Le13 du Mois #35 - Extraits

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R 28895 - 0035 - F : 3.90 €

N°35 13 Décembre → 13 Janvier | www.le13dumois.fr | En vente le 13 de chaque mois | 3,90 €

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SOMMAIRE

Décembre 2013 — www.le13dumois.fr

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n°35 p.03

Édito

p.06

Courrier des lecteurs

p.08

Le 13 en bref

p.48

Sélection sorties

p.56

L'image du mois

p.57

Billet - L'inconnu-e du 13

p.58

Le 13 fois 13

POLITIQUE p.10

p.11

SOCIÉTÉ p.12 p.14

p.18

Toutes les photographies de ce magazine (sauf indication) sont réalisées par Mathieu Génon. Illustration de couverture : Jean-Baptiste Thiriet

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Municipales : parole à Jean-Claude Coqueret, candidat Front de gauche dans le 13e — Municipales : des bisbilles sur la liste socialiste

Supermarchés : le grand gâchis alimentaire — Lycée Rodin : ici on met les différences en sourdine DOSSIER SPÉCIAL MUNICIPALES

NKM VS HIDALGO P.19 ET P.24 ENTRETIENS CROISÉS


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SOMMAIRE 36

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13e ŒIL p.30

p.36

Reportage : avec Rosto, catcheur star du 13e — Reportage : portrait de la place Hénocque

LOISIRS p.53 p.54

Critique resto : l'Hydrophobe — Un resto, un chef, une recette : Ketty Sina du Kamukera

PORTRAIT p.42

Yves Lamoureux : un ancien cadre de La Poste qui balance CULTURE

p.46

p.52

La sélection livres des libraires indépendants du 13e MÉTRO MON AMOUR, MA HAINE

P.45

S'ABONNER

Serge, le lapin du métro

P.07

COMMANDER LES ANCIENS NUMÉROS 5


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Par Pierre-Yves Bulteau

POLITIQUE

— Front de gauche MUNICIPALES

On ne peut changer le système sans se le réapproprier

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Dans le 13e aussi, le Front de gauche sera paritaire et largement constitué de membres du Parti de gauche, de la Gauche anticapitaliste et des Alternatifs. C’est de ce mouvement - fondé sur l’autogestion, la solidarité, le féminisme et l’écologie - qu’est issu Jean-Claude Coqueret, tête de liste dans l’arrondissement. Entretien au lendemain du défilé du 1er décembre « pour une révolution fiscale ».

Le 13 du Mois : Un long cortège qui s’étire de la place d’Italie jusqu’à Bercy au nom de la justice fiscale, de la taxation du capital et de l’annulation de l’augmentation de la TVA, c’est un bon point de départ pour votre campagne locale, non ? Jean-Claude Coqueret : Ce dimanche [le 1er décembre, ndlr], le 13e a retrouvé sa tradition historique dans le mouvement des luttes sociales contre les politiques d’austérité. Cela m’a rappelé cette action de Raymond Aubrac à Marseille. Alors commissaire de la République (1), il avait décidé d’utiliser le pouvoir institutionnel pour initier un large mouvement d’autogestion dans les entreprises de la ville. 25 000 salariés avaient ainsi pu participer à la réappropriation de leur outil de travail, de leur avenir. Cet exemple a marqué mon engagement militant et politique. C’était au sortir de la guerre. Cet exemple peut-il encore être transposable aujourd’hui ? Vous avez raison de dire que cela date, que les usines Panhard ont disparu du 13e. Pourtant, au Front de gauche, nous pensons qu’il faut se réapproprier le pouvoir institutionnel pour faire bouger les choses. Alors même que le PS et l’UMP répètent en boucle que vous ne seriez pas prêts à gouverner ? C’est une vieille rhétorique qui consiste à nous délégitimer aux yeux de la population. Elle ne tient pas debout. Autre exemple, en 2001, nous étions auprès de Serge Blisko pour faire basculer

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l’arrondissement à gauche. Il a ensuite nommé Jean-François Pellissier [membre des Alternatifs, ndlr] adjoint en charge de la vie associative, de la promotion et du développement de la démocratie locale. Pendant son mandat, Jean-François a participé à la mise en place des conseils de quartier et à la création de la Maison des associations de la rue Caillaux. En tant qu’élu, il a concrétisé ce qui nous anime encore aujourd’hui : ce désir de porter la démocratie par des prises de décisions politiques franches. Peut-on être autogestionnaire et vouloir être maire ? Pour faire bouger les choses, il faut savoir se confronter à l’existant. C’est une révolution au long cours. On ne peut changer le système sans volonté de se le réapproprier. Pourtant, les partis peinent à trouver de bons candidats et les citoyens se détournent des urnes... Face à cette confrontation aux institutions, nous répondons par la question de la participation à la gestion du bien commun. Nous


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SOCIÉTÉ

— Consommation

SUPERMARCHÉS Le grand gâchis alimentaire En juin, le gouvernement lançait un vaste plan « anti-gaspi » destiné à diviser par deux, d’ici à 2015, le gâchis alimentaire. Parmi les premiers visés figurent les enseignes de la grande distribution, qui préfèrent souvent jeter plutôt que donner. À l’échelle du 13e arrondissement, les initiatives vertueuses existent. Les aberrations aussi, qui résultent des imperfections du cadre juridique du don alimentaire. État des lieux. Texte : Jérémie Potée Photographie : Mathieu Génon

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oulevard Blanqui, à l’approche du passage des camionsbennes, un préposé de Franprix traîne deux bacs remplis à ras-bord. Impossible d’y piocher le moindre sandwich, le tout étant recouvert par un lourd monticule de cartons d’emballage compressés et cellophanés. Deux glaneurs s’y essaieront mollement avant de passer leur chemin. Interrogés, quelques patrons de supérettes et supermarchés diront leur hantise de la glane. Même mise au rebut, la marchandise reste sous leur responsabilité. S’il advenait une intoxication, une plainte les mènerait inéluctablement en correctionnelle. Alors on jette. Sus aux glaneurs Avenue d’Italie, le Monoprix ne désemplit jamais. Son directeur, Raymond Delcampe, peste contre ceux qui s’enhardissent à pénétrer dans le magasin aux heures de sortie des poubelles, alors même qu’un quai de réception spécifique a été aménagé à l’intérieur de l’établissement. Même procédé un peu plus haut dans l’avenue où, sous couvert d’anonymat, un patron de supérette indique avoir opté pour un prestataire privé plutôt que pour les services de la Ville, ce qui lui permet d’éviter de sortir ses poubelles. Les techniques sont variées, telle celle qui consiste à asperger les marchandises d’eau de javel, comme s’en sont récemment émus les élus du 13e . Chez Luc Lahyani, un franchisé de l’enseigne Franprix, on tente de limiter la casse à la source. Quelques jours avant leur date de péremption, certains produits sont exposés en tête de caisse. 12

