Le réveil des combattants 762 mai 2010

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Défense des retraites

TNP L’ARAC à New York

le réveil Mai 2010 - N°762 - 5 e

Hommage à Jean Moulin

des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

Il y a 65 ans, des hommes réunis autour de Jean Moulin ont eu le courage de penser et de mettre en œuvre le programme national de la Résistance.

Défendons avec détermination ces valeurs modernes, humaines, démocratiques et solidaires !

Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre


LE RÉVEIL actualité

D’une libération à l’autre Rachid Bouchareb livre un grand film politique sur les combats des Algériens pour l’indépendance de leur pays : Hors la loi. L’Algérie, la France. Deux peuples, deux nations, deux drapeaux. Pour les défendre, des valeurs semblables, des résistants français aux combattants de l’indépendance algérienne. Et le prix du sang dont tous s’acquittent. Lorsque s’entame le film de Rachid Bouchareb, dans les années 1930, la France est une puissance coloniale qui mande ses gendarmes pour expulser les paysans de leurs terres. Ici un modeste fermier, son épouse, leurs enfants dont trois garçonnets, perdent en quelques instants leur peu de biens. Puis c’est le 8  mai 1945 à Paris  : en images d’archives, la liesse de la Libération. En clôture du film, une autre liesse d’époque célébrera en 1962 l’indépendance de l’Algérie. Un drapeau différent mais les mêmes sourires, l’écho des cris de joie, les enfants sur les épaules des pères. 8  mai 1945 à Sétif  : la répression armée contre une manifestation pacifique pour l’indépendance algérienne se terminera par un effroyable massacre. Dans la foule, nous retrouvons les fils du fermier devenus de jeunes hommes. Au sein de l’émeute, déjà se tissent les fils de leurs destins. Abdelkader (Sami Bouajila) s’empare du drapeau algérien, tout juste fabriqué. Lui servaient de hampe les bras levés d’un homme qui fut le premier à tomber sous les balles. Après huit ans d’incarcération à la prison de la Santé où la guillotine coupe les têtes de ses camarades, il deviendra à Paris l’un des chefs de réseau du FLN. Saïd (Jamel Debbouze) emportera, des rues de Sétif au bidonville de Nanterre où il émigre avec sa mère, sa passion des combats de boxe. Messaoud (Roschdy Zem), enfin, rejoindra le mouvement pour l’indépendance aux côtés d’Abdel2-

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kader, après un engagement militaire en Indochine. Il faut ici remercier Rachid Bouchareb de cette activation mémorielle tout entière de cinéma. Ainsi apparaîtront un prêtre allié, sa jeune paroissienne qui livre à Abdelkader des valises de subsides. Ses faux papiers lui sont fournis par un imprimeur communiste œuvrant sous les affiches de son parti qui exigent «  la Paix en Algérie  ». Le policier venu l’arrêter lui rappelle un proche passé

commun de Résistance… De notre côté de la Méditerranée s’est également déroulée une lutte à mort pour la liberté du peuple algérien. N’en déplaise aux nostalgiques de l’Algérie française qui ont profité du soleil cannois pour sortir des plinthes. Des cœurs s’y brisèrent de leur vivant, dans un pays qui, peu avant, avait hissé si haut ses couleurs contre la barbarie. Dominique Widemann

La haine au pied des marches A l’occasion du festival de Cannes, le parti au pouvoir (UMP) organise une manifestation négationniste. Près de 50 ans après la signature des accords d’Évian, le pouvoir veut cacher la vérité sur les exactions et les responsabilités de la France. Vendredi 21 mai, Festival de Cannes. Les CRS ont investi le centre ville. Contrôles à tous les carrefours et coins de rue, présentation de badges et d’accréditations… La projection en compétition du film de Rachid Bouchareb, Hors la loi, a réveillé les nostalgiques de l’OAS et de l’Algérie française, mais pas seulement ! A quelques centaines de mètres du Palais des Festivals, près d’un millier de manifestants, certains arborant les bérets rouges et verts des paras et de la Légion, réunis devant le monument aux morts revisitent l’Histoire. Parmi eux, en grand nombre, l’UMP locale, départementale et régionale. Le journal Nice Matin constate : « Pas un élu UMP ne manquait à l’appel…difficile de tous les citer… Du coup, la présence du FN fut noyée dans la foule… ». Il s’agit donc bien d’une manifestation révisionniste organisée et soutenue par le parti au pouvoir du Président de la République dans la lignée du débat sur l’identité nationale et autres tentatives de stigmatisation. On peut s’étonner d’ailleurs qu’une telle

manifestation aux slogans haineux : « de Gaulle traître ou FLN assassin » ait bénéficié de l’indulgence des autorités. Des festivaliers faisaient remarquer que quelques jours auparavant, des sans-papiers, tentant de dérouler une banderole, avaient été expulsés de la Croisette manu militari… Quant au film, il évoque le massacre perpétré par l’armée française aidée de colons, le 8 mai 1945 à Sétif, alors même que la France fêtait sa libération du joug hitlérien à laquelle ont participé près de 150 000 tirailleurs algériens. Une page certes peu glorieuse de notre histoire de France, mais qu’il ne sert à rien de vouloir occulter. Il y a bien eu massacre et volonté d’étouffer toute tentative d’émancipation et toute résistance au système colonial. C’était trop tard, l’empire allait s’écrouler…. Le cinéma raconte des histoires. Ici il raconte l’Histoire et c’est tant mieux ! Jean-Pierre Delahaye


ÉDITO LE RÉVEIL

SOMMAIRE Actualités p. 4 L’europe à un tournant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 65e anniversaire de la victoire contre le nazisme.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Un progrès de la retraite par répartition est possible. . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 TNP : l’ARAC représentée à New-York.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 International p. 10 Sahara occidental : appliquer les résolutions de l’ONU. . . . . . . . . . 10 Proche-Orient : Obama dans l’impasse ?.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Mémoire p. 12 Il y a 65 ans, la chute de Berlin. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Levés avant le jour.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Journée chez Henri-Barbusse.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Vos droits p.22 L’insolence de l’argent roi.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 L’ONAC et le travail de mémoire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Onac : M. Falco et le Conseil d’administration.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Droit du handicap.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 La Rosette en dessert.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 Vie de l’ARAC p. 23 Initiatives des comités et sections. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Magazine p. 30

P. 13 D ossier

Hommage à Jean Moulin A l’occasion du 70e anniversaire de l’année 1940, le rappel de l’œuvre de Jean-Moulin : la constitution du Conseil national de la Résistance

LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 Édité par les Éditions du Réveil des Combattants SARL au capital de 45 734,41 - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien, 94807 Villejuif cedex Téléphone : 01 42 11 11 12 Télécopie : 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr Gérant-directeur de la publication : Raphaël

VAHÉ • Directeur délégué : Patrick STAAT • Rédacteur en chef : Raphaël VAHÉ • Directeur promotion et publicité : Claude Delevacq • Secrétariat de rédaction, conception graphique : Escalier D Communication • Impression : RIVET P.E. - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9 Tirage : 60 000 exemplaires Ce numéro du Réveil a été tiré le jeudi 3 juin et remis le jour même à la Poste. Il devrait donc parvenir à chaque abonné le 7 juin au plus tard. Merci de nous faire part de vos observations.

L’ARAC n’acceptera pas la destruction du programme du CNR !

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ous sommes à la croisée des chemins pour défendre le modèle social de notre pays, issu du programme du CNR. Les militants de l’ARAC sont et seront des combats pour défendre une conception humaine de la société française. Les choix du Président Sarkozy sont clairs : toujours plus pour satisfaire l’appétit des plus fortunés, toujours plus pour ceux qui ne cessent de voir leur fortune augmenter, alors que l’immense majorité des Français voient leur pouvoir d’achat se réduire. Avec 8 millions de Français qui vivent avec moins de 900 euros par mois, qui peut prétendre que les salariés, les retraités, les chômeurs, les fins de droits vivent au-dessus de leurs moyens ? Il s’agit d’un choix politique, car à qui ferons-nous croire qu’en 1943, alors que la France est sous la botte de l’occupant nazi, la situation était plus facile pour les hommes et les femmes qui se sont réunis dans la clandestinité pour élaborer le programme de la Résistance ? Et à ceux qui, de 1945 à 1947, ont mis en œuvre, à la lettre, ce programme dans une France ravagée, dont l’économie était exsangue ? Il s’agit bien d’un choix, car le programme du CNR leur reste en travers de la gorge, parce qu’il est la marque de notre pays, de nos valeurs de progrès. Rappelons-nous toujours de la déclaration de l’ancien viceprésident du CNPF, Denis Kessler, qui affirmait en 2007 « vouloir défaire méthodiquement le programme du CNR » : le gouvernement s’y emploie ! Il nous faut résister, combattre le déchaînement médiatique qui veut faire croire que la France n’a pas les moyens, que la situation est « dure », que l’argent fait défaut. De qui se moque-t-on ? Quand on connaît les masses d’argent engagées sur les marchés et la spéculation financière, quand on mesure l’injustice du bouclier fiscal qui voit 1 500 imposables sur la fortune toucher de l’État un chèque de 350 000 euros en moyenne ? Tout notre engagement, tous nos combats à l’ARAC visent à s’attaquer à la misère, au désespoir, aux reculs sociaux. Devant ces atteintes au modèle social français, soyons vigilants. Oui, avec courage et volonté de rassemblement à l’ARAC, nous prendrons notre place dans les actions pour défendre une France humaine, solidaire et démocratique. Patrick Staat mai  2010 - N°762 - LE RÉVEIL

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L’Europe à un tournant L’architecture européenne conçue autour d’une monnaie unique au service de la finance est en crise, pas seulement en Grèce ou dans l’Europe du sud. C’est tout l’édifice qu’il faut changer.

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Début mai 2010, la zone euro et le FMI adoptent un plan prétendument d’aide à la Grèce. Et l’euro chute. Les mêmes, fin mai, rendent public un plan de 750 milliards d’euros pour prévenir les risques de contagion de la crise. Et la monnaie européenne chute encore. Comment en est-on arrivé là? Il y a d’abord un vice de forme originel. Avec l’euro, les dirigeants européens ont mis à la disposition des banques, des assurances et des groupes une monnaie dotée d’une forte « attractivité » pour les capitaux extérieurs grâce à la fois à des taux d’intérêt supérieurs à ceux de la zone dollar, à des politiques centrées sur la baisse du coût du travail et à la puissance de domination de l’Allemagne.

contrôlaient près de la moitié du capital des sociétés du CAC 40. Cet afflux de ressources a permis en retour aux banques, aux groupes européens les plus puissants, de se redéployer hors de leurs frontières et particulièrement aux États-Unis. Cela s’est traduit par des exportations considérables de capitaux et des délocalisations. Cette architecture spécifique, très dépendante de l’extérieur, et notamment des États-Unis, déjà essoufflée, a été mise à mal d’abord par la crise financière de 2008 et par la récession qui s’en est suivi. L’endettement public, déjà à la hausse en raison du soutien apporté par les États et l’Union européenne au redéploiement des groupes, a alors explosé avec la multiplication des plans pour éviter l’écroulement du système bancaire et financier continental.

Une construction antisociale

Un système grippé

Cette construction antisociale et porteuse d’oppositions nationales a permis l’afflux d’investisseurs sur les places boursières européennes. En France, en 1998, à la veille du lancement de la monnaie unique, les nonrésidents ne contrôlaient que 15 % de cette dette, douze ans plus tard, ils en maîtrisent plus des deux tiers. La possession d’actions de sociétés par des investisseurs étrangers a subi également une progression continue. En 2006, à la veille de la déflagration de la crise, ils

Grâce à l’euro et au parapluie allemand, des pays comme la Grèce, le Portugal, l’Espagne, l’Irlande, l’Italie et même la France ont pu précédemment bénéficier d’une baisse des taux d’intérêt et accroître leur dette publique et privée beaucoup plus que s’ils avaient conservé leur monnaie nationale. Mais aujourd’hui le système est grippé. Les pays les plus en difficulté, ceux du sud, particulièrement frappés par la récession, doivent relever fortement leurs taux pour emprunter. En Grèce, la hausse a été si forte que

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l’État n’a pu continuer à s’endetter et s’est retrouvé en situation de banqueroute. A cela se greffe une intervention très forte de la finance américaine qui spécule à la baisse de l’euro. Comme les moutons de panurge, afin de tenter de sauver la construction bâtie autour de l’euro, les dirigeants européens ont tous adopté des plans d’austérité d’une rare brutalité. Sous la pression des marchés, ils essaient de desserrer l’étau qu’ils ont mis en place, prennent des décisions contraires aux traités signés. Ils démontrent a contrario qu’il faut construire autre chose, mais ils sont plombés par leur obsession antisociale. La purge engagée risque en effet de précipiter à nouveau l’Europe dans la récession, d’aggraver le poids des dettes publiques tout en multipliant les risques d’implosion de la construction européenne et de conflits entre États.

