Le journal Le réveil des combattants - Juillet août

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le peuple d’israël veut la justice sociale

Châteaubriant : 70 ans - la fusillade des otages

le réveil Juillet -Août 2011 - N°774-775 - 5 e

onacvg et droit à la solidarité

des combattants

© Ernet-Pignon-Ernest - Pour l’amicale de Châteaubriant - 2007

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

70e anniversaire de Châteaubriant

2011

les valeurs de la République en danger ! Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre


LE RÉVEIL actualités

t o e m d n b o a r G outenir notre journal Le Réveil des Co la Pour s

Campagne de souscription 2011

Pour soutenir le Réveil des Combattants, une voiture est à nouveau en jeu, ainsi que de nombreux lots. Il s’agit de donner à notre journal les moyens de vivre et de se développer. L’an dernier, 40 000 euros ont été collectés qui ont permis la poursuite de l’aventure de notre journal. De tout temps, le Réveil des Combattants a participé et a contribué à la vie démocratique et aux luttes sociales de notre pays. Avec la nouvelle formule, lancée depuis deux ans, nous avons démontré notre volonté de faire de notre publication : • un outil de réflexion sur toutes les questions sociétales, françaises et internationales, • une source d’information permanente pour le monde ancien combattant, • un outil de défense des droits des anciens combattants et victimes de guerre, • le journal du combat de la mémoire et des valeurs républicaines.

mbattan ts

Pour participer à cette souscription, vous pouvez acheter un carnet entier et vendre des bons de soutien auprès de votre famille, de vos amis et camarades. Il est possible d’acheter un ou plusieurs bons à l’unité. Vous devez, dans tous les cas, retourner au siège national (Réveil des Combattants - 2 place du Méridien - 94800 Villejuif), la ou les souches remplies et accompagnées de votre règlement (2 à 20 euros ou plus) et garder votre ou vos tickets.

La date butoir pour le retour des souches est fixée au 5 décembre 2011.

Cette année encore, une voiture à gagner ! Remise des clés à l’heureux gagnant de la voiture, à l’occasion de la tombola 2010

Tirage le 26 décembre 2011 Pour tout renseignement, appeler au 01 42 11 11 11 ou par mail : reveil-des-combattants @ wanadoo.fr 2-

LE RÉVEIL - N°774-775 - juillet-Août  2011


ÉDITO LE RÉVEIL

Où en sommes-nous aujourd’hui ?

SOMMAIRE Actualités p. 4 70e anniversaire de Châteaubriant.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Diminution du programme d’aide aux plus démunis.. . . . . . . . . . . . . . . 5 Les nouveaux se(a)igneurs.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Les pauvres toujours plus pauvres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 International p. 8 Le peuple d’Israël veut la justice sociale.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Vers la reconnaissance d’un État palestinien ?.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Lybie, une victoire impérialiste.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Des larmes et du sang contre du pétrole.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Vos droits p. 21 La retraite du combattant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 La carte du combattant est valable à vie.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Handicapés et accessibilité : un scandale de plus. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 RGPP : reconquérir le service public.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Vie de l’ARAC p. 25 L’importance du travail de mémoire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Jean Duclos, l’une des grandes figures de l’ARAC.. . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 La vie des comités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Colloque pour les 5 de Cuba. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 Magazine p. 30

P. 13 D o s s ier

Châteaubriant, il y aura 70 ans. La fusillade des otages Assumer la mémoire des martyrs, c’est défendre au présent les valeurs issues de la Résistance.

LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 Édité par les Éditions du Réveil des Combattants SARL au capital de 45 734,41 - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien, 94807 Villejuif cedex Téléphone : 01 42 11 11 12 Télécopie : 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr

Tirage : 60 000 exemplaires Gérant-directeur de la publication : Raphaël VAHÉ • Directeur délégué : Patrick STAAT • Rédacteur en chef : Raphaël VAHÉ • Directeur promotion et publicité : Claude Delevacq • Secrétariat de rédaction, conception graphique : Escalier D Communication • Impression : RIVET P.E. - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

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e caractère personnel du pouvoir a permis de mettre en œuvre les volontés du grand patronat. Conséquences : explosion des inégalités, attaques contre le droit au travail et la santé, augmentation de la pauvreté et développement du chômage. Résultats : les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Les profits des entreprises entre 1949 et 2009 ont augmenté 20 fois plus que les salaires… La crise, c’est la crise du système, de pratiques inacceptables, qui ne répond qu’à la soif de profits de quelques financiers spéculateurs et dirigeants d’entreprises. Elle touche tous les pays d’Europe. Il est légitime de se poser la question : Quelle Europe voulons-nous ? Certainement pas d’une Europe fédérale forte qui ne répondrait qu’aux besoins des marchés financiers et tournerait le dos aux besoins des peuples. Allons-nous laisser les générations à venir sombrer dans les difficultés, la peur du lendemain ? Nous pouvons nous interroger sur les raisons qu’ont les gouvernements de défendre leur conception de l’Europe, le traité de Maastricht, aujourd’hui. Que font-ils en dehors de répondre positivement aux appels du patronat comme l’a exprimé si bien Denis Kessler. Alors du courage est nécessaire pour attaquer cette politique qui construit le mur de l’argent sur le dos des salariés, employés, retraités, jeunes et moins jeunes, des anciens combattants et victimes de guerre… Du courage pour demander de nationaliser les banques, responsables de ce gâchis financier et humain. Du courage pour poser la question de la nationalisation de l’énergie, de l’eau, des transports, du logement, de la santé pour répondre aux besoins communs. Le courage politique d’avoir des principes, des idéaux et de les défendre devraient permettre de mobiliser et de rassembler large pour reconstruire notre pays sur les valeurs républicaines et de la nation d’aujourd’hui. Nous l’avions pourtant bien fait en 1945 dans un pays exsangue grâce au programme du Conseil national de la Résistance. En 2011, dans un pays plus développé, pourquoi cela serait-il impossible ? Il n’y a aucune fatalité dans la situation d’aujourd’hui, il n’y a que des choix politiques imposés dans l’intérêt d’une poignée de profiteurs. Nous pouvons inverser la donne, l’ARAC y contribuera pour sa part.

Patrick Staat juillet-août  2011 - N°774-775 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

70 anniversaire e

des fusillades de Châteaubriant Un rendez-vous annuel qui revêt cette année un caractère spécial. ente Près de 2 000 personnes sont attendues pour cet événement que représ le 70e anniversaire des fusillades de Châteaubriant. du défilé 13h00 - Au théâtre de Verre : départ des éconts enfa les Les droits des enfants, avec es. ntair volo les et tous les Fernand 13h45 - Rendez-vous au rond-point lé de la Grenier à Châteaubriant pour le Défi

Mémoire. iden14h30- Cérémonie officielle sous la prés icale l’Am de te iden prés s, Nilè e dett ce d’O e de mair ault, Hun de Châteaubriant et d’Alain Châteaubriant. ault, se15h00 - Allocution de Bernard Thib Laurent, e Pierr de et CGT la de ral géné ire créta secrétaire national du PCF. tique : 15h30 - Évocation historique et artis » de mon du uet Môq Guy « Tous les lexis Évocation écrite et mise en scène par A Chevalier - Théâtre Messidor Maerel Avec la participation de : Christine Jeanpar o pian au gnée mpa acco nt) (cha • La nt) (cha tand Marc Lépicier • Dany Cou eCath de tion direc la sous o -Mél Chorale Méli édiens rine Diamin et une centaine de com Châet comédiennes amateurs du Pays de : uels lesq i parm nt teaubria élémentaire René• Des élèves de l’école des collèges de la es élèv Guy-Cadou • Des riant et Louiseaub Chât de es -Ros -aux Ville • Des jeunes Jaille Pasteur de Saint-Mars-la ne-Lenoir Étien et uet Môq Guy des lycées la JC de Châteaubriant • Des membres de Région Parisienne. réalisé Le défilé « Les Droits des enfants » est fants d’en aine cent e d’un avec le concours aires prim es écol des nts igna ense leurs de et du Pays Castelbriantais.

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ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Avec la diminution des aides européennes

Nouvelle taxation Bruxelles fait encore payer les pauvres sur la santé Le programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD) doit être amputé de 400 millions d’euros (75 % de son montant) en 2012. Le Programme européen d’aide alimentaire fournit de la nourriture à 13 millions de personnes vivant dans la pauvreté. La décision de réduire le budget de 500 millions d’euros à 113 millions d’euros est totalement scandaleuse. Elle touche directement le quotidien des plus démunis et des plus fragiles. En France, par l’intermédiaire de 4 grandes associations (les Restos du cœur, la Banque alimentaire, le Secours populaire français et la Croix rouge), ce sont 4 millions de personnes qui ont recours à l’aide alimentaire. Le PEAD a été mis en place à l’origine en 1986, pour ne plus que soient gaspillés les stocks alimentaires produits en surplus par les pays membres de l’Union européenne, ce dispositif a, ensuite, été adapté après la diminution progressive de ces surplus. En effet, en 1995, pour permettre la poursuite d’un programme devenu indispensable pour nourrir des millions de personnes à travers l’Union européenne, la Commission européenne a

décidé de compléter ces stocks alimentaires par une enveloppe financière adressée aux associations agréées afin de leur permettre d’acheter de la nourriture sur le marché. Cependant, dans un arrêt du 13 avril dernier, la Cour de justice européenne a, suite à une requête de l’Allemagne, décidé d’annuler l’enveloppe financière destinée aux associations. Entre 2011 et 2012, le PEAD va, ainsi, diminuer de 480 millions d’euros à 110 millions d’euros à l’échelle de l’Union européenne et de 70 millions d’euros à 15 millions d’euros pour la France. Cette décision est désastreuse pour les associations agréées et pour tous ceux à qui elles viennent en aide. Le Secours populaire estime, par exemple, que dès l’année prochaine, il ne pourra plus servir de repas à 517 000 personnes sur les 1,3 million de personnes qu’il nourrit aujourd’hui. A terme, après l’écoulement total des stocks restants, c’est l’extinction programmée du PEAD qui s’annonce et 8 millions de Français vivant sous le seuil pauvreté qui en sont des victimes potentielles. P.M.

Sans aucune concertation, le gouvernement a annoncé le doublement de la taxe sur les contrats de complémentaires santé (7 % pour les contrats « responsables » et 9 % pour les contrats « non responsables »). Nous condamnons cette nouvelle attaque contre notre modèle de santé. Cette mesure est un mauvais coup porté à l’accès aux soins quand on sait que les complémentaires financent 50 % des soins de premier recours. Pour accéder aux soins, les Français devront payer 1,2 milliard d’euros par an alors que les hauts revenus ne contribueront que provisoirement et à hauteur de 200 millions, soit six fois moins. Quand 5 millions de Français n’ont pas de complémentaire santé et que les inégalités dans ce domaine augmentent, quand le poids des dépenses consacrées aux soins dans le budget des familles a augmenté de près de 50 % en huit ans, cette taxation risque de rendre le coût de la complémentaire santé prohibitif pour nombre de familles, de chômeurs et de retraités. A travers ces mesures, c’est la Sécurité sociale que le gouvernement remet en cause. Nous devons prendre toute notre part dans le mouvement de protestation qui se met en place. P.M.

Une pétition est en ligne ! Contact Christelle Cros Tél. 01 40 43 63 26 ccros@mutualite.fr

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LE RÉVEIL actualités

Les nouveaux se(a)igneurs Nous vivons un véritable processus de re-féodalisation. Les nouveaux se(a)igneurs sont les patrons du CAC 40. Ils sont en guerre ouverte contre le peuple et contre les conquêtes sociales. Ils se répartissent des privilèges exorbitants que nous croyions abolis depuis la nuit du 4 août 1789.

« Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner. » Dixit Warren Buffet, il est un des hommes les plus riches du monde. Les nouveaux se(a)igneurs font prévaloir exclusivement leurs intérêts de classe. Ils considèrent les salariés comme des fainéants qu’il convient de faire travailler toujours plus. En dépit de millions de salariés dans la rue, d’une mobilisation syndicale exceptionnelle, du soutien de l’opinion, la contre-réforme des retraites a été votée par des élus qui représentent les seuls intérêts d’une classe sociale. Quand les industries et les usines dégagent des profits records, ce sont les patrons qui s’en mettent plein les poches. Quand ils dégagent des pertes énormes, ce sont les travailleurs qui font les frais des licenciements par milliers. Ils détruisent méthodiquement les services publics. La Révision générale des politiques publiques supprime des pans entiers du service public au détriment de l’intérêt général. Les suppressions de postes dans la santé, l’éducation, les transports, la poste, la justice renforcent les inégalités au sein d’une société où tout peut désormais être « marchandise » dans le cadre de la concurrence libre et non faussée. Rappelons-nous qu’en octobre 2007, l’ancien numéro un du MEDEF, Monsieur Kessler, se réjouit de la politique sociale du gouvernement Sarkozy. Elle va enfin, nous dit-il, défaire le modèle social né au sortir de la guerre, qui était issu du programme du Conseil national de la Résistance. 6-

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Les se(a)igneurs vivent dans le faste et l’ostentation. Malgré la crise, les écarts de rémunérations demeurent faramineux. 955 cadres dirigeants des entreprises du CAC 40 ont gagné en moyenne 1 200 000 euros en 2010. Dans le même temps, le gouvernement refuse d’augmenter le SMIC. Pour les banquiers et les rentiers qui sont les vrais décideurs dans ce pays, la priorité est de reconstruire de nouvelles féodalités qui, si elles ne sont plus basées sur la possession de la terre, sont basées sur la détention des actions. Dans la France d’en haut, le champion s’appelle Bernard Arnault et avec ses 21,2 milliards d’euros, il devance le patron d’Auchan, Gérard Mulliez alors que Liliane Bettencourt, la généreuse supportrice de Sarkozy, ferme la marche des plus riches de ce pays avec 17,5

milliards d’euros. Quant à Serge Dassault, fortune estimée à 7,6 milliards d’euros, il estime « qu’il faudrait supprimer les aides sociales aux plus démunis et notamment aux chômeurs. » Alors demandons-lui ce qu’il serait devenu sans l’aide et les subventions de l’État et, au passage, rappelons que la guerre en Libye déclarée par son ami Nicolas, est aussi une bonne opportunité pour ses affaires. Le 4 août 1789, en pleine révolution, la France abandonne son système féodal et abolit les privilèges. Il faut retrouver l’esprit de la nuit du 4 août. Il faut abolir les privilèges de la finance et retrouver le sens de l’intérêt général. Brigitte Canévêt


actualités LE RÉVEIL

En France, les pauvres sont de plus en plus pauvres... Mais les riches sont de plus en plus riches

La pauvreté a culminé en France en 2009, selon l’Insee. C’est le résultat de la dernière enquête Insee : si la crise née en 2008 a affecté la France entière, elle a touché de plein fouet les plus modestes. Plongeant sous le seuil de pauvreté près d’un Français sur sept. En 2009, la proportion de pauvres a augmenté, mais encore leur pauvreté s’est accrue. Alors même que le niveau de vie des plus riches continuait de s’améliorer. Le seuil de pauvreté en France est établi à 954 euros par mois. En 2008, 13 % de Français vivaient sous ce seuil. En 2009, 13,5%, soit 400 000 personnes de plus, plus d’un actif sur 10. C’est le niveau le plus élevé depuis 2000, précise l’Insee dans sa dernière enquête qui porte sur l’année 2009.

