Réveil octobre 2016

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3,2 MILLIONS DE SALARIÉS PRÉCAIRES EN FRANCE

1936 C’EST NOTRE PEUPLE QUI PREND EN MAINS SA SITUATION ET S’OUVRE AINSI L’ESPOIR D’UNE VIE NOUVELLE

ONU : LA CIA CONTRÔLE-T-ELLE LES NATIONS UNIES

Octobre 2016 - N° 828 - 5 €

Pour l’emploi, le pouvoir d’achat, la souveraineté de la France

relancer l’industrie


Déclaration de l’ARAC le 11 novembre 2016 En ce jour du 11 novembre 2016, 98e anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918, l’ARAC n’entend pas seulement commémorer les 306 000 morts français et allemands de la bataille de Verdun comme les 443 000 morts français, britanniques et allemands de la bataille de la Somme et l’ensemble des sacrifiés français de cette guerre 1914-1918 : 1 400,000 tués, 740 000 Invalides et 3 000,000 de blessés sans compter les centaines de milliers de veuves et d’orphelins. L’ARAC s’incline devant ces sacrifiés et estime qu’ils méritent plus qu’un hommage pour autant tout à fait justifié. Nous leur devons la dénonciation des responsables de ce « meurtre collectif » (Paul Vaillant-Couturier) que fut cette guerre de 1914-1918 et donc la mise en évidence de ses causes, autrement dit les ambitions des puissances impérialistes qui l’ont déclenchée et poursuivie. C’est le premier des nôtres, Henri Barbusse, président co-fondateur de notre ARAC qui, en tant qu’écrivain-combattant, ouvrit le débat national sur les effets de la guerre, ses causes et ses responsables par son livre « le Feu » dont nous commémorons présentement le centième anniversaire du prix Goncourt qui lui fut attribué. 98e anniversaire, centième anniversaire, ce sont pour l’ARAC des commémorations qui constituent des moyens de combats nécessaires aujourd’hui contre les guerres et pour la défense des valeurs de la République, rempart aux mains de notre peuple pour s’assurer une vie démocratique, sociale, économique et politique et par conséquent la paix qui ne peut résulter que d’une lutte constante. Commémorer, c’est agir, c’est pourquoi l’ARAC appelle toutes ses organisations et ses adhérents à l’action pour l’avancée de ses objectifs en ce 11 novembre 2016. Villejuif, le 11 octobre 2016

Message de l'UFAC du 11 novembre 2016 En ce 98e anniversaire de l'Armistice du 11 novembre 1918, la France commémore également le 100e anniversaire de la bataille de Verdun et des combats de la Somme. A Verdun, ce 21 février 1916, en neuf heures d'un pilonnage ininterrompu, 1 000 000 d'obus s'abattent sur les lignes françaises. Ainsi commence un combat pathétique, titanesque, d'une violence inouïe dont l'horreur restera dans toutes les mémoires comme une vision d'enfer. Les hommes vont se livrer à des combats confus, acharnés, se terminant dans un effroyable corps à corps. Ils tiendront trois cents jours et trois cents nuits ; trois cents jours et trois cents nuits d'héroïsme dans un esprit de sacrifice absolu. L'armée française y perdra 163 000 hommes, l'armée allemande 143 000. L'année 1916 fut aussi celle de la Bataille de la Somme engagée le 1er juillet par une attaque franco-anglaise. L'importance de cette offensive concertée, la ténacité méthodique des alliés et l'énergique impulsion donnée à cette offensive sur la Somme viendront à bout de l'obstination des allemands plus assez forts pour résister à la fois à Verdun et sur la Somme. Cette bataille ne prendra fin que le 18 novembre 1916. L'armée française y perdra 67 000 hommes, l'armée britannique 206 000, l'armée allemande 170 000. Le 11 novembre 1918, l'Armistice intervient. Après ces quatre années de conflit, la France, pour sa part, déplorait : ● 1 400 000 morts ● 740 000 invalides ● 3 000 000 de blessés ●

des centaines de milliers de veuves et d'orphelins.

En ce jour de commémoration, rendons hommage à tous ces soldats de Métropole, d'Outre-mer et des Pays alliés, qui ont fait preuve d'un courage exemplaire méritant une indéfectible reconnaissance. Ils se sont tous battus pour un idéal de paix et de liberté. L'Union Française des Associations de Combattants et de Victimes de Guerre (UFAC) invite toutes les générations et spécialement la jeunesse, à œuvrer pour un monde plus juste, plus solidaire et en paix.

Vive la République ! Vive la France ! 2-

LE RÉVEIL - N° 828 - OCTOBRE 2016


ÉDITO LE RÉVEIL Relancer l’industrie, une urgence

SOMMAIRE Actualités Le Secours Populaire d’Hayange (en Moselle)mis à la rue par le Front National ...............................................................................................................4 La vie sociale entravée des familles modestes....................................................................4 3,2 millions de salariés précaires en France ........................................................................5 Alstom, la véritable histoire du groupe Le scandale : la gestion de ses dirigeants et actionnaires ................................................6 Agriculture : les chiffres de la détresse ................................................................................7 “Le CETA“ : Qu’est-ce que le CETA ? Comment va-t-il concrètement impacter les salariés ? ............................................................................................................8

International Où en est la Grèce aujourd’hui ?..........................................................................................8 Tel-Aviv a peur des femmes… ...............................................................................................9 Israël : Mort d’un faucon ........................................................................................................9 Brésil : Ouverture de la chasse aux pauvres ..................................................................... 10 ONU : La CIA contrôle-t-elle les Nations-Unies ?… ......................................................... 11 Une assistance militaire record de 38 milliards sur dix ans pour Israël… .................... 11 Infos du monde .................................................................................................................... 12

Histoire Samedi 8 novembre au cimetière parisien d’Ivry, un hommage a été rendu par « l’Association Nationale des Familles et Fusillés et massacrés de la Résistance française » ................................................................................................ 21

Vos droits Budget 2017 des ACVG « pourrait faire beaucoup mieux » Débat le 3 novembre ........................................................................................................... 22 Commission de la Carte du Combattant ........................................................................... 23 Bulles de Mémoire - Concours de BD ................................................................................ 23 10e édition du Concours national des Petits Artistes de la Mémoire de la guerre 1914-1918, organisé par l’ONACVG ........................................................... 25

Vie de l’ARAC Nguyen Phuc Ky Un homme véritable, vient de nous quitter........................................ 26 Vie des Comités.............................................................................................................27 à 31 Nos peines ............................................................................................................................. 30

P. 13 . D O S S I E R 1936, c’est notre peuple qui prend en mains sa situation et s’ouvre ainsi l’espoirr d’une vie nouvelle Dans ce numéro, un carnet de tombola et une enveloppe T

www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 Fax. 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr • Tirage : 60 000 exemplaires

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millions de chômeurs pointent à Pôle emploi, toutes catégories confondues. Une poignée d’individus s’accaparent le fruit du travail des Français et du pays, détruisant pour s’enrichir et vivre dans l’opulence des usines, des savoir-faire, brisant des vies, des familles, des espoirs. Cette politique nous entraîne dans une récession économique lourde de conséquences. L’exemple d’Alstom est de ce point de vue révélateur, la vente de la branche énergie à Général Electric a rapporté 3,2 milliards aux actionnaires qui n’ont rien investi dans l’entreprise et donc mis le groupe à genoux (voir page 8). Démonstration avec le CICE censé relancer l’économie, et coûte annuellement 20 milliards à la France (voir Réveil 826). En 2014, ce sont 50,5 milliards d’euros qui ont été versés aux actionnaires sans investissement dans les outils de production. Cette démarche conduit à augmenter inéluctablement le nombre de pauvres aujourd’hui 9 millions en France. Cette politique tourne le dos à l’intérêt général. Ce sont des secteurs entiers de notre économie qui sont fermés, nos services publics durement frappés. Pour ceux qui prennent le temps de tirer expérience de notre histoire, cette période de misère, de récession, rappelle les années 30 et la montée du fascisme en Europe. Il est temps pour la France, de développer une nouvelle politique industrielle pour son économie, pour sa souveraineté. Durant les années 45 et 46 fort du programme du CNR, l’Etat nationalisa des pans entiers de l’économie pour se donner les moyens de remettre sur pied un appareil de production mis à mal par les années de guerre. Notre histoire nous a également appris que les plus grandes réalisations industrielles, les plus belles avancées sociales ont été le fait des entreprises publiques sous la pression des luttes. L’Etat doit prendre ses responsabilités. La nationalisation, n’en déplaise aux bons penseurs du capital, n’est pas un gros mot. Il vaut mieux que l’Etat soit au service de son pays, des Françaises et des Français, plutôt qu’au service des actionnaires qui eux, n’ont rien à faire de la souveraineté de la France et des conditions de vie des Français. C’est pourquoi l’ARAC continue son combat pour défendre les valeurs de notre République, la souveraineté de la France, son combat pour l’émancipation humaine, pour que l’on puisse voir demain avec sérénité, et garantir l’avenir de nos enfants et petits-enfants. Patrick STAAT LE RÉVEIL - N° 828 - OCTOBRE 2016

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Le Secours Populaire d’Hayange (en Moselle) mis à la rue par le Front National On peut enfin le dire, nous y sommes, le Front National enclenche son grand tournant social en cette rentrée 20162017 ! En effet, le Maire d’Hayange Fabien Engelmann (FN) n’a rien trouvé de mieux que de dépêcher un huissier le 30 septembre dernier afin d’expulser ce qu’il qualifie de « succursale du Parti Communiste » et qui diffuse « un discours pro-migrant », dans les faits le Secours Populaire. Le SPF reconnu association de Grande Cause Nationale dès 1991 fait partie intégrante du « patrimoine social Français » au même titre que le Secours Catholique, Les Restos du Cœur, Les Petits Frères des Pauvres ou encore Emmaüs. Implantée depuis 1978 à Hayange mais crée en 1945, le SPF compte dans ses rangs 80 000 bénévoles qui viennent en aide à près de 3 millions de personnes par an, dont plus de 700 femmes et 270 enfants sur le territoire d’Hayange. Dans le contexte économique que nous connaissons, avec une augmentation du chômage et un accroissement de la

pauvreté dû en partie à la désindustrialisation du territoire, ces associations jouent un rôle d’appui matériel, mais aussi un rôle social car ce sont de nombreux bénévoles qui chaque jour se mobilisent afin de venir en aide au plus démunis. En décidant d’exclure le SPF d’un local qu’il occupe depuis dix ans, après avoir réduit de manière drastique puis supprimé la subvention annuelle de l’association, M.Engelmann montre là le vrai visage du FN et l’irresponsabilité du discours et des mesures que prône ce parti. Un discours de haine dirigé contre des bénévoles qui œuvrent en toute indépendance et propagent des valeurs de solidarité universelle et d’humanité. Un discours bâti sur un mépris total des personnes qui sont privées de leurs emplois et sont aux prises avec les pires difficultés. Mais surtout, ce discours est basé sur l’exclusion, la division, et la xénophobie. Une irresponsabilité aveugle diront certains… Pas si aveugle que ça lorsque

l’on apprend qu’à l’ignominie de cette décision, s’ajoute la basse manœuvre qui consiste à permettre à l’association Fraternité Française de prendre possession des lieux. Fraternité Française ? Une association créée en 1996 de toutes pièces et de manière opportuniste afin de servir les intérêts du Front National puisque dirigée par Mireille d’Ornano, députée européenne FN, et dont la présidente d’honneur n’est autre que Jany Le Pen, la femme de Jean-Marie… De là à dire que l’association est une succursale du front national… Déjà tristement célèbre à cause des initiatives sur fond de haine de son Maire, la Ville d’Hayange n’avait pas besoin ça. Enfin, en tant que Sénateur de la Moselle, je tiens à exprimer mon profond soutien à ces femmes et hommes qui font vivre les valeurs de la République que sont la solidarité, l’égalité, la fraternité, le « mieux vivre ensemble » tout simplement. P. ABATE Sénateur de la Moselle

La vie sociale entravée des familles modestes

Dans une enquête publiée en septembre 2016, le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) évalue la réalité de la vie sociale des familles 4-

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modestes qui sans être considérées comme pauvres ne peuvent pourtant pas pleinement participer à la vie sociale.

de recourir aux crédits à la consommation, perçus comme un risque de basculer dans la spirale du surendettement.

Les familles modestes doivent contrôler au plus près leurs dépenses et se restreignent particulièrement sur le logement, les dépenses destinées aux enfants, les nouvelles technologies et l’alimentation.

Du fait de la faiblesse de leur épargne, elles craignent les dépenses imprévues (panne de voiture, etc.) ou non programmées (voyage scolaire, etc.). Elles sont expertes en "bons plans" (recherche de promotions, achats en gros ou d’occasion de vêtements, jeux et jouets, expositions gratuites, etc.) et

Elles préfèrent négocier régulièrement un découvert à la banque plutôt que


ACTUALITÉS LE RÉVEIL en stratégies de "débrouille" (recours à internet très fréquent pour faire des économies). Leurs contraintes budgétaires limitent leur fréquentation des magasins et des producteurs locaux, et aussi leur vie culturelle, leurs loisirs et leur sociabilité (inviter une famille chez soi peut représenter une dépense trop importante) ou leur engagement vis-à-vis de personnes plus démunies. Les aides des proches et l’action sociale des employeurs (chèques vacances, tickets

restaurant, etc.) compensent en partie la faiblesse de leurs ressources mais toutes les familles modestes n’en bénéficient pas. Pour mesurer l’exclusion sociale autrement que par la pauvreté monétaire, un budget de référence, intégrant le montant nécessaire pour les dépenses de la vie quotidienne et pour celles qui permettent de participer pleinement à la vie sociale, a été établi à la demande de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes).

Les familles modestes disposent de revenus qui se situent entre le seuil de pauvreté et ce budget de référence : soit en 2015, entre 1 000 et 1 424 € mensuels pour une personne seule, entre 1 600 € et 2 599 € pour une famille monoparentale avec deux enfants, entre 2 300 et 3 284 € pour un couple avec deux enfants. Une fois décomptées les dépenses fixes (loyer, énergie, transport, modes de garde…) ainsi que l’alimentation, leur reste à vivre est souvent proche de zéro.

