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II. La suite
from Mémoire HMONP_2021
by Léa Andrieux
II.
La suite…(cf. titre de mon mémoire de licence)
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- Une pratique vivante et soucieuse
« Qu’il soit implanté en milieu urbain ou rural, le bâtiment frugal se soucie de son contexte. Il reconnaît les cultures, les lieux et y puise son inspiration. Il emploie avec soin le foncier et les ressources locales; il respecte l’air, les sols, les eaux, la biodiversité, etc. Il est généreux envers son territoire et attentif à ses habitants. Par son programme et ses choix constructifs, il favorise tout ce qui allège son empreinte écologique, et tout ce qui le rend équitable et agréable à vivre.14 »
14. MADEC, Philippe et al. « Manifeste pour une frugalité heureuse & créative », publié le 18 janvier 2018. [En ligne]
Ces mots sont ceux qui résonnent en moi depuis mes études d’architecture et encore plus aujourd’hui. J’ai toujours eu envie de faire de l’architecture, mais plus que l’acte de bâtr ou de concevoir des espaces, je souhaite concevoir une architecture vivante qui transmet des émotons, puissante de par son intmité avec son environnement immédiat et au delà : son territoire.
J’ai envie de concevoir une architecture raisonnée, réféchie, sensible et en réponse aux enjeux actuels, une poésie et une mise en valeur de la matère. C’est une aspiraton à l’autonomie locale et aux savoir faire dans le but d’allier esthétque et performances.
Mes expériences professionnelles m’ont permis d’appréhender diférentes méthodologies et approches du méter d’architecte. La mise en situaton professionnelle dans ma structure et les cours de la formaton m’ont aidée à afner et dessiner mes envies et mes convictons dans ma future pratque professionnelle.
II.1 Contexte de l’exercice
II.1.1 Le territoire rural
«L’architecture n’est pas réservée aux métropoles. Il faut qu’elle percole partout. (…) L’architecture est un outl fantastque pour ajouter une plus-value à un territoire donné15.»
Je souhaite ancrer ma pratque de l’architecture en territoire rural et en être actrice au quotdien. C’est un positonnement à défendre et que je souhaite valoriser. Pour rappel, selon l’INSEE, l’espace rural recouvre aujourd’hui 77% du territoire français16 .
Ce sont donc des terres à conquérir en raison des nombreux bâtments vacants, soit encore en bon état, soit à l’état de ruines, en raison également des services souvent manquants notamment en ce qui concerne l’équipement public, ou encore avec comme objectf de porter une atenton partculière à la revitalisaton des centres-bourgs en terme d’aménagements urbains et paysagers. Ce sont également des territoires qui proposent une richesse naturelle de matériaux biosourcés comme la pierre, la paille, la terre selon les régions. Ils ofrent un potentel plus fort de réhabilitaton et de rénovaton du préexistant, afn d’éviter un étalement des constructons. Le territoire rural, selon sa localisaton propose une matérialité, un savoir-faire et un patrimoine diférents.
15. CROS Philippe « Le regard de Simon Teyssou, nouveau directeur de l’école d’archi de Clermont, sur les valeurs cardinales de l’architecture en 2019 » La Montagne, publié le 26.02.2019 [En ligne] 16. BALOUZAT Bruno et BERTRANT Philippe. « Du rural éloigné au rural proche des villes : cinq types de ruralité », INSEE, publié le 19.02.2019 [En ligne]
C’est donc un milieu pluriel17 autant dans l’architecture que dans son environnement.
Le milieu rural s’intéresse, comme la ville, aux innovatons en termes de logements autosufsants, d’architecture bioclimatque et autres. Et la campagne selon Claire Desmares Poirrier18 ne veut pas dire uniquement agriculture. En efet, 10% seulement des emplois en milieu rural sont liés à l’agriculture. La campagne a donc besoin de tous les savoir faire, ce qui est une invitaton à venir développer et valoriser son actvité au sein de ces territoires.