La pauvreté, une réalité d’aujourd’hui Des pauvres plus nombreux et encore plus pauvres. La moitié de ces 8,2 millions de personnes vit avec moins de 773 euros par mois. Les plus aisés eux, par contre, se sont franchement enrichis. Les 10 % de Français qui vivent avec plus de 35 840 euros par an ont vu leur niveau de vie progresser de 0,7 %. La très médiatique taxe sur les riches a finalement été fixée à 3% à partir de 500 000 euros. Simple ? Oui, à condition de bien comprendre la formule. Un couple ayant 1,01 million d'euros de revenu annuel paiera ainsi... 300 euros. Selon l'Insee, le pauvre, aujourd'hui,

gagne moins de 954 euros par mois. Et, pour la première fois depuis 2002, le nombre de ses représentants a augmenté. Tout cela ne serait qu'abstraction si nous ne regardions pas autour de nous. Or qui sont aujourd'hui les pauvres, dont on accepte enfin de prononcer le nom ? Ce ne sont plus des personnes exclues de la société, ou ne pouvant plus s'y intégrer. Ce sont, au contraire, des employés qui courent de travaux précaires en boulots de fortune. Ce sont des vies d'un courage exemplaire. Ce sont ces femmes employées par des entreprises de nettoyage, qui acceptent tous les boulots. Ce sont des existences à la mer-

ci d'une panne de voiture ou d'un train qui ne vient pas. Ce sont des retraités qu'une vie entière a laissés fourbus sur le pas de leur porte, parfois incapables de payer une note d'électricité. Ce sont de jeunes étudiants dont les parents ne peuvent subvenir au loyer de la chambre en ville et au prix des études en faculté. Qui sont les pauvres ? Ce sont nos pères, nos mères, nos sœurs, nos frères, nos fils et nos filles. Refuser de les voir revient à condamner notre pays au plus grave péril.

Pour un budget 2012 répondant aux besoins du monde combattant

Rassemblement des ACVG de l’Ile-de-France A l’appel des Unions départementales des associations d’anciens combattants (UDAC) de la région parisienne

Mercredi 19 octobre à 10h30 Devant l’Assemblée nationale Place du Président-Édouard-Herriot Les associations sont invitées à participer avec leurs drapeaux. Métro : Invalides, Assemblée nationale

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LE RÉVEIL international

Le peuple d’Israël veut la justice sociale Depuis la mi-juillet, Israël est saisi par une vague de protestations sociales sans précédent. Si le Premier Ministre Benjamin Netanyahou comptait sur un essoufflement du mouvement, il en est pour ses frais. Dernièrement, ils étaient 400 000 à arpenter les rues des principales villes israéliennes, ce qui, dans un pays de 7,5 millions d’habitants est plus que considérable. C’est que le ressentiment est profond. Certainement plus qu’il n’y paraît. Si la protestation a démarré par les problèmes de logement, les revendications se sont, depuis, élargies : réduction des taxes indirectes, arrêt des privatisations dans le domaine de la santé, arrêt du recours aux agences d’intérim dans le secteur public… Les Israéliens se sentent grugés. Ils estiment avoir fait les sacrifices nécessaires pour leur pays sans être payés en retour. « La politique israélienne est liée aux plus riches, c’est le capitalisme », dénoncent Yaël et Ofer, un couple d’enseignants, la cinquantaine. « On s’était endormis », disent-ils. « On pensait que tout allait bien, qu’on faisait ce qu’il fallait, on faisait nos trois ans de service militaire. On acceptait que tout l’argent aille à la sécurité. Mais les gens ploient sous la pression. Ça ne peut plus continuer comme ça. » De fait, l’un des slogans les plus prisés est : « Le peuple veut la justice sociale. » Une justice sociale qui concernerait aussi bien les juifs que les arabes israéliens, cette dernière population étant plus encore discriminée. Si plusieurs générations d’Israéliens se sont retrouvées au coude à coude ces dernières semaines, elles 8-

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n’ont pas toute la même perception des choses. Les jeunes font plus facilement le lien entre les problèmes économiques, la pauvreté des moyens alloués aux services publics et les dizaines de milliards de shekels d’aide financière données aux colonies. Il n’y a pas si longtemps, Benjamin Netanyahou expliquait doctement que sa politique économique était une réussite, qui avait permis à Israël de se tenir à l’écart de la crise boursière touchant les principaux pays de la planète. Se faisant, il s’auto décernait un satisfecit pour des orientations qu’il avait déjà commencées à mettre en œuvre alors qu’il était ministre des Finances au début des années 2000 et qui n’avaient rien d’original : privatisation, licenciements, disparition plus que progressive de l’État providence… A Tel Aviv, comme à New York, Paris, Londres, Berlin ou Tokyo, la sacro-sainte Bourse donnait le pouls du patient, la température économique dont les seuls paramètres sont les profits. Peu importait la grogne des dockers, des personnels de santé, des enseignants. Peu importait la paupérisation toujours plus importante de la population.

Netanyahou - mais les gouvernements travaillistes ont fait de même et ont utilisé les mêmes ficelles - a fait passer sa politique sous couvert de raisons sécuritaires. Non seulement une partie du budget était destinée à l’armée mais aussi aux colonies dans les territoires occupés, mais l’argumentaire selon lequel Israël est en danger permanent parce que tout le monde voudrait le détruire, servait de cohésion sociale et de prétexte pour les mesures néolibérales. Paradoxalement, c’est l’amélioration de la situation sécuritaire qui a ouvert la voie à une large contestation sociale. Ce qui éclate à la figure de Netanyahou c’est une formidable unité populaire, des juifs et des arabes, des religieux et des laïcs, des électeurs de droite comme de gauche. Ce qui les lie ? Une volonté de justice sociale qui ne peut qu’être en contradiction avec sa politique libérale. Il y a peu de chances que la commission créée par le Premier Ministre apporte de véritables réponses aux exigences des Israéliens. Quoi qu’il arrive maintenant, « rien de ce qui s'est passé cet été ne sera perdu pour autant », prédit Nahum Barnéa, un éditorialiste vedette. Pierre Barbancey


international LE RÉVEIL

La reconnaissance d’un État palestinien Une chance pour la paix Le 20 septembre sera-t-il une date qui entrera dans l’histoire avec la reconnaissance par les Nations unies de l’État de Palestine dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-est comme capitale, qui deviendrait alors le 194e membre de l’organisation internationale ou, au contraire, un jour noir de déni pour un peuple de vivre dans son pays ? La question vaut d’être posée, alors que quelques semaines seulement nous séparent de ce moment clé et que des manœuvres en tout genre se déroulent. Israël menace de réinvestir militairement le peu de Cisjordanie qui n’est pas sous son contrôle et de ne plus reverser à l’Autorité palestinienne des taxes qu’il prélève pour le compte de cette dernière sur des marchandises transitant via les ports et aéroports israéliens. Ces fonds, qui atteignent de 3,5 à 5 milliards de shekels (700 millions à un milliard d’euros) par an, représentent les deux tiers du budget annuel de l’Autorité. Les États-Unis ont d’ores et déjà prévenu qu’ils opposeraient leur veto lors du vote au Conseil de sécurité des Nations unies, ce qui ne laisserait aux Palestiniens que l’accord de l’Assemblée générale de l’ONU et un statut d’État non membre, qui leur ouvrirait néanmoins les ports d’organismes comme l’Unesco ou l’Unicef. Quant à l’Union européenne, elle est divisée et incapable de faire entendre la voix de la paix, à l’image de la France qui n’a toujours pas pris position. Pour Mahmoud Abbas, président de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), garante des accords signés et non pas l’Autorité palestinienne comme on le dit trop souvent, ce qui pousse les Palestiniens à aller à l’ONU, « c’est l’incapacité de la communauté internationale à mettre fin aux politiques israéliennes expansionnistes et racistes ». Il ajoute : « Notre décision ne vise pas à isoler Israël, ni à entrer en confrontation avec les ÉtatsUnis. Notre objectif est de réaliser notre rêve d’obtenir une reconnaissance officielle de

notre État palestinien à l’ONU avec une souveraineté entière sur les terres occupées en 1967 ». On ne saurait être plus clair. Car si l’OLP a décidé de s’adresser directement à l’ONU, en utilisant simplement les résolutions votées depuis des décennies mais jamais appliquée, c’est bien parce que l’organisation est aujourd’hui dans une impasse politique. Après sa création, dans les années 60, elle s’était lancée dans la lutte armée mais y avait officiellement renoncé en 1988 avec la reconnaissance de l’État d’Israël et une approbation de créer l’État palestinien sur les frontières de 1967, soit seulement 22 % de la Palestine historique. Or, ce pas politique n’a jamais été récompensé. Pis, la stratégie diplomatique et de négociation s’est également soldée par un échec. Les accords d’Oslo (1993) ont vécu et la communauté internationale se contente de vagues déclarations, mais laisse Israël poursuivre l’occupation et la colonisation des territoires palestiniens. A tel point qu’il y a quelques années, une agence de l’ONU affirmait que dans ces conditions, et avec le morcellement de la Cisjordanie en entités non continues, la viabilité d’un État palestinien était pratiquement impossible.
 Pourquoi donc les États-Unis et l’Union européenne tardent-ils à se prononcer pour la reconnaissance d’un État palestinien (ce qui était la finalité des accords d’Oslo), cherchant à relancer des négociations qu’en tout état de cause Israël rejette ? Tout simplement parce que, dans une telle éventualité, le statut juridique de la situation des Palestiniens changera. Une reconnaissance internationale d’un tel État, sur la base des

frontières de 1967, en fera un État sous occupation. La reconnaissance d’un État palestinien est donc une chance pour la paix, pour les peuples palestinien et israélien. C’est le meilleur moyen d’éviter les fausses rencontres internationales qui traînent en longueur depuis plus de quarante ans, les provocations de toute sorte, les manipulations israéliennes. Mais c’est peut-être la dernière chance. Chacun doit prendre ses responsabilités et être comptable devant l’Histoire. Pierre Barbancey

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Libye

Une victoire impérialiste Le rôle de l’OTAN a été déterminant. Le mandat de l’ONU bafoué. La guerre en Libye est avant tout une bonne opération pour les États-Unis. Il y a un peu moins d’un mois, quasiment toutes les analyses concordaient sur la situation militaire en Libye. Sur le terrain les rebelles (CNT) peinaient devant la résistance des troupes du colonel Kadhafi. L’enlisement des forces de la coalition était évoqué unanimement. Le général français Desportes (directeur de l’École de guerre), déjà sévèrement sanctionné par son ministère pour cause de critiques sur l’action des troupes françaises en Afghanistan, affirmait dans les colonnes du JDD : « Le pari risqué de gagner très rapidement, sans avoir à engager de troupes au sol n’a pas fonctionné (…) notre stratégie en Libye a été imparfaite sur la finalité de l’intervention (…) sur la capacité politique et militaire de la rébellion, que nous avons surestimée (…) sur cette insurrection générale que nous espérions et qui ne s’est jamais produite ». C’était le 12 juillet… et soudain tout s’est accéléré. Certes les frappes aériennes de l’OTAN se sont intensifiées, mais cela a-t-il été suffisant ? En fait, maintenant que Tripoli est aux mains du CNT, dirigé par Moustapha Abdeljallil dénoncé bien avant le conflit par Amnesty International comme l’un « des plus effroyable responsable de violation des droits de l’homme en Afrique du Nord », les révélations se multiplient dans la presse. Elles montrent bel et bien le contournement, par les coalisés, de la résolution 1973 des Nations unies interdisant toutes interventions au sol. Des opérations clandestines d’assistance ont bien été montées en territoire libyen.