Nul panneau aguicheur n’indique qu’il y a promo. Les habitués le savent bien, ils trouvent là des produits à moitié-prix. À la fin de la journée, il ne reste plus rien à jeter, sinon des fruits et légumes abîmés que récupèreront les glaneurs. Luc Lahyani indique que ce type de rabais est devenu chez lui « une activité à part entière depuis deux ou trois ans ». « Les gens attendent ça pour acheter, désormais. En tant qu’indépendant, ça me permet de faire des économies et d’éviter le gaspillage. Les succursalistes, eux, n’en ont rien à faire et jettent à la pelle », poursuit le commerçant en visant tout particulièrement le Monoprix de l’avenue d’Italie. « Je peux vous affirmer qu’ils jettent pour 3 000 euros par jour », dit-il avec la certitude de celui qui travaille pour la même maison-mère, Casino. Affirmation qui provoque des hurlements d’indignation du directeur de l’enseigne concernée, Raymond Delcampe. Du bout des lèvres – et c’est remarquable tant l’omerta règne à ce sujet au sein de la grande distribution -, l’homme confie qu’à la fin octobre, la « casse » à l’année s’élèverait à « 1,54% ». Par rapport à quoi ? « Un certain chiffre d’affaires », se limite-t-il, car il ne faut pas pousser. Mais d’estimer tout de même la part de ce qui est jeté quotidiennement, à la louche, « à quelque chose comme 500 euros, soit trois fois rien ». Jeter plutôt que donner À l’appui de ses affirmations, Raymond Delcampe nous aiguille sur les efforts menés conjointement par la fondation d’entreprise de


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SOCIÉTÉ

— Éducation

AU LYCÉE RODIN,

on met les différences en sourdine Le collège et lycée Rodin, rue Corvisart, accueille depuis près de vingt ans des élèves sourds et malentendants en enseignement spécialisé et en classe « ordinaire ». Ce dispositif presque unique en France leur permet de se socialiser et de développer leur autonomie. Sans complexes. Texte : Philippe Schaller Photographies : Mathieu Génon

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SOCIÉTÉ

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Agrippées aux lèvres de Laure Beyret, leur prof d'histoire-géo, Sophie et Wissal « décodent » la leçon du jour.

a ne se voit pas, pourtant ces collégiens et lèvres. Sa surdité est profonde. Elle se ressent dans son lycéens ont une particularité : ils sont sourds élocution, mais entache peu sa compréhension. ou malentendants. Depuis vingt ans et un Laure Beyret déroule son cours en prenant garde partenariat engagé avec l’INJS [Institut national de bien articuler. Face à ces élèves, ça ne suffit pas. Elle des jeunes sourds, ndlr], le collège et lycée Rodin, est obligée de joindre le geste à la parole, de « coder ». rue Corvisart, les accueille. C’est l’établissement qui Elle associe des signes de la main, des « clés », à accueille le plus d’élèves sourds et malentendants de l’articulation. C’est ce qu’on appelle le langage parlé la capitale et l’un des rares lycées généraux français complété, ou « codage ». Les mots sont « sous-titrés » : qui les acceptent. Son ambition : « Faire qu’ils suivent chaque clé manuelle associée à une position sur le une scolarité normale, réussissent un brevet et visage correspond à une syllabe. « Je passe aussi un bac, n’aient pas peur de vivre avec les autres et plus de temps à expliquer les consignes et je suis trouvent leur place dans la société », explique Richard obligée d’écrire au tableau tout ce que je veux qu’ils Nomballais, directeur des enseignements à l’INJS, basé retiennent », ajoute la professeure, qui porte un micro dans le 5e arrondissement. Si l’INJS prépare les élèves auquel est reliée Sophie. Tout cela rend le cours plus à des formations professionnelles, ici c’est le bac fastidieux, plus lent que la moyenne, mais ô combien général qui est en ligne de mire, dans un établissement précieux pour ces élèves. classique, loin des structures médico-sociales qu’ils ont Les premiers élèves sourds sont arrivés en souvent fréquentées jusque-là. 1994. Ils sont aujourd’hui L’équipe pédagogique parle une cinquantaine. Trente au L’équipe pédagogique parle volontiers d’un « Henri IV collège, vingt au lycée. Une volontiers de Rodin comme des sourds ». « L’appellation vraie chance pour tous ces d’un « Henri IV des sourds », est liée à l’accompagnement jeunes. Un vrai progrès aussi. pour son accompagnement massif et qualitatif d’élèves Richard Nomballais, sourd massif et qualitatif des élèves en difficulté, pas à la sélection profond, se souvient encore des élitiste des profils », précisedifficultés rencontrées dans t-on cependant. sa jeunesse, ces enseignants Ce vendredi après-midi de novembre, ils sont six qui « ne comprenaient rien à la surdité : mauvaise collégiens de quatrième, sourds ou malentendants, à articulation, lecture avec le livre devant la bouche, suivre les cours de Laure Beyret, prof d’histoire-géo incompréhension face à mon incapacité à prendre des et coordinatrice du dispositif qui comprend une notes, notes de participation orale en allemand... » vingtaine d’enseignants et de « codeuses ». Leçon Soutenu par son entourage, il s’est battu pour du jour pour Jean-Baptiste, Nicolas, Wissal, Sophie, poursuivre de belles études : hypokhâgne, khâgne, Orlando et Owen : l’abolition de l’esclavage. Le sujet maîtrise de littérature comparée. Alors l’homme interpelle, les collégiens posent des questions. « Les poursuit son combat pour les sourds, « brillants mais esclaves pouvaient mourir d’épuisement ? », s’étonne aussi plus fragiles ». Orlando. Ne dîtes plus sourds-muets, ils parlent tous ! Ici, on défend l’oralité ; aucun cours ne se fait Objectif, rejoindre les entendants en langue des signes. Des différences d’élocution et La possibilité d’intégrer la filière du collège et lycée d’audition sont perceptibles entre les élèves. Mais Rodin n’est pas offerte à tous. Il faut pouvoir justifier l’apparition de prothèses et d’implants efficaces - ces d’un niveau de langue française orale et si possible électrodes posées chirurgicalement sur la cochlée de décodage suffisant, afin que l’acclimatation soit (l’organe de l’ouïe) - a changé la donne depuis la plus efficace possible. À un âge où les moqueries plusieurs années. Ils entendent mieux, perçoivent sont monnaie courante, leur handicap ne s’efface pas mieux, parlent mieux. totalement. Si certains élèves assurent avoir des amis entendants à Rodin, « ils sont nombreux à en avoir très Lecture sur les lèvres et « codage » peu », admet Samantha Savonneau, éducatrice chargée La prothèse amplifie autant les sons parasites que la du suivi des élèves. Quand ils arrivent en sixième, les voix de l’interlocuteur. Alors les élèves lisent sur les élèves sont placés en classe « annexée », ils apprennent lèvres. Interrogé, Jean-Baptiste se lève pour que tout entre sourds et malentendants. Un cadre « facile, qui le monde puisse le voir et suivre une lecture labiale. permet d’avoir une meilleure compréhension », se Son camarade « implanté », Nicolas, est agrippé à ses réjouit Wissal, élève de quatrième. !