C’est en ce sens que l’architecte a un rôle important à jouer en milieu rural afn de lui donner une plus forte atractvité. Il doit être une force de propositons et de réfexions pour éviter l’exode des populatons vers les villes et l’étalement des communes sur les paysages. Être architecte en milieu rural c’est se confronter à l’existant, à une histoire, à un passé. Ce sont des territoires qui stmulent mon imaginaire et mes envies d’actons. C’est aussi se confronter à la problématque de la mobilité (qui est souvent un frein pour les personnes souhaitant y fonder leur foyer) et donc à une échelle territoriale.
Les territoires ruraux metent l’architecte dans une positon d’acteur majeur de la revitalisaton de ces milieux. La précision et la pertnence des réponses apportées à pette échelle sont d’autant plus importantes pour pouvoir les reproduire sur des projets de statut public avec des échelles plus importantes19. L’exigence de qualité architecturale et milieu rural ne sont pas incompatbles tout comme la ville n’est pas opposée à la campagne. L’idée est de pouvoir changer notre regard sur les territoires et leur relaton, de passer de l’oppositon à la complémentarité20 .
Un autre critère est à prendre en compte aujourd’hui quant à l’évoluton des territoires ruraux : La crise sanitaire. Cete situaton a fait prendre conscience à beaucoup de personnes que la vie en ville sans espaces verts à proximité de chez soi a ses limites quant à la santé psychologique. Beaucoup de personnes ont décidé de franchir le pas en déménageant pour être plus excentrées des centres urbains, pour renouer avec la nature, trouver un autre confort pour le télétravail.
17. DESMARES-POIRRIER Claire. L’exode urbain : Manifeste pour une ruralité positive. Edition Terre vivante, 2020, 111 pages. 18. Ibid 19. Archiscopie, thème ruralité. N°15 [juillet 2018] revue trimestrielle éditée par la Cité de l’architecture & du patrimoine, 128 pages. [En ligne] 20. DESMARES-POIRRIER Claire, op.cit.
Fig 18. Village de Saint-Macaire, Gironde, 2021 © Léa Andrieux
II.1.2 Un contexte sanitaire qui accélère les mouvances des territoires
L’annonce du premier confnement du mois de mars 2020 a eu pour conséquence le déplacement de centaines de milliers de personnes des centres urbains vers les campagnes pour s’y confner. Depuis quelques années le terme « d’exode urbain » a fait son appariton avec la quête notamment de logements moins chers au contact de la nature.21 On constate la vulnérabilité de la ville face à des évènements comme nous sommes en train de vivre. Selon un sondage IFOP réalisé en avril 2019 « 57% des urbains afrment qu’ils aimeraient quiter la ville si ils en avaient la possibilité et 81% de l’ensemble des personnes interrogées considèrent la campagne comme un idéal de vie.22 » La volonté de déménager vers la campagne est donc plus importante que la volonté de migrer vers les villes. 61% des urbains souhaitent déménager en campagne contre 14% qui veulent faire le chemin inverse.23
Cet exode urbain pourra permetre aux territoires ruraux de bénéfcier d’un nouveau soufe d’énergie et cela implique également une opportunité pour les villes de se réinventer.24
Cela implique donc un réel enjeu pour le milieu rural. L’afuence d’une nouvelle populaton va amener de nouveaux projets d’habitat, mais aussi, dans le prolongement, des projets de plus grande échelle, et c’est à ce moment qu’il va falloir mener une réfexion intelligente sur cete nouvelle forme de ruralité qui pourrait voir le jour, et proposer une architecture réféchie pour ces territoires. Le milieu rural est propice à la recherche de nouvelles formes d’habitat face à l’étalement urbain, mais est aussi en complémentarité avec la ville afn d’apporter d’autres réponses architecturales en milieu urbain.
Cependant, il faut nuancer le propos quant au déménagement de la populaton à la campagne. Beaucoup de personne sont atrées également par le logement moins cher et notamment les maisons « clefs en main » des constructeurs. Il est primordial de sensibiliser la populaton en ce sens et de montrer son apttude à proposer des prix du m2 concurrentels face à ceux que proposent les constructeurs. Il faut évidemment faire une utlisaton raisonnée des matériaux face au budget de la maîtrise d’ouvrage, tout en justfant ses prestatons à travers la réducton de l’impact écologique, du cycle du bâtment moins consommateur d’énergie sur le long terme et de faire fonctonner les entreprises locales. La prestaton la moins chère au départ ne s’avère pas forcément la plus rentable sur le long terme.