L’euro, une monnaie au service des peuples ? L’Europe est à un tournant. Il revient aux forces de progrès de faire preuve de créativité et d’unité. Plutôt que les peuples, c’est la finance qui doit être mise à contribution. Cela suppose certes des mesures de taxation fiscale et sociale, mais cela appelle surtout de réformer l’architecture conçue autour de l’euro afin de faire de celui-ci une monnaie au service ces peuples. La Banque centrale européenne doit à ce titre jouer un autre rôle, financer directement le développement des services publics, contribuer à mettre le crédit au service de l’emploi, de la formation, des salaires. Pierre Ivorra


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65e anniversaire de la victoire commune contre le nazisme…

« Pourquoi avons-nous vaincu ? » titre l’hebdomadaire russe Expert(1) Un important dossier, consacré au débat russo-européen sur la victoire de « l’URSS de 1945 et de Staline », témoigne de l’acuité de cette question en Russie et ailleurs… Même si nous ne partageons pas toutes les analyses de ce dossier, nous livrons aux lecteurs du Réveil, quelques constats et questionnements qu’on lit peu dans la presse française… « Le temps aidant, les passions autour des événements du printemps 1945 auraient pourtant dû s’estomper, mais c’est l’inverse qui s’est produit. L’apaisement n’est toujours pas au rendez-vous et la surenchère des polémiques poursuit sa logique implacable. Discuter tel ou tel point de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale était mal vu. Mais la position intransigeante de certains chefs d’État d’Europe centrale (Pologne, Ukraine, Pays Baltes) a remis ce statu quo en question. Avec leurs revendications à l’égard de l’Allemagne, les frères Kaczynski ont provoqué une première onde de choc. Extraordinairement audacieuses au goût des pays fondateurs de l’Union européenne, elles ont engendré en Europe une vague de révisionnisme… »

Quelle place de la Russie dans le nouveau manuel scolaire européen ? Le dossier de l’hebdo russe s’interroge avec pertinence sur ce que sera le nouveau manuel d’histoire européen : mettra-t-il sur le même plan l’URSS de Staline et l’Allemagne nazie ? Réduirat-il toute la complexité de la Seconde Guerre mondiale au seul sort des peuples martyrs d’Europe Centrale ? Quelle sera la place de la Russie, avec son histoire contradictoire - son année 1917 (la révolution bolchevique), et son année 1991 (le démembrement de l’Union Soviétique), « sa guerre civile qui, dans le fond, n’est toujours pas terminée ? » Les rédacteurs d’Expert répondent :

« Ces questionnements n’ont rien d’anodin. Car la célèbre formule de George Orwell : « Qui contrôle le passé contrôle l’avenir » reste toujours d’actualité. Les réponses à ces questions détermineront la voie que choisira l’Europe pour avancer et sa position vis-à-vis de la Russie dans un espace politique, économique et culturel commun, ou préférera-t-elle l’exclure, en la rejetant derrière une nouvelle ligne de démarcation ? » Faut-il croire ceux qui prétendent que la nouvelle conception de l’histoire « européenne » est arrêtée et que tout dépend désormais de la bonne volonté de la Russie, de sa capacité qu’on lui impose pour devenir une partie de cette nouvelle Europe ? Ceux qui l’affirment ne souhaitent-ils pas que la Russie en soit exclue ?

Étudier tous les aspects d’une histoire commune L’Expert poursuit : « Car ce qu’ils proposent à la Russie, c’est de choisir de prendre ombrage et s’isoler du monde, ou de renier sa propre histoire, et donc, à terme, de disparaître. Il n’existe qu’une seule façon de sortir de cette impasse : faire valoir méthodiquement et fermement tous les faits positifs de notre histoire commune, tout en gardant en mémoire ses pages les plus noires. Le massacre de Katyn est une tragédie, qui a mêlé dans le sang l’histoire des peuples polonais et russe. Mais les centaines de milliers de soldats soviétiques qui ont laissé leur vie

en libérant la Pologne n’ont-ils pas expié le crime de Katyn ? L’Europe libérale et démocratique n’a-t-elle pas dû sa survie à l’engagement physique et idéologique de l’Union soviétique ? Pour éviter de jamais raviver les anciens conflits, la Russie et l’Europe ont toutes deux besoin de beaucoup de modération dans leurs interprétations de l’Histoire. » Enfin, en France, il est bon de rappeler, en ce 70e anniversaire de l’Appel du 18 juin 1940, ce que le général de Gaulle proclama à la radio de Londres le 20 janvier 1942 : « Pour le malheur général, trop souvent depuis des siècles, l’alliance franco-russe fut empêchée ou contrecarrée par l’intrigue ou l’incompréhension ; elle n’en demeure pas moins une nécessité que l’on voit apparaître à chaque tournant de l’histoire.» A méditer… Raphaël Vahé (1) Article paru dans le Courrier international n° 1018, du 6 au 11/5/2010

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Un progrès fondamental de la retraite par répartition est possible « Il faut solidariser les générations sur l’ensemble du cycle de vie» Entretien avec Catherine Mills, réalisé par Clotilde Mathieu L’espérance de vie continue d’augmenter, est-il possible de préserver l’âge de départ à la retraite à 60 ans ? Catherine Mills : Les dogmes officiels reposent sur une règle imposée sans aucun débat démocratique : l’espérance de vie augmentant, il faudrait conserver inéluctablement le même partage de l’augmentation de l’espérance de vie, 2/3 pour la vie passée au travail et 1/3 pour le temps passé à la retraite. Si l’espérance de vie augmente de 6 ans en 2040, il faudrait ainsi 4 ans de plus passées au travail et 2 en retraite. Dans cette logique, il s’agit de repousser l’âge légal de départ en retraite et surtout d’accroître la durée de cotisations, pour prendre sa retraite à taux plein, en la portant à 41,5 ans, 43 ans, voire 45 ans pour le MEDEF.Or, les travailleurs sont éjectés du travail à 58 ans. Même en ayant le droit de partir à la retraite à 60 ans, avec les gestions patronales et les réformes en cours, presque plus personne ne pourrait en bénéficier à taux plein. On a allongé le nombre d’années de cotisations pour cela. Et pour chaque année manquante, il y a une décote de 5 % de la retraite. Ainsi pour de nombreuses femmes qui ont cinq années de cotisations en moins, soit elles partent avec 25 % de 6-

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retraite en moins, soit elles travaillent plus longtemps, si elles le peuvent. La question n’est donc pas seulement celle de l’âge de départ mais celle du besoin de financement de la retraite pour une retraite à taux plein, et bien au-delà, celle du projet de civilisation. Le besoin de réforme du système de retraites est-il le simple fait d’une évolution démographique ? Catherine Mills : Il y a des problèmes démographiques réels, mais qu’il ne faut pas surestimer et, surtout, on doit rompre avec une vision fataliste. Le taux de fécondité, comme on l’a vu dans la période récente, accompagné par une politique familiale moderne, peut être accru. On est pratiquement au taux de renouvellement des générations et les enfants d’aujourd’hui font la population active de demain. La population active, qui était censée reculer en 2005-2010, a continué à augmenter quoique à un rythme moins soutenu. L’augmentation du taux d’immigration peut également modifier en positif le nombre d’actifs. Ce qui est déterminant, c’est le rapport entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités et donc principalement la question de l’emploi, du taux d’activité des jeunes, des femmes, des seniors,

ainsi que le montant et l’évolution des salaires et le taux de cotisations. Pourquoi la question de l’emploi estelle si importante ? Catherine Mills : La précarité, le chômage, le bas taux d’activité, liés au type de gestion des entreprises notamment chez les jeunes, les femmes, les seniors, diminuent le nombre de cotisants et la base des cotisations patronales. Les jeunes connaissent un long temps de latence avant d’avoir un emploi, souvent à temps partiel ou mal rémunéré. Les femmes sont souvent condamnées à des emplois peu qualifiés ou peu rémunérés ou à temps partiel et incitées, pour élever leurs enfants, à se retirer du marché du travail. Le taux de chômage a franchi la barre des 10 %, tandis que les réformes de l’indemnisation du chômage veulent obliger le chômeur à accepter n’importe quel emploi, à n’importe quel salaire. Tout cela gangrène les rentrées de cotisations sociales et met en danger le financement du système de retraites par répartition. Or, celui-ci est branché sur la croissance réelle et l’emploi : les cotisations sociales versées sont immédiatement redistribuées, ce qui alimente la demande effective, et encore l’emploi. Au contraire, l’insuffisance de coti-


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sations sert à justifier les réformes en cours visant à réduire les pensions. En empêchant de prendre une retraite dans des conditions convenables, on voudrait obliger à une montée des retraites par capitalisation bien plus risquées, car les rendements des placements financiers peuvent s’effondrer. Comment faire pour réellement favoriser l’activité des jeunes, des femmes et des seniors ? Catherine Mills : Pour redonner confiance dans l’avenir de leurs retraites, pour les jeunes parfois tentés de se résigner à la baisse des retraites, pour les femmes condamnées aux basses retraites, il faut solidariser les générations sur l’ensemble du cycle de vie. Pour les jeunes et les étudiants, nous proposons : une allocation autonomie-formation en commençant par les plus modestes, avec prise en compte des années d’études pour des cotisations de retraite. La continuité des revenus dans les périodes de formation continue devrait fournir des cotisations de retraite. Un système de sécurisation de l’emploi et de la formation viserait à assurer une continuité de droits, d’activi-

tés d’emploi et de formation, du revenu des salariés. Des obligations et des pénalisations pour favoriser l’emploi des jeunes, des femmes, des seniors, ainsi que leur formation, seraient instituées sur les entreprises. Les employeurs seraient responsabilisés, à partir de cotisations patronales relevées pour la formation et les retraites. Mais les problèmes de financement des retraites ne renvoient-ils qu’à l’emploi ? Catherine Mills : Non, il faut aussi relever les cotisations. Face à l’urgence, à l’insuffisance des retraites et même leur pauvreté, il faudrait pour répondre aux besoins de bonne retraite, sans allongement de la durée de cotisation, une nouvelle cotisation sur les revenus financiers des entreprises et des banques. Ceux-ci s’élèvent à 260 milliards d’euros en 2008 et ne sont pas soumis à cotisations sociales. Cette cotisation, à hauteur des cotisations patronales soit 8 %, ferait rentrer 22 milliards d’euros dans les caisses de retraites. Nous proposons aussi une réforme de l’assiette des cotisations sociales patro-

L’appel du 17 juin 1940 Il y a 67 ans, Charles Tillon, ancien mutin de la mer Noire, député communiste, membre des Brigades internationales et futur organisateur de la résistance armée des Francs-Tireurs et Partisans, lançait un appel à la résistance au fascisme le 17 juin 1940, soit vingt-quatre heures avant celui du général de Gaulle. Antoine Porcu commente la portée de cet appel. « L’appel de Charles Tillon est un appel à la résistance sur le territoire national, tandis que celui du général de Gaulle s’adresse d’abord aux Français présents en Angleterre pour leur demander de se rassembler autour de lui. Par ailleurs, l’appel de Charles Tillon est explicitement lancé au nom de la lutte contre le fascisme. Cela le différencie également de l’appel de Thorez et Duclos du 10 juillet 1940, conforme à la ligne de la IIIe Internationale. Celle-ci réduisait la

guerre en cours à un affrontement interimpérialiste. Cela ne permettait pas de cerner la spécificité du phénomène fasciste. A l’inverse, Charles Tillon en appelle au rassemblement du peuple dans l’action contre le « fascisme hitlérien », dans le droit fil de la stratégie du Front populaire pour laquelle Maurice Thorez s’était lui-même battu. Depuis la libération, la propagande anticommuniste affirme que les communistes ne sont entrés en résistance qu’en juin 1941, lorsque l’Union soviétique est attaquée par les nazis. C’est une parfaite falsification. D’ailleurs, l’importance de ce texte a été appréciée par la direction clandestine du Parti communiste, laquelle intègre Charles Tillon, à la demande de Benoît Frachon. Mais derrière ce genre d’accusation, c’est le rapport même des communistes qui s’est fait indépendamment des directives de la IIIe Internationale. Car cet appel n’est

nales. Les cotisations sociales sont fonction des salaires versés dans l’entreprise où les salariés créent les richesses réelles. On cotise en fonction des revenus et on reçoit des prestations en fonction des besoins. Une réforme de l’assiette des cotisations sociales viserait à relever le taux et la masse des cotisations patronales. Elle augmenterait les cotisations des entrepreneurs qui compriment les emplois et les salaires, licencient, organisent la baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée. On viserait à changer le type de gestion des entreprises, avec une productivité fondée sur le développement des travailleurs, en favorisant les salaires, l’emploi, la formation, un nouveau type de croissance. Au-delà des mesures financières indispensables, pour des objectifs sociaux de progrès, c’est toute une construction sociétale nouvelle qui est en jeu, pour répondre au défi de la révolution de la longévité par une avancée de civilisation. Il faudrait un service public nouveau des personnes âgées, pour développer les seniors au travail, les activités sociales des retraités, les services aux dépendants. pas une initiative purement personnelle. Lorsqu’il le rédige, Charles Tillon est mandaté par le Comité central pour réorganiser le Parti communiste dans tout le sud-ouest de la France. Son appel y rencontre un certain écho. Les kiosquiers de Bordeaux l’insèrent dans les journaux. Il parvient même jusqu’aux chantiers navals de Saint-Nazaire. Le Parti communiste français a été traversé de nombreuses et dramatiques contradictions. Mais il a toujours été un collectif de femmes et d’hommes mobilisés pour l’émancipation humaine. Le combat pour cette reconnaissance est crucial dans un contexte où la droite la plus réactionnaire reprend le flambeau de la virulente campagne anticommuniste d’après-guerre, dans le but de briser tout espoir de transformation sociale. » Antoine Porcu Extrait d’un entretien donné à l’Humanité du 4 mars 2006.

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LE RÉVEIL actualités

Traité de non-prolifération de L’ARAC représentée à New Yo Claude Delevacq, secrétaire général de l’ARAC, a représenté début mai l’Association à New York, dans la délégation de personnalités françaises invitées par le Mouvement de la paix, auprès de l’ONU à l’occasion de la conférence d’examen du Traité de nonprolifération nucléaire.Nous lui avons posé quelques questions à son retour.

