluche xénophobe, raciste et vulgosse de Ted, on ne peut que se réjouir de ce nouveau délire western de Seth Mc Farlane. Humour noir, toujours à la limite, retombant à chaque fois du bon côté de la ligne, il reprend le second degré de Ted pour une provocation humoristique jouissive et malsaine. Tout ce qu’on aime.

infondées des meilleurs/pires films du mois.

À toute épreuve de Antoine Blossier Sortie le 9 juillet -

Quand Marc Lavoine s’affiche au ciné, tu sais déjà qu’il faut l’éviter. Fuir, très loin. Quand en plus le hashtag se mêle à un titre pompeux pour s’identifier jeune et générationnel, et que le bac et son échec est le sujet du film, on a là une belle bouse fraîche inodore et sans relief d’un veau diarrhéique. À vomir. L’homme qu’on aimait trop de André Téchiné Sortie le 16 juillet -

Vu à Cannes, Téchiné maîtrise l’art du réseau, cette indéfectible toile d’araignée sociétale qui ne cesse de coller, arracher et piéger la mouvance obscure de l’erreur, du truand, de l’amour impossible. La complexité du scénario n’est ni un atout ni une faiblesse, elle est l’essence d’un cinéaste accompli qui perfore et transcende l’homme dans la plus profonde de ses valeurs : la perversité de son âme. La planète des singes, l’affrontement de Matt Reeves Sortie le 30 juillet -

Quelle tristesse de voir s’affronter des macaques maquillés à la truelle avec une race humaine perdue d’avance… Même le côté grand spectacle de ce blockbuster ne peut sauver la faiblesse du propos, la désolation presque annoncée d’une réflexion forcément absente. Et c’est triste quand l’on apprécie le message pessimiste et subversif de La planète des singes d’antan. C’était quand même mieux avant ! 14 —

Nuit


15 —

Nuit


16 —

Nuit


psycho-socio T/ Julien Bouisset P/ Jacques Daniel

nuit & société “La nuit n’a pas évolué dans le sens des rencontres.” Rien ne s’oppose à la nuit. Qu’elle soit opaque, sombre, noire ou éclairante, la nuit est depuis les temps les plus anciens chargée d’imaginaire et de mysticisme. Entre les peurs irraisonnées et les fêtes excessives, le clair de lune prend toujours de multiples visages, aussi anxiogènes que fascinants. Et Catherine Espinasse, psychosociologue spécialisée sur la nuit nous explique pourquoi. Pourquoi se réveille-t-on un beau jour en se disant que l’on va axer ses recherches sur ce vaste sujet qu’est la nuit ?

D’un côté, jusque dans les années 90, la nuit était un désert, personne ne s’y était intéressé. De l’autre, beaucoup de sociologues considèrent la nuit comme la ville qui dort, qui s’amuse ou qui travaille. Alors qu’entre ces trois mondes, des passerelles existent. Un peu par hasard, j’ai donc commencé à m’intéresser à ce thème au début des années 2000. J’ai fait beaucoup de recherches, notamment sur les jeunes sortants ou encore sur tous les modes de transport la nuit, en particulier pour la Ratp. Et c’est peut-être grâce à mes études qu’il existe aujourd’hui un réseau de noctiliens à Paris.

moins de scansions contraignantes des temporalités diurnes. Étant donné que la nuit est le temps de l’obscurité, on a l’impression qu’elle est homogène. Mais c’est totalement faux. Les grands sortants nocturnes séquencent la nuit en trois phases. Il y a celle dite autorisée, c’est-à-dire jusqu’à la fin du fonctionnement des métros parisiens, par exemple. Cette nuit est mixte, même si tout est très segmenté. Ensuite vient le cœur de la nuit, de 1h à 4h du matin. C’est là où la nuit est la plus déserte. Le corps médical explique que la fin de cette phase est l’heure de détresse physiologique. Comprenez : lorsqu’il y a un problème de santé, à cette heure-ci, en général, c’est très grave. C’est pour cela que vous savez si vous allez être d’attaque pour continuer votre soirée ou si vous allez rentrer. Enfin, dans un troisième temps, il y a la fin de la nuit. On y termine sa soirée, on regarde le lever du jour, on prend les premiers métros. Mais, alors, quand s’arrête-t-elle ? Beaucoup de gens disent que c’est lorsqu’ils entendent les premiers roucoulements de pigeons. Comme quoi, il reste un peu de poésie dans ce monde urbain… Longtemps considérée comme le temps du repos social, la nuit est synonyme aujourd’hui d’agita-

Comment définir la nuit à Paris ?

tion, de travail, et de fête. Comment expliquez-vous

La nuit est un temps très singulier, plus fluide que le jour. On le regarde moins à sa montre. Il y a

qu’au fil des siècles, elle soit devenue de plus en

17 —

plus alternative, conflictuelle, diabolisée ? Nuit


Nuit & société

“La nuit subit tous les maux de la société actuelle. Elle n’est pas une autre société. C’est pourtant ce que l’on cherche à faire et au final, c’est une grave erreur.”

La nuit a toujours été extrémisée en matière de représentation sociale. C’est pour cela qu’elle inquiète et que par exemple des femmes de 50 ans s’interdisent de rentrer en métro ou en RER la nuit par peur de se faire agresser. Elle a aussi mauvaise presse ; car quand les médias parlent de la nuit, c’est simplement pour constater le nombre de voitures brûlées après la Saint-Sylvestre. Rebelote du côté du cinéma. Comptez le nombre de film avec le mot nuit dans le film : La nuit des morts vivants, Nuit d’horreur, etc. Pour quelles raisons développe-t-elle un tel mysticisme ?

Symboliquement, au regard de notre héritage judéo-chrétien, la nuit a toujours eu des connotations très fortes. La notion d’obscurité induit chez beaucoup de personnes des scènes d’angoisse. Par exemple, la tranche entre 19h et 20h est une sorte de moment de détresse psychologique. On se dit que l’on va rester seul et on appelle donc ses amis ou sa famille pour se rassurer. C’est inconscient. Pourquoi faisons-nous plus la fête la nuit que le jour ?

Dionysos, si je me souviens bien, le dieu de la vigne, du vin et de ses excès, n’intervenait pas de jour. Ses bacchanales hystériques se déroulaient la nuit. C’est aussi un temps de liberté, un temps de loisirs. Les pratiques culturelles au sens large se pratiquent plutôt la nuit. Et si on fait la fête, c’est aussi parce que c’est un temps de disponibilité. Historiquement et culturellement, la fête est inscrite dans cette temporalité. Pense-t-on de la même façon le jour et la nuit ? Permet-elle d’appréhender une autre facette de sa personnalité ?

Je ne dirais pas que sortir est une recherche existentielle. Mais peut-être est-ce l’occasion de trouver l’autre, de créer des liens sociaux ? Les gens échangent plus la nuit parce que les masques 18 —

Nuit


Nuit & société

sociaux tombent. Il existe autant de nuits que de sortants finalement. Pour certains, c’est une superbe occasion de compensation sociale. Pour d’autres, elle est une sorte de muse. Elle provoque l’inspiration. Au final, faut-il sortir et vivre la nuit pour être heureux ?