21. DESMARES-POIRRIER Claire, op.cit. 22. Ibid 23. Enquête YouGov réalisée pour Nextories. « Le confnement donne-t-il aux français l’envie de déménager ? » [En ligne] 24. DESMARES-POIRRIER Claire, op.cit.
II.2 Court terme : affner et enrichir sa pratique et ses connaissances
II.2.1 Expériences croisées : entre grande échelle et apprentissage de la matière
Suite à l’ensemble des réfexions et convictons personnelles énoncées au fl de ce travail, je souhaite dans un premier temps contnuer à travailler chez BLP & Associés une année ou deux afn de pouvoir approfondir l’apprentssage sur le projet en cours, contnuer à apprendre et travailler sur des projets de grande échelle pour en saisir d’avantage les enjeux ainsi que les diférentes responsabilités de l’architecte. Je souhaite également avoir la possibilité de travailler sur un concours afn d’avoir une vision assez complète des diférents marchés.
En parallèle, je souhaite me former sur les matériaux biosourcés comme la maçonnerie en terre crue, en chaux, la constructon paille et les diférents isolants écologiques comme la laine de bois, de chanvre. Je souhaite apprendre leur technique de mise en œuvre, leurs propriétés et leur impact. C’est un apprentssage essentel avant de pouvoir agir en tant qu’architecte en maîtrise d’œuvre. C’est un apprentssage que je souhaite réaliser via des lectures, mais surtout des formatons. Je pense à la possibilité d’en efectuer une via celles proposées chaque année aux salariés de l’agence grâce à un budget dédié ou par mes propres moyens, à l’éco-centre du Périgord par exemple, qui propose des formatons pour la constructon en terre crue et en paille assez régulièrement. C’est un investssement de temps que j’ai envie d’engager afn de pouvoir travailler selon mes convictons. Les chanters partcipatfs sont aussi des expériences que j’aimerais mener dès le mois d’août via le réseau Twiza, qui propose des chanters partcipatfs à proximité de notre lieu de résidence. Ce sera l’occasion d’être directement actrice dans la constructon, d’apprendre en étant au contact de la matère et d’avoir des expériences de chanters.
Cet investssement me permetra d’être plus préparée, par la suite, pour intégrer une nouvelle équipe de travail avec les mêmes convictons et projets auxquels j’aspire, c’està-dire une agence qui travaille sur des projets de plus pette échelle que BLP & Associés, sur de la rénovaton et de la réhabilitaton et qui traite des projets en territoire rural. Ce sera sans doute le bon moment pour quiter la région Bordelaise pour m’ancrer dans un environnement de travail plus proche de celui auquel j’aspire et d’avoir plus de possibilités d’approfondir la phase chanter. Aujourd’hui c’est un univers qui m’intéresse fortement, car je me dois de saisir la réalité de la constructon et j’ai envie d’être au contact de la matère.
Je souhaite me rapprocher d’échelles de projets à taille plus humaine pour retrouver des interactons plus fortes avec la maîtrise d’ouvrage, par exemple dans des projets qui touchent à la maison individuelle.
II.2.2 Des rencontres et des voyages pour nourrir sa pratique
Les projets et les chemins de vie naissent aussi de rencontres. Il est prévu, dans les mois qui arrivent, une rencontre avec une architecte libérale qui travaille à Hautefort en Dordogne (un territoire relatvement rural). Cete rencontre me permetra de mieux cerner le travail de l’architecte dans ces territoires, les types de marchés que l’on rencontre et de l’interroger sur son parcours, sa méthodologie de travail et ses choix. C’est une rencontre que j’atends avec impatence car elle m’apportera des pistes de réfexion complémentaires pour ma future installaton.
Je souhaiterais également, quand la situaton sanitaire le permetra, voyager dans des pays qui m’inspirent, à savoir les pays nordiques en général (Ecosse, Irlande, Islande) afn de me nourrir de paysages et d’enrichir ma culture architecturale. Je souhaite aussi découvrir des pays beaucoup plus en avance sur les notons de ville durable par exemple comme la Norvège.