L’ONU bafouée Selon un rapport du Centre international de recherche et d’études sur le terrorisme et l’aide aux victimes (CIRETAVT) et du Centre français de recherche 10 -

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sur le renseignement (CF2R) : « Dès le début des opérations aériennes, des équipes de la CIA furent déployées sur ordre de Barack Obama pour prendre contact avec les insurgés et guider les frappes de la coalition ». Le président américain aurait signé un mémorandum secret permettant la conduite d’opérations « discrètes » afin de contribuer à l’effort de guerre en Libye. Le rapport précise également que, toujours à la demande de Washington, la Grande-Bretagne a dépêché des conseillers militaires et des officiers du Secret Intelligence Service afin d’épauler sur le terrain l’action de la CIA. L’Italie aurait également fourni des conseillers militaires ainsi que l’Égypte avec l’envoi de forces spéciales de l’unité 777 chargées de fournir armement et appui tactique aux rebelles Le Canard Enchaîné a révélé que la France a fourni, sous couvert de fret humanitaire, des canons de 105 mm et des batteries antiaériennes aux rebelles de Benghazi, tenant la promesse de Nicolas Sarkozy au président du Conseil libyen de transition : « Nous allons vous aider ». Cette opération menée par le service action de la DGSE aurait également permis d’envoyer sur place des officiers de liaison, chargés d’aider les combattants à coordonner leurs opérations ainsi que des instructeurs pour prodiguer des conseils techniques, logistiques et organisationnels. Récemment on pouvait lire dans les colonnes du Daily Telegraph, s’appuyant sur des sources militaires, que des commandos des redoutables SAS (Special Air Force) sont intervenus sur zone « depuis plusieurs semaines et joué un rôle déterminant dans la coordination de la bataille de Tripoli ». Interrogé, Liam Fox, ministre de la Défense du Royau-

me-Uni n’a pas démenti se contentant d’un « no comment »… reconnaissant toutefois que l’OTAN a fourni aux insurgés libyens des équipements de reconnaissance (avions et matériels aériens) pour localiser le chef libyen. De son côté, le New York Times, dans sa livraison du 21 août, cite des sources officielles américaines. L’article affirme que l’armée américaine a intensifié la surveillance aérienne au-dessus de Tripoli, ciblant le quartier général du « guide » libyen pendant que Britanniques et Français déployaient leurs forces spéciales sur le terrain. Dans ce cadre, les « Pedrator drones », utilisés en Afghanistan, ont été décisifs dans la destruction des systèmes de défense. Tout montre aujourd’hui que le mandat de l’ONU qui visait « à voler au secours de la population libyenne » contre les exactions du tyran Kadhafi a été dénaturé, bafoué. Partout, même si Obama a pris soin de rester en retrait pour raisons de politique intérieure et en dépit des affirmations d’Alain Juppé affirmant récemment sur TF1 « nous avons fait le job », on retrouve l’empreinte de l’oncle Sam. De bout en bout Washington a supervisé.

La stratégie américaine Les États-Unis ont un intérêt capital à contrôler la Libye ou à en faire un « État satellite». Certes, ce pays n’assure qu’un peu moins de 2 % de la production mondiale du pétrole, mais il dispose des plus grandes réserves confirmées de tout le continent africain. Ses hydrocarbures sont de bonne qualité, son extraction en est facile donc rentable. D’autres part, Washington n’a pas digéré le camouflet de Kadhafi qui a refusé, en 2008, de rejoindre l’US Africa


international LE RÉVEIL

Command (AfriCom), commandement régional instauré par le Pentagone pour lutter contre le terrorisme et la pénétration de la Chine en Afrique. Le « guide » libyen avait alors déclaré s’opposer à cette « démarche impérialiste qui essaie d’acheter tout le continent ». Et c’est bien là la principale préoccupation des Etats-Unis : le leadership en Afrique. Depuis un certain temps, Washington s’inquiète de la pénétration chinoise sur ce continent et de l’attitude de Pékin qui développe son accès aux ressources énergétiques. Les Chinois ont engagé des investissements massifs autour de l’énergie en Cyrénaïque et s’appuient

sur ce pays pour satisfaire une partie de leurs besoins énergétiques. De plus, le Fonds monétaire international (FMI) a récemment publié un rapport qui annonce le déclin de l’empire économique américain. Il serait surclassé par la Chine dans les cinq prochaines années. Washington tente de s’opposer à cette évolution en utilisant sa supériorité militaire et stratégique pour ralentir le développement de l’économie chinoise, en limitant son accès aux ressources naturelles et énergétiques, indispensables à sa croissance. La guerre aura des conséquences économiques collatérales bénéfiques pour Washington. En raison

des événements, les entreprises chinoises sont en passe de perdre des centaines de millions de dollars. Les investissements auxquels elles ont procédé depuis des années pourraient s’avérer inutiles. En ciblant Kadhafi et son régime de terreur c’est plus l’intérêt supérieur des États-Unis qui était en jeu que le sort du peuple libyen. Jean-Pierre Delahaye

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Des larmes et du sang contre du pétrole Sous couvert humanitaire et avec la bénédiction des nouveaux maîtres de Tripoli va-t-on assister au dépeçage de la Libye au profit des nations coalisées ? Les premiers signes sont plus qu’inquiétants. La conférence internationale « des amis de la Libye » s’est tenue le 1er septembre à Paris sur l’initiative de Nicolas Sarkozy. Une célébration dans les salons de l’Élysée à laquelle étaient conviées une soixantaine de délégations, 13 chefs d’État, 19 premiers ministres et le patron de l’OTAN, Hans Rasmunssen. La rencontre, sous le patronage du secrétaire général des Nations unies, qui avait fait le déplacement, avait pour objectif, officiellement, de discuter avec les représentants du Conseil national de transition (CNT) de l’avenir et de la reconstruction du pays et, principalement, du dégel des avoirs libyens bloqués à l’étranger… En quelque sorte, la poursuite logique d’une bonne action entamée en mars dernier, justifiée par le chef de l’État en ces termes le jour même du déclenchement des bombardements : « Nous n’avons qu’un seul objectif : venir en aide à un peuple en danger de mort (…) au nom de la conscience universelle qui ne peut tolérer de tels crimes (…) ». Il semble bien aujourd’hui que, derrière le vernis humanitaire, se cachaient des intentions plus économiquement terre à terre à forte odeur de pétrole, ce que nous avons écrit dans ces colonnes dès les premières frappes. Au-delà du prétexte de protection du peuple libyen, la France avait dans sa ligne de mire les richesses du sous-sol libyen. Une attitude dénoncée le 28 août dernier, dans le journal italien La Stampa, par Enzo Bettino, journaliste, écrivain et ancien député européen socialiste. Sous le titre « Le bluff de Sarkozy » il fustige « ce mensonge humanitaire (qui) commence à montrer son versant colonialiste (…), les fins matérielles apparaissent sous le maquillage post-gaulliste ». 12 -

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Les contreparties du CNT Le site Oriental Revue a révélé dès le 9 avril un accord secret entre Paris et le CNT. Le document, publié depuis par le quotidien Libération, fait clairement état de promesses chiffrées. Il précise : «S’agissant de l’accord sur le pétrole passé avec la France en échange de la reconnaissance de notre Conseil, lors du sommet de Londres, comme représentant légitime de la Libye, nous avons délégué notre frère Mahmoud, pour signer cet accord attribuant 35 % du total du pétrole brut aux Français en échange du soutien total et permanent à notre Conseil (…) ». Les engagements ont été pris par écrit par les actuels dirigeants du CNT dès le 3 avril, 17 jours après l’adoption de la résolution 1973 par le Conseil de sécurité des Nations unies. Le Conseil national de transition, par la voix de son porte-parole, a formellement démenti l’existence d’un tel accord, suivi dans un premier temps par le Quai d’Orsay. L’éclairage est venu, une fois n’est pas coutume, du ministre des Affaires étrangères Alain Juppé. « Le CNT a dit très officiellement que dans la reconstruction, il s’adresserait de manière préférentielle à ceux qui l’ont soutenu » a-til déclaré, précisant « cela me paraît assez logique et juste ». Il y a donc bien eu marchandage. Les chefs rebelles ont négocié le renversement du dictateur Kadhafi et leur installation au pouvoir contre les richesses du pays. Des larmes et du sang contre du pétrole. On reprochait à juste titre au tyran libyen de piller les richesses du pays et de spolier son peuple, les nouveaux maîtres de Tripoli, pour la plupart ex-membres du gouvernement sont dignes de leur ancien chef.

Un marché juteux Pour la France, l’opération sera avant tout bénéfique pour la compagnie Total. Le groupe est encore peu présent en Libye qui ne représente que 2,3 % de sa production mondiale d’hydrocarbures. Mais, s’il ne s’agit pas d’un pays stratégique, toutes les zones de prospection sont importantes pour une compagnie qui veut accroître sa production de 2% par an entre 2010 et 2015 dans un contexte où le pétrole est de plus en plus difficile à découvrir et à extraire. L’après Kadhafi c’est aussi la reconstruction du pays et la course à des contrats qui s’annoncent juteux. Les groupes industriels se préparent, au premier rang desquels les Français. Selon les experts du pôle Afrique de la banque CM-CIC, « la nouvelle Libye devrait, sous condition d’une gestion sans anicroche de la transition post-révolutionnaire, constituer un véritable eldorado pour les entreprises françaises et britanniques qui ont soutenu le CNT ». Elles n’ont d’ailleurs pas perdu de temps. Dès le 6 septembre, la Chambre de commerce franco-libyenne et le Médef ont organisé une conférence des entreprises françaises axée sur la reconstruction du pays. Début octobre, les représentants des principaux grands groupes se rendront sur place pour « évaluer les possibilités ». Les groupes du BTP, comme Vinci, déjà implantés, espèrent d’autres contrats. Bolloré attend la gestion signée en 2010 du port de Mistrata et, chez les avionneurs, on lorgne sur la flotte libyenne considérablement endommagée par les frappes de l’OTAN. En fait, le business n’a jamais cessé, seuls les opérateurs vont changer. Mais il faudra également compter sur les États-Unis. La secrétaire d’État, Hillary Clinton, n’a sûrement pas fait le déplacement à Paris le 1er septembre dernier pour les beaux yeux de Nicolas Sarkozy. Washington entend bien, plus que jamais, compter parmi les principaux « amis de Libye » Question de leadership sur le continent africain. Jean-Pierre Delahaye


LE CAHIER MÉMOIRE

le réveil

N° 774-775 Juillet-Août 2011

des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

ÉDITO - Par Paul Markidès

Camp de Châteaubriant. Parmi ce groupe, 7 des 27 seront exécutés par les Allemands.

Chateaubriant - Il y aura 70 ans

La fusillade des otages

Chateaubriant, 22 octobre 1941, 27 martyrs à qui nous devons notre liberté, comme à tous ceux qui tombèrent sous les balles nazies, 27 fusillés sur l’exécution desquels les occupants comptaient pour décourager la Résistance de notre peuple qui s’étendait alors de jour en jour un peu plus. Mais ce fut le contraire qui se produisit. D’ailleurs, l’un des officiers allemands, resté présent au camp après l’exécution, l’avait compris. Il déclara : « Les vainqueurs de cette journée, ce sont ceux

qui sont morts ! » Pour eux, comme pour tous les autres fusillés, tous les déportés qui ne sont pas revenus des camps de la mort, comme pour tous ceux qui ont eu la chance de pouvoir revenir, Paul Eluard a écrit : « Si l’écho de leur voix faiblit, nous périrons ! » De toute évidence, si nous n’assumions pas la Mémoire de ces hommes et de ces femmes, courageux jusqu’à accepter la mort pour défendre l’avenir de notre patrie, nous mettrions nos vies, nos familles, nos descendants, notre pays en péril.

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807  Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

Et c’est à partir de leurs camps d’internement et des prisons où furent enfermés tant et tant de « combattants de l’ombre » que se sont préparées les vérités nouvelles que le Conseil national de la Résistance concrétisa dans son programme. Aujourd’hui, en le défendant, nous défendons l’héritage de ces martyrs, de Jean Moulin et de tous les sacrifiés de cette guerre, notre héritage, en continuant de « conjuguer au présent le verbe résister », ainsi que nous le recommanda la résistante Lucie Aubrac. juillet-août  2011 - N°774-775 - LE RÉVEIL

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Il y aura 70 ans

La fusillade des otages à Châteaubriant Châteaubriant le 22 octobre 1941 : pour beaucoup cette date évoque simplement la lettre de ce jeune Guy Môquet. Aujourd’hui encore nous relisons cette lettre avec émotion, mais on ne peut en rester là. A la carrière de la Sablière se retrouvent chaque année des personnes de tout âge (des scolaires aux retraités). Ils viennent de différents points de France ; on rencontre aussi des gens du pays qui se souviennent. La mémoire demeure vivante, il y eut en cet endroit un moment historique important. Georges Ploteau Octobre 1941 Depuis juin 1940, les Françaises et Français se sentaient dans leur majorité battus, humiliés. Après la « drôle de guerre », les troupes allemandes avaient envahi la France en quelques semaines. Une large majorité de députés avait voté les pleins pouvoirs à ce Philippe Pétain qui avait alors le titre de maréchal de France ; un armistice honteux avait été signé, la France était coupée en deux : une zone occupée par l’Allemagne nazie et une zone dite « libre » dont le gouvernement était à Vichy. La République avait été abolie, mais aussi toute démocratie. Suppression du Parlement, interdiction des partis politiques, suppression des organisations syndicales, des associations de la loi 1901 de toute nature. Seules demeuraient autorisées les organisations et formations qui prônaient plus ou moins ouvertement une collaboration avec le pouvoir nazi. Toute presse et toute radio libres demeuraient interdites. Bien sûr, il y avait eu l’appel à la Résistance du 18 juin, lancé depuis Londres par le général de Gaulle et même avant le 17 juin, l’appel de Charles Tillon dénon14 -

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çant le fascisme hitlérien. Des groupes de résistance, puis des réseaux rassemblant des sensibilités différentes s’étaient organisés.

20 octobre 1941 Le feldkommandant Karl Hotz est abattu à Nantes. De 1929 à 1933, Hotz travaillait comme ingénieur à Nantes, il avait donc été nommé commandant des troupes d’occupation de la Loire-Inférieure par le pouvoir nazi. Alors qu’il se rendait à la Kommandantur avec son aide de camp, le capitaine Sieger,

Georges Ploteau est membre du Bureau national de l’ARAC et de la comission nationale Mémoire et citoyenneté.