Je serais loin d’affirmer cela. Cependant, je pense que pour beaucoup de personnes, sortir la nuit contribue à prendre du bon temps, se divertir, souffler un peu. En ce sens, alors, vivre la nuit peut contribuer au bonheur de certaines personnes. Ce bonheur peut être essentiel, véritable, pur, convivial, artistique, sensuel, gustatif, auditif… cela dépend de chaque personne. Historiquement, la nuit a toujours été un lieu de rencontres. On y croise des personnes qui travaillent, qui errent ou qui s’amusent. Mais la nuit à Paris aujourd’hui est-elle la même qu’il y a 30 ans ?

La nuit n’a pas évolué dans le sens des rencontres. Je ne crois pas que la nuit se soit dirigée vers une plus grande convivialité depuis 30 ans. Un seul exemple : certaines villes françaises ont mis en place des couvre-feux. Et ceci ne me fait pas dire qu’elle devient plus chaleureuse. En plus, nous sommes dans une segmentation des types de loisirs. Il y a de moins en moins de mélange. En fait, je suis persuadée qu’il faudrait réinventer des lieux de nuit, plus conviviaux. En se réappropriant l’espace public, peut-être sur les quais de Seine ou dans des parcs. Des lieux ouverts sur l’extérieur, plus spontanés, où la voie lactée ferait office de boule à facettes. Il manque de l’audace à Paris. Après, je peux comprendre l’exaspération des riverains depuis que des gens vont fumer 100 clopes dehors, sous leurs fenêtres et discutent. Il n’empêche que cela veut bien dire que la liberté de vivre la nuit, paradoxalement, n’est pas totale.

En quoi le repli de la nuit peut-il être très dommageable pour la société ?

C’est un perte économique, de gaieté, de possibilités de faire la fête. Prendre le temps de danser, d’aller à un concert ou de se cultiver fait partie du bonheur. Et quand je vois les résultats de certaines élections européennes, je ne m’étonne pas qu’elle soit un peu chiante et passée sous silence. La nuit subit tous les maux de la société actuelle. Elle n’est pas une autre société. C’est pourtant ce que l’on cherche à faire et au final c’est une grave erreur. Cela serait banaliser la nuit que de la diurniser. En ce sens, comment injecter plus de vie dans la nuit parisienne ?

Il faut faciliter les transports car bouger plus facilement crée de l’interaction. Je pense que l’usage des velib’, par exemple, est une bonne chose. Il faut aussi, comme je vous le disais, réinventer des lieux, en banlieue proche mais surtout intramuros. Nous devons rendre vivante la nuit. Car cela reviendrait à la rendre un peu plus intergénérationnelle et ouverte, au sens premier du terme.

La nuit en question (éditions de l’aube) Les passagers de la nuit. Vie nocturne des jeunes, motivations et pratiques (L’harmattan)

19 —

Nuit


Š LÊonard Butler



22 —

Nuit


nightivisme T/ MPK P/ Jacob Khrist

LE PONEY CLUB “squatter est un acte politique.” Si la nuit parisienne va beaucoup mieux, merci, les squat parties se sont toutes fait décaniller la tête ces dernières années. Toutes ? Pas vraiment,

moment-là que je me suis rendue compte qu’il y avait une carence dans la nuit parisienne, et qu’il y avait moyen de répondre à ce besoin.

puisque l’équipe du Poney Club fait encore de la résistance et entretient avec fougue l’auguste tra-

Vous êtes combien ?

dition des teufs illégales. Petit tour d’horizon avec

La particularité des collectifs alternatifs, c’est que ça n’est jamais fixe. Rien à voir avec une entreprise où chacun a son poste bien déterminé. Il suffit d’avoir quelqu’un qui lance les idées, et les autres personnes se greffent selon leur degré de motivation.

Aladdin, membre hyper-active du collectif et figure de proue du milieu. Aladdin, imaginons que je te fasse passer un entretien de débauche. Si je te demande tes compétences pour monter une soirée en squat, tu me réponds quoi ?

Tu as un historique assez chargé par rapport au

Faut tout d’abord savoir gérer une équipe, trouver les bonnes personnes qui peuvent s’impliquer et ne pas avoir peur de prendre des risques. Surtout dans nos soirées parce qu’elles sont complètement illégales, ça se passe toujours dans des squats et des lieux alternatifs, donc la prise de risques est primordiale. Et à tous les niveaux.

monde des squats, tu peux nous en faire le tour ?

Parle-nous un peu de ton collectif, le Poney Club.

Le collectif en tant que tel existe depuis 5 ans, et bien avant qu’il s’appelle le Poney Club. Ça a commencé dans un squat qui s’appelait le XIII, rue d’Enghien. J’habitais dans ce squat et je me suis retrouvé un peu par hasard à organiser la dernière soirée du lieu. Ça a d’ailleurs complètement dégénéré car les C.R.S sont intervenus. C’est à ce 23 —

J’ai commencé à squatter il y a 7 ans. Un peu par hasard, encore une fois. J’habitais dans le 18e, il y avait tout le temps du monde chez moi, et un soir, je discute avec un gars et on se dit que ça avait l’air de le faire d’habiter en squat. Le mec bosse pas, il fait des recherches et il se rend compte que Julien Boucher, une figure du milieu (le président de l’association Macaq, ndlr), est l’un de ses vieux potes d’enfance. Un mois plus tard, le type m’appelle et me dit : « Aladdin, y’a un squat qui vient d’ouvrir, faut que tu débarques. » J’arrive là-bas, c’était dans le quartier de Montparnasse, et au bout de quelques péripéties, on finit par m’accepter. J’ai tellement été happée par cette ambiance que j’ai fini par rendre mon appart’. De fil en aiguille, j’ai Nuit


Le Poney Club

“Les Parisiens ne se prennent pas en charge. (…) Ils partent du principe que parce qu’ils ont payé une entrée, tout leur est permis.”

commencé à ouvrir mes propres bâtiments. Et de toutes mes expériences, c’est vraiment celle du squat de la rue d’Enghien qui a été la plus folle. Pourquoi cet attrait pour les squats ?

Y’a quelques années, j’avais un rendez-vous avec un mec, et ce mec était tunisien comme moi. Il me dit : « En fait, le squat, c’est comme le bled ! Les portes sont toujours ouvertes, on mange tous ensemble, tout le monde connaît la vie de tout le monde ! » Il avait trop raison : les squats, c’est comme le bled. Après, squatter est aussi un acte politique. Quels sont les squats encore actifs à Paris ?

Des squats qui font la teuf, il n’y en a plus aucun. La Miroiterie vient juste de fermer, le Soft a eu une interdiction… Non, je crois bien qu’il n’y a plus rien. Tu as bossé pendant pas mal de temps sur un gros projet, mais je crois qu’il est tombé à l’eau…

Oui, le truc, c’est que j’ai fait un KissKissBankBank pour monter 3 projets différents. Il y avait un resto freegan qui finalement s’est ouvert avec zéro budget, un nouveau squat et un lieu abandonné de 800 mètres carrés. C’est ce dernier qui demandait le plus de blé, on aurait aimé en faire une galerie et un club alternatif. Finalement, on n’a pas eu les sous, ça m’a bien saoulée, je me suis dit « merde, je me bouge le cul et les gens n’en ont rien à branler en fait. » On va dire que tout ça est seulement repoussé à plus tard, hein. Comment est-ce que tu jauges ce renouveau de la nuit parisienne ?