3,2 millions de salariés précaires en France

La France compte 25,8 millions d’emplois, occupés par 22,8 millions de salariés et trois millions d’indépendants. 12,3 % des emplois soit 3,2 millions de personnes, ont un statut précaire. Les trois quarts des emplois sont des contrats à durée indéterminée du privé (59 %) ou de fonctionnaires dans le public (17 %) selon les données 2014 de l’Insee. 12,3 % des emplois ont un statut précaire ce qui représente 3,2 millions de personnes. Il s’agit principalement de contrats à durée déterminée (7 % du total des emplois) et des intérimaires (2,1 %). L’évaluation du niveau de la précarité n’est pas facile. Les apprentis et une

partie des contrats aidés reçoivent une formation, on pourrait les compter à part, même si leur contrat de travail est effectivement précaire. En revanche, elles n’intègrent pas les précaires non salariés, dont une partie, la moins qualifiée, est soumise aux aléas des contrats au jour le jour. Elles masquent aussi le fait que, malgré leur contrat à durée indéterminée, une partie des salariés les moins qualifiés, notamment dans les PME, sont peu protégés des fluctuations économiques. Enfin, ces données moyennes cachent l’impact de la précarité pour les jeunes. Dans une période de chômage de masse, le statut de la fonction publique et le diplôme constituent une protection essentielle, qui permet de se proje-

ter dans l’avenir. La précarisation des statuts ne se généralise pas. Le marché du travail se fissure en deux univers opposés : des instables qui passent de CDD en intérim (surtout des jeunes peu qualifiés) et des salariés qui occupent des emplois stables (fonctionnaires, salariés qualifiés).

Et les 3 millions d’indépendants ? 11,5 % des emplois – 3 millions au total – sont occupés par des indépendants : ils ne perçoivent pas de salaire, mais vendent leur production, des biens ou des services. A l’intérieur de cet ensemble – dont on parle peu – les inégalités sont extrêmes, aussi bien en matière de précarité que de niveau de niveau. Quoi de commun entre l’artisan maçon soumis aux aléas du bâtiLE RÉVEIL - N° 828 - OCTOBRE 2016

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS ment et le chirurgien de renom dont la clientèle est assurée ? A l’évidence, il faudrait intégrer une partie des indépendants les moins qualifiés au sein des emplois précaires.

L’évolution de la précarité de l’emploi Le taux de précarité (CDD, intérim et apprentissage rapporté à l’emploi total

des 15 ans et plus) a essentiellement augmenté entre 1982 et 1989, avec un taux qui est passé de 5,3 à 8 %, puis de 1991 à 2000 (de 7,1 à 11,9 %). Après avoir baissé d’un point jusqu’en 2003 pour atteindre 10,9 %, il est en 2014 de 12,1 %. Il faut noter qu’en période de crise conjoncturelle, l’emploi précaire diminue dans un premier temps (11,4 % en 2009) car les intérimaires

et les contrats à durée déterminée ne sont pas renouvelés et se retrouvent au chômage. Inversement, la précarité se développe dans les premières phases des périodes de reprise ou de façon plus structurelle, sur le long terme avec une détérioration globale des conditions d’emploi. L’Observatoire des inégalités 7/10/2016

Alstom, la véritable histoire du groupe Le scandale : la gestion de ses dirigeants et actionnaires Alcatel pompe la trésorerie d'Alstom En 1998, le conglomérat Alcatel-Alsthom, patiemment bâti sur plus de cent ans d’histoire, est démantelé par Serge Tchuruk. La partie télécoms, Alcatel, se sépare de la partie industrielle (trains, turbines), qui sera désormais un Alstom indépendant, dirigé par Pierre Bilger. Au passage, Tchuruk, désormais patron d’Alcatel, en profite pour piocher sans vergogne dans la trésorerie d’Alstom via un superdividende. Et force son ex-filiale à reprendre Cegelec, filiale d’Alcatel, pour 1,6 milliard d’euros. C’est le péché originel, la tare qui poursuivra Alstom toute son existence : vidé de son cash, le nouveau groupe n’a pas les reins assez solides pour encaisser une crise majeure. Or celle-ci est au coin de la rue. Elle se déclare dès 1999, lors du rachat des activités d’énergie du groupe helvéti-

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co-suédois ABB. C’est la 2e erreur stratégique majeure du groupe. D’abord parce que l’acquisition plombe les comptes d’Alstom qui n’en avaient pas besoin. Ensuite, parce que les turbines d’ABB se révèlent défaillantes, ce qui contraint le groupe français à passer plusieurs milliards de provisions successives. Et comme si une décision catastrophique ne suffisait pas, Alstom en ajoute une autre : la même année, le groupe vend à GE son activité de turbines à gaz de Belfort. Celle-là même qui cartonne aujourd’hui au sein du groupe américain…

2005 : Alstom sauvé par… l'Etat Ajoutez la faillite du croisiériste Renaissance Cruises, dont les achats de paquebots étaient garantis par les Chantiers de l’Atlantique, filiale d’Alstom, et vous obtenez un cocktail pas loin d’être fatal pour un groupe affaibli. Patrick Kron, appelé en pompier fin 2002 pour remplacer Pierre Bilger, commence à vendre les bijoux de famille. L’ultra-rentable filiale transmission et distribution (T & D) est vendue à Areva (elle sera rachetée en 2010, au prix fort, par Alstom et Schneider). Les turbines industrielles sont cédées à l’allemand Siemens. Insuffisant : en 2004, Alstom, au bord du gouffre, est contraint de frapper à la porte de l’Etat. C’est bien la puissance publique, si

vivement attaquée aujourd’hui, qui va sauver le groupe français. En 2004, deux ministres de l’Economie successifs, Francis Mer puis Nicolas Sarkozy, décident la nationalisation partielle du groupe (21,5 % du capital), qu’ils imposent à Bruxelles à l’issue d’une bataille homérique face à la commission Monti. La contrepartie de l’accord avec la Commission, c’est une grande braderie qui continue. La branche Power Conversion d’Alstom est cédée en 2005 à Barclays Private Equity. En 2006, c’est au tour des chantiers navals de quitter le giron d’Alstom. Les Chantiers de l’Atlantique sont cédés au norvégien Aker Yard. Dix ans plus tard, les deux entités sont en pleine forme : Power Conversion, devenue Converteam, a été rachetée par GE en 2011, qui n'en demandait pas tant. Quant aux chantiers de l'Atlantique (STX France), ils croulent sous les commandes, même si leur propriétaire coréen, en difficulté, les a mis en vente.

Bouygues laisse le groupe en jachère Alstom, recentré sur l’énergie et le ferroviaire, maigrit à vue d’œil. D’autant que l’Etat et Anne Lauvergeon refusent la fusion avec Areva réclamée par Patrick Kron. Bouygues, qui avait repris le ticket de l’Etat avec l’idée de fusionner Alstom avec le groupe nucléaire,


INTERNATIONAL LE RÉVEIL laisse sa participation en jachère, ne consentant pas les investissements nécessaires au développement du groupe. En 2014, c’est le coup de grâce : Alstom annonce la revente de son activité énergie à General Electric, Le résultat de cette cure d’amaigrissement forcé est éloquent : quinze années d’un démantèlement quasi-permanent mené par ses dirigeants ont fait passer un fleuron français du statut de conglomérat industriel à celui d’industriel de seconde division. Alstom

réalise 6,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires… soit moins que le résultat net de Siemens (7,4 milliards d’euros, pour 75,6 milliards d’euros de ventes) !

3,2 milliards d'euros pour les actionnaires Alstom avait pourtant largement les moyens de reconvertir et de moderniser le site historique de Belfort. Lors de la vente d’Alstom Power à GE, le groupe a touché 9,7 milliards d’euros du géant américain. Il avait consacré le tiers de

cette somme (3,2 milliards d’euros) en décembre 2015, à un massif rachat d’actions, annulées dans la foulée pour récompenser les actionnaires. Une fraction, même minime, de ces 3,2 milliards aurait suffi à reconvertir le site historique de Belfort vers des activités plus porteuses que les TGV. Et donc à éviter l’intervention de l’Etat, aussi coûteuse que critiquée. Et si c’était cela, le vrai scandale Alstom ? CHALLENGES 6/10/2016

Agriculture : les chiffres de la détresse Dans le secteur agricole, les demandes de primes d'activité, nouveau dispositif pour les travailleurs à revenus modestes qui a remplacé le RSA activité, ont le vent en poupe. La Mutualité sociale agricole (MSA), sécurité sociale des agriculteurs, en attendait 60 000 pour l'ensemble de 2016. Or, elle a déjà reçu 200 000 demandes depuis le début de l'année, a-t-elle souligné lors d'une conférence de presse le 11 octobre. Ces requêtes concernent pour un tiers les chefs d'exploitations, et pour deux tiers les salariés agricoles. Cette explosion de la demande est un indicateur incontestable de l'aggravation de la crise agricole : alors qu'en 2014 18 % des agriculteurs imposés au régime réel avaient eu des revenus équivalents à 354 euros par mois, en 2015 30 % d'entre eux se sont retrouvés dans cette situation, notamment parmi les exploitants laitiers et les éleveurs bovins, relève la MSA. En 2016, la situation risque d'ailleurs encore d'empirer, avec la chute de 32 % de la production de blé tendre en raison de la mauvaise météo. Autre indicateur mis en avant par la MSA, même s'il est à prendre avec plus de prudence : le nombre d'appels auprès de la permanence de prévention du suicide chez les agriculteurs, Agri'écoutes. Au premier semestre, ils ont été 1 700, soit une moyenne de 285 appels par mois, contre une centaine

par mois sur la même période un an plus tôt. Si la nouveauté du dispositif, lancé en octobre 2014, et qui n'a commencé à être connu qu'à compter des mois de mars/avril 2015, compte sans doute, la MSA souligne également un changement dans la nature des appels. Ce sont en effet désormais de plus en plus souvent les épouses qui contactent Agri'écoutes, “par rapport au désarroi de leur mari”. Michel Brault, directeur général de la MSA, l'explique ainsi : “Lorsqu'il n'y a plus de revenus qui rentrent, un fort endettement, l'homme n'ose plus appeler. Il se réfugie dans le travail, ne s'occupe plus des papiers, des échéances. C'est le conjoint qui est confronté à cela”. Pourtant, le risque de suicide est concret : selon des chiffres publiés début octobre par Santé Publique France et la MSA, près de 300 agriculteurs se sont suicidés en 2010 et 2011,

sur une population de 480 000 personnes, avec une surmortalité particulièrement marquée chez les éleveurs bovins (lait et viande) âgés de 45 à 54 ans. La MSA souhaite donc passer à la prise de contact directe et à l'accompagnement personnalisé, en s'appuyant sur ses 900 travailleurs sociaux présents sur tout le territoire. L'organisation est en revanche plus sceptique concernant le dispositif de remplacement gratuit mis en place par le gouvernement pour permettre aux exploitants de souffler : “Assez peu d'agriculteurs ont demandé à en bénéficier”, relève Michel Brault, qui souligne : “L'agriculteur ne ressent pas le besoin de partir en vacances. Pour lui, c'est un sentiment de fuite devant ses problèmes”. Source : La Tribune avec AFP

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

“Le CETA“

Qu’est-ce que le CETA ? Comment va-t-il concrètement impacter les salariés ? surtout la suppression des barrières non tarifaires, à savoir les règlements et les normes. Tous les secteurs de l’économie peuvent être touchés et cela affaiblirait les normes sociales, environnementales, sanitaires, culturelles… L’Union Européenne négocie depuis 2013 un accord commercial avec les USA, le TAFTA (Transatlantic Free Trade Agreement). Cet accord de libre-échange prévoit la suppression des barrières douanières, dans le secteur agricole principalement, et

En parallèle, un autre accord commercial, entre l’Union Européenne et le Canada, est en cours d’adoption, le CETA (Canadian European Union Trade Agreement). L’adoption de celui-ci est à l’ordre du jour de la réunion du conseil des ministres de l’UE le 18 octobre prochain. S’il était

adopté, il devrait ensuite être voté par le Parlement Européen et pourrait être mis en œuvre ensuite, et ce avant même que les parlements des Etats membres de l’UE, appelés à le ratifier également, ne s’expriment. Cet accord est du même esprit néo-libéral que le TAFTA. Il prévoit également un mécanisme de règlement des différends qui permettraient aux multinationales d’attaquer les Etats quand elles estiment qu’une législation, des normes sociales ou environnementales contreviennent à leurs intérêts financiers.

Où en est la Grèce aujourd’hui ? A l’été 2015, l’Euro groupe avait débloqué une aide de 86 milliards à la Grèce, or seuls 30 milliards ont été versés à Athènes à ce jour. Ces milliards s’accompagnaient de mesures drastiques. De recul en recul, la Grèce s’enfonce dans la récession. Un an après l’accord entre Athènes et Bruxelles, le ras-le-bol silencieux des grecs, titre Le Monde de l’Economie en juillet 2016 et dans l’article on pouvait lire encore. « J’ai l’impression de vivre le même cauchemar depuis six ans. Nous avons un peu rêvé avec la première élection de Tsipras (le premier ministre grec) en janvier 2015 mais depuis, c’est la désillusion ! soupire Giorgos Koutrouninis, docker sur le port du Pirée. L’austérité continue de plus belle : augmentation de la TVA, de l’impôt sur les propriétés, diminution des retraites, privatisations à tout-va… » Malgré la cession du port du Pirée à la société chinoise Cosco. « Je n’attends plus rien du gouvernement Tsipras, il s’est moqué de nous en 8-

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organisant un référendum (le 5 juillet 2015) et en ne respectant pas le vote du peuple, qui s’est opposé à 61 % à l’accord avec les créanciers du pays ! Maintenant, il continue sa comédie en passant une série de lois tout en nous faisant croire que c’est à contrecœur », s’énerve le docker. Un an après l’accord, ce sentiment de trahison est partagé par de nombreux Grecs et électeurs du parti radical de gauche… Cette politique de récession et de casses systématiques coûte cher au pays. Depuis 2008, 427 000 jeunes grecs ont quitté la Grèce, une vague d’immigration sans précédent dans l’histoire du pays environ 4 % de la population. C’est évidemment les forces vives de la jeunesse qui sont parties, c’est comme si près de 3 millions de jeunes avaient quitté la France en 7 ans. Ils vont faire cruellement défaut au redressement du pays. Par exemple : On estime à 25 000 médecins qui travaillent désormais en Allemagne ce qui montre l’ampleur

du désastre. Le chômage est d’environ 25 % en Grèce mais de 62 % de jeunes, le nombre de pauvres a doublé. Les faillites d’entreprises multipliées par 28 %, les hôpitaux manquent cruellement de tout. Les investissements ont chuté de 35 %. Les impôts directs et indirects ont augmenté de 48 %. Le taux de pauvreté atteint de 36 % de la population, quant à la dette souveraine cette politique la conduit de 103 % du PIB en 2007 à 178 % aujourd’hui, malgré une décote en 2012. Le remède administré par la Troïka a été pire que le mal et laisse le pays à genoux.