Une cérémonie commémorative des années précédentes.

trois jeunes résistants de l’Organisation spéciale (Gilbert Brustlein, Spartaco Guisco, un ancien des Brigades internationales et le jeune Marcel Bourdarias) surgissaient et l’abattaient en pleine ville, près de la cathédrale, puis réussissaient à prendre la fuite. Cet officier supérieur n’aurait pas été choisi spécialement. Ces jeunes communistes cherchaient à exécuter un officier de l’armée nazie. Pourquoi ? Prétextant le pacte germano-soviétique, y compris en 1939 sous le gouvernement Daladier, des communistes avaient été condamnés, parfois emprisonnés. Parmi eux, les députés communistes, citons parmi eux Prosper Môquet, Fernand Grenier, qui avaient choisi « Le Chemin de l’Honneur ». La chasse aux militants communistes, aux syndicalistes, aux démocrates, aux juifs, aux « indésirables » prenait de l’ampleur. Malgré les risques encourus, des diffusions de tracts,


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des actions armées de résistance se mettaient en place dès 1940 et le début 1941. Juin 1941, l’invasion par les troupes nazies de l’Union soviétique, son entrée en guerre, la résistance des peuples galvanisèrent les énergies. Avec le recul, regardons objectivement ces années : la Grande-Bretagne portait principalement ses efforts sur la défense de son territoire, les USA n’étaient pas encore entrés en guerre. Dans cette année noire de 1941, pour de nombreux antifascistes et dans le mouvement ouvrier, le regard sur l’URSS se modifiait, elle redevenait le fer de lance dans la lutte contre le fascisme et le nazisme. On tentait d’écouter les informations de la France libre à Londres, les yeux se fixaient de plus en plus sur les combats du Front de l’Est. Les mouvements de Résistance prenaient une nouvelle dimension. Les militants communistes multipliaient leur activité, animaient des mouvements de rassemblement comme le Front national (aucun rapport bien sûr avec la formation d’extrême droite qui a l’audace de porter ce nom aujourd’hui). Des jeunes se retrouvaient dans l’Organisation spéciale, les Bataillons de jeunesse ; c’est cette organisation qui décida une vague d’actions qu’on ne peut aujourd’hui amalgamer au terrorisme, seules des cibles précises étaient visées : les officiers nazis. Le 21 août 1941, Pierre Georges, celui qui deviendra le colonel Fabien, montrera le premier cette détermination contre l’occupant nazi. A la station du métro parisien Barbès Rochechouart, il tirera et blessera mortellement un aspirant de la Kriegsmarine. Avec l’aide indiscutable du gouvernement de Vichy, les nazis vont développer une répression féroce. Des otages seront désignés

dans les camps d’internement politiques et les prisons. Ministre de Pétain, Pucheu choisit les otages à livrer aux nazis. Après le nouveau coup de force de Nantes contre le lieutenant-colonel Hotz, Hitler aurait été particulièrement furieux ; il réclamera la mise à mort de 100 otages. Finalement ce chiffre sera ramené à 50, la liste définitive sera dressée le 21 octobre par Pucheu, un ministre de Pétain ; il proposera 61 noms. Sur 50 noms désignés, 2 seront graciés. 48 otages sont condamnés à être fusillés en Loire-Inférieure : 27 communistes et/ou syndicalistes à Châteaubriant, 21 résistants à Nantes, 5 autres otages au Mont-Valérien. Le choix de Pucheu par les dirigeants nazis demeure significatif de la collaboration du gouvernement de Pétain avec la répression nazie. Pucheu, cadre supérieur de l’industrie avait fait carrière dans le groupe Worms ; il avait été chargé de la création du Cartel européen de l’acier en responsabilité près de la Chambre patronale de la sidérurgie française. En 1934, il était membre des Croix-de-Feu puis, en 1936, du Parti populaire français de Jacques Doriot. Ceux qui criaient à cette période : « Plutôt Hitler que le Front populaire » pourront donc en cette année 1941 appliquer leurs slogans. Ministre de l’Intérieur à Vichy, Pucheu créera les Sections spéciales, une justice expéditive frappant les anti-nazis. A noter que, voyant le vent tourner, il essaiera par la suite de se rapprocher de la Résistance. Sans succès ! Traduit pour ses actes devant un tribunal de la France libre, il sera fusillé en mars 1944.

A Châteaubriant, le camp de Choisel L’histoire de ce camp reflète le climat politique de ces années. Après juin 1940, environ

Guy Môquet, sa mère Juliette et son frère serge (à gauche) à Châteaubriant.

40 00 prisonniers de guerre de l’armée française (Indochinois, Marocains, Africains, Français et quelques Anglais) seront internés ensemble sur 4 camps à Châteaubriant dans des lieux insalubres, inondables. Au cours de l’année 1940, avec l’afflux de réfugiés, la population de cette ville, sous-préfecture de Loire-Inférieure (aujourd’hui Loire-Atlantique), serait passée en 1940 de 8 000 à 60 000 habitants. Malgré la surveillance de la gendarmerie française, des prisonniers réussirent à s’évader avec l’aide des habitants, notamment lors de la corvée d’eau dans les villages alentours. Mais en janvier 1941, ces prisonniers de guerre seront dirigés par dizaines de milliers vers les stalags d’Allemagne. Un camp important sera aménagé à Choisel. En mars 1941, 335 nomades y sont internés sans juillet-août  2011 - N°774-775 - LE RÉVEIL

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aucun service sanitaire. Pourtant, malgré la mortalité qui frappe les enfants, leur nombre ira jusqu’à 567 avant leur transfert dans la Sarthe. Puis ce sera l’arrivée des prisonniers de droit commun, des « indésirables », des prisonniers politiques, des syndicalistes. Selon le rapport précis du souspréfet de Loire-Inférieure Cornu, le camp pouvait contenir : « 500 nomades, 400 indésirables et… 800 communistes ». La population était souvent scandalisée. Une organisation se mit en place ; avec l’aide ou tout simplement parfois le silence des Castelbriantais, elle permit l’évasion de dirigeants. Citons, notamment, Fernand Grenier qui sera ministre de la France libre, Léon Mauvais, Eugène Hénaff, Roger Semat, Henri Raynaud… Les évasions de juin 41, entraînèrent un durcissement des conditions de détention. Pourtant, des prisonniers politiques, des nomades, puis plus tard des familles juives réussiront grâce à ces réseaux locaux à échapper aux camps de la mort. Des femmes seront à leur tour incarcérées à ce camp, y compris des jeunes comme Odette Lecland (aujourd’hui Odette Nilès) à 17 ans, du même âge qu’un des détenus, son jeune amoureux, Guy Môquet. Au camp de Choisel, depuis août 1941, tous les prisonniers politiques étaient considérés comme « otages ». Parmi les militants communistes incarcérés au camp, Pucheu choisira soigneusement 27 otages. 25 étaient membres du Parti communiste, un autre l’avait quitté en 1939, un était militant trotskiste. On ne peut tous les citer, mais les victimes avaient donc soigneusement été sélectionnées. Parmi ces condamnés : un député, Charles Michel, des dirigeants ou militants syndicaux comme Jean-Pierre Timbaud, dirigeant 16 -

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de la métallurgie CGT, et le jeune Guy Môquet, 17 ans !

Courageux, les yeux ouverts Dans chaque chambre la porte s’ouvre, un lieutenant de gendarmerie français, un officier allemand, escortés des gendarmes : «Salut Messieurs ! Préparez-vous à sortir à l’appel de votre nom ! » Silencieusement les victimes désignées se lèvent. Baraque 10, un seul nom : Guy Môquet. « Présent ! » aurait-il simplement répondu en rejoignant ses camarades. Les 27 otages sont enfermés ensemble dans la baraque 6. C’est l’abbé Moyon, de la proche paroisse de Saint-Jean-deBéré qui, bouleversé, passera les derniers moments avec eux ; il recueillera leurs dernières correspondances, puis tiendra tout spécialement à leur faire part de la sympathie des Castelbriantais et de son soutien. Par la suite, il témoignera du courage et de la détermination de ces militants face à la mort. Chacun gardera le respect de ses convictions, pourtant, avec Charles Michel, ils évoqueront ensemble les premiers martyrs chrétiens. Lorsque les trois camions arrivèrent, 9 otages durent monter dans chacun d’eux. Des baraques du camp et des camions éclata soudain La Marseillaise, reprise par les 700 détenus, y compris les prisonniers de droit commun ; les gendarmes français rendent alors les honneurs militaires. Guy Môquet et ses 26 camarades désignés firent face avec courage à cette sauvagerie. Les témoignages le confirment : dans les trois camions qui les conduisaient à la mort, on entendait encore chanter La Marseillaise, Le Chant du Départ et l’Internationale qu’un certain nombre appelleront alors : « Leur chant à eux… La lutte finale. » Dans les rues, on entendra aussi les condamnés

crier « Vive la France ! » « A bas Hitler ! » Arrivés à la carrière vers 16 heures, 9 poteaux d’exécution attendent les 27 otages qui seront fusillés en 3 fois. Ils demandent à avoir les mains libres et tous refusent qu’on leur bande les yeux, face au peloton d’exécution. Ils crient encore « Vive la France ! » mais on entendra aussi « Vive l’URSS ! » « Vive le Parti communiste ! » Timbault criera à ceux qui vont tirer sur lui : « Vive le Parti communiste allemand ! »

Puis le silence. Les fleurs de la désobéissance Sur les 50 otages désignés, deux furent graciés. En plus de ces 27 otages de Châteaubriant fusillés avec la mention « Communiste » 16 le seront à Nantes et 5 au Mont Valérien avec la mention « Action en faveur de l’ennemi ». Puis deux jours plus tard, 50 autres otages seront fusillés à Souge, près de Bordeaux. Ces exécutions provoqueront un choc et une émotion en France et dans le monde. Le général de Gaulle invite à une grève générale de 5 minutes, le 31 octobre : « En fusillant nos martyrs, l'ennemi a cru qu'il allait faire peur à la France. La France va lui montrer qu'elle n'a pas peur de lui… » Un tract condamnant ces fusillades d’otages sera largué à la fin octobre jusqu’au début de novembre1941, sur la France. Il contenait deux déclarations officielles : l’une du leader britannique Winston Churchill, l’autre du Président des Etats-Unis, Franklin Roosevelt (importante, car les USA n’étaient pas alors entrés en guerre). Loin d’arrêter les mouvements de Résistance, les fusillades d’otages galvanisèrent les actions contre l’occupant nazi. D’autres officiers allemands seront abattus à Rouen, au Havre, à Paris, à Dijon… L’attitude de la population du pays


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de Châteaubriant est symbolique. Dans cette petite ville et dans les populations rurales alentour, en dehors des ouvriers de petites usines parfois sensibles à l’anarchosyndicalisme, on était souvent éloigné des idées du Front populaire ou progressistes et même tout simplement loin des préoccupations du monde ouvrier et des gens des villes. Pourtant, cette fusillade causa un choc. Malgré les interdictions et les menaces, des mains déposèrent des fleurs les jours suivants et à la Toussaint à la carrière de la Sablière et sur les tombes des fusillés. On parlait de ces victimes et surtout de ce « Petit Môquet, fusillé à 17 ans ! » Progressivement une idée germait : ce pouvoir qui voulait imposer ses doctrines de haine et de racisme pour « mille ans » ne serait pas invincible. De nombreuses petites actions de résistance se manifestèrent. Mais, dans les mois et les années qui suivirent, les réseaux de Résistance se développèrent et s’organisèrent : ils ne pouvaient se maintenir tout spécialement dans les petites villes ou régions rurales qu’avec un soutien de la population locale. Sur le plan historique, cette période marqua le passage des actions des mouvements de Résistance à ce qui deviendra dans les années qui suivirent : la Résistance, avec un Conseil national et un gouvernement provisoire. Se rassembler, malgré les différences, pour battre un régime abhorré, construire dans notre pays au lendemain de la victoire une société de liberté, mais aussi d’égalité et de fraternité, l’espoir était possible. « Soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir » : ce message griffonné par Guy Môquet avant son exécution nous interpelle encore aujourd’hui.

Odette Nilès avec les jeunes participants du Concours de la Résistance

Ce jour-là… Odette Nilès est présidente de l’Amicale ChâteaubriantVoves-Rouillé

Odette Nilès Notre amicale Châteaubriant Voves-Rouillé prépare, pour ce 70e anniversaire des 48 fusillés le 22 octobre 1941 à Châteaubriant, tout un grand rassemblement de la jeunesse pour transmettre aux jeunes générations un passé qui leur appartient, afin que cette jeunesse se réapproprie l’épopée de ces jeunes résistants de la première heure qui s’engagèrent jusqu’à perdre la vie. Ainsi, ce 22 octobre 1941, c’est par une belle journée d’automne, suite à l’exécution d’un colonel allemand, qu’est désignée par le sieur Pucheu, ministre du gouvernement Pétain, une liste d’otages remise aux autorités nazies. 48 hommes sont choisis, 27 au camp de Choisel, 21 dans la région nantaise. 48 patriotes d’opinions différentes, des communistes en majorité, des gaullistes et des patriotes anciens combattants. Des dirigeants de grandes centrales syndicales, des élus, des intellectuels, des amis et des jeunes. 2 jours après, 50 autres otages étaient fusillés à Souge dans le Bordelais. Ce fut le 1er grand massacre collectif de l’année 1941. 70 années déjà c’est loin, et pourtant on ne peut oublier cette occupation nazie. Le 24 septembre 1941, conformément aux ordres du ministre de l’Intérieur Pucheu (ministre du gouvernement Pétain), 18 internés du camp de Choisel sont enfermés comme otages dans une baraque désaffectée du camp. Quatre autres y sont envoyés éga-

lement le lendemain. Lundi 20 octobre, on apprend qu’un colonel allemand a été abattu à Nantes. Immédiatement les nazis exigent des représailles, 50 otages, si les auteurs de cette exécution ne sont pas arrêtés. Le choix des otages se porte tout naturellement où sont enfermés les dirigeants du Parti communiste et des grandes centrales syndicales et de nombreux jeunes. A Nantes, on va trouver des résistants gaullistes, des anciens combattants et des jeunes emprisonnés pour leurs actions patriotiques. Le 22 octobre à 13h30 par une belle journée, les Allemands placent un fusil mitrailleur au milieu du camp et tous les internés sont consignés dans les baraques, gardés par des gendarmes. Les Allemands, accompagnés du lieutenant Touya, vont à la fameuse baraque des otages : 16 noms sont prononcés, désignés pour rejoindre 11 autres détenus pris dans différentes baraques dont Guy Môquet. Tous sont dirigés vers le camp juillet-août  2011 - N°774-775 - LE RÉVEIL

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P2, dans une baraque inoccupée, près de trois camions bâchés. Enfermés, ils écrivent une dernière lettre à leur famille et sur les planches de cette baraque leur dernière pensée, leur foi en l’avenir ; un abbé requis par les autorités, salue les patriotes et prend la correspondance et les objets pour les remettre aux familles. Ils sont ensuite, après une puissante Marseillaise reprise par tous les amis du camp, emmenés dans une carrière située à environ deux kilomètres de la ville, où neuf poteaux ont été plantés. Ils sont fusillés par groupe de neuf, ils refusent d’avoir les yeux bandés et les mains attachées. Ils chantent la Marseillaise, la dernière salve interrompt le chant. Cette dernière salve est entendue au camp, où l’appel aux morts est prononcé par Henri Gauthier. Cette action de mémoire se situe dans les combats d’aujourd’hui, mais durant une période marquée par un affrontement idéologique sans précédent. Il est vital que notre jeunesse continue le combat et fasse respecter les acquis obtenus grâce à cette résistance. Sécurité sociale, retraite, 40 heures, l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie. La résistance à l’occupant nazi fut un formidable rassemblement de Français et Françaises mais aussi de travailleurs immigrés, ceux de « l’affiche rouge » par exemple, d’hommes et de femmes de sensibilités diverses qui ont largement contribués à la libération de notre pays. C’est pourquoi ceux qui se souviennent comme ceux qui n’étaient pas encore nés au moment de la tragédie, nous leur demandons de rester fidèles à l’esprit qui animait la Résistance.

