Le réveil du combattants - avril 11

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ne pas rester l’arme au pied

aspects de la montée du fascisme en europe

le réveil

14 mai : le rassemblement de l’arac à tergnier

des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix Avril 2011 - N°771 - 5 e

Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre


LE RÉVEIL actualités

Mouvement de la Paix « Arrêtons de préparer les guerres » Dépenses militaires mondiales 2010 : le scandale continue. Le SIPRI, l’Institut international de recherche pour la paix de Stockholm, publie ce 11 avril les données de son étude annuelle concernant les dépenses militaires mondiales. « De record en record, les dépenses militaires mondiales atteignent en 2010 la somme extravagante de 1 630 milliards de dollars » dénonce Pierre Villard, coprésident du Mouvement de la Paix. L’institut suédois note une décélération dans l’augmentation qui représente 6 % en dollars constants et 1,3 % en dollars courants. La crise semble donc avoir ralenti la course folle à la mort. « Cette nouvelle hausse, en dollars constants, signifie que la part des richesses mondiales détournées dans les dépenses militaires s’est encore accrue » note le responsable pacifiste qui poursuit : « il faut d’urgence mettre un terme à cette course infernale et consacrer ces sommes à la construction d’un monde plus juste et plus sûr ». La France, qui se dispute régulièrement

la troisième place avec la Grande-Bretagne reste, avec les autres membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, l’un des pays les plus à la pointe de cette course mortelle. « Triste record », déplore Pierre Villard, qui poursuit : « Engagée directement, pour la première fois depuis longtemps dans trois conflits, la France aurait tout à gagner à investir dans la construction de la paix, plutôt que dans la poursuite des guerres. A force de mettre au point des armes toujours plus sophistiquées, les hommes ont rendu leur existence sur terre plus dangereuse et plus précaire. C’est particulièrement vrai avec l’arme nucléaire dont la modernisation des arsenaux coûte des fortunes ». Le Mouvement de la Paix réitère sa proposition de mettre en débat la réduction

de moitié des budgets militaires pour les 10 ans à venir. Dans l’immédiat, il appelle les citoyens à se mobiliser à l’occasion de la Journée mondiale du 12 avril contre les budgets militaires. « En France, c’est 10 % du budget militaire ainsi que les sommes prévues pour faire la guerre qui pourraient être consacrés tout de suite à la satisfaction des besoins sociaux (en particulier pour la retraite, l'école, la jeunesse, la santé...), ainsi qu’au développement de l’action publique au service de la cohésion sociale et à la promotion de la paix », souligne Pierre Villard.

Contact : Pierre Villard - Tél. 06 82 92 29 46 pierre.villard@mvtpaix.org

Campagne nationale des bons de soutien 2011

De nombreux lots : téléviseurs, voyages, ordinateurs… N’oubliez pas d’acheter vos tickets de bons de soutien « Campagne nationale ARAC 2011 » auprès de vos sections locales ou comités départementaux ou les réclamer auprès de la trésorerie nationale. Le tirage aura lieu le 22 juin 2011. La liste des numéros récompensés sera publiée dans le Réveil des combattants de juillet-août 2011. 2-

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ÉDITO LE RÉVEIL

SOMMAIRE Actualités p. 4 Coût du travail : des chiffres erronés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Réorienter l’argent. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Ne pas rester l’arme au pied. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 L’austérité gravée dans le marbre européen. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 L’ARAC et le 8 Mai. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Électricité : pour qui la concurrence ?.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 International p. 9 Les règles de l’ONU piétinées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Lybie : une guerre à l’odeur de pétrole.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 La France doit reconnaître l’État palestinien. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Vos droits p. 21 Campagne double : l’UMP tire à blanc. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Dépendance : solidarité ou assurances privées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Soins médicaux gratuits : carnet de soins et carte vitale. . . . . . . . . . 23 Riez, camarades OPEX !.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Vie de l’ARAC p. 25 Décoration de Paul Markides et de Gabriel Guiche. . . . . . . . . . . . . . . . . 25 La vie des comités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 14 mai : le rassemblement de l’ARAC à Tergnier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Magazine p. 29