Je ne suis peut-être pas la bonne personne à qui poser cette question parce que je suis très critique sur le monde de la nuit. J’ai un peu de mal avec le fait que des organisateurs se fassent du blé avec la fête. J’aimerais plutôt que les collectifs se créent juste pour rentrer dans leurs frais, et juste pour le fun. Bon après oui, les nuits 24 —

Nuit


Le Poney Club

sont maintenant plus fournies, mais je trouve que ce n’est pas assez. Il faut aller plus loin, se donner plus, et chercher à moins faire d’argent.

mat prend forme, on stoppera les Pipi Caca pour les reprendre en hiver. Humainement et musicalement, quels sont les Dj’s

Qu’est-ce qui te donne envie de vomir dans le milieu

que tu n’inviteras pas ?

de la nuit parisienne ?

C’est comme la sélection à l’entrée, on n’a aucun filtre, aucun préjugé. Moi-même, j’écoute beaucoup de merde et je l’assume pleinement. L’autre jour, j’ai vu passer un post sur facebook d’un Dj, je ne sais plus qui c’est, il disait qu’il était dégoûté de son taf parce qu’il avait l’impression d’être une marchandise. Chez nous, je crois que les Dj’s n’ont pas cette impression parce qu’ils ont carte blanche. On est complètement freestyle. C’est cette nonmaîtrise de tout que les gens aiment, tu vois ? La première Pipi Caca par exemple, il n’y avait pas de chiottes. Et les gens pissaient contre le mur, du coup, ils pataugeaient dans la pisse. Ils ont trouvé ça génial. Dans un autre squat, au Mont-C, on avait installé des chiottes sèches ; un soir, elles ont débordé. À la sortie, il y avait une nana qui avait des Louboutin super chères pleines de merde, la meuf était en transe et super heureuse. Ça devait être la meilleure soirée de sa vie. Bref, on ne se prend pas trop au sérieux, on fait tout avec des bouts de ficelle, c’est ça L’ESPRIT SQUAT.

Les Parisiens ! Je ne les comprends pas ! Des fois je me demande, pourquoi nous, les Parisiens, sommes différents des autres. Et ce parisianisme, on essaye justement de l’enrayer, de le transformer. Chez nous, y’a pas que des mecs de l’alternatif, y’a des petites connasses du 16e, des bobos, c’est très éclectique. Bon, y’a aussi pas mal de schlagoss, mais tout le monde se mélange très bien. Je me demande si le fait que ça fonctionne si bien dans nos soirées ne vient pas de l’énergie que l’on met à accueillir les gens. Chez nous, si les gens qui font la porte sont fatigués ou en bad trip, je leur dis de ne pas faire la porte. Pour moi, l’accueil est primordial. Ensuite, on ne filtre pas, tout le monde rentre. Tout de suite, les gens sentent que c’est différent. Mais qu’est-ce qui te fait chier dans ce comportement parisien ?

Les Parisiens ne se prennent pas en charge. Ce ne sont pas des gens responsables. Ils partent du principe que parce qu’ils ont payé une entrée, tout leur est permis. Il y a encore beaucoup de pédagogie à faire.

Ton remède vegan contre la gueule de bois ?

Des fruits dans le punch ?

Parlons de tes projets. J’ai cru comprendre que tu bossais sur une soirée nommée Pipi Caca, c’est bien ça ? L’idée, c’est quoi ?

Ce sont des soirées organisées dans des anciennes toilettes publiques qui sont restées à l’abandon pendant 30 ans. D’où le nom, qui émane directement de l’ancienne fonctionnalité de l’endroit. Ça commence à 5 heures du matin, et on est toujours dans l’esprit du Poney Club. On bosse également sur un possible after en open air, dans un endroit qu’on a découvert dans le 12e. Si ce deuxième for25 —

Se mettre au courant des prochaines soirées : facebook.com/poney.club.

Nuit


PAPIER CUL T/ Manon Troppo

Baise & breakfast Depuis 2 semaines, dans mon quartier, c’est mondial à tous les étages. Dit comme ça, on pourrait croire que je m’en délecte et que je m’en commanderais un t-shirt brodé avec un petit ballon noir et blanc pile sur mon téton pour la modique somme de 70 boules. Or, que nenni. M’en fiche à moitié. ça m’amuse, oui, ça fait du pestacle gratos, des klaxons toute la nuit et, le lendemain, des trajets en métro où les gens se sourient davantage que d’habitude, complices ou je sais pas trop quoi. France-Suisse bat son plein. C’est gagné d’avance. Et comme tout ce qui est gagné d’avance, ça me lasse, un peu. Je demande aux congénères s’ils savent comment on dit « la soirée bat son plein » au pluriel et ils répondent « ta gueule ». J’avais un super truc à leur apprendre, tant pis. À la mi-temps, ça va faire pipi et racheter des bières ; je m’éclipse sur le balcon pour fumer de la rigolade et je remarque que l’immeuble d’en face prend tout ça très au sérieux. Au premier, le drapeau de l’Italie s’est décroché et traîne, sur le bord du balcon. ça me fait peine, un peu. Et j’y vois comme un mauvais signe. Au deuxième, celui de l’Algérie prend la brise du soir en virevoltant, guilleret. ça me fait joie, j’y vois également un signe. 26 26 — —

Au troisième, c’est Brésil sur toute la longueur, ça me fait marrer et j’y vois comme une bande de lèche-derches. Au quatrième, un timide Ghanéen volette. Au cinquième, un… attends, oui, un Japonais. Dans le bon ou le mauvais sens, qu’importe, ça me fait hurler de rire et j’y vois comme l’envie de construire mon propre drapeau en réponse, bien en face. ça dirait « hein quoi ? Le Japon, t’es sérieux ? » Je le tutoierais, oui. Et puis au sixième, rien, tiens. Ah, si. Ouhla, si. Le drapeau -18 ans. Parental advisory, explicit lyrics et tout le tralala. Dans l’appart Air B’n’B où se succèdent toute l’année des touristes en goguette, un couple a décidé de rejouer le Dernier Tango à Paris, et visiblement, ça les excite pas mal de se montrer à qui mieux mieux. Debout au milieu de la pièce, une superbe brune roulée comme une jaguar finit de déshabiller son étalon monté comme un mustang, pile dans l’axe de leur fenêtre grande ouverte. J’en crois pas mes mirettes : elle tombe à genoux, Nuit Nuit


