Magazine reveil des combattants septembre 2013

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défense des retraites !

Syrie : espoir à l’onu

chateaubriant

le réveil Septembre 2013 - N°796 - 5 e www.le-reveil-des-combattants.fr

des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

p o e r u : E é , t e a c t d’ur n a Fr g e e l , s é s t a n l a n a s i r a e l s r , les re ce su trai tes

Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre


LE RÉVEIL actualités

Jean Salaud nous a quittés Notre camarade Jean Salaud, membre du Bureau national de l’ARAC et président du comité du Finistère, est décédé brutalement dans la nuit du jeudi 5 septembre 2013. Au nom de la direction nationale, de son président Raphaël Vahé, du Bureau national, Patrick Staat lui a rendu hommage. Plus de 300 personnes étaient présentes, Georges Ploteau, Jean-Claude Salomon, Michel Hornyak, membres du Bureau national de l’ARAC, les militants du département du SudFinistère, de Brest, Rennes, Nantes. Reconnu et apprécié par tous pour sa lutte inlassable pour défendre la paix, les valeurs républicaines, de nombreux amis et camarades du monde associatif, syndical étaient présents. Notamment Madame Here pour la mairie de Brest, la CGT du Finistère, de l’arsenal, mais également le PCF, Charles Paperon, co-président de l’ANACR du Finistère, l’ANCAC, le Parti de Gauche, le Comité du Souvenir de Châteaubriant, BMO, Le Mouvement de la Paix, la FNACA et beaucoup d’amis.

L’hommage de Patrick Staat Comment ne pas vous parler de l’amitié, du respect qu’a suscité Jean, qu’a construit Jean, au fil des années ? Secrétaire général de l’ARAC, je ne suis pas ancien combattant et pourtant s’est tissée, comme avec beaucoup de camarades ici présents, une amitié profonde. Il restera comme un homme combatif, déterminé, un homme libre et entier dans ses engagements et ses convictions. Je sais que dans cette salle, Jean a partagé ses combats avec beaucoup de ceux qui lui rendent hommage aujourd’hui. 2-

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Jean avait la conscience et la fierté de sa classe : la classe ouvrière. Jean avait l’estime et l’autorité de celui qui, par son engagement quotidien sans faille, force le respect, l’amitié de tous ceux qui le connaissent. Jean était porteur d’une mémoire vécue aux avant-postes des luttes sociales et politiques pour la défense des droits sociaux si durement acquis et mis en place par le Conseil national de la Résistance. Jean agissait au concret, notamment, avec toi chère Annick, pour la solidarité envers le Village de l’Amitié Van Canh, envers les enfants qui souffrent encore durement dans leurs gènes, trente ans après la fin de la guerre américaine au Vietnam, des effets terribles de l’agent orange. Toute sa vie, il a été confronté à la dure exploitation de ceux qui pour vivre sont soumis aux dures conditions matérielles. Il était de ceux qui ont la conviction que le malheur qui s’abat sur ceux qui n’ont que leurs bras et leur savoir d’ouvrier n’est pas fatal. C’est cette conviction qui a fait de Jean un militant de l’ARAC, luttant contre les ennemis des idéaux républicains, les xénophobes, les racistes, les fascistes. Ouvrier des arsenaux pendant 16 ans sur les sous-marins nucléaires à Cherbourg et l’ile Longue, il a toujours été un ardent militant de la paix. Malgré ce travail, il portait un regard clair sur

notre association qui, rappelait-il, « est née dans les tranchées de 14-18 ». La guerre ne résout rien aimait-il rappeler et de citer Anatole France : « On croit mourir pour la patrie, alors qu’on meurt pour les industriels ». C’était vrai en 14, c’est toujours vrai aujourd’hui. Jean avait trouvé dans l’ARAC ce que pouvait être l’engagement, le courage du devoir de vérité, rassembler les militants de la paix, de la fraternité humaine, lutter pour la vie et le bonheur équitable. La grande richesse de notre association républicaine, c’est le brassage des générations auquel Jean était particulièrement attaché. Je voudrais dire à Annick, sa compagne et aussi notre sœur militante de l’ARAC et au Comité Van Canh, toujours à côté de lui dans tous ses combats, si courageuse, combien nous sommes avec elle à souffrir en ce jour où nous allons continuer, sans Jean, le chemin où nous marchons ensemble. Comme tu l’as fait toute ta vie, comme nous y invitait l’un des fondateurs de l’ARAC, Paul Vaillant-Couturier, nous continuerons « de bâtir des lendemains qui chantent, nous continuerons de bâtir des siècles de bonheur. » Merci à toi Jean, merci pour tout. Lundi 9 septembre 2013


ÉDITO LE RÉVEIL

UNE POLITIQUE QUI TOURNE LE DOS AUX VALEURS DE LA FRANCE

SOMMAIRE Actualités p. 4 Santé : état d’urgence en Europe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Un quart des Européen menacé de pauvreté.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Retraites : la vérité sur les chiffres officiels.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 International p.78 Syrie : les peuples contre la guerre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Armes chimiques et intérêts occidentaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Le gaz iranien, un autre enjeu de la crise.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Syrie : Espoir à l’ONU. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Obama cyber guerrier.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Vie de l’ARAC p. 21 Syrie : la déclaration du Bureau national de l’ARAC.. . . . . . . . . . . . . . . . 21 La vie des comités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Tombola 2013 : les numéros gagnants. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Vos droits p. 28 Services départementaux de l’ONAC : état d’alerte ?.. . . . . . . . . . . . . . . 28 Vers l’attribution de nouvelles cartes du combattant ?.. . . . . . . . . . . . 29 Pupilles de la Résistance, campagne double.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 Magazine p. 31

P. 13 D ossier

Chateaubriant Vous qui restez, soyez dignes de nous...

www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 Édité par les Éditions du Réveil des Combattants SARL au capital de 45 734,41 - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien, 94807 Villejuif cedex Téléphone : 01 42 11 11 12 Télécopie : 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr

Tirage : 60 000 exemplaires Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé • Directeur délégué - Rédacteur en chef : Patrick Staat • Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Laurence Gorain• Service photos : JeanClaude Fèvre • Administratrice : Annick Chevalier • Secrétariat de rédaction, conception graphique : Escalier D Communication • Impression : RIVET P.E. - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

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haque jour voit le gouvernement détruire le tissu social, démocratique et républicain de notre pays. Cette politique tourne le dos à notre histoire, à nos valeurs, qui ont construit la France, celle qu’on aime, celle qui est reconnue et respectée dans le monde. Les inégalités n’ont jamais été aussi grandes. Pourtant avec une production annuelle de 1 900 milliards d’euros, la France n’a jamais été aussi riche de son histoire. Si la grande majorité des Français souffre, une caste de plus en plus étroite s’enrichit et vit dans l’opulence. Les 500 premières fortunes ont vu leur richesse augmenter de 25 % en un an. Pour les autres, les chiffres parlent d’eux-mêmes : salaire médian à 1 500 e et SMIC à 1 100 e ; des millions de salariés précaires à temps partiel ; 4,5 millions de chômeurs toutes catégories confondues ; enfin, 1,2 million de foyers en plus vont payer des impôts et autant en 2014 avec le projet de budget. En 2012 sur le travail des salariés, 160 milliards ont été consacrés aux cotisations sociales, 197,5 en investissements des entreprises et 290 en frais financiers et rémunération des actionnaires. 200 milliards pris sur le budget de l’État chaque année servent aux exonérations fiscales, plus 20 milliards prévus au titre du crédit d’impôt. M. Hollande ! En poursuivant la politique de M. Sarkozy aux ordres de Bruxelles, c’est une société inégalitaire que vous construisez, tournant le dos aux valeurs républicaines. Ce dont a besoin notre pays, ce dont a besoin l’Europe, c’est d’une France indépendante, souveraine assumant son héritage. Une nation qui par sa créativité, son originalité, son dynamisme continuera à construire pierre par pierre l’édifice que nous ont légué les républicains de 1789, les combattants de la Commune, les résistants du CNR. Ainsi la France apportera à l’Europe et au peuple du monde sa contribution pour plus de justice et de paix. La devise au fronton de nos mairies a du sens, « Liberté, Égalité, Fraternité », trois mots qui n’ont jamais autant été d’actualité et porteurs de modernité. L’ARAC ne laissera personne porter atteinte à ces valeurs républicaines. Chaque atteinte, chaque recul fait le lit de la droite et de l’extrême droite. Chaque jour l’actualité nous le rappelle. Et l’histoire nous montre également que chaque concession aux valeurs fondamentales de la République est une concession à la bête immonde. Cela a été vrai en 1933 en Allemagne, en 1934 en France. Patrick Staat LE RÉVEIL - N°796 - septembre 2013

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L’État d’urgence en Europe est déclaré pour la santé Dans Viva, le journal de la Mutuelle familiale, un dossier est publié en septembre 2013 « Santé, l’état d’urgence est déclaré ». Ce dossier reprend l’inquiétude unanime de médecins, sociologues, membres d’ONG, sur l’impact des plans de rigueurs imposé par la Commission européenne sur la santé des Européens. En effet, en rognant sur les budgets sociaux, ceux de la santé, c’est sur la santé physique et mentale des populations des pays européens les plus touchés par la crise que l’on pèse. Espagne Des « marées blanches » pour sauver le système de soins En avril 2012, le gouvernement espagnol présente sa réforme du système de santé, avec une baisse des budgets sociaux de 7 milliards d’euros. Désormais, les retraités, exonérés jusqu’alors, devront prendre en charge 10 % du prix des médicaments. Les actifs, qui eux contribuaient déjà à hauteur de 40 % du prix, devront en payer 50 ou 60 %. Dans toutes les régions, le système de santé est démantelé. En novembre 2012, dans la région de Madrid, 6 des 20 plus grands hôpitaux et 27 centres de santé sur 270 sont privatisés ; en Castille,

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Quel impact sur l’espérance de vie ?

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’espérance de vie de la population européenne a augmenté de cinq ans depuis 1980. Pour autant, dans un rapport de mars 2013, l’OMS met en garde : « Un scénario possible et qui menace les progrès constants faits en matière d’espérance de vie en Europe consisterait à ce que des crises économiques ou sociales soient couplées à des réductions des dépenses de santé. »

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17 centres médicaux sont fermés et 15 autres sont supprimés en Estrémadure. Déjà, en 2011, la Catalogne avait fermé une soixantaine de services d’urgence. Dans toute l’Espagne, les professionnels de la santé se mobilisent dans d’immenses manifestations, les « marées blanches », pour sauver le système de santé. Sur les banderoles, on peut lire : « La santé ne se vend pas » ou « Il est criminel de faire des coupes dans la santé ». La dette des hôpitaux publics à l’égard de l’industrie pharmaceutique atteint 5,4 milliards. Cette dernière, comme en Grèce, pourrait décider de ne plus les approvisionner. Avec ses 27 % de chômeurs (50 % chez les jeunes), l’Espagne se paupérise, et un rapport de la Croix-Rouge fait état, dans ses antennes, des problèmes croissants de non-paiement de l’électricité, de surendettement, et d’une augmentation sans précédent des expulsions. De son côté, Caritas Espagne signale que le nombre de personnes ayant demandé de l’aide à l’association a triplé entre 2007 et 2011, année où il a dépassé un million.