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Comment les habitants du pays ont-ils perçu cette tragédie ? Je n’avais pas 5 ans, mais je me souviens… Marie-Huguette : J’étais une toute petite fille en ce mois d’octobre 1941, presque 5 ans ; pourtant certaines images sont toujours vivantes dans ma mémoire, confirmées plus tard par les témoignages de mon grandpère et de ma mère. La famille… les cousines et cousins, en parlent encore aujourd’hui. Notre grand-père François Ploteau, habitait à Villepôt, une bourgade près de Châteaubriant. Pourtant âgé de 70 ans, un ancien combattant de 14/18, il devait travailler encore. Au service de la commune et de la paroisse, il sonnait les cloches, participait comme bedeau aux cérémonies religieuses et entretenait l’église ; il assistait le garde-champêtre et s’occupait du cimetière, car il était aussi le fossoyeur du village. Le Réveil : Pourquoi vous êtesvous retrouvée présente dans ce cimetière en octobre 1941 ? M-H. : Mon père était alors prisonnier en Allemagne. Ma mère et moi étions sorties indemnes du bombardement allemand sur les trains de voyageurs et de soldats Plaine de Baud à Rennes. Mais notre maison était devenue inhabitable : depuis Marguerite Fabre, Paulette Capliez, Antoinette Bonnefoy, Odette Nilès, Merlot Audier, Raymond Broustein, Charles Kolosa, Raoul Robert

juin 1940, nous nous étions réfugiées à Villepôt, chez mes grands parents. C’était avant la Toussaint, ma mère aidait le grand-père François à l’entretien du cimetière et je les accompagnais. Soudain, on vit des soldats allemands armés qui sortaient d’un camion avec trois cercueils et entraient dans le cimetière. Le Réveil : En effet, les corps sanglants des vingt-sept otages fusillés furent jetés dans des cercueils numérotés et ramenés dans la cour du château de Châteaubriant. Le dégoût et la colère montaient dans la population. Pour éviter que l’on puisse se rassembler en leur mémoire, l’ordre avait été donné de disperser les corps : 3 par 3 dans 9 cimetières des petites communes voisines, celles qui n’avaient pas le chemin de fer comme, par exemple, Noyal-sur-Brutz, Ruffigné, Villepôt… M-H. : Ma mère et moi avons alors été conduites et enfermées dans la baraque du cimetière, là où le grandpère rangeait les outils. Un soldat allemand était posté devant la porte, l’arme à la main. Curieuse, j’étais sans cesse derrière la petite fenêtre pour tenter de voir. Pour m’en em-


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pêcher, ma mère m’avait cette fois autorisé à jouer avec les perles des couronnes mortuaires entreposées à cet endroit. Mais elle pouvait suivre la scène : le grand-père réquisitionné creusait les fosses mais tenait tête aux soldats allemands. Pour lui, ces fusillés devaient être enterrés dignement comme les paroissiens de la commune, il maugréait et finit même par se mettre en colère : « les Prussiens n’allaient pas le commander !», à tel point que ma mère craignait pour notre vie à tous les trois. J’ai toujours gardé la mémoire de mon grand-père rebouchant les tombes. Pourtant habitué à enterrer les morts du village, il resta choqué plusieurs mois. Il ne voulut jamais remettre ses sabots tachés de boue et de sang , il les conserva, semble-t-il comme des reliques, pendant de nombreuses années.

Fusillés à Châteaubriant parce que communistes et syndicalistes ! Didier Le Reste Didier Le Reste a été secrétaire général de la fédération CGT des Cheminots de 2000 à 2010

En cette année 2011, nous allons commémorer le 23 octobre prochain le 70e anniversaire de l’assassinat des vingt-sept otages du camp de Châteaubriant par les nazis, avec la collaboration du gouvernement de Pétain-Laval. Le temps passe, mais le temps ne tue pas le passé quand les enseignements d’hier conservent un caractère d’actualité. La tendance, par rapport à l’Histoire, c’est toujours de perdre la relativité. Dans les conditions du XXIe siècle et face aux politiques ultralibérales qui n’ont de cesse de démolir le modèle social issu, entre autres, du programme du Conseil national de la Résistance (CNR), nous avons maintes occasions et le devoir de résister et de nous battre pour un monde meilleur.

Le Réveil : Et ensuite ? M-H. : Mes grands-parents entretinrent et fleurirent les tombes. Ils conserveront des liens d’amitié avec les familles. L’identité de ces trois fusillés fût révélée, près de la grande croix de pierre bleue du cimetière de Villepôt. Ils reposèrent donc pendant plusieurs années avec les défunts du village, ces trois militants communistes de la région parisienne : Edmond Lefèvre, 38 ans, père de 4 enfants d’Athis-Mons, métallurgiste ; Jean Poulmarc’h, 31 ans, d’Ivry-sur-Seine, père de 2 enfants, secrétaire général de la fédération CGT des Produits chimiques ; Pourchasse Henri, 34 ans, père d’un enfant, d’Ivry-surSeine, responsable de la fédération CGT des Cheminots. Lors des vacances en famille, nous nous rendions parfois en vélo au Monument de la Sablière. Notre mère échangeait les souvenirs de cette tragédie avec la dame de la ferme 1 située au-dessus de la carrière.

Résister, c’est être fidèle ! Fidèle aux idéaux, aux combats de ceux qui, au prix de leur vie, nous permettent aujourd’hui d’être libres. C’est grâce à eux, à Guy Môquet et à ses 26 camarades du camp de Châteaubriant, ainsi qu’à

ces nombreux résistants, français ou étrangers, à ces patriotes qui n’ont jamais courbé l’échine pour maintenir la France au combat contre la plus abominable entreprise de barbarie que l’humanité ait connue. Résister et comnattre, c’est être fidèle à l’appel de Guy Môquet, écrit sur une planche de la baraque 19, avant d’être fusillé : « Les copains qui restez, soyez dignes de nous ! » Au moment où j’écris ces lignes, je pense bien naturellement au lourd tribut que la corporation des cheminots a payé à la liberté, à l’indépendance et à la paix ; dans une période où certains révisionnistes tentent de réécrire l’Histoire à leur façon en dénaturant les faits pourtant reconnus historiquement. Nous ne laisserons pas salir la mémoire de Pierre Se-

1 - La ferme sera rachetée par l’Amicale en 1986 pour devenir le musée - NDLR Une vue du camp. juillet-août  2011 - N°774-775 - LE RÉVEIL

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mard et de tous ceux qui, par des actes de résistance, ont péri sous les balles nazies pour nous libérer de l’occupant, des collabos et des traîtres du gouvernement de Pétain-Laval. Oscar Wilde disait : « La jeunesse est le seul bien qui vaille ». Soixante-sept ans après sa publication, les valeurs que le programme du CNR affirme : « Liberté, justice sociale, solidarité » sont à l’évidence à leur seul énoncé, les seules susceptibles de constituer le socle d’une république citoyenne où la 20 -

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Le 10 septembre 1960, le général de Gaulle rend hommage aux martyrs de Châteaubriant

jeunesse peut trouver les repères dont elle a besoin. A cet égard, il est bien de souligner l’impulsion donnée par la Confédération CGT pour sensibiliser le monde du travail à la commémoration du 70e anniversaire de la fusillade de Châteaubriant. Pour sa part, et il convient de le valoriser, la fédération CGT des Cheminots va inviter sur deux jours 80 jeunes cheminot(e)s à participer à ce devoir de mémoire, initiative qui va se conjuguer avec celles que vont organiser en même temps les fédérations CGT des Métaux et de la Chimie. Parmi les vingt-sept de Châteaubriant, exécutés dans la carrière de la Sablière, livrés aux balles fascistes par le sinistre Pucheu, ministre de l’Intérieur de Pétain, nombreux étaient communistes et syndicalistes. Citons, entre autres, Jean-Pierre Timbaud, communiste, responsable du syndicat CGT des Métaux de Paris, Charles Michels, communiste, secrétaire de la Fédération CGT des Cuirs et Peaux, Jules Vercruysse, communiste, secrétaire de la fédération CGT du Textile, Jean-Marie Poulmarc’h, communiste, secrétaire général du syndicat CGT des Produits chimiques de la région parisienne et Guy Môquet, le plus jeune des fusillés, fils de Prosper Môquet, syndicaliste cheminot de la CGTU, député communiste du Front populaire, emprisonné en 1939 sur ordre de Daladier. Guy considéra alors qu’il devait remplacer son père dans la résistance au fascisme, comme Georges Seguy l’a fait pour venger l’assassinat de Pierre Semard par les nazis en 1942. Le 20 octobre 1941, des jeunes résistants abattent en pleine rue du Roi-Albert à Nantes, le lieutenant-colonel Holtz, commandant de la place. En représailles, Hitler et Stuelpnagel, responsable de la zone, décident que 50 otages

doivent être fusillés. Parmi les 50 « sélectionnés », 35 étaient des militants actifs des organisations communistes et syndicales qui avaient poursuivi leurs activités dans la clandestinité. Le sinistre Pucheu, ancien grand commis de la haute finance, savait bien combien d’années de luttes quotidiennes il fallait pour former des dirigeants de fédérations syndicales ouvrières de la trempe de ceux qu’il envoyait à la mort. Inscrire ceux-là en première place des hommes à fusiller, c’était amputer la classe ouvrière, la « seule restée fidèle à la Nation profanée », comme l’écrivit François Mauriac. Le génie de la CGT illégale aura été de lier les actions revendicatives aux actions patriotiques, faisant jouer à la classe ouvrière un rôle déterminant dans la Résistance intérieure. Exécuter les résistants, les syndicalistes, c’était un service rendu à la grande bourgeoisie française, celle qui préférait Hitler au Front populaire, en rayant du monde des vivants les meilleurs de ceux qui la combattaient, qui avaient empêché la montée du fascisme et imposé des avancées sociales avec le Front populaire. Quand on sait que lesvingt-sept de Châteaubriant montèrent dans les camions pour se rendre au peloton d’exécution en chantant La Marseillaise et l’Internationale et qu’ils refusaient de se laisser bander les yeux et ligoter les mains, quelle leçon de courage, de patriotisme, d’abnégation ils nous donnèrent ! A l’aune de ce que nous vivons dans cette société capitaliste et sans vouloir comparer les périodes, l’action de ces femmes et de ces hommes doit nous transcender dans les luttes actuelles portant à la fois le devoir de fidélité, la défense du programme du CNR et la conquête de nouvelles avancées sociales.


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La retraite du combattant

La carte du combattant est valable à vie

Créée par une loi du 31 mars 1932 (article L255 du Code des pensions), son évolution a subi bien des vicissitudes. Cette retraite, qui n’est pas réversible, fut accordée en témoignage de la reconnaissance nationale. A l’origine, elle était servie à tous les anciens combattants titulaires de la carte du combattant âgés de 50 ans et son montant était augmenté à raison de l’âge de l’intéressé. Une loi du 31 décembre 1953 a reporté l’âge de la retraite à 65 ans à compter du 1er mai 1954 (décret du 16 avril 1954) et octroyé la retraite, à partir de l’âge de 65 ans, aux retraités qui, au 1er mai 1954, avaient atteint cet âge. La touchaient à partir de 60 ans, les retraités bénéficiant pour cause d’invalidité de l’allocation aux vieux travailleurs salariés ou de l’allocation spéciale, ainsi que les bénéficiaires de la loi du 2 août 1949.

Les cartes du combattant sont valables à vie. L’ONAC est intervenu auprès des impôts en le précisant quant à l’attribution de la demi-part fiscale aux anciens combattants. La première carte du combattant (de couleur verte) et l’arrêté du 1er mars 1928 qui la régissait ne comportaient aucune date de validité. L’arrêté du 3 juillet 1933, en renouvelant le modèle de la carte du combattant (couleur chamois) en a fixé la validité de durée à 5 ans (article A. 143 du Code PMI). Pour la circulaire du 12 juillet 1933, la carte du combattant constituait en quelque sorte un certificat de vie, le renouvellement de cette carte tous les 5 ans permettant de s’assurer que leurs titulaires étaient toujours en vie pour recevoir leur retraite du combattant. Durant des décennies, donc, des arrêtés ont prorogé régulièrement la validité des cartes arrivant à expiration, le dernier (du 16 juillet 1966) précisait que les cartes de plus de 5 ans à cette date demeuraient valables jusqu’au 1er janvier 1975. Face à cette situation, un arrêté du 27 janvier 1989 a abrogé l’ar-

La retraite supprimée ! Avec l’arrivée de la 5e République, intervient l’ordonnance du 30 décembre 1958, qui limita l’attribution de la retraite du combattant aux seuls bénéficiaires du Fonds national de solidarité, tout en abaissant l’âge de la retraite de 65 à 60 ans. Elle a néanmoins maintenu certains droits acquis, notamment à des pensionnés à un taux d’au moins 50 % et aux anciens combattants d’Outre-mer. Une levée de boucliers par les associations d’anciens combattants, et notamment l’ARAC toujours en première ligne, s’en suivit. La bataille fut longue et difficile mais la victoire obtenue. Et il fallut attendre la loi du 30 décembre 1977, applicable à compter du 1er janvier 1978, pour voir rétablie pleinement la retraite du combattant avec un seul taux, sans avoir à s’interroger sur le conflit au titre duquel la carte de combattant avait été obtenue, ni aux conditions à remplir pour prétendre à la retraite et le taux auquel elle sera accordée. Cette fois encore le courage, la ténacité et la volonté du monde anciens combattants ont eu raison du mépris de l’État envers ceux et celles qui ont versé leur sang pour la patrie.

ticle A-143, annulant du même coup le principe d’une date butoir de validité de la carte du combattant. Une nouvelle carte tricolore voyait le jour par arrêté du 2 novembre 1995, laquelle n’avait plus aucune référence de validité. Aujourd’hui, dans le cadre de l’informatisation de la délivrance de la carte du combattant, les nouveaux modèles vont changer de format (type « carte bleue ») et, sauf 300 d’entre elles émises par erreur avec une date de validité de 10 ans, elles sont valables à vie. En fait, aucune des cartes délivrées depuis 1928, qu’elles soient vertes, chamois ou tricolores, n’ont été invalidées et toutes demeurent donc valables à vie.