Baise & Breakfast

le sexe de monsieur remplissant ses deux mains, frotte celui-ci contre ses joues avant de le lécher de bas en haut, faisant naître sous mes yeux une des plus impressionnantes érections qu’il me fût jamais donné d’admirer. Alors, elle entreprend comme de bien entendu de le sucer vigoureusement, et elle fait ça vraiment bien, on jurerait qu’elle est née avec une trique dans la bouche. Elle passe un long moment à déguster ce beau morceau, ça me laisse rêveuse. Je me surprends à espérer qu’ils restent à Paris encore longtemps, et à échafauder un plan pour les croiser demain à la boulange, et puis tout à coup, patatras, il lui dit quelque chose en pointant le doigt dans ma direction ! Nom d’un p’tit zob ! Je sursaute, me tasse sur ma chaise, un peu sottement puisqu’ils gardent une vue plongeante sur le balcon d’où je les épie. Oh et puis zut, ils font bien ça pour qu’on les mate, pas vrai ? Elle avance son corps de rêve vers la fenêtre, pose ses mains sur la balustre, se cambre, et son homme à son tour se met à genoux derrière elle. La belle gueule disparaît derrière le cul rebondi. Elle se met à caresser ses seins lourds, puis me regarde droit dans les yeux en gémissant. Quelle splendide catin. J’essaie de faire genre je zieute ailleurs, mais mon regard revient sans cesse vers elle, comme envoûté. Merde, elle commence vraiment à me donner faim.

miaulement lascif. Impossible de ne pas être échauffée par tant d’indécence. J’attends que ses yeux à lui aussi se posent sur les miens, et, en me mordant les lèvres, j’ouvre grand mes cuisses, retroussant ma robe jusqu’à dévoiler ma culotte. Elle sort sa langue et la roule sur ses lèvres. Glissant une main fébrile jusque sur mon entrejambe trempé, je leur offre à mon tour un peep-show bien cochon. À eux, et puis éventuellement, au gars de l’appart’ d’à côté, assis devant le match dans son canapé, dont je n’arrive jamais à savoir s’il me regarde du coin de l’œil. C’est le moment d’en avoir le cœur net. Nus, en sueur, ils baisent debout à la fenêtre comme si leur vie en dépendait, s’exhibant à toute la rue comme des pornstars en plein tournage. Combien d’yeux sont en même temps rivés sur leurs ébats ? Combien de personnes à leurs fenêtres, comme deux ronds de flan ? Ça doit être drôlement troublant, vu de chez nos deux petits coquins, tous ces voyeurs aux abois. Il faut leur reconnaître un culot monstre, apparemment bien récompensé : ils m’ont tout l’air de prendre le pied du siècle. D’ailleurs moi-même j’en suis pas loin. Intrigué par ma longue absence, un de mes hôtes me surprend, avec l’air de celui qui vient de gagner au loto. Plus fiévreuse que jamais, je l’invite en écartant les cuisses à se joindre sur le champ à la fête des voisins. Cela a pour effet d’envoyer les voisins du 6e étage au 7e ciel.

Deux ou trois minutes se passent durant lesquelles, ses yeux dans les miens, je me demande qui est la plus excitée. J’ai envie de lui bouffer la bouche.

En 45 minutes, elle lui a mis 5-2… Beau score. 5 orgasmes pour elle, 2 grosses giclées pour lui. à côté de ça, le match ? Nul.

Son homme, presque le mien, ressurgit, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Elle attrape sa bite, et se l’enfile d’un coup d’un seul en poussant un

Vivement que la nuit tombe pour que le jour se lève, que leurs lumières s’allument et qu’ouvre la boulange.

27 —

Nuit


28 —

Nuit


musique T/ MPK P/ Laure Chichmanov

Cracki Records “On occupe les anciens bureaux de F Com’, et on est des fans de ce label depuis très longtemps.” Malgré leurs gueules d’enfants sages et bien élevés,

industrielles, forêts ou carrément dans la rue…

les mecs de Cracki records font partie des labels/ orga les plus actifs de la capitale. Pour preuve, après

Comment et pourquoi passe-t-on de l’un à l’autre ?

4 ans de teufs qui ont fait coexister maîtrise et par-

En organisant des teufs, on a rencontré pas mal de gens, et on faisait de la musique depuis longtemps aussi, donc on a toujours baigné dans ce milieu-là. Au tout début, on a sorti les productions de nos potes et c’est parti comme ça.

tance en vrille, ceux-ci ont mis leurs couilles sur la table et organisé avec le collectif La Mamie’s le Macki festival en ce début de mois de juillet. Côté label, la sortie récente du premier et très remarqué album d’Isaac Delusion confirme qu’ils ont du pif. Pour toutes ces raisons, on s’est dit que ça valait

Vous êtes des jeunots, 25 ans de moyenne d’âge,

bien la peine de passer une heure dans leurs locaux.

mais vous avez déjà organisé un bon paquet de teufs.

Autour d’une menthe à l’eau, Kraft, Alex et Donatien

La plus baisée, c’était laquelle ?

(Sokunthear, le 4e larron était en voyage en Austra-

Celle qui nous a bien retourné la tête, c’était la Cracki party #2. Toujours à Ivry, dans un hangar énorme. Les gens grimpaient sur les arbres parce qu’il n’y avait plus de place… Ça a pris une ampleur de ouf, finalement, il y avait presque 1500 personnes sur le site.

lie) ont répondu à nos questions. Pour la petite histoire, Cracki, avant d’être un label, ça a d’abord été un collectif qui organise des soirées, c’est bien ça ?

Oui, au début, on allait en club comme tout le monde, on avait 18 piges et on avait pas trop de thunes. Au bout d’un moment, payer 15 balles l’entrée et des verres à dix balles, ce n’était plus possible. On s’est donc dit « Pourquoi ne pas faire nos propres événements ? » Le premier truc qu’on a organisé, c’était à la Gare à Gorille, un ancien squat du 19e. On y a fait des Dj sets, des petits concerts, on a installé des canapés et des Super Nes. Puis les soirées se sont ensuite enchaînées, toujours dans des lieux hors-cadres : friches 29 —

Je crois savoir que vous avez pris la décision de monter votre label en revenant d’Inde. Vous avez d’ailleurs fait une tournée là-bas en 2013. C’est quoi votre trip avec ce pays ?

Pas de trip particulier avec ce pays, mais c’est de là-bas qu’on a ramené notre logo : le Ganesh (dieu éléphant, ndlr) tenant dans ses mains un vinyle. En règle générale, on a tous pas mal voyagé, on aime prendre nos sacs à dos et se barrer aux 4 coins du monde. Nuit


Cracki Records

Quel a été concrètement l’événement fondateur qui a lancé Cracki records ?

On a lancé le label juste après la première Cracki party à Ivry, au Culture Palace, plus précisément. Il devait y avoir 500 personnes, et c’était le premier gros événement qu’on a organisé. Et le premier EP qui est sorti sur le label, c’est Sometime I see de Larcier. Parmi vos artistes, qui sont têtes d’affiche ?

Il y a d’abord le groupe Isaac Delusion, avec qui on bosse depuis le début. C’est ceux qui marchent le mieux ces derniers temps. Ils ont d’ailleurs sorti le premier album de notre label le 2 juin. Ils feront aussi le Trianon à la rentrée. Il y a aussi Apes and Horses qui sonne très dream pop. Et L’Impératrice, qui est un projet plus disco. C’est toujours important pour un label d’avoir une

vraiment réussi à créer un son qui leur est propre. C’est exactement notre objectif, avoir un son qui nous identifie. Vous venez d’organiser le Macki festival en association avec la Mamie’s Crew. Comment s’est faite votre rencontre et quels ont été vos atomes crochus ?