P. 13 D o s s ier

Aspects

de la montée

du fascisme en Europe Différents éclairages sur la montée du fascisme en France, en Italie et en Allemagne

LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 Édité par les Éditions du Réveil des Combattants SARL au capital de 45 734,41 - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien, 94807 Villejuif cedex Téléphone : 01 42 11 11 12 Télécopie : 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr Gérant-directeur de la publication : Raphaël

VAHÉ • Directeur délégué : Patrick STAAT • Rédacteur en chef : Raphaël VAHÉ • Directeur promotion et publicité : Claude Delevacq • Secrétariat de rédaction, conception graphique : Escalier D Communication • Impression : RIVET P.E. - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9 Tirage : 60 000 exemplaires Ce numéro du Réveil a été tiré le jeudi 05 mai et remis le jour même à la Poste. Il devrait donc parvenir à chaque abonné le 10 mai au plus tard. Merci de nous faire part de vos observations.

A L’ARAC, nous connaissons le sens du mot courage

C

haque jour qui passe montre la volonté du gouvernement de soumettre notre pays au diktat du traité de Lisbonne, au diktat des choix des plus grands groupes financiers et industriels avides de poursuivre leur course au profit. Conséquence directe, l’aggravation de la situation des Français et des Françaises, le recul du pouvoir d’achat, le blocage des salaires et des pensions, la hausse de l’essence, des loyers, l’augmentation des prix, pour l’immense majorité des Français, et profits faramineux pour les banques et une poignée de sociétés du CAC 40. Nous ne parlons pas le même langage : comment faire comprendre au PDG de Total que les salariés qui utilisent leur voiture pour aller travailler ne peuvent payer le litre d’essence à 2 e, lui qui touche 2,5 millions d’euros par mois et dont la société a réalisé 14 milliards de bénéfices déclarés et ne paye pas d’impôts en France (et ce n’est qu’un exemple). Oui il y a deux poids, deux mesures. Il est donc temps qu’ensemble nous relevions la tête, de passer du temps des soumis au temps des insoumis. Le courage, aujourd’hui, c’est de répondre aux besoins urgents du plus grand nombre. Le courage, c’est de dire non à la guerre, c’est de construire des rapports nouveaux avec les peuples qui veulent sortir de la misère. Le courage, c’est de s’attaquer aux privilèges, nous les avons fait tomber en 1789. Le courage, c’est d’avoir des principes et de les défendre. L’humanité n’a que faire des atermoiements, des hésitations, des bassesses. Ce dont elle a besoin, c’est d’engagements forts, clairs, respectés. Des engagements qui défendent l’école publique, la santé, la sécurité sociale, les valeurs républicaines. Elle a besoin que l’on tourne le dos à la RGPP, à la réforme territoriale. Mais pour cela, il faut du courage, de la détermination, de la volonté, des valeurs humanistes et de l’ambition pour la France. Plus que jamais, nous avons besoin de construire un rassemblement politique capable de donner un nouveau souffle d’acquis démocratiques, sociaux, emprunts des valeurs universelles de notre République. Voilà ce qu’est le courage aujourd’hui. Patrick Staat avril  2011 - N°771 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Coût du travail

Des chiffres erronés

La tentative de manipulation sur le coût du travail conduite par l’équipe de Nicolas Sarkozy, conjointement avec le Medef de Laurence Parisot, est en passe de se dégonfler comme une baudruche. Nos deux propagandistes visaient à faire croire que la perte de compétitivité de la France vis-à-vis de l’Allemagne ces dernières années serait due à une croissance excessive des salaires de ce côté-ci de la frontière. Pour mener à bien l’opération, l’actuel ministre de l’Industrie, Éric Besson, a mandaté une officine privée, le cabinet COE-Rexecode, en général plus proche du patronat que de la vérité, afin qu’il donne une apparence d’objectivité à ce point de vue, en l’occurrence très subjectif. Dans son rapport, COE-Rexecode note à juste titre qu’« à partir du début des années 2000, une divergence de compétitivité sans précédent historique apparaît au détriment de la France et, depuis, l’écart de compétitivité s’accroît ». Mais à quoi l’attribuer ? Pour l’institut patronal, « le point essentiel, qui éclaire la plupart des observations précédentes, est que, selon les enquêtes disponibles, le coût moyen de l’heure de travail (salaire chargé) dans l’industrie a augmenté en France plus rapidement qu’en Allemagne d’environ 10 % dans la première partie des années 2000, l’écart de tendance se prolongeant depuis et s’amplifiant probablement ». Las ! pour ceux qui les ont mandatés, les experts du cabinet patronal se sont appuyés pour leur démonstration sur des chiffres qui sont faux. Pour calculer le coût du travail, il faut prendre en compte deux facteurs : la productivité et le salaire horaire brut chargé. Le premier d’entre eux est évi4-