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Texte : Pierre-Yves Bulteau, David Even et Philippe Schaller

MUNICIPALES

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oins médiatique et médiatisé que les 14 et 15 arrondissements, où se présentent NKM et Anne Hidalgo, le 13e symbolise pourtant à merveille l’axe de campagne des deux poids lourds de l’UMP et du PS dans leur (re)conquête de la Mairie de Paris. Cet arrondissement aux multiples identités est celui de cette « classe moyenne » que Nathalie Kosciusko-Morizet et Anne Hidalgo courtisent à longueur de prises de parole publiques, de rencontres avec les habitants et d’interviews dans les médias écrits et parlés. C’est encore le cas, ici, dans ces deux longs entretiens presque croisés que vous propose Le 13 du Mois. Mais si la « cible électorale » semble la même, la hiérarchie des thèmes et les solutions apportées est diamétralement e

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opposée. Pour la candidate de l’UMP, le 13e serait un arrondissement « délaissé par l’actuelle majorité » depuis la chute de l’équipe Toubon en 2001 et ce, notamment, en matière de sécurité. Elle pointe aussi la prédominance des logements sociaux qui supplanterait, toujours selon elle, les logements intermédiaires dans l’arrondissement. Quant à la candidate socialiste, le 13e représenterait, au contraire, l’exemple même de la réussite des deux dernières mandatures Delanoë dans cette volonté d’un « renouveau urbain », économique et culturel qui prendrait justement en compte cette « proximité renforcée », garante de la mixité sociale parisienne. Des paroles qui précèdent les actes. Dans l’entre-deux, à vous de juger…


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— Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate UMP-UDI et MoDem à la Mairie de Paris

Le 13 est un arrondissement délaissé par la majorité en place e

À trois mois des municipales, la candidate de l’UMP assure que la droite va partir en ordre de marche dans le 13e et esquisse ses objectifs, notamment en matière de sécurité et de logement. Le 13 du Mois : Votre première sortie politique en tant que candidate à la Mairie de Paris a eu lieu en février 2013 lors du défilé du Nouvel an chinois. Dans ce 13e que la droite semble avoir des difficultés à appréhender depuis la défaite de Jacques Toubon à la Mairie d’arrondissement en 2001… Nathalie Kosciusko-Morizet : Je pense, au contraire, que le 13e fait partie de ces arrondissements dans lesquels il peut se passer des choses fortes, de ces arrondissements qui vont avoir de la présence dans cette campagne. Mais je n’aime pas cette idée de classement, entre ceux où il y aurait des enjeux et ceux où il n’y en aurait pas. Ma philosophie, c’est qu’il y a des enjeux partout. Avec des arrondissements qui nous sont acquis - et où j’aimerais avoir plus de conseillers de Paris - et d’autres où cela sera plus difficile, mais pas impossible. Le 13e, sans aucun doute, fait partie des arrondissements dans lesquels il y a une réelle attente. Je ressens, quand je suis sur le terrain avec nos équipes, que les habitants ont le sentiment de ne pas être au centre des préoccupations de la municipalité sortante. Clairement, ils nous disent avoir l’impression de ne pas être au cœur des enjeux, au cœur des développements, au cœur des perspectives, au cœur des espérances de la Ville de Paris.

la candidate a officialisé cette alliance entre l'UMP et les partis du centre, en proposant des « listes de rassemblement dans l'ensemble des arrondissements ». Au moment du bouclage, rien n'était encore décidé concernant le 13e, ndlr.] Vous voulez dire qu’entre Fadila Mehal [tête de liste MoDem lors des législatives de 2012] ou Edith Gallois [actuelle conseillère de Paris du 13e pour l’UDI], votre choix n’est pas encore arrêté ? Non, simplement parce que je veux donner sa chance au rassemblement. Mais ce n’est pas pour cela que nous sommes absents de l’arrondissement. Nous avons, par exemple, Patrick Trémège qui fait toujours un gros travail de terrain. Anne-Sophie Souhaité [candidate UMP sur la 9e circonscription lors des législatives de 2012, ndlr] qui est notre chef de file. Ou encore Jean-Baptiste Olivier, jeune conseiller d’arrondissement. Il y a aussi la communauté asiatique qui se prépare et qui aura certainement des candidats sur nos listes. Nous plaçons le 13e dans notre objectif de renouvellement des personnels politiques. C’est un arrondissement où l’on fait monter une nouvelle génération en lui proposant de nouvelles perspectives.