On les a justement rencontrés lors de notre première teuf au Culture Palace à Ivry parce qu’ils organisaient une soirée là-bas le lendemain. Malheureusement, ils se sont pris dans les dents le fait que ça a été le bordel avec nous, du coup, ils ont pas pu mettre les basses à fond à leur soirée. On a un peu saboté leur truc sans le vouloir… Ensuite, on s’est pas mal recroisés la nuit : on s’est vite reconnus dans l’état d’esprit. À la Ferme du Bonheur, par exemple, ils avaient organisé un event où il y avait des moutons et des poules qui couraient en liberté à côté du Dj…

couleur musicale bien homogène. Vous, j’ai plutôt l’impression que vous vous en foutez de cette

Plus largement, quel constat faites-vous sur le

homogénéité…

renouveau de la nuit parisienne ?

Oui, au sein du label, on écoute tous des choses très différentes. Alex, par exemple, vient d’un univers très indie. Après, il a travaillé chez K7 ! Records à Berlin où il a découvert la musique électronique… Pour résumer, on écoute aussi bien de la musique africaine que de la techno ou de l’ambiant.

Ça va faire 4 ans qu’on parle des collectifs, mais c’est vrai que depuis 2 ans, on sent vraiment que les lignes ont bougé par rapport à la teuf. Et on voit que ça perdure et que ça devient de plus en plus gros. Comment tu expliques cette dynamique, toi qui fais justement partie de cette nouvelle génération de

Vous n’avez pas peur de brouiller les pistes avec cet

fêtards ?

éclectisme ?

Les gens sont de plus en plus curieux, ils ont voyagé un peu partout dans le monde, ils ont vu comment ça se passait en Allemagne, en Angleterre, en Scandinavie, en Amérique du Sud, etc… C’est peut-être cliché ce qu’on dit, mais y’a trop de carcans dans les clubs classiques.

C’est éclectique, certes, mais on essaye de garder une certaine ligne qui soit cohérente avec l’image du label. Y’a pas vraiment de style défini, mais on se base plutôt sur un ressenti commun. Vous avez des labels références, des labels « grands frères » ?

On occupe les anciens bureaux de F Com’, et on est des fans de ce label depuis très longtemps ; on aime énormément Warp qui pour le coup, a 30 —

facebook.com/cracki.records

Nuit


31 —

Nuit


Elie Semoun Dustin Hoffman

Bill Gates

Guillaume Gallienne

Bruce Willis

Stromae

Gad Elmaleh

Steve Buscemi Brad Pitt

Cyril Hanouna

Keith Richards

Stéphane Bern 32 —

François Hollande Nuit


Mark Zuckerberg Eric Zemmour

Nicolas Cage

Willem Dafoe

Nicolas Sarkozy

Audrey Pulvar

Matt Damon

Forest Withaker

Sim

Š sosiesdemerde.tumblr.com 33 —

Nuit


34 —

Nuit


gonzo T/ Thimotée Ferreol P/ Hillel Schlegel

GROS FAIL AU BERGHAIN “Je termine ma fiole de Jäger et décide de re-franchir les barrières du Berghain.” Dimanche dernier, je me mets donc en tête d’entrer au Berghain, tout seul, plein d’entrain et d’espoir. On m’a déjà tout dit et raconté sur ce club légendaire berlinois : stupéfiants, fontaines de glace, balançoires au-dessus de la foule, meilleurs sound systems d’Europe.

Un kilomètre avant l’entrée, je me descends une flasque, je garde une petite fiole de Jäger que je mets dans mon boxer. J’arrive au niveau du terrain dégagé devant le Berghain. Aucune queue. J’avance le long de la file vidée de ses hipsters. À environ vingt mètres du videur, celui-ci me fait un geste de la main me faisant immédiatement comprendre son refus. Je ne demande pas mon reste et je pars aussitôt, la défaite enrobant mon âme. Je commence à marcher vers Ostbahnhof, lorsque dans la pénombre de ce jour du Seigneur, j’entrevois la providence que j’attendais : des murs. J’aime grimper, j’aime grimper des murs, j’aime d’autant plus grimper des murs s’il y a récompense à la clef - en l’occurrence l’une des « meilleures boîtes d’Europe ». Je passe le premier mur, me fraie un chemin parmi la broussaille avec pour seul guide ces lumières vertes ressortant en filaments 35 —

de l’ancienne centrale électrique. Je découvre un vélo abandonné enfoui sous une végétation luxuriante, puis je passe une grille et je débouche sur l’un des côtés du Berghain. J’observe longuement la façade du bâtiment. Incidemment, je ressens les effets chauds de l’alcool. J’aperçois un vasistas à peine entr’ouvert au troisième étage - il y a un escalier qui ramène au deuxième étage. Je décide d’emprunter cet escalier quand soudain une porte s’ouvre au bout des marches. Deux hommes en sortent, cigarette à la main, et s’arrêtent. Ils discutent pendant cinq minutes, dix minutes, puis retournent à l’intérieur du bâtiment. Un instant plus tard, une autre porte s’ouvre, celleci se situe au niveau du sol, un homme en sort, le pas pressé. Des bruits d’eau et de frottement se font entendre : il y a clairement une présence humaine dans la salle où se situe le vasistas. Je bois une lampée de ma fiole de Jäger et me décide à escalader la façade afin d’accéder à la fenêtre à peine ouverte. J’y arrive sans trop de difficulté. Au niveau du vasistas, je me rends compte en premier lieu qu’il s’agit de toilettes, et accessoirement qu’il sera très dur de passer au travers de cette fenêtre qui laisse à peine bâiller vingt centimètres d’ouverture.

Nuit


Gros fail au Berghain

“c’est pas demain la veille que je vais pouvoir m’enfiler une glace à la kéta en me suspendant comme un con audessus des hipsters teutons.”

Plusieurs pensées me traversent successivement l’esprit. La première, celle d’abandonner ; la seconde, « je peux pas abandonner, je suis presque dans le Berghain, mon bras y est, putain ». Je décide donc de me lancer et me pousse par dessus la fenêtre, les bras en avant, les jambes en arrière. Avec beaucoup de difficulté, je finis par atterrir sur mes pieds. J’ai pénétré dans l’enceinte du Berghain, mon cœur bat très fort, je suis excité et apeuré à la fois. J’avance dans ces toilettes assez vétustes, plutôt sales et anciennes. Je pousse la porte et je me retrouve dans un couloir gris sans décorations particulières. Personne dans les parages. à ma gauche se trouvent des cageots remplis de bières, je n’aime pas la bière alors je marche lentement vers la droite au bout de ce couloir et tente de prendre quelques photos floues. J’entends du son, je vois des lumières qui filtrent sous une porte, j’essaie de l’ouvrir, elle est fermée : je me rends compte que je suis enfermé de l’extérieur. J’arrive au niveau d’un escalier. Devant moi se trouve un ascenseur. J’appuie sur le bouton d’appel et rentre dans l’appareil. Comme il y a plusieurs boutons, sans raison particulière, je choisis le premier étage. Au fur et à mesure que les portes de l’ascenseur se referment, une silhouette montant les escaliers se précise. Alors que les portes sont presque closes, j’aperçois cet homme qui, l’espace d’une seconde, s’arrête et me fixe des yeux. Les portes se referment. Arrivé au premier étage, je sors de l’ascenseur et entends des mots en allemand émanant de l’étage supérieur. Je me mets à descendre en furie les escaliers, les mots allemands se font plus forts, j’ai l’impression d’être pourchassé par la Gestapo, les deux hommes me rattrapent et m’attrapent. Ils ne sont pas spécialement musclés et n’ont pas l’apparence de videurs. Ils me parlent en allemand, je