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demment dépendant du temps travaillé et c’est à ce niveau-là qu’est l’erreur. Alors que les salariés français de l’industrie travaillent davantage que leurs homologues allemands, le calcul effectué inversait la donne. Cela donnait un coût du travail français bien supérieur au coût allemand. Et voilà pourquoi notre fille était muette et nos propagandistes si bavards. L’institut ROE-Rexecode recense 12 pistes d’explication de l’écart de compétitivité entre les deux pays qui, pour certaines, sont très pertinentes, mais il passe à côté d’une 13e explication : le coût du capital. Il faut bien prendre

conscience que si la France vend moins et achète plus à l’étranger que l’Allemagne, c’est particulièrement parce que, depuis longtemps, elle exporte massivement ses capitaux. Ainsi, alors que les productions des konzerns d’outre-Rhin sont bien plus présentes aux États-Unis que celles des multinationales françaises, ces dernières y investissent davantage. Cette évasion de nos ressources pénalise durement la croissance et l’emploi dans l’Hexagone. Claude Delevacq

La Cour de justice de la République

Une illustre inconnue ?

La Cour de justice de la République (CJR) qui va enquêter sur Eric Woerth dans l’affaire de l’hippodrome de Compiègne et devant laquelle ont déjà comparu six ministres, juge les crimes et délits commis par les membres du gouvernement « dans l’exercice de leurs fonctions ». Créée en 1993, ses juges sont au nombre de 15 : soit 3 magistrats de la Cour de cassation, 6 députés élus par leurs pairs, 6 sénateurs élus par leurs pairs. Chaque juge a un suppléant. Toute personne qui pense être victime d’un membre du gouvernement peut porter plainte devant « la commission des requêtes » de la CJR, formée de sept hauts magistrats de la cour de cassation, du Conseil d’État et de la Cour des comptes. Cette commission peut également être saisie directement par le procureur général puis la Cour de cassation, ce qui fut le cas pour l’affaire de l’hippodrome de Compiègne. Cette commission des requêtes doit juger la plainte ou la saisine recevable ou non. Lorsque la plainte ou la saisine est jugée recevable, le procureur général doit saisir « la commission d’instruction » de la CJR, formée de 3 magistrats de la Cour de cassation. A l’issue de ses investigations, la commission d’ins-

truction prononce soit un non-lieu, soit un renvoi (rarissime) du ministre devant la CJR. Dans l’affaire Woerth-Bettencourt, c’est l’eurodéputée Corinne Lepage qui avait écrit au procureur général près la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, pour dénoncer des faits susceptibles d’être qualifiés de « dépense illégale d’intérêts et de favoritisme ». La commission des requêtes a retenu uniquement le premier chef. Pour mémoire, la CJR avait jugé en 1999 Laurent Fabius, Georgina Dufoix, Edmond Hervé au moment de l’affaire du sang contaminé. Ce n’est pas parce que les condamnations sont rares qu’il ne faut pas saisir cette cour. Chaque citoyen a parfaitement le droit de se défendre devant les agissements d’un membre du gouvernement.