Aucune des cartes émises n’est périmée Dans ce contexte, l’ONAC a donc alerté le ministre du Budget, la Direction générale des impôts et la Direction de la législation fiscale quant à cette validité permanente, afin que nul des intéressés ne soit privé de la demi-part fiscale sous prétexte de carte du combattant périmée.

Mise en place de l’ONAC en Algérie, Tunisie et Maroc Suite à la disparition du secrétariat d’État aux Anciens Combattants, un arrêté du 3 janvier 2011 a défini l’organisation des services déconcentrés de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre au Maghreb. Suite à la disparition orchestrée du secrétaire d’État aux AC, de la Direction des statuts des pensions et de la réinsertion sociale et des Directions interdépartementales des AC, l’ONAC « hérite » de la gestion de « services déconcentrés » en République algérienne, au Royaume du Maroc et en République de Tunisie. Chacun de ces services déconcentrés est dirigé par un directeur et a en charge d’exercer les missions suivantes auprès des ACVG algériens, tunisiens et marocains ressortissants de l’ONAC : - l’action sociale : attribution ou rejet des demande de secours financiers, - délivrance des cartes de veuve, d’ascen-

dant et d’orphelin, - nécropoles : mise en œuvre de l’entretien de leur garde et de leur rénovation, transfert et restitution des corps, prise en compte des frais de pèlerinage sur les tombes. Sous réserve d’une convention entre l’État et l’ONAC, ces services déconcentrés auront également à exercer, pour le compte de l’État, les missions ci-après : - autorisation ou refus de prise en charge des frais afférents aux prestations médicales, paramédicales, chirurgicales, pharmaceutiques et d’appareillage (article L.115 et L.128 du code PMI), - agrément, non renouvellement et retrait d’agréments des médecins experts chargés d’examiner les demandeurs de pension PMI, - organisation des expertises médicales réalisées dans le cadre de l’examen des demandes de pension. juillet-août  2011 - N°774-775 - LE RÉVEIL

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ONACVG Ce qu’il faut savoir sur le droit à solidarité

Il est capital, avant de s’adresser au service départemental de l’ONACVG, de savoir quoi demander, pour quel type de ressortissants et ce qui peut être obtenu. Petit guide simplifié pour ce faire. Bénéficiaires des interventions sociales de l’ONACVG • L ’ensemble des ressortissants de l’ONAC, résidant de façon régulière et stable dans le département (ou le ressort géographique) du service où est déposée la demande. • Les pensionnés « hors guerre » et leurs veuves. • Les pupilles de la Nation et orphelins de guerre âgés de moins de 21 ans ou poursuivant des études. • Non ressortissants de l’ONACVG : depuis le 1er janvier 2000, l’ONAC peut intervenir en faveur de non ressortissants. Mais cette aide ne relève pas des commissions départementales des services ONAC ; elle est gérée directement par la direction générale de l’ONAC, département solidarité. Les secours Ainsi peuvent être attribués des secours permanents, selon leur situation sociale et financière : - aux anciens militaires non pensionnés, non titulaires d’une retraite militaire (ainsi qu’à leur veuve ou compagne), - aux amputés et aveugles ex-militaires ou victimes civiles dont l’infirmité est survenue au cours du service ou du fait de guerre dans des conditions n’ayant pas permis l’attribution d’une pension PMI, - aux descendants ou collatéraux (à l’exclusion des veuves) ayant servi de tierce personne à un invalide et qui, au décès de celui-ci, se trouvent dans une 22 -

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situation précaire, - aux compagnes de militaires ou de victimes civiles décédés ou disparus au cours de la guerre. Secours occasionnels Ils sont accordés une seule fois en raison d’une difficulté passagère aux anciens militaires non ressortissants de l’ONACVG, aux ayants cause d’anciens militaires et de victimes civiles (veuves non pensionnées, orphelins mineurs, ascendants), aux pensionnés hors guerre, aux compagnes d’anciens combattants. Dans tous les cas, les dossiers de demandes sont à déposer au service départemental de l’ONACVG qui transmettra à l’ONAC, département de la solidarité.

Les types de solidarité Les secours Ils sont dits « secours d’urgence » et visent à apporter une réponse financière immédiate à des situations exceptionnelles (aide alimentaire, nuit d’hébergement, transport, etc.) Ils peuvent se faire par la remise d’un chèque de service ou sous forme financière, sur décision du directeur du service départemental de l’ONACVG concerné, lequel en informera ensuite la commission départementale qui entérinera. Le montant de ce secours d’urgence peut aller de 50 à 310 euros maximums et peut être renouvelé auprès du ressortissant autant que de besoin. Les aides financières Elles peuvent porter sur 3 secteurs : - les dettes locatives, les factures impayées, - les frais médicaux (participation aux frais d’hospitalisation, de dépassement d’honoraires, de mutuelle, etc.), - les frais d’obsèques (seulement pour les obsèques d’un(e) ressortissant(e) de l’ONACVG quelle que soit la personne qui les règle, ressortissant ou ressortissante de l’ONACVG). Ces trois types d’aide ne sont pas systématiques et se chiffrent en fonction des difficultés financières engendrées

par la dépense occasionnée. Les aides financières peuvent s’échelonner entre 160 et 800 euros et les services départementaux peuvent régler directement les créanciers (avec subrogation du bénéficiaire) ou les pompes funèbres. En cas de décès d’un ressortissant isolé ou sans famille. Elles peuvent même aller au-delà du plafond de 800 euros si le cas le nécessite avec l’accord de l’ONAC. La situation d’un même ressortissant peut justifier l’attribution de plusieurs aides au cours de la même année civile. Il faudrait y ajouter la possibilité de prêts (jusqu’à 1 500 euros) sans intérêt. Signalons encore qu’en 2010 ce sont 20 millions d’euros d’aide sociale qui ont été attribués pour 65 000 dossiers en France et aux ressortissants dans 40 États dans le monde. L’ADCS L’Aide différentielle en faveur des conjoint(e)s survivant(e)s d’un ressortissant vise à assurer aux personnes concernées un montant plafond de ressources mensuelles (817 euros au 1er janvier 2011). Les conditions sont au nombre de quatre et se cumulent : - justifier de la qualité de conjoint survivant ressortissant de l’ONACVG (veuves de guerre, conjoints survivants pensionnés, conjoints survivants de titulaire de la carte du combattant ou de bénéficiaires de code PMI), - avoir au moins 60 ans à la demande, - avoir un niveau de ressources mensuelles inférieur au montant du plafond (817 euros), - justifier d’une résidence stable, effective et régulière dans le ressort géographique du service départemental où est déposée la demande. En 2010, ce sont 4 537 demandes qui ont été allouées et, actuellement, le nombre s’élève à 3 705, soit plus qu’au 1er mars 2010. Participation financière au maintien à domicile Cette participation est destinée à trois types d’aide : 1- Frais d’aide ménagère restant à charge effective d’un ressortissant.


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2- Participation aux frais de maintien à domicile : - frais de télésurveillance, de portages de repas à domicile (sur la base de frais restant à la charge effective du ressortissant), - adaptation de l’habitation des ressortissants âgés et/ou handicapés après obtention des différentes aides dans le cadre des dispositifs de droit commun (ANAH, Pact arim, Allocation personnalisée pour l’autonomie, aide service départemental, subventions des caisses de retraite, etc.), 3- Colis des ressortissants âgés hébergés en établissement ou maintenus à domicile. Ce n’est ni une obligation ni une priorité de l’action sociale des services départementaux de l’ONACVG, sachant que le maximum de dépenses autorisées pour ce faire ne peut excéder 5 % du budget social annuel (40 e maxi par colis).

Financement des budgets sociaux des services départementaux Ils sont financés par trois sources : - la subvention de l’État, votée chaque année par le Parlement lors de l’adoption de la loi de finances, - les produits de la collecte du Bleuet de France : 58 % du produit annuel sont consacrés à l’action sociale, - les autres ressources, subventions des collectivités territoriales, les dons et legs. Ils reçoivent 80 % du total en début d’année. Au terme du 1er semestre, le bilan examiné permet (ou non) d’envisager une évolution de la dotation en fonction des disponibilités financières ; et le solde est mis en place début septembre.

Les Commissions départementales d’aide sociale Elles doivent se réunir au moins quatre fois par an, à savoir (théoriquement) en janvier, mai, septembre et novembre. Dans les faits, le temps que soit débloquée la 1re tranche budgétaire, c’est plutôt fin janvier début février pour la 1ère.

Quant à novembre, c’est au plus tard le 15 du mois car, dans la pratique, au-delà du 18 novembre, le système est tel que les fonds non consommés sont récupérés par le budget.

Recours à l’encontre des décisions Les décisions de rejet ou d’octroi d’aide financière prononcée au plan départemental sont susceptibles de recours devant la commission concernée du Conseil d’administration de l’ONACVG, laquelle se réunit deux fois par an.

La demande de recours est à remettre au service départemental de l’ONACVG concerné qui transmettra à la Commission nationale. A l’issue de la réunion, le ressortissant plaignant est informé individuellement de la décision rendue. S’il a obtenu satisfaction à son recours, le service départemental concerné effectuera le paiement de l’aide accordée dans le mois suivant la réception de la décision de l’ONACVG national.

Décristallisation

Trois associations crient à la spoliation S’exprimant sur la décristallisation des pensions des anciens militaires et fonctionnaires de l’ex-empire colonial français, trois associations dénoncent une nouvelle stratégie de spoliation par le gouvernement français. Dans un communiqué, l’Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), le Collectif des accidentés du travail, handicapés et retraités pour l’égalité des droits (CATRED) et le Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI), tout en saluant la victoire politique que constitue l’abrogation des lois de cristallisation avant le 1er janvier 2011, accusent le gouvernement de mettre en œuvre une nouvelle stratégie de spoliation. Outre le fait que cette décristallisation ne prévoit aucune compensation rétrospective pour les armées de 1959 à 2010, les trois associations dénoncent l’absence de toute mesure officielle d’information auprès des bénéficiaires. En effet, le gouvernement s’est opposé aux amendements parlementaires prévoyant l’information systématique individuelle et a seulement annoncé de façon très vague qu’un décret fixerait des mesures d’information à venir ! Les trois associations reprochent cette situation déjà connue lors des premières décristallisation de janvier 2007, lesquelles avaient amené la cour des comptes à dénoncer un « manque patent de l’information apportée aux anciens

combattants cristallisés ». Selon les trois associations, deux ans après la première réforme (soit 2009) plus de 57 000 personnes percevaient toujours leur retraite du combattant au taux cristallisé et environ 17 000 des 18 000 pensionnés militaires d’invalidité (soit 9 sur 10 !) étaient encore également à ce taux cristallisé. Le même processus semble à nouveau engagé, d’autant qu’aucun budget n’est prévu pour informer les intéressés et que, Révision générale des politiques publiques (RGPP) oblige, le service chargé de ces dossiers subit une diminution de ses personnels. Les trois associations, spécifiant que l’administration verse déjà aux intéressés leur pension et retraite (à un niveau amputé du fait de la cristallisation), demandent l’application automatique de la revalorisation des pensions et retraites au même niveau de taux que les Français et la mise en place d’un mécanisme de réparation pour la discrimination opérée pendant un demi-siècle. L’ARAC soutient leur démarche et demande que, pour le moins, une information simple et systématique soit adressée aux intéressés concernés afin de leur permettre de faire valoir leurs droits. juillet-août  2011 - N°774-775 - LE RÉVEIL

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L’accessibilité pour les handicapés Un scandale de plus !

Ce qui a changé au 1er juillet 2011

Des lois existent qui prévoient que, pour chaque construction neuve, des règles d’accessibilité soient respectées pour les handicapés. Non seulement elles ne sont guère respectées, mais voilà que l’UMP, au Sénat, « ouvre une porte » aux bâtisseurs pour y déroger !

R etraite : entrée en vigueur de la réforme de 2010 L’âge légal va progressivement passer de 60 à 62 ans, à raison de 4 mois supplémentaires chaque année. Les premières personnes concernées sont celles nées après le 1er juillet 1951. L’âge du taux plein est progressivement relevé de 65 à 67 ans de 2016 à 2023. Les personnes justifiant d’un taux d’incapacité permanente au moins égal à 20 % continuent à pouvoir partir à 60 ans, ainsi que celles justifiant d’un taux d’incapacité permanente compris entre 10 et 20 % après avis d’une commission pluridisciplinaire. Transports Les forfaits Pass Navigo de la RATP augmentent de 2,7 % sauf la zone 5. La zone 6 est supprimée et fusionnée avec la 5, ce qui fera baisser de 11 % le prix payé par ses usagers, ramené de 123,60 e à 109,90 e pour un forfait mensuel. Dans le détail, l’abonnement mensuel des zones : 1 et 2 passe à 62 e (+ 2,6 %), 1 à 3 passe à 80,30e (+ 2,7 %), 1 à 4 à 98,10 e (+ 2,7 %). Le ticket à l’unité demeure à 1,70 e. Le ticket de bus passe à 1,90 e (+ 5,5 %) tandis que le carnet de 10 tickets passe à 12,50 e (+ 4,2 %). Les tarifs des trains inter cités et TER augmentent en seconde classe avec des hausses comprises entre 10 centimes et 2,70 e en fonction des destinations. Le prix des cartes de réduction reste inchangé. Énergie, électricité La facture des ménages augmente de 2,9 % au 1er juillet, celle des industries et des grandes entreprises de 4,4 % à 4,9 %. Gaz : pas de hausse de tarif. Consommation, La Poste Le prix du timbre pour les envois de lettres de moins de 20 g augmente de 2 centimes : 0,58 à 0,60 e. SMIC Pas d’augmentation automatique du SMIC. Elle pourrait intervenir, la revalorisation du salaire minimal étant automatique, dès que la hausse des prix aura atteint 2 % depuis sa dernière revalorisation, à savoir le 1er janvier.