36 —

Nuit


Gros fail au Berghain

leur répond en anglais. Le Berghain est réputé pour être un endroit où un grand nombre de drogues dures transitent ? Alors il me semble avoir une parade toute trouvée pour m’en sortir - faire semblant d’être drogué. Les vigiles me saisissent le bras droit et vérifient si je possède ou non le marquage d’entrée. « How did you get in ? How did you get in ? ». Je simule une très grande confusion dans mes propos, mêlés de « I can’t remember anything when I’m using, even less when I mix it with alcohol ». De toute évidence, je ne suis pas des plus convaincants. Les deux m’accusent alors de les avoir fuis dans l’escalier. J’essaie de m’en tirer en leur expliquant de façon très nébuleuse que j’ai pris peur en raison des mots qu’ils criaient. Ils persistent malgré tout et me disent que si je leur donne le nom de la personne qui m’a fait rentrer, ils iront la voir et me laisseront peut-être dans la boîte. Je n’y crois guère et continue ma litanie de l’oubli. Les hommes font tout-à-coup mine de m’emmener quelque part. Je commence à prendre peur, « I am no evil » leur dis-je alors qu’ils m’entraînent. Soudainement, ils me rassurent en me garantissant qu’ils ne vont pas me frapper, ils m’expliquent juste que je vais « rentrer sagement chez moi et passer une bonne nuit de sommeil ». Ils me laissent sortir.

niveau du vasistas. Ils ne se préoccupent pas de le refermer. J’attends encore dix minutes après avoir vu la dernière lumière et m’avance à nouveau afin de passer la première grille. En me rapprochant, la lumière d’une salle s’allume, un homme torse nu s’assied et, de mon point de vue (je le vois mal), il me semble qu’il est en train de se fixer ou de se droguer d’une quelconque manière. J’attends dix minutes, vingt minutes, trente minutes. Il finit par partir. Je monte les escaliers et grimpe jusqu’au vasistas. Là, je me pousse une seconde fois au travers de la minuscule fenêtre, non sans mal car un pan de ma veste est coincé. Soudain, à force de tirer et sous mon poids, un boulon soutenant la fenêtre se décroche. La vitre valdingue et vient dans un grand fracas se cogner contre un pan du mur. Pris de panique, je dégringole le plus vite possible de la façade, descends l’escalier, franchis la grille et m’en vais au plus vite de cet endroit. Bref, c’est pas demain la veille que je vais pouvoir m’enfiler une glace à la kéta en me suspendant comme un con au-dessus des hipsters teutons.

Dehors, je réalise peu à peu ce qui vient de se dérouler. Je suis heureux et déçu à la fois, je n’ai pas été dedans, mais je suis rentré dans les coulisses. Je termine ma fiole de Jäger et je décide de re-franchir les barrières du Berghain. Arrivé au niveau de la façade, une scène surprenante et presque gratifiante s’offre à moi : j’aperçois des silhouettes portant des lampes-torches qui passent au crible chaque étage du bâtiment. J’observe cette scène depuis la pénombre, attendant qu’ils finissent leur ronde. Les faisceaux de lumières arrivent au 37 —

Nuit


38 —

Nuit


métier de l’ombre T/ Paul Owen Briaud P/ Pavel Linguine

SOS amitiés “J’adorais m’endormir en écoutant les libres antennes.” Prière de ne pas quitter… solitaires qui n’avez pas su conquérir notre amitié, dépressives au fond du trou, petits vieux la corde au cou. Elle n’est pas d’accord sur tout mais a fait vœu de neutralité. Face à la fatalité, patience, amabilité, sont ses armes et qualités. Si t’as pas la tête en fête, que la vie t’a dégoûté(e), n’appuie pas sur la gâchette car elle est là pour t’écouter.

Ses oreilles sont un confessionnal. On lui dit des choses qu’on n’ose même pas dire à son psy. Sur 4 millions de Français qui n’auraient pas plus de 3 conversations personnelles par an, certains deviennent dépendants aux coups de fil anonymes vers l’association pour laquelle elle est bénévole. « C’est qu’ils en ont besoin. Tant mieux s’ils ne s’en empêchent pas. » Il lui est proscrit de donner des conseils, mais devant des cas désespérés, est-ce toujours utile ? « Toujours ? Probablement pas. Parfois l’écoute seule ne suffit pas. C’est parfois difficile de ne pas pouvoir intervenir, ni même exprimer son opinion. Mais je m’y suis engagée, ça n’est pas négociable. » C’est à la personne qui parle de trouver le chemin vers la résolution de ses problèmes, en les formulant. être écouté permet à celui qui parle de s’entendre. Seulement 4 heures de permanence par semaine, avec un lit dans le bureau et une douche au bout du couloir pour pouvoir partir directement au 39 —

boulot à la fin d’une nuit de veille. Et un groupe de parole mensuel avec collègues et psychologues pour garder la tête froide. « Malgré la tristesse, j’aime l’ambiance feutrée de la plupart de mes conversations, j’aime les gens, j’aime les mots. Parfois, je ferme les yeux, et je m’imagine animatrice de radio, c’était le métier que je voulais faire, plus jeune. J’adorais m’endormir en écoutant les libres antennes. » Est-ce que ça contrarie sa vie privée ? « Les écoutants se réjouissent toujours d’avoir appris à mieux communiquer avec leurs proches. » Mais ce qu’elle entend et éprouve laisse des traces profondes. « Je rêve souvent que je marche sur une plage et que je ramasse des papiers pliés avec des secrets écrits dessus, mais ils sont trop imbibés d’eau - de larmes ? – pour que je puisse les déchiffrer. » L’association ne peut répondre qu’à 1 personne sur 4, et manque de bénévoles. Nombre d’entre eux font des pauses pendant des mois : pas facile de trouver le sommeil après certaines conversations. Ou quand un appelant gavé de barbituriques ne parle soudain plus. « C’est parfois si difficile… Il n’est pas exclu qu’un jour je coure au secours de quelqu’un, mais ce sera au prix de ma place dans l’association, car j’en aurai trahi le code de conduite. Je garde ça pour moi, normalement, mais si c’est pour sauver la vie d’un(e) ado suicidaire, par exemple, je ne me l’interdirai pas. Le jeu en vaudra la chandelle. » Nuit


Cocktail T/ Vincent Kreyder P/ Hillel Schlegel

Caïpirinha Mes petits amours, nous sommes au crépuscule d’un mois festif. Bien qu’ensoleillé, nous avons eu à faire semblant de vivre nos vies de noctambules parisien(ne)s en tentant non sans une insupportable difficulté de faire fi à la fois du Brésil et des beaufs.