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Contre les parasites de la finance

réorienter l’argent

Tous les six mois, les géants de la Bourse proclament leurs résultats insolents en autant de communiqués de victoire des parasites de la finance, de l’industrie et de la France. Délocalisations, licenciements, fermetures d’usines, tout fait ventre dès lors qu’il s’agit de rassasier la voracité des actionnaires. Grandes fortunes, fonds de pension, groupes financiers, il faut désormais les « rassurer ». C’est à qui leur garantira le meilleur rendement à deux chiffres et ce, sur plusieurs années ! Le riche ne goûte guère la précarité. En face, c’est ceinture pour le plus grand nombre, l’insécurité sociale généralisée, la survie avec moins de 1 400 euros par mois pour la moitié des salariés, voire moins de 750 euros pour un quart d’entre eux. La misère explose à proportion de l’insolence du fantastique gâchis de profits qui abaisse le pays. PME étranglées, sous-traitants pressurés par des donneurs d’ordres impitoyables, investissement productif en chute libre, recherche et développement sacrifiés, voilà qui nourrit en retour l’impossibilité de sortir de la crise. Pis, la casse de l’enseignement, la mise sous tutelle du Medef des universités, elles-mêmes mises en concurrence, les exonérations de charges sociales, les aides publiques sans contrepartie ajoutent au déclin en cours. Les sept à huit millions d’hommes et de femmes, toutes générations confondues, descendus à un moment ou à un autre cet automne contre la casse des retraites ont manifesté leur refus d’une société déjà invivable et qui serait pire encore. Point d’horizon au-delà des seuls critères dictés par la dictature du CAC 40 et ses relais du grand patronat, gouvernementaux et médiatiques ? Regardons du côté de la Bretagne, quand les salariés de la SBFM gagnent contre les spécialistes du dépeçage et ont mis un groupe tel

que Renault face à ses responsabilités. À Gémenos, ceux de Fralib font vaciller un géant comme Unilever. En Charente, ceux de Schneider démontrent l’aberration économique, sociale et environnementale des délocalisations en cascade. Dans le Lot-et-Garonne, ceux de la fonderie de Fumel bataillent pour le financement d’un site viable. À Marseille, face à Nestlé hier, aux pouvoirs publics aujourd’hui, ceux de NetCacao ont besoin de dix millions d’euros pour faire repartir leur propre projet ; la somme est à rapprocher des milliards de bénéfices réalisés par ces mêmes banques qui leur refusent le moindre prêt, avec la complicité passive de l’État. Et que dire de ceux d’Aperan, à Gueugnon, appartenant au géant ArcelorMittal, celui qui a trahi avec la parole présidentielle les salariés de Gandrange et de leur combat commun avec leurs collègues belges... Salariés en lutte, syndicats forces de propositions, élus locaux, régionaux et nationaux… quand une chaîne se forme, portant un projet viable, elle place banques et pouvoirs publics devant leurs responsabilités, l’opinion ne peut que s’en rapprocher. Réorienter l’argent « à la racine », c’est non seulement possible mais nécessaire et urgent pour sortir notre société de l’ornière mortifère dans laquelle elle est enfoncée. Sans attendre 2012, ou mieux encore, pour que cette échéance éloignée d’encore un an soit un moment de vrai changement, la bataille de l’industrie se joue autant aux plans européen, national que local. Claude Delevacq

La Commune de Paris

a 140 ans

Cette année Paris célèbre le 140e anniversaire de la Commune : théâtre, exposition, conférences… Au-delà de la révolte, la Commune de Paris révèle une œuvre sociale très actuelle. Il faut aller voir l’exposition La Commune à Paris, une histoire moderne, qui se tiendra du 28 mai au 19 juin. Cette exposition aborde l’œuvre politique des communards : séparation de l’Église et de l’État, abolition de la peine de mort, gouvernement du peuple par le peuple, émancipation des femmes). Une autre exposition se tiendra du 18 mars au 28 mai au Salon d’accueil de l’Hôtel de Ville, sous le nom de La capitale insurgée. Présentation de documents inédits dont des affiches et des manuscrits originaux, qui constitue une parfaite introduction et explication des faits et des idéaux de ce printemps de l’année 1871. Cette première, près d’un siècle et demi après ces événements, est un passage obligé avant l’obligatoire et traditionnelle « Montée au mur des Fédérés » au cimetière du Père Lachaise (20e) le 28 mai.

