Le réveil des combattants - Novembre 2016

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LES JEUNES SONT LOIN D’ÊTRE TOUS LOGÉS À LA MÊME ENSEIGNE

HENRI BARBUSSE, L’ENGAGEMENT POUR LA PAIX

L’AMÉRIQUE DES OUBLIÉS A VOTÉ

Novembre 2016 - N° 829 - 5 €

Liberté, égalité, fraternité, laïcité, souveraineté, des idées neuves

« L’avenir est dans la main des esclaves, et on voit bien que le vieux monde sera changé par l’alliance que bâtiront un jour entre eux ceux dont le nombre et la misère sont infinis ». Henri Barbusse


Fédération des Travailleurs de la Métallurgie CGT Case 433 - 263, rue de Paris 93514 Montreuil cedex http://www.ftm-cgt.fr F.S/md Tél : 01 55 82 86 11 Fax: 01 55 82 86 54 E-mail: secretariat.general@ftm-cgt.fr

ARAC 2 Place du Méridien 94807 VILLEJUIF CEDEX Tél : 01.42.11.11.11 E-mail : arac.nationale@orange.fr

Montreuil, le 14 novembre 2016 Une rencontre de travail s’est tenue le 11 octobre 2016 entre la direction de la Fédération de la Métallurgie CGT représentée par Frédéric SANCHEZ et le Secrétariat National de l’ARAC représenté par Patrick STAAT. Fortes de leurs combats pour la Paix, la solidarité, l’amitié avec les peuples du monde, fortes de leurs actions pour le progrès social et le respect des valeurs de la République, fortes de l’expérience de chacune sur les enjeux de formation, de réinsertion des salariés, des anciens combattants, des OPEX. La CGT métallurgie et l’ARAC ont décidé d’unir leurs efforts pour s’opposer aux projets du gouvernement et de l’ONAC sur le démantèlement organisé dans les établissements de santé et des 9 établissements de formation et de réinsertion. Il est observé une dynamique de protestations, d’actions dans le pays contre les attaques concertées du patronat et gouvernement concernant l’ensemble du contrat social, la protection sociale, les dispositifs d’accueil, de réinsertion de l’Office national des ACVG placés sous tutelle du Ministère de la Défense. Il convient de donner de l’ampleur aux mobilisations au regard de l’enjeu pour l’ensemble du monde du travail. Rien n’est joué. L’ARAC et la FTM CGT appellent les militants de leurs organisations respectives à se rencontrer dans les meilleurs délais pour décider d’agir, élargir l’intervention auprès des préfets, des parlementaires, de la directrice de l’ONAC. Malgré que celle-ci continue à déclarer que les établissements de l’ONAC sont des outils efficaces, incontournables, disposant d’un personnel très qualifié et compétent, ce que l’on partage évidemment, mais comme c’est souvent le cas lors des discours officiels nous observons que les actes ne suivent pas, voire, sont même contraires. Le démantèlement de l’ONAC se poursuit, en catimini, sans information aux instances de directions élues et les organisations représentatives du personnel. Nous pouvons faire retirer ce texte dont le décret a été voté, le délai de mise en œuvre en 2016 pour les maisons de retraite et santé et 2017 pour les établissements de réorientation professionnelle. Rien n’est jamais joué. Les mobilisations actuelles doivent permettre d’obliger le Président de la République et le Premier Ministre qui n’a toujours pas daigné répondre à la lettre de l’ARAC, de reconsidérer l’ensemble du dossier qui en fait, concerne des centaines de milliers de personnes victimes de déficiences, de handicaps dans notre pays. Continuons d’exiger le gel de la cession gracieuse d’un patrimoine national énorme, de centaines d’hectares de surface, d’hébergement, de salles de formation dont la valeur officielle a été chiffrée à 115 millions d’euros. Ces montants fabuleux appartiennent au budget des anciens combattants qui par ailleurs voient fondre leurs pensions et disparaître des droits nécessaires à une vie digne. Des centaines de milliers de salariés victimes de déficiences, des combattants meurtris, ont besoin d’accueil médico-social, de réparation morale et physique, de formation qualifiante, condition d’une réinsertion réussie. Cette responsabilité est celle de l’Etat, ce patrimoine appartient à la Nation comme les CHU, les établissements publics de santé, les hôpitaux militaires, ne les laissons pas brader au privé ou fermer. Que ce pan de la fonction publique de réinsertion complémentaire aux CRP de la Métallurgie, aux établissements similaires de la Caisse Primaire de Sécurité Sociale, de l’AFPA et d’autres soient bradés gratuitement à des organismes privés qui n’ont ni le statut, ni le projet, ni les compétences pour répondre aux défis de notre temps. Ces 17 établissements doivent être pérennisés et poursuivre leur activité au service de toutes les catégories de salariés. Ils sont un moyen parmi d’autres de combattre la précarité, la marginalisation et clochardisation d’une partie des combattants des conflits récents. Le conseil d’administration de l’ONAC, les syndicats et les organisations représentatives du personnel doivent être partie prenante d’un autre projet d’un nouveau développement de ces outils dans le cadre de la fonction publique. Les informations qui nous parviennent des comités départementaux de l’ARAC, de villes de Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne, de Dordogne, de l’Aquitaine montrent que la mobilisation peut prendre de l’ampleur. Conjointement aux exigences de retirer le projet de réforme du code du travail, nous demandons le retrait des décrets visant les lieux, les personnels appartenant aux écoles de reconversions professionnelles et de santé relevant de l’Office National des Anciens Combattants. C’est un tout. Pour la FTM - CGT Frédéric SANCHEZ Secrétaire Général

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L’ARAC Patrick STAAT Secrétaire Général


ÉDITO LE RÉVEIL Liberté, égalité, fraternité, laïcité, souveraineté des idées neuves

SOMMAIRE Actualités Les jeunes sont loin d’être tous logés à la même enseigne ............................4 Les blouses blanches dans la rue.........................................................................5 La précarité énergétique touche près de 12 millions de Français .................6 Le plan autoroute sera financé par les usagers et les collectivités locales .7 Rémunération : Les grands patrons se gavent ! .................................................7 International Turquie : Le Dictaturc .............................................................................................8 Elections américaines : L’Amérique des oubliés a voté ....................................9 Le mauvais choix ...................................................................................................10 USA/nominations : La horde sauvage à la Maison-Blanche ............................10 La tentation militaire ............................................................................................11 Décès de notre ami et camarade, FIDEL CASTRO ............................................12 Histoire L’un des architectes de l’euro : “Le château de cartes va s’écrouler .................................................................21 Vos droits Le retard de la valeur des pensions et retraite du Combattant” ..................22 Conseil d’Administration de l’ONACVG la charge dans le désert… .............23 Vie de l’ARAC Georges Doussin, président honoraire de l’ARAC et président délégué de la mutuelle n’est plus de la guerre 1914-1918, organisé par l’ONACVG ..................................25 à 27 Vie des Comités............................................................................................28 à 31

P. 13 . D O S S I E R Henri Barbusse, l’engagement pour la Paix Dans ce numéro, un carnet de tombola et une enveloppe T

www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 Fax. 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr • Tirage : 60 000 exemplaires

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n voile sombre s’abat sur l’Europe et la France. Le débat d’idées recule. Comme dans les années 1930, c’est sur la misère, les inégalités, le désespoir que les idées de droite et de l’extrême droite trouvent leurs sources. En France, les primaires de la droite le montrent, c’est la montée d’une forme d’intégrisme qui porte le candidat des républicains. Le gouvernement porte une lourde responsabilité. Depuis 5 ans il n’a eu de cesse de satisfaire les attentes et les souhaits du MEDEF et de la finance. Avec la remise en cause des droits des salariés, de la laïcité, des moyens pour la santé, ce sont les fondements même de la République qui sont attaqués. Le 14 juillet 1789, sur la volonté de plus d’égalité, une nouvelle société s’est mise en construction sur le socle « Liberté, Egalité, Fraternité ». Dans la nuit de la Résistance, dans le combat contre le fascisme, pour la libération et la souveraineté de la France, se sont écrites les pages du CNR avec notamment, EDF-GDF, la SNCF, la Sécurité Sociale, etc… A chaque fois les possédants, ceux qui deviennent chaque jour de plus en plus riches ne peuvent accepter le partage des richesses nationales. A chaque fois, ils tentent de faire reculer ces acquis sociaux et démocratiques. Pourtant la France est riche. Organiser une redistribution plus équitable des richesses au travers des questions de la santé, de l’éducation, du logement est réalisable sans remettre en cause l’économie du pays. On nous traitera d’utopiste mais nous pensons que la bataille pour les droits démocratiques et économiques de la population est un combat qui porte la dignité humaine. Oui c’est l’espoir d’un autre monde qui depuis des millénaires fait avancer les civilisations sur notre planète. Ce combat perdurera parce qu’il porte l’intérêt du plus grand nombre. Nous ne voulons ni d’un retour en arrière, ni du fascisme déguisé et bien habillé et encore moins d’une société qui conduit à la haine entre les peuples. Aujourd’hui nous devons plus que jamais nous rassembler pour défendre les acquis de notre histoire, ceux de générations d’hommes et de femmes de toutes origines qui en France ont construit les valeurs républicaines, à savoir liberté, égalité, fraternité, laïcité, souveraineté. C’est un enjeu majeur pour notre pays, pour les Français. Forte de son histoire, l’ARAC, cette jeune centenaire continuera ces combats pour l’émancipation humaine, rien ne nous retiendra. Patrick STAAT LE RÉVEIL - N° 829 - NOVEMBRE 2016

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Les jeunes sont loin d’être tous logés à la même enseigne les domaines de la santé, de la culture, des transports en commun, etc.

Manifestation Bordeaux 9 mars 2016.

Entre l’intérimaire du bâtiment et l’élève d’une grande école parisienne dont les parents financent les études, les modes de vie n’ont rien à voir. (…) Tout en refusant le misérabilisme ambiant, il faut se rendre compte de ce qu’est la vie quotidienne de centaines de milliers de jeunes en « galère ». (…) De l’école à l’emploi, en passant par la santé, les loisirs ou le logement, les jeunes subissent les difficultés ou les avantages liés à leur milieu social.

L’abandon de la réforme de l’école sous la pression des milieux sur-diplômés (autant de droite que de gauche) est du même ordre. Les différentes mesures prises dans le domaine de l’éducation depuis 2012, de la maternelle au collège, vont dans la bonne direction mais restent homéopathiques quand on songe au défi de la modernisation de l’école française.

(…) Soit les générations plus âgées cessent d’entretenir de faux espoirs et assument un discours adapté à leurs actes (...) Mettre fin à des illusions éviterait bien des désillusions. C’est la voie du social-libéralisme actuel, qui voit dans chaque jeune de milieu populaire un chauffeur de taxi Uber et au final un millionnaire en puissance, pour peu qu’il n’attende pas tout de la société.

La première raison, c’est que les politiques publiques destinées à favoriser le sort des jeunes ne sont pas à la hauteur, loin s’en faut. (…) Bien sûr, il faut d’abord des politiques d’emploi pour améliorer la situation des jeunes, mais cela n’autorise pas à abandonner ainsi la jeunesse, contrainte de parfois d’être hébergée par des amis, de retourner chez ses parents ou de vivre à la rue.

(…) la plupart des enquêtes montrent que l’école française chouchoute les enfants d’une minorité diplômée, que l’égalité des chances à l’école est une vaste hypocrisie. Une bourgeoisie bardée de titres scolaires (tout en s’insurgeant parfois du niveau de vie des super-riches) défend bec et ongles ses privilèges sous couvert de méritocratie et d’« élitisme républicain » qui n’est autre qu’un élitisme social déguisé. Aucun élu n’a le courage politique d’affronter sérieusement ce lobby influent médiatiquement et obsédé par la place du latin et les méthodes de lecture.

Soit les générations au pouvoir croient encore au progrès social, à la solidarité et à la lutte contre les inégalités et mettent en place des politiques sociales qui répondent aux besoins concrets des jeunes et, au-delà, de l’ensemble de la population. De la réforme fiscale à celle de l’enseignement, en passant par le logement, la santé, la culture ou les loisirs, les pistes à suivre sont nombreuses. Mais elles nécessitent d’autres valeurs et une autre forme de courage politique que celles qui nous gouvernent actuellement pour affronter le pouvoir des groupes sociaux dominants et réduire les écarts entre milieux sociaux, des jeunes comme des autres.

La seconde est liée à l’analyse de leurs difficultés : la lutte contre la précarité des jeunes nécessite la mise en place de politiques sociales tout court, dans

L’hypocrisie de notre pays face à ses jeunes est une insulte à nos valeurs républicaines. Cette violence explique leur exaspération, bien au-delà

directeur de l’Observatoire des inégalités octobre 2016 (extraits)

(…) Les institutions ne cessent de clamer la nécessité d’aller vers plus d’égalité, de se pencher sur l’avenir de la jeunesse. En pratique, les politiques ne suivent pas.

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Prenons deux exemples. La majorité actuelle abandonne une action déterminée en matière de logement au profit d’instruments fiscaux qui profitent qu’aux héritiers des couches favorisées (par exemple, le dispositif dit « Pinel »). C’est un reniement des classes populaires et au premier chef des jeunes peu favorisés. On peut aujourd’hui défiscaliser pour louer ensuite à ses propres enfants ! C’est cela, le changement ? Pourquoi ? Parce que les lobbys des promoteurs immobiliers a bien plus de poids politique que celui des CAP en maçonnerie.

des quartiers les plus défavorisés où la tension existe depuis longtemps. Elle est une raison de leur attirance pour des partis qui leur présentent des boucs-émissaires facilement désignés. L’ampleur du vote FN chez les jeunes (un tiers des votants aux dernières élections régionales) est inédite quand, traditionnellement, ceux-ci votent pour les partis progressistes. Des verrous ont sauté et cela prépare un avenir sombre à notre démocratie si rien n’est fait.