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Tel-Aviv

a peur des femmes… Début octobre, l’armée israélienne a intercepté un bateau qui tentait de briser le blocus de Gaza et escorté les 13 femmes à son bord jusqu’au port israélien d’Ashdod, les empêchant, comme lors des tentatives précédentes, de rallier les côtes palestiniennes. Les passagères parmi lesquelles la nord-irlandaise, Mairead Maguire, prix Nobel de la Paix 1976, ont été conduites en prison et retenues jusque tard dans la nuit au centre d’incarcération de Ramlé, en attente d’expulsion, selon l’administration pénitentiaire israélienne. De l’étudiante à la septuagénaire, ces 13 femmes venues d’Afrique du Sud, de Nouvelle-Zélande ou de Malaisie notamment, avaient embarqué en Europe pour tenter de rallier l’enclave palestinienne soumise depuis 10 ans à un sévère blocus terrestre, aérien et maritime imposé par le gouvernement de Netanyahou et l’Egypte. Objectif : attirer l’attention sur le sort des 1,9 million habitants qui ont subi depuis 2008 trois offensives israéliennes meurtrières et s’enfoncent dans la pauvreté, le chômage, la misère. Les Palestiniens ont réagi à l’arraisonnement du navire ami, alors que Gaza préparait l’arrivée du voilier en fan-

fare, des bateaux ayant prévu de sortir en mer pour l’accueillir dans la limite des six milles au-delà desquels la marine israélienne lance régulièrement des tirs de sommation, ouvre le feu sur les navires palestiniens ou arrête des pêcheurs. Le mouvement islamiste Hamas, qui dirige la bande de Gaza et est considéré comme « terroriste » par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne, a estimé que l’opération de la marine israélienne relevait du « terrorisme d’Etat ». Le numéro deux de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) Saëb Erekat a dénoncé une «agression israélienne» et appelé à la libération des passagères qui rappellent qu’«il est temps de transformer les déclarations d’intention en actes concrets». Les accords d’Oslo, signés entre Israéliens et Palestiniens en 1993, autorisaient les Gazaouis à naviguer, notamment pour la pêche, jusqu’à 20 milles des côtes. Mais cette dis-

tance s’est largement réduite au fil des guerres. Le blocus est venu s’y ajouter en 2006. Depuis 2008, plusieurs expéditions civiles ont tenté, à chaque fois vainement, de le forcer. L’épisode le plus marquant date de 2010 lorsqu’un assaut israélien sur une flottille s’était soldé par la mort de dix militants turcs à bord du Mavi Marmara, provoquant une grave crise entre Israël et la Turquie mais comme à l’habitude sans grandes conséquences pour Tel-Aviv ni sanctions internationales. J.-P. D.

Israël

Mort d’un faucon L’ancien président israélien Shimon Peres est décédé à l’âge de 93 ans dans la nuit du 27 au 28 septembre. Pendant toute sa carrière il a été hostile à la création d’un État Palestinien. Premier ministre à plusieurs reprises, il avait reçu le prix Nobel de la paix en 1994 avec Yitzhak Rabin et le Palestinien Yasser Arafat « pour leurs efforts en faveur de la paix au MoyenOrient », après la signature des accords d’Oslo, il y a près de 23 ans. Ces obsèques se sont déroulées en présence d’un aéropage de dirigeants occidentaux, au premier rang desquels,

Obama et Hollande. La presse internationale ne tarissant pas d’éloges a qualifié le défunt « d’apôtre de la paix, de défenseurs infatigables de la Paix, d’artisan des accords d’Oslo ou encore de Sage et de légende vivante »… C’est à coup sûr allez bien vite en besogne et regardez l’histoire avec des lunettes déformantes. Rabin en réalité était un faucon rompu

aux exercices de la guerre et de la politique qu’il pratiqua durant près de 50 ans. Entré en politique à 25 ans grâce à David Ben Gourion, fondateur d’Israël il a occupé pendant plus d’un demi-siècle de nombreux postes à responsabilité aux ministères de la Défense, des Affaires étrangères ou des Finances.... Il a été également Premier ministre à deux reprises, entre 1984 et LE RÉVEIL - N° 828 - OCTOBRE 2016

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

10-13 septembre 1993 signature des accords d’Oslo a la maison blanche. En presence de d’yitzhak Rabin bill Clinton et Yasser Arafat. accords jamais mis en œuvre

1986 et en 1995-1996, puis président de 2007 à 2014.

Un lourd bilan Comme le précise, Françoise Germain Robin, journaliste spécialiste du Moyen-Orient, dans le quotidien l’Hu-

manité du 29 septembre « La guerre ne lui fait pas peur et il la prépare avec zèle au ministère de la Défense en instaurant, à partir de 1953, une coopération étroite avec la France dans le domaine du renseignement et de l’armement, y compris nucléaire, avec l’installation du premier réacteur de fabrication française à Dimona ». C’est lui qui cautionnera et encouragera la colonisation de la terre palestinienne le plus souvent par la force. En 1996 il fera bombarder des civils libanais et palestiniens réfugiés dans un camp des Nations unies à Cana au Sud Liban. Bilan, près de 110 morts… Les faits sont têtus et a bien y regarder montre que tout au long de sa carrière, Shimon Peres, n’a en rien contribué à un processus de paix pas plus qu’à l’établissement d’une solution à deux Etats (israélien et palestinien). En réalité, il n’a jamais accepté l’idée d’un Etat palestinien indépendant. Aujourd’hui, selon le « Figaro » près « de 600 000 colons israéliens sont dé-

sormais établis en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, soit deux fois plus qu’au moment de la signature des accords d’Oslo. L’Autorité palestinienne, largement décrédibilisée, ne contrôle qu’un archipel d’enclaves qui représente moins de 40 % de la Cisjordanie et dans lesquelles l’armée israélienne n’hésite pas à pénétrer chaque fois qu’elle le juge nécessaire à sa sécurité ». Le 15 septembre dernier, Ban Kimoon, le secrétaire général de l’ONU faisait le constat suivant : « Il y a vingt-trois ans presque jour pour jour, le premier des accords d’Oslo était signé entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine », (…)« Malheureusement, nous sommes plus éloignés que jamais des objectifs (de cet accord). La solution à deux Etats (israélien et palestinien) risque d’être remplacée par une réalité à un Etat (israélien) et une violence et une occupation perpétuelles ». A qui la faute ? J.-P. Delahaye.

Brésil

Ouverture de la chasse aux pauvres Le nouvel homme fort du Brésil, Mihel Temer, met en place un plan d’austérité sur 20 ans avec l’accord du FMI Après la destitution de la présidente Dina Rousseff, le Brésil est sous la menace d’un grave recul social, économique et démocratique (…) la guerre aux pauvres est déclarée » pouvait-on lire dans les pages internationales du « Réveil » en septembre dernier. C’est chose faite ! Les députés brésiliens ont adopté, lundi, 10 octobre, en première lecture un projet de gel des dépenses publiques pendant 20 ans, mesure phare du programme de « redressement économique » du nouveau président de centre-droit Michel Temer. Le géant émergent d’Amérique latine en pleine récession entérine ainsi son virage vers une purge d’austérité libérale, après 13 ans de gouvernements de gauche du Parti des travailleurs. 10 - LE RÉVEIL - N° 828 - OCTOBRE 2016

Le projet d’amendement à la Constitution (PEC) présenté par le gouvernement Temer a été approuvé par une écrasante majorité de 366 députés sur 480 députés présents, nettement supérieure aux 3/5 requis (308 votes). Cent onze députés ont voté contre et deux se sont abstenus. Le texte élaboré par le ministre des Finances Henrique Mereilles devra encore effectuer des navettes entre le Congrès des députés et le Sénat pour être adopté définitivement, probablement d’ici la fin de l’année. Michel Temer n’a pas ménagé ses efforts pour s’assurer d’une large majorité au parlement autour de cette mesure. Le week-end précédent le vote il a invité à dîner plus de 200 députés

au palais présidentiel pour… « les convaincre ».

Le FMI approuve Fortement critiqué par l’opposition de gauche, le projet vise à imposer pendant deux décennies un plafond aux dépenses publiques de l’Etat fédéral brésilien, qui ne pourront pas croître globalement au-delà de l’inflation annuelle. Dans le collimateur de la droite libérale brésilienne, l’éducation, la santé le logement l’aide sociale. Les députés de gauche ont ferraillé en vain contre cette réforme qui va selon eux aggraver dramatiquement la situation déjà précaire de ces secteurs publics primordiaux pour la population, en particulier les plus pauvres.


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

ONU

La CIA contrôle-t-elle les Nations unies ?

Michel Tener Washington fait main basse sur le Bresil.

Temer a érigé ces mesures en « priorité » économique du gouvernement. Selon lui, « l’approbation de la PEC est fondamentale pour éviter la spirale inflationniste et la récession. La dette pourra atteindre 100 % du PIB en 2024 » Le nouvel homme fort du Brésil veut également lancer en 2017 une réforme impopulaire du système déficitaire des retraites qui devrait se traduire par un allongement de l’âge du départ à la retraite et/ou du nombre d’années de cotisations des salariés. Egalement dans les cartons une réforme du marché du travail avec l’objectif de flexibiliser les droits sociaux et rallonger le temps de travail. Ce vaste programme à reçu l’approbation de la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, grande prêtresse de l’austérité pour les peuples, qui a apporté son soutien au programme de « redressement économique » du ministre des Finances avec qui elle s’est entretenue à Washington. Venait-il aux ordres ? « Je suis encouragée par l’orientation de ces réformes », a-t-elle déclaré Le même jour, la Bourse de Sao Paulo a clôturé à un niveau record depuis deux ans à 61 668 points (+ 0,92 points), dopée par l’anticipation d’un vote favorable des députés et l’augmentation du prix des matières premières. La boucle est bouclée. J.-P. Delahaye.

A l’heure ou la succession de Ban Ki-moon - qui arrive au terme de son mandat- est en marche, Jean Ziegler, vice-président du comité consultatif du conseil des droits de l’homme aux Nations unies a donné un entretien à l’Humanité le 7 octobre dernier. Interrogé sur le bilan du secrétaire général de l’ONU il a répondu : « Désastreux. Ban Ki-moon est peutêtre le pire des secrétaires généraux qu’ont connus les Nations unies. C’est un laquais des Américains. Dans toutes les instances de l’ONU, il n’y a pas un fonctionnaire important qui soit nommé sans que la CIA ne donne son accord. L’ONU est à un carrefour. Ou bien elle parvient à sortir de sa paralysie, se réforme et se donne un secrétaire général digne de ce nom, ou bien les conflits qu’elle ne maîtrise pas vont produire d’autres conflits aux conséquences meurtrières. Les djihadistes, qui sont la production de la guerre syrienne,

tuent au Bataclan, tuent à Nice, tuent en Normandie. L’afflux de millions de réfugiés, que l’on doit accepter, pose de nouveaux problèmes qu’il faudrait résoudre dans un esprit de solidarité, mais qu’instrumentalisent des mouvements xénophobes détestables. Auparavant, les conséquences des guerres étaient à la périphérie, avec des conséquences horribles pour les populations africaines et moyen-orientales, mais maintenant les pays dominateurs, comme la France, comme le Royaume-Uni ou comme les Etats-Unis et même la Russie, en sont également affectés ».

Une assistance militaire record de 38 milliards sur dix ans pour Israël… Les Etats-Unis vont octroyer 38 milliards de dollars d’aide militaire à Israël sur dix ans. Une nouvelle assistance record malgré les fortes tensions entre les alliés à propos de l’Iran et du processus de paix avec les Palestiniens. Ce protocole d’accord rendu public hier constitue le plus important

engagement d’assistance militaire bilatérale dans l’histoire des Etats-Unis. C’est ce qu’a souligné le département d’Etat dans un bref communiqué. Le montant a été confirmé par un responsable israélien. (Deutsche Welle, le 14-09-2016) LE RÉVEIL - N° 828 - OCTOBRE 2016 - 11


LE RÉVEIL INTERNATIONAL

En Somalie, la construction d’une base militaire turque près de Mogadiscio se poursuit…

Les médias internationaux ont diffusé de nouvelles photos montrant les étapes finales de la construction d’une grande base par l’armée turque sur le sol somalien. La base militaire, qui est construite avec l’aval de l’ONU, constitue la deuxième base militaire de l’armée turque en dehors du terri-

toire national. Elle sera située près de Mogadiscio, capitale somalienne. Les sources turques ont annoncé que la base militaire qu’Ankara construit sur le littoral somalien faisant face au golfe d’Aden, sera opérationnelle d’ici l’été prochain. La Turquie entend y former environ 10 500 soldats somaliens grâce à 200 soldats et officiers de l’armée turque. La construction de la base militaire de l’armée turque en Somalie, après la mise sur pied d’une autre base sur le sol qatari, s’inscrit dans le cadre du renforcement de la présence militaire turque au Moyen-Orient et en Afrique. Le choix du Qatar et de la So-

malie, vu l’importance géostratégique de ces deux pays, témoigne des efforts de la Turquie pour trouver de nouveaux marchés pour ses armes. « La Turquie entend aussi construire une académie militaire en Somalie où elle entraînerait les officiers » a annoncé Emil Tekin, l’un des hauts responsables du ministère turc des Affaires étrangères. Selon les accords signés entre Ankara et Mogadiscio, la Turquie s’engage à fournir une formation militaire aux Somaliens ainsi qu’à les financer pour une durée de cinq ans. (Press TV, le 23-09-2016)

Plusieurs dizaines de conseillers Vers un renforcement militaires américains déployés de la présence militaire dans le nord de la Syrie… allemande dans la base On notera l’envoi de forces amé- aérienne d’Incirlik, ricaines en soutien à l’armée turque et aux combattants kurdes. en Turquie… Quelques dizaines d’hommes ont été déployés hier dans le nord de la Syrie, à la frontière avec la Turquie. Il s’agit de conseillers et de formateurs. Leur mission est d’appuyer les forces turques, mais aussi la coalition arabo-kurdes des forces démocratiques syriennes ; deux troupes rivales mais qui ont un point commun : la lutte contre Daesh. Elles ont notamment réussi, ces dernières semaines, à reprendre deux villes dans cette région, Jarablus et Al-Raï, au groupe Etat islamique. (Médi-1, le 17-09-2016)

Selon Thomas de Maizière, 500 terroristes potentiels se trouveraient sur le sol allemand… Le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, a livré une estimation dans la presse allemande. Il juge qu’il y aurait en Allemagne 500 activistes potentiels. Des personnes qui seraient en capacité de mener des attaques à tout moment. (Méd-1, 11-09-2016)

12 - LE RÉVEIL - N° 828 - OCTOBRE 2016

Malgré la montée des tensions politiques entre Ankara et Berlin, tous deux membres de l’OTAN, le gouvernement allemand a décidé de renfor- La-ministre-de-la-defense-allemande-ursula von der cer sa présence Leyen sur la base de Incirlik militaire dans la base aérienne d’Incirlik, au sud de la Turquie, pour soutenir les opérations de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis contre les terroristes de Daesh. Le magazine Der Spiegel a rapporté que le ministère allemand de la Défense a décidé de consacrer un budget de près de 58 millions d’euros à cette opération. Selon des sources allemandes, Berlin avait initialement l’intention de renforcer sa présence militaire dans la base d’Incirlik au début de l’été, mais le projet a été reporté en raison de l’interdiction faire par les autorités turques à une visite des membres du parlement allemand à Incirlik. (Press TV, le 06-09-2016)


LE CAHIER MÉMOIRE N° 828 OCTOBRE 2016

sa situation et s’ouvre ainsi l’espoir d’une vie nouvelle

Ouvriers, employés, paysans, intellectuels, commerçants, retraités subissaient l’injustice imposée par les dirigeants du pays qui obéissaient à la volonté des classes possédantes. Celles-ci craignant les révoltes populaires que cette situation pouvait provoquer, favorisaient, voire aidaient, les organisations fascistes tandis que dans les pays voisins les plus proches, le fascisme s’installait. Ces classes possédantes n’avaient qu’une expression à la bouche : « Plutôt Hitler que le Front populaire ». Ce front populaire qui se construisait grâce au Rassemblement

de 80 organisations dont l’ARAC, appuyé sur le pacte d’unité d’action PC et PS, aux luttes unitaires réussies marquées par l’augmentation des salaires, la semaine de travail de 40 heures, l’obtention des congés payés, les vacances pour tous, l’explosion de la vie culturelle. 1936, c’est évidemment l’attachement de notre peuple au programme du Front populaire qui porta à la Chambre des députés une majorité de 346 députés du Front populaire exprimant ainsi l’espoir d’une vie nouvelle pour l’ave-

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11

nir, malheureusement bien vite déçu. Mais cette espérance ne fut pas sans lendemain car le programme du Front populaire inspira celui du Conseil National de la Résistance qui aujourd’hui inspire à son tour les hommes et les femmes qui recherchent à construire un programme social, économique, écologique, politique et de paix ouvrant la voie à la construction d’une France démocratique et souveraine. Evidemment comme aux jours du Front populaire ça ne peut être que la pression populaire qui puisse assurer une grande avancée de ce type.