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Le Réveil : Pourquoi l’ARAC a-t-elle tenu à être participante dans cette délégation ? Claude Delevacq : L’ARAC a, dans son orientation générale, établi dans nos congrès nationaux, le combat pour la paix, le combat pour la vie. Elle agit donc pour cela et apporte sa spécificité dans les rassemblements nationaux et internationaux qui œuvrent pour le désarmement universel. Cette présence active s’inscrit aussi dans la continuité de l’action de nos prédécesseurs qui avaient signé et milité massivement pour l’Appel de Stockholm du 19 mars

1950 (1) qui reste d’une brûlante actualité. Elle participe naturellement enfin aux campagnes de pétitions françaises pour l’abolition des armes nucléaires. Le Réveil : L’un des points marquants de votre mission a été la rencontre avec le numéro 2 de l’ONU, Sergio Duarte. Que retires-tu de cette rencontre ? C.D. : Il a signifié « sa satisfaction que la société civile soit représentée » aux Nations unies pour la Conférence du TNP, en rappelant que « c’est elle qui permettra de faire avancer » le processus de désarmement nucléaire. Cette année, « il y


actualités LE RÉVEIL

s armes nucléaires rk a beaucoup d’espoir » a-t-il annoncé. Il a précisé : « Nous avons parlé dans les institutions, maintenant il faut agir véritablement en travaillant sur la substance ». La conférence « n’est plus polluée par la procédure » comme précédemment… Il a insisté : « que nous sommes à la croisée des chemins et que cette fois nous aurons des résultats », tout en restant prudent sur les avancées possibles… Les représentants du Mouvement de la paix lui ont indiqué le chiffre de 38 720 pétitions françaises recueillies pour l’abolition des armes nucléaires, ce qui a été, notre interlocuteur l’a reconnu, un symbole très fort de la rencontre. Notre délégation a assuré le représentant de l’ONU du soutien de la société civile au Traité de non-prolifération nucléaire,tout en mettant en avant ses lacunes par l’absence de calendrier précis… Sergio Duarte a terminé par un encouragement fort : « Hommes, femmes, enfants du monde, vous représentez beaucoup d’espoir. Dites à vos amis que nous apprécions votre présence, le secrétaire général et moi-même, ainsi que vos actions en faveur du désarmement. La société civile (nous préférons à l’ARAC, l’expression irruption citoyenne) doit continuer sur cette voie… J’ajouterai que la venue du secrétaire général de l’ONU à la conférence des ONG confirme le bien-fondé de la présence des 250 citoyens venus de France pour faire pression sur les gouvernements pour engager sans tarder un processus d’élimination des armes nucléaires. »

rencontre avec les pacifistes américains à Long Island fut passionnante, la deuxième conférence des Maires pour la paix à l’ONU, en présence du secrétaire général Ban Ki Moon, l’entretien fraternel, avec les Veterans for Peace américains, le Forum des femmes pour un monde libéré des armes nucléaires, notre participation quasi quotidienne aux manifestations, par petits groupes, devant les représentations des pays détenteurs de l’arme nucléaire et devant l’ONU ont marqué très fortement cette mission. J’en profite pour adresser mes remerciements aux dirigeants du Mouvement de la paix qui se sont beaucoup dépensés pour que chacun et chacune ait sa place dans la délégation. Une telle rencontre a permis aussi à

notre ARAC d’asseoir davantage son audience au plan international… Beaucoup de contacts ont été pris, il faudra examiner au plan organisationnel comment on va pouvoir les prolonger. (1) L’Appel de Stockholm du 19 mars 1950 : appel ratifié par 6OO millions de signatures dans le monde dont 14 millions en France pendant les années 1950 et 1951. « Nous exigeons l’interdiction absolue de l’arme atomique, arme d’épouvante et d’extermination massive des populations. Nous examinons l’établissement d’un rigoureux contrôle international pour assurer l’application de cette mesure d’interdiction. Nous considérons que le gouvernement qui, le premier, utiliserait contre n’importe quel pays, l’arme atomique, commettrait un crime contre l’humanité et serait à traiter comme criminel de guerre. Nous appelons tous les hommes de bonne volonté dans le monde à signer cet appel. »

Le Réveil : Quels ont été les autres temps forts de votre programme ? C.D. : Le 6 mai à l’ONU, nous avons rencontré pendant deux heures Eric Danon, ambassadeur de France, représentant permanent de la France auprès de la conférence du désarmement. La mai  2010 - N°762 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Sahara occidental

Les résolutions de l’ONU doivent être appliquées La France a-t-elle perdue le sens de ses principes fondateurs en matière des droits de l’homme ? On est tenté de répondre par l’affirmative, à en juger par son jeu diplomatique. Surtout lorsqu’il s’agit de défendre ses intérêts économiques. Lors de la réunion annuelle du Conseil de sécurité de l’ONU, le 30 avril dernier, consacrée au prolongement du mandat de la mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), la France a pris fait et cause pour le Maroc, en refusant d’inclure à ce renouvellement un volet de surveillance et de contrôle des droits l’homme. Sur ce plan pourtant, dans les territoires occupés illégalement par le royaume chérifien depuis 1975, la situation s’est nettement dégradée ces dernières années, comme l’ont relevé dans un rapport conséquent l’organisation Human Rights Watch et une délégation ad hoc du Parlement européen. Arrestations et condamnations arbitraires, harcèlements, violences… On ne compte plus les actes répressifs à l’encontre de la population sahraouie, et singulièrement les militants pour l’autodétermination. Leurs leaders sont injustement emprisonnés. Ils enchaînent des grèves de la faim en signe de protestation sans qu’aucun média ne s’en émeuve. Le peuple sahraoui est aujourd’hui explosé. Certains, chassés de leur terre, ont trouvé refuge dans les camps de réfugiés situés sur le sol algé-

rien ; les autres vivent sous le joug de l’occupation. Ils sont matériellement séparés par un mur, long de plus de 2 700 kilomètres. Ce mur de la honte ne soulève pourtant aucune protestation internationale. La situation du Sahara Occidental est très révélatrice de la politique du deux poids deux mesures des grandes puissances. Elle révèle également les errements d’une décolonisation inachevée. Depuis 1991, date du cessez-le-feu entre l’armée marocaine et le Front Polisario (mouvement de libération nationale sahraoui), les résolutions onusiennes enjoignent à la tenue d’un référendum où les Sahraouis pourraient décider librement de leur sort. Ce droit pourtant inaliénable semble compromis par l’attitude des grandes nations, à commencer par la France, qui prennent fait et cause pour Rabat et sa proposition d’autonomie du territoire en lieu et place d’une consultation populaire. Ce recul du droit et de la justice s’explique par les abondantes richesses naturelles dont dispose le Sahara occidental : sa façade maritime est l’une des plus poissonneuses au monde. Son sol regorge de pétrole et de phosphates.

Faut-il, dès lors, s‘étonner que l’Union européenne viole les traités pour les exploiter grâce à la complicité du Maroc ? Cette posture compromet gravement la paix et par là même, la stabilité de toute la région. « La solution du conflit demeure dans l’application du droit international et des résolutions de l’ONU, à savoir l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui », a rappelé le président sahraoui Mohamed Abdelaziz. Mais, a-t-il précisé, « à mesure que le temps passe et en l’absence de signes qui nous confirment que l’ONU est disposée à aborder avec un plus grand sérieux et rigueur son engagement à être présent ici (au Sahara occidental), nous nous rapprochons progressivement de la limite de la patience des Sahraouis et des autres options, celles des affrontements militaires ». L’avertissement doit être entendu. La lassitude est d’autant plus grande chez les jeunes qu’ils n’ont connu que le mépris de l’occupation. Cathy Ceïbe

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international LE RÉVEIL

Dénucléarisation, Proche-0rient

Obama dans l’impasse ? Pour le président américain, prix Nobel de la paix, il est temps de faire des choix clairs vis-à-vis d’Israël. L’opinion internationale attend des actes. Début mai s’ouvrait à New York la conférence internationale sur le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) avec pour objectif d’obtenir des États signataires d’accélérer le désarmement atomique comme l’a souhaité Barack Obama dans un discours à Prague il y a un peu plus d’un an. Parmi les États les plus réfractaires, Israël qui n’a toujours pas signé le traité et dont les gouvernements successifs ont refusé tout contrôle. Même si la communauté internationale n’a plus aucun doute sur le fait que l’État hébreu possède bien l’arme atomique, le pays ne l’a jamais officiellement reconnu, adoptant une politique dite « d’ambiguïté nucléaire » sans jusqu’alors subir de pressions excessives. Nouveauté, dans un courrier rendu public le 6 mai, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) demande aux pays membres de l’organisation de réfléchir à la manière de convaincre Israël de signer le Traité de non-prolifération . Daté du 7 avril, la lettre, signée par Yukiya Amano, presse les 151 membres de l’AIEA d’adopter une résolution exigeant de Tel-Aviv l’ouverture de ses installations aux inspections. La révélation de cette démarche intervient alors que les pays arabes ont accru la pression sur Israël, dès l’ouverture de la conférence au siège des Nations unies. Ils ont plaidé pour un Proche-Orient sans arme nucléaire et ont critiqué Israël pour son refus de dévoiler ses capacités dans ce domaine. L’Égypte a proposé que la conférence soutienne un plan prévoyant, dès l’année prochaine, des négociations sur la situation nucléaire au Proche-Orient.

Principal partenaire d’Israël, les ÉtatsUnis (Washington verse chaque année à Jérusalem une aide militaire d’un montant de 3 milliards de dollars) ont soutenu la proposition égyptienne, arguant toutefois que le processus de paix israélo-palestinien était prioritaire. Priorité partagée par le gouvernement de Benyamin Nétanyahou. Hors, à ce jour les négociations sont dans l’impasse en raison en partie de l’intransigeance d’Israël et de son non respect des engagements, notamment en matière de colonisation des territoires palestiniens. Les faits sont têtus, l’examen de la population israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, mon-

tre que, loin d’être gelées à leur niveau de 2003, les colonies n’ont cessé de se développer. En 2003, on comptait environ 180 000 colons à Jérusalem-Est. Aujourd’hui leur nombre est proche de 200 000. En Cisjordanie, le nombre des colons est passé, pendant la même période, de 185 000 à près de 300 000. L’intransigeance israélienne a aussi ses relais à Washington, comme cela a pu être constaté lors du récent congrès de l’AIPAC. « Jérusalem n’est pas une colonie, c’est la capitale d’Israël », a affirmé le directeur du lobby, Howard Kohr, à l’unisson avec Nétanyahou. Obama est-il dans l’impasse ? Les plus pessimistes l’accusent de sacrifier le dossier du Proche-Orient sur l’autel de sa politique intérieure : pour ne pas s’aliéner le puissant « lobby juif » et garder toutes ses voix démocrates au Congrès (on a pu voir avec la réforme de la santé que chaque voix compte). Pour de nombreux observateurs, le président américain aurait définitivement renoncé à trop contrarier l’ami Israël. Jean-Pierre Delahaye

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LE RÉVEIL mémoire

30 avril 1945

la chute de Berlin

Il y a 65 ans, j’avais 20 ans Le 65e anniversaire de la chute de Berlin sera-t-il fêté avec le même élan que l’anniversaire - le 20e l’an passé - de la chute du Mur. J’en doute un peu. Et pourtant ce fut l’événement historique marquant de la fin de la guerre 39-45 et la fin du nazisme : 8 mai 1945. Le 30 avril est personnellement un jour pas comme les autres puisque c’est mon anniversaire et il y a 85 ans que ça dure… 30 avril donc, exceptionnelle journée. J’étais sous-officier au 27e bataillon de Chasseurs alpins : 27e BCA. Refrain du Bataillon : « Si vous avez des C… il faudra le montrer ». Nous étions en campagne en Haute-Tarentaise. Les Allemands occupaient encore tous les cols de la frontière franco-italienne. Bourg-SaintMaurice était sous le feu de l’artillerie de montagne des ennemis. Mon capitaine, Maurice Herzog, que je retrouvai quelques années plus tard ministre des Sports, le premier nommé par le général de Gaulle, était de bonne humeur. Il venait du bataillon Foges (FTP - Francs Tireurs Partisans), moi : du Bataillon des Glières (AS - Armée secrète). Bref, il me dit : « Milou, je te donne 24 heures de perm ». Cela ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd. Je « m’invitai » à Albertville chez des gens extraordinaires : la famille Lamy qui nous a aidés, nourris, logés pendant l’occupation. Ce fut une belle fête, car veille du 1er mai. En pleine festivité, la musique s’arrêta soudain et le speaker nous demande une attention particulière : « J’ai une grande nouvelle : Berlin est tombé, l’Armée Rouge est au Reichstag ». On imagine notre joie, La Marseillaise et aussi L’Internationale à pleine voix. Reprise de la musique et une heure plus tard nouvelle intervention du speaker : « Encore une bonne nouvelle : Hitler et sa copine sont morts dans les ruines ». 12 -

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Toutes ces nouvelles allaient se confirmer au fil des heures. Dans cette ambiance, comment se contenter de 24 heures de « perm ». Je remontais en ligne deux jours plus tard et le capitaine Herzog, compréhensif mais par discipline me dit : « Sergent Besson, je vous mets aux arrêts une semaine ». « Bien, mon capitaine ! » Quatre jours après, c’était la paix. Avec le recul du temps, 65 ans, j’ai de plus en plus la certitude que la chute de Berlin fut le grand tournant historique du 20e siècle. Il semble bien évident que, si Berlin n’était pas tombé, s’il n’y avait pas eu Stalingrad (300 000 hommes capitulant), première défaite de l’armée allemande, il n’y aurait pas de Mur à Berlin. Hitler, dans sa folie meurtrière, aurait réussi son rêve : « Mille ans de paix dans le monde », sous sa botte, bien sûr… Lorsque toute la planète a fêté le 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin, on n’a pas parlé du 30 avril-1er mai de 1945. La chute du Mur devait, avec la fin de l’URSS, apporter sinon la paix mondiale, mais du moins un profonde changement de politique sous l’égide de l’ONU. Les « apparatchik » de l’URSS avaient dévoyé le communisme, mais pas mortellement. La fin des Soviets me donne cette définition du poète Heinrich Heine : « Les gouvernements ne peuvent se maintenir que par ce qui leur a donné naissance ». Aujourd’hui le monde n’a jamais été autant divisé. Les Balkans sont plus que jamais le « ventre mou de l’Europe ».

Le Réveil a donné toutes les informations sur les 17 murs de la honte, plus le blocus économique de Cuba, alors qu’Obama a envoyé 40 000 hommes à Haïti, mais il n’y a pas beaucoup de charpentiers. Haïti devient en fait un État de plus dans les USA et sous les décombres, ils trouveront peut-être du pétrole… A Berlin, la Karl Marx Allée est toujours et encore là, le Reichstag est rénové, mais le palais de la Culture et le siège du gouvernement de la RDA ont été rasés. Mine de rien, en catimini, la Chancelière Angela Merkel a dit : « L’unité de l’Allemagne n’est pas terminée ». A Moscou les « oligarques », nouveaux riches, placent leur argent sur la Côte d’Azur, mais il a 35 % de pauvres en Russie. La Place Rouge est toujours la Place Rouge, mais on sait que ça n’a rien à voir avec la Révolution d’Octobre. Le mausolée de Lénine est encore respecté, mais les visites sont réglementées (1). Plus inquiétant encore, la situation en Lettonie où les fascistes ont pignon sur rue et même au gouvernement, qui condamne Vassil Kononof, combattant anti-nazi. Les Waffen SS défilent derrière le drapeau à croix gammée. En Hongrie l’extrême droite se manifeste librement et réclame rien de moins le retour aux frontières de l’empire austrohongrois. Le Réveil est à l’avant-garde de ces informations. Oui, « le ventre est encore fécond de la bête immonde » - Bertholt Brecht. Émile Besson Chevalier de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre 39-45, Médaille de la Résistance (1) Le mausolée est ouvert au public les mercredis, samedis et dimanches de 9h à 13h.