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Louis Maurin


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Les blouses blanches dans la rue Beaucoup de colère et d’émotion devant le Ministère de la Santé à Paris. Infirmiers et personnels soignants ont eu recours à la grève pour dénoncer leurs conditions de travail et sont descendus dans la rue pour dénoncer les dégradations de leurs conditions de travail et la rigueur budgétaire imposée au détriment des besoins de l’hôpital public et des patients. Le gouvernement applique aussi sa politique d’austérité à la santé. Beaucoup d’hôpitaux sont en danger, des Urgences ou des maternités menacées. Un grand nombre de nos concitoyen-ne-s renoncent ou reculent le moment de se soigner. Les personnels sont en souffrance. La politique libérale des gouvernements Hollande et Sarkozy, nous ont conduits depuis 10 ans, à une multiplication de fermetures de services et d’Hôpitaux comme de maternités de proximité, et la démocratie en santé disparaît au profit des Agences Régionales de santé. Dans le seul cadre de la Loi triennale de Financement de la Sécurité Sociale (LFSS) de 2016 à 2018, ce sont près de 20 000 emplois qui sont en train de disparaître. L’organisation du temps de travail des personnels est soumis à la loi de la rentabilité financière, au mépris de la sé-

curité et de la qualité des soins, comme de la santé des soignants. Les maternités explosent, les urgences ne désemplissent pas, les lits de médecine sont occupés par des personnes de plus en plus dépendantes, la chirurgie ambulatoire est imposée aux patients quelle que soit leur situation personnelle, des déserts médicaux s’installent dans tous les territoires. Tous les établissements de santé et de psychiatrie sont attaqués via un financement insuffisant au travers de l’Ondam (objectif national de dépenses de l’assurance maladie). Idem, pour le handicap et le médico-social qui subissent de front la réduction et la précarisation des équipes engendrant des situations dramatiques et préoccupantes dans ces établissements. Les enquêtes IPSOS/SPF ou UFCQue Choisir, dénoncent une aggravation du renoncement aux soins, des dépassements d’honoraires généralisés, une diminution en généralistes

(- 8,4 %) et dans des spécialités comme les anesthésistes, les ophtalmologistes, les pédiatres, les gynécologues,… Depuis juillet 2016, le regroupement autoritaire des hôpitaux publics, avec les Groupements Hospitaliers de Territoire(GHT) aggrave la situation, avec la loi Touraine. Pour la satisfaction des intérêts du MEDEF, la sauvegarde de ses vertigineux revenus et scandaleux réduisant les cotisations sociales et en baissant les dépenses publiques, notamment celles des Hôpitaux publics laissant le champ libre au secteur privé. En réalité, il s’agit de tenir l’objectif inscrit dans le « pacte de responsabilité » : atteindre 3,5 milliards d’économie d’ici 2018 sur les hôpitaux ! Et pourtant l’argent existe comme le montre les 50 milliards donnés au Patronat, les 40 milliards d’exonération de cotisations sociales,… alors que le chômage ne fait que progresser !

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

La précarité énergétique touche près de 12 millions de Français La loi sur la transition énergétique votée en 2015 a instauré un dispositif de chèque énergie pour aider les ménages aux faibles revenus à payer leurs factures ou à réaliser des travaux de rénovation énergétique. Son montant s’élèvera entre 48 et 227 euros par an, pour une moyenne de 150 euros calculé en fonction des revenus. Mais cela reste inférieur aux besoins qu’il faudrait mobiliser pour mettre fin à la précarité énergétique. L’Observatoire a calculé qu’il faudrait réduire la facture énergétique des ménages entre 526 et 735 euros par an pour qu’ils sortent de leur situation de précarité. De plus en plus de foyers français ont du mal à payer leurs factures d’énergie. C’est le constat dressé par l’Observatoire National de la Précarité Energétique (ONPE). Près de 6 millions de ménages sont ainsi considérés en situation de précarité énergétique, c’està-dire qu’ils consacrent plus de 10 % de leurs revenus à leurs dépenses en énergie dans leur logement ou qu’ils déclarent une sensation de froid lié à un équipement de chauffage défaillant ou une mauvaise isolation. Au final, près de 12 millions de personnes seraient impactées et le chèque énergie qui se met en place ne les aidera pas toutes. « C’est un phénomène croissant, malgré les politiques publiques mises en place », a indiqué Bruno Lechevin, le président de l’ONPE. Il y a deux ans lors de la précédente édition de cet observatoire, l’ONPE considérait que la précarité énergétique concernait 5,1 millions de foyers et environ 11,5 millions de personnes. Bruno Lechevin explique cette évolution par la hausse des prix de l’énergie, la crise économique qui a rendu cer6-

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tains ménages plus vulnérables, mais aussi par une meilleure mesure du phénomène. Les locataires sont surreprésentés, tout comme les personnes seules ou les familles monoparentales, ainsi que les foyers vivant dans des logements anciens ou avec un chauffage collectif.

Par ailleurs, à lui seul, ce chèque énergie ne résoudra pas le problème, estime le président de l’Observatoire. « Si l’aide au paiement des factures est une action urgente nécessaire, l’action de fonds c’est la rénovation de l’habitat pour que les ménages précaires consomment mieux et moins », explique-t-il.


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Le plan autoroute Rémunération : sera financé Les grands patrons par les usagers et les collectivités locales

Trois multinationales ont hérité de l’essentiel des concessions d’autoroutes en 2005 quand Jacques Chirac a décidé de privatiser totalement leur gestion. Depuis, c’est le jackpot permanent. Pour les géants du BTP, qui détiennent les concessions, les autoroutes sont une véritable rente. Ils sont gagnants sur toute la ligne, car ce sont leurs filiales qui raflent les marchés de travaux autoroutiers. Entre 2006 et 2013, leur chiffre d’affaires a augmenté de 26 % avec un bénéfice annuel compris entre 1,5 milliard et 2 milliards d’euros. Sur 100 euros de péage, 20 à 24 euros sont du bénéfice net pour les sociétés d’autoroutes. La distribution de dividendes aux actionnaires a été multipliée par dix depuis 2007, soit près de 20 milliards d’euros. Un plan de travaux autoroutiers a été signé en 2015 pour 3,2 milliards d’euros. Son financement était assuré par les sociétés concessionnaires avec, pour avantageuse contrepartie, une prolongation des concessions de deux ans et demi. Un nouveau plan d’un milliard d’euros a été annoncé qui devra être financé intégralement par les usagers et les collectivités locales, et donc par une nouvelle hausse des tarifs des péages. Ces derniers ont déjà augmenté, le 1er février, de 1,2 %. Depuis la privatisation, les tarifs ont flambé bien au-delà de l’inflation. Un rachat par l’État des concessions coûterait entre 26 et 36 milliards d’euros selon le niveau de participation de l’État, pour un emprunt dont le recouvrement serait aisément assuré. Cela permettrait d’appliquer une politique tarifaire relevant de l’intérêt général et de dégager les moyens financiers nécessaires à l’entretien du réseau routier et à son développement.

Chiffres de l’autorité de la concurrence pour 2014. En 2015, le bénéfice est de 1,5 milliard d’euros et cette rente va continuer à croitre.

se gavent ! La rémunération des grands patrons a atteint en 2015 « un niveau record », selon le dernier rapport de Proxinvest. Selon cette société de conseil engagée au service des investisseurs, les dirigeants des sociétés cotées à l’indice SBF 120 ont été particulièrement Salaires, les grands patrons se gavent. bien servis l’an dernier. En salaire, bonus annuel, jetons, avantages en nature, stock-options et actions gratuites de performance à leur date d’attribution, intéressement en numéraire et autres formes indirectes de rémunération, ils ont touché en moyenne 3,5 millions d’euros. Soit une hausse de 20 % par rapport à 2014 ! Leurs salariés apprécieront sûrement de connaître cette générosité des actionnaires alors que les négociations sur les salaires s’engagent dans les mêmes entreprises. C’est la crise… mais pas pour tout le monde. Pour les seules entreprises du CAC 40 (les plus grosses), la rémunération moyenne annuelle atteint 5 millions d’euros (+ 18 %). Le communiqué de ce cabinet de conseil note que « ceci excède désormais la rémunération maximale socialement acceptable définie à 240 Smic par Proxinvest (soit 4,8 millions d’euros) » qui est déjà injustifiable. D’ailleurs, pour la première fois depuis 2005, les cinq patrons les mieux payés dépassent la barre des 10 millions d’euros : Olivier Brandicourt (Sanofi) : 16,8 millions d’euros Gilles Gobin (Rubis) : 16,4 millions d’euros Carlos Ghosn (Renault) : 15,6 millions d’euros Bernard Charlès (Dassault Systèmes) : 14,5 millions d’euros Jean-Pascal Tricoire (Schneider Electric) : 10,4 millions d’euros Ce qui n’empêchera pas les mêmes d’imposer dans leurs entreprises la modération salariale, au besoin en recourant à des licenciements. L’indécence n’a pas de limites dans un monde de plus en plus inégalitaire.

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Turquie

Le Dictaturc Depuis le « putsch » avorté de juillet, Erdogan s’est engagé dans une dérive droitière extrême qui confine à la dictature. Les forces démocratiques sont dans la ligne de mire du pouvoir qui tente de mettre la société turque au pas sous l’œil impassible des grandes nations. L’arrestation, début novembre, de onze élus et dirigeants du Parti démocratique des peuples (HDP), dont leurs coprésidents, Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, montre l’amplitude de la dérive dictatoriale du régime turc. Ce nouveau coup de force du maître d’Ankara vient après une vague d’arrestations massives dans toute la société turque. Journalistes emprisonnés, fonctionnaires limogés, universitaires menacés, etc., c’est la grande purge. Selon l’Association des journalistes turcs, 170 organes de presse ont été fermés, 105 journalistes placés en détention et 777 cartes de presse annulées depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet. La Turquie est actuellement 151e au classement mondial de la liberté de la presse dressé par RSF, derrière le Tadjikistan et juste devant la République démocratique du Congo. « Ils prennent d’assaut la dernière forteresse », s’est désolé sur Twitter, Can Dündar, un ancien rédacteur en chef de Cumhuriyet. Comme directeur de la publication de ce journal, il avait été condamné à cinq ans de prison en mai dernier pour avoir révélé l’existence d’un trafic d’armes organisé par les services secrets turcs à destination de groupes rebelles syriens.

carcéré pendant 3 jours dans les geôles turques « depuis le mois de juillet, en arrêtant des intellectuels, des journalistes, des écrivains, on fait passer le message aux Turcs que personne n’est à l’abri ». Au gré des évènements les réseaux sociaux sont bloqués de manière temporaire ou permanente… Deux décrets publiés le 29 octobre ont annoncé le limogeage de plus de 10 000 fonctionnaires des ministères de la Santé, de l’Education et de la Justice. Selon le décompte du Monde, cette vague au sein des administrations d’Etat viendrait s’ajouter aux 85 000 autres depuis la mi-juillet. L’enseignement supérieur est également dans le collimateur d’Erdogan. Les présidents d’université seront désormais nommés par lui et non plus élus par leurs pairs. Particulièrement critiquée par l’opposition, cette mesure viserait à « limiter l’influence des “gülenistes” dans les universités turques, influence qu’ils ont gagnée par le chantage, les menaces et les pressions sur leurs collègues universitaires »,

Personne n’est à l’abri « Bientôt, toutes les chaînes de télévision feront des retransmissions en direct dès qu’Erdogan se mettra à tousser », a réagi Selahattin Demirtas, le chef de file du Parti démocratique des peuples avant son arrestation. « Pourquoi limogent-ils toutes ces personnes ? Parce qu’elles ne prêtent pas allégeance à Erdogan ? » Pour le journaliste français, Olivier Bertrand, in8-

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Erdogan.

selon un responsable gouvernemental. Ce n’est pas la première fois que le gouvernement turc vise l’enseignement supérieur. En début d’année, la police a ainsi procédé à l’arrestation d’une vingtaine d’universitaires accusés d’avoir signé une pétition critiquant l’action de l’armée dans le sud-est de la Turquie à majorité kurde. Parallèlement, la laïcité est gravement remise en cause dans nombre d’établissements scolaires. Tout un symbole, le spectre du retour de la peine de mort. Agitée après le putsch manqué du 15 juillet, la menace a cette fois été confirmée, fin octobre dans un discours présidentiel à Ankara. « Notre gouvernement le soumettra au Parlement. Le Parlement l’approuvera et lorsque cela arrivera devant moi, je le ratifierai », a martelé le maître de la Turquie. Allié de l’OTAN, partenaire, nonmembre, de l’Union européenne, Erdogan agit en toute impunité alors que la Turquie s’enfonce dans la dictature. J.-P. Delahaye


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Elections américaines

L’Amérique des oubliés a voté Huit ans après l’élection du premier président noir des Etats-Unis, les Américains viennent d’élire, sur fond de crise et de division du pays, un milliardaire raciste. Après des mois de campagne électorale au niveau du caniveau, les Américains ont tranché, mardi 8 novembre, en faveur du milliardaire, raciste, machiste, inculte, Donald Trump. Il faut dire que le choix entre le richissime homme d’affaires populiste et une milliardaire très proche des milieux de Wall-Street n’ouvrait que peu de perspectives. Donnée largement gagnante par les sondages, Hillary Clinton a été nettement battue à la surprise générale par le candidat républicain iconoclaste. Pour de nombreux observateurs de la société américaine, la victoire de Donald Trump, qu’ils n’ont pas vue venir, marque un profond rejet des Américains envers une certaine élite, médiatique, politique, beaucoup trop éloignée de leurs préoccupations. « Quand les électeurs doivent choisir entre une candidate qui est allée dans les meilleures universités, ancienne Première dame, sénatrice, qui gagne 225 000 dollars pour un discours, qui est finalement dans le prolongement du parcours des anciens présidents, ils ont envie de changement », estimait au soir du scrutin un politologue américain. Au regard des résultats, État par État, il semble que la grande majorité des électeurs de Trump soit blanche, populaire, modeste et qui n’a pas fait d’études supérieures. Oubliés de la croissance, terrorisés à l’idée de perdre leur emploi, ils ont été séduits par le discours anti-étrangers responsables de toutes leurs misères et ont la nostalgie d’une Amérique triomphante. Le slogan de Donald Trump le résume d’ailleurs très bien « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l’Amérique ») ; c’est une ode à l’époque où les Etats-Unis dominaient seuls le monde, où l’économie

H. Clinton

D. Trump.

était florissante et où les Blancs étaient aussi les plus nombreux. Aujourd’hui, les communautés noire et hispanique sont croissantes et seront majoritaires dans vingt ans. Ce sentiment de déclassement, d’absence de reconnaissance, Donald Trump a très bien su le canaliser.