Italie Trois milliards d’économie sur la santé Alors que les consultations ordinaires y étaient gratuites, le plan d’austérité adopté par le Parlement italien a mis en place un ticket modérateur de 10 à 25 euros pour les patients se rendant aux urgences. Les frais de santé non couverts par le système social s’élèvent

à 1 000 euros par an et par famille. Un second plan d’austérité prévoit des coupes de l’ordre de 3,5 milliards d’euros, en particulier dans le domaine de la santé. Le nombre d’Italiens à la rue a doublé. Gianfranco De Maio, coordinateur du projet santé pour les sans-abri de Médecins sans frontières à Rome déclare : « Traditionnellement, Médecins sans frontières Italie s’occupe de missions à l’étranger ou des migrants sans papiers installés sur le territoire italien. Mais, depuis deux ans, le nombre d’Italiens à la rue a explosé, surtout des hommes de 40 à 50 ans. Ils représentent 40 % de nos consultations. Leur parcours est souvent le même : un licenciement ou la faillite de leur entreprise entraîne un surendettement, une crise familiale et une expulsion. Souvent, la maladie vient s’ajouter. Beaucoup n’ont plus de couverture sociale, non pas qu’ils n’y aient pas droit, mais parce que les procédures, organisées régionalement, sont complexes et longues. Si vous êtes de Rome, vous ne pouvez pas vous faire soigner en Lombardie. »

Grèce Une crise sanitaire sans précédent En Grèce, les mesures drastiques et les coupes dans le budget de la Santé ont eu des conséquences immédiates sur la vie des gens. Les hôpitaux ne peuvent plus acheter de médicaments (insuline, anticancéreux) ou de matériel médical (pansements, compresses) et font appel aux dons. Un forfait hospitalier de 5 euros a été mis en place pour les consultations médicales, et tous les examens complémentaires (biologie, radiologie) sont payants. Pour la part qui est encore prise en charge, les délais de remboursement peuvent atteindre un an. Comment se soigner lorsqu’on est retraité avec une pension moyenne de 350 euros ? « Le système de santé grec avait des failles, aujourd’hui la situation est inimagi-


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nable », témoigne Nathalie Simonnot, responsable du réseau international de Médecins du monde. La Grèce a été l’un des premiers pays touchés par la crise. Le 23 avril 2010, elle demande de l’aide à l’Union européenne et au FMI. Elle obtient le 2 mai 110 milliards d’euros sur trois ans, mais en contrepartie, elle doit accepter un vaste plan d’ajustement structurel, qui s’accompagne de coupes dans toutes les dépenses publiques. Le budget de la Santé est diminué de 40 %, 2 000 lits sont supprimés dans les hôpitaux publics, un système de ticket modérateur est institué. En 2011, les retraites supérieures à 1 200 euros sont réduites de 20 %, la taxe sur le fioul augmente, la TVA passe de 13 à 23 %, des milliers de postes de fonctionnaires sont supprimés, les salaires de ceux qui restent sont diminués de 20 %. Pour les chômeurs, la situation est intenable. L’allocation de 400 euros, la même pour tous, est supprimée au bout d’un an. Et, depuis 2011 et la signature d’une nouvelle aide des institutions internationales, les Grecs en fin de droits doivent désormais assumer euxmêmes leurs dépenses de santé. Près de la moitié des 1,2 million de chômeurs de longue durée sont sans assurance santé. « Pour les plus précaires, il n’est plus question d’austérité, mais de survie. Les Grecs ont peur d’aller à l’hôpital, car ils ne savent pas s’ils vont être soignés, ni avec quoi ? Ni combien cela va leur coûter... », déplore Nathalie Simonnot. Par ailleurs, dans les hôpitaux, les refus de soins se multiplient, et certains médecins témoignent de pratiques honteuses, comme dans cet hôpital qui a re-

fusé de rendre un nouveau-né à sa mère tant qu’elle n’aurait pas réglé les 900 euros de son hospitalisation. « Mais le problème de santé publique le plus grave concerne les vaccinations : un pack complet de vaccinations pour la petite enfance coûte 230 euros. Il n’est pas remboursé. Or, si on trouve toujours plus ou moins un médecin qui accepte de vous vacciner gratuitement, comment payer les vaccins ? Les enfants des familles modestes ne sont plus vaccinés. De fait, ils ne sont pas non plus acceptés à l’école. » Les centres de santé de Médecins du monde en Grèce ont reçu 30 000 personnes en 2012. C’est 30 % de plus qu’en 2011. Et si les familles viennent essentiellement pour les soins, de plus en plus d’enfants sous-alimentés reçoivent des produits nutritionnels enrichis.

Portugal Quatre plans d’austérité en deux ans Le Portugal a connu quatre plans d’austérité en deux ans. Entre 2011 et 2013, le total des mesures d’austérité mises en œuvre (coupes budgétaires ou hausses d’impôts) est estimé à 23,8 milliards d’euros. Pour les malades, le ticket modérateur a doublé. Il passe de 2,5 à 5 euros en médecine de ville, et jusqu’à 20 euros aux urgences. Seuls les patients à bas revenus, les malades chroniques et les personnes handicapées en sont exemptés. En 2012, tous les salariés du secteur public ont vu leurs salaires diminuer de 20 à 25 %. La TVA a été portée à 23 %, y compris sur le gaz et l’électricité (elle était jusqu’alors de 6 %), les trans-

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Un quart des Européens menacés de pauvreté

Les derniers chiffres d’Eurostat (décembre 2012) sont sans appel. Un quart des Européens sont menacés de pauvreté ou d’exclusion sociale. Le nombre de chômeurs a atteint les 26 millions en Europe, soit la population de la Norvège, de la Suède, du Danemark, de la Finlande et de l’Islande réunis. Quant au moral des Européens, il est au plus bas. 6 sur 10 considèrent que « le pire est à venir ». Ils sont 68 % à le penser chez les Français, et 78 % chez les Belges, les Grecs et les Portugais.

ports publics ont augmenté de 15 %, la réduction de la durée et du montant des allocations chômage a été décidée, le revenu social d’insertion a été réduit de 20 %, et 97 000 personnes ont été radiées de ce droit. 20 % des étudiants ont perdu leur bourse, et les salariés quatre jours légaux de congés payés. « Les mesures prises sont d’une brutalité incroyable » martèle Cristina Semblano, économiste, représentante du Bloco de Esquerda (Bloc de gauche). Depuis 2010, les plans d’austérité ont entraîné des coupes drastiques dans les budgets de la Santé. Le ticket modérateur à l’hôpital varie de 10 à 20 euros et, selon le FMI, il pourrait passer à 40 euros, alors que le salaire minimum est de 480 euros brut. 3 millions de Portugais, au chômage, travaillant à temps partiel ou au noir, ne gagnent pas cela. Ces mesures sont d’une brutalité incroyable. Le chômage atteint 20 %, et 42 % chez les 18-25 ans. L’Allemagne vient chercher chez nous des médecins et des infirmiers moins chers. Beaucoup d’enfants sont hospitalisés pour dénutrition, et les associations et les banques alimentaires n’ont plus rien à distribuer. Récemment, des directeurs d’hôpitaux proposaient de réutiliser les compresses et les seringues par manque de matériel. Il y a une pénurie de médicaments contre le cancer et l’hépatite C, certains malades sont sans traitements. Dans les hôpitaux, on voit des gens qui meurent dans les couloirs, faute de médecins. Des hôpitaux et des maternités sont fermés, contraignant les patients à se déplacer très loin. Or, ils n’ont pas d’argent pour les transports. Aujourd’hui, il y a des appels d’offres où on demande des infirmiers payés à 3,96 euros de l’heure. L’année dernière, un ministre de la Santé - qui a sauté depuis déclarait publiquement que les dialyses ne devraient plus être remboursées par la Sécu après 70 ans.

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Retraites

La vérité par les chiffres officiels Des chiffres qui montrent que notre travail couvre largement si nécessaire les besoins des retraites. Publiés par la Fédération nationale des industries chimiques CGT.

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Syrie

Les peuples contre la guerre Alors que fort heureusement le spectre d’un conflit aux multiples dangers pour la planète s’éloigne (provisoirement ?), un fait marquant est à relever : le rôle joué par les opinions publiques. Depuis bien longtemps l’on n’avait vu cales » et d’engagement limité, du fait une telle levée de boucliers contre les qu’un certain nombre de membres du va-t-en-guerre européens, d’outre-At- Congrès soutient l’idée d’un changement lantique et d’outre-Manche. Au plus de régime. Enfin, je suis inquiet du fait fort de la crise, alors qu’Obama mobi- que les États-Unis pourraient entrer en lisait aviation et marine de guerre, que guerre unilatéralement sans le soutien Hollande « voulait punir » l’assassin El de l’ONU et de l’OTAN. » Devant cette Assad aux risques d’un embrasement situation, inquiété par les sondages, les régional, que Cameron leur emboîtait manifestations dans plusieurs grandes le pas, tandis que Poutine menaçait de villes américaines, Obama a décidé de représailles, les peuples et certains de consulter le Congrès avant d’ordonner leurs représentants se levaient pour les frappes qui jusqu’alors étaient imdire : Non. minentes. C’est le chef du gouvernement britannique qui a essuyé le premier camou- Que se taisent les armes ! flet avec un vote négatif des Communes Samedi 7 septembre, devant une foule (le Parlement anglais) le 29 août, tan- estimée à 100 000 personnes, le pape dis que les Londoniens manifestaient François lançait un retentissant : « Que contre la guerre. Aux États-Unis, échau- se taisent les armes! La guerre marque toudés par 10 ans de guerre en Irak et en jours l’échec de la paix, elle est toujours une Afghanistan et inquiets de la situation défaite pour l’humanité ». Le lendemain économique du pays, une majorité durant son homélie dominicale, il apped’Américains et de nombreux élus dé- lait à poursuivre la lutte pour la paix en mocrates et républicains n’ont Syrie, mais aussi pour la staUne étude pas suivi la Maison-Blanche bilité de tout le Moyen-Orient. révèle une dans cette nouvelle croisade. « L’engagement continu », a-tTout comme Bernie Sanders, augmentation il affirmé devant une place sénateur indépendant du Ver- unanime de Saint-Pierre noire de monde. mont, qui a déclaré à l’envoyé l’opposition à « Je vous invite à continuer à spécial du quotidien l’Huma- une intervention prier », a martelé le souverain nité : «Voici mes inquiétudes : armée en Syrie pontif, « pour que cessent tout la vérité est que ce Congrès ne de suite la violence et la dévasfonctionne pas et ne se concentre pas sur tation en Syrie et qu’on travaille avec un les très sérieux problèmes du pays : la engagement renouvelé pour une solution classe moyenne qui disparaît, le chômage, juste au conflit fratricide ». Sans oublier le les bas salaires, le coût de l’éducation, le Liban pour qu’il « continue à être un modéclin de l’industrie et la crise planétaire dèle du vivre ensemble », l’Irak pour que du réchauffement climatique. Je crains cesse « la violence sectaire » mais aussi que l’engagement américain dans une « pour le processus de paix entre Israéliens autre guerre au Proche-Orient et le coût et Palestiniens ». Et pour l’Égypte pour de cette guerre ne rendent encore plus diffi- que musulmans et chrétiens travaillent cile pour le Congrès de protéger les salariés. ensemble à la paix civile. Ensuite, en tant qu’élu qui a voté contre Et pendant ce temps à Paris, bien que la guerre en Irak, je m’inquiète, alors que sollicité de toutes parts, François Holle président parle de « frappes chirurgi- lande se refusait à faire voter le Parle-

ment… jusqu’à s’isoler diplomatiquement comme on l’a vu lors du dernier G20 ou sur le dossier de la destruction et du contrôle, proposé par Poutine, des armes chimiques du criminel de guerre Bachar El Assad. Désormais « on joue dans la cour des grands » : Américains et Russes négocient en direct. Pour le journal Le Monde, daté du 9 septembre 2013, « ce retournement des opinions, par comparaison avec de précédentes interventions alliées, est une donnée essentielle de l’équation syrienne et complique considérablement la tâche des quelques dirigeants favorables à l’usage de la force internationale. D’autant qu’il est relativement spectaculaire ». Le quotidien s’appuie sur une étude de l’institut de recherche sur les relations transatlantiques German Marshall Fund, qui a enquêté dans onze pays (États-Unis et dix pays européens). Elle révèle une augmentation unanime de l’opposition à une intervention armée en Syrie par rapport à 2012. Cette opposition est passée de 63 à 75 % en Allemagne, de 59 à 70 % en Grande-Bretagne, de 50 à 65 % en France, alors même que l’engagement militaire français en Libye puis au Mali a été approuvé par plus des deux tiers des Français, près des trois quarts, même, pour le Mali. L’opinion publique turque est contre une intervention à une majorité de 75 %. Aux États-Unis 62 % se prononcent contre la guerre ! A l’heure où nous écrivons ses lignes, évidemment rien n’est réglé définitivement. La guerre continue et les souffrances du peuple syrien sont loin d’être arrêtées. Des provocations peuvent arriver de toutes parts, aussi bien du côté du dictateur syrien que de la rébellion composée d’une myriade de brigades aux intentions et aux objectifs souvent extrêmement différents. Mais un petit espoir renaît. Et, désormais, il faut compter avec les peuples. Jean-Pierre Delahaye