LE CAHIER MÉMOIRE

le réveil

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des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

ÉDITO Par Paul Markidès

Jean Moulin Jean Moulin avec sa sœur près de la « Bergerie » d’Eygalières, qui fut sont refuge clandestin, en juin 1940.

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807  Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

En ce mois de mai, comme chaque année, l’ARAC tient son Rassemblement national. Pour ce 70e anniversaire de l’année 1940, nous avons choisi de rendre hommage à Jean Moulin qui, dans le sillage de l’appel du 18 juin 1940 lancé par le général de Gaulle, précédé et suivi d’autres appels de patriotes de diverses sensibilités, engagea et travailla à l’unification des mouvements de Résistance, en dirigea l’action et le paya de sa vie. Et nous avons tenu aussi à sensibiliser, à cette occasion, nos lecteurs, non seulement sur les combats de la Résistance, certes déterminants dans la libération du pays, mais aussi ceux des armées françaises et britanniques qui tinrent tête à l’armée nazie avec courage et, pour nombre de combattants, jusqu’au sacrifice de leur vie. Nous avons voulu rappeler l’œuvre de rassemblement de Jean Moulin après l’unification des mouvements de Résistance : la constitution du Conseil national de la Résistance (CNR) qui fut déterminante par la suite quant à l’attitude des Alliés à l’égard du général de Gaulle et du Gouvernement provisoire de la République française. Le Conseil national de la Résistance, par son programme, inspira les institutions politiques, économiques et administratives de notre pays mises en place après laLibération, institutions marquées par leur caractère social que nous sommes obligés de défendre aujourd’hui.


LE RÉVEIL DOSSIER

Jean Moulin, courage et lucidité Paul Markidès

Jean Moulin naît le 20 juin Ayant été nommé d’abord souspréfet en Savoie, il fait connais-

1899. Entré à l’Université, il sance de Pierre Cot, élu député cherche aussitôt un emploi du département durant ce premier mandat de sous-préfet.

pour faire face à ses besoins Devenu ministre en 1932, Pierre de vie essentiels. Avec l’aide Cot le nomme chef de son cabi-

net. Après la victoire du Front

de son père, il entre au ca- populaire, il retrouve Pierre Cot binet du préfet de l’Hérault au ministère de l’Air et organise en 1917. Il entame ainsi une carrière administrative qui le conduira jusqu’au poste de préfet d’Eure-et-Loir en 1940. 14 -

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la livraison d’avions français aux Républicains espagnols.

Faire face dignement En septembre 1939, Jean Moulin est nommé préfet d’Eure-et-Loir. Lorsque les Allemands arrivent le 17 juin 1940 à Chartres, Moulin

est à son poste. Il s’efforce de canaliser l’exode de la population et de pallier la fuite des gendarmes et des élus. La ville est malheureusement livrée au pillage, sans eau, gaz ni électricité. Face aux Allemands, le préfet Moulin souhaite leur opposer « une armature sociale et morale digne de notre pays ». A l’officier qui se présente à lui, il demande que les troupes d’occupation respectent la population civile. L’officier acquiesce et puis s’en va.

Le courage du désespoir Vers 18 heures, Moulin est amené à l’hôtel de France où des officiers


DOSSIER LE RÉVEIL

allemands lui ordonnent de signer une déclaration accusant les tirailleurs sénégalais d’avoir commis des viols et des crimes sur des civils. Moulin refuse de signer un document qui « déshonorerait l’armée française ». Il est alors violemment frappé, mais il ne cède pas. Les Allemands l’enferment ensuite dans un réduit pour la nuit. Prenant conscience de sa situation, il écrit : « Je sais qu’aujourd’hui, je suis allé jusqu’à la limite de la résistance. Je sais aussi que demain, si cela recommence, je finirai par céder… Il y a quelques jours encore, en me prenant, la mort eut fait un vide ici, dans le camp de la résistance. Maintenant, j’ai rempli ma mission ou, plutôt, je l’aurai remplie jusqu’au bout quand j’aurai empêché nos ennemis de nous déshonorer. » Et Jean Moulin, décidé à maintenir son refus de signer, se tranche la gorge. Il est sauvé in extremis et les Allemands ne donnent pas suite à l’affaire.

La révocation Après avoir été soigné, Jean Moulin reprend son poste le 22 juin 1940. Courageusement, toujours, il demande aux officiers allemands qu’eux-mêmes, comme les soldats sous leurs ordres, se comportent avec dignité et s’efforcent de maintenir l’ordre et le calme. Peine perdue. De plus, en raison de ses engagements antérieurs, particulièrement sous le gouvernement du Front populaire et de son attachement à la République française, Jean Moulin est révoqué le 23 novembre 1940 par le gouvernement de Vichy. Lorsqu’il était encore en fonction, Moulin avait pris connaissance de l’apparition de mouvements de résistance par la circulaire du 24 octobre 1940 de Vichy qui dresse un bilan des différentes actions commises par ceux que le gouvernement pétainiste appelait « les partisans de l’ex-général de

Gaulle », et précisait les différents endroits où « les groupements d’action séditieuse » opéraient. La lecture de ce document n’a pas été inutile pour lui.

Refuser la défaite Résister et agir : en novembre 1940, Jean Moulin écrit : « Nous ne devons pas accepter la défaite. Il nous faut résister aux Allemands, entreprendre une action clandestine, mais avec prudence et à bon escient. Il faut d’abord nous compter, nous grouper, pour mieux agir ensuite. » Révoqué, c’est alors qu’il passe aux actes. Déclarant se retirer dans le village de sa famille, à Saint-Andiol dans les Bouchesdu-Rhône, couvert par les siens et ses amis, il s’efforce de contacter les responsables des différents mouvements de résistance. Son objectif est en effet de rejoindre Londres pour se présenter au général de Gaulle comme l’émissaire des mouvements de résistance en France. Il veut lui soumettre un rapport dans lequel il situe les forces clandestines, les évalue, estime leurs besoins en armes et en argent et insiste sur la nécessité de fédérer les différentes organisations.

En Angleterre Parvenu à Londres, il est présenté au général de Gaulle le 25 octobre 1941. Le général le reçoit ensuite longuement, puis Moulin se prépare pour son retour en France, notamment par un entraînement nécessaire de saut en parachute. Le chef de la France libre prend la décision de le nommer Délégué du Comité national français en zone libre et le désigne comme son représentant. Dans la nuit du 2 janvier 1942, Jean Moulin est parachuté en Provence. La mission que lui a confié le général de Gaulle est double : établir son contrôle sur les forces intérieures de la Résistance et réaliser l’unité des résistants.

L’unification Jean Moulin organise d’abord la liaison entre Londres et la Résistance et met en place les organes centraux de la Résistance aptes à réaliser l’union des mouvements, notamment le Comité général d’études qui va élaborer les structures politiques, économiques et administratives de la France d’après la libération, structures qui seront marquées par leur caractère social et constitueront le programme adopté par le Conseil national de la Résistance (CNR), basé sur la primauté de l’intérêt général par étapes. Il s’efforce ensuite de rallier les mouvements de résistance. Ce n’est pas une tâche facile, car tous tiennent à leur identité. Certains tiennent à rencontrer le général de Gaulle avant de prendre leur décision. Finalement, la volonté libératrice, malgré plusieurs événements importants y faisant obstacle, conduit ces mouvements à reconnaître l’autorité du général de Gaulle comme chef politique et militaire. Le premier de ces événements à surmonter est le débarquement des troupes anglo-américaines en Afrique du Nord (Opération « Torch ») en novembre 1942 où gouverne le général Giraud reconnu par le président américain Roosevelt qui vient de manifester son allégeance au maréchal Pétain. De Gaulle n’ayant pas été informé de cette action, la France combattante est donc absente militairement et politiquement de cette opération et elle appelle une réaction efficace. Le second événement est l’invasion de la zone libre par les troupes de la Wermacht qui vient mettre en cause l’organisation militaire de la Résistance dans cette zone qui avait été placée sous l’autorité du général Delestraint. Dans cette situation, l’action de Jean Moulin en métropole pour mai  2010 - N°762 - LE RÉVEIL

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arrimer définitivement la résistance intérieure à la résistance extérieure, action que de Gaulle lui avait demandé de mettre en œuvre pour présenter une France unie derrière lui, afin qu’elle tienne « son rang à part entière » comme puissance militaire et politique dans le conflit mondial, cette action s’avérait donc fondamentale. Dès lors, la constitution du CNR apportant son soutien au chef de la France Libre face à Vichy, aux Alliés et à Giraud, devenait une priorité. Et Jean Moulin, qui estime que seul de Gaulle peut rétablir la République, comprend alors qu’il faut intégrer aux côtés des mouvements de résistance les partis politiques débarrassés des collaborateurs avec l’occupant et les syndicats qui sont des cautions démocratiques, dans ce Conseil national de la Résistance « embryon de représentation nationale ». Ainsi fut fait.

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La création du CNR L’aboutissement de cette action de Jean Moulin se produisit le 27 mai 1943 avec la première réunion du CNR dans Paris occupé, sous sa présidence, dans un appartement du 48 rue du Four dans le 6e arrondissement. Huit mouvements de Résistance sont représentés : Combat, Francs-tireurs et partisans pour la zone sud, Ceux de la libération, Libération nord, Front national et Organisation civile et militaire (OCM) pour la zone nord. Six partis politiques : Parti communiste, Parti radical, Parti socialiste, Démocratie chrétienne, Alliance démocratique et Fédération républicaine et les deux centrales syndicales existantes à l’époque : la CGT et la CFDT. Fort de ce soutien, le général de Gaulle crée le Comité français de libération nationale (CFLN), organe gouvernemental très vite reconnu par les Alliés, comité qui assurera ses fonctions jusqu’au

moment où le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) est né.

Le rendez-vous de Calluire Lors de l’arrestation d’un résistant du mouvement Combat à Marseille, fin avril 1943, la Gestapo découvre, en même temps qu’un réseau de sabotage des Chemins de fer de Lyon, l’existence d’un rendez-vous fixé entre trois résistants dont le général Delestraint. Ils sont aussitôt arrêtés. Ces arrestations, et particulièrement celle du général Delestraint, alarme Jean Moulin qui se sent de plus en plus menacé, sachant que la Gestapo dispose de documents émanant des mouvements de résistance dans lesquels toutes ses activités sont décrites depuis plusieurs mois. Elle sait donc qu’il est préfet et dirige la Résistance sous le nom de Max. Cette nouvelle situation contraint Jean Moulin à réorganiser l’armée secrète et, à cette fin, il convoque une réunion à Calluire pour le 21 juin 1943. Quelques instants après son arrivée, Klaus Barbie, chef de la Gestapo à Lyon, fait irruption dans le local. Tous les présents sont arrêtés, sauf un qui réussit à s’échapper, car il n’a pas été menotté. Jean Moulin subit alors les pires tortures mais ne parle pas. Barbie parvient tout de même à l’identifier. Le calvaire de Moulin se poursuit ensuite à Neuilly-surSeine. C’est durant son transfert en Allemagne qu’il succombe officiellement, le 8 juillet 1943, des suites des mauvais traitements qu’il a subis. Jusqu’au bout, il se taira faisant preuve d’un courage et d’une lucidité extraordinaires. Sur ordre des autorités allemandes, il est ensuite incinéré au cimetière du Père Lachaise à Paris. Ses cendres reposent aujourd’hui au Panthéon.


DOSSIER LE RÉVEIL

La France combattante du dedans et du dehors :

Le pacte d’avenir Guy Krivopisko

Si chaque 18 juin des années de guerre et d’occupation en France est l’occasion pour le général de Gaulle, dans un discours très attendu, de proposer au regard des conditions du moment les moyens pour réaliser l’objectif initial de l’appel historique, certaines circonstances le conduisent sous formes de discours ou de messages à préciser sa pensée.

Guy Krivopisko est conservateur du musée national de la Résistance et de la Déportation

L’affirmation de la Résistance intérieure constitue pour le général de Gaulle une nouvelle donne essentielle. Elle le conduit, en avril 1942, dans l’esprit de l’appel du 18 juin, à réaffirmer et clarifier ses buts de guerre dans une déclaration aux mouvements de la Résistance . Un texte fondamental pour comprendre comment l’homme du 18 juin devient le chef et le symbole de toute la Résistance et sur quelles bases se fondent la rencontre, l’union et l’unité de tous ceux qui combattent à l’extérieur et à l’intérieur. En avril 1942, Christian Pineau, syndicaliste, fondateur du mouvement Libération nord, se rend à Londres. Il est le premier responsable de la Résistance à rencontrer le chef de la France libre. Pour ce voyage, il a consulté d’autres dirigeants de mouvements. Il vient pour obtenir du général de Gaulle, qui reste un inconnu pour la Résistance, des éclaircissements sur ses positions à l’égard de la démocra-

(2) Adrien Tixier : fondateur en 1917 de l’Union fédérale des anciens combattants. Chargé par le général de Gaulle de représenter la France libre à Washington. Commissaire du Travail en 1943, puis ministre de l’Intérieur en septembre 1944 dans le GPRF. Créateur de la DST et des CRS, à Alger.