Expositions • La Commune de Paris Du 28 mai au 19 juin - 15 rue de l’École de Médecine 75005 Paris - Tous les jours de 11h à 19h et le jeudi jusqu’à 20h30 (entrée gratuite) • La capitale insurgée Du 18 mars au 28 mai - Hôtel de Ville 29 rue de Rivoli 75004 Paris - Tous les jours de 10h à 19h (sauf dimanche et jours fériés)

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Ne pas rester l’arme au pied ! Il n’est pas un seul jour où le gouvernement ne prenne une décision, une mesure nouvelle, qui ne s’attaque à notre pouvoir d’achat, qui ne casse notre système de santé, le service public, qui ne mette en cause l’emploi, nos conquêtes sociales. Pas un jour sans que M. Sarkozy ne tente de faire plier les salariés, répondre aux injonctions du MEDEF et de la grande finance.

A entendre le président, comme les chantres du libéralisme, qu’ils soient de droite ou de gauche, un seul objectif : renforcer encore plus les richesses, déjà colossales, d’une minorité au détriment de l’immense majorité de notre peuple. La conception de la réforme, dans les salons huppés, dans les quartiers chics, prônée par le gouvernement de droite, « tout donner à la grande bourgeoisie, étendre toujours plus la misère et briser tous ce qui peut freiner le profit maximum des capitalistes. » Malheureusement, cette conception est aussi celle de quelques sociaux-démocrates bienpensants, soi-disant de gauche. Notre peuple a su, tout au long de son histoire, souvent au prix de très durs combats, voire de son sang, obtenir d’importantes conquêtes sociales, qui font d’ailleurs référence pour l’ensemble des exploités de notre planète. Ces conquêtes, en même temps, n’ont pas seulement permis des progrès sociaux immenses, mais ont joué un rôle moteur de modernisation de toute notre société. Le progrès social a aussi permis un développement économique sans précédent ainsi que le développement d’une pratique démocratique sans égal dans l’histoire. Aujourd’hui, c’est tout cela qu’il faudrait, sous l’injonction du patronat, de 6-

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la haute finance, mettre au pas et, si cela est possible, détruire. Il y a opposition frontale et fondamentale entre les intérêts de notre peuple et ceux, étroits, des quelques vautours de la finance et du patronat qui n’ont le regard que sur la croissance de leur dividende. Engager la lutte, l’action, est aujourd’hui une nécessité absolue. Aucune question, en particulier celle de notre pouvoir d’achat, de notre protection sociale, des services publics, des avantages sociaux dont nous bénéficions, ne doit être laissée au bon vouloir de la droite et des sociaux-libéraux. Les luttes, fermes, résolues, comme celles engagées par les salariés de La Poste, Carrefour, PSA, de Fralib, Net Cacao, Toyota Continental, Mark et Spencer, Vernis Soudes, ainsi que dans des centaines d’autres entreprises, grandes ou petites, montrent le refus de la résignation et qu’il est possible de sauver des entreprises que les patrons veulent fermer. Elles montrent également que l’on peut augmenter les salaires. De nombreuses luttes engagées aujourd’hui dans notre pays montrent l’exemple qu’il faut propager. Il y a urgence à briser la logique mortifère d’accélération de l’augmentation des profits et de paupérisation de l’ensemble des salariés de France. Il faut mettre fin à cette société d’injustice sociale, ouvrir une véritable perspective novatrice, progressiste, permettant à notre peuple de reprendre la main sur l’essentiel de ce qui détermine notre vie, celle des futures générations. Il n’existe qu’une seule voie, celle de la lutte, de l’action, de la prise de conscience et ce n’est pas en gardant l’arme au pied que