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international LE RÉVEIL

Armes chimiques

Les pays occidentaux font passer leurs intérêts avant tout En ce moment, on parle beaucoup de l’utilisation des armes chimiques en Syrie. Mais il y a eu d’autres endroits où elles ont été utilisées. Au Vietnam. En Irak, en mars 1988, quand le régime de Saddam Hussein a gazé les Kurdes à Halabja dans le Kurdistan, le comité, dont je faisais partie, a frappé à toutes les portes pour dénoncer ce crime contre l’humanité. Le quai d’Orsay avait refusé de nous recevoir estimant qu’il n’y avait aucune preuve impliquant le régime de Saddam. Toutes les ambassades occidentales en France avaient refusé de recevoir notre délégation. A la conférence de Paris de janvier 1989, présidée par François Mitterrand (sur le désarmement des armes chimiques et bactériologiques - NDLR), il y avait plus de 140 pays représentés, sauf les victimes, le peuple Kurde. Durand la guerre Iran-Irak, de nombreuses entreprises françaises et américaines commerçaient avec l’Irak. Les pays occidentaux ont alors choisi de faire passer leurs intérêts avant tout. Les armes chimiques ont été utilisées contre le quartier Kurde de Cheikh Maksoud à Alep. Personne n’est venu

enquêter. Les deux parties, le régime de Bachar et les djihadistes du Front alNosra et de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), peuvent être suspectées. Ces derniers, qui sont dominants sur le terrain, ne respectent pas les règles de la guerre, ni les conventions internationales. Ils coupent des têtes, massacrent des civils qui ne sont pas de confession sunnite et même des sunnites qui tentent de s’opposer ; ils sont soutenus par l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, pays qui ont signé la convention sur l’interdiction des armes chimiques. Or, ces groupes sont contre l’humanité : ils n’hésiteront pas à utiliser l’arme chimique. Il ne faut pas oublier que les djihadistes ont été arrêtés en Turquie en possession de gaz sarin. Et ce n’est pas parce que la France a des intérêts avec l’Arabie saoudite et le Qatar qu’il faut écarter tout soupçon sur les djihadistes. Je voudrais dire ceci : en Syrie, il y a pire que l’arme chimique. C’est le fait de tuer des gens sur la base de leur appartenance religieuse ou ethnique. C’est aussi dangereux que l’arme chimique, parce que cela détruit le tissu social et qu’il y aura des conséquences sur

la durée. Il y a un proverbe Kurde qui dit ceci : « Les morts ne laisseront pas les vivants vivre. » Khaled Issa Membre du comité national de coordination pour le changement démocratique en Syrie (CNCD) (L’Humanité du 22/09/2013

5 février 2003, devant l’ONU, Colin Powell, alors secrétaire d’État à la Défense, affirmait avoir la preuve irréfutable que Saddam Hussein détenait des armes de destruction massive. C’était un mensonge. Aujourd’hui, l’opinion publique a besoin de savoir toute la vérité sur l’attaque au gaz à la Ghouta (Damas) le 21 août.

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LE RÉVEIL international

Analyse

L’exportation de gaz iranien, un autre enjeu de la crise Alliée et cliente depuis une cinquantaine d’années de la Russie, la Syrie n’abrite pas seulement la seule base navale militaire russe en Méditerranée, à Tartous. Ce port est aussi le débouché maritime essentiel au projet de gazoduc porté par l’Iran et l’Irak, soutenu par la Russie, ces trois États formant une nouvelle alliance pétrolière qui menace les monarchies arabes. Dans la majorité des informations sur la crise syrienne, il est dit que la Russie est le principal vendeur d’armes de la Syrie et son « protecteur ». Ce raccourci cache les divergences entre la Russie et l’Occident. Historiquement, l’URSS a bien été la protectrice du socialiste Assad, tout comme son fournisseur d’armes. Les missiles et radars antiaériens syriens ont même été intégrés au système de défense aérienne russe PVO jusque dans les années 1980. Certes, dans les années Eltsine, la Syrie s’est tournée vers l’Occident, car l’URSS avait cessé d’exister. Bachar al-Assad, qui ne doit sa position actuelle qu’au décès accidentel de son frère aîné, était auparavant un discret ophtalmologue à Londres, bien vu des Occidentaux. Il fut même invité par Nicolas Sarkozy à assister au défilé du 14 juillet 2008. Aujourd’hui, les enjeux pétroliers sont au moins aussi importants que les livraisons d’armes, et la Syrie est un élément majeur d’un jeu dont les pièces maîtresses s’appellent oléoducs et gazoducs.

Rapprochement Russie-Iran Lorsque Vladimir Poutine est devenu président en 2000, il a tout misé sur l’exportation des énergies fossiles. L’exportation de ces énergies nécessite des infrastructures, des ports. La Russie, qui au temps de l’URSS exportait peu hors de sa zone d’influence, est alors entrée en concurrence avec les monarchies du golfe Persique (Arabie saoudite, Oman, Bahrain, Koweït, Émirats arabes unis, 10 -

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etc.) Lesquelles n’ont pas manqué en retour d’alimenter en devises les combattants tchétchènes. Projet majeur porté par la Russie, le gazoduc South Stream, qui transite en mer Noire depuis la Russie pour arriver en Europe, inquiète les producteurs de pétrole arabes. D’autant plus qu’il ne s’agit pas du seul projet facilitant l’approvisionnement européen. La Turquie, soutenue par l’Union européenne, propose le projet concurrent Nabucco qui ferait transiter par la Turquie le gaz puis le pétrole d’Azerbaïdjan et de la mer Caspienne vers l’Occident. Pour la Turquie, il est alors impératif d’avoir un voisin syrien en paix. L’ère Poutine a été marquée par un rapprochement de la Russie avec l’Iran, ennemi juré des monarchies du Golfe. Elle vient même de signer des contrats d’armement avec l’Irak, autre producteur d’hydrocarbures et grand voisin de la Syrie. Poutine reprend à son compte l’adage bien connu: « L’ennemi de mon ennemi est mon ami. » Trois camps se sont formés: la Russie alliée aux États à dominante chiite (Iran, Irak, Syrie) ; les wahhabites (branche du sunnisme, minoritaire et radicale de l’Islam, née en Arabie saoudite) avec les compagnies pétrolières occidentales ; et la Turquie avec l’Azerbaïdjan. Depuis 2000, la Syrie a profité du rapprochement irano-russe. De nombreux contrats d’armement ont été conclus. Ainsi, Bachar al-Assad devenait bien moins intéressant pour les Occidentaux. Tant que Saddam Hussein (issu de la minorité sunnite et mort pendu en

2006) dirigeait l’Irak, pourtant à majorité chiite, il était impossible pour l’Iran de faire parvenir ses ressources en Occident via la Syrie. Saddam Hussein détestait autant les chiites que les wahhabites. La guerre menée par les États-Unis en 2006 renverse Saddam Hussein, mais aboutit, après des élections démocratiques, à instaurer logiquement un gouvernement chiite. Lequel, en 2011, officialise son rapprochement avec l’Iran. L’alliance de ces deux puissances pétrolières chiites, soutenues par une Russie qui préfère l’alliance plutôt que la rivalité avec ses voisins, est une abomination du point de vue des monarchies arabes.

Le pipeline « chiite » au cœur de la crise Tout s’est accéléré fin juillet 2011 avec la signature entre l’Iran, l’Irak et la Syrie d’un mémorandum pour la construction d’un gigantesque pipeline de 5 600 kimomètres pour amener les ressources d’Iran et d’Irak en Occident via le port syrien de Tartous. De plus, scellant la constitution d’un nouveau bloc, l’Irak a commandé des armes russes. Le cauchemar des monarchies du golfe est devenu réel. Le lobbying des monarchies pétrolières arabes auprès des Occidentaux pour briser cette alliance par tous les moyens n’aboutit pas. Une nouvelle guerre contre l’Irak déjà libéré est « invendable » à l’Occident. Une attaque de l’Iran au titre de la prolifération nucléaire? Risqué à tout point de vue. Le maillon faible est la Syrie. Un petit pays, à portée des avions de l’OTAN, où une extension du printemps arabe pourrait être naturelle… ou suscitée. Entre-temps, la Turquie a lâché Assad à cause de son projet de faire d’Homs et de Tartous des hubs régionaux pour le transfert de gaz et de pétrole. Étonnantes coïncidences, l’Armée libre syrienne est créée le 1er août 2011, avec des fonds du golfe Persique, soit 10 jours seulement après la signature du projet de pipeline irano-irako-syrien ! Tandis qu’en France et aux États-Unis, les monarchies du Golfe multiplient


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les investissements censés sensibiliser les gouvernements occidentaux à leur cause. Convergence d’intérêts, les compagnies pétrolières occidentales dénoncent elles aussi le pipeline « chiite ». Elles en sont écartées, mais sont impliquées dans les projets concurrents : Nabucco, Tap, et même, pour EDF, South Stream, projet russe via la mer Noire. Tous les moyens sont sollicités par les monarchies arabes pour interdire cette arrivée massive de pétrole et de gaz via la Syrie. Les politiques occidentaux sont rappelés à leurs bons soins par leurs bailleurs de fonds qui restent cependant méfiants des rebelles wahhabites « syriens ». Il fallait un casus belli pour intervenir en Syrie: l’usage des armes chimiques le fournit.