(1) Henry Hauck : militant socialiste parmi les premiers à s’engager dans la France libre. Nommé par le général de Gaulle délégué du Travail de la France libre. Après guerre, il joue un rôle important au Bureau international du travail (BIT).

tie et du syndicalisme. De longs et nombreux échanges se déroulent, notamment en présence des deux personnalités syndicales les plus notables de la France libre, Henry Hauck (1) et Adrien Tixier (2). Le 28 avril 1942, Christian Pineau qui, entre temps, a adhéré à la France libre et accepté de créer pour elle un réseau de renseignements (Phalanx), regagne la France porteur de la déclaration rédigée par le général de Gaulle. Le terme de « déclaration » est peu utilisé dans la vie politique française alors. Il exprime la solennité d’actes fondamentaux, le précédent le plus illustre étant la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » adoptée par l’Assemblée nationale constituante le 26 août 1789 et placée en tête de la première constitution en 1791. La déclaration aux mouvements s’apparente tant sur le fond que dans la forme à ce texte historique. Considérant l’empêchement

de s’exprimer dans lequel se trouve le peuple français (« chaînes et bâillons »), ses représentants temporaires (« une fois l’ennemi chassé... tous éliront ») exposent (« nous proclamons en son nom ») « ses désirs et ses espérances » . Ainsi, ce « nous » qui s’adresse aux lecteurs embrasse à la fois : le général de Gaulle (auteur de la déclaration) ; la France Libre (l’auteur en est le chef et il s’engage en son nom) ; l’ensemble de la Résistance (le texte est le résultat de longues discussions avec l’émissaire mandaté de grands mouvements de Résistance) ; et, dépassant tous les groupements, ce « nous » s’affirme comme la voix de « la France » (« nation », « peuple français ») dont le peuple est en symbiose avec la Résistance « il s’unit », « il s’assemble ». En conséquence, le texte qui aurait pu se limiter à exposer « un programme commun » de toutes les forces françaises en lutte contre

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l’occupant nazi et ses soutiens de l’État français, énonce en les reprenant et en les réactualisant les principes fondamentaux de 1789 avec la même visée universaliste. En premier lieu, la déclaration rappelle l’enjeu de la situation, l’objectif de ceux qui combattent « l’indépendance ou l’esclavage… libérer la Patrie par l’écrasement de l’envahisseur. Il n’y a pas d’issue et d’avenir que par la victoire ». Suit, en forme de postulat, la condamnation irrévocable au plan international, du « système totalitaire qui a soulevé, armé, poussé nos ennemis contre nous » et au plan intérieur de celle des anciens régimes : la Troisième République qui « a abdiqué dans la défaite » et l’État français qui, par un coup d’État, a instauré une tyrannie « sortie d’une criminelle capitulation exalte un pouvoir personnel ». La suite du texte pointe tour à tour la monstruosité du système totalitaire nazi : « organisation mécanique des masses humaines (…) au mépris de toute religion, de toute morale, de toute charité » ainsi que les tares de la Troisième République et de l’État français: « licence » et « système de coalition des intérêts particuliers (…) contre l’intérêt national », « pouvoir personnel ». En conséquence, une fois la libération acquise c’est à « une révolution » que s’emploiera le peuple français. Il en expose les principes et les moyens dans l’intérêt de l’individu, du citoyen et de la nation. Cette révolution à faire se fonde sur : - Une restauration de la démocratie (peuple souverain) : « souveraineté complète de la nation sur elle-même. (…) le peuple français soit seul et unique maître chez lui ». - Une restauration de la République : « toutes leurs libertés intérieures devront leur être rendues [aux Français] ». - Une rénovation de la démocra18 -

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tie : « une fois l’ennemi chassé de chez nous, tous les hommes et toutes les femmes de chez nous éliront l’Assemblée nationale qui décidera souverainement des destinées du pays… ». La déclaration s’engage à accorder la citoyenneté aux femmes de France et le droit de vote qui en découle. - Une rénovation de la République : « Il faut que le droit des gens à disposer d’eux-mêmes, la justice et la liberté gagnent cette guerre, en fait comme en droit (…) Nous voulons (…) que l’idéal séculaire français de liberté, d’égalité, de fraternité soit désormais mis en pratique chez nous. » Ainsi la République nouvelle sera sociale : « que chacun ait, au départ de son activité sociale, des chances égales à celles de tous les autres, que chacun soit respecté par tous et aidé s’il en a besoin » ; « il faudra que soient réalisées, contre la tyrannie du perpétuel abus, les garanties pratiques qui assureront à chacun la liberté et la dignité dans son travail et dans son existence. La sécurité nationale et la sécurité sociale sont, pour nous, des buts impératifs et conjugués ». Cette rénovation sociale sera réalisée « par une technique dirigée » de l’économie créant « un puissant renouveau des ressources de la nation et de l’empire. » Dans une filiation assumée avec l’héritage de la Révolution française, les principes de sécurité, de justice, de liberté, d’égalité et de fraternité que le peuple français revendique pour lui-même sont universalistes : « Cette guerre, qui affecte au même titre le destin de tous les peuples et qui unit les démocraties dans un seul et même effort, ait pour conséquence une organisation du monde établissant, d'une manière durable, la solidarité et l’aide mutuelle des nations dans tous les domaines (…). La France et le monde luttent et souffrent pour la liberté, la justice, le droit des gens à disposer d'euxmêmes. Il faut que le droit des gens

à disposer d'eux-mêmes, la justice et la liberté gagnent cette guerre, en fait comme en droit, au profit de chaque homme, comme au profit de chaque État. Une telle victoire française et humaine est la seule qui puisse compenser les épreuves sans exemple que traverse notre patrie. » La déclaration est publiée dans la presse clandestine, intégralement ou partiellement, avec ou sans commentaires : en zone non occupée (Combat, n° 2, mai 1942 ; Le Franc-Tireur, n° 8, juin 1942 ; Libération, n° 13, 3 juin 1942) ; en zone, occupée (Voix du Nord, n°36, 14 juillet 1942 ; Le Populaire, 15 juin 1942). Le texte, immédiatement communiqué aux gouvernements alliés, est rendu public à Londres le 24 juin 1942. Et Maurice Schumann, porte-parole de la France libre dans l’émission « Honneur et Patrie » du 24 juin au soir en définit la portée : « Voici qu’entre la France combattante du dedans et la France combattante du dehors un grand pacte vient d’être conclu : un pacte d’avenir. »

La colonne vertébrale du programme du CNR Ce texte, outre qu’il fonde l’union de ceux qui combattent à l’extérieur et de ceux qui luttent à l’intérieur, deviendra la colonne vertébrale du programme du Conseil national de la Résistance, en mars 1944, mais aussi des grandes réformes de la société française projetées dès la fin 1943 par le gouvernement et l’Assemblée provisoires et mises en œuvre à la Libération. Le changement de nom de la France libre, qui devient - symboliquement le 14 juillet 1942 - la France combattante, traduit cette volonté d’union de tous les Français, où qu’ils soient, où qu’ils se battent pour la libération de la France. L’éclat des manifestations du 14 juillet 1942 valident dans l’action cette unité en marche et démon-


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trent la force acquise par la Résistance face à l’occupant et à l’État français. Mais le tournant des années 1942-1943 est aussi celui de la guerre. Sur tous les fronts, l’Allemagne nazie et ses alliés subissent de graves défaites dont le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord et la bataille de Stalingrad sont les évènements marquants. La Résistance française se renforce à l’intérieur et à l’extérieur. Mais de façon paradoxale c’est la période où les plus graves menaces pèsent sur le pays et sur l’existence même de la Résistance. Au pillage économique massif des ressources du pays, l’occupant avec l’aide de l’État français entreprend désormais systématiquement celui de la main-d’œuvre (Service du travail obligatoire) et développe une répression qui prend les formes de la terreur. Après le débarquement en Afrique du Nord, l’allié américain tente de marginaliser complètement le général de Gaulle, le Comité national français qu’il préside, en imposant le général Giraud et dans le même temps compose avec les hommes et les institutions de l’État français maintenus en place. Cette attitude remet en cause les objectifs d’ensemble de la France combattante : une libération nationale dont les Français seraient les premiers acteurs, le rétablissement de l’indépendance et de la souveraineté de la France accompagnée d’une rénovation profonde de la société, de la démocratie et des institutions républicaines. Face à cette menace, l’union autour des positions du général de Gaulle se renforce. A l’instar des mouvements, le Parti communiste, le Parti socialiste ou la CGT, autres grandes organisations de la Résistance, apportent leur soutien au général de Gaulle et leur adhésion au Comité national français. Plus encore, l’unité

se réalise : création du Conseil national de la Résistance le 27 mai 1943 ; transformation du Comité national français en Comité français de libération national le 3 juin 1943 ; installation à Alger d’une assemblée [nationale] consultative provisoire le 17 septembre 1943. C’est durant cette période de crise et de réalisation de l’unité que la

Résistance va multiplier les références au général de Gaulle, qu’elle popularise ses paroles et son image. C’est à ce moment-là que le mot « gaullisme » prend un sens positif et que symboliquement, dans l’expression de leur soutien, les résistants de tous bords multiplient les hommages à l’appel du 18 juin et à son auteur.

Jean Moulin, appelé sous les drapeaux en avril 1918 mai  2010 - N°762 - LE RÉVEIL

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Jean Moulin à Megève (1935)

« Les jours heureux » Paul Markidès

Il y a un peu plus de 65 ans, en mars 1944, le Conseil national de la Résistance publiait son programme sous le titre Les jours heureux. Malgré le temps passé depuis, il reste toujours d’actualité. C’est un texte étonnant. C’est sûrement parce que ceux qui l’ont écrit l’ont fait au péril de leur vie, dans la 20 -

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clandestinité, et que cette œuvre collective a été rédigée et signée à l’unanimité par les représentants des principaux mouvements de résistance, des partis politiques et des syndicats. Avec Jean Moulin, l’homme qui avait été à Londres auprès du général de Gaulle chercher et obtenir l’approbation de sa mission d’unificateur, puis inspirés par son exemple, après son arrestation, les membres

du CNR ont su réaliser son programme, anticiper ensemble la reconstruction de la France avec l’objectif d’établir une société nouvelle d’un monde meilleur animé de l’esprit de la Résistance, et assurer à chacun et à tous une vie sociale satisfaisante basée sur la primauté de l’intérêt général et le respect des droits de l’homme. C’est sur la base de ce programme que furent instaurées, après la Libération, les structures sociales nouvelles de notre pays contre lesquelles, malheureusement, nombre de gouvernements successifs ont engagé un travail de démolition. Ce programme, c’est la création de la Sécurité sociale qui permet à chacun de cotiser selon ses moyens et d’être soigné selon ses besoins. C’est faire en sorte que les personnes âgées, après une vie de labeur, puissent toucher une retraite décente. C’est la démocratisation de la vie en faisant des syndicats des partenaires sociaux à part entière. C’est offrir aux citoyennes et citoyens un vrai service public, avec une vraie fonction publique. C’est construire une presse libre pour que le peuple ne soit plus soumis à des flots de propagande comme c’était le cas sous le régime vichyste. C’est écarter les grandes féodalités économiques et financières de la maîtrise de l’économie. Chacun peut constater aujourd’hui quelles mutilations ce programme a subi hier, comme il en subit aujourd’hui. C’est pourquoi il faut le rappeler à ceux qui vécurent la France martyrisée de 1939 à 1945 et le faire connaître aux générations nouvelles afin que les uns et les autres lui assurent, par les formes d’action qui leur conviennent, sa remise en fonction adaptée aux circonstances d’aujourd’hui pour assurer à notre peuple « les jours heureux » auxquels il a droit.


mémoire LE RÉVEIL

Levés avant le jour Il est communément établi que les conséquences du Traité de Versailles favorisèrent, pour une large part, l’installation d’Adolf Hitler au pouvoir, à la faveur d’élections en janvier 1933. Confrontée à un chômage excessif et à une inflation galopante, abusée par les mensonges, éblouie par d’exceptionnels mirages que les nazis liaient adroitement avec l’héritage d’un passé revanchard où dominait l’exaltante arrogance prussienne, la patrie allemande glissa irrémédiablement dans la criminelle aventure de la seconde guerre mondiale. Celle-ci devait trouver sa conclusion d’abord le 8 mai 1945 à Berlin, puis 4 mois plus tard au Japon et avait fait plus de 50 millions de morts. Le rapide constat de cette page d’histoire, à nulle autre pareille, conduit nécessairement à en explorer les multiples éléments, notamment ceux qui demeurent très insuffisamment connus. L’ARAC souhaite, à cette fin, rappeler le rôle éminent tenu par les antifascistes allemands qui, dès le début des années 30 et jusqu’à la capitulation des

hitlériens, s’opposèrent, dans les pires conditions, d’abord à la montée du fascisme dans leur propre pays, le combattirent ensuite en Espagne dans les rangs des Brigades internationales, puis mêlés aux Résistants français affrontèrent, comme eux, mille morts pour que vive l’humanité. Cette situation donnait à la lutte contre l’installation du fascisme dans chaque pays une dimension de solidarité internationale qui confirmait ce qu’avait dit Jean Jaurès : « Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie ; beaucoup d’internationalisme y ramène » ! Connaissant la détermination sans faille de ses opposants, Hitler ouvrit, dès 1935, les premiers camps de concentration : Dachau, Oranienburg, Büchenwald, Mauthausen, Ravensbrück. Il y interna les communistes, les socialistes, les syndicalistes, les juifs… Les détenus politiques allemands du camp de Borgemoor, ceux-là mêmes qui, « les premiers souffrirent dans les marais qu’ils asséchèrent avec leurs cendres » selon Henri Pouzol, auteur de La poé-

sie concentrationnaire composèrent Le chant des marais qui devait devenir une sorte d’hymne, repris bientôt dans tous les camps de déportés. Des centaines de milliers d’antifascistes allemands moururent sur le territoire allemand lui-même dans l’atroce hécatombe ! Henri Barbusse écrivit : « Il y a en Allemagne une minorité magnifique et téméraire… Dans l’avenir, les historiens célèbreront la résistance allemande héroïque que la classe ouvrière allemande oppose à un gouvernement de marionnettes sanglantes… Sur l’écran des temps futurs paraîtra, en pleine lumière, et à côté de la personnalité gigantesque qu’est Dimitrov, celle d’Ernst Thaelmann ». L’ARAC adresse un salut fraternel, de solidarité et de combat à tous ces valeureux antifascistes allemands, qui eurent le courage de refuser de suivre le drapeau allemand à croix gammée, de repousser cette flétrissure attentatoire aux grandes traditions humanistes du peuple des philosophes et des poètes, du peuple honoré par tant de grands savants. Gabriel Guiche Ancien Résistant, membre du Conseil national de l’ARAC

12 juin 2010 I Journée à la campagne chez Henri Barbusse C’est le 12 juin prochain que se déroulera dans le parc de la maison d’Henri Barbusse, actuellement en réhabilitation (notre photo) la journée à la campagne organisée par l’Association des amis d’Henri Barbusse. Le programme débutera à 11 heures par l’accueil des participantes et participants et la présentation des actions et des activités de l’association qu’exposera Paul Markidès, président exécutif. Il sera suivi à 11 heures 30 par l’intervention de Bruno Drwesky, maître de conférences à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO) sur la vie et l’action d’Henri Barbusse. A 12 heures, la chanteuse Mireille Rivat, auteur, compositeur et interprète,

présentera trois chansons illustrant la cérémonie. A 12 heures 30, l’apéritif de l’amitié sera servi, suivi du repas convivial. A partir de 15 heures 30 se dérouleront la vente signature du livre de Paul Markidès, 14-18, les sacrifiés, et le récital de Mireille Rivat (hommage à Jean Ferrat). La journée se terminera à 17 heures. Prix de la journée 24 euros. Inscriptions au 01 42 11 11 21, ou à l’adresse des Amis d’Henri Barbusse, 2 place du Méridien, 94800 Villejuif. Règlement à l’inscription.