nous rétablirons le droit de notre peuple à être réellement souverain jusque dans les questions du devenir économique, social et politique de notre pays. Ceux qui luttent aujourd’hui nous montrent la juste voie à prendre. Celle du refus du fatalisme, de la résignation. Ils ont mille fois raison. Le respect de la dignité du monde du travail, de nos droits, du devenir de notre société, de celui de nos enfants, dépend, quoi qu’on en pense, quelles que soient nos opinions, de notre engagement commun pour sortir notre société de l’impasse dans laquelle les Sarkozy, la grande bourgeoisie l’ont plongé. Nous devons, à l’ARAC, nous engager en tant qu’organisation dans les actions, les luttes, pour peser sur ces choix politiques. Nous devons le faire sans concessions. Nous devons être d’une fermeté absolue face à la grande finance, au patronat, aux pillards de toute nature, face à tous ceux qui sont près à nous tondre pour le plus grand bien du profit capitaliste. Nous pouvons construire, en France, une société de justice sociale, s’attaquer à la misère. Construire une société fraternelle, solidaire, où chacun devrait pouvoir trouver toute sa place et s’épanouir. Oui vraiment, ceux qui vivent aujourd’hui, ce sont bien ceux qui luttent et qui nous ouvrent une autre perspective que celle de la résignation et du repli sur soi. Hervé Corzani


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Pacte pour l’euro L’austérité gravée dans le marbre européen Les événements de ces dernières semaines : les terribles catastrophes au Japon, la guerre sous supervision militaire et politique de l’OTAN en Libye et l’intervention de la France en Côte d’Ivoire ont occulté les décisions que viennent de prendre récemment les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne, sous l’appellation de Pacte pour l’euro. En effet, après le passage en force du traité de Lisbonne, malgré le « non » français, néerlandais et irlandais, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, pacsés pour l’euro-austérité, à la suite du Conseil européen du 11 mars, ont scellé un pacte qui prône ni plus ni moins que « l’assistance financière sera subordonnée à une stricte conditionnalité, dans le cadre d’un programme d’ajustement macroéconomique ». Autrement dit, des plans d’ajustement structurels, comme pour les pays en voie de développement, « sous les auspices du FMI et de la Commission de Bruxelles ». Ainsi, la pression à la baisse sur les rémunérations du travail se fera à l’intérieur de l’UE vers le moins-disant social, mais aussi dans la compétition avec les salariés du Brésil, de la Chine ou de la Corée du Sud. Il est demandé aux gouvernements de presser les salaires dans le public pour aider le privé à extorquer plus de valeur issue du travail. Plus encore, l’impôt sur les sociétés serait harmonisé vers le bas. Le taux d’imposition sur les sociétés est de 34 % en France, de 29,8 % en Allemagne. Le taux moyen européen est de 25,7 %. De quoi faire jubiler les entreprises françaises du CAC 40 qui ont engrangé quelque 84 milliards d’euros de profit pour la seule année 2010, soit 89 % de hausse par rapport à 2009. Quand on pense que le gouvernement Sarkozy comme la Commission européenne culpabilisent les citoyens avec les déficits publics alors que l’alignement sur la fiscalité allemande conduit à abaisser l’impôt sur les grandes fortunes (ISF), déjà de 2 milliards pour l’année à venir, puis de

4,5 milliards, avec une baisse de l’impôt sur les sociétés de 2 milliards, soit l’équivalent de deux fois le budget de la Santé. Le pacte pour l’euro porte bien son nom parce qu’il est un pacte avec et pour l’argent contre le social, contre le travail. C’est aussi avec cet objectif que Nicolas Sarkozy s’efforce de modifier la Constitution pour y inclure notamment l’interdiction des déficits publics, la réduction de l’ISF, le recul de l’âge de la retraite à 67 ans, le refus de toute augmentation de salaires, l’ouverture du risque de la dépendance aux assureurs privés, une inique contre-réforme des collectivités territoriales qui s’ajoute à la fameuse RGPP contre les services publics. Instruits par les terribles mesures de régression sociale imposés aux salariés grecs, irlandais et portugais, les dirigeants syndicaux européens ont montré leur détermination à combattre ce pacte suicidaire notamment lors des grands rassemblements de Bruxelles le 24 mars et de Budapest le 9 avril. Dans ce contexte, il convient de souligner la puissance des mouvements de protestations populaires grecques, portugaises et britanniques contre la casse de leurs systèmes de solidarité et leurs services publics. Car, il ne faut pas se le cacher, ces luttes syndicales, face à la résistance du patronat et des gouvernements européens ont besoin de se multiplier dans les entreprises pour gagner un nouveau souffle. Et, dans le même temps, il y urgence que s’organise une convergence entre les réponses syndicales et les réponses politiques, faute de quoi le patronat en profitera pour imposer