ÉDITO Par Paul Markidès

1936, c’est notre peuple qui prend en mains


LE RÉVEIL DOSSIER

L’ARAC, le Front populaire et les luttes d’aujourd’hui cit financier résultat du pillage, de la gabegie, des milliards jetés aux banques, aux consortiums, aux budgets de mort, aux entreprises coloniales. On ne veut pas toucher à la fortune des industriels, des châtelains, des profiteurs de guerre et d’après-guerre, mais tout faire supporter à la France du travail, celle qui meurt sur les champs de bataille et qui s’épuise en labeur pendant la paix. »

Henri Barbusse (à gauche sur la photo) le 14 juillet 1934

Trois mille anciens combattants dans la rue Bien évidemment, l’ARAC dans les années 1934, 1935, 1936 ne fut qu’une organisation parmi d’autres à lutter pour sauver la démocratie et défendre les victimes de la crise de 1929 dont les conséquences furent particulièrement graves à partir de 1933, 1934. Mais il est tout aussi évident que le rôle de l’ARAC fut déterminant dans cette période de crise nationale et internationale qui, comme aujourd’hui, avait des retentissements économiques, sociaux et même politiques au plan de la mise en cause de la démocratie. Durant toute l’année 1933, Barbusse et l’ARAC s’adressent aux anciens combattants et aux jeunes. Dans le Réveil des Combattants de décembre 1933, on peut lire cette déclaration du Comité central de l’ARAC : « Pour faire face aux nouvelles menaces et contre la révision des pensions, plus que jamais front unique. En plein hiver, alors que les bénéficiaires du régime ont les pieds bien au chaud et le ventre bien garni, le gouvernement s’attaque aux petites gens, aux fonctionnaires, aux travailleurs, pour résoudre le défi14 - LE RÉVEIL - N° 828 - OCTOBRE 2016

L’action de l’ARAC, le 6 février 1934, est la suite logique de ses luttes dans cette période de crise grave pour la démocratie dans notre pays, donc pour l’ensemble du peuple français. Lorsque les ligues factieuses (qui prennent toujours des forces lorsque les gens qui vivent de leur travail sont dans la misère) organisent des manifestations pour se lancer à l’assaut du gouvernement et de l’Assemblée nationale, l’ARAC appelle, elle, les anciens combattants à manifester contre le régime des profits, contre la politique impérialiste, contre le fascisme et la guerre. Et, répondant à cet appel, trois mille anciens combattants sont dans la rue et se battent contre les Croixde-Feu du Colonel de La Rocque. Après les manifestations, l’ARAC appelle à constituer un Front unique des travailleurs de France : « Travailleurs des villes et des villages ! Anciens combattants de toutes associations ! Jeunes gens ! Il vous appartient de répondre immédiatement à notre appel en prenant vous-mêmes les initiatives nécessaires, sans autres considérations, dans l’usine où vous travaillez, dans le quartier

où vous habitez, dans le village où vous cultivez, dans l’organisation où vous militez. » Beaucoup d’historiens, aujourd’hui, lorsqu’ils traitent du Front populaire, ont une tendance, fâcheuse pour la vérité historique, à oublier que le Front populaire n’était pas seulement un front pour résoudre les problèmes économiques et sociaux, mais aussi pour faire obstacle aux ennemis des idéaux républicains et de la paix. Construire un Front populaire, c’était construire un front unitaire pour défendre à la fois les droits de ceux qui vivent de leur travail et pour s’opposer au fascisme et à la guerre. Et Barbusse, président de l’ARAC, dans le Réveil de janvier-février 1935 insistait : « Les survivants de la guerre impérialiste ont le devoir de former l’avant-garde de la campagne de libération contre l’ennemi fasciste, d’en être, avec les jeunesses, l’armée de choc marchant sur les plus lumineux des buts de guerre : défense de leurs intérêts sacrés de travailleurs, défaite de la réaction chauvine qui apporte la guerre dans la servitude. » Et Barbusse, debout, brandissant le drapeau tricolore, place de la Bastille, le 14 juillet 1935, était bien là, représentant de tous les combattants pour la justice sociale, la démocratie et la paix. Un an après, en juillet 1936, Paul Vaillant-Couturier, nouveau président de l’ARAC, succédant à Barbusse après sa mort, dans un article qu’il a intitulé Le testament d’Henri Barbusse écrit : « Dans le mouvement qui emporte le pays dans la défense de ses justes revendications pour le pain, les AC et VG ont leur place. Le Front populaire fera


DOSSIER LE RÉVEIL droit à leurs exigences. Les générations sacrifiées d’aujourd’hui tendent la main aux générations sacrifiées d’hier. Ce sont les mêmes hommes, les mêmes profiteurs qui les exploitent ou les ont exploités. C’est à eux de payer les frais de la crise comme ils auraient dû payer les frais de la guerre. » La victoire du Front Populaire a été une immense période d’espoir et de progrès, hélas trop vite trahis par un gouvernement timoré qui cède rapidement devant l’agression fasciste en Espagne et les manœuvres capitalistes françaises qui s’expriment déjà dans le sinistre mot d’ordre « Plutôt Hitler que le Front populaire ».

Le Front populaire : de riches enseignements Mais que d’enseignements à tirer aujourd’hui en cette période de crise économique et sociale, de domination politique des défenseurs de la haute finance nationale et internationale ! Certes, l’histoire ne se répète jamais, mais bien irresponsables serions-nous si nous ne tirions pas les leçons de l’Histoire de notre pays et du monde. Nous ne sommes plus dans les années 1930. Nous serions bien aveugles de ne pas être conscients des changements survenus à partir de l’évolution des sciences et des techniques. Mais, fondamentalement, le système capitaliste produit toujours les mêmes exploiteurs et les mêmes exploités. Ceux-ci ont, plus que jamais, à se défendre, unis, contre ceux-là, qui ont toujours les mêmes appétits, les mêmes mépris pour les faibles, et les mêmes discours mensongers aggravés par la possession qu’ils ont des moyens modernes de communication. Est-ce une raison pour désespérer ? Certes, la lutte est difficile (ne l’était-elle pas au moment du Front populaire ?) Celui qui lutte n’est jamais certain de gagner, mais

celui qui ne lutte pas est certain de perdre ! Contre la puissance de l’argent, il n’y a qu’une force à opposer : la puissance de l’unité de ceux qui vivent ou qui vivront de leur travail. C’est cette leçon essentielle qu’il y a à tirer de l’expérience du Front populaire. L’ARAC d’aujourd’hui et ses militants de toutes les générations, encore une fois fidèles aux combats de leurs aînés, ont

aujourd’hui toute leur place à prendre dans le front qui doit absolument se construire pour faire face aux sombres réalités dont est victime une très grande majorité de Françaises et de Français et pour faire face aux dangers qui, dans notre pays, menacent les acquis de la République française depuis le Front populaire et la Libération du joug fasciste hitlérien. Georges DOUSSIN

Front populaire, toujours une source d’inspiration Serge Wolikow, historien Le Front populaire, écrivez-vous, est assez mal identifié. Comment le définir ? Moment historique, le Front populaire est souvent confondu avec une date : 1936, voire réduit aux accords de Matignon ou aux grèves massives qui les ont accompagnés. En fait, il se définit d’abord par un mot d’ordre inventé en 1934, proposé par les communistes à des alliés socialistes et à d’autres tels que les radicaux, qui participent alors à un gouvernement de droite. Ce mot d’ordre s’inscrit dans la lutte contre le fascisme et dans la lutte politique en France après l’expérience désastreuse de la gauche de gouvernement en 1932.

Les communistes opèrent un revirement tactique : ils proposent une alliance et définissent des objectifs intermédiaires de revendications sociales, et de défense de la démocratie parlementaire et de la République. Ce mot d’ordre, « le front populaire pour le pain, la liberté, la paix » va être validé par la victoire électorale. C’est donc toute une séquence historique. Cette séquence est finalement relativement brève. D’où vient sa dislocation et comment la dater ? De même que ce Front populaire est le fruit d’une construction, de même il se déconstruit par étapes. On parle encore de Front populaire jusqu’en 1938, alors que les socialistes ont quitté la direction du gouvernement dès 1937, que la majorité parlementaire reste fragile et que le gouvernement d’Edouard Daladier prend des dispositions contraires au programme pour lequel les radicaux se sont aussi engagés. On peut dater sa dislocation à l’automne 1938, avec la division autour des accords de Munich et ce qui se joue avec la très forte grève générale le 30 novembre 1938, à LE RÉVEIL - N° 828 - OCTOBRE 2016 - 15


LE RÉVEIL DOSSIER laquelle appelle la CGT, à la fois contre les accords de Munich et pour défendre les acquis du Front populaire : le gouvernement fait alors intervenir l’armée et entreprend une chasse contre les syndicalistes. Pour autant, le Front populaire va devenir une référence et, d’une certaine manière, va revivre dans la réflexion et le programme du Conseil national de la Résistance qui, à cinq ans de distance, en tire les leçons, notamment celles de ses insuffisances. C’est sans doute en partie ce qui explique sa pérennité. En quoi a-t-il fait rupture ? Il ouvre une décennie, de 1936 à 1946, de ruptures historiques, avec la mise en place de politiques publiques, qui sont sauf « L’Etat providence », formule des tenants du capitalisme et du libéralisme sauvage qui dénoncent l’intervention de l’Etat. Les législations sociales, les politiques publiques de la culture, du sport… sont le fruit des idéaux de forces sociales, partis, syndicats, associations, et le mouvement ouvrier en est à la fois initiateur et porteur. Les grèves révèlent l’impatience de voir se réaliser les engagements pris. Autre rupture historique : le monde du travail, le monde ouvrier, jusqu’alors aux marges de la vie sociale et institutionnelle, peut participer à des élections de délégués… et voter dans sa globalité. Pour la première fois, les femmes, les étrangers votent pour élire des délégués du personnel. C’est aussi un moment où la classe ouvrière prend conscience d’elle-même, de façon positive, en tant qu’élément de la vie sociale et de la société, où la référence ouvrière se revendique. Quel en est aujourd’hui l’héritage ? Il y a d’abord un héritage perçu, transmis, dans les familles, par ceux-là mêmes qui ont été ses ac16 - LE RÉVEIL - N° 828 - OCTOBRE 2016

teurs… C’est le souvenir de luttes victorieuses face à tant de luttes sociales associées à des défaites, ou à des contextes de reculs sociaux, économiques. L’expérience du Front populaire est au contraire liée à des progrès sociaux. Son image est associée à des formes de dignité, de morale, de joie, qui réconcilient la lutte et l’intérêt général, la lutte comme élément fondateur d’une certaine sociabilité. Mais le plus profond est souvent mal connu. Ainsi, par exemple, des conventions collectives et du contrat de travail. Sans les débats et les mobilisations autour de la loi El Khomri, l’immense majorité n’aurait pas connu l’importance des lois de 1936 à ce sujet. Il en est de même des élections professionnelles ou bien du fait que sont alors définies les qualifications professionnelles, y compris des cadres, techniciens, ouvriers qualifiés, reconnues et entérinées dans les conventions collectives. Tout cela, et une grande partie du droit du travail, s’est esquissé pour une part durant le Front populaire et a été repris et développé à la Libération. C’est du reste pour cela qu’il y a une grande escroquerie à se réclamer aujourd’hui du Front populaire et à en dilapider l’héritage. Nombre de commentateurs établissent des analogies entre la période actuelle et les années trente dont le Front populaire constitue un moment clé. Est-ce pertinent ? Il convient d’évoquer ce moment historique dans toute sa complexité, sa richesse historique, sans se limiter soit aux accords de Matignon, soit aux grèves… S’y associe notamment la lutte antifasciste. Il se déroule au prix de compromis majeurs, comme par exemple sur le droit de vote des femmes, qui pourtant participent activement aux luttes, ou sur la

réforme des institutions. Il invite aussi à la réflexion à la manière de combattre dans les milieux populaires le désespoir politique et la fascination pour les extrêmes droites qui se présentaient alors comme porteuses de « valeurs » d’identité nationale, de nationalisme, de fermeture à l’égard des autres peuples et de l’immigration… Le Front populaire en a empêché la victoire, a repris les thématiques de la Révolution française et d’une République sociale et pas seulement parlementaire, dans la tradition de la Commune de Paris. Les manifestations les plus puissantes sont d’ailleurs celles du 24 mai 1936, qui rassemblent un million de personnes au mur des Fédérés. Autre réflexion : la réunification de la CGT, en 1936, se fait en faveur des « réformistes », mais dans les grèves et le mouvement social, c’est le courant de la CGTU qui s’affirme, tout en intégrant le syndicalisme de masse, et de service. Pour la première fois, la CGT comptera 4 millions d’adhérents. Autre analogie : sans dispositions économiques à la mesure des réformes sociales, celles-ci vont entraver le projet lui-même. Cela amène à penser l’économique, le social et le politique de façon articulée. Le Front populaire a cherché à obtenir l’alliance d’une partie du patronat, face aux « 200 familles ». Mais il n’a pas eu la main sur les finances, la redistribution des richesses, n’a réalisé ni la réforme fiscale, ni le contrôle des changes. Le CNR, en revanche, a