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LE RÉVEIL vOS DROITS

L’inacceptable insolence

de l’argent roi Les veuves de guerre, celles dont le mari est tombé au combat, perçoivent à titre de réparation 588 euros par mois. Les veuves d’anciens combattants les plus démunies perçoivent une allocation différentielle de solidarité qui fait que, toutes ressources comprises, le minimum social et leurs maigres retraites, elles doivent survivre avec 817 euros par mois. Ni les unes, ni les autres n’arrivent à la hauteur du seuil officiel de pauvreté fixé à 910 euros. Encore faut-il, sur leurs pauvres ressources, qu’elles déduisent un loyer qui, très souvent, leur coûte la moitié (voire plus) de ce qu’elles ont. Survivre, le mot n’est pas trop fort, avec 300 à 500 euros par mois, c’est leur enfer au quotidien.

L’inacceptable insolence « Là-haut », les 10 patrons les mieux payés d’entreprises cotées au CAC 40 ont reçu 35 millions d’euros en 2009, soit 7 fois les crédits budgétaires alloués pour les 4 000 veuves d’AC en question. 10 contre 4000… 290 000 euros par mois pour les uns et 750 euros pour les veuves ! Et encore, ce n’est qu’une moyenne ! Les 19 administrateurs de Louis Vuitton-Moët-Hennessy ont perçu chacun, hors rémunération, 108 000 euros de jetons de présence. Les 12 administrateurs de Vivendi : 106 000 euros chacun. Les 15 administrateurs de Total : 82 000 euros chacun. Les 33 administrateurs d’AXA : 56 108 euros chacun. 22 -

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Et il ne s’agit là que « d’argent de poche » ! Ainsi François Riboud, PDG de Danone, n’a touché que 125 200 euros de jetons de présence par mois en 2009… Mais s’y ajoute un salaire de 241 400 euros/mois, soit 4 millions d’euros pour l’année, 366 600 euros par mois… contre 588 à 750 aux veuves de combattants, soit 500 à 600 fois plus ! C’est insupportable ! Mais prenons quelques-uns de ces « capitaines de la finance » : • Antoine Belloni, directeur général de Louis Vuitton, Moët, Hennessy (LVMH), 5,5 millions de rémunération en 2009 soit 458 000 e/mois. • Bernard Arnault, PDG de LVMH : 4 millions de rémunération, plus 5 millions de stock-options 2009. Total : 9 millions ! C’est, officiellement l’homme le plus riche d’Europe : 750 000 euros par mois ! Soit de 1 000 à 1 400 fois la pension ou l’allocation différentielle des veuves de combattants. • Claude Bébéar, président d’honneur de chez AXA, administrateur de Mutuelles et de BNP Paribas, membre du conseil de surveillance de Vivendi, censeur de Schneider Electric. En plus de ses différentes retraites, il a reçu 29 728 euros de jetons de présence de BNP Paribas, 123 467 euros de Vivendi, 15 000 de Schneider Electric, 132 000 e de chez AXA, bref 400 000 euros/mois plus le reste. • Michel Pébereau, en fonction à BNP Paribas, mais aussi administrateur de Lafarge, Saint-Gobain, Total, EADS, Pergesa, membre du conseil de surveillance d’AXA, de la BMCI, censeur des Galeries Lafayette. Il a reçu 733 326 euros de rémunération de BNP-Paribas, plus un bonus de 560 000 e, soit pour la seule BNP Paribas : 1 293 326 euros, c'est-à-dire près de 108 000 euros/mois, auxquels s’ajoutent les

rémunérations et jetons de présence des autres sociétés, sa retraite de l’inspection des finances (mais oui !) et, autre « poire pour la soif », une « retraite chapeau » à venir de la BNP, estimée à 900 000 euros par an ! • Carlos Ghosn, PDG de Renault, salaire 2009 en euros : 1 240 809, soit 104 000 euros par mois. Retraite prévue : la base « normale » plus un « complément » de 620 000 euros annuels, soit 51 700 euros par mois… Bien des veuves d’AC changeraient leur pension ou leur allocation contre ce seul « complément » de retraite : 63 à 88 fois plus que ce qu’elles perçoivent chaque mois ! • Beaudoin Prot, PDG de BNP Paribas a vu l’ensemble de ses revenus augmenter de 151 % entre 2008 et 2009 ! Soit 2,4 millions d’euros, 200 000 euros par mois, une misère… Sans omettre que, grâce au bouclier fiscal et autres systèmes de « retraite chapeau », ISF et bonus, tous ces messieurs payent peu d’impôts… comparés à leurs revenus.

Quel scandale ! Quelle provocation ! Quant ces exploiteurs perçoivent, par mois, l’équivalent de 50 années du montant de l’allocation différentielle des conjoints survivantes, voire plus de 60 années du montant d’une pension de veuve de guerre ! Il faut que cesse ce scandale. Que le gouvernement stoppe tous ces avantages fiscaux intolérables, tous ces fonds accordés à des banques et des entreprises qui ferment bureaux et usines et vont investir ailleurs. Est-ce pour cette société-là qu’ont combattu nos anciens de 1914-1918, ceux de 1939-1945 ? Est-ce pour cette sociétélà que la Résistance unie avait conçu son programme de redressement de la France ? Avec tous ceux qui souffrent de cette société et qui luttent pour la changer, unissons-nous et crions stop ! André Fillère


vOS DROITS LE RÉVEIL

L’ONAC et le travail de mémoire Les bouleversements occasionnés par la disparition de la DSPRS a vidé le secrétariat d’État aux Anciens Combattants de ses missions en matière de droits à réparation, remises pour l’essentiel à la Défense, laquelle détient également la primauté de la mémoire par le canal de la DMPA (Direction pour la mémoire, le patrimoine et les archives), elle-même (prétendent certains esprits caustiques) dépendant directement du « Château » (l’Élysée présidentiel) pour les orientations à mettre en œuvre. Les relations DMPA-ONAC Une convention a été signée en mars dernier et précise que « au niveau départemental, l’ONAC applique la politique de mémoire définie par la DMPA ». En clair, la DMPA décide et l’ONAC applique à partir de 6 axes de travail : - l’organisation ou le soutien d’événements ou de projets locaux selon le calendrier commémoratif national, - le soutien aux projets culturels et pédagogiques locaux, - le soutien à l’érection et à l’entretien des monuments aux morts départementaux et locaux, sur la base des critères d’attribution de subventions déterminées par la DMPA, - l’entretien et la rénovation des nécropoles et des hauts lieux de mémoire combattante, sur la base d’une programmation annuelle… et en confiant ces missions, si besoin est, à des entreprises privées (externalisation), - l’animation et la valorisation des hauts lieux de mémoire combattante, - les dossiers liés à l’état-civil (recherches des lieux de sépultures, exhumations,

transferts de corps, démarches consécutives à la découverte de corps, modifications de plaques et d’emblèmes). Par ailleurs, s’agissant des « carrés militaires », leur entretien relève des municipalités et du Souvenir français.

Les directeurs des services départementaux de l’ONAC et les « pôles mémoire » Selon le COM2 (Contrat d’objectifs et de moyens n° 2 de l’ONAC), les directeurs des services départementaux ne vont pas « être à la noce » ! Ils vont devoir, en consacrant plus de la moitié de leur temps de travail à des actions de partenariat et de mémoire, « être les chefs de file de la mémoire départementale, être responsable de la mise en œuvre locale des commémorations et de l’animation du réseau des acteurs de la mémoire constitué notamment des associations, des collectivités et administrations ». Ils vont devoir d’autant plus jouer les VRP que leur notation personnelle dépendra de leurs résultats dans ce domaine !

Les pôles coordinateurs : Dénommés « pôles » à l’origine, ces « aides-mémoire » deviennent « coordonnateurs à la mémoire combattante et à la communication » (CMC)… rien que ça ! Ils seront répartis dans 18 zones géographiques (villes chefs-lieux de région ou villes fortement marquées par l’histoire des conflits contemporains), au sein de directions départementales de l’ONAC… pouvant les accueillir. Ils seront deux par région interdépartementale, rattachés hiérarchiquement sous l’autorité fonctionnelle de la direction de l’ONAC et sous l’autorité administrative des directeurs des Services départementaux de l’ONAC où ils siègent. Leur effectif global sera de 34, ainsi implantés : - Ile-de-France et Outremer : 2 CMC à Paris - Nord, Pas-de-Calais, Picardie : 2 CMC à Lille - Basse et Haute-Normandie : 2 CMC à Caen

- Bretagne : 2 CMC à Rennes - Pays-de-Loire : 2 CMC à Nantes - Poitou-Charentes : 2 CMC à Poitiers - Aquitaine : 2 CMC à Bordeaux - Midi-Pyrénées : 2 CMC à Toulouse - Languedoc-Roussillon : 2 CMC à Montpellier - Provence-Côte-d’Azur : 2 CMC à Marseille - Corse : 1 CMC à Bastia - Rhône-Alpes : 2 CMC à Lyon - Auvergne et Limousin : 2 CMC à Clermont-Ferrand - Centre : 2 CMC à Orléans - Bourgogne et Franche-Comté : 2 CMC à Dijon - Alsace : 1 CMC à Colmar - Lorraine : 2 CMC à Verdun - Champagne-Ardenne : 2 CMC à Charleville-Mézières et Châlon-en-Champagne Actuellement, ces CMC ne sont que 21, recrutés parmi les ex délégués mémoire des Services départementaux de l’ONAC. Pour les autres… patience, patience.

Hauts-lieux de mémoire combattante et nécropoles nationales Leur pôle d’entretien est situé à Metz. Jusqu’à présent, il n’existait qu’un seul poste de directeur d’un haut lieu de la mémoire combattante, celui de directeur du Centre européen de la Résistance et de la Déportation (CERD), situé sur l’ancien camp de concentration du Struthof à Natzwiller, dans le Bas-Rhin. Un 2e poste vient d’être créé, celui de directeur des hauts-lieux de mémoire combattante en Ile-de-France. Sa directrice, déjà en poste depuis le 1er mars 2010, aura en charge le Mont-Valérien (Suresnes 92), le Mémorial national de la Déportation (Ile de la Cité, Paris 4e), et le Mémorial national de la Guerre d’Algérie, des Combats de Tunisie et du Maroc (quai Branly, Paris 7e). Bon courage, Madame, et merci de nettoyer la 2e colonne de ce mémorial « envahie » abusivement par le secrétaire d’État aux Anciens Combattants.

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LE RÉVEIL vie de l’arac

Devoir de mémoire Le samedi 24 avril 2010, les anciens combattants des Hautes-Pyrénées et anciens d’AFN ont dévoilé à la stèle de Tarbes, des plaques sur lesquelles sont gravés les 101 noms de camarades des Hautes-Pyrénées morts en AFN. Cette stèle deviendra mémorial départemental. Beaucoup de présents, avec les familles des victimes ainsi que 44 drapeaux, donc 4 de l’ARAC.

Ravivage de la Flamme Le ravivage de la Flamme de L’UFAC, le 14 mai à l’Arc de Triomphe à Paris, a été particulièrement suivi par de nombreux porte-drapeaux et plusieurs centaines de personnes. Preuve de la vie et de la force du mouvement combattant.

On notera la présence de la direction de l’ARAC, avec Raphaël Vahé, notre président, Gabriel Guiche, dirigeant national, ainsi que d’autres dirigeants des départements d’Ile-de-France.

Le 8 mai à Balarucles-Bains (Hérault) A l’appel de la municipalité et des associations d’anciens combattants de la ville, un défilé a réuni la population et les anciens combattants, le 8 mai 2010. Présence de l’ARAC, du conseil municipal et de l’UFAC, ainsi qu’une centaine de personnes et six drapeaux.

Légion d’honneur

Romainville Journée conviviale de réflexion et de commémoration Le samedi 25 avril dernier, s’est déroulée à Romainville une journée de réflexion et de commémoration organisée par la section de l’ARAC. Plus de quarante personnes y participaient et quatre d’entre elles ont adhéré à l’association. Bilan des activités, projets et hommage 24 -

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à Jean Ferrat ont occupé la matinée qui fut suivie d’un buffet convivial. La journée fut poursuivie par la participation de tous aux cérémonies commémoratives de la Déportation à Romainville et aux Lilas.