II.3 Moyen terme : des opportunités professionnelles à travers le développement d’un réseau et de collaborations
II.3.1 Une implantation entre ville et campagne
Je projete mon début d’actvité dans la région du Limousin. C’est un territoire que je connais depuis plusieurs années, sur lequel j’ai déjà pu mener des réfexions. Une première installaton à Limoges, ville moyenne, me semble favorable pour trouver un équilibre entre des projets en ville autant qu’en campagne. Il est important de se rappeler que le lancement d’une agence ne nous ofre pas la possibilité de travailler uniquement sur des projets qui nous correspondent. Cependant, j’ai envie de garder cete communicaton avec la ville et d’agir le plus possible selon mes convictons et les valeurs que j’ai envie de défendre.
La ville de Limoges est aussi un emplacement stratégique dans son positonnement sur le territoire français. Elle se situe quasiment au centre de la France, ce qui permet un champ d’acton assez large.
C’est un territoire qui a su préserver ses ressources agricoles et forestères. Selon une étude du conseil en environnement et développement durables des territoires menée sur le développement des flières biosourcées dans le bâtment en Limousin : « le territoire du Limousin présente des spécifcités favorables à l’émergence et au développement de flières de produits et matériaux biosourcés pour la constructon. »25
Il existe déjà plusieurs flières présentes comme la flière chanvre, laine de mouton, ouate de cellulose, textle recyclé et la flière terre crue. Le Limousin est également une région qui se positonne aujourd’hui comme l’une des régions les plus actves sur les flières vertes. Cela ofre donc un environnement propice pour le « construire autrement ».
En intégrant une nouvelle région, l’architecte devient coresponsable26 du patrimoine bât existant, du patrimoine naturel, mais aussi social, culturel et économique. C’est en ce sens que je me dois de me familiariser avec le développement de ces flières, être en contact avec les sites de productons, être actrice dans l’utlisaton plus fréquente de ces matériaux, expliquer le coût mais aussi la réducton de sa consommaton d’énergie sur le long terme.
L’envie à terme de vivre à la campagne et d’y travailler implique un recul sur notre mode de vie urbain actuel, de porter un regard critque sur le monde en constructon et comment en tant qu’individu on a envie de partciper à cete constructon et de quelle manière, tout en sachant que la pandémie actuelle n’est qu’un déf en plus d’un monde qui change vite. C’est une aspiraton personnelle à un mode de constructon plus durable, une envie d’être plus à l’écoute de l’environnement et des besoins des personnes sans pour autant ne pas tenter d’appliquer ces techniques de constructon à la ville.
25. NOMADEIS et DREAL Limousin. « Etude sur le développement des flières bio-sourcées dans le bâtiment en Limousin », Janvier 2013, [PDF] 26. DESMARES-POIRRIER Claire. L’exode urbain : Manifeste pour une ruralité positive. Edition Terre vivante, 2020, 111 pages.

Fig 19. Saint-Priest-Taurion, Haute-Vienne, 2017 © Léa Andrieux
II.3.2 Affrmer sa pratique : s’installer
Je souhaite créer une Société d’Architecture plutôt que d’exercer en libéral en raison de la non distncton entre le patrimoine personnel et professionnel. J’aimerais m’orienter vers la forme juridique de l’EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilités Limitées) pour me laisser la possibilité de m’associer avec Sara et faire basculer nos deux EURL en SARL. Il est préférable que je m’entoure au moment opportun d’un expert comptable pour convenir de la forme juridique la plus appropriée.
A l’image de l’Atelier Besson Bolze dans lequel j’ai efectué diférentes missions, je souhaite axer mon actvité sur des projets à taille humaine, en allant du partculier à la commande publique de moyenne échelle. J’ai pu voir la difculté à accéder à ce type de commande en étant une jeune agence, en raison des références qui ne sont pas toujours adaptées, mais aussi la concurrence des taux proposés par d’autres agences. J’ai pour objectf d’ancrer une pratque entre ville et campagne et ne pas hésiter à avoir un champ d’acton géographique assez large pour aller à la rencontre de territoires et de projets porteurs de démarches innovantes.