On a quand même l’impression que, depuis douze ans, l’UMP ne s’est pas trop préoccupée du 13e ? e Et en même temps, le 13 est l’un des arrondissements que vous Le 13e est un arrondissement qui est surtout délaissé par la gauche, avez dit « vouloir réserver à l’Alternative qui y est majoritaire. Pouvez-vous seulement me [alliance entre le MoDem et l’UDI, ndlr] ». Où en citer un seul des grands investissements menés « Nous plaçons êtes-vous de ces pourparlers ? par la municipalité sortante, lors des deux derniers Depuis le début, j’ai dit que je souhaitais mener le 13e dans notre mandats ? À part le boulevard Saint-Marcel, qui objectif de des listes unies dès le premier tour, en rassemblant est diversement apprécié, vous en conviendrez. Je renouvellement tous ceux qui veulent le progrès à Paris. Ce sont le répète, ce qui ressort de nos différentes actions des personnels des discussions qui sont en cours. Vous le savez dans le 13e, c’est ce sentiment qu’ont les habitants politiques » d’être à la périphérie des préoccupations de la bien, en politique rien n’est acquis tant que les municipalité sortante. Ma réponse à cela, c’est ! accords ne sont pas conclus. [Jeudi 5 décembre

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de proposer une alternative et un rassemblement qui portent en eux la possibilité de donner une nouvelle espérance face à une situation dans laquelle les habitants du 13e se sentent abandonnés. L’une de vos priorités, justement, c’est la sécurité avec, notamment, le renforcement de la vidéosurveillance. Or, quand on parle avec les habitants de la dalle des Olympiades, ils en appellent plutôt au maintien des services publics, à l’embauche d’animateurs de quartier. Installer des caméras en ville, est-ce vraiment la solution ? C’est un outil dans une palette d’outils. Aujourd’hui, dans le 13e arrondissement, les problèmes de sécurité sont avérés et quotidiens. Par exemple, si vous regardez le classement des stations de métro et de RER considérées comme les plus dangereuses de Paris, de mémoire il y en a deux sur le 13e – Austerlitz pour le RER et la ligne 5 place d’Italie pour le métro - pour quinze en tout sur Paris. Pour s’en rendre compte, il suffit d’aller aux sorties du métro

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ou d’assister à des cafés politiques et constater que cette question de la sécurité dans le 13e arrive très vite dans les discussions. Est-ce que les caméras sont la seule réponse ? Non, certainement pas. Mais la municipalité sortante n’arrête pas de fuir le sujet et ce, depuis ses deux mandats. Ainsi, aujourd’hui [mardi 3 décembre, ndlr], seulement trois mois avant les élections, la municipalité nous dit enfin : « Il y a un problème et je vais m’en occuper ». Eh bien, moi je dis que ce n’est pas crédible. On n’a pas le droit de traiter un sujet aussi angoissant et aussi sérieux que la sécurité avec autant de légèreté. C’est d’ailleurs un sujet tellement important que j’en réclame les compétences légales auprès de la Préfecture de police et demande à ce que l’on puisse changer la loi pour pouvoir créer une police municipale à Paris. En attendant, on peut créer une police de quartier, on peut réinvestir dans la vidéo-protection. On peut également agir au quotidien par l’instauration d’un certain nombre de mesures réglementaires comme la remise en vigueur


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— Anne Hidalgo, candidate de l’union PS-PCF et Radicaux de gauche à la Mairie de Paris

Je veux créer un choc en matière de logement À trois mois des municipales, la candidate socialiste – ou plutôt son équipe de campagne car, malgré nos demandes répétées, nous n’avons pu rencontrer Anne Hidalgo et lui poser de visu nos questions (lire l’encadré) – se livre à un tour d’horizon des réussites des deux mandatures Delanoë et revient sur les points forts de sa campagne, notamment en matière de logement.

Le 13 du Mois : Le 23 novembre, vous avez présenté vos têtes de listes sur l’esplanade de la BnF dans le 13e arrondissement. Vous aviez auparavant lancé votre campagne à Petit Bain. Pourquoi avoir choisi cet arrondissement et cet endroit ? Est-il, avec la Zac Paris Rive-Gauche toute proche, le symbole du renouveau urbain voulu par la Ville de Paris ? Anne Hidalgo : J’aime particulièrement le 13e pour ce qu’il représente en matière de brassages culturel et social. C’est aussi une synthèse intéressante de toutes les époques urbaines de Paris. Les nouveaux quartiers, qu’il s’agisse de la Gare de Rungis ou de Paris Rive-Gauche, ont en effet une valeur, avec d’autres, de symbole du renouveau urbain de Paris, d’audace et de créativité architecturale. Ils se projettent dans l’avenir avec des projets emblématiques mais respectent en même temps le patrimoine industriel du passé, qu’il s’agisse des Grands Moulins, de la Halle aux farines ou des Frigos. Paris Rive-Gauche constitue aussi une référence urbaine quand on évoque « l’îlot ouvert » que Christian de Portzamparc a conçu pour le secteur Masséna. Ce renouveau urbain passe aussi par un nouveau rapport à la Seine, avec la reconquête des quais, les guinguettes, la piscine Joséphine-Baker ou Petit Bain, dont j’apprécie particulièrement le dynamisme multiculturel, la passerelle Simonede-Beauvoir, à la fois prouesse technique et architecturale et espace

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à vivre. Les berges, c’est aussi une nouvelle manière d’appréhender la ville et d’expérimenter de nouveaux usages. Justement, ce quartier ambitieux, Paris Rive-Gauche, qui se voulait le symbole de la « mixité urbaine et sociale » à Paris, peine à prendre vie près de vingt ans après son lancement. Comment l’expliquez-vous ? Construire un nouveau quartier, cela prend du temps. Nous avons impulsé en 2001 et 2008 de nouvelles dynamiques et cela se concrétise. Ce n’est pas par hasard si l’expression « nouveau quartier latin » est souvent reprise aujourd’hui pour identifier ce quartier. C’est bien la mixité que nous avons développée qui permet cela : étudiants, salariés, habitants, familles se sont appropriés le quartier, les espaces publics, les équipements et jardins que nous avons livrés. C’est aussi un lieu de rendez-vous pour tous les Parisiens, avec le cinéma, les péniches, Docks en Seine... Cette dynamique urbaine va encore s’amplifier et notamment en matière de commerce de proximité, avec une offre renforcée dans les bâtiments récemment construits et avec l’arrivée de nouveaux habitants. Il est important également de souligner que ce projet crée des emplois et participe à l’attractivité de Paris. Les entreprises y trouvent un cadre de travail très recherché. !