des changements régressifs dans les rapports sociaux sur lesquels les gouvernements entendent s’appuyer pour mieux justifier leurs mauvais coups politiques. Pour illustrer, écoutons le Premier Ministre français, François Fillon, lorsqu’il affirme : « Le moteur franco-allemand a une fois encore montré sa capacité (...) à œuvrer dans l’intérêt de tous, en fixant plus de rigueur économique, plus de coordination politique, plus de compétitivité ». Et comparons avec ce que dit à ce propos Jean-Claude Trichet président de la Banque centrale européenne (BCE) : « Nous ne pouvons rien contre l’augmentation immédiate des prix (...). En revanche, nous devons éviter que les autres prix se mettent à bouger (...), y compris bien entendu les salaires ». Comme on peut le constater, les deux, à leur manière, justifient au nom de la sacro-sainte compétitivité, la course au moins-disant social, notamment par la pression sur les salaires afin de satisfaire les exigences toujours plus fortes des détenteurs de capitaux. Il y a urgence à impulser contre cette logique une harmonisation des droits sociaux par le haut, en Europe et à l’échelle mondiale. Cela implique une transformation de la BCE pour impulser un nouveau crédit du local au continent européen, le refinancement des dettes de certains États, l’utilisation de son pouvoir de création monétaire, la taxation des mouvements des capitaux intereuropéens et, pour commencer, une taxation sur les sociétés et le capital pour financer un effort commun sans précédent pour la recherche, la formation, l’éducation. Enfin, l’Europe pour laquelle nous agissons au sein de l’ARAC, nous entendons qu’elle promeuve le désarmement et la paix entre les peuples. Auguste Bechler

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L’ARAC et le 8 Mai Ce 66e anniversaire du 8 mai 1945, comme les anniversaires passés de cette date mémorielle, ne constitue pas seulement pour l’ARAC l’anniversaire de la victoire des armées françaises, anglaises, américaines et soviétiques, de la Résistance intérieure de la France conduite par Jean Moulin et de la Résistance extérieure avec le général de Gaulle. Il constitue la victoire et l’aboutissement de la lutte antifasciste engagée dès les années 1920 par l’ARAC et singulièrement ses dirigeants Henri Barbusse et Paul Vaillant-Couturier qui alertèrent les opinions nationale et internationale sur la « nécessité de la lutte pour la paix et contre le fascisme ». Cette lutte s’accentua à partir de 1934, année des émeutes fascistes à Paris auxquelles l’ARAC s’opposa avec vigueur aux côtés d’autres organisations démocratiques. Elle redoubla d’énergie lors du Front populaire qui, devant la crise totale concrétisée entre autres par la baisse des salaires des fonctionnaires et des retraites, la suspension des sub-

ventions et des crédits pour les agriculteurs, le chômage, exigeait « le pain, les roses et la liberté ». Alors que la droite et les tenants des ligues fascistes criaient « Plutôt Hitler que le Front populaire ». Elle devint la Résistance durant l’occupation et le gouvernement du traître Pétain. C’est donc la victoire de cette Résistance à la Libération, tandis que le pays reprenait le chemin de la démocratie et de la liberté avec la mise en œuvre des grandes réformes sociales, économiques et politiques inspirées du programme du Conseil national de la Résistance, en somme la victoire, après d’immenses sacrifices, du Front populaire. C’est aussi la victoire de tous ceux qui ont été martyrisés et qui ont donné leur vie, les Jean Moulin, les Guy Môquet, les autres fusillés de Chateaubriand, les Manouchian, les René Sahors et les fusillés du Mont Valérien, les exécutés sans jugements et autres, la liste est longue… C’est la victoire des Danielle