Dans ma pratque professionnelle je souhaite pouvoir travailler pour les partculiers, mais aussi pour des collectvités ou directement avec les municipalités en territoire rural à pette échelle, ou, le cas échéant, sur du logement collectf pour des promoteurs qui sont dans une démarche d’expérimentaton et d’innovaton, comme c’est le cas du promoteur Aquitanis sur un projet de logements collectfs en terre et isolaton chanvre en phase d’étude à Biganos. Je souhaite pouvoir collaborer avec d’autres agences d’architecture sur des projets de plus grande envergure pour avoir une réfexion collectve sur ces sujets.
« Nous avons pu observer que les agences portant des projets engagés écologiquement et socialement ne peuvent s’épanouir sans de réels projets de territoire. Ces dynamiques semblent aller de pair avec la présence de ters acteurs qui ne sont ni MOE, ni MOA, comme les CAUE ou PNR dont la santé refète l’atenton portée par les politques locales sur l’urbanisme et l’architecture de leur territoire. »27
Aujourd’hui : « 70 % des travaux réalisés par les architectes concernent la concepton de bâtments neufs28». C’est en ce sens que je souhaite agir en valorisant le plus possible la rénovaton de l’ancien et la préservaton du patrimoine bât.
27. HORS LES METROPOLES. Entretien de plusieurs architectes en partenariat avec l’école nationale d’architecture de Lyon [En ligne] 28. ORDRE DES ARCHITECTES. L’essentiel des chiffres de la profession, publié le 19.10.2015, [En ligne]
II.3.3 Développer un réseau au fl de collaborations
Le choix d’une forme juridique à associé unique ne me contraint pas à travailler seule. Je souhaite être en collaboraton avec d’autres agences d’architecture et architectes, mais aussi avec Sara sur des projets d’intérêts communs, car l’architecture se nourrit par l’échange et la richesse d’expériences et même au delà du méter d’architecte. C’est en ce sens que je souhaite dans un premier temps de travailler dans des espaces de coworking avant d’avoir mes propres locaux. Selon l’Ordre des architectes, le coworking est l’un des modes de collaboraton le plus utlisé chez les jeunes architectes. Il est utlisé par 30% des répondants âgés de 18 à 44 ans contre 18% de ceux âgés de 45 à 64 ans.29 C’est un mode de collaboraton plus présent dans les grandes métropoles (28%) que les villes moyennes (18%) et les communes rurales (14%)30. Même si c’est une forme d’exercice qui montre des disparités et qui n’est pas difusée à l’ensemble de la profession, c’est un moyen d’exercer qui pose une prise de conscience sur la nécessité de travailler davantage avec d’autres professionnels. La collaboraton permet de transformer la pratque de l’architecture31 et de relever de nouveaux défs ensemble.
Les collaboratons et les projets naissent aussi de la connaissance du territoire et des personnes qui y vivent. En ce sens il faut avoir un regard sur le tssu économique, avoir un contact avec le CAUE de la région, connaître les diférentes associatons et collectfs afn de tsser un réseau et développer des projets en commun sur des architectures contextuelles et à échelle humaine.
Afn de pouvoir travailler sur des appels d’ofres de projets de plus grande envergure, la possibilité de créer un groupement avec d’autres structures donnerait la possibilité d’y répondre. Cela permetrait également d’élargir son réseau et ses connaissances et surtout d’enrichir ses expériences et sa méthodologie, se donner les capacités humaines de réussir et de s’engager.
29. ORDRE DES ARCHITECTES. Archigraphie 2018, publié le 05.11.2018, [En ligne] 30. Ibid 31. DADOUR Stéphanie et PERRIER Lucie. « Les architectes en coworking. Ou le renouvellement d’une fgure de l’architecte », 09.10.2020 [document électronique]
II.4 Long terme : un duo féminin
À la suite d’accumulaton de regards, d’expériences et de comparaisons respectves, nous souhaiterions nous associer avec Sara, ma partenaire d’études avec qui je partage les mêmes convictons. Nous souhaitons metre en commun nos expériences et les metre au service de notre pratque professionnelle en binôme. Ayant déjà travaillé en commun sur plusieurs projets d’étude et notamment le projet de diplôme, il ne fait aucun doute quant à notre capacité de travailler ensemble et d’être complémentaires. La volonté de passer la formaton HMONP la même année a renforcé cete envie, via nos échanges sur nos projets professionnels respectfs, chacune faisant parte du projet de l’autre à un moment donné. Sara compte commencer son actvité professionnelle proche des montagnes, dans le Béarn. La perspectve de nous associer nous permetra donc d’avoir deux antennes et d’agir sur plusieurs territoires.