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DOSSIER

« J’ai aujourd’hui une équipe soudée, rassemblée, et je peux compter dans cette équipe sur Jean-Marie Le Guen et Jérôme Coumet »

Anne Hidalgo lors du lancement de son association de campagne Oser Paris à l'Ensam, boulevard de l'Hôpital, le 1er octobre 2012. Éric Offredo était alors le seul élu PS du 13e à être présent.

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DOSSIER

Les membres de la liste PS-PC-PRG 13e pose avec la candidate sur le parvis de la BnF, le 23 novembre 2013.

d’immeubles dans le diffus. Ces objectifs sont ambitieux mais crédibles et finançables, et ce sans augmenter les impôts des Parisiens, comme je m’y suis engagée. Le 31 octobre dernier, Le Point révélait les conclusions d’un document interne émanant de la Direction du logement et de l’habitat. Celui-ci estimait que l’objectif même de 25% était « compliqué à atteindre »… Je n’ai jamais dit que ce serait simple. Atteindre 20% de logements sociaux en 2014 n’a pas été facile, surtout avec l’opposition de la droite, mais l’objectif est atteint. C’est bien parce que l’enjeu est ambitieux que les outils à mobiliser doivent l’être tout autant. C’est une question de détermination, et la mienne est totale. Votre adversaire, Nathalie Kosciusko-Morizet, remet en cause la réalité des 6 000 logements sociaux construits chaque année sous la dernière mandature de Bertrand Delanoë et vous accuse d’avoir « gaspillé » l’argent des Parisiens. Que lui répondez-vous ? Remettre en cause la réalité des 6 000 logements sociaux n’est pas sérieux. Paris aura bien atteint réglementairement 20% de logements sociaux en 2014. Mais le fond reste bien que la droite parisienne est opposée au logement social. Nathalie KosciuskoMorizet ne veut pas respecter la loi SRU [qui impose un taux de 20% de logement social dans le parc immobilier d’une ville, ndlr]. Avoir l’ambition de loger nos concitoyens, de permettre à des familles de rester à Paris, de sortir plus d’immeubles de l’insalubrité, de lutter contre les ventes à la découpe, ce n’est pas gaspiller l’argent des Parisiens confrontés à une crise du logement majeure.

« Les faits sont là : c’est la droite qui supprime les postes de policiers et c’est la gauche qui en remet dans nos rues pour assurer la tranquillité des Parisiens »

Parmi les grandes priorités des mandatures Delanoë figure aussi la culture. La Ville de Paris a beaucoup investi dans des équipements culturels, au Centquatre ou au Louxor. Alors que l’ancien cinéma Le Grand Écran, place d’Italie, semble désintéresser la municipalité... La dynamique culturelle dans le 13e est forte. Nous venons d’y livrer un magnifique conservatoire (voir page 9), le musée de l’Art ludique vient d’ouvrir dans le bâtiment de Dock en Seine, un nouveau théâtre a été livré rue du Chevaleret [en lieu et place du théâtre du Lierre déjà existant, ndlr]. L’arrondissement, grâce à l’impulsion de Jérôme Coumet, est aussi devenu une référence en matière de Street art et la Tour 13 a été un formidable succès. Petit Bain, le Batofar sont des lieux d’émergence culturelle, et j’en oublie. Quant à l’offre cinématographique, elle a fortement progressé. Au-delà de Paris Rive-Gauche, qui dispose de quatre nouvelles salles supplémentaires depuis quelques jours, sur les Gobelins, la Fondation Pathé est en chantier et les projets de modernisation des deux multiplexes sont engagés. Les investisseurs privés croient en cette dynamique. Le Grand Écran Italie doit s’inscrire dans celle-ci. La candidate de l’UMP recentre le débat sur la question de la sécurité. Elle annonce notamment vouloir renforcer la vidéosurveillance ou lutter contre la mendicité agressive. Est-ce une manière, pour elle, de surfer sur un climat davantage national que parisien ? De votre côté, vous semblez vouloir vous dissocier de la politique gouvernementale, pourquoi ? Je ne suis pas, pour ma part, dans des postures de stratégie de communication. Je souhaite que le gouvernement réussisse mais !

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— Reportage 13e ŒIL

ROSTO le catch en VF

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13e ŒIL

Le 13e arrondissement héberge l’une des pointures du catch hexagonal. Nous sommes montés sur le ring d'un petit village de Bretagne avec Dimitri « Rosto » Soliotopoulos, lutteur professionnel qui joue aussi bien la comédie que des biscottos.

Texte : Jérôme Hoff Photographies : Mathieu Génon

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Les Anglais ont frappé dans le dos. Huées. En riposte, les Français se catapultent à l’aide des cordes mais s’écrasent sur leurs adversaires. Rosto est projeté hors du ring.

a sono crache un hard rock noyé sous les larsens. Un fumet de galettes-saucisses s’échappe de la buvette. Costard rouge et micro en main, le speaker hurle les noms des combattants. En fracassant la porte des vestiaires, Dimitri Soliotopoulos et son partenaire font leur entrée. Rosto, de son nom de scène, porte les cheveux longs et un justaucorps noir et violet. Avant de monter sur le ring, il s’offre un tour d’honneur, histoire d’haranguer le public qui l’acclame à tout rompre. Avec ses 115 kilos pour 1,75 mètre, c’est un poids lourd, au ventre proéminent et aux bras larges comme des cuisses. Il concède pourtant une bonne vingtaine de kilos à son coéquipier Booster, lui-même un minus comparé aux catcheurs adverses. Baptisés les « Désastres naturels », les deux Anglais totalisent 360 kilos dont 240 pour le seul Bulk, boule de graisse barbue, cloutée et vociférante. Rosto les défie du regard. À cet instant, il n’a plus rien à voir avec le garçon souriant et discret qui discutait autobronzant en coulisses un quart d’heure plus tôt. À 30 ans tout juste, Dimitri est catcheur professionnel depuis sept ans. « J’ai grandi à Paris entre le 13e et le 14e arrondissement. J’aimais le catch. Quand j’ai vu qu’il y avait une école en région parisienne, je me suis inscrit. » Stimulé par sa passion, il grimpe rapidement les échelons, passe professionnel et combat en France, en Suisse, en Allemagne, en Belgique... Il est même invité au Japon. À force de combats, il se taille une certaine notoriété et un joli palmarès, qui aligne notamment deux titres de champion d’Europe poids-lourds et une ceinture européenne en équipe. C’est ce précieux trophée que sont venus lui arracher les Désastres naturels. Parents et enfants surexcités La cloche retentit. Mais Rosto et son complice sont déjà par terre. Après La Marseillaise entonnée en chœur par la foule, les Anglais les ont frappés dans le dos. Huées. En riposte, les Français se catapultent à l’aide des cordes mais s’écrasent sur leurs adversaires. !