Des navires russes dépêchés sur zone Pour la Russie et l’Iran, le raisonnement est simple, garder Assad à la tête de la Syrie permettra de réaliser un gazoduc (puis un oléoduc), dont la construction est quasi achevée en Iran, qui doit traverser l’Irak puis atteindre un débouché maritime à Tartous, où la Russie dispose d’une base navale inviolable. La Marine russe a dépêché sur zone le croiseur lance-missiles Moskva (« Moscou », 12 500 tonnes), un destroyer, un navire de guerre électronique, pour préserver ses intérêts. Impossible, diplomatiquement, pour une coalition occidentale de bombarder la Syrie « pardessus » les navires russes. Le porteavions russe Kuznetsov et son groupe seraient même en partance pour la Syrie tandis que les forces russes en Méditerranée et en Crimée sont en état d’alerte. Le Nimitz américain se rend, lui, en mer Rouge, hors de la zone couverte par les navires russes en Méditerranée. Pascal Francqueville Le Marin du 6/09/2013

Syrie

espoir à l’onu

Les Nations unies reprennent la main. La France jusqu’au -boutiste. Vendredi 27 septembre à New York, les 15 membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont adopté à l’unanimité - c’est une première - une résolution contraignante à l’encontre du régime syrien. Elle demande, selon un calendrier précis, à Bachar al-Assad de détruire et de démanteler son arsenal d’armes chimiques. Est-ce enfin une avancée dans le conflit syrien ? C’est en tous les cas un espoir de voir s’éloigner de manière sérieuse le risque d’un conflit qui aurait pu enflammer toute la région, voire la planète. C’est également une victoire pour la diplomatie et le rôle des Nations unies. Pour Médéa Benjamin, coordinatrice du mouvement féministe anti-guerre CodePink « C’est un véritable tournant dans les relations internationales, un tournant qui fait des Nations unies un instrument utile pour résoudre les crises. C’est un début très positif pour la communauté internationale, qui doit utiliser ces institutions afin de réduire les tensions et éviter les interventions armées comme cela a failli se produire en Syrie ». Alors, l’ONU redeviendrait-il le lieu de rencontre entre les nations en conflit, le lieu où la solution politique prévaut sur la guerre ? On ne peut que le souhaiter même si, au regard de l’attitude de certaines grandes puissances, le doute persiste. Le jusqu’auboutisme de la France dans la résolution de cette crise est d’ailleurs à noter ! Premier à vouloir « punir » le régime du dicta-

teur al-Assad, au garde à vous derrière Obama, puis isolé lors du G20 par Washington et Moscou, sourd aux demande de la représentation nationale d’un débat sur une intervention armée, la diplomatie française et donc l’image de la France dans le monde sort de cette affaire étrillée. Mais qu’importe, le chef du quai d’Orsay se sera entêté jusqu’au bout, notamment en proposant un texte autorisant le Conseil de sécurité à prendre « les sanctions nécessaires sous chapitre VII », qui autorise un recours à la force en cas de non-respect des engagements par le régime syrien. Il s’agissait pour Laurent Fabius de permettre à la France de revenir au cœur du débat, alors qu’elle avait été mise hors-jeu par la décision surprise d’ Obama de suspendre, au dernier moment, les frappes en sollicitant l’aval du Congrès, puis par l’accord de Genève entre les États-Unis et la Russie. Fort heureusement il n’en est rien et le texte adopté est, selon les observateurs, « Bien en-deça du texte proposé par Paris ». Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU a toutefois prévenu que cette résolution n’était pas non plus « une licence pour tuer avec des armes conventionnelles ». Un peu plus tard, lors d’une réunion a huis clos avec les 5 membres permanents et son médiateur en Syrie, Lakhdar Brahimi, Ban Kimoon a proposé la conférence de paix, intitulée Genève2, à la mi-novembre en vue d’ une transition politique. La seule solution viable selon de nombreux diplomates. Jean-Pierre Delahaye LE RÉVEIL - N°796 - septembre 2013

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États-Unis

Obama cyber guerrier Le Washington Post révèle que l’équipe de la Maison-Blanche se livre régulièrement et depuis plusieurs années à des attaques sur les logiciels de nations étrangères. Un budget de 652 millions de dollars a été alloué à ce projet. Le scandale, considéré comme tel par la Maison-Blanche, Edward Snowden, l’homme de la CIA, qui a révélé au monde une des facettes du système américain que le mythe Obama voulait nous faire oublier, n’en finit pas d’apporter chaque jour de nouvelles preuves du caractère liberticide et belliqueux des stratèges de Washington. Selon des documents transmis par l’exespion à la presse américaine, les services de renseignements US auraient, dès 2011, lancé pas moins de 231 cyber attaques contre des nations étrangères. Particulièrement visés, l’Iran, la Russie, la Chine ou la Corée du Nord. « Ces révélations fournissent de nouvelles preuves que les cyber guerriers de plus en plus nombreux de l’administration Obama infiltrent des réseaux informatiques à l’étranger et en perturbent le fonctionnement », a écrit le Washington Post le jour de la publication de ces informations. Si la nature des cyber attaques n’est pas précisée, le « Post » précise que « les documents fournis par Snowden et des entretiens avec d’ex-responsables américains illustrent une campagne d’intrusion informatique bien plus importante et plus agressive que ce qui avait jusqu’à présent été envisagé ». Des révélations dont se serait bien passé le département d’État. Depuis plusieurs années, la diplomatie US met en cause Pékin, l’accusant de pirateries informatiques. Aujourd’hui ces allégations s’avèrent difficilement 12 -

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défendables, d’autant que le Washington Post a dévoilé d’autres intrusions américaines dans les systèmes informatiques. « Outre les cyber attaques, des spécialistes s’introduisent dans des réseaux étrangers pour les mettre sous un contrôle

américain discret », écrit le quotidien de la capitale et de citer (sans aucun démenti depuis), une opération intitulée Genie, dotée d’un budget annuel de 652 millions de dollars. Selon les documents consultés par le quotidien, Genie devrait contrôler d’ici à la fin de l’année au moins 85 000 logiciels implantés dans des machines choisies stratégiquement tout autour du monde. Conclusion du Washington Post : « Les services de renseignement américains utilisent de manière routinière dans le monde entier des logiciels malveillants bâtis par le gouvernement qui diffèrent assez peu dans leur fonctionnement des « menaces perfectionnées persistantes » que les responsables américains attribuent à la Chine ». La principale différence serait toutefois les efforts de la Chine pour « voler des secrets industriels américains pour un gain financier ». Jean-Pierre Delahaye

Les rebelles syriens multiplieraient les crimes Selon des enquêteurs des Nations unies, les rebelles syriens, notamment des combattants djihadistes venus de l’étranger, multiplient les crimes et les violations des droits de l’homme dans le nord de la Syrie. C’est ce qu’affirmait dans une dépêche l’agence de presse Reuters à la mi-septembre. « Dans le nord de la Syrie, il y a eu une augmentation des crimes et des violations des droits de l’homme commis par des groupes extrémistes armés antigouvernementaux qui opèrent aux côtés de combattants étrangers », a déclaré Paulo Pinheiro, qui dirige l’équipe de l’ONU, le 16 septembre devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève. « Des brigades entières (de la rébellion) sont aujourd’hui formées de combattants qui sont venus en Syrie, Al Mouhadjirine étant l’une des plus actives », a-t-il ajouté. Selon un précédent rapport des enquêteurs de l’ONU, des djihadistes venus d’une dizaine de pays, notamment d’Afghanistan et de Tchétchénie, combattent aux côtés des insurgés syriens. « Aujourd’hui c’est probablement plus. Le

fait est que ces éléments extrémistes ont leur propre programme, qu’ils veulent imposer et qui n’a certainement rien de démocratique », a déclaré l’un des membres de la commission d’enquête, le Thaïlandais Vitit Muntarbhorn. La commission Pinheiro était chargée de faire un rapport sur les crimes de guerre en Syrie depuis le 15 juillet. Elle a précisé également que les forces de Bachar al-Assad avaient poursuivi cet été leur campagne de bombardements intensifs dans tout le pays. Carla Del Ponte, membre de la commission d’enquête sur les violations des droits de l’homme, a de son côté jugé crédible le chiffre selon lequel la moitié des rebelles seraient des islamistes durs. J.-P. D.


LE CAHIER MÉMOIRE

le réveil

N° 796 septembre 2013

des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

LE RÉVEIL - N°796 - septembre 2013

Par Paul Markidès

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807  Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

ÉDITO

Chateaubriant

L’année 2014 qui s’annonce offre l’occasion de commémorer le 70e anniversaire de la Libération. Les évocations mémorielles des débarquements de juin 1944, des combats des troupes alliées, ceux des soldats de la France libre et ceux des combattants de l’ombre, ceux des maquis, ceux de la Résistance devraient toutes être mises en valeur. Mais déjà les débarquements, les troupes alliées, celles de la France libre ont la faveur des premiers commentateurs médiatiques tandis que la Résistance est loin d’être favorisée. Ne parlons pas des martyrs, tels ceux de Châteaubriant. Il faut même observer que pour éviter de parler d’eux, on vient de forcer l’attention du public avec Oradour. Or les martyrs de Châteaubriant, d’Aincourt, Rouillé, Souges, les fusillés du Mont Valérien, les déportés qui ne sont pas revenus des camps et d’autres, au même titre que les Résistants et les Combattants sortis vivants des combats libérateurs, méritent que leurs actions et leur courage soient mis en valeur et honorés. Leurs exemples ont de quoi inspirer les générations nouvelles. En conséquence, comme nous nous efforcerons de mettre en valeur tous nos alliés et tous nos combattants, nous nous efforçons de mettre en valeur tous nos martyrs, fusillés sur notre territoire ou morts en déportation à qui nous devons, aux uns et aux autres, notre liberté. D’où ce cahier de la mémoire sur Châteaubriant.

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LE RÉVEIL dossier

L’attentat de Nantes et la fusillade des otages Revue Notre Musée

Nous empruntons ce texte à nos amis de l’Association du Musée de la Résistance nationale qui relatent, dans leur revue Notre Musée, l’attentat de Nantes et la fusillade des otages dans leur dossier « Mémoire pour l’avenir ». Le 20 octobre 1941, il est 7 h 45, le Feldkommandant de la place de Nantes, Karl Hotz, se rendant à pied à la Kommandantur, est abattu de deux coups de pistolet par trois jeunes résistants. On ne connaîtra que bien plus tard leurs noms : Spartacus Guisco (29 ans), Gilbert Brustlein (22 ans, l’auteur des coups de feu), Marcel Bourdourias (18 ans). Ils viennent de Paris et agissent sur ordre du Parti communiste, plus précisément des dirigeants de son « organisation spéciale » (créée en octobre 1940), embryon des futurs Francs-tireurs et Partisans français (FTPF). Pour accomplir cette mission, ainsi qu’un sabotage de voie ferrée quelques heures avant, ils ont été pris en charge par des militants communistes nantais qui, dès l’été 1940, ont mis sur pied des premières formes d’organisation de résistance. Cette exécution, venant quelques semaines après celle d’un aspirant de marine allemand par Pierre Georges (futur colonel 14 -

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Fabien) au métro Barbès à Paris, vient en réaction à la répression sanglante engagée depuis quelques mois par les Allemands. Le 13 août 1941, une manifestation sur les boulevards Strasbourg-Saint-Denis est dispersée à coups de feu. Deux membres des jeunesses communistes, Samuel Tyszelman et Henri Gautherot sont arrêtés, condamnés à mort le 15 et fusillés le 19 ! Une volonté de vengeance s’affirme alors chez les résistants plus résolus, chez les jeunes en particulier. L’heure de la lutte armée organisée a sonné. Les Allemands en prennent conscience. Leurs représailles sont immédiates et brutales : le 22 octobre, ils fusillent cinquante otages pour la mort de Hotz et cinquante autres, le 23 octobre, au camp de Souges, près de Bordeaux, ville où un conseiller administratif de la Wehrmacht a été tué le 21 octobre dans des conditions analogues à celles de Paris et de Nantes. Ces événements, et tout particu-

Ci-dessus : L’ARAC en 1934, place de la Nation.

lièrement celui de Nantes où de nombreux otages fusillés pris au camp d’internement de Châteaubriant sont des militants communistes et des syndicalistes populaires, ont un grand retentissement. Leur impact est national et même international.

Les réactions de l’occupant Outre les massacres d’otages lui permettant, d’une part de se débarrasser des personnes internées par lui-même (avec l’aide du gouvernement de Pétain) dès le début de l’occupation, et donc jugées par lui dangereuses et, d’autre part, d’instaurer par là même un climat de terreur conforme à la logique nazie, l’occupant se livre à une propagande intense, en particulier par voie d’affiches menaçantes. C’est Otto von Stülpnagel, commandant en chef de la Wehrmacht qui a ordonné lui-même (sans doute avec l’aval d’Hitler) l’exécution des otages. Les auteurs de l’attentat sont traités de « lâches criminels à la solde de l’Angleterre et de Moscou ». Von Stülpnagel annonce la systématisation des représailles. Ces actes d’intimidation ne peuvent dissimuler sa crainte. Les Allemands comprennent que, désormais, où


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qu’ils soient sur le territoire occupé, ils seront en danger de mort.