DOSSIER LE RÉVEIL

« Pour le pain, la paix, la liberté »

prévu le contrôle des banques. Aujourd’hui, le capitalisme n’est plus de même nature, s’est financiarisé, et l’on voit bien que le contrôle des banques et des mouvements financiers prend une dimension nationale mais aussi européenne sinon internationale. Les analogies ont aussi des limites. Mais cette expérience invite à réfléchir à la façon de ne pas déserter le champ du politique et du culturel, en affirmant la combinaison d’une conception de la République, de la démocratie et de l’égalité des droits. C’est une source non de copié, mais d’inspiration. Quatre-vingts ans plus tard, il y a donc un réel enjeu pour les historiens et les citoyens à revenir sur cette séquence si particulière de l’histoire sociale… La connaissance historique s’avère importante, d’autant que les témoins ont disparu. Or, il s’agit de l’histoire du monde du travail et du mouvement ouvrier, constitutive de son évolution, il est donc important de la maîtriser. Il est préférable que la transmission et la formation des nouvelles générations de syndicalistes soient prises en charge par le mouvement ouvrier lui-même, en association avec le travail des historiens. Entretien réalisé par Isabelle Avran NVO – Juin 2016

Tout débute en réalité la nuit du 6 février 1934. Ce soir-là, les ligues d’extrême droite investissent les rues parisiennes. Les débordements sont tels qu’un instant, la République vacille. Pour la première fois, une émeute pousse vers la sortie un gouvernement légalement constitué. La riposte de la gauche ne se fait pas attendre. Le 12 février, les forces populaires répliquent. La grève générale est massivement suivie aussi bien à Paris qu’en province où près de 350 localités connaissent rassemblement ou manifestation. Au prix d’un cheminement complexe, une dynamique unitaire s’enclenche. Le 27 juillet 1934, un pacte d’unité d’action est signé entre la SFIO et le PCF. Il permet aux deux formations d’engranger les succès lors des élections cantonales d’octobre 1934. C’est d’ailleurs durant cette campagne électorale que va apparaître pour la première fois, à l’initiative des communistes, le fameux mot d’ordre de « Front populaire pour le pain, la paix et la liberté ». Les élections municipales des 5 et 12 mai 1935 sont également un succès. La mystique antifasciste unitaire emporte toutes les résistances. Le 14 juillet 1935, à l’appel du comité antifasciste Amsterdam-Pleyel, de nombreuses manifestations sont organisées dans toute la France. Dans les cortèges, La Marseillaise et l’Internationale résonnent à l’unisson. Un comité d’organisation de rassemblement populaire est créé à cette occasion, auquel les dirigeants radicaux, jusqu’alors réticents, répondent positivement. Le Front populaire est né. Il rassemble les principales forces organisées de la gauche politique

et syndicale. Car cet élan unitaire va aussi permettre la reconstitution de l’unité syndicale brisée en 1921. Dynamique unitaire Certes, les discussions depuis 1934 sont âpres et difficiles et butent pour l’essentiel sur la question de l’indépendance syndicale. Quoi qu’il en soit, le 27 septembre, la CGT et la CGTU se mettent d’accord sur le principe de la réunification. L’invasion de l’Ethiopie en octobre 1935 par Mussolini active le clivage droite-gauche. Elle rend tangible la menace fasciste et pousse à consolider l’alliance du rassemblement populaire. A cet effet, le 11 janvier 1936, un programme élaboré par les différentes composantes du Front populaire est rendu public. Il est volontairement prudent. Face au fascisme, l’unité prime désormais sur toutes les autres considérations. La campagne électorale pour les élections législatives des 26 avril et 3 mai 1936 se déroule dans un climat tendu où les débordements xénophobes et antisémites sont fré-

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LE RÉVEIL DOSSIER quents. Significative de l’enjeu, la participation est élevée au premier tour. La gauche progresse un peu, mais la droite conserve encore de solides positions. Les communistes enregistrent de nets progrès et les socialistes passent pour la première fois devant les radicaux. Irruption de la classe ouvrière Entre les deux tours, le 1er mai retrouve un éclat perdu depuis de nombreuses années du fait des divisions syndicales. La journée donne lieu partout en France à d’imposants cortèges amplifiant pour le second tour la dynamique unitaire qui joue à plein, y compris

pour les communistes. Le 3 mai, le Front populaire triomphe et la SFIO peut légitimement réclamer la direction du nouveau gouvernement. Soucieux de respecter la légalité républicaine, Léon Blum prend son temps pour former le nouveau gouvernement. A la faveur de cet interrègne, la classe ouvrière se rue dans l’action. L’irruption dans le champ politique et institutionnel d’une mobilisation qui, à bien des égards, frappe d’emblée par sa dimension à la fois inédite et exceptionnelle, donne un caractère inouï à la situation.

Jérôme Beauvisage (IHS CGT) NVO – Juin 2016

Louis Dolly, collaborateur de Paul Vaillant-Couturier, souligne ici sa clairvoyance Louis Dolly fut ensuite maire de Villejuif « En 1933, il dénonce avec force le péril fasciste avec la venue d’Hitler au pouvoir. Il est activement solidaire de l’Espagne républicaine. A la Chambre du Front populaire, Paul Vaillant-Couturier est nommé à la fois secrétaire à la Commission de l’enseignement et des beaux-arts et vice-président de l’Aéronautique. Homme d’une vaste culture, riche de toute tradition littéraire française, curieux de toutes les manifestations nouvelles de la pensée, il lutte toute sa vie contre l’obscurantisme, pour l’affranchissement des hommes et pour l’allégement de leurs peines par la science, pour le développement de leur esprit par les arts. Il a joué un rôle éminent dans la défense de la culture française et a fondé l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR) et les maisons de la Culture. Il a été un des initiateurs de Radio Liberté et du mouvement de « l’aviation populaire ». Maître incontesté du journalisme, 18 - LE RÉVEIL - N° 828 - OCTOBRE 2016

il est considéré comme le premier journaliste de France. Orateur de talent, il parlait pour tous et pour chacun, trouvant chaque fois les mots pour en appeler au cœur et à la raison, à l’éveil de l’intelligence. Au don de la plume et de la parole, Paul joignait des qualités d’écrivain riches et multiples. Trop courte fut sa vie et grande son œuvre d’écrivain et poète : romans, nouvelles et poèmes, chansons, se comptent par plusieurs dizaines ». Le 14 juillet 1935, à l’occasion de la grande journée du Front populaire, Paul Vaillant-Couturier écrit dans l’Humanité un article intitulé Les trois cortèges. Il s’agissait de la revue militaire traditionnelle, d’un rassemblement fasciste et du cortège du Front populaire, qui, après les assises tenues dans la matinée au stade Buffalo de Montrouge, défila de la Bastille à la Nation. Au cours de ces assises, Henri Barbusse, fondateur du mouvement Amsterdam-Pleyel, prit la parole.

Voici deux extraits de l’article de Vaillant-Couturier : « L’ordre est du côté du peuple. Le désordre, qu’il soit économique ou social, est toujours le fait de ce qu’il y a de mort dans le passé et des provocateurs qui le servent… L’ordre, c’est notre cortège de la Bastille qui l’assurera, parce que ses organisateurs en ont décidé ainsi et aussi parce qu’il lui suffira d’être formidable pour imposer l’ordre… » « Aujourd’hui, comme au 14 juillet 1789, devant le complot fomenté par le parti de la reine et des frères du roi, la France populaire, sous les Drapeaux de la liberté, se lève contre le complot des factieux. Elle est forte. Elle est belle. Elle est calme. » Parmi les artistes proches du Front populaire, Fernand Léger fut l’un de ceux qui ont affirmé avec le plus de force et de confiance cet espoir dans une démocratisation artistique qui devait permettre au peuple de se réconcilier avec l’art moderne le plus novateur et le plus difficile. Outre son action personnelle pen-


DOSSIER LE RÉVEIL dant cette période, ses multiples interventions auprès des personnalités et des différents organismes responsables témoignent de sa volonté de faire participer le peuple à la connaissance de l’art. « Les foules qui vont parvenir enfin aux loisirs après des siècles de luttes, ces foules qui vont pouvoir s’arrêter, regarder, réfléchir, qu’allons-nous en faire ? Il faudrait pouvoir leur donner le temps de se cultiver. Sous le prétexte de vouloir conquérir tout de suite cette foule populaire admirable dont l’instinct est juste, mais attend de pouvoir saisir la nouvelle vérité, on voudrait les embarquer à reculons, de siècle en siècle, d’abord en chemin de fer, puis en brouette, pour « faire ancien » et pied à pied. C’est faire outrage à ces hommes neufs qui ne demandent qu’à comprendre et à marcher de l’avant ; c’est vouloir les décréter d’office incapables de s’élever à ce nouveau réalisme qui est leur époque, dans laquelle ils vivent, où ils travaillent et qu’ils ont fabriqué de leurs mains. On leur dit : « Le moderne n’est pas pour nous, c’est pour les riches, art spécialisé, art bourgeois ; c’est archifaux. » Il faut pouvoir aller dans les musées. Un classement va s’établir dans leur esprit, lentement ils évolueront vers les belles choses (…) à condition que les artistes qui sont leurs contemporains ne leur bâclent pas rapidement un art inférieur sous prétexte d’être compris d’eux plus vite. »

Un écrivain et le Front populaire :

Pierre Gamarra Vinrent les jours de victoire. Le 5 juin, Blum forma son ministère. Deux jours après, les délégués des ouvriers rencontraient le haut patronat et faisaient admettre les contrats collectifs, les quarante heures et les congés payés. Le droit syndical était reconnu. Chaque atelier aurait son délégué. C’étaient les accords Matignon.

1936 départ de Barcelone pour le front d’Aragon dans la lutte contre le faciste Franco.

La semaine d’après, la Chambre votait les quarante heures et le reste. Pour les paysans, on créait l’Office du blé qui assurait un prix stable de près de cent cinquante francs le quintal contre soixante francs sous Laval. Et l’école aussi y avait gagné. La scolarité était prolongée jusqu’à quatorze ans. On avait amélioré le traitement des maîtres. Le danger n’est pas d’aller trop vite, mais d’oublier comment on a gagné. Les travailleurs ont gagné parce qu’ils se sont mis ensemble. S’ils se séparent, les gros leur reprendront tout. On dansa le dimanche suivant sur la place de Fontvieille et Fabre, ceint de son écharpe, prit la parole au milieu du bal : «... Le Front populaire, mes amis, c’est comme ma camionnette. On a mis un moteur neuf, hé, Camboulives, et la voilà qui grimpe partout. Mais ce n’est pas fini. Si la carcasse est vieille, on peut la rajeunir. Nous autres paysans, qu’est-ce que nous demandons ? De travailler et d’être payés en conséquence. Pas le Pérou. La justice ! Pour le blé, ça commence à aller. Il y a encore des choses à régler, nous les réglerons. Quoi, nous suons sang et eau pour mettre la récolte en train et si la grêle nous saccage la vigne, il ne nous reste que les yeux pour pleurer ? Et si la fièvre

nous prend une vache ? Qu’est-ce qu’il faut faire ? Aller à la foire ? Avec quels sous ? Non, mes amis, ça ne pouvait pas marcher longtemps sur cette musique. Les fermiers et les métayers n’y tiennent plus. Les petits possédants succombent. Mais la musique a changé et les paroles seront autres. » Le vieux Rouquet s’approcha de la table de Simon et trinqua à la santé de la République. « Le Fabre a bien parlé, dit-il, et je voudrais bien voir tout ce qu’il annonce. De mon temps, on ne causait pas si haut dans les campagnes. Les curés et les châtelains étaient maîtres et les Républicains, on les montrait du doigt. - Oui, dit Simon, de votre temps, Rouquet, bien peu de gens savaient signer leur nom. - C’est vrai, régent, l’école a changé les têtes. Oh ! Je ne suis pas contre. Les Fournier et autres, je les accrocherais bien à ces platanes. Seulement, je me méfie toujours quand on veut aller trop vite. L’aramon ne mûrit pas dans un matin. - Quoi, dit Camboulives qui s’était approché, est-ce que tu trouves qu’on va trop vite, Rouquet ? Justement, tout s’est arrêté sans folie. Les plus raisonnables, dis-moi, ce sont les travailleurs. Leur parole vaut timbre. Le danger n’est pas d’aller trop vite, mais d’oublier comment on a gagné. Les travailleurs ont gagné parce qu’ils se sont mis ensemble. S’ils se séparent, les gros leur reprendront tout. - Alors, santé ! cria le vieil homme. Santé ! Et faites-m’en voir encore beaucoup avant que je ferme les yeux ! » LE RÉVEIL - N° 828 - OCTOBRE 2016 - 19


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L’unité syndicale retrouvée Le mouvement syndical, divisé depuis 1921, retrouve lui aussi, en 1934, face au danger fasciste, les voix d’une unité qui s’avérera salutaire.