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13e ŒIL

— Portrait de la place de l’Abbé Georges-Hénocque

MA

PLACE

Texte : Virginie Tauzin Photographies : Mathieu Génon

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13e ŒIL Depuis le centre de la place Hénocque, on a observé novembre qui tirait sur la fin. Emprunté plusieurs fois les mêmes rues. On est revenu aux mêmes points de départ, le kiosque, le café, l’épicerie, pour demander comment ça va et si quelqu’un parlerait du quartier. Cherché les plus anciens, qui le connaissent par cœur. Rencontré des visages et écouté des voix. Puis, au bout d’une semaine à peine, on a recroisé les mêmes, monsieur Bonafos ou André, sur leur trajet quotidien. Un quartier de Paris, c’est un village. Voici un portrait de la place Hénocque réalisé en étroite collaboration avec la flânerie, et avec l’aimable participation du hasard.

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PORTRAIT

— Yves Lamoureux

le riiposte os ur ur Texte : Rozenn Le Carboulec Photographie : Mathieu Génon

Nous avions croisé Yves Lamoureux lors d’une bataille menée avec ses voisins contre le rachat de leurs appartements par Toit et Joie, filiale HLM de La Poste (1). Il était alors en plein dans l’écriture d’un roman inspiré de sa longue expérience de cadre dans cette même entreprise. Cette fois-ci, le combat a pour cible l’« ultralibéralisme » qui grignote ce service public. Nous avons rencontré l’auteur chez lui, près de la porte de Choisy.

(1) « Quand les logements sociaux deviennent un fardeau », publié dans notre dossier « HLM – Abus à tous les étages », Le 13 du Mois n°29.

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«

Votre fils gagnera sa vie avec un porte-plume. » Voilà la prédiction que formulait son instituteur à la mère d’Yves Lamoureux, alors âgé de onze ans. Cinquante ans plus tard, il s’apprête à sortir son premier livre. Dans son roman, ce cadre supérieur de La Poste de 1985 à 2009 raconte tout de l’entreprise, de son évolution vers l’ultralibéralisme jusqu’aux pratiques de harcèlement. Daniel, son ancien patron, se dit surpris du projet, tant il « ne le voyai[t] pas partir là-dedans ». Et pourtant. L’autodidacte engagé Yves Lamoureux est né à Angers, de parents épiciers. À cinq ans, ces derniers l’emmènent faire un tour de France pendant un an. « Ma mère me faisait cours. Elle devait bien s’y prendre car je n’ai pas eu de difficultés, une fois de retour à l’école primaire », se souvient-il. Il obtient son certificat d’études en 1963, mais ne suit pas de formation universitaire. Un léger regret qu’il compense par la lecture. Dans son salon, une pile de !


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PORTRAIT

5 DATES 17 octobre 1949 : Naissance à Angers. 2 janvier 1985 : Débuts à La Poste, après un passage dans une bonneterie puis un centre pour myopathes. 16 juin 1996 : Mariage avec Kim-Dung. Novembre 2009 : Départ à la retraite. Janvier 2011 : Rédaction d’un roman inspiré de son expérience à La Poste.

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Par Virginie Tauzin

JOYEUSES LECTURES ! SÉLECTION JEUNESSE

JOYEUX NOËL CHIEN POURRI LE PLUS BEAU CONTE DE POUBELLE « Le conte à lire tout seul à partir de 6 ans », Audrey, librairie Jonas — C’est Noël dans la poubelle de Chien Pourri et Chaplapla. Les deux amis, rencontrés lors de leurs premières aventures (Chien Pourri, 2013), aimeraient passer Noël dans une famille... Mais qui va vouloir d’un chien pourri et d'un chat écrasé ? Un petit livre inventif et d’une tendre cruauté. Excellent. — Joyeux Noël Chien Pourri, de Colas Gutman et Marc Boutavant, collection Mouche, 8€.

LES ORPHELINES D’ABBEY ROAD DU 13e AU MONDE MAGIQUE D’ALVÉNIR « Un bon livre pour ados. À découvrir », Audrey, librairie Jonas — Après Ma grand-mère m’a mordu, pour les plus jeunes à partir de 9 ans, Audren, jeune auteure du 13e, retrouve ses orphelines dans cette saga retraçant les aventures de Joy et ses camarades à l’orphelinat. Un mélange d’histoire d’amour et de magie qui fera battre le cœur des ados. — Les orphelines d’Abbey Road, tome 3, Les lumières du passé, Audren, 12-16 ans, 15,50€.

LES FIANCÉS DE L’HIVER ROMAN FANTASTIQUE « Une aventure passionnante menée par une héroïne dans un monde fantastique où les luttes de pouvoir mettent son intégrité en péril », Ondyne, librairie Maruani — Ophélie, jeune fille naïve et maladroite qui sait traverser les miroirs, est fiancée de force à Thorn, du puissant clan des Dragons. C’est parti pour une expédition sur un territoire hostile et suspendu dans les airs. Du fantastique aux accents d’Alice au pays des Merveilles. — Les fiancés de l’hiver, tome 1, La Passemiroir, de Christelle Dabos, éd. Gallimard jeunesse, 11€.

LA VOIE FERRÉE AU-DESSUS DES NUAGES, L’ENVERS DE LA MODERNITÉ « Une immersion terrible dans le monde ouvrier chinois », Ondyne, librairie Maruani — Au début du 20e siècle, des ingénieurs français sont envoyés en Chine pour construire une voie ferrée dans le Yunnan, région du sud frontalière du Vietnam, du Laos et de la Birmanie. Dans des conditions extrêmes, ils façonnent la Chine d’aujourd’hui. Une aventure historique et humaine. — La voie ferrée au-dessus des nuages, de Li Kunwu, éd. Kana, 216 pages, 15 €.