La candidate des multinationales Certes les harangues de Trump ont galvanisé cette partie de la population, mais Hillary Clinton et le Parti démocrate n’ont pas voulu voir cette frange de la population, qui se sent délaissée. Pas plus qu’ils n’ont répondu aux préoccupations de la jeunesse et des classes moyennes. Le succès des meetings de Bernie Sanders et le soutien à ses propositions auraient pourtant dû les alerter ! Sous la pression, après les primaires marquées par les succès de Bernie Sanders, Hillary Clinton a quelque peu « gauchi » sa campagne, reprenant certaines propositions novatrices du sénateur du Vermont comme l’augmentation du smic ou la réforme universitaire. Mais elle les a très vite

rangées au placard, et les électeurs ont alors constaté que leur quotidien n’était pas une préoccupation majeure pour la candidate démocrate… Pour l’écrivain Levison (voir encadré), « les démocrates ont décidé qu’ils voulaient une politicienne avide et ennuyeuse qui protégerait leurs investissements plutôt qu’un homme capable de changer le pays de manière significative, tel que Bernie Sanders. Ils ont fait une gigantesque erreur de calcul ». Dans ces conditions, l’abstention a frappé fort et plus dans le camp de l’ex-secrétaire d’Etat que dans celui de Trump. Avec 59,3 millions de voix, Hillary Clinton, a enregistré un écart de 10 et 5 millions de voix par rapport à Obama 2008 et 2012. Dans certains Etats de la ceinture industrielle du Midwest, touchés de plein fouet par le chômage et la précarité, l’érosion a été considérable. Dans le Michigan, le Wisconsin et l’Ohio, elle perd entre 18 et 23 % du score d’Obama en 2012. Si les électeurs traditionnels du Parti démocrate n’ont pas automatiquement choisi de LE RÉVEIL - N° 829 - NOVEMBRE 2016

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL se reporter sur Trump, il est clair qu’ils se sont réfugiés dans l’abstention, par résignation ou par rébellion ! Ils sont principalement membres de la classe ouvrière blanche, soumis à l’insécurité économique. Pour une autre partie, ce sont des électeurs afro-américains et

hispaniques déçus des deux mandats du premier président noir de l’histoire de l’Amérique. Rappelons que sous l’ère Obama la situation des Noirs a été bien loin de s’améliorer, que le racisme exacerbé s’est réveillé au point d’en faire des cibles vivantes pour cer-

tains policiers et que malgré ses promesses le candidat devenu président a cautionné l’expulsion de 3 millions de « clandestins » pour la plupart latinos. Cette élection, c’est aussi une condamnation de la politique d’Obama. J.-P. Delahaye

Le mauvais choix Interrogé par le quotidien l’Humanité au lendemain du scrutin, l’écrivain américain Iain Levison a estimé que l’ex première dame était une mauvaise candidate et que le Parti démocrate avait fait le choix de protéger les intérêts des multinationales. (Extraits)

Lain Levison.

« Hillary était une mauvaise candidate, elle ne représente rien. Les gens ont voté pour elle uniquement parce qu’elle n’était pas Trump. Il y a eu

une contestation majeure de la part des Indiens contre un pipeline dans le Dakota du Nord. Hillary Clinton ne les a pas soutenus, alors que c’est ce que devrait faire un démocrate. Mais elle est trop liée aux compagnies pétrolières et elle s’est tue. C’est pourquoi elle a perdu ». (…) A la question de savoir si Bernie Sanders avait plus de chance, il répond en enfonçant le clou : (…) « C’est vraiment la seule question qui mérite d’être posée, donc n’espérez pas la voir soulevée dans la plupart des médias américains. La réponse est un oui retentissant. San-

ders aurait mis une raclée à Trump. Tout le monde au Parti démocrate le savait quand ils l’ont mis hors-jeu en juin. Les grandes entreprises donatrices voulaient rester sur leur choix, Clinton, car elles savaient que leurs investissements seraient préservés. Elles ne voulaient pas de quelqu’un qui aurait pu mettre leurs profits en danger dans un gouvernement responsable. C’est entièrement de leur faute. Ils ont fait un pari et ont perdu. Les démocrates vont peut-être se rendre compte que vendre leur âme aux grandes entreprises ne leur permettra plus d’être élus. »

USA/nominations

La horde sauvage à la Maison-Blanche Plus de 10 jours après son élection, le magnat de l’immobilier, nouveau président des États-Unis, a procédé aux premières nominations de son cabinet. Parmi ceux-ci, trois tenants d’une ligne dure sur les questions de sécurité nationale et d’immigration. Trump a confié le ministère de la Justice au sénateur Jeff Sessions, 69 ans, partisan d’une extrême fermeté sur l’immigration illégale, un des grands thèmes de campagne du milliardaire qui a promis d’expulser 11 millions de clandestins. M. Sessions, qui, déclare-t-il, entend travailler « avec impartialité », s’est fait remarquer pour des propos ouvertement racistes dans les années 10 - LE RÉVEIL - N° 829 - NOVEMBRE 2016

1980. Alors procureur fédéral dans l’Alabama, il avait reproché à un avocat blanc de faire « honte à sa race » pour avoir défendu un client noir. Le sénateur ultraconservateur du Texas Ted Cruz, rival malheureux de M. Trump pendant les primaires républicaines, a salué « une grande nouvelle », tout comme l’ancien dirigeant du Ku Klux Klan David Duke.

La machine Clinton.


INTERNATIONAL LE RÉVEIL Autre poste très important, celui de conseiller à la sécurité nationale, actuellement occupé par Susan Rice. Il va revenir au général à la retraite Michael Flynn, 57 ans, grand pourfendeur de l’extrémisme islamique mais aussi, selon la presse américaine, défenseur d’un rapprochement avec Moscou et Pékin. On le dit également proche du tyran turc Erdogan… Le nouveau locataire de la Maison-Blanche a aussi annoncé que la CIA serait pilotée par Mike Pompeo, 52 ans, élu du Kansas dans la vague

d’arrivée au Congrès du Tea Party, l’aile ultraconservatrice du parti républicain. C’est un farouche adversaire du régime iranien et de l’accord international sur le nucléaire conclu avec Téhéran. Il a aussi été l’un des membres en vue de la commission d’enquête controversée sur l’attaque du consulat américain à Benghazi en Libye en 2012, qui avait accusé Hillary Clinton, alors secrétaire d’État, d’avoir minimisé la menace djihadiste dans ce pays. Ces premières nominations au gou-

vernement ont réjoui les républicains, mais alarmé les démocrates, déjà vent debout contre la nomination à la Maison-Blanche de Steve Bannon, ancien patron du site d’information d’extrême droite Breitbart, comme haut conseiller responsable de la stratégie. Donald Trump a aussi nommé aux côtés de Bannon le beaucoup plus consensuel Reince Priebus, actuel président du parti républicain, au poste de secrétaire général de la Maison-Blanche. J.-P. Delahaye

La tentation militaire Dominique de Villepin, ancien ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac, qui a prononcé le discours contre la guerre en Irak devant les Nations unies sous l’ère G.W.Bush a estimé dans un entretien au Parisien, Aujourd’hui en France, que Donald Trump incarne la synthèse de tous les populismes européens et suggère que les USA, l’Europe et la France ne s’engagent plus dans des politiques de sanctions (…) et des interventions militaires… Pour l’ancien diplomate il est nécessaire de faire en sorte que le dialogue puisse être plus fort avec les EtatsUnis, accompagner l’action américaine dans le sens du réalisme et de la concertation. « Un des grands problèmes du monde, c’est le fait que les Etats-Unis et l’Europe se sont enfermés dans des politiques de sanctions, d’ostracisme, de conflits gelés et dans des interventions militaires », a-t-il déclaré, estimant qu’il fallait se doter d’outils de gouvernance régionale ou mondiale, mettre en avant des lieux de dialogue pour trouver des solutions pacifiques aux problèmes. Ne pas céder à la tentation d’ajouter de la guerre à la guerre, d’entrer dans une spirale xénophobe et militaire, très forte dans notre pays. L’ex-premier ministre a également affirmé que la France, avait une responsabilité en Europe, celle d’être un trait d’union, un pays de médiation. « Or, nous avons été à contresens, nous avons failli à la vocation qui était la nôtre depuis de Gaulle, pour céder à

la tentation militaire d’ostraciser et d’exclure. » Il a fortement remis en cause les interventions françaises en Syrie et Irak et l’attitude de Paris vis-à-vis de la Russie et dénoncé l’incapacité à regarder un monde dangereux, avec des risques de guerre au Moyen-Orient, « mais aussi en Europe centrale, où on ne prend pas en compte l’humiliation russe. La revanche des peuples humiliés est terrible ». Pour lui, ce que vivent aujourd’hui les Etats-Unis, c’est la même

humiliation que celle ressentie par les Russes au lendemain de l’effondrement de l’Union soviétique. « Nous pensions à l’époque que c’était la grande victoire des démocraties libérales, la fin de l’histoire. Nous voyons aujourd’hui que les démocraties sont fragiles, qu’elles peuvent aussi se briser. Soyons capables de raccommoder, de rassembler. Ce qui implique de mettre au cœur de nos démocraties davantage de respect et d’écoute ». J.-P. Delahaye

Dominique de Villepin à l'ONU.

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Villejuif, le 26 Novembre 2016 Son Excellence l’Ambassadeur de CUBA Ambassade de Cuba - 16 rue des Presles - 75015-PARIS

Excellence Nous venons, avec tristesse, d’apprendre le décès de notre ami et camarade, FIDEL CASTRO. Avec détermination et abnégation il a tenu tête à l’impérialisme américain et a préservé la souveraineté et la dignité de son pays, représentant ainsi un espoir et une conception combattante, une utopie, pour des millions de jeunes à travers le monde, dont nous étions. Depuis 1959, malgré le blocus odieux qui frappe CUBA, aujourd’hui encore avec le peuple cubain, il a œuvré à créer, dans des conditions difficiles, une société d’émancipation et de respect plaçant les valeurs humaines, la dignité au cœur des préoccupations du pays.

Nous saluons également, l’homme et le peuple qui ont voulu, dans une situation internationale tendue, assurer une solidarité avec tous les peuples du monde qui en avaient besoin. Nous saluons les combattants cubains avec qui nous continuons à mener des luttes au sein de la Fédération mondiale des Anciens Combattants. Nous resterons à vos côtés avec nos organisations et structures pour répondre en permanence aux besoins de la population cubaine. Nous tenons à vous faire part, ainsi qu’au peuple cubain de notre solidarité et de notre affection dans ces moments difficiles Le Bureau National de l’ARAC

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LE CAHIER MÉMOIRE N° 829 NOVEMBRE 2016

Henri Barbusse, l’engagement pour la Paix

De ces soldats est née l’ARAC.

Henri Barbusse, le premier des écrivains à décrire la vie des combattants de la guerre 1914-1918, obtint en novembre 1916 le prix Goncourt pour son livre Le Feu.