Deux lois (1975 et 1991), bien que votées, n’ont jamais été appliquées. La troisième, celle de 2005, exige qu’au moins trois critères soient respectés dans les bâtiments neufs : l’accès, la circulation et la possibilité d’aménager le logement dans le futur. Est-ce trop demander que le respect de ces trois obligations légales ? Oui, répond le sénateur UMP Paul Blanc, lequel a fait adopter par le Parlement un texte de loi permettant aux constructeurs de bâtiment neuf de ne pas appliquer systématiquement les mesures d’accessibilité aux handicapés, si… « le maître d’ouvrage apporte la preuve de l’impossibilité technique de les remplir pleinement ». Mais quelle impossibilité technique peut-il y avoir quant à rendre accessible un bâtiment… qui n’est pas encore construit ? Elle a bonne mine, Roselyne Bachelot, ministre de la Solidarité, d’affirmer devant la Conférence nationale du handicap 2011, qu’en matière d’accessibilité : « les efforts à fournir sont encore importants, mais notre détermination est intacte ! » Et ils étaient tous là pour l’applaudir : Va-

lérie Pécresse, Luc Chatel, Xavier Bertrand, Nadine Morano, tous ministres, et même le Président Nicolas Sarkozy. Tous, sauf le sénateur UMP Paul Blanc, sans doute trop occupé à faire adopter « sa » loi démolisseuse. Ainsi, à un moment où l’Association des Paralysés de France réclame, pour le bien-vivre au quotidien des handicapés, mais aussi des personnes âgées, des blessés temporaires, des enfants…, que soient ajoutés aux obligations légales la présence d’une douche à l’italienne (sans bac), de toilettes suffisamment grands pour permettre la rotation d’un fauteuil roulant et d’un évier évidé dans la cuisine… la majorité sarkozyste leur enjoint de ne pas demander « la lune » et de se contenter de promesses jamais respectées. Or, disait un ancien président national de l’ARAC : « Au pays des promesses, on crève de faim ». Les anciens combattants et les victimes de guerre en savent quelque chose, face aux engagements de 2007 reniés par leur auteur… Nicolas Sarkozy. Ils sauront le faire valoir, en 2012.

Veuves d’anciens combattants et demi-part d’impôt • Les veuves âgées de 75 ans au moins, et dont l’époux décédé était titulaire de la carte du combattant, ont droit à une demi-part supplémentaire leur procurant un avantage fiscal plafonné à 2 301 euros. • Les veuves ayant élevé seules un ou plusieurs enfants pendant au moins cinq années bénéficient également d’une demi-part non dégressive, avec un avantage fiscal plafonné à 897 euros sur les revenus, et ce quelle que soit la date du décès de leur époux. La même règle s’applique pour « enfant rattaché » de moins de 21 ans ou de 24 -

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moins de 25 ans (poursuite des études) ou handicapé quel que soit son âge. • Les veuves dont le mari est décédé en 2008 ou avant cette date bénéficient encore provisoirement de la demi-part ; mais celle-ci ne procure plus qu’un avantage fiscal dégressif plafonné à : 680 euros sur les revenus 2010, 400 euros sur ceux de 2011, 120 euros sur ceux 2012 et 0 euro à partir de 2013. • Enfin, les veuves ayant perdu leur mari en 2009, 2010 et 2011 ne bénéficient plus de la demi-part d’impôt accordée aux conjointes survivantes ayant élevé au moins un enfant.


vos droits LE RÉVEIL

messages : « Ce que mes yeux ne pourront peut-être pas voir, d’autres yeux le verront, et la lumière l’emportera sur les ténèbres, la vie sera plus forte que la mort » (…) C’est pour cela que le travail de mémoire est un travail d’aujourd’hui, d’actualité, d’éducation, une action qui permet de comprendre les enjeux, les combats, les responsabilités d’hier pour mieux construire notre avenir (…) Comprendre les enjeux d’hier, c’est avoir plus de lucidité pour s’engager dans les combats d’aujourd’hui. »

Léo Figuères, lors du 54e congrès de l’ARAC de Gennevilliers, avec Raphael Vahé, président de l’ARAC et Patrick Staat, directeur du Réveil des Combattants Huguette Rapineau, porte drapeau de la section de l’ARAC de Montreuil

L’importance du travail de mémoire Lors de la réunion, le 10 juillet 2011 à Montreuil, pour célébrer l’appel à l’action et au rassemblement contre l’occupant du 10 juillet 1940 à l’initiative de Jacques Duclos et Maurice Thorez, Patrick Staat est revenu sur l’importance de ces initiatives et du travail de mémoire. Surtout à un moment où la volonté du gouvernement est de s’attaquer et de détruire tous les acquis du programme du CNR, de démanteler les services publics avec la RGPP. « Sécurité sociale, nationalisation, droit au travail, la liste est longue de ce qui constitue aujourd’hui un véritable recul de la société (…) Nos enfants, nos petits-enfants vont-ils vivre plus mal que les générations qui les ont précédées et qui se sont battues pour une société démocratique et solidaire. C’est un enjeu majeur des combats d’aujourd’hui (…) Dans les heures les plus sombres de notre histoire, des hommes et des femmes se sont levés pour défendre les valeurs et acquis républicains, la liberté, la dignité humaine, le respect de chacun, le droit de vivre dignement (…) Nous sommes les héritiers de 1789, des grandes avancées de la Révolution française, des espoirs et des utopies

de la Commune de Paris (…) Toute cette histoire, toutes ces luttes, toutes ces actions pour construire jour après jour le pays d’aujourd’hui, doivent être connues (…) Oui l’histoire de France, l’histoire de notre pays est un combat permanent. C’est le combat de l’émancipation humaine (…) Tous ces appels à la Résistance de l’été 40 auront peu à peu la plus grande résonance et l’influence la plus déterminante. Ils seront la base de grandes convergences patriotiques qui constituera le ciment de l’union de la Résistance, de la mise en place du programme du CNR (...) Permettezmoi enfin pour finir d’avoir une pensée particulière pour Jacques Duclos (…) Il est bon de rappeler l’un de ses derniers

Notre camarade Léo Figuères nous a quittés Infatigable combattant, figure de la résistance, militant des luttes anticoloniales, en particulier du Vietnam, il fut également dirigeant communiste, maire de Malakoff entre autres responsabilités . Adhérent de l’ARAC, homme de conviction et de courage, nous reviendrons dans notre prochain Réveil sur Léo Figuères. Un hommage lui a été rendu samedi 10 septembre, dans sa ville de Malakoff.

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LE RÉVEIL VIE de l’arac

Jean Duclos

l’une des grandes figures de l’ARAC L’année 2011 marque le 55e anniversaire de la disparition de Jean Duclos à 62 ans, le 26 juin 1956, à Louey dans les Hautes-Pyrénées. Il avait 20 ans lorsqu’il est mobilisé en 1914. Il sortit indemne de l’enfer de Verdun, mais sera grièvement blessé durant l’été 1916, sur le front de la Somme. Un éclat d’obus lui arracha le nez, un œil et priva quasiment l’autre de la vue. Réformé à 100 % après avoir subi plus de vingt opérations, il adhéra à l’ARAC dans le 10e arrondissement de Paris en 1919, le même jour que son frère, Jacques Duclos, qui venait juste d’être démobilisé. Jean va alors consacrer toute sa vie, en dépit de son très lourd handicap, à l’ARAC, à la défense des droits des ACVG et à la lutte pour la paix. Officier de la Légion d’honneur, Croix de guerre, Médaille militaire, il est élu député du Front populaire de la Seineet-Oise. Secrétaire général de l’ARAC de 1934 à 1950, y compris donc durant la clandestinité, il est arrêté dès 1939 avec Félix Brun (président national de l’ARAC depuis le décès de Paul VaillantCouturier) et Auguste Touchard, puis emprisonné à la prison de la Santé en avril 1940 et mis au régime des droits communs comme un vulgaire malfaiteur. Condamné à 4 ans de prison, il sera interné à l’ile d’Yeu. Le 17 septembre 1944, quelques jours après la Libération de Paris, l’ARAC, sortie de la clandestinité durant laquelle ses membres combattirent l’occupant nazi et payèrent un lourd tribut de sang, réunit les membres survivants de son Comité central sous la présidence de Félix Brun, grand invalide de 14-18 (amputé des deux jambes) pour définir les grandes lignes de l’action revendicative, que Jean Duclos (secrétaire général) exposera publiquement lors de la réunion d’information des responsables de 26 -

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l’ARAC le 19 novembre suivant. Et, durant les douze années qui suivirent, Jean Duclos allait poursuivre son combat, s’attachant tout particulièrement, lui l’aveugle, à l’information des

ACVG en assurant la responsabilité militante de directeur du Réveil des Combattants jusqu’à sa mort. Chapeau bas M. Jean Duclos, camarade Jean Duclos.

Le Conseil national de la Résistance célébré en Essonne La grande salle des mariages de la mairie d’Evry, mise à disposition par le député-maire Manuel Valls et son conseil municipal, a reçu les participants à la conférence-débat consacrée, à l’initiative de l’ARAC Essonne sous l’égide de l’UDAC, au Conseil national de la Résistance, son programme et son actualité aujourd’hui encore. Après un détour par la Résistance en Seine-et-Oise Sud (l’Essonne n’existait pas encore) avec Jean Lescure (UF), André Fillère (ARAC) et Jacques Varin (ANACR) mirent l’accent sur les conditions de la création du CNR, de l’élaboration de son programme et de son application pour la renaissance de la France. Ces deux exposés, complétés par une projection de documents d’époque réalisée par Martine Garcin (Association

des amis essonniens du musée de la Résistance nationale) permirent ensuite un échange de vues quant à la situation présente et l’indispensable nécessité d’en changer. Cette initiative du 24 mai fut prolongée le 27, à la date anniversaire de la création du CNR dans Paris occupé en 1943, par une manifestation en préfecture au cours de laquelle fut affirmée la revendication de faire du 27 mai une journée annuelle de commémoration de la Résistance. M. Da Silva, conseiller général délégué aux Anciens Combattants, y associa le Conseil général dans une intervention suivie d’un dépôt de gerbe. Puis une délégation de l’UDAC fut reçue en préfecture où elle remit une motion en ce sens.


vIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

L’ACVGI commémore la fin de la guerre d’Indochine

Nièvre I R encontres internationales

pour la culture de paix

Début juillet, à l’initiative du Mouvement de la Paix, des jeunes de plus de 15 pays pour la culture de Paix se sont rencontrés, sous l’égide de l’ONU et de l’Union européenne. Jean Salaud et

Daniel Berthelot du Bureau National de l’ARAC étaient présents. Une exigence de ces jeunes : tout être humain a le droit à la paix.

Festivaliers d’Avignon Mieux connaître les ravages de l’agent orange Pour la 2è année, rencontre entre le comité pour le Village de l’Amitié d’Entraigues et les festivaliers d’Avignon.

Ce fut un grand succès pour la vente de l’artisanat vietnamien mais surtout pour la richesse et la diversité des discussions avec les centaines de festivaliers croisés durant ces 15 jours. Une surprise pour nous, celle de constater la méconnaissance de ce qu’ont été les ravages tant humains qu’environnementaux pendant la guerre américaine au Vietnam avec le déversement de millions d’hectolitres d’agent orange. On ne sait pas. On veut savoir… Quelle est la responsabilité des fabricants, tel Mosanto et qui a décidé de

Le 20 juillet, les présidences de l’ACVGI, de l’ARAC et de la Mutuelle ont commémoré les accords de Genève marquant la fin de la guerre d’Indochine. Michel Bassot, président de l’ACVGI, a ravivé la Flamme à l’Étoile et déposé une gerbe au Mémorial des guerres de Fréjus.

l’utilisation des produits chimiques pendant la guerre américaine ? L’agent orange est-il aussi toxique ? Les Vietnamiens sont-ils indemnisés pour les préjudices subis ? Foisonnement de questions, marque d’intérêt et manifestations de solidarité concrète avec de nombreux dons. Le témoignage de cette militante écologiste de Haute-Savoie qui nous a expliqué les dégâts du traitement des ordures ménagères dans son propre village avec comme conséquences probables, des cancers dus à la dioxine. Nous avons la certitude que nos explications ont porté leurs fruits chez chacun de nos interlocuteurs. Jamais en si peu de temps, nous avons été soumis à ce flot de questions, et à l’intérêt que ce sujet sensible a ouvert. Ceci nous a montré la voie dans laquelle nous devons persévérer : participer, le plus possible, dans les fêtes culturelles, populaires. Un grand merci au directeur du cinéma Utopia qui nous a permis ses rencontres en nous ouvrant ses locaux.

Ravivage de la Flamme Le 14 juillet, la Flamme a été ravivée par le président de la Fédération des grands invalides de guerre, Jean-Claude Gouëllain, en présence de hautes personnalités civiles et militaires, parmi lesquelles on notait Hubert Derache, directeur de cabinet du secrétaire d’État à la Défense et aux Anciens Combattants, Rémy Enfrun, directeur de l’ONAC, Catherine Vieu-Charrier, adjointe au maire de Paris, Raphaël Vahé, président national de l’ARAC. Le moment de recueillement a été aussi dédié aux soldats français récemment tués en Afghanistan. Cette Fédération va passer le relais, par un récent décret du ministre de l’Intérieur, à la Fondation des mutilés et invalides de guerre.

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LE RÉVEIL vie de l’arac

L’ARAC et sa mutuelle en deuil En l’espace de dix jours, l’ARAC et sa mutuelle ont été frappées par la disparition brutale de trois de leurs dirigeants. Le Réveil s’associe à la douleur des familles endeuillées et les assure, en son nom comme en celui de l’ARAC et de sa mutuelle, de sa profonde sympathie et de son soutien. Hommage a été rendu à chacun d’eux par les directions nationales de l’ARAC et de sa Mutuelle présentes à leurs obsèques.