BLAST LA DESCENTE AUX ENFERS « Le troisième tome très attendu de l’anti-héros en marge et dans les marges », Fabienne, Les oiseaux rares — Qu’il est étrange, ce Polza Mancini, et toujours aussi moche, méchant et seul. Pour ce tome 3, le voilà en garde à vue après la mort d’une jeune femme. Il pense au blast, ce moment magique qui le transporte ailleurs et au cours duquel tout s’illumine, même le dessin, qui prend des couleurs. — Blast, tome 3, La tête la première, Manu Larcenet, éd. Dargaud, 204 pages, 22,90€.

SÉLECTION BD

LE CHIEN QUI LOUCHE, HORREUR OU CHEF D’ŒUVRE ? « Une vraie interrogation sur notre rapport à l’art, sur la définition du chef d’œuvre », Fabienne, librairie Les Oiseaux rares — Un gardien du Louvre accepte par amour d’y exposer un tableau conservé dans le grenier de la famille de sa petite-amie. Devant cette peinture immonde de chien qui louche, attention aux réactions ! Ce dernier Davodeau, comme toujours en noir et blanc, permet aussi de se faire une petite virée culturelle dans les allées du fameux musée. — Le chien qui louche, écrit et dessiné par Étienne Davodeau, éd. Futuropolis, 144 pages, 20€.

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CULTURE

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C’EST LES VACANCES, ON FILE AU THÉÂTRE ! MA PREMIÈRE AVENTURE /THÉÂTRE DE LA CACHETTE

© Jacopo Niccoli

BEAUTÉ, POÉSIE ET INTELLIGENCE / THÉÂTRE DUNOIS

La compagnie italienne du Teatro delle Briciole, habituée du théâtre Dunois et véritable référence européenne depuis 30 ans en matière de théâtre jeune public, présente son « Voyage », durant lequel nous suivons les pérégrinations de deux petits vieux partis en voyage de noces sur le tard. Le théâtre d’objets et les surprises visuelles dynamisent la marche d’un récit qui épouse le rythme de multiples flâneries sans but. Nos héros du jour apprennent au jeune spectateur à prendre la vie comme elle va, sans ordre, sans continuité, mais le cœur chargé de désir et de curiosité. C’est beau et poétique. Le voyage, ou une histoire de deux petits vieux, les samedis 14 et 21 décembre à 17h, les dimanches 15 et 22 décembre à 16h et le mercredi 18 décembre à 15h. Spectacle d’1 heure, tout public à partir de 4 ans.

Les plus âgés auront droit à l’aventure de Jeanne Barré, femme embarquée, malgré l’interdiction, au milieu de l’expédition de Bougainville. Un spectacle renversant à plus d’un titre. Le bateau-théâtre créé pour l’occasion offre une expérience scénique singulière qui fait perpétuellement tanguer le spectateur entre réel et imaginaire. L’histoire pose aux ados et pré-ados, à qui s’adresse la pièce, la question souvent prégnante de l’identité, du genre, du travestissement et tout simplement de la place de la femme dans la société. Intelligent. Jeanne Barré, la voyageuse invisible, les mercredis 8 et 15 janvier à 15h, les samedis 11 et 18 janvier à 18h et les dimanches 12 et 19 janvier à 16h. À partir de 9 ans. Au Théâtre Dunois, 7 rue Louise Weiss. Renseignements et réservations au 01.45.84.72.00. De 6,50€ à 16€.

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Les tout-petits ont aussi leur théâtre rien que pour eux. S’ils n’ont pas déjà eu l’opportunité d’assister aux spectacles itinérants de la compagnie des 3 Chardons dans le hall de leur école maternelle, ils peuvent se rattraper dans la petite salle de la Cachette, avenue d’Italie. Accompagné de six marionnettes, un comédien conte l’histoire de Malo, un petit garçon qui s’aventure chaque matin au bord de la rivière. Un jour, il tombe sur Lucine, la petite ondine qui vit cachée au fond de l’eau. Que contient le mystérieux coffre qu’elle tient dans ses mains ? Lucine et Malo, jusqu’au 5 janvier au Théâtre de la Cachette, 124 avenue d’Italie. Le mercredi 18 décembre à 15h et 16h30, les lundis 23 et 30 décembre à 10h30, 15h et 16h30, les jeudis 26 décembre et 2 janvier à 15h et 16h30, les vendredi 27 décembre et 3 janvier à 10h30, 15h et 16h30, les samedis à 15h et 16h30, les dimanches à 11h, 15h et 16h30. Renseignements et réservations au 01.45.89.02.20. De 2 à 8 ans. Tarif unique 8€.

PÈRE NOËL ET PETITS COCHONS / PÉNICHE-THÉÂTRE DE LA BALEINE BLANCHE Le Papa Noël ne devrait pas tarder à pointer le bout de son nez. Toc toc toc, est-ce lui qui frappe à la porte ? Les tout-petits pourront patienter avec des comédiens-musiciens de la Touk Touk

Compagnie. Construite autour de cette notion d’attente, ce petit conte, sans démystifier le Père Noël, s’en empare en musique et en finesse, le rendant plus accessible. Une succession de petites comptines pour autant de personnages qui frappent à la porte. Promis, à la fin le Père Noël ne devrait plus trop tarder. Même pas peur ! (du Père Noël), du 23 décembre au 3 janvier, tous les jours sauf les week-ends et jours fériés à 10h30. Dès 1 ou 2 ans, idéal pour des enfants de 3-4 ans.

On reprend les mêmes (la compagnie Touk Touk) et on embarque cette fois-ci dans un conte musical et drôle. Violoncelle, guitare, balafon, yukulélé et autres instruments rythment en une multitude de chansons cocasses la volonté de fer qu’affiche le loup pour enfin parvenir à croquer les trois petits cochons. Une farce sur la ténacité, ou un classique du genre est chouettement revisité. Les 3 petits cochons et le méchant loup, jusqu’au 3 janvier, les mercredis et tous les jours des vacances scolaires sauf les weekends et jours fériés à 14h30. Dès 3 ans, idéalement entre 5 et 7 ans. Péniche-théâtre La Baleine blanche, 11 port de la Gare – quai de la Gare, au pied de la BnF. Renseignements et réservations au 09.51.79.70.62 ou info@lesmercredisdelabaleine.com. De 6€ à 10€.