Les réactions de l’État pétainiste Le gouvernement de Vichy emboîte le pas aux nazis. La totalité de la presse autorisée, entièrement asservie, se déchaîne contre ceux qui ne sont plus nommés que « terroristes ». Pétain, luimême, n’a de mots que pour s’apitoyer sur les officiers allemands victimes, à ses yeux, de « crimes sans nom ». Son masque de « vieux soldat, vainqueur de Verdun » s’efforçant d’éviter le pire, voire jouant le « double jeu », se déchire sérieusement. Encore ne sait-on pas tout de suite

l’ignominie commise par son ministre de l’Intérieur, Pierre Pucheu, qui a désigné lui-même aux autorités allemandes les 27 otages de Châteaubriant. Pierre Pucheu, lié directement au grand patronat de l’époque, a choisi les responsables de fédérations syndicales qui avaient joué un grand rôle dans les luttes antifascistes et pour les acquis sociaux du Front populaire, des militants et des élus communistes (c’est le cas de Guy Môquet, militant des jeunesses communistes, fils de député et… jeune). Le gouvernement appelle enfin à la délation. Des primes sont promises à qui fournira des informations sur les trois « terroristes ».

La lettre de Guy Môquet Ma petite maman chérie, Mon petit frère adoré, Mon petit papa aimé,

Châteaubriant, le 21 octobre 1941

Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c’est d’être courageuse. Je le suis et je veux l’être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j’aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c’est que ma mort serve à quelque chose. Je n’ai pas eu le temps d’embrasser Jean. J’ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. Quant au véritable, je ne peux le faire hélas ! J’espère que toutes mes affaires te seront renvoyées, elles pourront servir à Serge qui, je l’escompte, sera fier de les porter un jour. A toi petit papa, si je t’ai fait ainsi qu’à ma petite maman, bien des peines. Je te salue une dernière fois. Sache que j’ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m’as tracée. Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j’aime beaucoup. Qu’il étudie bien pour être plus tard un homme. 17 ans et demi, ma vie a été courte, je n’ai aucun regret, si ce n’est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels, Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c’est d’être courageuse et de surmonter ta peine. Je ne peux en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon cœur d’enfant. Courage ! Votre Guy qui vous aime. Dernières pensées : vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir !

Guy Môquet en compagnie de Le Naounès, au camp de Châteaubriant.

C’est ainsi qu’une commerçante de Nantes a été récompensée pour avoir donné le signalement de Gilbert Brustlein (l’auteur du coup de feu).

Les réactions de la population La quasi-totalité de la population s’indigne et réprouve les représailles massives. Par exemple, malgré les interdits, malgré les dispersements des sépultures (les nazis enterrent les fusillés trois par trois dans des cimetières différents et difficiles d’accès), celles-ci seront fleuries dans les jours qui suivent les exécutions de Châteaubriant. Mais beaucoup de gens s’interrogent par contre sur la pertinence et l’opportunité de tels attentats individuels. Rappelons-le : nous ne sommes que dans les débuts de la Résistance LE RÉVEIL - N°796 - septembre 2013

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qui, jusque-là, s’est manifestée de façon organisée essentiellement par les informations, par les renseignements de caractère militaire, par des sabotages. Les armes font encore défaut. Ainsi, les trois auteurs de l’attentat contre Hotz étaient munis d’un pistolet 6,35 pour deux d’entre eux (un tout petit calibre seulement mortel à bout portant) et d’un 7,65 pour le troisième (un calibre un peu plus gros, mais qui n’est pas cependant une arme de guerre). On ne plaint pas le soldat allemand tué, mais on déplore les conséquences qui se traduisent par le massacre de nombreuses personnes non mêlées à l’attentat. Un des tous premiers chefs de la Résistance, Albert Ouzoulias, colonel André, souligne dans un de ses ouvrages, Les bataillons de la jeunesse, cet état d’esprit : « Cette lutte (les attentats - NDLR) était d’autant plus difficile que la majorité de la population ne la comprenait pas encore et, à ce moment précis, condamnait les actions des francstireurs. « Qu’ils tuent des soldats s’ils le veulent, mais qu’ensuite ils se rendent pour se dénoncer » disaient beaucoup de gens à l’époque ». Nous avons souligné les mots encore à ce moment précis car cette opinion va rapidement évoluer.

C’est en leur nom que je vous parle A partir des témoignages recueillis sur place, Louis Aragon rédigea un texte clandestin en 1942, le récit bouleversant des 27 martyrs de Châteaubriant qui fut lu à Radio Londres, à Radio Moscou et publié dans la presse. Il le signa « Le Témoin ». En voici un extrait essentiel. 16 -

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Louis Aragon « Au camp de Châteaubriant, il y avait, en octobre 1941, un peu plus de quatre cents prisonniers. On sait ce qu’est la vie dans ces camps, on ne sait pas assez le courage qu’y déploient des hommes et des femmes démunis de tout, mais qui ne paraissent se préoccuper que de maintenir le moral de tous. A Châteaubriant, ils préparaient

des divertissements communs, ils faisaient des cours pour mettre en commun le savoir particulier de chacun. Le 20 octobre, un lundi, on y apprend qu’un officier allemand vient d’être tué à Nantes. Vers une heure de l’après-midi, un officier de la Kommandantur confère avec les directeurs du camp. Il s’agit de désigner des otages. Deux cents dossiers


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environ sont remis par le camp au chef de cabinet du sous-préfet qui les portera à Paris, au ministère de l’Intérieur, où seront choisis les otages. On ne peut s’en tenir à l’exposé nu des faits. Depuis qu’il y a des guerres, les belligérants ont considéré comme otages des hommes, des notables désignés d’avance pour porter les conséquences des actes de leurs concitoyens contre l’ennemi. Ici, c’est après l’acte que sont choisis de prétendus otages et parmi les hommes qui ne peuvent matériellement en être solidaires. Quels hommes ? Des notables dont la perte aura un caractère retentissant ? Non ! Des hommes qui portent le poids de leurs idées, qui sont choisis par ceux-là qui prétendaient assurer l’ordre, leurs ennemis politiques qui y trouvent l’occasion de vengeances personnelles. Parmi eux, il y a des étudiants, des ouvrières. Quelquesuns sont presque des enfants. Ce n’est plus le bourgmestre qui répond de ses concitoyens comme jadis. « Otages ? Non. Martyrs ? Oui. » Ce même 20 octobre, les troupes allemandes prennent la garde du camp, à la

place des gardes mobiles français. Les prisonniers sont consignés dans les baraques jusqu’au lendemain 9 heures. Vers 9 heures du soir, les sentinelles tirent dans le camp, croyant voir une ombre ; une balle entre dans la baraque 10 et siffle aux oreilles d’un prisonnier couché. Le lendemain, la garde allemande est relevée. Des rumeurs circulent. Les prisonniers apprennent le départ pour Paris du chef de cabinet du sous-préfet avec les dossiers. On prétend que trente otages doivent être désignés dans le camp. Dans la baraque 19, il y a vingt-et-un hommes : une indiscrétion a fait savoir que c’est de cette baraque que viendra le gros du contingent exigé. Vers 9 heures du soir, les soldats allemands reprennent la garde (…). Voici les vingt-sept enfermés dans la baraque 6. Chacun reçoit une feuille et une enveloppe pour écrire ses dernières volontés. Kérivel est autorisé à faire ses adieux à sa femme internée dans le même camp. J’ai sous les yeux le récit des mêmes heures fait par un autre interné qui se trouvait

Dans ce groupe de la baraque 10, seront fusillés : Pierre Rigaud, Jean Grandel, Guy Môquet, Maurice Ténine, JeanPierre Timbaud (photo prise le 12 septembre 1941).

dans la baraque 10. Il traduit aussi cette angoisse sourde et montante des deux journées, les bruits qui courent, encore incertains, les signes précis d’un événement qu’on croit deviner sans en être sûr. Puis l’arrivée de l’officier et des gendarmes. Quand s’ouvre la baraque 10, le sous-lieutenant Touya lance sans hésitation, avec un sourire pincé, un seul nom : Guy Môquet. Le nom est un couperet.

Jean-Pierre Timbaud (2e à gauche) un des responsables politiques du camp, entouré de gauche à droite : Roger Semat, Rino Scolari et Guy Môquet.

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Guy Môquet, mon ami d’enfance Anna Musso

Compagnon de lutte du plus jeune des martyrs de Châteaubriant, Guy Môquet, notre regretté Georges Abbachi décédé en juillet dernier s’était confié à une journaliste de l’Humanité en 2011. Ils se sont rencontrés à douze ans. Et ne se sont plus lâchés. « C’est à l’occasion d’une réunion de cellule du Parti communiste où participait son père, Prosper Môquet, cheminot des Batignolles et député communiste, que j’ai rencontré Guy. Nous avions le même âge et étions les seuls gosses. Alors nous avons tout de suite sympathisé ! », se souvient Georges Abbachi, membre et mi18 -

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litant actif du Parti communiste, ancien adjoint au maire de SaintOuen (Seine-Saint-Denis), secrétaire de l’Association des déportés et internés résistants et patriotes de Paris (ADIRP). A quatre-vingt-sept ans, Georges raconte avec ferveur (1) son engagement dans la Résistance intérieure aux côtés de son ami Guy et ce, dès l’entrée des troupes alle-

23 et 24 octobre 1941, 51 patriotes, des communistes aux gaullistes, emprisonnés depuis des mois pour la plupart, furent fusillés à Souges, près de Bordeaux.

mandes sur les Champs-Élysées, en juin 1940. « En juillet, Guy a constitué le premier groupe de résistance : les bataillons de la Jeunesse communiste du 17e arrondissement de Paris. C’est l’embryon de l’organisation des groupes Francs-Tireurs et Partisans (FTP) pour les jeunes ». Impression et distribution de tracts, inscriptions et collages de papillons contre l’occupant, opérations de sabotage, autant d’actions clandestines habilement menées par le charismatique chef du groupe. « C’était un gars entier. Plein d’enthousiasme, entreprenant et créatif, il savait donner l’exemple. Son attitude nous encourageait à agir », continue d’admirer Georges, ajoutant : « Souvent, lorsqu’il nous parlait, nous étions captivés ». Lors de l’arrestation de Guy Môquet, le 13 octobre 1940, Georges Abbachi est tout naturellement désigné pour lui succéder à la tête du bataillon. Une énième distribution de tracts lui coûtera trois ans et demi d’internement. C’est à la prison de Fresnes qu’il apprend l’exécution de son ami d’enfance et compagnon de lutte depuis toujours : « Ma mère est venue me rendre visite en larmes au parloir pour m’annoncer que Guy avait été fusillé. La nouvelle, suivie de colère, s’est rapidement répandue dans la prison. Nous avons tapé sur les portes des cellules, sur les gamelles, crier des mots d’ordre par les fenêtres…. » (1) Une jeunesse en résistance, entretien avec Georges Abbachi, par Frédéric Durand et Anna Musso, préface de Patrick Le Hyaric. Editions Association pour la mémoire ouvrière audonienne (Amoa), octobre 2011.


dossier LE RÉVEIL

Le ministre Pucheu a désigné les 27 à fusiller Le personnage qui a personnellement choisi les otages de Châteaubriant, Pierre Pucheu, a eu une carrière de vichyste typique. Né d’une famille modeste, le 27 juin 1899 à Beaumont-sur-Oise, il n’a qu’un seul but dans la vie : arriver coûte que coûte au sommet de la gloire, c’est-à-dire, pour lui, faire partie de « l’élite » du pays. Diplômé de l’Ecole normale supérieure, il se tourne vers les affaires en entrant chez Pontà-Mousson, puis au Comptoir de l’industrie. Il en profite pour voyager et revient impressionné par l’URSS de Staline, l’Italie de Mussolini et par les « réalisations » du IIIe Reich. Il en tire une seule conclusion : si la France veut avoir une place dans la « compétition » européenne, elle doit se doter d’un « ordre nouveau » imposé par un « État fort ». Il se retrouve donc tout naturellement aux côtés des ligues d’extrême droite avant de rejoindre le PPF de Doriot. En février 1941, il est nommé secrétaire d’État à la Production industrielle par Darlan que, très rapidement, il cherche à supplanter auprès des nazis. Ce dont il rêve alors, c’est d’une nouvelles Europe dans laquelle, sous la domination du Reich, la France connaîtra sa « renaissance ». Il profite de sa situation pour détourner au mieux l’industrie française au profit de l’industrie militaire des occupants. Sa haine des « bolchos » domine toutes ses ambitions. Devenu ministre de l’Intérieur en juillet 1941, sa première action sera de renforcer le service de police anticommu-

Le retour des prisonniers de guerre et des déportés survivants se déroulera en 1945.