Un succès électoral, et un vaste programme social rendu possible par un mouvement de grèves et de revendications exigeantes : le Front populaire, dont on date le commencement à la victoire législative des 26 avril et 3 mai 1936, aura été possible grâce à un processus unitaire construit dans les années précédentes, et dont la réunification syndicale s’est avérée l’un des pivots. Au début des années 1930, la France est en crise. Economique d’abord, subissant plus tardivement mais aussi plus durablement que d’autres les contrecoups du krach de Wall Street d’octobre 1929 aux États-Unis. L’Hexagone s’est fortement industrialisé, avec un développement de la métallurgie et notamment de l’automobile, de la sidérurgie aussi, et de la classe ouvrière. Mais la crise se traduit par un chômage massif, subi en premier lieu par les femmes et les travailleurs immigrés ; et l’aide aux chômeurs ne s’organise que localement. 20 - LE RÉVEIL - N° 828 - OCTOBRE 2016

Depuis les années 1920, le mouvement syndical, qui s’est développé à l’issue de la guerre, a subi une forte répression, en particulier à l’issue des grèves de cheminots (18 000 révocations). Et les débats syndicaux font écho aux grands bouleversements mondiaux, notamment avec l’événement majeur que constituent la révolution soviétique et la fondation de l’Internationale communiste. Des débats, ou oppositions, qui scindent également la gauche politique. Déjà très vifs dès 1914 quant à la guerre (refus ou soutien), les débats au sein de la CGT s’avivent ensuite, tant sur la stratégie syndicale que sur son indépendance visà-vis du politique. Les retrouvailles de 1934 Durant les grandes grèves de 1920, ils scellent une opposition entre les deux courants, qualifiés de « réformiste » et de « révolutionnaire ». En 1921 (un an après le congrès de Tours qui a divisé la SFIO et vu la création du parti communiste), c’est la scission syndicale. Minoritaires, les syndicats « révolutionnaires » sont exclus, mais ils constituent en 1922 la Confédération générale du travail unitaire (CGTU), la CGT devenant celle des « confédérés ». Les militants chrétiens, eux, ont fondé en 1919 la CFTC. Mais la France est aussi en crise politique et morale. Minée par des scandales à répétition, elle est en proie à la montée des forces d’extrême droite antiparlementaires, tandis que Mussolini est au pouvoir en Italie et qu’Hitler y est

parvenu en Allemagne en 1933. La manifestation organisée à Paris par les ligues d’extrême droite le 6 février 1934, alors qu’Edouard Daladier présente son gouvernement à la Chambre, se transforme en émeutes violentes. La CGT y voit la répétition de la Marche sur Rome des fascistes. La CGTU condamne le fascisme, mais aussi la « démocratie bourgeoise » ; la CGT cible avant tout les menaces fascistes sur les libertés et la démocratie. La manifestation du 9 février à l’appel de la CGTU et du PC, interdite, se solde par des morts et des blessés. La CGT avait pour sa part appelé à la grève générale pour le 12 février. Ce jour-là, les cortèges des deux courants syndicaux se rejoignent, et toute la gauche politique se retrouve. Massivement suivie à Paris comme en régions, touchant tous les secteurs, la grève prélude à la réunification syndicale de mars 1936. A l’issue de la grande manifestation du 14 juillet 1935, le programme de la gauche politique unie « pour le pain, la paix et la liberté » s’inspire directement des revendications du syndicalisme qui le ratifie, de même qu’une centaine d’associations. Moins d’un an plus tard, la vie est à eux… I. A. - NVO – juin 2016

Manifestation de femmes de ménage (1936). © Roger-Viollet. Les nettoyeurs et femmes de ménage CGT dans la manifestation du 14 juillet 1936. La vague revendicatrice du Front Populaire a touché tous les métiers. Pour beaucoup de travailleurs, il s’agissait du premier mouvement collectif.


HISTOIRE LE RÉVEIL

Samedi 8 novembre au cimetière parisien d’Ivry,

un hommage a été rendu par « l’Association Nationale des Familles et Fusillés et massacrés de la Résistance française » ce cimetière durant la seconde guerre mondiale. Nous commémorons cette année le 75e anniversaire des exécutions massives de 1941. 1941, c’est l’année du nazisme triomphant et de l’alignement du régime de Vichy sur le Reich. Alignement imposé par l’armistice mais aussi par le zèle à servir l’occupant. L’ARAC était présente avec ces drapeaux et des membres de sa direction nationale et départementale. On notait la présence d’une représentante d’Anne Hidalgo, maire de Paris, des représentants du maire d’Ivry, notamment d’Olivier Beaubillard et du Conseil départemental du Val de Marne. Patrick Staat secrétaire général, Jacques Verrier secrétaire national et Brigitte Contant membre du Bureau National, représentaient la direction nationale de l’ARAC. André Fillère, président de la Mutuelle de l’ARAC et de nombreux militants de l’Association étaient présents également. 828 résistants ont été ensevelis dans le carré des fusillés, victimes des occupants nazis et de leurs collaborateurs français, patriotes antifascistes, soldats sans uniformes, de tous âges, de pays divers, de convictions religieuses, philosophiques et politiques différentes, tous combattirent pour l’indépendance de la France, pour la démocratie, pour la liberté, pour la Paix… « Extrait » de l’intervention le 8 octobre 2016 au cimetière d’Ivry pour la commémoration des fusillés du Mont-Valérien Nous voilà réunis pour rendre hommage à tous les fusillés inhumés dans

1941, c’est aussi l’année de la montée en puissance de la Résistance par le renforcement du Mouvement de Libération Nationale, les créations du mouvement Combat, du mouvement libération et du Front National par le Parti Communiste. Les publications de Témoignage Chrétien, de Franc-Tireur, de Libération Sud, de Combat s’ajoutent à l’Humanité, à Londres, la France Libre se structure autour du général de Gaulle. 1941, c’est l’année de la grève des mineurs du Nord en mai et juin, de grandes manifestations comme celle du boulevard de Strasbourg le 13 août 1941 qui conduira à l’exécution d’Henri Gautherot et de Samuel Tyszelman. Une répression féroce avec des exécutions d’otages, 200 sont fusillés dans des exécutions de masse d’octobre à décembre 1941, 21 à Nantes, 27 à Châteaubriant, 50 à Souge, il faudrait aussi citer Caen, Fontevraud et bien sûr le Mont Valérien en région parisienne.

reuses. Espoir conforté par la situation politique et militaire avec les premiers échecs nazis en cette fin 1941. Sur le front russe, les soviétiques desserrent l’encerclement, Moscou, les américains déclarent la guerre à l’Allemagne et au Japon, Rommel est stoppé aux portes de l’Egypte. Par votre présence vous affirmez que le sacrifice de tous les résistants n’a pas été vain. Nous honorons leur mémoire car leur message est toujours d’actualité. Au sein même de l’Europe alors que des gouvernements appliquent des mesures d’exclusion vis-à-vis d’une partie de leur population, nous tenons à réaffirmer le programme du Conseil National de la Résistance garde toute sa valeur. Face à la barbarie, face à tous les intégrismes, nous affirmons que le progrès social, la démocratie, la lutte contre tous les racismes, sont des valeurs de notre temps que nous continuons à promouvoir. Ainsi nous restons fidèles à la mémoire de nos martyrs. Georges Duffau Epstein, Président de l’Association des Familles de fusillés du Mont-Valérien et d’Ile de France.

Dans ce cimetière parisien d’Ivry près de 850 ont été inhumés durant toute la guerre, guillotinés par le régime de Vichy, ou condamnés à mort par les nazis. 1941, c’est aussi l’espoir pour de nombreux résistants que la guerre se termine et qu’enfin leurs familles soient heuLE RÉVEIL - N° 828 - OCTOBRE 2016 - 21


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Budget 2017 des ACVG « pourrait faire beaucoup mieux » Débat le 3 novembre

Le projet de budget 2017 pour les ACVG a été rendu public le 28 septembre dernier et la Commission de la défense nationale de l’Assemblée nationale a rencontré les Associations le 13 octobre, précédant ainsi le débat sur les crédits qui aura lieu le 3 novembre. Rapide coup d’œil sur son contenu. • LA REGRESSION CONTINUE Le budget devrait s’élever à 2,445 M€ soit une baisse de 67 M€ par rapport à 2016 (- 2,6 %). Depuis le début du quinquennat Hollande le budget a perdu 640 millions d’euros. De quoi satisfaire bien des revendications. Le « Moi Président » ne s’appliquait sans doute pas à la valeur du point de pension qui n’a été relevé que de… 12 centimes depuis 2012 !!! Un record. • LA RETRAITE DU COMBATTANT Présentée avec la mesure contrôle du budget, elle serait relevée de 2 points au 1er janvier 2017 et passerait à l’indice 50. Puis à nouveau de 2 points au 1er septembre 2017, soit l’indice 52. Ce qui porterait son montant à 702 euros au début de l’année, puis à 730. • LA VALEUR du POINT PMI Le « Hic », c’est qu’elle ne bouge pas. Pire, on est dans l’incertitude quant à l’avenir. Il en est ainsi des 0,6 % de relèvement des traitements de la Fonction publique accordé le 1er juillet 2016, mais toujours non représenté sur la valeur du point PMI comme l’exige la loi du « rapport constant ». D’où les inquiétudes pour les 0,6 % annoncés au 1er février 2017 pour la Fonction publique… Par ailleurs, le Secrétaire d’Etat aux AC a annoncé, devant l’Assemblée Générale de l’UFAC, le 29 septembre, un relèvement de 3 % en 2017, issus de l’inauguration de la Fonction publique. Mais rien n’apparaît dans le budget et, suite à nos questions, M. Todeschini vous invite à aller voir le Ministre de la Fonction Publique. C’est pas sérieux ! • AUTRES MESURES ANNONCEES - Augmentation de 100 euros le 1er janvier 2017 pour l’allocation de reconnaissance destinée aux anciens supplétifs, leurs conjoints ou ex-conjointes survivants non remariés. 22 - LE RÉVEIL - N° 828 - OCTOBRE 2016

- Suppression de la condition d’âge (40 ans) pour le bénéfice du supplément de pension en faveur des conjoints ou partenaires survivants ayant au moins un enfant à charge. Cette disposition concerne particulièrement les OPEX. - Un million d’euros supplémentaire pour l’action sociale de l’ONAC dont le budget est porté à 26,4 M€. Ceci étant, nous attendons toujours le rapport promis aux parlementaires et au Mouvement ACVG par le Secrétaire d’Etat aux AC, quant au bilan de l’aide sociale 2016 ayant remplacé le système de l’allocation différentielle au conjoint survivant. Alors nous pourrons savoir si ce budget suffira à faire face aux demandes toujours plus nombreuses. • CAMPAGNE DOUBLE Si M. Todeschini reconnaît « l’erreur » qui a exclu les régimes de pensions spéciaux (SNCF, RATP, Hospitalier, etc.) de ce droit à campagne double – et si il a déclaré oralement à l’Assemblée Générale de l’UFAC qu’il allait la réparer (comment ?) – il refuse toujours catégoriquement de modifier les critères injustement imposés créant une inégalité du droit à réparation entre les AC/ATM fonctionnaires et leurs aînés de toutes les guerres depuis 14-18. Pas question de prendre – comme le veut la loi de 1924 – la durée du séjour de l’intéressé. « Vous verrez avec les suivants » nous lance-t-il ! Pas optimiste sur son sort, le Ministre… • POLITIQUE MEMORIELLE Elle se veut « ambitieuse, audacieuse et fidèle à la diversité de nos mémoires » affirme ce projet de budget. Ses moyens ? 22,2 M€ pour poursuivre le centenaire 14-18 (entrée en guerre des USA, le Chemin des Dames, Vimy), la rénovation des Nécropoles et Haut Lieu de Mémoire (Le Mont Faron en mars 2017), la première place d’un Mémorial OPEX à Paris, la rénovation de l’Institut National des Invalides… • UN BILAN PAS GLORIEUX Dernier bilan du quinquennat Hollande, s’il est « moins mauvais » que les précédents, c’est que les élections 2017 obligent. Mais il est trop pour rattraper une situation qui voit un contentieux s’aggraver (refus de débattre sur le retard de la valeur du point PMI – LA QUESTION MAJEURE qui concerne TOUS les ACVG – refus d’aborder la situation des militaires en Algérie après le 2 juillet 1962, refus de réparer les dégâts de variations des essais atomiques français, d’accorder la Reconnaissance de la Nation aux réfractaires au STO, aux Patriotes Résistants à l’Occupation, gel du problème des orphelins, notamment des Résistants tombés les armes à la main dans le combat contre l’occupant nazi, etc.). La liste n’est pas exhaustive. Et pour le « Moi Président, je… » n’est pas le soldat d’Austerlitz, mais plutôt Waterloo.


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Commission de la Carte du Combattant La commission nationale d’attribution de la Carte du Combattant s’est réunie le 22 septembre 2016 en la salle du Bleuet de France de l’ONACVG aux Invalides à Paris. Elle a examiné 8 285 dossiers de demandes auxquels elle a attribué la carte du combattant, soit 7 pour 39/45, 10 pour l’Indochine, 934 pour la guerre d’Algérie (dont 219 « à cheval » sur le 2 juillet 1962), 68 pour les combats au Maroc, 34 pour les combats en Tunisie et 7 232 OPEX (dont 5 321 pour 120 jours de présence). Parmi cette catégorie, 1 491 pour l’ex-Yougoslavie, 968 pour l’Afghanistan, 966 pour l’opération Barkhane (Afrique noire), 827 pour le Tchad, 596 pour la Côte d’Ivoire, 566 pour la République Centrafricaine, 491 pour la République du Liban et Israël, 428 pour le Mali, 289 pour le Liban, etc.

➢ Par contre, 928 rejets ont été prononcés (24 pour 39/45, Indochine 4, ATM 483, Hors périodes 150, OPEX 267). ➢ Plus ou moins officiellement, les OPEX seraient 250 000 à 280 000. Depuis 1993, plus de 140 000 cartes du combattant ont été attribuées dont 99 395 depuis 2010 (dont 29 600 attribuées au titre des 4 mois de présence, soit loin des 50 000 prévues par an). ➢ Côté ATM : 11 444 cartes ont été attribuées « à cheval » sur le 2 juillet 1962 (au lieu de 8 000 prévues) ➢ Prochaines réunions de la Commission : 6 décembre 2016 et 7 février 2017.

Bulles de Mémoire - Concours de BD Chaque année, l’ONACVG – avec le concours du Musée de l’Ordre de la Libération – organise un concours national ouvert aux jeunes de 11 à 20 ans, soit à titre individuel, soit par groupe de 3 ou par classe. Le concours 2016-2017 est ouvert jusqu’au 30 mars 2017, date ultime de la remise des BD. Celles-ci doivent être inédites et comprendre de une à trois planches pour le format A3 (297 x 420 mm) ou deux à cinq pour le format A4 (210 x 297 mm). Pas de format obligatoire, toutes techniques autorisées (crayon, fusain, feutre, aquarelle, peinture acrylique, tablette graphique, etc.), noir et blanc, monochrome, couleurs. Le thème de cette année est : « La guerre ailleurs ». Soldats du Commonwealth et des colonies à Verdun, dans la Somme, le front d’Orient… 1940, les premiers ralliements, les combats d’Erythrée et du levant, les fronts européens (front russe, front d’Orient), la guerre d’Indochine, celle d’Algérie, les OPEX, etc. L’Histoire peut se dérouler pendant la guerre ou après et il ne s’agit pas tant de dessiner la guerre que SUR la guerre (souvenirs, évènements, rencontre, traumatisme, etc.) pour faire passer un message au choix par la BD. Le règlement et les dispositions d’inscription sont disponibles auprès des services départementaux de l’ONACVG… ou de l’Arac.