Léon Borlant Ancien combattant 1940, prisonnier et rapatrié en 1941, il entra dans la Résistance en 1942, participa aux combats pour la libération de Paris au cours desquels il fut blessé. Engagé dans la « colonne Fabien », il combattra jusqu’au 8 mai 1945 avec le 151e régiment d’infanterie. Il était l’un des derniers témoins

de l’épopée des gars du colonel Fabien. Membre de l’ARAC depuis 1970 et de sa Mutuelle depuis 1973, il a assumé la responsabilité de trésorier général de celle-ci durant deux décennies. Dirigeant national, départemental et local de l’ARAC, à Montreuil, en Seine-SaintDenis, il s’est éteint à l’âge de 94 ans.

Gérard Henry Ancien combattant en Algérie, il en était revenu avec la haine de la guerre et la volonté d’agir pour la coopération et l’amitié entre les peuples. Technicien au CNRS, militant CGT, PCF et au sein du mouvement ACVG (UDAC), membre de l’ARAC depuis 1973 à Gif-surYvette. Il était vice-président de l’ARAC de l’Essonne, membre de la direction nationale de l’association Passeur de mémoire. D’une présence constante

et d’un dévouement à toute épreuve, il s’était particulièrement attaché au développement de la solidarité avec le peuple vietnamien, qu’il animait avec le Comité français pour le Village de l’Amitié. Mutualiste de l’ARAC, il avait 73 ans.

Claude Ozenne Ancien combattant en Algérie (15è bataillon de travailleurs algériens), il allait, dès son retour, faire carrière chez Normandie Total, où il mena, des décennies durant, la lutte avec la CGT chez les actifs puis les retraités. Spécialiste des droits syndicaux, mutuelle des pétroles, retraites complémentaires AGRR, etc., militant politique, il s’employait également à une solidarité active avec les travailleurs algériens. Membre du Bureau national de l’ARAC, président de l’ARAC de Seine-Maritime, secrétaire général de l’ARAC du Havre, il était membre de l’association depuis 1966 et administrateur de sa mutuelle depuis 1994. Il avait 73 ans.

NOS PEINES AOÛt 2011 Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances. BOUCHES-DU-RHÔNE (13) Fos-sur-Mer : Aimé ORLANDI, 74 ans, AC ATM. La Ciotat : Gilbert CHEVALIER, AC 39-45. Saint-Marcel : Abderrahamane BENCHOUDAR, 87 ans, AC ATM. CÔTES-D’ARMOR (22) Saint-Nicolas-de-Pelem : Edouard SANGAN, 97 ans, AC 39-45. DRÔME (26) Valence : Mme Alice CHABANIS, 88 ans, Résistante. René LAFOND, 89 ans, AC 39-45, président de la section, vice-président départemental. EURE-ET-LOIR (28) Chartres : Robert BORGUET, 101 ans, AC 39-45.

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Châteaudun : Georges SCHUBERT, 95 ans, AC 3945. FINISTERE (29) Brest : Jean QUERE, AC 39-45. Mme Marie SALOU, Résistante, déportée. Marcel SIMON, AC Indochine. GARD (30) Manduel : Mme Andrée MARTI, 82 ans. GIRONDE (33) Cavignac : Pierre GOUJON, Président de la section, Réfractaire STO, Maquisard. HERAULT (34) Balaruc-les-Bains : René DEIXONNE, 74 ans, AC ATM.

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ISERE (38) Bourgoin-Jallieu : Albert LABRUNE, 89 ans, AC 39-45, FTPF.

PYRENEES-ORIENTALES (66) Perpignan : Henri GUELMACHE, 71 ans, AC ATM.

RATP : Michel POIREAU, AC 39-45 Isolés : Pierre GRIMAUD, AC 39-45.

LOIRE-ATLANTIQUE (44) Orvault : Serge BRETONNIERE, 77 ans, AC ATM, président de la section.

RHÔNE (69) Lyon 7e : Fleury CHATELARD, 88 ans, AC 39-45.

VAR (83) Gonfaron : Gabriel FRANZONI, 71 ans, AC ATM, président d’honneur de la section, Croix de la Valeur Militaire.

LOT-ET-GARONNE (47) Agen : Raymond CAMPISTRON, 89 ans, Résistant. Fourques-sur-Garonne : Mme Simone FAURE, 88 ans, amie. Yves MARTIN, 86 ans, ami. PUY-DE-DÔME (63) Aubière : Albert FOURRIER, AC 39-45. Clermont-Ferrand : Sauveur CUSUMANO, AC ATM. Louis DENEFLE, AC ATM. René Jean LABROSSE, AC ATM.

SAONE-ET-LOIRE (71) Chagny : Bernard MICHOT, AC ATM. SAVOIE (73) Aix-les-Bains : Angel GRUPPO, 97 ans, Résistant, Chef de bataillon FFI. PARIS (75) 3e : Bernard GUILLARD, 74 ans, AC ATM. 13e : Marcel GAVAT, 70 ans. 19e : Maurice CARLUS, AC 39-45. André MICHAUD, AC 39-45

VAL-DE-MARNE (94) Joinville-le-Pont : René DOLBEAU, 87 ans, AC 39-45, ancien président de la section.


vie de l’arac LE RÉVEIL

Colloque Pour les cinq de Cuba Le colloque « Les cinq prisonniers cubains aux États-Unis, le terrorisme et le droit international » a réuni, le samedi 4 juin 2011 à l’Assemblée nationale, des avocats, des juristes français et européens ainsi que des parlementaires et diverses associations, afin d’étudier les dimensions juridiques et géopolitiques de l’affaire des « cinq Cubains » et des actes de terrorisme organisés depuis plusieurs décennies contre Cuba à partir du territoire des États-Unis. Ces questions dépassent de loin le simple cadre bilatéral conflictuel Cuba États-Unis et concernent la communauté internationale, dont la France… De plus le blocus mis en place dès 1961 par l’administration nord-américaine est l’élément constitutif principal de ce que l’on peut appeler un terrorisme économique. A l’inverse, pour avoir tenté de recueillir des informations à Miami sur les organisateurs des attentats contre Cuba, cinq agents cubains, Gerardo Hernandez, Ramon Labanino, Antonio Guerrero, Fernando Gonzalez et René

Gonzale Llort ont été arrêtés et sont incarcérés depuis bientôt 13 ans aux États-Unis. Treize ans de violation non seulement du droit nord-américain (5e et 6e amendements de la Constitution états-unienne) mais aussi du droit international (règles du procès équitable) comme dénoncées, par leur défense, par le Comité des droits de l’homme des Nations unies, par Amnesty International et par de nombreuses organisations de juristes dans le monde. Les analyses des avocats présents à notre colloque ont conclu que le refus de la justice des États-Unis de garantir aux Cubains un

procès juste et impartial est otage de la politique nord-américaine à l’égard de Cuba. Le terrorisme est, selon la Résolution 1373 du Conseil de sécurité des Nations unies, une menace à la paix et à la sécurité internationale et cette année est celle du bilan de la mise en œuvre de la stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU. La France est membre du Comité de lutte contre le terrorisme, mis en place par la Résolution 1373. Le terrorisme doit être combattu par toute la communauté internationale et il incombe aux États qui ont le plus de moyens, une responsabilité spécifique. Dans cet esprit, nous nous adressons aux parlementaires français afin qu’ils abordent, avec leurs homologues d’autres pays et en particulier des ÉtatsUnis, la question du terrorisme contre Cuba et du procès injuste et partial contre les cinq Cubains agents antiterroristes. Nous leur demandons également d’intervenir pour que la France porte ces questions devant le Comité de lutte contre le terrorisme. Raphaël Vahé, président national de l’ARAC, a participé à ce colloque.

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Ci-joint un chèque de 100 e libellé à l’ordre du Réveil des Combattants juillet-août  2011 - N°774-775 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL magazine

La Résistance au centre de la France Pierre Louty et les éditions de la Veytizou ont voulu donner la parole à la Résistance, aux maquis et aux ombres tragiques de cette terrible période. D’où la trilogie évoquée ci-dessous.

Au cœur du maquis

Ce tome II se veut encyclopédie de la Résistance en Allier, Cantal, Charente et Charente-Maritime, Cher, Corrèze, Creuse, Dordogne, Gironde, Indre, Lot, Puyde-Dôme, Haute-Vienne. Y apparaissent le commandant « Soleil » et ses hommes (dont Amigo et Routat, gardes du corps de René Cousteillier, Brandely, etc), le colonel Bernard, Georges Guingouin et tant d’autres, paysans, ouvriers, artisans, commerçants, fonctionnaires… dont certains subiront encore la haine des ex-collabos après la Libération.

C’était le maquis

A travers vingt-quatre récits, ce tome I évoque les débuts de la Résistance sous l’occupation, les premiers tracts appelant à la Résistance, les filles et les garçons audacieux qui allaient braver l’occupant et écrire en lettres de sang, sur notre sol, l’épopée des maquis dans le Limousin, la Haute-Vienne, en Charente, CharenteMaritime, Auvergne, Périgord, Poitou, Quercy, Montagne Noire, Gironde, toute une épopée racontée et illustrée à travers les hommes et les femmes de la Résistance.

Histoires tragiques du maquis

C’est un long martyrologue que présente ce 3e volume à travers le calvaire de résistants du pont Lasveyras au bois Combert, du Petit Parry à la forêt d’Aulnay, à ceux de Lanobre, Sarlando, Grammont et du Sidobre, aux pendus de Tulle, aux martyrs d’Oradour, aux massacrés du Lot et de Combeauvert, terrible calvaire de ceux qui, par-delà les sanglantes représailles, allaient refuser la terreur de l’occupation. Ces Francs-tireurs vont se redresser, se rebiffer, entrer dans l’action de Montluçon à Mazamet, de Beaulieu-sur-Dordogne à la forêt de Rochechouart, de la ferme aux Loups de Sainte-Pezenne aux portes de La Souterraine. Certains n’avaient pas encore 20 ans et d’autres deux ou trois fois plus. Ils chantaient La Marseillaise ou l’Internationale en tombant ; d’autres priaient ou se taisaient. Mais tous avaient au cœur la certitude de la victoire finale sur le nazisme. Leurs sacrifices ne seront pas vains et ils méritent que ce livre les honore et que leur mémoire continue de nous guider. Au cœur du Maquis , 704 pages, 49,95 euros C’était le Maquis, 352 pages, 29,50 euros Histoires tragiques du Maquis, 970 pages, 59,50 euros A commander aux Editions de La Veytizou, 87130 Neuvic-Entier.

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dossier LE RÉVEIL magazine

Le complot de l’ordre noir Philippe Pivion, Éditions du Cherche Midi, 19,50 euros

Le premier livre de Philippe Pivion, La mort est sans scrupule, nous tenait en haleine sur trois guerres : 14/18, 1939/1945 et la guerre d’Algérie. Les personnages de ce deuxième livre vivent seulement l’année 1934. Cette année-là commence avec l’affaire Stavisky et est particulièrement marquée par la montée du fascisme. 6 février 1934, le jour où l’ARAC a dû combattre sur le pavé les activités de l’Action française et des Croix-de-Feu du colonel de La Rocque. Le complot de l’ordre noir, c’est celui qui coûta la vie au ministre Barthou, ouvrant la voie à tous les abandons qui plaçaient la France sur la pente fatale menant jusqu’au désastre de l’invasion nazie et de la collaboration pétainiste. Philippe Pivion a le secret pour faire de ces événements un récit haletant comme le meilleur des romans policiers. On découvre aussi Louis Barthou comme un héros pacifiste qui paie de sa vie ses efforts contre la guerre. On comprend mieux pourquoi l’Histoire officielle l’a jeté dans les caves de l’oubli, son courage rendant encore plus odieux le défaitisme et les trahisons des Daladier, des Mauras, des Weygand et des François Poncet. Et la balle qui a tué Barthou provenait des armes de la police française… Le livre de Philippe Pivion est une œuvre romanesque. Mais le 93 de Victor Hugo était aussi une œuvre romanesque et qui mieux que Victor Hugo nous a fait connaître et vivre la chouannerie et les luttes des Bleus républicains ? Un livre à lire pour le plaisir et aussi pour la connaissance de cette année 1934, à la fois glorieuse pour les combattants antifascistes et si terriblement efficace pour la montée du fascisme et de la guerre. Georges Doussin

La mort est sans scrupule Philippe Pivion, Éditions du Losange, 20 e

Le premier livre de Philippe Pivion. Dans ce roman, qui peut être qualifié d’historique, se tricotent quatre périodes essentielles, quatre moments tragiques de l’histoire du 20e siècle : la première guerre mondiale(1914-1918), la crise de 1929 nourrissant la montée du fascisme, l’invasion nazie de 1940 et l’État pétainiste, la Libération et la victoire du 8 mai 1945. Pris par les pages « historiques », décrivant la situation tragique des combats de 14-18, me revenaient en mémoire les pages du Feu de Barbusse. Mais je pensais aussi au Week-End à Zuydcote de Robert Merle en lisant les pages consacrées à juin 1940. Et le lecteur vit toutes les souffrances des combattants trahis par les responsables de « la drôle de guerre ». Il vit aussi, le sort dramatique des juifs traqués et massacrés. Les héros de Philippe Pivion s’agitent dans le tunnel des événements tragiques, bousculés par les drames des guerres militaires et civiles, mais ils ont la liberté d’obéir à la fatalité ou de défendre leur « cheval d’orgueil », ce cheval breton qui reste la propriété de chacun, même lorsque rien ne lui appartient plus. Les couleurs des pages de La mort est sans scrupule sont souvent grises ou noires. Mais il est vrai que la période

dans laquelle vivent les personnages ne prête guère aux couleurs tendres de l’aurore. Dans la nuit des bombardements, des exodes, des camps de concentrations et des prisons, luisent, de temps en temps, les lueurs entretenues par ceux qui luttent encore et ne désespèrent jamais. Ce sont ces lumières qui donnent encore l’espérance de vie et de liberté. C’était vrai hier. C’est encore vrai aujourd’hui. G. D.

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