Louis Dolly (3e rang haut, 2e en partant de la gauche.) était avec Guy Môquet à Châteaubriant. Louis Dolly, ancien maire de Villejuif, résistant de la première heure, était aussi interné à Châteaubriant avec tous ceux qui sont « les martyrs de Châteaubriant ». L’ARAC ne peut qu’associer son nom aux communistes fusillés à Châteaubriant car il fut aussi de la renaissance de la section de Villejuif de l’ARAC. Il disait : « On ne pourra jamais admettre que l’ARAC ne soit pas activement présente dans la ville dont un de ses fondateurs, Paul Vaillant-Couturier, était le maire jusqu’à sa mort. »

niste et d’inventer les « brigades spéciales ». En choisissant en priorité des communistes pour les livrer aux pelotons d’exécution nazis, il voulait, affirmait-il, « éviter la mort de bons Français ». Tombé en disgrâce en avril 1942 à cause de son ambition démesurée (il espérait pouvoir un jour remplacer Pétain…) et conscient que le temps du nazisme était compté

avec la montée de la Résistance et les premières victoires de l’URSS, il tente de tourner casaque en prenant contact avec le général Giraud, qu’il essaye de rejoindre à Alger en mai 1943. Arrêté lors de son arrivée à Rabat, il est transféré en Algérie, où, condamné à mort par un tribunal militaire de la France libre, il est fusillé le 20 mars 1944.

LE RÉVEIL - N°796 - septembre 2013

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LE RÉVEIL dossier

Après l’attentat de Nantes La réaction du général de Gaulle

Collège Guy-Môquet Villejuif (94)

Échos d’élèves

Après l’attentat du 20 octobre 1941 à Nantes, le général de Gaulle, le 23 octobre, ignorant alors le massacre de Châteaubriant du 22, déclara ce qui suit à la radio de Londres :

Pourquoi ? Pourquoi ont-ils fait ça ? Mais dites-moi, pourquoi ? C’était un combattant A l’âge de 17 ans

« Parce que deux des bourreaux de la France ont été abattus à Nantes et à Bordeaux au beau milieu de leurs canons, de leurs chars et de leurs mitrailleuses par quelques courageux garçons, l’ennemi prend au hasard, à Paris, à Lille, Strasbourg, 100, 200, 300 Français et les massacre (…) Dans cette phase terrible de sa lutte contre l’ennemi, il faut que le peuple français reçoive un mot d’ordre. Ce mot d’ordre je vais le lui donner. Il vient du Comité national français qui dirige la nation dans sa résistance. Voici ! Il est absolument normal et il est absolument justifié que les Allemands soient tués par les Français. Si les Allemands ne voulaient pas recevoir la mort de nos mains, ils n’avaient qu’à rester chez

Pourquoi ont-ils fait ça ? Mais dites-moi, pourquoi ? Il a été exécuté puis enterré Avec les 27 qui l’ont accompagné. Pourquoi ont-ils fait ça ? Mais dites-moi, pourquoi ? Un marchand de bonheur Qui a eu le malheur De s’être battu pour garder L’honneur. Pourquoi ont-ils fait ça ? Mais dites-moi, pourquoi ? Damien, 4e B ________ Un jeune héros, Guy Môquet A dix-sept ans et demi En te faisant fusiller Tu as honoré ta patrie Pour la liberté. Elle fait ton malheur Mais pour elle, Tu t’es battu jusqu’à la dernière heure, Pour cet emblème, ton étoile. Et aujourd’hui, on tonne les canons Car nous sommes fiers, Que notre collège porte ton nom Celui d’un résistant d’hier. Comment pourrons-nous oublier Ton courage et ta fierté, Tu étais un homme ordinaire, Mais tu es devenu un héros extraordinaire. Fabienne, 4e B 20 -

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Visite de la Carrière avec Marcel Cachin, Charles Tillon, Michel Debré et M. Guillaume.

eux et ne pas nous faire la guerre. Tôt ou tard, d’ailleurs, ils sont tous destinés à être abattus, soit par nous, soit par nos alliés… Mais il y a une tactique à la guerre. La guerre des Français doit être conduite par ceux qui en ont la charge c’est-à-dire par moi-même et le Comité national. Il faut que tous les combattants, ceux du dedans comme ceux du dehors, observent exactement la consigne. Or, actuellement, la consigne que je donne sur le territoire occupé, c’est de ne pas y tuer d’Allemands. Cela pour une seule mais très bonne raison, c’est qu’il est, en ce moment trop facile à l’ennemi de riposter par le massacre de nos combattants momentanément désarmés. »


Vie de l’arac LE RÉVEIL

Syrie

Non à une intervention de la France La solution ne peut être que politique Toute intervention serait un acte de guerre. La France, aujourd’hui seule, prendrait une lourde responsabilité si elle intervenait. Il est impensable que le Président de la République prenne une décision sans un débat national et sans l’accord du Parlement qui se réunit sur le sujet mercredi 4 septembre. Qu’est ce qui aujourd’hui justifie l’embrasement de la région avec le risque d’un 3e conflit mondial et sa cohorte de morts, de blessés, de misère ? Il faut privilégier la recherche d’une solution politique et conduire les responsables de l’utilisation d’armes chimiques devant les tribunaux, quand leur culpabilité aura été établie. Tout acte de guerre est contraire à l’intérêt des populations de cette région. Toute recherche de solution pacifique prévaut

À demander au siège national

Droit à la retraite Signez et faites signer la carte pétition !

au risque de déclencher une guerre. Ce sont nos valeurs républicaines qui seraient bafouées. Nous en appelons à la responsabilité des parlementaires pour la défense de la paix. Jamais la guerre n’a été une solution fiable et durable. Nous vous demandons solennellement de respecter le peuple français qui est contre la guerre et l’engagement de la France en Syrie. Il est temps de repenser la soumission de la France aux États-Unis engagée par le retour du pays dans l’OTAN sous la Présidence de Nicolas Sarkozy, décision non remise en cause par le président Hollande. Cette politique d’alignement porte atteinte à travers le monde à la crédibilité de la France, à son capital de sympathie, de confiance, construite au temps du général de Gaulle où notre pays exprimait sa volonté « de non ingé-

rence dans les affaires intérieures des États et prônait le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Etre seul pour intervenir militairement en Syrie, contre l’avis du Conseil de sécurité de l’ONU, serait un acte qui placerait la France dans l’illégalité internationale. En Afrique, en Asie, en Amérique latine, en Europe même, une majorité d’États est opposée à une frappe militaire. Monsieur le Président, optez pour une position de responsabilité, il y va de l’avenir de la France, de l’avenir de la paix dans le monde. Punir n’est pas la solution, diriger des missiles contre des êtres humains non plus. Déclaration du Bureau national Villejuif, le 2 septembre 2013

DéfenDons nos Droits à la retraite

r les générations futures sauvegardons la retraite par répartition pou LE RÉVEIL - N°796 - septembre 2013

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LE RÉVEIL Vie de l’arac

2013 place de la Bourse à Bordeaux. «Le social et la paix ce sont les solutions, pas l’austérité ni la guerre».

Corrèze

Pessac

Ce jeudi 12 septembre, une quarantaine de membres du comité départemental de l’ARAC se sont rendus au château de Sédières, siège de l’état-major des Francs Tireurs et Partisans Corréziens du 10 juillet au 20 août 1944. Jean Maison, que l’on ne présente plus, les y attendait pour leur présenter et commenter Du plateau des Étangs à Paris libéré qu’il a réalisé et qui rencontre un succès amplement mérité à travers le département. Après le déjeuner, dans une ambiance conviviale à la ferme auberge de Theillet, évocation toujours par Jean Maison du groupe Guy Môquet créé par Léon Lanot dans ce hameau où tous les habitants étaient acquis à la Résistance.

Le vendredi 30 août 2013 place JeanMoulin à Bordeaux s’est tenu un rassemblement à l’appel de la section ARAC de Pessac, du Mouvement de la Paix et de l’Appel des Cent. Ce rassemblement, réalisé dans un délai très court, a connu un vif succès à la fois par le nombre des présents (environ 150 personnes) mais aussi par la diversité et le nombre d’associations, syndicats et partis politiques. A la fin du rassemblement où chacun a pu s’exprimer, appel a été lancé pour continuer à se battre pour la paix, la justice sociale et le progrès social, et de se retrouver si nécessaire suivant l’évolution de la situation. En même temps, à être présents et nombreux lors de la manifestation interprofessionnelle du 10 septembre

L’ARAC sur les hauts lieux de la Résistance

Pour la paix

DÉFENDONS NOS DROITS D’AUJOURDHUI POUR UNE RETRAITE CONVENABLE À 60 ANS POUR NOTRE GÉNÉRATION ET CELLE À VENIR Monsieur le Président, – Le profit des groupes du CAC 40 au 1er semes tre : + de 32 milliards de bénéfices. – Les dividendes versés aux actionnaires ont progre ssé dans les 30 dernières années 7 fois plus que la masse salariale. – Les 500 plus grosses fortunes de France ont augmenté de 25 % en un an (+ 66 milliards). Donc de l’argent lié au travail et à la production des salariés, il y en a ! Pas besoin d’augmenter la CSG, ni les cotisa tions retraites, ni même d’allonger la durée de cotisa tion. e Au sortir de la 2 guerre mondiale, dans une économie à genoux, le Conseil National de la Résista nce a su imposer un système de protection sociale , solidaire, interprofessionnel et intergénérationne l. Maintenir la retraite à 60 ans, c’est possible pour les générations à venir. Nom :................................................ Prénom : ............................................ Signature : .........................................

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LE RÉVEIL - N°796 - septembre 2013

Dispensé de timbrage

Signez cette carte postale et postez-la lle dans n’importe que boîte aux lettres

Monsieur François Hollande Président de la République Palais de l’Elysée 55, rue du Faubourg Saint-Honoré 75008 Paris

A Rennes, devant l’hôtel de ville, Renée Thouanel se prépare à lire la prise de position nationale de l’ARAC.

Ille-et-Vilaine

Solidarité avec la Syrie, l’ARAC au cœur des rassemblements Dans les prises de parole lors des rassemblements unitaires comme dans les distributions de tracts au centre de Rennes, l’ARAC d’Ille-et-Vilaine a rappelé et dialogué sur la situation en Syrie. Intervenir oui ! Mais non militairement, afin de trouver une solution de paix dans un cadre politique. Des étudiants aux retraités, beaucoup de passants rennais exprimaient leurs inquiétudes et parfois leur ferme désaccord face à des menaces d’intervention militaire. Plus d’une soixantaine de personnes s’étaient déjà rassemblées rapidement dès le 9 septembre à l’appel du Mouvement de la Paix et de l’ARAC. Le collectif local s’est agrandi grâce au soutien régional de Pax Christi, de Simone de Bollardière (MAN), des associations d’éducateurs et d’artistes pour la paix. Le 16 septembre dernier, 160 à 180 personnes étaient présentes. Ces initiatives pour la paix et la mémoire vont continuer avec « Tout Rennes cultive la Paix » : l’ARAC va intervenir pour présenter les panneaux de notre exposition nationale sur la Guerre d’Algérie et animer à la suite un des débats publics.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL Vie de l’arac

Section de Vitrolles

Défense du droit à la retraite Parmi les 50 000 manifestants, l’ARAC présente à Marseille derrière la banderole de la section de Vitrolles, pour la défense des droits de la retraite. Les membres de l’ARAC ont toujours été et seront toujours présents pour défendre les acquis du programme du Conseil national de la Résistance. C’est avec ferveur et détermination que nous n’oublierons pas de mener ces combats.