• Nous venons d’apprendre que notre camarade Denise Guersing, de Mitry-Mory, a été nommée dans l’ordre de la Légion d’honneur par décret du Président de la République en date du 10 avril 2009, paru au Journal officiel du 12 avril 2009. Nous lui adressons nos sincères félicitations. • Nous félicitons notre camarade Joseph Cano de Prades-le-Lez (34), ancien combattant 39/45 qui a été nommé Chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur, le 27 avril 2010. • Gino Ferrari, de Fenain (59) a été promu le 27 avril 2010 au grade de Chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur au titre des anciens résistants particulièrement valeureux avec traitement. Sincères félicitations.


vie de l’arac LE RÉVEIL

Conférence au lycée

Massacres de Sétif du 8 mai 45 Pour ne pas oublier

Longtemps les faits ont été occultés. Dans ses Mémoires de guerre, le général de Gaulle n’y consacrera que quelques lignes, très neutres. Il faudra attendre le 27 février 2005 pour que l’ambassadeur de France à Alger évoque « une faute inexcusable ». Pourtant le 8 mai 1945, date de commémoration de la libération du joug nazi, des massacres eurent lieu à Sétif, Guelma et Kherrata. Faisant de 10 000 à 45 000 morts, selon les sources, parmi les civils algériens, venus fêter l’heure de la Libération. Une répression de type colonialiste, terrible et qui laisse encore de profondes blessures. Depuis dix ans, pour ne pas oublier, des associations rennaises se retrouvent

chaque 8 mai, au square de Sétif à Rennes. Cette année, ARAC, ASA 35, Rennes Sétif, ACBB, MRAP, Mouvement de la paix, Ligue des droits de l’homme étaient présents. En tout, une cinquantaine de personnes. Bien conscientes du chemin restant à parcourir pour que les faits soient reconnus par l’État français, afin que « les victimes ne soient pas tuées une deuxième fois par l’oubli ». Cette commémoration se veut tournée vers la réconciliation entre les peuples, sans oublier les faits. Et affiche un espoir et un objectif : « Sensibiliser les jeunes à la culture de la paix. »

L’ARAC d’Ille-et-Vilaine et l’Association Rennes Sétif ont tenu une conférence au lycée Sainte-Thérèse à Rennes pour témoigner de la guerre d’Algérie. Ils étaient présents non pas comme historiens mais comme acteurs et témoins des événements. 70 élèves de première et terminale se sont enrichis des témoignages, ayant l’Algérie de 54 à nos jours à leur programme scolaire. Ils ont pu ainsi sortir de l’histoire officielle, celle des livres. Le professeur d’histoire et de géographie explique : « C’est vrai qu’ils ont peu de connaissances sur la guerre d’Algérie. Dans les familles, on n’en parle pas trop. C’est encore un peu un sujet tabou, sensible. Ces témoignages complètent le travail que nous avons réalisé sur le film L’ennemi intime et permettent d’élargir leurs connaissances sur ce conflit. » Une bien belle initiative de l’ARAC à reproduire.

Crouy-sur-Aisne I Grand prix Henri Barbusse Le 9 mai dernier, s’est déroulée à Crouy (Aisne), près de Soissons, localité près de laquelle Henri Barbusse se trouvait sur le Front en 1915, la course pédestre annuelle organisée par les municipalités de Crouy, Braye, Clamecy et par l’ARAC de Crouy, avec la participation du Conseil général de l’Aisne et du Conseil régional de Picardie. Elle compta 83 participantes et participants et l’assemblée de remise des prix permit d’accueillir leurs familles et un nombre appréciable d’habitants du lieu. Présidée par Daniel Moitié, maire de Crouy

et membre de l’ARAC et de l’Association des amis d’Henri Barbusse, elle accueillit, entre autres, notre camarade Paul Markidès qui situa, dans son intervention, le comportement de Barbusse durant la guerre de 1914-1918 et son action pour la paix. Outre les élus locaux, on comptait aussi, parmi les présents, Jacques Desalandre, député de l’Aisne, Antoine Crestani, président départemental de l’ARAC et les présidents des sections de l’ARAC de Crouy et de Soissons.

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LE RÉVEIL Vos droits

ONAC M. Falco et le Conseil d’administration

ce diplôme d’honneur sera donc élargie et des propositions concrètes seront soumises au prochain G12 ou au suivant » (il est dans l’air du temps, certains mots qui deviennent de « mode ». Il en est ainsi de « pôle », et maintenant de « G »… pour dire « groupe ». Le G12, s’est donc le groupe des 12 présidents nationaux d’association d’ACVG les plus… représentatives, que réunit de temps à autre le secrétaire d’État). Comme l’opération « diplôme d’honneur » est prévue sur cinq ans : 20102015 (pour 1940-1945), nos aînés sont affectueusement et respectueusement invités à rester parmi nous jusque là… s’ils veulent tous en profiter.

Le Conseil d’administration de l’Office national des anciens combattants et des victimes de guerre (ONAC) s’est réuni le 28 avril dernier au Cercle national des armées, à Paris. André Fillère et Jacqueline Thabeault-Alcandre, responsables de l’ARAC, y ont participé. Le secrétaire d’État à la Défense, chargé des Anciens Combattants, Déménagement du Service M. Falco, l’a présidé en partie, puis départemental de l’ONAC de l’Essonne s’est très rapidement éclipsé. « Régional de la question » puisque L’ordre du jour comportait essentiellement des questions budgétaires (bilan 2009, budget 2010, décision modificative n° 1, etc.). Au cours des travaux, André Fillère est intervenu à plusieurs reprises sur les questions suivantes :

Diplôme d’honneur pour les AC 1939-1945 Ce diplôme est actuellement attribué aux seuls bénéficiaires de la retraite du combattant, donc aux titulaires de la carte. André Fillère a souligné que, compte tenu de la rapidité des combats, dont la violence a tué 100 000 militaires français en 1940, nombre de survivants n’ont pas encore la carte du combattant. Même problème pour des internés et pour des Résistants tels ceux des combats de la Libération de Paris, du Vercors, etc. D’où l’attribution du Titre de reconnaissance de la Nation qui leur a été faite. André Fillère a donc demandé ce que comptait faire le gouvernement pour qu’aucune injustice ne prive les AC 1939-1945 de ce diplôme d’honneur. Réponse du représentant du secrétaire d’État, celui-ci étant déjà parti : « La Grande Chancellerie a refusé d’attribuer un contingent spécial de Légion d’honneur pour les AC de 1940-1945. L’attribution de 26 -

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membre du CA de l’ONAC 91, André Fillère a rappelé le vœu unanime de ce CA d’être associé à ce changement de locaux. Or, en une semaine, le nouveau lieu a changé deux fois d’adresse, tandis qu’aucune assurance, par ailleurs, n’a été officiellement donnée que le Service départemental ne serait pas intégré au centre administratif de la Préfecture… sous l’aile directe du préfet. Dans ces conditions, André Fillère s’est abstenu au moment du vote, lequel a autorisé l’ONAC de faire un échange de locaux avec une société privée… encore non définie.

L’allocation différentielle de solidarité pour les conjoints survivants Des crédits non utilisés s’élevant à 800 000 euros étant en réserve, André Fillère a demandé qu’un nouveau bilan des dossiers acceptés et du montant des fonds attribués soit effectué début juillet ou début septembre pour envisager, selon les possibilités, un nouveau relèvement du plafond de ressources. Il a également insisté pour que le gouvernement majore les crédits budgétaires afin de porter ce plafond à 910 euros, l’actuel seuil de pauvreté. Et il a dénoncé

la scandaleuse insolence de ces patrons d’entreprises cotées en bourse (le CAC 40) qui perçoivent des rémunérations de 500 000 à 700 000 euros par mois, tandis que les veuves de guerre n’ont que 588 euros de pensions de réparations et les veuves d’AC les plus démunies, 817 euros ! Selon le représentant du SEDAC, un nouveau bilan serait fait début septembre. Et cette absence de M. Falco au deux tiers du Conseil d’administration de l’ONAC ne l’a pas empêché de publier, dès le lendemain, un communiqué claironnant qu’il avait donné aux administrateurs l’assurance que tout allait bien dans le meilleur des mondes. Lui, son gouvernement et la minorité de privilégiés de la fortune l’affirment. Les ACVG, les retraités, les SDF, les sansemplois et les sans-papiers, les agriculteurs et les salariés en sont de moins en moins persuadés.

• Montant bancaire insaisissable Depuis le 2 janvier 2010, le décret n° 2009-1964 permet à un débiteur, faisant l’objet d’une saisie attribution sur ses comptes bancaires, de disposer d’un minimum vital égal au revenu de solidarité active (RSA), soit, pour un allocataire seul et sans enfant, 460,09 euros.

• Dons, legs et exonération L’âge limite permettant de faire des dons défiscalisés à ses petits-enfants ou arrière-petits-enfants majeurs est relevé de 65 à 80 ans. Le montant maximum exonéré passe de 31 272 euros à 31 395 euros par bénéficiaire. Mais, pour faire un tel don à ses enfants, il faut toujours avoir moins de 65 ans.


Vos droits LE RÉVEIL

« G12 » du 11 mai 2010

Peu de réponses sur les doléances ACVG… Le secrétaire d’État aux Anciens Combattants avait invité le 11 mai dernier les 12 présidents, dont ceux de l’UFAC et de l’ARAC, pour faire le point sur les questions de l’heure qui préoccupent le mouvement ACVG. L’annonce de la publication très récente du rapport de M. Mékachera sur le devenir du monde associatif combattant, le point sur les commémorations du 70e anniversaire de 1940(1) ont suscité quelques précisions du Ministre. D’autres sont restés malheureusement, une fois encore, sans réponse précise. Il en a été ainsi notamment pour la demande d’obtention du TRN pour les combattants de 40, non titulaires du « diplôme d’honneur 39/45 », ainsi que l’évolution du dossier pour les OPEX ou pour la

campagne double à la suite de l’arrêté du Conseil d’État du 17/3/2010 : l’application de l’arrêté pose « le problème de la date d’effet de la mesure qui devient un nouveau sujet de droit… » Va-t-on repartir pour un « tour » dans le labyrinthe juridique ? Concernant le budget ACVG 2011, il a été répondu que la lettre de cadrage précise arrivera comme de coutume au début de l’été : elle comportera les « efforts » à poursuivre de chaque ministère dans le cadre de la RGPP. Face à l’option « rabot » qui se prépare au niveau du gouvernement, sur injonction du pacte de stabilité de l’Union européenne et qui touchera le budget ACVG 2011, l’ARAC prépare la résistance. Raphaël Vahé (1) Voir le dossier de presse sur le site www.appeldu18juin70eme.org

Droit du handicap et procédures Le droit des personnes handicapées estil vraiment reconnu par la société et les entreprises ? En théorie, oui, et encore… dans les grandes lignes. Mais dans le détail, le concret, la mise en pratique ? Les témoignages négatifs sont encore très nombreux, tant au plan des ressources, transports, accessibilité, scolarité, etc, qu’au niveau professionnel et d’accession à l’emploi. Comment s’y retrouver dans les méandres administratifs ? Obtenir une carte d’invalidité ? Contester une décision de la Commission départementale des personnes handicapées ? Ce n’est pas la panacée, mais ce guide paru dans la collection Le conseiller

juridique pour tous, écrit par maître Alexandra Grévin, est susceptible d’aider les parents d’enfants handicapés, les adultes handicapés, comme les professionnels du handicap et du droit des handicapés. Rédigé de façon accessible au plus grand nombre, se présentant sous formes de fiches pratiques et synthétiques, ce guide peut aider au mieux vivre des personnes handicapées, de leur entourage et des associations concernées.

Un guide juridique et pratique pour connaître et défendre ses droits, par Alexandra Grévin - Éditions du Puits Fleuri (26 euros).

Carte vitale Indispensable chez le médecin, le pharmacien, à l’hôpital, elle affirme vos droits d’assurés sociaux auprès des professionnels de la Santé. Oui mais… si vous l’égarez, la perdez ou qu’on vous la vole avec vos papiers ? 1 - Prévenir immédiatement la Sécurité sociale et, si vous avez internet, allez sur www.ameli.fr/assures/soins-etremboursements. Vous y trouverez un formulaire de déclaration de perte ou de vol. 2 - Remplir ensuite un nouveau dossier de demande : votre nouvelle carte vous sera envoyé sous 3 semaines. 3 - Si vous en avez besoin avant, pour consulter un médecin, une feuille de soins vous sera remise. Envoyezlà à la Sécurité sociale et vous serez remboursé. Si vos droits ne sont pas enregistrés chez le pharmacien, vous devrez payer vos médicaments. Et vous serez ensuite remboursé par la Sécurité sociale.

Médaille commémorative française avec agrafe « Haïti » Par arrêté en date du 20 avril 2010, le ministre de la Défense a décidé de la création d’une médaille commémorative française avec agrafe « Haïti ». Cet arrêté stipule, dans son article 1, que pourront prétendre à cette médaille, les personnels qui ont pris part à l’opération Séisme Haïti (12 janvier - 24 février 2010) pendant une durée minimale de 15 jours sur l’ensemble du territoire et des espaces aériens de la République d’Haïti et de la République dominicaine. mai  2010 - N°762 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL Vie de l’arac

Édouard Chevarier nous a quittés Édouard Chevarier vient de décéder à l’âge de 90 ans. Il était membre d’honneur du Conseil national de l’ARAC, (il avait siégé à son Bureau national durant de nombreuses années) et avait été président départemental de l’ARAC du Puy-de-Dôme et membre actif de notre mutuelle. Pilote militaire en 1939, démobilisé en 1940, réfractaire au Service du travail obligatoire (STO) par lequel le gouvernement de Pétain mettait une main-d’œuvre française au service de l’occupant nazi. Édouard avait rejoint la Résistance et les Corps francs d’Auvergne, puis s’était engagé pour la durée de la guerre dans l’armée de l’air. Entré dans la gendarmerie en 1950, il servira en Tunisie, puis dans le Puyde-Dôme jusqu’à sa retraite d’adjudant-chef en 1975. A partir de cette

date, il consacra sa vie au mouvement anciens combattants et à sa famille. Avec l’ARAC, il fut vice-président de l’UDAC 63, membre du conseil départemental de l’ONAC et de plusieurs de ses commissions. Pensionné à 95 %, il était titulaire de la Légion d’honneur, de la Médaille militaire, de l’Ordre national du mérite, de la Croix du combattant vo-

lontaire, de Combattant volontaire de la Résistance, de la Croix du combattant, du TRN et de plusieurs médailles commémoratives. L’ARAC, sa mutuelle et le Réveil s’inclinent devant la mémoire de cet homme exceptionnel et présentent leurs condoléances attristées à sa famille qu’ils assurent de leur soutien.

Eugène Decercle n’est plus L’Eugène nous a quittés le 29 avril dernier. Il avait 86 ans, fait tout entier de dévouement et d’engagement qui lui avait forgé une forte personnalité. Ancien combattant et Résistant 1939-1945, il avait adhéré à l’ARAC au sortir de la 2e guerre mondiale. Chevalier des Palmes académiques, militant CGT, il avait été également vice-président de l’Association d’entraide pour les personnes âgées de Montchanin. Son accent de la Saône-et-Loire, ses

attaches avec Le Creusot, ses responsabilités locales à l’ARAC, au Comité départemental (trésorier), au Conseil national et à l’UFAC, avaient fait de lui un personnage haut en couleur, au franc-parler pétri parfois d’une chaleur et d’une rudesse toute fraternelle qui le rendaient incontournable et inoubliable. L’ARAC, le Réveil et la Mutuelle, profondément attristés par sa disparition, assurent sa famille de toute leur sympathie et lui présentent leurs sincères condoléances.