A la lecture de son livre on comprend le refus de traiter Henri Barbusse à sa juste place dans le centenaire de 14/18. • Barbusse a écrit Le Feu lorsqu’il était en soin à l’hôpital de Plombière à partir

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11

des notes qu’il a prises au front en Picardie durant les années 1914, 1915 et le début de 1916. • Barbusse a 41 ans lorsque la Grande Guerre éclate. C’est un journaliste et un écrivain qui s’affirme. Il a écrit et publié un recueil de poèmes, un recueil de nouvelles et un roman, l’Enfer. • C’est un homme de gauche qui défend ses idées. Il apprécie beaucoup Jaurès et Zola. L’assassinat de Jaurès le touche profondément et le révolte. Comme nombre de personnes de la même sensibilité politique, il estime que l’obstacle majeur à la paix et à l’évolution progres-


LE RÉVEIL DOSSIER siste, politique et sociale en Europe réside dans l’existence du pouvoir militariste allemand. Lorsque les forces politiques en France acceptent « l’union sacrée » pour faire la guerre à l’Allemagne, il pense que les soldats français trouveront auprès des ouvriers allemands des points d’appui déterminants. Il s’engage comme simple soldat pour aller combattre en 1re ligne alors que sa santé lui aurait permis de servir dans le service auxiliaire. L’expérience concrète de la guerre le fera changer d’opinion. Sur le front, il assume courageusement son engagement et en reçoit 2 citations et sa nomination au grade supérieur. Atteint par la maladie, il est réformé en août 1916. Cette vie des combattants, Barbusse l’a décrite dans son livre Le Feu au sein duquel il ne manque pas de relater l’opinion des poilus sur les origines de la guerre, sur ceux qui portent la responsabilité de son déclenchement et de la manière dont elle est conduite. « On se demandera, dit l’un : « Après tout, pourquoi faire la guerre ? » « Pourquoi, on n’en sait

rien ; mais pour qui, on peut le dire. On sera bien forcé de voir que si chaque nation apporte à l’idole de la guerre la chair fraîche de quinze cents jeunes gens à déchirer chaque jour, c’est pour le plaisir de quelques meneurs qu’on pourrait compter ; que les peuples entiers vont à la boucherie, rangés en troupeaux d’armées, pour qu’une caste galonnée d’or écrive ses noms de princes dans l’histoire ; pour que des gens dorés aussi, qui font partie de la même gradaille, brassent plus d’affaires – pour des questions de personnes et des questions de boutiques. Et on verra, dès qu’on ouvrira les yeux, que les séparations qui sont entre les hommes ne sont pas celles qu’on croit, et que celles qu’on croit ne sont pas. »1 Le succès du livre est immédiat. Les poilus y ont tout de suite reconnu leur vie de combattants. Et le Goncourt vient couronner son travail malgré les critiques acerbes des « va-t-en guerre ». D’autres obstacles se dresseront devant lui alors qu’il se bat, pour le progrès social, pour la République,

Le premier souci de Barbusse et de l’ARAC naissante : l’état de la population Les souffrances, les drames, les meurtrissures et la misère que cette guerre de 1914-1918 provoqua tant chez les hommes, dans leur famille et dans l’ensemble de la population, conduiront à des explosions de colère et à des révoltes. Au printemps 1917, un an et demi avant la fin officielle des combats, la coupe était pleine et elle déborda. Dans les plaines de l’Artois, on finit par compter un mort au mètre carré. A Verdun, le déluge de fer et de feu se solda par le 14 - LE RÉVEIL - N° 829 - NOVEMBRE 2016

massacre de 500 000 soldats français et allemands. En avril 1917, au Chemin des Dames, l’offensive du général Nivelle qui devait être foudroyante et décisive se termina par un désastre avec, du côté français, 140 000 hommes hors de combat, tués, blessés ou prisonniers. A la suite de cette opération, une explosion de colère se produisit chez les soldats du front. 110 unités de l’armée française se révoltèrent et certaines d’entre elles amorcèrent même une marche vers Paris.

pour la paix et contre le fascisme pour les droits des ACVG. 1. Henri Barbusse : Le Feu, journal d’une escouade.

De retour à la vie civile, Henri Barbusse décide de s’engager dans l’action avec trois autres AC qui ont lu Le Feu, Paul Vaillant-Couturier, Raymond Lefebvre et Georges Bruyère. Et c’est la création de l’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC). Il s’agit alors d’en définir les objectifs. De leur débat, il en ressort trois exigences : • Défendre la République de laquelle dépend toute la vie de la population, y compris les ACVG bien sûr. • Intervenir dans le débat politique, condition de défense de tous les intérêts matériels et moraux républicains • Ne pas oublier les AC qui sont 6 millions, sans oublier de même les mutilés, les veuves, les orphelins. L’ARAC, donc, sera républicaine et sa masse de départ sera les Anciens Combattants. Mai 1917 connut une répression impitoyable. Des unités entières de mutins furent décimées. Il y eut aussi d’horribles exécutions collectives, comme celle de Soissons, où 250 hommes choisis parmi les mutins ont été littéralement empilés dans des camions, conduits dans un « no man’s land » sur lequel 10 minutes plus tard l’artillerie française recevait l’ordre de tirer, ce qui déclencha aussitôt un violent tir allemand. Rien ne transparaît de tout cela, que les noms de ces soldats inscrits sur les croix de leurs tombes avec ces mots : « Mort au combat ». Cette situation et ces événements, joints à la prise de conscience des causes de la guerre qui faisaient écrire à Anatole France : « On ne les faisait pas mourir pour la patrie mais pour les industriels qui


DOSSIER LE RÉVEIL

Henri Barbusse monte la garde dans les tranchées.

bâtissent des fortunes sur des monceaux de cadavres », pouvaient être lourds de conséquences tout à fait inattendues et Henri Barbusse en avait conscience, d’où son appel à « veiller sur la République ». « J’adresse un appel ardent à tous ceux des anciens combattants de cette guerre qui croient à la République et qui le veulent… Vous avez lutté de vos mains contre l’autocratie et l’injustice. Par hasard la mort vous a épargnés. D’autres sont tombés, vous les valez. Mais les blessures et les maladies vous ont fait lâcher vos armes. Vous êtes revenus et maintenant, vous êtes là. Je vous demande de venir à nous, de vous grouper tous, de nous unir non seulement pour Connaître et sauvegarder fraternellement vos intérêts de travailleurs rendus au travail, mais pour servir la cause même que vous avez défendue sur les champs de bataille jusqu’au bout de vos forces. Je ne vous parle pas des avantages immédiats, professionnels de notre union (droits à

réparation exigés et défendus par l’ARAC), je veux vous entretenir aujourd’hui d’un grand intérêt général qui dépasse celui de chacun de vous, mais qui repose sur vous tous : soldats de la guerre, continuez à être les soldats de la pensée (…) les principes républicains sont de tous côtés ou trop attaqués, ou trop mal défendus. Il faut veiller sur la République. C’est à vous, entre tous et avant tout, qu’incombe ce devoir, survivants de la guerre des hommes contre les oppresseurs. » Ainsi s’exprime le choix du combat politique de l’ARAC qui se poursuit toujours aujourd’hui et pour cause. Mais Barbusse ne s’en tient pas là, car il éprouve de l’inquiétude à propos des effets sur l’opinion publique, de la démagogie de certains hommes politiques, des mensonges, des tromperies par lesquels chacun peut se laisser prendre. Ses contacts avec les populations, ses rencontres lors des réunions, son attention particulière pour tout un chacun qui fut remarquée par les autres combattants sur le front témoignent de son humanisme profond, le conduisent à engager l’action idéologique vers chacun et vers tous. « Pourquoi te bats-tu ? Tu te bats pour quelque chose, et ce n’est pas ce que beaucoup essayent de te faire croire. Tu te bats pour la justice et pour la libération des hommes, et pour cela seulement. Il faut expliquer les raisons de ton sacrifice et de tes souffrances. Tu as le droit de savoir ; on a le devoir de te parler. Il faut te donner cette explication, à toi qui donnes ta vie, les cris des blessés, les plaintes des mutilés veulent aussi une réponse digne de leur misère, on la doit encore à la face silencieuse et exigeante des morts. Mais pour savoir, il faut que tu fasses un effort personnel, non seulement avec ton intelligence, mais avec ta volonté. La lumière

dont tu as besoin n’est pas une révélation sensationnelle tombée on ne sait d’où. Elle est en toi. Les vérités sont en toi, dans ta raison et dans ta conscience. Il faut les y démêler : aide-toi. Tu es né, tu as grandi dans un monde confus d’idées, de notion, de principes. Tu les entends bourdonner, tu les vois s’élancer. Cherche, dans cette forêt, ce qui est évident, absolu, solide et parmi les vérités, les plus grandes, les plus pures, celles d’où découlent les autres. Pensées, impulsions, sentiments, croyances, foi, prends chacun de ces ressorts moraux, examine-le, contrôle-le, vérifie son authenticité. Remonte, par tes seules forces – par les seules forces, entends-tu bien – des faits aux causes et de principe en principe, jusqu’à ce qui n’est pas discutable, et s’impose. Fais une sorte de révision de toi et des autres. Recommence-toi, s’il le faut, avec une magnifique honnêteté. » Barbusse poursuit sa démonstration en soulignant d’abord le caractère accessible à chacun de la démarche qu’il propose, puis en fustigeant les vérités reçues par héritage, les traditions vides de sens, le faux prestige des instincts et il s’attarde ensuite sur ce qu’il appelle « les échos des grands mots » à propos desquels aujourd’hui nous ne pouvons être que très sensibles. Lisons plutôt : « Méfie-toi des grands mots. Il leur arrive de donner brillamment et bruyamment asile soit à de mauvais instincts, soit à des préjugés. Méfie-toi aussi de ce qui est écrit, ne croie aucune parole sur parole. Sois le juge de ce que tu lis et de ce que tu entends. Méfie-toi de politiciens, méfie-toi des savants spécialistes, et des historiens de détail, et des documentateurs hypnotisés par les marottes de cas particuliers, des avocats, des diplomates, et, en général, de tous ceux qui cuisinent les faits isolés. » S’il est un conseil qui nous va LE RÉVEIL - N° 829 - NOVEMBRE 2016 - 15


LE RÉVEIL DOSSIER mots dont on voit sur les façades les lettres comme un squelette, il y a des proclamations officielles, pleines de la notion de la liberté et du droit, qui seraient belles si elles disaient vraiment ce qu’elles disent. »1 1. Henri Barbusse, Clarté. Éditions Flammarion 1978.

« Clarté », le mouvement

droit au cœur, c’est bien ce « méfie-toi des grands mots ». Ces textes que je viens de citer sont extraits du premier essai que Barbusse publia deux ans après la fin de la guerre qui s’intitule Paroles d’un combattant. Il s’agit des premiers discours et articles que Barbusse a prononcé et écrit dans les premières années 1919-1920 d’existence de l’ARAC. Ce sont les premières traces de son engagement politique qui se précisera par l’écriture d’un livre Clarté et la création d’un mouvement portant le même nom avec ses deux amis, Paul Vaillant-Couturier et Raymond Lefebvre, qui malheureusement devaient disparaître la même année coulé dans la Baltique au retour d’URSS par les armées d’interventions occidentales.

Clarté, le livre La rédaction de cet ouvrage permet à Barbusse de mettre en évidence les idées dont il est porteur. Son héros Simon Paulin est un personnage effacé, la guerre l’arrache à sa norme existence. Et un autre homme nait alors en lui, un homme qui réfléchit et qui comprend. « La seule cause de la guerre, c’est l’esclavage de ceux qui la font avec leur chair et les calculs des rois de l’argent », lit-on dans ce livre. Il continue : « La guerre recommencera après celle-ci. Elle 16 - LE RÉVEIL - N° 829 - NOVEMBRE 2016

recommencera tant qu’elle pourra être décidée par d’autres que ceux qui la font ; par d’autres que les sombres foules qui animent les baïonnettes après les avoir forcées… Nous payons deux milliards par an pour la préparation à la guerre. Nous en paierons vingt, nous en paierons cinquante… La richesse est tuée par la guerre contre les hommes… Il n’y aura plus sur la terre que la préparation à la guerre… Toutes les forces vivantes sont absorbées par elle… » Ce cheminement de Simon Paulin, Henri Barbusse le conseille à tous en décrivant les chemins qui mènent à une vie plus juste et plus fraternelle. « Réveille-toi, comprends-toi, regarde et vois et après avoir recommencé ta conscience, faussée par l’esclavage, décide qu’il faut recommencer tout ! Recommencer de fond en comble. Oui cela d’abord : si la charte humaine ne recréé pas tout. Elle ne créera rien… » « Surtout ne laisse pas entreprendre les réformes par les rois. » « Ceci est la chose la plus grave qu’il y ait à t’enseigner. » « Les initiatives libérales des maîtres qui ont fait le monde ce qu’il est ne sont que des comédies. Ce ne sont que des moyens de bloquer net un progrès à venir, de reconstituer le passé derrière des replâtrages ». « N’écoute jamais non plus les grands mots qu’ils profèrent, les

Le mouvement « Clarté » est né la même année que l’édition du livre. Henri Barbusse voulait fonder une organisation internationale d’intellectuels avec des sections nationales et régionales. Il en a défini les buts ainsi : « Nous voulons unir les intellectuels de tous les pays en un vaste mouvement qui sera une internationale de la pensée ; ce sera aussi une union d’intellectuels et de manuels ». Avec une revue, une maison d’édition, un théâtre, Barbusse et les grands intellectuels des années 20 qui avaient répondu à son appel avaient le projet de défendre tout ce qui contribuait à établir une société d’égalité, de justice et par conséquent de raison en luttant contre l’asservissement des hommes et des esprits. Lors du lancement du mouvement « Clarté », Barbusse fut largement suivi par nombre d’intellectuels en vue. Malheureusement, les affrontements idéologiques de l’époque


DOSSIER LE RÉVEIL ruinèrent cette initiative pourtant reconnue comme absolument utile. Mais Barbusse ne se découragea pas pour autant, et avec l’ARAC poursuivit son action en prenant d’autres initiatives.