Amis lecteurs, sections locales, comités départementaux, Le calendrier 2014 de l’ARAC est disponible ! Il rend hommage à Nelson Mandela avec des photos et des citations qui retracent la vie et l’action de cet homme extraordinaire. Coût : 7 e 24 -

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Signature de la carte pétition 7 septembre 2013 : Journée des associations à Vitrolles. L’ARAC a pris l’initiative de s’inscrire dans l’action pour la défense des retraites, en faisant signer une pétition avec succès aux participants de cette manifestation.


LE RÉVEIL Vie de l’arac

Défense des retraites Paris (75)

Pessac (33)

Le 10 septembre, à Paris, lors de la manifestation sur la défense des retraites, de nombreuses signatures de la carte pétition à adresser au Président de la République.

La section de Pessac a participé à la manifestation du mardi 10 septembre à Bordeaux à l’appel des organisations syndicales. Les camarades de l’ARAC de Pessac sur les marches du Grand Théâtre, place de la Comédie à Bordeaux dans l’attente du cortège.

Hommage aux martyrs du Bois de Boulogne 18 août 2013, hommage aux 35 jeunes martyrs de la cascade du bois de Boulogne, en présence notamment de Catherine Vieu-Charier, adjointe au maire de Paris et de Louis Cortot, compagnon de la Libération, membre de l’ARAC. Etaient présents : Raphaël Vahé, président de l’ARAC, Liliane Rehby, secrétaire nationale, et Pierre Bussone, secrétaire national.

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LE RÉVEIL Vie de l’arac

Décès d’Hélène Charnay Extraits de l’hommage de Georges Doussin Le 18 août 1913, naissait notre camarade Hélène Charnay, à Saint-Nizier-le-Désert, au nord-est de Lyon, capitale de la Résistance au nazisme dans les années sombres de 1940 à 1944. Hélène, présidente de notre section de Carpentras, ancienne résistante dans le département de l’Ain, militante active jusqu’au terme de sa vie. Son décès ne nous permettra pas de lui exprimer notre profonde amitié. Avec son mari, elle n’accepte pas de rester passive devant l’occupant nazi et la honteuse collaboration de Pétain. Ensemble, ils formèrent un groupe de résistance qui organisa le sabotage des lignes de chemin de fer et des trains. Son mari, arrêté sur dénonciation, fut déporté et porté disparu dans l’enfer des camps. Hélène Charnay continue la lutte et participa les armes à la main aux combats de la Libération, Hélène continue son engagement en participant depuis à tous les combats pour la justice, pour la paix, pour l’amitié entre les peuples. Militante de l’ARAC depuis 1945, elle

sera jusqu’à sa mort la présidente de notre section de Carpentras et membre du comité départemental. Elle donne aux jeunes générations l’exemple fort d’une mémoire qu’elle a transmise jusqu’au bout et qui fut toujours une incitation à poursuivre un chemin de lucidité et de courage. Elle n’a jamais douté que l’humanité peut construire son bonheur si les hommes et les femmes qui la composent sont suffisamment solidaires et suffisamment conscients que, pour survivre et vivre heureux, ils doivent mettre toutes leurs capacités au service de tous sans exclusivité. Nous exprimons aux membres de sa famille combien nous partageons leur deuil. Hélène tu as terminé ton long chemin de combattante pour la liberté et la paix pour tous les peuples. Le plus bel hommage que nous pouvons te rendre, c’est d’être, à ton exemple, participants actifs à cette construction d’une France, d’une Europe, d’un monde heureux, parce que fait de justice et de solidarité.

Saint-Pourcainsur-Sioule (03)

René Merle à l’honneur

Notre ami René Merle a été promu, le 14 mai 2013, au grade de Chevalier dans l’Ordre national du mérite. René est membre de l’ARAC depuis 1977 et secrétaire départemental depuis 1987. Cette décoration récompense « un homme dévoué qui a consacré et consacre encore son énergie au service des autres et de l’intérêt général » a déclaré Jean Mallot, conseiller régional d’Auvergne. M. Mallot a rappelé également « l’homme de parole, de fidélité, au caractère entier et généreux. C’est un homme respecté y compris par ceux qui ne partage pas ses opinions ». Notre camarade, ancien adjoint au maire de Saint-Pourcain, animateur de la vie locale, voit avec cette remise de décoration, comme le précise Jean Mallot « la République lui rendre un peu ce que René Merle lui a donné ». Faire vivre les valeurs de la République, l’idée d’une nation libre et souveraine, telle est aujourd’hui avec la défense des anciens combattants, l’action de l’ARAC.

NOS PEINES septembre 2013 Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances. ALLIER (03) Commentry : Georges VEILLAUD, 76 ans, ancien porte-drapeau. BOUCHES-DU-RHÔNE (13) Velaux : Raymond BADDLY, 85 ans, combattant pour la Paix. Henri PALLET, 84 ans, combattant pour la Paix. Vellutini-Saint-Just : André ALBERTUCCI, 77 ans, AC ATM. Raphaël CALDORA, 65 ans, Pupille. CHARENTE (16) Fléac : Pierre MANDON, 72 ans, AC ATM, secrétaire de la section. Isle-d’Espagnac : Robert MAGNANON, 79 ans.

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LE RÉVEIL - N°796 - septembre 2013

HÉRAULT (34) Marseillan : Félix LAUX, 90 ans, AC 39-45. Guy ROUSSEL, 95 ans, AC 39-45. ISÈRE (38) Bourgoin-Jallieu : Albert PERRIN, 96 ans, Résistant. LOT-ET-GARONNE (47) Casteljaloux : Georges DAUNIS, AC ATM. Michel LAGUIBEAU, AC ATM. NORD (59) Fenain : Amédée Charles HIMBLOT, Résistant, Interné, Déporté, AC 39-45. Somain : Léon CZAJKA , 93 ans, AC 39-45, ancien porte-drapeau.

Gino FERRARI, 90 ans, AC 39-45, FTPF-MOI, Croix de Guerre, Chevalier de la Légion d’Honneur. PYRÉNÉES-ORIENTALES (66) Canet : Henri PICO, 93 ans. Prades : Mercedes BALSEIRO, veuve. SAÔNE-ET-LOIRE (71) Épinac : Henri MORETTE, 92 ans, Résistant. Saint-Vallier : Daniel MIERZEHALA, 73 ans AC ATM. Mme Imelda VENDRAMINI, veuve. ESSONNE (91) Igny : Henri BODIVIT, 80 ans, AC ATM. Vauhallan : Fernand MARNET, combattant pour la paix.

HAUTS-DE-SEINE (92) Antony : Daniel RONNE, 73 ans. Colombes : Jean TELEMAQUE, AC ATM, Président de la section. SEINE-SAINT-DENIS (93) Drancy : Georges PAULMIER, 99 ans, AC 39-45. Saint-Denis : Alain LE GALL, 79 ans. VAL-D’OISE (95) Bezons : Jean HERVY. Mme Jacqueline KREH.


Vie de l’arac LE RÉVEIL

André Fillère remet la médaille de l’ARAC à notre ami Roger Garnier

ARAC Yvelines

Roger Garnier fête ses 100 ans Henri Pouillot, président départemental de l’ARAC des Yvelines, a remis la médaille des 90 ans de l’ARAC à Roger Garnier lors de son 100e anniversaire. Henri Pouillot, dans son discours, rappelait : « Tu es un des plus anciens adhérents. Tu es né juste avant le début de la première guerre mondiale, et ta toute petite enfance a donc été marquée par ce drame. Cette année, 2013 où l’on fête le 70e anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance pour lequel Jean Moulin a joué un grand rôle, on ne peut oublier cette période qui a suivi la seconde guerre mondiale. Dans ce moment où la France sortait terriblement affaiblie par ce conflit, les avancées sociales qu’il proposait, dont l’essentiel a été mis en œuvre, furent une sérieuse récompense aux sacrifices que vous avez connus dans cette triste période. Malgré les progrès techniques, les moyens dont l’humanité dispose, c’est sans cesse que ce programme est grignoté, pour enrichir les plus riches. Dans quelques semaines, les retraites risquent bien d’être remises en cause, au nom de l’austérité dite nécessaire. Les cheminots de Trappes ont payé un très lourd tribut pendant la Seconde Guerre

mondiale, comme le rappelle la plaque à l’entrée de la gare. Ce sont 36 agents de la SNCF tués par faits de guerre et 8 fusillés ou morts en déportation. Mais, ce sont aussi 15 militaires trappistes qui sont morts pour la France ainsi que 84 civils qui périrent essentiellement sous les bombardements. Trappes fut sinistrée à 70 %. Tu as donc vu disparaître un certain nombre de tes camarades très proches, des amis même. Oui, Roger, cette occasion de fêter un tel anniversaire nous permet de te dire un immense merci pour l’héritage que tu nous laisses, nous espérons poursuivre ton action militante, maintenir cette mémoire nécessaire pour les jeunes générations. Tous ceux qui t’ont côtoyé ont toujours apprécié ta gentillesse, ta disponibilité…
Roger nous te souhaitons une bonne santé, et que tu puisses encore profiter agréablement de nombreuses années de cette retraite tant méritée.
Au nom de tous les camarades, je t’adresse toutes nos amitiés. »

Section de Balaruc

Présence à la fête des associations Fête des associations, le 7 septembre, la Section de Balaruc a tenu un stand de l’ARAC et de sa Mutuelle.

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LE RÉVEIL Vos droits

Services départementaux de l’ONAC

État d’alerte ?

Le conseil d’administration de l’ONAC s’est réuni le 18 avril 2013, dirigé par le premier vice-président Jacques Goujat, le ministre délégué étant en Pologne pour l’anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie contre l’occupant nazi en 1943. Simple « chambre d’enregistrement » où siègent à 50 % des généraux, ce CA a surtout brillé par l’approbation sans restriction ou le « sans commentaire » des rapports de commissions. À André Fillère qui rappelait les coupes pliquer les orientations gouvernementales sombres occasionnées dans les services et les directives du ministre ». et les effectifs par la RGPP (Révision générale des politiques publiques), Pas de quoi être rassuré puis s’inquiétait des orientations du pour autant ! nouveau Contrat d’objectifs et perfor- Dans l’un des rapports fournis au mances (COP) et s’interrogeait sur la conseil d’administration (3 jours avant disparition évoquée des directeurs de la séance !), il est indiqué explicitement services départementaux de l’ONAC qu’en matière de réduction des effectifs, composés de 3 personnes, la nouvelle l’ONAC est non seulement un “très bon directrice générale de l’ONAC répondit élève”, mais qu’il va au-delà des objectifs de façon lapidaire : « Le ministre a affirmé et plus vite que prévu : « Depuis 2008 Annonce que 210x150 3G COPY:Mise en page 1 7/10/11 (…), 10:43 Page 1 a optimisé toutes les ocle maillage départemental continuerait l’ONACVG d’exister. Quant à moi, j’ai mission d’ap- casions de départ d’effectifs (…) Cette ges-

Si vous êtes intéressé(e) et si vous souhaitez recevoir une documentation plus complète, adressez le coupon ci-dessous à : Mutuelle de l’Arac - 2, place Méridien 94807 Villejuif cedex - Tél : 01 42 11 11 00 mutuarac@mutuarac.com

tion responsable (sic !) des emplois explique les sous-effectifs constatés en fin de gestion sur la période 2009-2012. La cible globale a été atteinte plus rapidement que prévu » (page 24).