Déambuler au milieu des rues de notre cher arrondissement fétiche n’a soudainement plus le même charme lorsqu’on est interrompu tous les trois mètres par un pot de peinture aux trapèzes proéminents qui braille approximativement l’air de Seven Nation Army. Le Brésil et les beaufs, disais-je avec la désinvolture snobinarde et difficilement tolérable que vous me connaissez. C’était le moment, je n’avais plus d’autre option. Il fallait que je vous parle de la Caïpi. Ce cocktail qui fait fureur dans tous les bars de Châtelet et de Navarre et dont la moyenne d’âge des consommateurs n’excède que de peu celle des amateurs de vodka-Redbull, tient son nom de Caipira, qui signifie littéralement « paysan » ou « péquenaud ». Ce n’est pas moi qui le dis et j’en veux pour preuve le dicton local qui nous renseigne « la Caïpirinha, c’est comme les seins, une c’est pas assez, trois, c’est trop. » Pensez-y la prochaine fois que vous verrez un type en polo demander « une Caïpi et un Mojito » au comptoir. « Paysan », puisque apparue au Brésil vers 1800, c’était une boisson prisée des esclaves qui faisaient bouillir 40 —

le jus de canne à sucre pour en enlever les bactéries et y ajoutaient de l’eau de vie, la cachaça, qui à l’époque n’avait peut-être pas le goût de cul de toutes celles qu’on trouve désormais dans nos rades parisiens. Cette proto-mixture s’appelait alors Batida de limao. Ce n’est qu’aux alentours de 1900 que l’écorce de citron et la glace pilée se sont ajoutées au mélange et que la Caïpirinha trouvera son nom. Question réalisation, commencez par placer des morceaux de citron vert entier directement dans votre red solo cup, ou votre godet Duralex pour les plus aisés d’entre vous. Ajoutez-y une bonne cuillère à soupe de sucre de canne, écrasez fermement le tout en pensant au groupe Indochine en concert, couvrez de glace pilée à ras-bord et faites le niveau avec une cachaça qui n’a pas goût de cul, je l’ai déjà dit. Il va de soi que si votre serveur vous place le sucre après avoir versé la glace, vous êtes parfaitement en droit de le pendre par le foie puisque le sucre ne se dissoudra pas dans la glace. Enfin, ajouter de la cannelle est une variante parfaitement acceptée et acceptable au pays de la Cité de Dieu. Il ne me reste plus qu’à vous donner rendez-vous pour la prochaine Coupe du Monde, probablement au Qatar, pour vous expliquer comment gnôler avec un jerrican de fuel. Bonnes vacances !

Nuit


41 —

Nuit


42 —

Nuit


report T/ Paul Robert P/ Didier Roger

Desperados wild club Trois soirs de live ! C’était il y a une semaine, vous savez bien ! Le Desperados Wild Club nous invitait au 25e étage de la

nement la foule d’une techno sucrée jusqu’à la fin de cette première partie, miam !

tour Pleyel pour trois soirs de lives, de cocktails, et d’artworks. Allez venez, on y retourne !

Rares sont les soirées comme celles-ci où les graffeurs côtoient des Dj’s entourés de danseurs à deux pas de skateurs… Oui, ça fait beaucoup de monde ; mais le 25e étage de la tour Pleyel s’y prête à merveille ! Dès notre arrivée, propulsés dans l’ascenseur, les hôtes nous annoncent la couleur : sourires enjoués et surprises créatives ! Les portes s’ouvrent, pas de doute, nous y sommes ! Par où commencer ? Après un passage au vestiaire, on passe à l’assaut de ce formidable espace éphémère. La première bonne impression nous vient des murs, et des sols ! Intégralement illustré par le collectif parisien 9e Concept, l’étage a des allures de squat chaleureusement coloré, voyez par vousmême ! Poursuivons pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Le club a vu passer pendant trois nuits un fabuleux gratin d’artistes français et internationaux. Le mercredi dès notre arrivé, ce sont les Casseurs Flowteurs menés par le charismatique Orelsan qui ambiancent les heureux élus. Greg Frite prend ensuite la parole et trouve les mots justes pour annoncer le gros poisson qui s’installe derrière lui : Yuksek. Le Rémois chamboule serei43 —

Rebelote le lendemain ! Le club s’est rempli massivement pour le deuxième soir du festival. Les Danseurs Fantastiques sont une nouvelle fois de la partie. Ce crew-là ne passe pas inaperçu en brillant par ses chorégraphies vertigineuses ! Du coté de la scène, le New-Yorkais Theophilus London et son rap éclectique mettent tout le monde d’accord, assurément ! L’artiste est sur scène à quelques centimètres du public, c’est rare et notable ; rendez-vous compte ! La suite de la nuit est menée par un Brodinski hyperactif. Sa techno accentue elle aussi nos larges sourires ! Et l’événement se poursuit encore le vendredi soir ! Si l’espace n’a jamais accueilli tant de monde que ce soir-là, l’ambiance reste intimiste et pétillante. Greg Frite reprend ce soir-là du service, suivi par le collectif YARD. Les artistes du 9e Concept s’en donnent toujours à cœur joie pour customiser des cruisers selon les envies des invités. Et la joyeuse ambiance se poursuit jusqu’au lever du soleil illuminant le majestueux panorama de la tour Pleyel ! Le Desperados Wild Club est désormais terminé et on n’attend qu’une chose : le suivant ! Nuit


les nuits de jacob © Jacob Khrist /www.jacobkhrist.com

44 —

Nuit


la klepto fb.com/LaKlepto

45 —

Nuit


trousse de secours Ouvert toute la nuit !

Pharmacies de garde

Épicerie Shell

Chez Tina

84, av. des Champs-Élysées - 8e

6, boulevard Raspail - 7e

1, rue Lepic - 18e

≥ 01 45 62 02 41

≥ 7/7 — 24/24

≥j jusqu'à 4h30 / v≥s jusqu'à 7h

6, place de Clichy - 9e

Minimarket fruits et légumes

Boulangerie Salem

≥ 01 48 74 65 18

11, boulevard de Clichy - 9e

20, boulevard de Clichy - 18e ≥ 7/7 — 24/24

6, place Félix-Éboué - 12

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

≥ 01 43 43 19 03

Alimentation 8 à Huit

Livraison médicaments 24/24

151, rue de la Convention - 15e

Fleuristes

≥ 01 42 42 42 50

≥ 7/7 — 24/24

Chez Violette, au Pot de fer fleuri

Supérette 77

78, rue Monge - 5e

Urgences

77, boulevard Barbès - 18e

≥ 01 45 35 17 42

SOS dépression

≥ mardi au dimanche jusqu'à 5h

Relais Fleury

e

≥ 08 92 70 12 38

114, rue Caulaincourt - 18e

Urgences psychiatrie

Resto

Se déplace sur région parisienne

L’Endroit, 67, place du Docteur-

≥ 01 46 06 63 97

≥ 01 40 47 04 47

Félix-Lobligeois 17e 01 42 29 50 00

Carwash

Drogue, alcool, tabac info service

≥ tlj de 11h à 1h, jeudi, vendredi,

Paris Autolavage 7/7 — 24/24

≥ 08 00 23 13 13 / 01 70 23 13 13

samedi de 10h à 5h

Porte de Clichy - 17e

Livraison sextoys

Tabac

Shopping

Commande en ligne

Tabac du Châtelet

Librairie Boulinier

www.sweet-delivery.fr

4, rue Saint-Denis - 1er

20, boulevard Saint-Michel - 6e

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

≥ 7/7 — jusqu'à 3h

≥ jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h

Tabac Saint-Paul

Monoprix (Champs-Élysées)