L’engagement politique Nous sommes au début des années 20, la Révolution russe est un événement social et politique récent et prometteur pour tous les progressistes du monde dont Barbusse. Ils en espèrent des résultats heureux pour l’avenir des peuples. Cette révolution est lourdement inquiétante pour les dirigeants des autres sociétés en place sur la planète et ils la combattent par tous les moyens dont ils disposent. Henri Barbusse, questionné comme les autres intellectuels, répond : « Il faut faire confiance à la Russie qui tente là une expérience colossale ». Interrogé sur ses intentions à l’égard du PC : « Je pense, répond-il, que mon action peut être plus efficace en ne donnant pas mon adhésion effective au parti. » « Je ne me prive pas de parler aux hésitants, dit-il, car ce n’est pas assez d’avoir de la compréhension, il faut l’échanger. » Quelques années plus tard, en 1928, Barbusse choisira d’adhérer au Parti communiste français dont il approuvait l’orientation et l’action, alors que celui-ci était mis en cause par le gouvernement français pour son opposition à l’occupation de la Ruhr voulue par le patronat des forges qui s’était déjà saisi du fer de la Lorraine et voulait renouveler l’opération sur le charbon de cette province allemande. Barbusse n’était pas seulement un donneur d’idées, c’était aussi un homme d’action. Il ne voulait pas rester au bord du chemin à regarder ceux qui tiraient la charrette, il se serait senti mal à l’aise, ils voulaient aussi la tirer. C’est dans son troisième roman Les Enchaînements qu’il lance

alors ce qu’il appelle « le grand cri de vérité ». C’est l’appel passionné aux hommes en leur livrant le remède au drame de leur vie : « Il faut sortir du mensonge social. » « Pitié, peuple, pitié pour toi. Sois ton cœur, sois ton génie. Lève-toi. Secoue l’ignoble respect encore cramponné sur toi avec ta souffrance. Deviens le démolisseur monumental et ne lâche plus le monde » ; « Par sagesse, par pitié, révoltez-vous ». Depuis sa démobilisation, Barbusse s’insurge contre la guerre. Et c’est ainsi qu’il appelle les membres de l’ARAC et plus généralement les Anciens Combattants à faire « la guerre à la guerre ». Il sait qu’il s’adresse à des personnes qui l’ont vécu et qui savent ce qu’elle est.

« Guerre à la guerre » « Ce doit être une idée et non un mot de passe. Si l’Association Républicaine des Anciens Combattants attaque la guerre dans ses causes, elle s’élargit. Plus elle pénètre le mystère abominable des crimes collectifs, plus elle acquiert de la dignité et plus elle sert à quelque chose. » « On nous parle de patrie, nous en parlons aussi. Mais la nôtre n’est pas, comme la leur, une espèce de citadelle féroce plantée en face des autres avec les coffres-forts au centre. C’est une patrie qui n’a pas pour frontière que les horizons – comme la nature et l’esprit humain – et qui est trop grande pour que les exploiteurs soient capables de la comprendre… Le vrai patriotisme a horreur de celui qui sème la haine et la guerre… » « Nous montrerons la fatalité des guerres nouvelles, puisque c’est la loi du plus fort qui règne toujours sans entraves, et les échéances mathématiques de la faillite et de la faim. » En janvier 1920, il s’adresse aux ACVG de tous les pays en prépa-

rant le 1er Congrès international des Anciens Combattants. « Nous sommes des milliers et des milliers de soldats et d’officiers qui comprenons ce que c’est que la guerre. Les misères et les massacres auxquels le hasard nous a arrachés vivants nous ont mutilés, brisés ou appauvris, ils nous ont pourtant enrichis le cœur et montrés le crime là où il était. Maintenant nous savons que la guerre est un moyen employé par une caste internationale, avide et féroce, pour voler la richesse et de la gloire par les mânes innombrables des pauvres et des sacrifiés. Nous savons que, tant que cette même caste conduira ses propres affaires à travers la chair humaine, les guerres sortiront les unes des autres, jusqu’à la ruine totale, jusqu’au charnier, jusqu’au silence. » Extraits de « Paroles d’un Combattant. Dans cet esprit, il élargit son appel à la « guerre à la guerre » bien au-delà du monde combattant. Et cette ouverture conduit de nombreuses personnes et personnalités de tous ordres à se joindre à ce combat. Quelques noms : Romain Rolland, Georges Duhamel, John Reed, Henri Georges Wells, Charles Vildrac, Jules Romain, Anatole France, etc. Et comme ce combat pour la paix nécessite d’être le plus large possible, il va parcourir le pays pour aller s’expliquer directement avec les gens, il se rendra à l’étranger, ce qui le conduira à découvrir des situations inadmissibles qu’il dénoncera et des luttes supplémentaires qu’il engagera. LE RÉVEIL - N° 829 - NOVEMBRE 2016 - 17


LE RÉVEIL DOSSIER

Les actions de Barbusse c’est aussi Aux États-Unis Il épouse la cause de Sacco et Vanzetti, deux militants révolutionnaires d’origine italienne émigrés aux USA, accusés d’un crime qu’ils n’avaient pas commis et qui leur valut d’être condamnés à la chaise électrique. Il prend la défense des Noirs de Harlem. Il défend le syndicaliste américain Tom Money, jeté en prison à la suite d’une provocation policière. En Inde Il mène campagne avec le secours ouvrier international et le comité pro-hindou en faveur des libertés en Inde. Dans un article très fouillé de la revue Clarté, il fait l’éloge de Gandhi, comme révolutionnaire attaché à son peuple et à ses traditions. En Allemagne Il témoigne au procès de Georges Dimitrov, dirigeant communiste bulgare, face aux juges hitlériens. Il prend aussi la défense d’Ernest Thaelmann, trésorier général du PC allemand, face aux juges nazis. Avec le secrétaire général de l’Association internationale dans les Balkans des travailleurs de l’enseignement et une avocate du Barreau de Bruxelles, il effectue une enquête sur la situation des droits de l’Homme dans des pays Balkaniques où la terreur blanche se déchaîne. Au retour de la commission d’enquête, Henri Barbusse déclare : « Peut-être, si je n’avais pas été révolutionnaire, le serais-je devenu au retour de ce chaos tragique que représente le sud de l’Europe. Je crois que cette expression d’enfer des Balkans est la seule qui convienne à ces régimes de brigandages et de police déchaînés sans aucun contrôle à travers des 18 - LE RÉVEIL - N° 829 - NOVEMBRE 2016

fantômes de constitution et des parodies de parlement. » A titre d’exemple, la terreur blanche a fait, au moment où se situe l’enquête diligentée par Barbusse et ses compagnons 20 000 victimes en Bulgarie, 18 000 en Bessarabie et 500 personnes sont traduites en justice en Roumanie après la répression d’une révolte paysanne due à la misère. A la suite de ce voyage, Henri Barbusse déclare : « Il faut jeter un cri après ce loyal examen des choses. » Et ce cri, Barbusse le poussa par de nombreux articles dans des journaux de nombreux pays, et par un livre : Les Bourreaux, paru en juin 1926, qui fut traduit en anglais, en allemand, en espagnol, en grec, en russe et en Yiddish.

Barbusse l’anticolonialisme « Nous disons aux peuples : vous pouvez tout, vous faites la vie, vous faites le pain, les usines et les choses, vous faites la guerre, faites la paix !… Pourquoi obéissez-vous encore ? Pourquoi vous laissez-vous lancer les uns contre les autres dans d’atroces boucheries ? Levez-vous ! Que votre masse immense aille de l’avant, en ordre, en rangs serrés. Le capitalisme sera submergé par vos millions de cœurs. » Ainsi s’est exprimé Barbusse au cours d’une réunion organisée pour protester contre la guerre faite par la France dans le Riff au Maroc. Il n’a jamais manqué une occasion de montrer son opposition au régime colonial. « C’est un régime pénitencier à rendement intensif » disait-il. « Les pays colonisateurs font prisonniers les populations faibles, confisquant les territoires et l’indigène est l’ennemi et l’animal domestiqué : on le pressure,

on le décime, on le condamne aux travaux forcés et, s’il veut sa liberté, on l’exécute. » Mais il n’en restait pas là. « Les travailleurs intellectuels doivent dire si oui ou non ils condamnent la guerre ou s’il leur suffit d’émettre contre la sanglante réalité quelques béats regrets humanitaires. »

C’est l’identité des hommes qui inspire d’abord le combat anticolonialisme de Barbusse : « Je cherche la différence de ceux qui se turent et ne peux trouver que leur ressemblance. Je ne peux pas échapper à cette ressemblance des hommes. » C’est ensuite l’inhumanité du fait colonial qui fait obstacle au développement économique des nations colonisées qu’il provoque, qui révolte Barbusse. « Souligner la méthode pillarde d’exploitation de la main-d’œuvre à bon marché dans les colonies est bien, mais se borner à cela, ne pas souligner l’essentiel, à savoir que l’impérialisme est devenu un frein au développement économique en général, c’est lutter contre les excès, au lieu de mener la lutte contre le système tout entier. »1 1. L’Internationale communiste, n° 20, octobre 1928, p. 1559.


DOSSIER LE RÉVEIL Barbusse et Jésus Dans son combat pour la justice et le progrès social, Barbusse, héritier de l’éducation chrétienne que son père lui a donné, fait un cas particulier à Jésus. Avec trois ouvrages : Jésus, les Judas de Jésus et Jésus contre Dieu, Henri Barbusse poursuit deux buts allant dans le même sens : 1. Montrer Jésus, « le crieur de vérité » prêchant la révolte unie des pauvres contre ceux qui les exploitent. 2. Poursuivre sa recherche pour trouver dans l’Histoire des Hommes des pistes qui animent la réflexion et enrichissent l’action pour la justice et la transformation progressiste de la société. Il dégage les lignes de force qui, selon lui, caractérisent essentiellement l’enseignement de Jésus et rejette les interprétations qui le neutralisent comme celles de Paul de Tarse. « Rien ne nous permet, écrit Henri Barbusse, de dire que Jésus ne fut pas parfaitement conséquent avec soi-même et il a prêché en athée… le Dieu intérieur proclamé par Jésus est une divination de l’Homme et rien n’autorise à prétendre que c’est quelque chose de plus. » (Les Judas de Jésus, Edition Flammarion, 1927, p. 128). Il s’efforce de démontrer que le « vrai Jésus » ouvre la voie d’une autre fraternité. « Il préconise la solidarité, la coopération, la mutualité, qui est la seule généralisation sensée du mot amour à l’ensemble des hommes. Ce n’est plus là un sentiment, c’est seulement un noble calcul ». Enfin, Barbusse explicite l’attitude de Jésus qui, se sachant condamné, trace à ces disciples la voie à suivre lorsqu’il ne sera plus là et prévoit les difficultés auxquelles ils se heurteront sur la route du bien. Il lui fait dire : « Vous auriez contre vous les puissants et la religion couronnée qui a été faite d’avance pour lutter contre vous, et toutes les forces du monde. Vous serez haïs et

persécutés. Et les brigands diront de vous : ce sont des brigands. Et les menteurs diront de vous : ce sont des menteurs. Et même des pauvres gens, quoiqu’ils ne sont ni des brigands, ni des menteurs, répéteront cela de vous. » J’en reviens à l’action constante de Barbusse pour la paix et contre le fascisme dont ses visites dans de nombreux pays de la planète qui l’ont conduit à mettre en évidence les situations et à éclairer les combattants de la paix et du progrès social dans leurs actions.

Henri Barbusse s’est engagé dans le combat contre la guerre et le fascisme dès la fin de la guerre 1914-1918. Il n’a jamais séparé le combat contre le fascisme et la lutte contre la guerre. Il réagit aux événements préoccupants du moment en appelant à se joindre à lui dans l’action les pacifistes de tout bord politique. Il faut retenir un article de fond sur les origines du fascisme donné à un journal japonais qui montre comment les difficultés économiques, le chômage et leurs conséquences provoquent l’inquiétude des classes moyennes et ouvrent la porte à la démagogie fasciste. Il appelle à réagir devant : l’attaque des Japonais le 29 janvier 1932 à Kharbin ; l’occupation de Shanghai par ces mêmes Japonais le 22 février ; la faiblesse de la République de Weimar qui ouvre la voie à Hitler. L’assassinat du Président de la République Paul Doumer par un nommé Garguloff, un russe membre d’une organisation anticommuniste. Le 19 avril 1932, il propose à Romain Rolland l’organisation d’un congrès mondial contre la guerre qui, dépassant le cadre des anciens combattants, mobilisera tous les hommes de bonne volonté à travers le monde. Romain Rolland lui donne son accord. L’Appel à la mondialisation

contre la guerre portant la signature des deux hommes est rendu public le 22 mai 1932. Il est repris dans le monde entier. Un comité d’initiatives mondiales est aussitôt constitué. Dans la foulée de la préparation de ce congrès, Henri Barbusse publiera un article retentissant, un « J’accuse » à l’instar de Zola qu’il admira et dont il a écrit la biographie. Dans cet article, il dénonce les agissements des gouvernements français qui se sont succédé depuis la fin de la grande guerre, qui ont aidé des sociétés fascistes et criminelles et continuent de le faire. Le congrès mondial contre la guerre qui devait se tenir à Lucerne, en Suisse, le 28 juin 1932, le jour anniversaire de l’attentat de Sarajevo qui servit de prétexte à la déclaration de guerre en 1914, est interdit par le gouvernement helvétique. Il s’ouvrira finalement en Hollande à Amsterdam le 27 août 1932, malgré l’opposition de l’Internationale ouvrière socialiste et du Parti socialiste français qui y voyaient « manœuvres communistes » et autres. Henri Barbusse avait répondu par avance à ces allégations : « Il s’agit de grouper pour un projet commun, dans une haine commune, tous les partis contre la guerre, en laissant à chacun son indépendance absolue. Nous serions aussi opposés à la mainmise sur cette manifestation des forces contre la guerre par le Parti communiste qu’à sa domination par l’Internationale socialiste ou par la Fédération syndicale interna-

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LE RÉVEIL DOSSIER tionale sous prétexte qu’elles sont plus considérables en nombre. Il ne devrait pas être question ici de majorité ou de minorité. »