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10e édition du Concours national des Petits Artistes de la Mémoire de la guerre 1914-1918,

organisé par l’ONACVG Cette année encore, le concours a rencontré un beau succès, 202 classes y participant soit environ 6 000 élèves en métropole et outre-mer, ainsi que 5 classes françaises à l’étranger (1 à Dubaï et 4 aux Etats-Unis). Le jury – qui a eu fort à faire pour départager les concurrents, tant les travaux fournis étaient de qualité – s’est réuni le 15 septembre aux Invalides à Paris, (salle du Bleuet de France de l’ONACVG) sous la présidence de Mme Rose-Marie Antoine, Directrice générale de l’ONAC, André Fillère y a participé. Les délibérations, commencées à 9 heures, se sont terminées à plus de 17 heures. Voici les résultats : 1er prix : « Acquarone Barthélémy », Ecole Nikaïa de Nice (06), classe de Mme Magnan ; 2e prix : « Mémoire d’un officier corse, Ber

nard Benedetti », Ecole de Ghisonaccia (2B), classe de Mme Emmanuelle Mata ; 3e prix : « Camille Moyniez », Ecole de Ramecourt (62), classe de Mme Emilie Crépy ; Mention originalité : « Une histoire à deux voix », Ecole des Bruyères de Vireux-Wallerand (08), classe de Mme Védrine ; Mention artistique : « Mémoires du caporal Louis Renaud », Ecole Robert Doisneau de Commequiers (85), classe de M. Christophe Boucard ; Mention pédagogique : « Itinéraire d’un poilu », Ecole primaire de Sausalito – Lycée français de San Francisco (Etats-Unis) de Mme Elsa Linossier ; Mention numérique : « Au bord cendré de la Meuse », Groupe scolaire Emile Durheim d’Epinal (88), classe de M. Dominique Andrès.

La remise des prix aura lieu le 3 novembre à Verdun, champ de bataille symbolique de la guerre 1914-1918. Le concours 2016-2017 est déjà ouvert et l’ARAC en est partenaire. Il concerne les classes de CM2, mais les CM1-CM2, voire les CE2-CM1-CM2 peuvent y participer. Les inscriptions se font auprès des Services départementaux de l’ONAC qui fourniront toutes les indications nécessaires à la participation. Nous tenons également à disposition le règlement 2016-2017 et la fiche d’inscription.

> A Douchy-Les-Mines, la mémoire en relais… Depuis de nombreuses années déjà, dans un partenariat efficace avec la section des anciens combattants, les écoles de la commune et l’école municipale de musique, la ville de Douchy-Les-Mines cultive le relais de la mémoire entre les générations. Des moyens sont ainsi mobilisés pour lutter contre l’oubli, mieux comprendre le passé, pour mieux appréhender l’avenir dans la paix. Chaque célébration de l’armistice du 11 Novembre 1918 est ainsi mise à profit pour un travail de fond sur la mémoire et la citoyenneté en direction des écoles. La préparation en amont de cette commémoration avec les scolaires aboutit à chacun de ces rendez-vous à une participation massive des enfants des écoles et de leurs parents à ce temps fort de la vie de la mémoire dans la commune. Ce relais se transmet fidèlement d’année en année. Un bel exemple pour se passer le flambeau de la paix entre les générations. Cette commémoration se poursuit aussi à d’autres moments de l’année scolaire par la visite des élèves accompagnés des anciens combattants, des sites de Vimy et de Notre Dame de Lorette dans le Pas-de-Calais par exemple. À noter enfin, la création récente à Douchy-les-Mines, d’un comité de l’ARAC qui œuvre déjà à la célébration du centenaire de l’association autour notamment de l’œuvre d’Henri Barbusse. 24 - LE RÉVEIL - N° 828 - OCTOBRE 2016


VOS DROITS LE RÉVEIL

Le bilan de François Hollande au plan des Anciens Combattants et Victimes de Guerre Au cours des trois derniers quinquennats (J. Chirac, N. Sarkozy, F. Hollande) la retraite du combattant est passée de 425,37 euros annuels à 673,92, soit une augmentation de 248,55 euros (+ 24,72 %). Dans le même, la valeur du PMI servant au calcul du montant de la retraite du combattant, des pensions de guerre, hors-guerre et civils de guerre, victimes des attentats terroristes comprises) a évolué de 12,89 euros à 14,04, soit + 1,15 euros (+ 10,43 %). En cette fin du quinquennat F. Hollande, la période n’a été guère florissante pour les ACVG : Si l’on prend en compte les 2 points annoncés au 1er janvier 2017, seulement 89,52 euros de plus pour la retraite du combattant (soit 32,36 % du total des augmentations) et douze misérables petits centimes de majoration du point de pensions PMI soit à peine 10,4 % du total des relèvements ! Il est plus que temps que le budget 2017 bénéficie d’un coup d’accélération beaucoup plus important au plan des mesures annoncées ; sinon le bilan ACVG de F. Hollande relèvera – sur ce plan – du bonnet d’âne.

Traumatisme de guerre

et Médaille des blessés Un décret du 17 août 2016 a modifié les conditions et modalités de l’octroi de la Médaille des blessés de guerre, laquelle concerne désormais également les victimes des traumatismes de guerre. Le texte précise notamment que : « les militaires atteints d’une blessure de guerre, physique ou psychique, constatée par le Service de santé des Armées et homologuée par le Ministère de la Défense », ainsi que « les prisonniers de guerre blessés physiquement ou psychiquement au cours de leur détention » ont droit au port de la Médaille (Article 2 du décret). ➢ Cette médaille concerne également les OPEX, l’article 1 stipulant expressément que celle-ci « témoigne de la Reconnaissance de la Nation aux militaires blessés à la guerre ou à l’occasion d’une opération extérieure ». ➢ De fait, l’article 4 de ce décret abroge la loi du 8 novembre 1952, sans remettre en cause les médailles déjà attribuées aux déportés, internés, résistants et autres titulaires actuels.

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Nguyen Phuc Ky Un homme véritable, vient de nous quitter Il était toute discrétion et toute modestie. Et pourtant, le parcours de vie de Phuc Ky doit susciter notre admiration sans borne. Né en 1922 en Indochine, il était gardien de buffles à huit ans. A dix-sept ans, le certificat d’études en poche, il s’engage comme interprète dans la MOI (main-d’œuvre indochinoise) pour travailler en France. Débarqué à Marseille avec cinq cents ouvriers, il est affecté comme ouvrier non spécialisé à Toulouse dans une poudrerie où il devient agent de maîtrise en 1939. Lors de l’occupation nazie, il est embarqué pour retourner en Indochine mais le bateau est arraisonné par les britanniques au large de l’Île Ste Hélène, le 18 mai 1941. Il est alors prisonnier de guerre en Afrique du Sud. Avec l’accord des britanniques, il peut s’engager dans les forces françaises libres. Il participe aux campagnes de Lybie et d’Italie puis à celle de France, jusqu’à St Dié dans les Vosges. Après la Libération, Phuc Ky quitte

l’armée et s’engage comme manœuvre au Havre. Puis, après être passé par Toulouse, il est engagé comme fraiseur aux usines Peugeot à Sochaux. Il devient rapidement ajusteur. Devenu ajusteur P2 chez Renault, poursuivant ses études en autodidacte il devient dessinateur – projeteur en bâtiment. Il suit le Conservatoire des Arts et Métiers. Après avoir été projeteur – calculateur e, il est ingénieur en 1956. Mais l’ascension professionnelle de Phuc Ky se conjugue avec ses engagements citoyens de vietnamien et de français. Dès 1947, il s’engage dans l’Union des Travailleurs pour mener la lutte anticolonialiste des vietnamiens soutenus par les communistes et la C G T. Quelques années plus tard, Phuc Ky est Président des ingénieurs et techniciens à l’Union des Travailleurs, puis chargé des relations extérieures. En pré-retraite en 1980, Phuc Ky se met à la disposition de l’ambassade du Vietnam en France où il utilise et

transmet toutes ses connaissances techniques. C’est dans ses responsabilités que l’ARAC connut Phuc Ky, lorsque nous envoyâmes au Vietnam 330 tonnes de matériels en collaboration avec les syndicalistes de l’EDF, pour aider le Vietnam indépendant. De cette rencontre est né notre combat commun pour la fondation du Village de l’Amitié de Van Canh, devenu aujourd’hui la fierté des Anciens Combattants pacifistes américains, britanniques, japonais, vietnamiens, allemands, canadiens, où sont soignés 140 enfants victimes de l’agent orange, ce poison épandu par l’armée américaine, élaboré par Monsanto et qui tue des millions d’humains encore aujourd’hui sur tous les continents. Depuis les années 1990, un quart de siècle s’est écoulé mais je n’oublierai jamais, comment ensemble, avec Phuc Ky, nous avons résisté au scepticisme de tous ceux qui doutaient qu’il fut possible de réaliser le rêve de ceux et celles qui voulaient faire œuvre de Paix après avoir été jetés comme participant aux œuvres de mort. Phuc Ky, modestement, discrètement mais efficacement, comme il l’a fait durant toute sa vie, a pris la responsabilité de la trésorerie du Comité Français pour la Construction du Village de l’Amitié puis du Comité International. La longue marche de notre Camarade Phuc Ky, membre du Comité d’Honneur de l’ARAC, s’est terminée au milieu des siens dans sa maison de Palaiseau. Jusqu’au bout, il est resté attaché aux efforts du Comité Français pour le Village de l’Amitié de Van Canh. A nous, il nous appartient de continuer les combats qu’il a menés toute sa vie pour la Liberté de tous les peuples, pour la Paix et la Fraternité entre tous les humains, pour l’avenir heureux de tous les enfants du monde. Georges Doussin.

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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

L’ARAC de l’Oise honore ses Responsables

A quelques kilomètres de la Maison d’Ecrivain d’Henri BARBUSSE, à l’occasion du centenaire de son livre « LE FEU », le Comité Départemental a organisé une cérémonie de remise de médailles de reconnaissance « Etoile » de l’Office Républicain des Mérites Civiques (Civils et Militaires). Etait présents le Directeur Départemental de l’ONAC de l’Oise M. J-F ODENT, le Président de l’UDAC M. Le Colonel J. GAGNIARD, un Conseiller Départemental M. A. BLANCHARD, plusieurs responsables d’Associations d’Anciens Combattants et des parents et des amis. Le Vice-président National de l’ARAC et de l’UFAC, Paul MARKIDES, après lecture de la création et de la mission de l’Office, André COFFIN Président Départemental de l’ARAC fit l’appel des récipiendaires et retraça leur carrière professionnelle et leur action militante dans la vie civique, sociale et associative. Paul MARKIDES décora chaque récipiendaire de l’Etoile de Bronze pour leur action militante, en particulier dans leur section ARAC. Ont reçu l’ETOILE de Bronze : Mme Josette BONPAIN (Rantigny), MM. Christian GERARD (ULAC Montataire), Jean-Claude FLAMENT (Libre Pensée Oise), Jean RUSAK (Nanteuil le H.), Jean-Claude VERON (Thourotte-Compiègne). Ce même jour, au même lieu André COFFIN recevait les insignes d’Officier de l’Ordre National du Mérite remises par M. le Colonel GAGNIARD (Commandeur de la Légion d’Honneur), après que M. Jean Massa Secrétaire Départemental ARAC eut présenté sa carrière

professionnelle, son action militante, syndicale, municipale (élu pendant 24 ans dont 18 ans de maire-adjoint) sociale et associative (administration d’un centre social rural, d’une association d’insertion) culturelle (président d’une Association d’Histoire et Archéologie). Il est également Délégué Départemental de l’E.N. et Secrétaire général de l’UDAC de l’Oise. A quelques mois du Centenaire de la création l’ARAC cette cérémonie montre la vitalité de l’ARAC de l’Oise.

Gironde (33) Le 15 septembre dans les rues de Bordeaux : l’ARAC s’engage ! Non à la casse du Code du travail : les adhérents et militants de l’ARAC, comme partout en France, s’engagent dans la mobilisation de refus de la misère, pour le progrès et les libertés. Dans le cortège, les adhérents des sections de Pessac, Bassens, Cavignac et de Dassault-Aviation de la Gironde, notamment, qui avec les milliers de manifestants, malgré les provocations ont affirmé leur volonté de faire vivre les valeurs de la République et de l’Arac. L’action, l’initiative, c’est aussi la préparation offensive de trois débats qui se tiendront sur le département : – 11 octobre, sur la réforme territoriale et la métropolisation, – 10 novembre : autour de la réhabilitation des « Fusillés pour l’exemple », les

questions de Paix et désarmement, la Nation et le Citoyen soldat et soldat-citoyen, – Le 13 décembre : Café-repaire : la pensée de Barbusse. De 1789 à Valmy. C’est aussi, le moyen offensif d’engager la préparation de notre Congrès du Centenaire. Régis SAPHORES.

GIRONDE (33) L'ARAC-33 présente au Rassemblement pour la Paix le 24 septembre à Bordeaux, Parvis des Droits de l'Homme, entre l'Ecole Nationale de la Magistrature et le TGI : tout un symbole !!!!. Dans son intervention, l'ARAC a réaffirmé ses valeurs pour la Paix, le Progrès Humain, la Solidarité et la Laïcité. Nous avons renouvelé une fois de plus le fait que, plutôt que de faire la guerre, la FRANCE s'honorerait à mener une politique extérieure basée sur l'intérêt de Peuples, la coopération et le renforcement de l'ONU refondée, participant ainsi à la construction d'un "monde de

Droits, de Progrès et de Libertés contre un monde de Dominations". Merci au Réveil des Combattants pour la Paix, de pouvoir insérer ce témoignage du 24 septembre. Régis SAPHORES.

LE RÉVEIL - N° 828 - OCTOBRE 2016 - 27


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Hommage à Georges Séguy

Le 20 septembre, un vibrant hommage était rendu à Georges Seguy par la CGT à Montreuil, siège des Fédérations et de la Confédération de la CGT en présence de sa sœur et de ses enfants et petits-enfants. Ce bâtiment majestueux qu’il avait luimême inauguré en 1982, a rassemblé des centaines de personnes, de personnalités, des Associations dont l’ARAC avec entre autre la présence de son Secrétaire Général. Philippe Martinez, Pierre Laurent, Patrick Bessac et de nombreux élus et dirigeants étaient présents. « La CGT est en deuil », déclarait Philippe Martinez, actuel secrétaire général de la centrale syndicale, qui a évoqué « un homme pétri de convictions et de courage, un homme fait de pudeur, de simplicité, un homme qui aimait la vie ». Avec un objectif, simple mais ô combien louable : « agir pour un monde meilleur et pour le progrès social ». « Jusqu’au dernier moment, malgré les coups durs de l’existence, il est resté disponible, prêt à se mobiliser pour une cause qu’il considérait comme juste. » Et de brosser le portrait d’une vie au service du peuple : grève des cheminots, dont il deviendra secrétaire de fédération en 1947, avant d’être à la tête de la première centrale syndicale de France en 1967, ce qui le place au premier rang pour défendre les ouvriers lors des grèves de 1968. Car la grève victorieuse des mineurs, en 1963, appelle Philippe Martinez, 28 - LE RÉVEIL - N° 828 - OCTOBRE 2016

et « l’accord d’unité d’action signé en janvier 1966 avec la CFDT » ont fait que la CGT « pesait de plus en plus dans le rapport de forces ». Aux côtés de Benoit Frachon et Henri Krasucki, il négocie les accords de Grenelle, arrachant « l’augmentation de 35 % du salaire minimum, la législation des sections syndicales d’entreprise, etc. ». Après avoir démocratisé les instances de la CGT, il a voulu faire entrer la jeunesse dans le syndicat, s’écriant, lors du 41e congrès de Lille : « Envahissez-nous ! » Pierre Laurent, soulignait : l’engagement a son parti, le PCF, auquel, dès son retour de Mauthausen, très affaibli, « il proposa le jour même ses services ». « Un communiste des pieds à la tête » qui voulait pourtant « l’indépendance syndicale ». Mais pas comme une « prise de distance avec la politique » : « Georges plaidait pour la politisation du mouvement ouvrier », par « l’engagement dans la vie sociale, l’évolution

de l’esprit de responsabilité, et plus généralement la plus grande participation des salariés à la vie du pays ». Une vision de l’action syndicale déjà ancrée dans la modernité.