Par Emmanuel Salloum

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— Bon plan resto : L’Hydrophobe LOISIRS

Un gastro à prix sage © Jacopo Niccoli

Lassés des plats de bistro ? À deux pas des Gobelins, cet agréable restaurant propose pour quelques euros de plus une cuisine traditionnelle haut de gamme. À découvrir.

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e n’est pas tant que Patrick Fray n’aime pas l’eau, comme le suggère l’enseigne, plutôt qu’il cultive la passion du vin. En fin connaisseur, il saura vous aiguiller parmi la centaine de références qu’il propose pour accompagner votre plat. Et aux fourneaux, l’homme, passé par le célèbre restaurant étoilé Lucas Carton (8e) et par celui de Jacques Cagna (6e), a également de la bouteille. Ouvert en 2008, L’Hydrophobe est la quatrième affaire de ce chef fort sympathique après, notamment, la Zygothèque dans le 13e, depuis revendue. À chaque fois, la recette est gagnante : une « cuisine traditionnelle dépouillée » à très bon rapport qualitéprix, car on est clairement dans le registre gastronomique.

Ainsi, les entrées à la carte (environ 9 euros) comportent entre autres des raviolis de Saint-Jacques et son coulis, et une salade de foie gras de canard mariné au vinaigre de framboise. Côté plats, pour 18 euros environ, on pourra par exemple s’offrir une crépinette de perdreau aux choux, un civet de lièvre à l’ancienne, une sole farcie au beurre citronné, ou encore un aileron de câpres. Les bourses (ou les appétits) plus modestes se contenteront des plats de formules, évolutifs selon le marché. Certes moins ambitieux, mais tout aussi raffinés et honnêtes au vu du prix. En entrée, nous avons adoré les foies de volailles servis dans un œuf au plat mélangé à une sauce au soja, ainsi que la rillette de poisson à la vinaigrette au citron, fraîche et goûteuse. En plat, on s’est régalé avec le filet de merlan, parfaitement adouci par un coulis au poivron rouge, et la tête de veau, tendre et gourmande, relevée par une subtile sauce tomate-basilic. En outre, oubliez les sempiternelles frites, ici les accompagnements sont originaux et raffinés : ratatouille, purée de

céleri, chou-fleur, navet, etc. En dessert, ceux proposés dans la formule sont plus qu’honnêtes, comme cette marmelade de pommes à la vanille bourbon, fraîche et très parfumée, ou cette savoureuse meringue glacée. Les plus gourmands choisiront parmi les alléchants desserts à la carte (parfait glacé aux marrons, gratin pommes et coings façon amandine, etc.). Enfin, le service, rapide et de bon conseil est conforme au standing des assiettes. Et le restaurant lui-même, avec ses tons lumineux, sa déco épurée et du jazz en ambiance musicale, offre un cadre très agréable. Parfait pour le midi comme pour le soir, entre collègues ou en amoureux, et même pour le dîner du 31 décembre, dont le menu sera bientôt révélé sur le site de l’Hydrophobe. !

L’ HYDROPHOBE — 53 bis, boulevard Arago. Réservations au 01.45.35.53.42.Ouvert

midi et soir du mardi au samedi.Formule déjeuner entrée-plat ou plat-dessert à 17€, complète midi et soir en semaine à 21€ ; menu complet au choix sur la carte à 35€. www.hydrophobe.net

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UN RESTO, UN CHEF, UNE RECETTE

— Le Kamukera

Par Pierre-Yves Bulteau

Chaque mois, retrouvez ici le fruit d’une conversation menée dans la cuisine d’un(e) chef cuistot de l’arrondissement. Parcours, inspirations, culture culinaire et générale, le chef partage tout, y compris ses recettes.

L’ÉPOPÉE DE KETTY Voilà 17 ans que l’ancienne Clodette Ketty Sina préside aux destinées du Kamukera, le fameux restaurant afro-antillais de la rue du Chevaleret. De Cloclo aux marmites, retour sur une histoire pas ordinaire.

A

vant que le quartier du Chevaleret ne pousse dans le sillage de la BnF, « ici, c’était un trou », dit avec une pointe de tendresse Ketty Sina. « Un endroit triste », où l’ancienne Clodette décide pourtant d’ouvrir un restaurant. En 1998, face au 113 de la rue du Chevaleret, l’endroit n’avait qu’un mur pour horizon. « Un jour, en toute illégalité, j’ai décidé de le faire taguer, dit Ketty Sina tout en montrant une photo immortalisant le moment. J’en ai confié la tâche à des amis graffeurs. » Sous leurs bombes prend corps un énorme « Cloclo passion », qui égaye la clientèle du Kamukera et rappelle aux passants que, 20 ans plus tôt, Claude François disparaissait acci-

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dentellement. Cette passion française, jamais vraiment éteinte, attire de plus en plus de fans chez Ketty Sina. Alors celle qui pendant deux ans a partagé la scène et la gloire du chanteur survolté décide de ressortir les tenues affriolantes du placard. « Le Kamukera, qui rassemblait mon origine camerounaise et ma passion antillaise, est alors devenu un endroit culte, même si ce n’était pas l’objectif de départ », affirme l’ancienne danseuse. Derrière une apparente tranquillité, la vie de cette mère de quatre enfants raconte une époque. Celle de ces femmes africaines promises à un homme qu’elles n’ont pas choisi et réduites aux tâches du quotidien.

« J’aurais pu rester prisonnière de mon sort, détaille Ketty Sina dans un livre témoignage (1), piégée dans un mariage arrangé avec un Camerounais promis à un bel avenir et Bamiléké, tout comme moi. » Au lieu de cela, la jeune femme repousse la tradition et « va tenter sa chance à Paris », au creux de ces années 70, où « être jeune, grande, belle et noire a été un sésame pour une toute autre expérience ». Strass, paillettes, chute et renaissance En 1976, Ketty Sina rejoint donc la folle équipée des Clodettes et le tourbillon de la Cloclomania, qui perdure encore et toujours dans le pays. « Un monde qui m’a tout donné avant de tout me reprendre », relativise aujourd’hui celle qui s’est retrouvée après-coup fille-mère, sans le sou, obligée de quitter les beaux quartiers du 16e pour élire domicile près de



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