Le Mouvement AmsterdamPleyel Une force de paix face à des forces de guerre Avec le congrès mondial contre la guerre qui se tint à Amsterdam le 27 août 1932, Barbusse pouvait s’appuyer pour mener son action contre la guerre et le fascisme sur 30 000 associations regroupant 30 millions d’adhérents. Cette influence était partout vérifiable à Amsterdam : 20 000 participants et participantes au meeting de clôture. A Paris, le 2 septembre 1932, salle Bullier, 30 000 personnes pour entendre le compte-rendu de ce congrès international contre la guerre devenu le mouvement Amsterdam débutant en France avec 10 000 adhérents. Au printemps 1933, un autre écrivain, Romain Rolland, portant les mêmes soucis qu’Henri Barbusse, assure de son concours le congrès ouvrier antifasciste européen convoqué par la C.G.T. italienne et l’opposition révolutionnaire en Allemagne, salle Pleyel à Paris. Il accueille 3 000 délégués. Barbusse y participe et lui apporte son appui. A sa clôture, est fondé à son tour un comité européen de lutte contre le fascisme qui prendra nom : Mouvement Amsterdam-Pleyel. C’est de ces deux grandes initiatives remarquables qu’émergera le grand mouvement de lutte mondial contre la guerre et le fascisme d’une ampleur inégalée qui pris nom Amsterdam-Pleyel, cette fusion ayant été proposée par Barbusse pour ne pas que les deux comités fassent double emploi. H. Barbusse et R. Rolland avaient d’ailleurs démontré leurs vues communes dès le 22 mai 1932 en lançant ensemble, avec de nombreux intellectuels de l’époque, 20 - LE RÉVEIL - N° 829 - NOVEMBRE 2016

un appel commun : « On assiste, disaient-ils, à une recrudescence du militarisme, à la montée fantastique des budgets de guerre. Le tragique état de choses actuel rend les jours où nous vivons comparables à ceux de 1913. Tout en proposant à tous les adversaires de la guerre et du fascisme d’entrer dans le Mouvement, nous ne prétendons, en aucune façon, remplacer les organisations que les foules du travail se sont données. Nous ne voulons rien de moins, ni rien de plus que faciliter leur union pour une lutte commune. Nous ne sommes qu’un mouvement universel de liaison sur un point déterminé du plan de la libération humaine : la lutte contre la guerre… »

Henri Barbusse : un homme à multiples facettes Il est évident que l’on ne peut tout dire sur un homme aussi réactif qu’Henri Barbusse. Toutes ses actions étaient imprégnées de la démarche, la nécessité de tout faire pour s’opposer à la guerre et au fascisme. D’où l’organisation d’un congrès de la jeunesse contre la guerre et le fascisme : 34 pays représentés, 1 098 délégués. Congrès qui aboutit à la création d’un comité national des jeunes contre la guerre et le fascisme qui devint une section du Mouvement Amsterdam-Pleyel. D’où son voyage aux U.S.A. quelque peu contesté par des éléments opposés mais surtout accueillis à New-York par un congrès de 4 000 personnes contre la guerre et le fascisme représentant 25 États. D’où l’organisation du Rassemblement antifasciste du 20 mai 1934 face aux ligues fascistes à Paris. D’où son action pour la défense des antifascistes Thaelmann, Gramsci, Rakosi. D’où sa tentative de Boycott de transport des armes, D’où son intervention auprès de la

société des Nations pour demander des interventions afin de faire cesser l’agression de l’Italie fasciste contre l’Ethiopie ; D’où son appui au « Serment du 14 juillet 1935 » lancé par le Front populaire qui réuni partis et organisations de gauche.

« Pour donner au monde la grande paix humaine » Mais Henri Barbusse, c’était aussi un poète, un romancier, un essayiste reconnu qui fit une brillante carrière dans l’Edition. Plus de 30 ouvrages parus et largement diffusés. C’était un passionné d’aviation, d’automobiles et de cinéma. La mort l’a saisi alors qu’il préparait l’adaptation au cinéma de deux de ses nouvelles. Barbusse fut en contact avec les plus grands intellectuels de son temps : Heinrich Mann, Albert Einstein, André Gide, Serguei Eisenstein, Maxime Gorki, Romain Rolland. Henri Barbusse avait la pensée toujours dirigée vers l’avenir. Lors d’un banquet qui fut offert en son honneur en 1919, il déclara : « L’avenir importe plus que le présent, auquel il s’attache et il en est le nom éternel. Nous nous tournons vers l’avenir dans la crise actuelle, de toute la force, de la résistance de nos volontés. » C’est pourquoi aujourd’hui son action et ses œuvres gardent une telle actualité. Texte extrait d’une conférence sur H. Barbusse de Paul Markidès, Vice-Président de l’ARAC


HISTOIRE LE RÉVEIL

L’un des architectes de l’euro : “Le château de cartes va s’écrouler” « De façon réaliste, il nous faudra patauger, nous débattre d’une crise vers la suivante [dans la zone euro]. Il est difficile de prédire pendant encore combien de temps on pourra encore continuer comme ça, mais ça ne pourra pas durer éternellement ».

Cette déclaration, c’est celle d’Otmar Issing, l’ex-Economiste en chef de la BCE, et l’un des architectes de l’euro, dans une interview avec le magazine Central Banking, citée par Ambrose Evans-Pritchard du Telegraph. Issing était membre du Comité exé-

cutif de la Banque centrale européenne entre 1998 et 2006, et à cet égard, il est un des pères de l’euro. Dans le courant de l’interview, Issing a fait part de ses griefs à propos de l’euro, de la politique d’assouplissement monétaire, de la politique monétaire de la BCE en général et des plans de sauvetage pour les Etats en faillite. « La monnaie unique a été trahie par la politique », commente-t-il. « Il s’agit d’un n’importe quoi fiscal, qui masque une fois de plus des pathologies purulentes ».

Tous les éléments sont réunis pour un désastre « Le pacte de stabilité et de croissance a plus ou moins échoué. La discipline de marché a disparu avec les interventions de la BCE. Il n’y a donc pas de mécanisme de contrôle fiscal provenant des marchés ou de la politique. Tous les éléments sont donc réunis pour une catastrophe au sein de l’union monétaire. Un jour, le château de cartes s’effondrera ».

L’Express Business - 17 octobre 2016

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LE RÉVEIL VOS DROITS

Le retard de la valeur des pensions et retraite du Combattant A quelques encablures du vote de la loi de finance 2017 et à la veille des élections présidentielles et législatives, l’heure est au bilan et à la mise à jour, si nous voulons être en capacité de mener l’action pour la prise en compte des revendications légitimes des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre en matière de droits à réparation. A commencer par celle qui concerne tous les ACVG, qui est donc fondamentale à savoir le retard de la valeur du point PMI et son rattrapage. A la lumière des mesures récentes concernant la Fonction publique (notre référence) nous avons donc procédé à une mise à jour. 1/- Après comparaison, au plan du montant de la retraite du Combattant et de l’évolution de la valeur du point PMI, le quinquennat Hollande est le plus faible des trois derniers, même en prenant en compte la mesure annoncée pour 2017 (2 fois 2 points de plus pour la retraite du Combattant). 2/- La valeur du point PMI C’est elle qui permet le calcul du montant des pensions militaires d’invalidité, de la retraite du Combattant, du plafond majorable des rentes mutualistes AC. Actuellement, le point PMI est à 14,04 euros (seulement 4 centimes de plus pour 2016 !) Par rapport à l’application normale des lois de 1948 et 1952 (principe du rapport constant devant exister entre l’évolution des traitements de la Fonction publique et l’évolution du point PMI) la valeur de celui-ci devrait s’élever à : Sur la base du fonctionnaire de référence AST1 échelle 3 (indice fonction publique 363. Valeur du point fonction publique 4,658075) Soit un traitement annuel de 20 290,57(*) Point PMI théorique égale 1/1 000 soit 20,29 Point PMI actuel : 14,04 soit 6,25 euros de retard du point (- 44,51 %).

Sur la base du traitement médian de l’échelle 3 (Indice fonction publique 391,5 valeur du point Fonction Publique 4,658075) • Traitement annuel 21 883,64 • Point PMI théorique 1/1000 : 21,88 • Point PMI actuel 14,04, soit 7,84 euros de retard du point (- 55,84 %) Sur le traitement le plus bas de la fonction publique échelle 3 Traitement annuel 1 7942,90 Point PMI théorique 1/1000 : 17,94 Point PMI actuel 14,04, soit 3,90 euros de retard du point (- 27,77 %).

DANS TOUS LES CAS de FIGURES La valeur du point PMI est en retard, même sur le traitement des fonctionnaires les moins payés ! L’exigence de la création d’une commission tripartite (gouvernement, parlementaires et Mouvement ACVG) pour débattre de ce retard, de son plan de rattrapage par étape et de la mise sur pied d’un système bannissant cette dérive à l’avenir est donc fondamentale pour le droit à réparation.

(*) Mode de calcul : indice de la FP x valeur du point FP = traitement mensuel. Traitement x 12 = traitement annuel. Valeur du point PMI doit être égal au 1/1000 du traitement brut.

30e Anniversaire de l’ACCA L’Association « Agir contre le colonialisme aujourd’hui » a fêté ses 30 ans à Malakoff les 15 et 16 octobre dernier. Au cours de ces deux journées, expositions, projections de films, séances théâtrales, etc., se sont succédé, entrecoupées de débats. Pour l’occasion, une séance consacrée au 100e anniversaire du « Feu » de Barbusse fut animée par Michel Bassot (membre du Bureau national) et nos camarades de l’ARAC de Malakoff. André Fillère y souligna la spécificité originale de l’ACCA (seule Association Anticolonialiste au monde), ainsi que la communauté d’objectifs et d’engagement de nos deux associations, notamment exprimée le président Raphaël Vahé (absent de Paris) dans son message à Alban Liechti, Président de l’ACCA, intitulé « anticolonialisme, mémoire vraie, antifascisme, amitié entre les peuples, combat pour la paix ». Autant de thèmes qui devraient être repris et développés courant janvier 2017 à l’occasion d’une rencontre proposée par l’ARAC.

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VOS DROITS LE RÉVEIL

Conseil d’Administration de l’ONACVG la charge dans le désert… Le Conseil d’administration de l’ONAC s’est réuni le 27 octobre dernier aux Invalides à Paris. Il avait, à l’ordre du jour – et entre autres choses – le vote du budget rectificatif 2016, celui du budget initial 2017 et la demande de carte blanche à accorder à la Direction générale pour signer les conventions de cessions des Ecoles de Rééducation Professionnelle et des Maisons de retraite de l’ONAC. Disons-le tout net, sur les points ci-dessus, les questions posées par André Fillère se sont enfouies dans le désert silencieux d’un Conseil d’Administration qui a tout voté comme un seul homme, même la représentation syndicale (FO et CFDT seuls « autorisées ») s’abstenant sans intervenir sur des questions qui devraient pourtant les préoccuper. Un seul vote contre, devinez qui… ➣ Pourtant quelques chiffres méritaient l’attention • Budget principal 2016 : 14,9 M€ de déficit prévisionnel • Coût du transfert des Etablissements de l’ONAC (ERP et Maisons de Retraite) 18,49 M€ par l’ONAC • Fonds de roulement fin 2016 ramené à 23,9 M€ (au lieu de 45 M€ fin 2015). ➣ Quant au budget 2017 Il verra à nouveau un prélèvement de 2,77 M€ sur le fonds de roulement qui passera à 21,2 M€ fin 2017 au lieu de 23,9 M€ fin 2016. ➣ L’ONACVG paye donc un lourd tribut pour « offrir » ses ERP et Maisons de retraite à l’extérieur. Encore peut-on penser que notre action tenace – notamment avec la CGT – a permis de faire baisser la note qui – au départ – annonçait 78 M€ à la seule charge de l’ONAC et est ramenée aujourd’hui à 33 M€ dont 18,49 pour l’ONAC (55 %), 7,2 pour la Défense (22 %), 5,5 pour les Affaires Sociales (16,5 %) et – encore – 2 M€

à la charge des Etablissements euxmêmes (6,5 %). Tout cela pour, en fin de compte, se séparer de 750 agents transférés (dont 285 fonctionnaires avec droit d’option) soit la moitié des effectifs de l’ONACVG. Une cure d’amaigrissant drastique qui pèsera sur le poids spécifique de l’établissement. ➣ Il y avait pourtant bien des sujets à débattre, qu’a tenté d’évoquer (sans succès) André Fillère. On se trouvait en effet dans une situation dans laquelle les deux conventions de cession n’étaient pas finalisées, et c’était donc une carte blanche qui était demandée par la direction de l’ONAC quant à des textes dont le CA n’avait pas eu connaissance. • Par exemple, au plan des conditions financières, cette clause en cas de vente, avant 15 ans, de biens immobiliers cédés aux repreneurs. Le prix de vente – diminué du montant des immobilisations – serait partagé à part égale entre le repreneur et l’ONAC. Un exemple : une vente à 6 M€, moins 0,4 M€ d’immobilisations, donc 5,6 M€ divisé en 2, soit 2,8 pour chacun des deux. Ce que nous avons proposé : vente à 6 M€ divisés en 2, soit 3 M€. Sur les 3 M€ du repreneur, l’ONAC récupère ses 0,4 d’immobilisation. Soit 3,4 par l’ONAC et 2,6 pour le repreneur. Refus. Donc l’ONAC paye deux fois les travaux. Avant la vente initiale et lors de la revente éventuelle de biens

dont a bénéficié le repreneur durant X années. • Autre cas, l’indemnité versée aux personnels au cas où la rémunération après transfert serait inférieure à la rémunération actuelle. Très bien, sauf qu’elle est « résorbable » et viendra en diminution des augmentations que pourraient percevoir ces agents durant plusieurs années (changement de grade, d’échelon, etc.) gelant ainsi leur situation. ➣ S’agissant des maisons de retraite Barbazan et Boulogne n’avaient toujours aucune convention de reprise avec un repreneur. L’Article 75 de la loi de finances donnait comme limite le 31 décembre 2017. Mais un décret du 11 octobre dernier a ramené le délai au 31 décembre 2016. Comment les personnels concernés peuvent-ils faire le choix de rester ou changer d’établissements d’ici l’échéance fixée au 9 décembre 2016 ? ➣ L’EPNAK, repreneur des ERP, c’est l’Arlésienne ; on en parle beaucoup, on ne la voit jamais ! Malgré une demande du Premier Vice-Président de l’ONAC – Jacques LE RÉVEIL - N° 829 - NOVEMBRE 2016 - 23


LE RÉVEIL VOS DROITS Goujat – qu’une rencontre soit organisée avec le CA-ONAC, aucun administrateur (sauf André Fillère sans doute et la direction de l’ONAC) ne connait seulement le visage du directeur. Quant au Conseil d’Administration de l’EPNAK, c’est seulement la veille du Conseil d’Administration de l’ONAC (donc le 26 octobre) qu’il a accepté la reprise des ERP… Et on nous demande de tout accepter les yeux fermés ! ➣ Pressions renforcées pour ne pas dire plus ! Les professeurs des ERP sont toujours dans le vague et sans réponse précise à leurs questions. Sinon le message de la Directrice générale

de l’ONAC aux personnels des EMS, le 28 octobre dernier, c’est-àdire car lendemain du CA et forte du silence de celui-ci. • Rappel de l’échéance du 9 décembre 2016 pour les options de choix. Pour les personnels qui sont disposés à intégrer la fonction publique hospitalière, si vous tardez… Attention à la continuation de vos payes… • Quant à ceux qui veulent rester à la défense, ou n’ont pas exprimé de choix, leur rémunération sera coupée à la date du transfert ». Et les agents non titulaires, refusant la proposition qui leur sera faite, ils seront licenciés !