Conséquences « … les déflations cibles ont été réalisées mais pas toujours sur le périmètre initialement prévu ou en générant une détérioration des conditions de travail des agents, voire des tensions momentanées sur la qualité des services rendus. » (page 25). « Cela s’est traduit par une forte dégradation du soutien, une capacité de pilotage stratégique insuffisante (…) et de fortes tensions dans le fonctionnement quotidien de l’établissement. » « … les déflations d’effectifs ayant été anticipées par rapport au calendrier initial, les services ont eu du mal à palier les difficultés techniques… » (page 26). Ce que confirment (même page) des études sur le poids de la fonction de Ressources humaines de l’ONACVG (1,3 % en 2012 contre 1,7 % en 2009)

Vous êtes Ancien Combattant titulaire de la Carte du Combattant et/ou du Titre de Reconnaissance de la Nation (TRN), veuve, orphelin, ascendant de “Mort pour la France”.

Je souhaite recevoir des renseignements sur la rente mutualiste.

La Mutuelle de Retraites de l’A.R.A.C. est faite pour

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Agissant en tant qu’intermédiaire entre la Caisse Nationale de Prévoyance et ses adhérents :

• Non imposable et revalorisée chaque année

la Mutuelle de Retraites de l’Association Républicaine des Anciens Combattants permet de se constituer une rente.

• Avec des versements déductibles en totalité de vos revenus imposables

• Subventionnée par l’Etat de 12.50 à 60% • Cumulable avec toute autre pension ou retraite

• La garantie de votre placement vous est assurée par la CNP (Caisse Nationale de Prévoyance) • Le capital constitué sera reversé à votre décès, au(x) bénéficiaire(s) que vous aurez désigné(s) *

Campagnes : ❏ Indochine ❏ 1939-1945 ❏ Conflits modernes ❏ ATM (1952-1964)

• Versements à votre convenance

❏ Veuve, Orphelin, Ascendant, de “Mort pour la France” à titre militaire.

RC

*Dans le cas d’un capital réservé viagèrement.


VOS DROITS LE RÉVEIL

« très en deçà de celui constaté dans la fonction publique et se situe même en dessous de celui constaté pour le secteur privé, à taille de structure équivalente. » Outre qu’il est plus qu’hasardeux de vouloir comparer le secteur privé et le secteur public (donc les missions sont différentes), on ne peut que s’étonner de ce jugement sur les ressources humaines de l’ONACVG lorsque l’on sait que ce secteur RH a été sérieusement renforcé alors que, dans le même temps, celui des “Missions” était réduit.

Les services départementaux comprimés Ce même rapport expose que : « Fin 2012, quarante-trois services départementaux ne comptaient qu’au plus 3 agents dont le directeur, contre 14 fin 2008 », soit 3 fois plus. Et, dans le même temps, il est laissé entendre par la direction générale de l’ONAC que, dans ces “petits” services départementaux, le directeur (cadre A) pourrait être supprimé et le service dirigé par un(e) secrétaire administratif (cadre B). Alors, 2 agents seulement ? Avec toutes les conséquences sur le fonctionnement devenant aléatoire, la perte du contact avec le mouvement ACVG, les autorités, etc. Que valent les belles paroles face à la réalité des faits et des orientations imposées par le ministre Kader Arif dans sa lettre du 14 janvier 2013 à la directrice générale de l’ONAC ? Le nouveau COP doit s’intégrer dans le MAP (modernisation de l’action publique) à grands coups de “neutralisation”, de “pôles de compétences”, de réduction des déficits budgétaires des ERP et maisons de retraite de l’ONAC (en les cédant au privé) ; tout cela pour une “nouvelle organisation cible” à ratifier par le CA de l’ONAC au cours du 1er trimestre 2014. Le fameux maillage de proximité pourrait-il devenir, dans de nombreux cas, un maillage interdépartemental voire régional ? Plus que jamais, anciens combattants et non-combattants, veillez ! Le droit à réparation est en danger !

Vers l’attribution de nouvelles cartes du combattant ? D’ici quelques jours seront connus les crédits prévus pour 2014 dans le projet de budget des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre. Lors du débat 2012 à l’Assemblée nationale, le ministre délégué aux Anciens Combattants, Kader Arif, s’est engagé en faveur de l’attribution de la carte du combattant aux anciens d’Algérie totalisant 120 jours de présence sur le terrain, « à cheval » sur la date du 2 juillet 1962. Cette mesure concernerait, si elle figure dans le budget selon la promesse du Ministre, des milliers d’anciens combattants à travers la France et nous les appelons à suivre attentivement l’actualité pour être prêts à faire valoir leur droit.

Il leur faudra, en effet, faire une demande spécifique nouvelle et l’accompagner des documents indispensables à leur dossier. Rappelons que la possession de la carte du combattant, outre le port de la Croix du combattant, donne droit à la retraite du combattant, ainsi qu’à la possibilité de se constituer une rente mutualiste ancien combattant (rente non imposable, subventionnée par l’État, versements déductibles en totalité des revenus). Pour en savoir plus, pour vous renseigner et vous aider, vous pouvez vous adresser à : la Mutuelle de l’ARAC ou à l’ARAC 2 place du Méridien 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 00 mutuarac@mutuarac.com www.mutuellearac.com

Pupilles de la Résistance, campagne double Jean-Claude Candelier, député communiste du Nord, a interpellé par écrit la présidente de la Commission de la défense nationale et des forces armées, Patricia Adam. Par lettre en date du 18 juillet dernier, le député lui a rappelé que, le 5 novembre 2012, lors du débat budgétaire, ellemême et le rapporteur spécial s’étaient prononcés (avec l’aval du ministre des Anciens Combattants, Kader Arif) pour : - la création d’une mission d’étude relative à la reconnaissance de l’État envers les pupilles de la Nation dont les parents, morts pour la France, sont tombés les armes à la main face à l’occupant nazi, - la création d’une mission d’information portant sur l’attribution de la « campagne double » dont sont toujours privés la quasi-totalité des fonc-

tionnaires en retraite anciens combattants en Afrique du Nord. « Alors que la situation n’a, à ma connaissance, pas avancé, je souhaite vous entendre sur ces deux sujets » écrit ce député. Mme Patricia Adam l’a-t-elle entendu ? Et M. Candelier l’entendra-t-il comme il le sollicite ? Plus de 65 ans après la fin de la seconde guerre mondiale et plus de 51 ans après celles d’Algérie, Maroc et Tunisie, il serait grand temps que le gouvernement et sa majorité se fassent entendre favorablement pendant qu’existent encore des intéressés en vie… pour les entendre !

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dossier LE RÉVEIL magazine

La conversion politique

Laurent Kestel. Ed. Raisons d’agir. 20 e

Jacques Doriot, ancien maire communiste de Saint-Denis (93) et exclu du PCF après les émeutes fascistes. Créateur du Parti populaire français (PPF) dont Drieu La Rochelle était le porte-plume docile. De sa création en juin 1936, en plein Front populaire, à ses derniers soubresauts en 1945, ce nom, ce « parti » symbolisent la trahison et la fuite en avant des collabos. Mais, paradoxe ! Une partie des cadres du PPF avait été communiste ou socialiste avant le Front populaire. Laurent Kestel s’intéresse ici à comment ces revirements ont pu se produire et plaider pour une sociologie des processus de conversion politique. La première partie de son analyse porte sur la formation du PPF, les luttes et les heurts intérieurs, les calculs électoralistes, la transplantation de schémas organisationnels hérités du PCF et de la SFIO avec qui la rupture est violente, la recherche de nouvelles alliances avec les « nationaux » face aux industriels en guerre contre la politique du Front populaire. La seconde partie se penche sur le basculement vers le fascisme. Cette conversion est à la mesure de l’engagement des « renégats ». Ainsi, souligne Laurent Kestel : « Celui qui a tout donné et tout reçu du Parti, n’a rien d’autre à monnayer que son aversion au Parti. Et n’a rien d’autre à espérer recevoir en retour. » D’autant que l’Humanité et Le Populaire les dénoncent avec force et poussent à la mise au ban des doriotistes. Il ne leur reste plus qu’un pas, si mince, à franchir pour se reconnaître dans une espèce de fascisme « à la Fran-

çaise », idéologie extrémiste de bric et de broc endossée sous l’occupation, fuite en avant dans la collaboration dont l’histoire conserve aujourd’hui, autour du PPF et de ses sbires, une sinistre mémoire.

Pas comme des moutons

Les juifs contre Hitler

Lucien Steinberg. Ed. Les Balustres. 10 e

6 millions de juifs se sont-ils laissés massacrer comme des moutons par les nazis ? Non, a répondu Lucien Steinberg en 1970. Cette réédition appelle lecteurs et lectrices d’aujourd’hui à la lucidité et à l’action. Lucien Steinberg, roumain fixé en France de 1947 à sa mort en 2008 administrateur du Secours populaire, Président de l’Union de Juifs pour la Résistance et l’entraide (née en 1943) - a consacré sa vie à l’étude de la résistance juive contre Hitler et lutté jusqu’à son dernier souffle contre le racisme et ses résurgences. Ce livre est la référence incontournable couvrant l’ensemble de la Résistance juive dans l’Europe dominée par les nazis. Réseaux juifs opérant à Berlin jusqu’à la victoire alliée, attaque de camp de concentration dans l’Italie de Mussolini, juifs combattants dans tous les réseaux de résistance en France et créant même leurs propres organisations, Belgique, insurrections et soulèvements des ghettos de Varsovie, Vilna ou Bialystok, détachements armés juifs combattants dans les forêts de Russie, des Balkans et avec l’insurrection yougoslave dirigée par Tito, révoltes et luttes au sein des camps de la mort d’Auschwitz, Sobibor, Treblinka, Sachsenhausen, autant de luttes exprimant leurs refus de partir « comme

des moutons à l’abattoir ». Un livre qui fait litière d’une mythologie affirmant que 6 millions de juifs se sont laissés conduire passivement à la mort par le nazisme. Parce que la compromission avec le fascisme et la xénophobie ne paye jamais, dans tous les cas « seule la Résistance sauve ».

Le fugitif

Ramon Sender. Traduit de l’Espagnol. Ed. Attila. 18 e

« Je me suis réfugié dans l’église pour sauver ma peau, c’était le seul endroit où les fanatiques franquistes, les curritos, ne viendraient pas me chercher. Inutile de dire que je ne crois pas à D ieu (…). J’ai choisi l’église (…) parce j’y ai été enfant de chœur ». Ainsi commence Le fugitif qui s’est réfugié dans le mécanisme de l’horloge du clocher. Là, il observe et attend que la surveillance se relâche pour pouvoir s’échapper et, pour meubler son attente, il va se mettre à parler aux trois statuettes - Euphemia, Martina et Palagia - qu’il identifiera aux trois femmes de sa vie. Ramon Sender (1901-1982) est né en Aragon. Études chez les Jésuites, misère à Madrid, guerre du Rif Marocain, journaliste, anarchiste, il s’enrôla dans l’Armée républicaine pour lutter contre Franco. Il tenta de se rapprocher en vain des communistes qui lui reprochent son passé à la CNT. Sa femme et son frère massacré par les franquistes, il doit se réfugier en France (à Orsay) d’où il suit et écrit sur la guerre d’Espagne. Réfugié au Mexique puis en Californie, il y bâtit une œuvre littéraire importante, mais demeure un grand oublié de la littérature espagnole.

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