NOS PEINES avril 2010 Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances. AISNE (02) Crouy : M. BERTONIERE, 80 ans, AC Indochine. Montescourt-Lizerolles : Léon BRICOURT, AC ATM. Jacques LAFORGE, 74 ans, AC ATM. René PATÉ, 74 ans, AC ATM, secrétaire de la section. Soissons : Jean KUCHNA, 74 ans, AC ATM. ALLIER (03) Saint-Germain-des-Fossés : Mme Yvonne PERRICHON, veuve. ALPES-MARITIMES (06) La Colle-sur-Loup : Pierre LESCURE, AC 39-45. Nice : M. ANFOSSI, AC 39-45. Francis GIACOLETTO, AC 39-45. Mme Marie LAMBERTI, déportée. Gabriel MOUNIER, AC ATM. Mme Rose POLLINA, veuve. Eugène SAUNIERE, AC ATM. ARDECHE (07) Vallon-Pont-d’Arc : Jean-Marc SERRE, AC ATM. BOUCHES-DU-RHONE (13) Saint-Chamas : Georges FERRUS, AC ATM.

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LE RÉVEIL - N° 762 - mai 2010

CHARENTE-MARITIME (17) Ile d’Oléron : Philippe GRAS, 89 ans, AC 39-45. Louis TESSIER, 95 ans, AC 39-45. DORDOGNE (24) Eymet : Jack NICOLAS, AC ATM. Excideuil : Louis ROUX, 86 ans, AC 39-45. Le Lardin : Jean-Paul GARDET, AC ATM. Montrem : Alphonse CHINOUIL, AC ATM. Jean GRANDON, AC ATM. Francis LAVAUD, AC ATM. René MAZI, AC 36-45. Périgueux : Christian BARDY, AC ATM. Fernand CLAUD, 90 ans, AC 39-45, vice-président départemental. Teyjat : Henri GAUTIER, 93 ans, AC 39-45. Villars : Alban GROLHIER, 86 ans, AC 39-45.

LOT-ET-GARONNE (47) Clairac : André DAUBA, AC 39-45. MEURTHE-ET-MOSELLE (54) Villerupt : Pierre SILVA, 83 ans, AC 39-45. Angel TOMASINI, 84 ans, AC 39-45. MOSELLE (57) Yutz : Camille CONTER, 86 ans, AC 39-45. Jean CZAPKA, 79 ans, AC ATM. NIEVRE (58) Fourchambault : Gérard DAVID, AC ATM. René DUFOUR, AC 39-45.

VIENNE (86) Châtellerault : Georges ARIGAULT, AC 39-45. Irénée BOIDIN, 92 ans, AC 39-45, Déporté à Rawa-Ruska, Médaille Militaire, Croix de guerre 39-45 avec palme, Croix du Combattant Volontaire, Médaille de la Déportation, de l’Internement et de la Résistance, Médaille des Evadés. Ernest VERCHER, AC 39-45. HAUTS-DE-SEINE (92) Colombes : Jean-Pierre LE MOELIGOU, AC ATM.

PUY-DE-DÔME (63) Nohanent : Gilbert GREMONT, 73 ans, AC ATM.

VAL-DE-MARNE (94) Créteil : Albert AMAR, 85 ans, AC 39-45. Villejuif : Roland MACHEZ, ami.

PYRENÉES-ORIENTALES (66) Rivesaltes : Albert BOURRET, 72 ans, AC ATM.

VAL-D’OISE (95) Franconville : Jean MOISY, 88 ans, AC 39-45, président de la section.

GIRONDE (33) Pessac : Mme Marguerite MANO, 89 ans, veuve.

PARIS (75) 19e : Emilien CHILIN, AC Indochine. Henri DEBEAURAIN.

LOIRE (42) Saint-Chamond : Bernard SENDYK, AC ATM.

SOMME (80) Cayeux-sur-Mer : Eugène CATELAS, 72 ans, AC ATM.


Vie de l’arac LE RÉVEIL

La rosette en dessert La Légion d’honneur, la « Rouge » comme disent les anciens combattants, est la première des décorations officielles françaises. La plus prestigieuse… celle qui devait faire l’objet d’un contingent spécial en avril dernier, dans le cadre du 70e anniversaire des combats de 1940 qui firent 100 000 morts dans les rangs de l’Armée française. Contingent refusé, nous a-t-on dit, par la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur, gardienne de l’Ordre. Pauvres combattants de 1940… Que n’ont-ils pas plutôt été dîner au Fouquet’s avec M. Sarkozy, le soir du 2e tour des élections présidentielles… Aujourd’hui, ils seraient promus ! A l’instar de MM. Bernheim, Vincent Belloré (milliardaire), Kron, Pasglio, ou des Paul Desmarais (Québecquois) et Albert Frère (Belge), tous deux milliardaires, faits Grands Croix de la Légion d’honneur en 2008, le plus haut grade, limité à 75 en tout et 2 étrangers par an. Alain Minc (éminence grise présiden-

tielle) est devenu Commandeur, Nicolas Bazire (n° 2 du groupe Vuitton, Moët, Hennessy), Nicolas Beytout (Le Figaro, les Échos), Christian Clavier et Jean Reno (comédiens), Basile Boli, Isabelle Balkany, Pierre Giacometti, Agnès Cromback et Valérie-Anne Giscard d’Estaing (tous invités au Fouquet’s par Sarkozy le 6 mai 2007) sont officiers de la Légion d’Honneur. Et, toujours au palmarès des promus de Légion d’Honneur, les « grands patrons » qui sont JeanCyril Spinetta (Air France), Louis Gallois (EADS), Alain Weil (RMC et BFM), David de Rotchschild, Ernest-Antoine Seillère et, bien sur, aux rangs du MEDEF, Laurence Parisot, patronne des patrons. Et aussi Maryvonne Pinault (épouse du patron François Pinault), Baudoin Prot (BNP Paribas), etc., la liste est longue. Et citons, pour conclure, Jean-Claude Marin (procureur de Paris ayant fait

appel contre l’avis du Parquet dans le procès Clearstream), sans oublier la loi présidentielle offrant le grade de Grand Officier aux Premiers Ministres ayant exercé deux ans. C’est-à-dire tous ou presque, sauf… Dominique de Villepin. Quant à Johnny Hallyday, autre « fan » de Sarkozy, il ne se soucie guère d’être un bon citoyen soucieux de la collectivité : sans complexe, il garde son fric bien au chaud planqué en Suisse, pour ne pas payer d’impôts en France ! « Je ne vous trahirai pas, je ne vous décevrai pas » lançait au soir du 6 mai, Nicolas Sarkozy, place de la Concorde Vendôme… La bande du Fouquet’s n’a pas été déçue. Les ACVG, si, qui attendent encore que les engagements écrits du candidat à la Présidence se concrétisent. Hélas, ils ne font pas partie, eux, de la République des copains. André Fillère

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Ci-joint un chèque de 100 e libellé à l’ordre du Réveil des Combattants mai  2010 - N°762 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL magazine

Les engagés Josef Laolik - Éd. First Thriller - 19,90 euros. Paris, demain. Des caméras partout. Les communications sous surveillance électronique. Une bombe explose. Au point zéro : une femme, belle, amnésique. Le gouvernement cherche par tous les moyens à lui faire retrouver la mémoire, à lui faire dénoncer ses complices. La mouvance altermondialiste est désignée comme responsable de l’attentat. Comment des gens ordinaires peuvent-ils devenir terroristes ? Que viennent faire, dans cette histoire, une directrice des ressources humaines, des agents secrets, un casseur tchétchène,

un mathématicien, des criminels de banlieue ? Jusqu’où des gens ordinaires peuvent-ils aller pour changer radicalement la société ? Et vous lecteurs ordinaires, êtes-vous prêts à les suivre et jusqu’où iriez-vous avec eux ? Une plongée dans la paranoïa possible du pouvoir pour insinuer la peur dans l’intimité de chaque citoyen manipulé idéologiquement. Prenant appui sur une actualité bien réelle (Tarnac, gardes à vue, le tout sécuritaire, les lois coercitives) une réflexion politique : où commence et où s’arrête la démocratie ?

La guerre d’indépendance des Algériens 1954-1962 Raphaëlle Branche Éd. Perrin - 10 euros

Il s’agit, ici, de la guerre des Algériens… et de la guerre d’Algérie dans son ensemble. De même, il s’agit de leur guerre pour l’indépendance et non d’une guerre révolutionnaire, ce qui situe précisément ce à quoi s’attachera le contenu de ce petit livre rassemblant une quinzaine de contributions sous la direction de Raphaëlle Branche, jeune historienne n’ayant pas vécu cette période, mais posant, par contre, des ques30 -

LE RÉVEIL - N° 762 - Mai 2010

tions hors des sentiers battus naguère. A savoir, la composition sociale du mouvement national algérien, les rivalités internes et sanglantes dans ce mouvement, le sort de la communauté algérienne en France durant cette guerre, le fossé entre la plupart des dirigeants du FLN et les démocrates français (dont les communistes), la guerre subie (dont les viols considérés comme une méthode ordinaire, habituelle de torture), une guerre où tout le peuple algérien fut considéré comme ennemi par un régime colonial agonisant. Et comment ne pas se rendre compte combien le climat idéologique de la France s’est encore dégradé pour qu’un gouvernement et des nostalgiques s’affirment encore des partisans de la réhabilitation de cette guerre-là, de cette histoire coloniale-là…

Noir Océan /

Stefan Mani. Série noire Gallimard. 21,50 euros. /

De lourds nuages noirs qui s’amoncellent, un ciel zébré des éclairs de l’orage… Le cargo Per se quitte le port de Grundartangui (Islande) pour le Surinan. L’équipage, neuf membres, tous chargés de noirs secrets. Très vite, tout part à la dérive vers des mers toujours plus froides et inhospitalières. Un roman noir, prix de la « goutte de sang » 2007, au titre de meilleur roman policier islandais.


VIEMagazine DE L’ARAC LE RÉVEIL

L’ombre de ce que nous avons été Luis Sepulveda - Éd. Métaillé - 17 euros Santiago du Chili… Un vieil entrepôt dans un quartier populaire… Trois amis, cheveux blancs, ventripotents, retours d’exil sous la pluie. Trente-cinq années ailleurs, ils savent qu’on ne s’en remet pas dans un pays où la bourgeoisie post-Pinochet a su appliquer le slogan « changer pour que rien ne change », un

pays où la « jeune garde » a été éliminée dans les prisons, les tortures, les cimetières, un pays où les classes moyennes avancent « tête baissée » sous l’œil des caméras alors que la désespérance a réduit les enfants du peuple à se détruire dans la drogue. Nos trois amis, qui ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils ont été, ne veulent rien oublier, rien renier, mais tenter quand même de vivre… Alors nos vieux révolutionnaires vont se jouer une dernière belle histoire où le secret et la lutte dangereuse contre l’ordre établi seront de mise. Ils vont tenter un « casse » mémorable, pour la « juste cause », mais qui ne peut rien changer à l’ordre établi. Et voilà un livre plein de drôlerie, de fantaisie, de tendresse et de fraternité, triste parfois, mais jamais désespéré, absurde voire loufoque (ah, cette poule pondeuse à la « conscience de classe, héroïne du travail socialiste » !). Un roman où se confondent polar, fable politique, amours ratés, souvenirs et souffrance des illusions perdues. L’improbable aussi, quand un vieux policier du temps de Pinochet choisit, avec sa jeune coéquipière, le camp des vieux compagnons rebelles. Opposant au « sourire éternel des morts » la croyance « qu’aucun malheur ne résiste à un éclat de rire », l’auteur rejoint Lénine pour qui « les hommes ne peuvent pas corriger les choses du passé, mais ils peuvent anticiper celles de l’avenir ».

Le rapt Anouar Benmalek - Éd. Fayard - 23 euros. L’Algérie d’aujourd’hui… Aziz, biologiste de zoo, Algérien moyen habitant la Cité Joyeuse. Ça débute comme un polar, avec la description impitoyable de la société algérienne en proie à l’islamisation forcée… Et puis la descente aux enfers : sa fille Chehrazade, jeune ado, est enlevée. L’histoire devient bruit et fureur. Bruit et fureur du rapt, de l’amour qui s’enfuit entre Aziz et sa femme, quand la tendresse, dans cette Algérielà, n’a plus le droit de s’exprimer… pas plus que l’amour. Bruit et fureur quant tous les drames quotidiens ramènent de façon imparable à l’histoire de l’Al-

gérie, à la guerre d’indépendance. Bruit et fureur quand l’insupportable présent a pris ses racines sous couvert d’une histoire officielle largement lacunaire, où le beau-père français au lourd passé, étrangement resté en Algérie, peut être ami ou ennemi, où le refus de la société d’assumer ses actes, héroïques ou non, conduit à ce qu’elle vit, au présent boueux et à l’avenir pour le moins incertain. Un roman dur, sans concession, amer comme un café trop fort, trop corsé par les regards croisés des protagonistes.

Les figuiers de Barbarie Rachid Boudjedra - Éd. Grasset 17,50 euros Le colonialisme, la guerre d’indépendance, les convulsions de l’Algérie moderne. Le vol Alger-Constantine… Deux cousins se retrouvent côte à côte. L’un, monté au maquis en 1959, devenu communiste en 1962, aujourd’hui chirurgien dans un hôpital à Alger. L’autre, Omar, « communiste, ivrogne, architecte ». Tous deux enfants de la bourgeoisie locale… Ils parlent et l’histoire remonte en eux, avec une fascination pour Fernand Yveton, communiste guillotiné à Alger le 11 février 1957, sa grâce ayant été refusée par le ministre de l’Intérieur, François Mitterrand… La lutte, l’indépendance et ses ratages (« toutes les révolutions aboutissent au ratage, mais il faut quand même les faire »), de l’enfance dorée et sensuelle aux horreurs de la torture coloniale, des luttes fratricides au terrorisme des années 1980-1990 quand - lorsqu’éclatent les émeutes de la faim en 1980 - le chirurgien doit opérer « à la chaîne » des corps sévèrement mutilés, portant les mêmes stigmates que les suppliciés un quart de siècle auparavant. Avec le vol aérien, le survol de l’histoire s’achève, qui a remis les choses en perspectives, faisant ressortir leur complexité et leurs rêves communs d’une Algérie enfin sereine. Un très grand livre. Mai  2010 - N°762 - LE RÉVEIL

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