Livraison alcool + food

127, rue Saint-Antoine - 4e

52 av. des Champs-Élysées - 8e

Nemo 01 47 03 33 84

≥ 7/7 — jusqu'à minuit

≥ du l. au s. jusqu’à 00h

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Le Pigalle

Faim de Nuit 01 43 44 04 88

22, boulevard de Clichy - 18e

Kiosques à journaux 24/24

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

≥ vendredi et samedi jusqu'à 5h

38, av. des Champs-Élysées - 8e

Allô Hector 01 43 07 70 70

16, boulevard de la Madeleine - 8e

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Poste de nuit

2, boulevard Montmartre - 9e

Apéritissimo 01 48 74 34 66

52, rue du Louvre - 1er M° Louvre-

Place de Clichy - 18e

≥ 7/7 — jusqu'à 4h

Rivoli / Étienne-Marcel

Allô Glaçons

Boulangeries

53, rue de la Harpe - 5e

01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24

Snac Time

≥ 01 44 07 38 89

97, boulevard Saint-Germain - 6e

20, rue du Fb Saint-Antoine - 12e

Épiceries

≥ 7/7 — 24/24

≥ 01 43 40 03 00

L'Épicerie de nuit

Boulangerie-pâtisserie

35, rue Claude-Bernard - 5e

99, avenue de Clichy - 17e

Envoyez-nous vos bons plans

≥ vendredi et samedi jusqu'à 3h30

≥ 7/7 — 24/24

ouverts la nuit  : nuit@lebonbon.fr

Internet 24/24

46 —

Nuit


la playlist du mois P/ Romain Rivière

Thylacine

Philip Glass - Opening

Je suis un grand fan de Philip Glass, et de Steve Reich dans le même esprit. Tout deux ont un travail sur la musique sérielle et répétitive que je trouve assez génial et au final très proche de la musique électronique. Son Lux - Lost It To Trying

Une petite claque ce morceau, un magnifique mélange entre musique classique, pop et électro. C’est un peu un ovni dans ce qui se fait en ce moment, ça fait du bien. Four Tet - Angel Echoes

Thylacine, c’est le nom savant du

Un des premiers morceaux par lequel j’ai découvert Four Tet, un compositeur hyper prolifique que j’admire beaucoup dans son rapport assez expérimental à la musique électronique.

loup de Tasmanie, une espèce éteinte depuis 70 ans. Un mot

Sascha Funke - Mango

précieux et délaissé que William

La première claque musicale venant d’un morceau purement électro il me semble. Le morceau que j’ai le plus écouté aussi me souffle Itunes. Malheureusement ce morceau est souvent attribué à Paul Kalkbrenner qui en a fait un édit pour le film Berlin Calling…

Rezé a choisi d’apprivoiser pour donner corps à son electronica progressive et vaporeuse. Sa musique conjugue la mélancolie techno et rythmée d’un Paul

Pachanga Boys - Time

Kalkbrenner avec les mélodies

Un morceau qui m’a beaucoup marqué émotionnellement et qui est assez impressionnant tant il fonctionne sur la durée. C’est très rare et assez remarquable de pouvoir obtenir ça.

aériennes de Moderat ou de Four Tet. Il nous concocte ce mois-ci notre playlist estivale. —

Jamie XX - Sleep Sound

Blend EP (Intuitive records)

Un morceau du dernier EP de Jamie XX, un artiste que j’admire autant que Four Tet pour à peu près les mêmes raisons. J’ajouterai que les deux ont chacun des carrières musicales assez parfaites pour moi. DJ Shadow - Mongrel

C’est par ce genre de morceaux que s’est initié mon plongeon dans la musique électronique. Un morceau assez intemporel et qui peut toucher à peu près tout le monde sans qu’on puisse vraiment le qualifier. Moderat - This Time

Le dernier titre du dernier album de Moderat, un de mes albums préférés, puissant, fin et émotionnel.

47 —

Nuit


agenda La sélection du Bonbon Nuit

Dimanche 6 juillet 00h Concrete 20€

Samedi 19 juillet 23h Cabaret Sauvage 25€

Radio Slave, Function, Virginia, Funktionen, Spencer

ME.021 avec Marcel Dettmann, Levon Vincent, Tama

Parker 16h

Sumo + more

Musée du Quai Branly Entrée libre

23h30

Showcase 18€

Les Siestes Électroniques avec Giai Dieu #57.x,

Max Cooper + Cracki Crew

Joakim & Kindness

14h

LaPlage + Glazart 14€

Jekyll & Hyde Summercamp avec Tom Joyce b2b Vendredi 11 juillet 20h Parc Floral de Paris 44€

GIIDE, Keumel, Kermit Dee + more

The Peacock Society avec Darkside (live), Omar $, Dimanche 20 juillet

Kerri Chandler, Hawtin + more 19h

LaPlage + Glazart 45€ / 3 nuits

16h

Musée du Quai Branly Entrée libre

Signal Festival avec Arandel, Baaz, Bataille (live),

Les Siestes Électroniques avec Frederic Sanchez,

Calcium + 25 more

Ron Morelli

23h30

ZigZag 15€ Vendredi 25 juillet 23h30 Showcase 20€

Finnebassen, Robin Schulz

Visionquest Night avec Ryan Crosson, Lee Curtiss, Samedi 12 juillet 20h Parc Floral de Paris 44€

Shaun Reeves, Villanova

The Peacock Society avec Tale Of Us, 1-800DinoSamedi 26 juillet 00h Rex Club 15€

saur, Agoria, Acid Arab + more 16h

Le Petit Bain 15€

Bass Culture avec Carl Craig et D’julz

Open Space Festival Day Robag Wruhme and TerDimanche 27 juillet 16h Musée du Quai Branly Entrée

ranova 16h

Batofar Entrée libre

libre

Leipzig Electronic Music Open Air avec Norman

Les Siestes Électroniques avec Les Cris de Paris,

Weber, Dan Drastic, Manamana + more

Frank Fairfield

Dimanche 13 juillet 00h Rex Club 15€

Samedi 9 août 16h Le Petit Bain 13€

Meant Session avec Barnt, Phil Kieran, Remain

Open Space avec Oxia, Robert Babicz (live)

16h

Musée du Quai Branly Entrée libre

Les Siestes Électroniques : Bambounou, Heatsick

Vendredi 15 août

Jeudi 17 juillet 23h30 Rex Club 8€

Ellen Allien, Thomas Muller + guests

23h

La Machine du Moulin Rouge 19€

Berlinons Paris avec Abajour, Kaiser, Pier Seven + Samedi 23 août 15h Les Petites Gouttes Entrée libre

more

Camion Bazar Vendredi 18 juillet 23h Cabaret Sauvage 22€

16h

ME.021 avec Margaret Dygas, Dyed Soundorom,

Open Space avec Stimming (live), Jesper Ryom (live),

Fumiya Tanaka, Molly

Viken Aman (live)

23h30

Le Petit Bain 13€

Showcase 15€

Les Jardins Suspendus avec Derrick Carter, Lazare

Envoyez vos bons plans soirées à :

Hoche, S3A

louison@lebonbon.fr

48 —

Nuit




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.