Loiret (45) Hommages émus à Georges Séguy

Environ 300 personnes ont assisté aux obsèques de l’ancien leader de la CGT, dont Philippe Martinez et JeanLuc Mélenchon. Le résistant déporté à Mauthausen, secrétaire général de la CGT lors de mai 1968, inspire respect et admiration. Le comité départemental du Loiret sur la stèle de G. SEGUY, il habitait près de Montargis depuis 40 ans.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Brest (29) Section de Brest au vernissage de l’exposition 14-18 qui a eu lieu du 2 au 27 mai.

Finistère (29) L’ARAC du Finistère aux cérémonies du 14 juillet 2016 à Brest.

Val-de-Marne (94) Hommage annuel à Henri Barbusse Le 24 septembre par une belle journée d’automne le comité départemental a rendu un vibrant hommage à Henri Barbusse. C’est Raphaël Vahé, président national qui a lu des textes de l’auteur du « Feu ». Le maire de la ville de Fontenay, Jean-Philippe Gautrais, accompagné de plusieurs maires-adjoints a prononcé une intervention rappelant le rôle d’Henri Barbusse. Dans l’assistance, on notera la présence de Patrick Staat secrétaire général, Jacques Verrier secrétaire national et Gilles St Gal Vice-Président du conseil départemental. Cette initiative s’est tenue lors d’un conseil départemental de l’ARAC 94. Extrait du discours de Jean-Philippe Gautrais, maire de Fontenay-sous-Bois : « Je tiens à remercier l’association, particulièrement en cette période de troubles, de tragédies et de comportements détestables qui fracturent en France et dans le monde, où l’on entend et où l’on lit en permanence des propos qui divisent et blessent notre société, il est important de se souvenir et de commémorer celles et ceux qui ont fait le choix de la paix. Le choix de la paix, en pleine conscience et connaissance de ce qu’a été la guerre. Henri Barbusse fut de ceux-là. On oublie trop souvent que sa vie entière fut un combat pour la paix.

Premier président de l’ARAC, il fut l’un de ceux qui permirent l’existence de la Charte du Combattant. L’ARAC, organisation créé en novembre 1917 pour regrouper les anciens combattants de gauche qui soutenait de la révolution bolchevick, avait dans ces objectifs d’obtenir pour les millions de victimes et leurs familles des pensions en dédommagement du service rendu. Barbusse, premier président de l’ARAC, consacre les années qui suivent la guerre jusqu’à sa mort en 1935, au militantisme et à la défense de la paix. Il accumule les « actions ». Le mouvement et la revue Clarté en 1919, l’hebdomadaire Monde en 1928, l’Association des Ecrivains et Artistes Révolutionnaires en 1932 (avec Aragon, Malraux, Vaillant-Couturier, Nizan…), le Congrès d’Amsterdam, le Comité mondial contre la guerre et fascisme, qu’il présida. Cette vie et ce combat résonne avec une acuité particulière aujourd’hui. Et nous rappelle le soin de se souvenir et de continuer à mener ce combat qui fut le sien et qui est aujourd’hui encore celui de l’ARAC.

Marches pour la Paix du 24 septembre 2016 L’ARAC présente dans les Rassemblements

Paris

Rennes, présence de drapeaux de l’ARAC de 3 départements et des banderoles. Distribution lors de la manifestation de la déclaration nationale de l’ARAC. LE RÉVEIL - N° 828 - OCTOBRE 2016 - 29


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Marseille (13) Jeudi 13-09-2016 section Arac Saint Just. Remise de la Légion d’Honneur à titre militaire à notre adhérent Henri Trovato ancien ATM par notre Président d’Honneur Michel Caciotti. Présence des élus du secteur, amis et famille du récipiendaire, beaucoup de fierté mais aussi d’émotion, le verre de l’amitié termina cet après-midi.

Nos peines ■ ALLIER (03) Gannat : Auguste BREVET, AC ATM ■ ALPES-MARITIMES (06) Vallauris : Yves OURLIAC, AC 39-45 ■ BOUCHES-DU-RHONE (13) Vellutini-St Just : Antoine LAMARCA, 76 ans, AC ATM

A la tribune, on reconnaît : Robert Charvin, Ginette Skandrani, un ami libyen, Marcel Cecaldi, Kamis Zanati.

■ FINISTERE (29) Brest : Narcisse NENEZ, AC ATM Fouesnant : Marcel GLEVAREC, AC ATM

Un colloque pour faire le point de la situation en Libye était organisé le vendredi 30 septembre à l’initiative du comité permanent de la défense des droits du peuple libyen. Un échange a eu lieu autour de la situation dramatique du pays et de la responsabilité dans cette malheureuse réalité de l’OTAN, de la France, des USA et de certains pays arabes. Des milliers de morts, deux millions d’exilés, des arrestations, des tortures, etc. Ce peuple vit dans un chaos permanent et voit ses richesses nationales accaparées par des sociétés occidentales. Notre organisation, invitée, a participé à cet échange.

■ PUY-DE-DOME (63) Issoire : Mme Jeannine DIMET, veuve. ■ SEINE ET MARNE (77) Compans : Roger HOUDRE, AC 39-45 ■ VAR (83) Fréjus-St Raphaël : Guy VERDIER ■ VENDEE (85) La Roche sur Yon : Elie JOURDAN, 81 ans, AC ATM

Tombola de Noël du Réveil

AC rnal de l’AR ans du Jou ines o r les 85 Po Pou P s républica re les valeur Pour défend la Solidarité oo fr anadddoo. ana wana nts@ Pour l’Amitié, batta - reveil-des-com F EJUI VILL 7 dien - 9480 2, place du Méri

16 TOMBOLA NOEL 20

LE CICE, UN SCANDALE D’ETAT ?

VERDUN, 300 000 MORTS POUR RIEN

LES ESCLAVES DU GOLFE

100 ANS ARAC

DE ALSTOM SABOR RIELL SON SITE INDUST DE BELFORT

BRESIL : COUP D’ETAT PERMANENT

Juillet-Août 2016 - N° 826 - 5 €

NON À LA CASSE DU CODE DU TRAVAIL, TRAVAIL enir ABROGATION DE tre av as no LA LOI EL KHOMRI n’est p anité e e br r rr em e sept l’hum Le 15 rues La gu lu ns les ui de Tous da nce Ni cel de Fra 27 827 re 2016 - N°° 82 bre Septemb

Philippe Rio, Alain Desmarest, Didier Guillaume, Jacques Verrier, Patrick Staat.

24 septembre 2016 Marche pour la Paix Paris - Le Havre - Rennes Strasbourg - Dijon - Lyon Grenoble - Marseille - Toulouse Brive - Tours - Blois - Orléans…

30 - LE RÉVEIL - N° 828 - OCTOBRE 2016

S BATTANTS

S COM LE RÉVEIL DE Cette année encore, une voiture est en jeu e pour la 6 année consécutive. Un cadeau exceptionnel dont ont profité déjà, 5 amis et camarades de l’ARAC du Puy de Dôme, du Nord, de l’Essonne et de Bouches e ête veil, ça se fêt du Rhône. 85 ans du Ré e soutien tre otr Apportez vo A N’hésitez pas à nous renvoyer le carnet de bon n E A GAGNER RE de soutien avec un chèque en utilisant l’enve-- U UNE VOITUR voiture. reuxx lots dont une de nombreu ion ibut agnants os ggag de l’attr loppe T. des numéros Tombola assortie mbre 2016. La liste . 2017 ier aura lieu en déce e janv tirag de Le e des Combattants anisateur. eil l’org à Rév is le s acqu dan nt Cette année du 85 anniversaire du Réveil, partii- paraîtra non réclamés au 31 mars 2017 sero Les lots ciper à la tombola, c’est contribuer à ce que notre re journal, écrit entièrement par des bénévoles, continue ti à jjouer son rôle ôl d’éd d’éducation et de mémoire, continue à porter la voix et les combats de l’ARAC. Notre journal perpétue tous les engagements de nos prédécesseurs, de nos créateurs. Vous trouverez un carnet dans les numéros d’octobre et de novembre, alors n’hésitez pas, autour de vous, à inviter des amis, la famille, à soutenir notre journal par l’achat de ce carnet à nous retourner dans l’enveloppe T. Utiliser la tombola, c’est aider le journal face à ses difficultés financières. Presse Édit

une rencontre avec les ambassadeurs pour la paix de la ville de Grigny (91), a eu lieu à Choisyle-Roi (94) sur la « péniche de la paix » appareillée en partenariat avec l’Association Française des Communes et Départements et Régions pour la paix et le Val-deMarne. Une soirée autour du thème « Cultivons la paix », en présence de jeunes, d’élus, d’associations dont l’ARAC a permis de nombreux échanges et témoignages.

■ CONSEIL NATIONAL Bagneux : Raymond ROLLAT, 71 ans,

Imprimerie Rivet

Dans le cadre de la semaine pour la paix,

■ ESSONNE (91) Les Ulis : Roland GODEMENT, 77 ans, AC ATM Saulx les Chartreux : Guy GRAVADE, 82 ans, AC ATM

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Créé Cré en 1931, notre journal, successeur ces de l’anti guerrier et du Feu, Fe grâce à vous pourra continuer nu son action, d’éducation, de mémoire, de combat pour la Paix, pour ouvrir un espoir et une vie meilleure aux générations ra d’aujourd’hui et de demain. m

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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Il y a dix ans, Guy Lamothe Il y a dix ans Guy Lamothe, Vice-Président d’honneur de l’ARAC, nous quittait, victime d’une crise cardiaque. Né en 1923, la vie de Guy fut un long chemin de lutte. Ouvrier métallo, résistant de la première heure, il combat dans le maquis jusqu’à la Libération. Capitaine FTP, démobilisé d’office, il devient immédiatement militant de l’ARAC. Il y sera actif jusqu’à sa mort. Passionné de l’Histoire, il sera la mémoire vivante de l’Histoire de l’ARAC. Aujourd’hui, dans cette période dramatique où il nous faut, plus que jamais, résister à tous les ennemis de l’humanisme, à tous les fabricants de mort et de misère, à tous les adversaires de la fraternité humaine, Guy Lamothe reste, dans notre mémoire, celui dont nous devons continuer les combats. Georges Doussin

Après-Nous Celestino Alfonso – Groupe Manouchian (Patrick Fort – Editions Arcane 17 – 14 euros) - Préface Didier Daeninckx Celestino Alfonso, l’Espagnol « Rouge » fusillé avec ses copains MOI du groupe Manouchian le 21 février 1944 au Mont-Valérien, oncle de notre Camarade Jean Estivill (fils de Brigadiste international en Espagne Républicaine), Président de l’ARAC de Savigny sur Orge (91)… Célestino Alfonso, l’un de « ses étrangers et nos frères pourtant… qui criaient la France ! en s’abattant ». Il avait 28 ans et avait combattu le franquisme, le nazisme, le fascisme au côté de la République Espagnole, avant de rejoindre la Résistance communiste en France. « Même sans espoir, la lutte est encore un espoir » (Romain Rolland, l’Ame enchantée). Beaucoup de talent et d’originalité dans cette écriture qui choisit de nous raconter les quatre derniers mois de la vie des Célestino, du 17 novembre 1943 (date de son arrestation à Ivry) au 21 février 1944 où il tombe sous les balles nazies. Qu’at-il subi ? Qu’a-t-il pensé, espéré, haï ? C’est en se risquant dans la peau de son héros, en parlant avec le « Je » que se développe ce récit court et poignant, avec le souci de la vérité historique et de la grandeur du combat de ces partisans, immortalisés « a contrario » par « l’Affiche Rouge » nazie, stigmatisant « l’Armée du crime », l’Armée de la Résistance du peuple de ces inconnus dont « à l’heure du couvre-feu, les doigts errants avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA France et les mornes matins en étaient différents » (Louis Aragon). Avec, autre apport indispensable, le rappel de Clémens Ruther, sous-officier allemand, catholique antinazi, qui prit à la dérobée les trois seules photos connues des fusillades au Mont-Valérien, dont celles de Célestino et du groupe Manouchian. Un acte de résistance silencieux, transmis au Comité allemand Franz Stock (Aumônier allemand qui officia un temps auprès des condamnés du Mont Valérien, surnommé par eux « l’Archange dans l’Enfer ») lequel comité les transmis en 2003 à l’ECPAD (Etablissement photographique des Archives de la Défense) au Fort d’Ivry (94) qui ne vit dans ces documents que « reconstitution ». Finalement, ce serait Klarsfeld qui les auraient authentifiés. Merci à Patrick Fort de nous rappeler que l’un des soucis constants de ces Résistants contre le nazisme et pour la libération de la France… C’était notre avenir à NOUS, pour lequel ils œuvraient, donnaient leur vie pour NOS jours heureux. Soixante-douze ans APRES, nos luttes LES continuent.

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75e Anniversaire des fusillés de Châteaubriant Le 22 octobre 1941, 27 otages, prisonniers du camp de Châteaubriant sur désignation du Ministre de Pétain le sinistre Pucheu sont fusillés dans la carrière. Sont également parmi les premiers fusillés du 22 octobre, 21 otages de Nantes, 5 du Mont Valérien et les 23 et 24 octobre, 50 otages du camp de Songes. Ils étaient résistants, militants, responsables de fédérations ou syndicats CGT, dirigeants de l’ARAC, conseillers généraux ou départementaux. Comme le disait si bien Georges Politzer lui-même fusillé en 1942. « Les barbares voulaient les tuer, ils les ont rendus immortels ». C’est grâce à eux, à toutes celles et à tous ceux, qui dès les premières heures de l’occupation et même avant en étant au côté des Républicains Espagnols se mobilisèrent, que le Conseil National de la Résistance dont nous fêtons cette année le 73e anniversaire de sa création le 27 mai 1943, a pu voir le jour. Le programme ambitieux, approuvé à l’unanimité le 15 mars 1944, a été mis en place dès l’issue de la guerre dans une France détruite par 5 années de combats.

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