➣ En bref, des personnels qui avaient choisi une carrière et des établissements se voient aujourd’hui intimer d’aller voir ailleurs et le cas échéant seront licenciés, sans traitement, ni reclassement puisque – ne s’agissant pas d’une restructuration à laquelle s’est refusé l’ONAC – ils ne seront même pas prioritaires au plan de la défense. ➣ « Mémoire et Solidarité » devrait être la devise de l’ONACVG. Quelle mémoire des missions menées par les agents concernés et quelle solidarité envers eux ?

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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Georges Doussin, président honoraire de l’ARAC et président délégué de la mutuelle n’est plus

Tremblay 2005 : G. Doussin avec R. Vahe.

De nombreux amis, personnalités, dirigeants d’associations, dirigeants politiques, d’élus, les militants, le personnel de l’ARAC ont manifesté leur émotion à l’annonce du décès brutal de Georges Doussin. Lors des cérémonies qui ont eu lieu à Robion et à Martigues étaient présents de nombreux militants et responsables de l’ARAC ainsi que le Secrétariat National : Raphaël Vahé, Patrick Staat, Annick Chevalier, Paul Markidès, Liliane Rehby, Jacques Verrier. André Fillère était présent avec des dirigeants de la Mutuelle, Jocelyne Commaret, Térésa Gorain, ces amis bulgares et bien d’autres camarades. A Robion, une garde d’honneur a été montée par le Secrétariat National, avec Alain Bonnet, secrétaire du Comité Vitenam et Rosy Mizo du Comité international du Village de l’Amitié. A Robion M. Patrick Sintes, maire de Robion, marque dans son intervention l’homme de bien l’homme de dialogue, le républicain, l’homme de conviction, qu’était Georges Doussin.

Raphaël Vahé, Président de l’ARAC «… Nous te pleurons, Georges, comme

nous t’avons voué, permets moi de te dire aujourd’hui, une vraie admiration, un profond respect et aussi une confiance que tu nous as bien rendue. Ta clairvoyance politique et ta rigueur d’analyse nous ont toujours impressionnés. Tu nous as transmis ta passion de convaincre, la fermeté et le respect des autres, comme l’exigence du respect de nous-mêmes. » « … Georges fut l’un des créateurs avec George Mizo, vétéran américain, du Village de l’Amitié au Vietnam VAN CANH. » « Etre président de l’ARAC, supposait aussi de s’impliquer le plus possible dans les structures unitaires de l’UFAC crée en 1945, suivant la volonté du Conseil National de la Résistance, et l’accord du Général de Gaulle. » « … C’est en 1987 que tu deviens président de l’ARAC en cette année marquée par le 70° anniversaire de l’Association. » « … Tu as toujours été un combattant de la dignité. » « Tu as connu la Seconde guerre et tu as été appelé en Algérie. Là tu découvres au concret que la guerre est inhumaine, elle laisse toujours des traces chez ses acteurs et témoins. Plus encore ? la guerre coloniale, la guerre d’Algérie aimais-tu à rappeler, pèse très lourd dans la conscience française, elle donne des voix à l’extrême droite, elle nourrit le racisme et la xénophobie… Il ne s’agit pas de se repentir mais de regarder cette période avec vérité et de l’assumer. Question de dignité pour toi, pour nous à l’ARAC. » « … Tu présideras et animeras jusque 2005, notre ARAC nationale (à laquelle tu avais adhéré en 1956) et que tu co-présideras la Mutuelle de l’ARAC, préparant ainsi l’équipe du Secrétariat National, chargée de préparer le Centenaire de l’ARAC, en 2017, dans une

volonté affirmée, de pérennité, et de redynamisation. » « … Nous sommes là à l’ARAC, disais-tu souvent, pour faire passer « un souffle d’air pur dans la vie publique française ». « … Georges, tu as été un homme d’honneur, un homme « véritable ». J’ai le souvenir lors du lancement de notre nouvelle formule de notre Réveil du combattant, de quelques articles d’approfondissement que tu as fait, sur ce qu’est la nation, réalité loin d’être disparue au présent, et la nécessité de défendre la souveraineté nationale et populaire limitée ou bafouée, par les traités actuels européens, OTAN, obstruant le développement des coopérations entre les peuples, dans l’intérêt mutuel. » Tous ceux qui te côtoyaient savaient combien comptaient pour lui les liens familiaux. Précieux étaient les moments passés parmi les siens où il puisait l’énergie et la sensibilité aux problèmes quotidiens que chacun te connaissait. Avec notre chère Irène, ton épouse de tous les instants, des bons et mauvais jours, c’est toute une vie militante commune que vous avez édifiée. Honneur à vous deux ! »

Patrick Staat, Secrétaire général de l’ARAC : « Georges a consacré sa vie au bonheur des autres, à l’éducation, à la formation des jeunes. Il considérait que seules la

Savigny 2007 : Georges Doussin.

LE RÉVEIL - N° 829 - NOVEMBRE 2016 - 25


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

A Robion le 29 octobre 2016.

connaissance et la compréhension des évènements peuvent permettre à chacun d’être acteur de sa vie. Tout son engagement tournait autour de l’idée de la construction d’une société plus juste, plus humaine, où l’enfance, la jeunesse aurait toute sa place, un avenir radieux. Georges faisait siennes les convictions et les engagements de Paul Vaillant-Couturier, député maire de Villejuif, président national de l’ARAC. «… Il y a 8 jours encore auprès de Georges et Irène, nous célébrions leurs soixante ans de mariage. Je peux témoigner de ces 60 ans d’engagement, de lutte, de combat commun qui les a unis tous les deux. Comment ne pas se rappeler cette détermination emprunte d’une douceur permanente pour aider et amener les jeunes, les adolescents à mesurer les enjeux que demain ils devraient affronter pour armer cette jeunesse à s’engager dans la vie. Ces efforts de pédagogie, avec son ami Daniel Rouillot, ont marqué des générations de militantes et militants qui grâce à lui ont découvert les Vaillants ou les organisations comme l’ARAC ou le parti communiste. Georges était au sens plein et entier un militant communiste convaincu. » « … En 1956, il adhère à l’ARAC. Un complément légitime à son travail d’éducation de la jeunesse, celui du combat pour la paix, celui du combat pour la vie, celui du combat pour la reconnaissance par la République des fusillés pour l’exemple. « … Georges part au moment où son as26 - LE RÉVEIL - N° 829 - NOVEMBRE 2016

sociation l’ARAC va fêter son centième anniversaire. Cent ans de combat pour la paix, de combat pour le respect de la dignité humaine, pour les valeurs de la République, le respect des droits des femmes et des hommes qui composent la Nation. Pour comprendre l’engagement de Georges, il est utile de rappeler les raisons de la création de notre association, née en novembre 1917, engagée dans le combat pour la paix, pour s’attaquer aux causes de la guerre. Aux lendemains des mutineries de 1917, qui révèle l’horreur, l’inhumanité de cette guerre qui a contribué au 1er partage du monde. Georges écrivait : « Nous ne sommes plus ni en 1917, ni en 1940, ni 1944 ou en 1960. Mais si tout a évolué ou évoluera encore, les valeurs fondamentales qui doivent assurer la survie et pourquoi pas les progrès de l’humanité, et qui ont inspiré les fondateurs de l’ARAC et leurs continuateurs sont toujours les mêmes : humanisme, pacifisme, liberté, égalité, fraternité : les valeurs républicaines ». Voilà qui était l’homme qui a marqué ma vie, mon engagement militant comme celui de centaines d’autres amis et camarades. Alors pour tout cela, je dois dire merci à Georges, merci à Irène et à sa famille.

André Fillère, Président Mutuelle de l’ARAC Georges, c’est pour nous le militant avisé depuis 1987, le guide qui aimait à dire que “la répétition est pédagogique”, l’homme ouvert qui comprenait les situations et - sans rien excuser - savait faire la part des choses : « Que veux-tu disait-il, partout où il y a des hommes, il y a de l’hommerie ». Et toujours sa confiance en l’homme, envers la jeunesse, en l’avenir était inébranlable, qu’il s’agisse du travail au quotidien comme de l’action nationale et internationale Georges était sur la brèche : UFAC, l’ONAC qui ne connaissait pas cet homme pour qui “petites mains” et “responsables” étaient avant tout des hommes et des femmes dignes et respectés.

De notre Mutuelle, où il a commencé l’aventure des présidences partagées (président national de l’ARAC et président délégué de la Mutuelle), il aimait à répéter : « il y a un trépied : l’ARAC, la Mutuelle et le Réveil : tous sont aussi importants les uns que les autres ». Jusqu’au bout, il a soutenu notre processus de mutation vers la Mutuelle Familiale.

L’Humanité : Dans son édition du 9 novembre 2016. « C’est une vie de combat qui vient d’être interrompue brutalement. Georges Doussin a succombé à un malaise cardiaque, quelques heures seulement après avoir animé le week-end dernier avec ses camarades de l’ARAC du Vaucluse et de la Libre Pensée une initiative pour la reconnaissance des « fusillés pour l’exemple ». « … Dans un entretien accordé à l’Humanité en mai 2001, il revenait en tant que président de l’ARAC sur cette période avec des propos d’une grande lucidité et courage : « la guerre est inhumaine, elle laisse toujours des traces chez ses acteurs et témoins. Et plus encore la guerre coloniale. »

Le Parisien du 9 novembre « Jusqu’au bout il aura mené son combat pour la paix. Georges Doussin, qui a présidé l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC) pendant 20 ans, est décédé samedi 5 novembre à 85 ans.

Congrès en 2013 : Geoges Doussin.


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G. Doussin 2005 avec sa femme Irène au Congrès de Tremblay en France.

A Villejuif, il déploya son énergie au sein du Parti communiste français et au sein de la municipalité sur tant de domaines » ont souligné les conseillers départementaux (PCF) Flore Munck et Pierre Garzon suppléants Brigitte Contant et Jugurtha Ouahrani « responsable dans toute la plénitude du terme car rien de qui est humain de lui est étranger » a salué l’ARAC.

Les Pionniers de France «… Militant infatigable et intraitable sur l’égalité et la lutte contre les injustices. Il fut dès le début des « vaillantes et vaillantes » après la libération jusqu’à devenir le président qui concrétisa l’évolution des vaillants et vaillantes » en « mouvement des Pionniers de France ». Devenu aujourd’hui « l’Union des Fédérations des Pionniers de France ». L’éducation populaire était pour lui synonyme d’émancipation. Permettre aux enfants d’accéder au meilleur de l’humanité tout en leur permettant d’avoir prise et d’agir sur leurs réalités était constitutif de son engagement communiste. Georges Doussin nous lègue donc les fruits de sa lutte, avec un exemple d’engagement et d’intégrité. Il nous lègue également la responsabilité qui est désormais notre de faire vivre, grandir et transmettre les outils que les travailleurs ont besoin pour lutter contre les grands possédants.

Pierre Laurent, Secrétaire National du PCF « Chère Irène, J’appréciais son écoute, son engage-

ment au sein du Parti communiste et dans l’Association fondée par Henri Barbusse, l’ARAC. J’ai en mémoire son engagement au sein de l’ARAC pour faire reconnaitre la guerre d’Algérie comme telle. Journaliste à l’Humanité et rédacteur en chef du journal, je l’avais côtoyé. Le documentaire de Bertrand Tavernier : « La guerre sans nom » avait été un révélateur pour des centaines de milliers d’anciens combattants. Georges, avec l’équipe de l’ARAC, a donné, des visages, des mots à cette guerre, dont les cicatrices n’avaient jamais été refermées.