Être un duo féminin aujourd’hui dans la profession n’est pas un frein. La progression du nombre de femmes dans la profession augmente, notamment chez les architectes âgés de moins de 35 ans. Selon l’Ordre des Architectes, plus de la moité des jeunes architectes sont des femmes.32 Cependant, elles restent quand même sous représentées parmi les architectes libéraux et associés.33 Une occasion de plus de défendre la féminisaton de la profession.
Nous souhaitons sur le long terme, si nous étons amenées à recruter des salariés, garder une agence à taille humaine pour garder un réseau local et une polyvalence dans les projets. Une agence de grande échelle comme BLP & Associés n’enlève en rien le dialogue, la communicaton et les échanges, mais réduit fortement la connaissance et l’apport de regards sur les autres projets de l’agence. À travers une structure à taille humaine, nous souhaitons que chacune des personnes qui travaille avec nous soit acteur/actrice de chacun des projets par la mise en place, par exemple, de tables rondes hebdomadaires. Ce qui nous tent à cœur, c’est d’être également dans une démarche de communicaton et de partcipaton des usagers et des artsans locaux au projet, que ce soit en commande privée ou publique.
Dans une réalité lointaine plus utopique, nous pourrions être la maîtrise d’ouvrage d’un projet d’équipement public, de logements ou d’habitat individuel dans le but d’expérimenter et d’innover, et d’être pleinement actrices de nos convictons. Un projet partcipatf en collaboraton avec d’autres agences d’architecture et les acteurs locaux. Cete démarche implique l’établissement d’un montage fnancier, de trouver un souten fnancier par des personnes morales ou physiques qui veulent partager la même expérience.
32. ORDRE DES ARCHITECTES. L’essentiel des chiffres de la profession, publié le 19.10.2015, [En ligne] 33. Ibid
C’est un exercice complexe qui exige des compétences précises. Il nous faudra donc nous entourer d’un juriste et d’un expert comptable pour élaborer un montage fnancier rigoureux et réaliste. C’est une éventualité à envisager quand nos diverses expériences individuelles et communes nous permetront d’être préparées à élaborer et diriger un projet expérimental. L’idée serait d’envisager une réfexion commune sur les sujets qui nous préoccupent et qui nous portent.
« Notre vision de l’architecture aujourd’hui est la résultante d’expériences croisées dans deux territoires aux faciès diférents, l’un ancré dans les terres, l’autre proche des montagnes. Soucieuses de l’environnement du projet, nous souhaitons apporter une réponse réféchie et cohérente à un milieu donné. La matère du territoire comme essence de projet : une concepton contextuelle, travaillée en collaboraton avec des entreprises locales aux savoir-faire spécifques. Travailler avec des matériaux qui réduisent le bilan carbone de la constructon est ce que nous prônons, notre agence étant concernée par les problèmes écologiques que rencontre aujourd’hui la planète. La concepton partcipatve et ce qu’elle engendre nous tent à cœur : accompagner pour revaloriser le méter, l’architecture se présentant comme une discipline capable de faire évoluer notre monde. Enfn, expérimenter sur des territoires propices à la nouveauté, ouvert à l’inconnu, ou du moins au méconnu. »
Léa Andrieux et Sara Obser
« Ce qui est générique, c’est l’objectif commun : sauver notre monde et protéger la planète. Ce qui est spécifque, c’est la réponse apportée, adaptée au plus près de chaque milieu, appropriée à et par chaque société, chaque individu. »34
34. MADEC Philippe, BORNAREL Alain, BRUNAUD Pierre-Yves. L’écurie : Manifeste pour une architecture frugale. Museo Editions, 2019, 96 pages.