Le Comité Français du Village de l’Amitié Van Canh au Vietnam « Georges fut un des créateurs du Village dont la réalisation constitue encore aujourd’hui une belle aventure collective, a porté le projet de créer une coordination entre les associations d’Anciens Combattants. De cette coordination est né le Village de l’Amitié à Van Canh. Georges Doussin a été profondément bouleversé en recevant en 2001, avec le Directeur du Village, le Prix des Droits de l’Homme de la République Française remis par le Premier Ministre Lionel Jospin.

Yves Doury, Secrétaire Général de l’UFAC « Avec consternation et une grande émotion, nous prenons connaissance du décès de notre ami Georges. Militant passionné pour le bien de tous, il parlait avec beaucoup de chaleur et de compétence mais aussi avec une grande modestie, de ses engagements pour le monde combattant. Au nom du président, Jacques Goujat et des membres du Bureau National. »

yeux de beaucoup trop de Français, les valeurs défendues tout au long de sa vie par Georges Doussin restent d’une brûlante actualité.

Christian Favier, Président du Conseil départemental 94, sénateur « Il mettra toutes ses qualités d’intelligence et de cœur au service des Villejuifois. Georges Doussin était également un homme dialogue entre les peuples, ouvert sur le monde comme en témoignait son engagement pour l’amitié avec le Vietnam. J’adresse mes plus sincères condoléances et une pensée émue à ses proches, Irène son épouse, et à leurs trois fils. »

Dominique Adenot, maire de Champigny et président de l’ANECR « C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le décès de Georges Doussin. Il a été un artisan important de la réflexion et de l’action dans le domaine de l’Education populaire, de l’enfance, en particulier au sein « des Vaillants ». Premier adjoint au maire de Villejuif, dévoué aux habitants, s’employant avec humanisme, cœur et intelligence à faire progresser la ville, à réduire les inégalités et faire respecter les droits de chacun.

A Villejuif, le maire a fait une minute de silence au Monument aux Morts lors des cérémonies du 11 novembre en hommage à l’élu, au dirigeant de l’ARAC qu’a été Georges Doussin, lui qui a été 1er adjoint de la ville auprès de Louis Dolhy.

Francis Wurtz, député européen honoraire « J’ai, très tôt après le début de mon engagement politique, appris qui était Georges Doussin. Il a fait partie de ces personnages qui font l’honneur du parti communiste français. Dans une période marquée par la banalisation de la guerre, du racisme et de la xénophobie aux

En 2012 : G. Doussin et Nguyen Van Rinh.

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BREST (29)

Rennes (35) Le samedi 24 septembre Débats et marche pour la Paix Plus de 700, les personnes ont participé à cette journée. Lors de la réunion d’information le public se serrait dans une salle archicomble où sont intervenus deux porte-parole d’associations pacifistes une malienne, un grec et J.-C. Le Duigou représentant la CGT. Intervenant au cours du débat qui suivit, G. Ploteau rappelait notamment au titre de l’ARAC, la nécessité de s’attaquer aux causes profondes des guerres et des conflits.

Dévoilement de la stèle commémorative du centenaire du débarquement à Brest du corps expéditionnaire russe qui débarquèrent pour se battre aux côtés des français contre l’ennemi commun. 8 000 tombèrent ou furent blessés. Les porte-drapeaux de l’ARAC nos camarades (Roger Berthelot et Louis Launay).

politiques, familles kurdes, colombiennes, etc. Et, bien sûr la délégation de l’ARAC venue des départements de Bretagne et des Pays de Loire. Deux banderoles, et nombreux drapeaux ARAC rappelaient le sens de notre présence que confirmaient plus de 300 tracts distribués lors de cette journée, provoquant des échanges intéressants notamment avec la population rennaise.

Au son de la cornemuse ou de l’animation musicale de la camionnette CGT, la marche a défilé dans les rues rennaises avec plusieurs arrêts rappelant les objectifs. Un public nombreux regardait cette marche et remarquait la diversité d’expression des participants : Mouvement de la Paix, associations caritatives, organisations syndicales,

Fréjus (83) Le 27 octobre au cinéma VOX de Fréjus, sur invitation de VietnAmitié en partenariat avec le Fonds d’Alerte contre l’Agent Orange/Dioxine (www.faaod.fr) et l’Association pour la Promotion des Femmes Scientifiques Vietnamiennes et l’ARAC du Var représentée par Gérard Vallée s’est tenue une rencontre. Une projection du film belge « Liên de Mê Linh » de Jean-Marc TURINE sur les épandages toxiques de l’Agent Orange par les Etats-Unis et leurs conséquences aujourd’hui au Viêt Nam. Gérard VALLEE a présenté le village de l’Amitié de Van-Canh, en a détaillé l’historique, l’utilité et la solidarité multinationale du monde des anciens combattants. Il a parlé aussi de la dernière réalisation : la piscine thérapeutique pour les malades de l’agent orange. Un public, ému a ensuite écouté un 28 - LE RÉVEIL - N° 829 - NOVEMBRE 2016

exposé de Mme TRAN TO NGA, en présence de Mme NGUYEN DAC NHU-MAI, représentant la VAVA, de M. Pierric LE NEVEU, Président du FaAOD, et du Dr Louis REYMONDON, Président de VietnAmitié et pour une coopération médicale franco-vietnamienne restaurée, alors qu’il était chirurgien chef de l’hôpital de Fréjus. Mme TRAN TO NGA, victime établie de la dioxine, nous a fait part du procès qu’elle intente, en sa qualité de citoyenne française, devant le TGI d’Evry, avec l’assistance du Cabinet William BOURDON, contre les Firmes américaines qui ont fabriqué et fourni ce poison en toute connaissance de cause. Elle a refusé pour elle-même toute transaction financière car son but est d’obtenir une jurisprudence utile aux 4 millions de victimes des mutations génétiques engendrées

et visibles aujourd’hui jusqu’à la 4e génération ! Elle a présenté et dédicacé le livre de sa vie militante « Ma terre empoisonnée » (Stock) : Une lecture indispensable car cette tragédie illustre les conséquences sans fin de la Guerre chimique et la gravité méconnue du danger universel de produits toxiques semblables déjà employés partout comme engrais ou pesticides. Gérard VALLEE


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Notre camarade Seine-Saint-Denis (93) Marie-Thérèse 11 novembre 2016 à Romainville Goutmann n’est plus Sept classes du collège Gustave Cour- suit jusqu’en décembre Nous venons d’apprendre la disparition de notre amie et camarade Marie-Thérèse Goutmann sénatrice de 1968 à 1978 puis députée de SeineSaint-Denis qui fut la première femme d’un groupe parlementaire Marie-Thérèse Goutemenn maire députée sénatrice, au Sénat. c’est engagée notamment Marie-Thérèse qui pour le droit des femmes. était membre de notre ARAC, a toujours lutté partout où elle s’est trouvée. En Seine-Saint-Denis à Montfermeil, à Noisy le Grand puis à Sète, défendant les plus en difficulté. En présentant à ses proches et à sa famille le bureau national de l’ARAC les assures de la solidarité de notre association.

bet de Romainville en Seine-SaintDenis soit 250 élèves ont préparé par groupes de 4 à 8 élèves, dix interventions sur les thèmes de la guerre 1914-1918 pour la cérémonie du 11 novembre 2016. Et c’est aux côtés de notre camarade Paul Markidès, président de la section de l’ARAC et intervenant officiel en son nom, que 10 délégués des élèves ont lu ces interventions devant le public participant à la cérémonie dans la salle de l’Hôtel de Ville. Ils étaient accompagnés de nombreux camarades de leurs classes, de plusieurs de leurs professeurs, de Madame Sophie Nobecourt principale du collège et de Madame Baya Bali principale adjointe et des militants de la section de l’ARAC qui les ont aidé dans la préparation de cette heureuse initiative. Au collège, la commémoration se pour-

2016 par la présentation classe par classe de l’exposition sur Henri Barbusse et la projection pour toutes les classes de 3e du film de Jean-Pierre Jeunet « un long dimanche de fiançailles » suivi d’un débat qui sera mené par Paul Markidès président et Pirlay Lapolice, secrétaire de la section.

Notre photo : une partie des élèves accompagnée des principaux, de quelques professeurs et de militants de l’ARAC durant l’intervention de Paul Markidès ouvrant le déroulement de la cérémonie.


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Journée solidarité Vietnam Réussie à Evry le 22 octobre A l’initiative du Comité départemental de l’ESSONNE pour le Village de l’Amitié de VAN CANH, une JOURNEE VIETNAM a été organisée le 22 octobre dernier à EVRY. Très belle réussite. Plus de 200 participants dans les locaux de l’Union des Retraités de la Ville d’EVRY. Projection du film « RETOUR EN ENFER » sur les conséquences tragiques du déversement par les bombardements américains de la dioxine, « l’agent orange » sur les populations vietnamiennes. Un riche débat avec la participation de Sandrine LE PIRONNEC, Avocate, Jean Pierre ARCHAMBAULT, Secrétaire Général de l’Association d’Amitié Franco-Vietnamienne, Raphaël VAHE, Président du Comité National et de l’A.R.A.C., animé

par Lucien DUVERGER-CHATELLET, Président du Comité départemental. Son excellence Monsieur NGUYEN NGOC SON, Ambassadeur du Vietnam en France était présent, ainsi que son attaché Monsieur DO DUC THANH, des Maires adjoints d’EVRY dont Monsieur FLEURY, Conseiller départemental qui a remis à l’Ambassadeur la Médaille de la Ville. Un très bon repas amical a été préparé et servi par l’équipe de l’Union des Retraités d’Evry sous la conduite de son Président, Monsieur Pierre MAZE. L’après-midi a été marqué par le spectacle d’une troupe vietnamienne de qualité, chants, danses, présentation de costumes. La vente d’objets artisanaux vietnamiens, de livres, et une belle tombola ont agrémenté cette journée. Les résultats financiers de cette journée sont très positifs et vont permettre de ver-

Evry R. Vahé - J.-P. Archambault - S. Le Pironnec L. Duverger-Chatellet.

ser un nouveau don important au Village de l’Amitié de VAN CANH. Remercions chaleureusement tous les militants du Comité du Village et de l’A.R.A.C de l’ESSONNE qui se sont mobilisés pour le succès de cette JOURNEE VIETNAM, leur animatrice Denise HENRY, Claudette SUSS avec son habituel et convivial café de bienvenue et bien sûr les équipes de l’Union des Retraités d’EVRY.

La solidarité c’est juste un droit pour chacun Val-de-Marne, 100 % solidaire

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A Rennes, 55e anniversaire du 17 octobre 1961

« Paix, liberté, égalité, fraternité dans nos cités et entre nos peuples » retard sur l’histoire… A ceux qui parfois en doutent, heureusement les écrits restent. Textes en main, on pourrait lire ou relire ce qui fut écrit en octobre 1961 comme, par exemple, les organisations ici présentes qui existaient et s’engagèrent à cette période : la Ligue des Droits de l’Homme, le Mouvement de la Paix, le MRAP, l’ARAC. Des intellectuels, la plupart des grandes centrales syndicales de salariés, d’enseignants, d’étudiants, des partis politiques, comme le PCF, le PSU, des mouvements chrétiens et… beaucoup d’autres ne restèrent pas muets pendant cette période, comme toute une partie de la presse lorsqu’elle n’était pas censurée. », Après le rappel du vote du peuple français, puis du peuple algérien pour soutenir à une immense majorité les accords d’Evian, l’intervenant précisait en conclusion:

« Les fleurs que nous jetterons dans la Vilaine, semblables à celles qui aujourd’hui à Paris, sont envoyées dans la Seine, ne sont pas un symbole de rancœur, ni de haine. Cet hommage aux victimes du 17 octobre 1961 rappelle la nécessité de construire un monde de paix et pour cela de liberté, d’égalité, de fraternité dans nos cités et entre nos peuples. »

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AC rnal de l’AR ans du Jou ines o r les 85 Pou P Po s républica re les valeur Pour défend la Solidarité oo fr anadddoo. ana nts@wana Pour l’Amitié, batta -com l-des 7 VILLEJUIF - revei 9480 dien Méri 2, place du

Presse Éditi

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Comme depuis plusieurs années, le collectif d’associations humanistes et culturelles locales organisait un rassemblement sur la passerelle des Jumelages. Lieu symbolique, car d’une part cette passerelle rappelle la solidarité des villes jumelées avec Rennes, notamment depuis 1982 la ville de Sétif en Algérie, d’autre part ce passage sur la Vilaine permet d’évoquer le drame qui se produisit à Paris, le 17 octobre 1961, notamment au Pont Saint Michel sur la Seine. Avant la lecture du message national, Georges Ploteau, représentant l’ARAC, effectuait la prise de parole unitaire au nom du collectif rennais. Il saluait d’abord la présence des représentantes de la Municipalité rennaise et du Conseil départemental, des représentants d’associations, organisations et des participants notamment un certain nombre des jeunes. Puis, il rappelait le contexte de cette fin d’année 1961 : la guerre coloniale qui perdurait en Algérie depuis 1954, la montée de l’OAS, l’action en avril 1961 contre le « putsch des généraux » grâce « au refus majoritaire des appelés du contingent, soutenus par des officiers et sous-officiers loyaux, cette tentative finit par échouer. » Des dizaines de milliers d’algériennes et algériens traqués, humiliés étaient venus de la région parisienne pour manifester pacifiquement ce 17 octobre 1961. La police parisienne était alors dirigée par Maurice Papon. Cet ancien pétainiste pronazi avait précédemment déclaré : « Pour un policier tué, nous tuerons dix algériens suspects d’être des soutiens du FLN ». « La lecture de l’appel commun nous rappellera la violence de la répression policière qui s’abattit sur elles et sur eux. » « Si nos associations sont présentes ici, ce n’est pas pour essayer de rattraper un

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