Casanova et Marie-Claude VaillantCouturier, des Gabriel Péri et Marcel Paul… L’ARAC porte en elle cette mémoire et la fait connaître le plus largement possible aux générations nouvelles car elle considère que « rien n’est jamais acquis.» et que « le ventre est encore fécond d’où est sortie la bête immonde », comme le disait justement Berthold Brecht. Parmi les multiples initiatives, ses rassemblements nationaux en témoignent, tel celui du 14 mai prochain à Tergnier qui rendra hommage à la jeunesse indignée et résistante de Picardie et à la résistance cheminote par l’un des siens. Et l’ARAC considère aujourd’hui que la situation économique, sociale et politique, au total la crise que vit notre pays fait le lit d’une renaissance du fascisme et de la xénophobie sous de multiples formes et pas seulement celle d’un parti, ce qui justifie amplement l’action de mémoire et de ferme opposition qu’elle conduit. Paul Markidès

Essais nucléaires

Décidément les essais nucléaires n’ont pas fini de faire parler d’eux ! Non seulement les hommes en subissent toujours les conséquences, la nature également, mais aussi pour la survie d’un atoll en Polynésie française désormais menacé. Récemment, un délégué à la sûreté nucléaire et à la radio-protection pour les activités et installations intéressant la Défense (et responsable des anciens sites d’essais) a présenté aux autorités polynésiennes un rapport concernant l’atoll de Mururoa. Conscient des risques d’un effondrement d’une partie de cet atoll, la Défense a mis en place dans son sous-sol un service de surveillance géo-mécanique. Le tout, bien entendu, est de tenter de détecter les signes avant-coureurs d’une telle catastrophe afin de pouvoir prévenir les populations menacées par tsuna-

mi qui en serait la conséquence. Le plus proche atoll habité est Tureia distant de 105 kilomètres. Une suite de vagues pourrait parcourir cette distance en 10 à 15 minutes et déferler au sud de cet atoll. La population de Tureia, alertée par ces perspectives pessimistes, demande avec insistance la mise en place immédiate de mesures de protection, ainsi qu’une évaluation exacte et précise des risques géologiques et radiologiques. Dans quel engrenage les gouvernements ont-ils engagé l’homme en jouant avec les essais nucléaires ? Quelles catastrophes nouvelles allons-nous découvrir dans les décennies futures ? Alors, plus que jamais, halte à la course aux armements et finissons-en avec les arsenaux nucléaires ! C’est une question de survie pour l’humanité et un objectif majeur pour les forces pacifiques, dont les ACVG de l’ARAC.

Les apprentis sorciers

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international LE RÉVEIL

8 mai 2011 Message de l’UFAC L'UFAC (Union française des associaassociations de combattants et de victimes de guerre) souhaite que ce message soit lu par une jeune fille ou un jeune garçon. Il appartient à toute instance éducative ou associative contactant la future lectrice ou le futur lecteur d'assurer l'information sur le contecontenu de ce message. Nous sommes réunis aujourd’hui pour commémorer le 66e anniversaire du 8 mai 1945, jour où l'Allemagne nazie capitulait sans condition. C'était la victoire des armées alliées, de la Résistance intérieure et extérieure avec le général de Gaulle et ceux qui l'ont rejoint, telle l'armée d'Afrique. En ce jour anniversaire, nous leur rendons hommage, ainsi qu'aux combattants de la liberté de tous les pays et exprimons notre attachement à l'ensemble de nos forces armées. La Seconde Guerre mondiale fut, en nombre de victimes, le conflit le plus meurtrier de tous les temps : - 55 millions de morts, - 3 millions de disparus, - 35 millions de blessés, - des veuves, des orphelins et des prisonniers par millions. L'horreur des camps de concentration et d'extermination, l’horreur des crimes commis pendant les années d’occupation nazie et fasciste devenaient pour tous une affreuse réalité. Notre mémoire collective garde le souvenir des combattants et des victimes civiles. Elle conserve en particulier le souvenir des otages, des exécutions sommaires, des victimes de l'internement, de la déportation et des génocides. L’UFAC s'emploie à transmettre aux jeunes générations la mémoire des événements passés. Elle les appelle à une vigilance permanente pour la défense des droits de l'homme et la préservation de la paix. Vive la France ! Vive la République !

Les règles de l’ONU piétinées En 1945, la Charte des Nations unies dotait le monde d’un droit international révolutionnaire qui mettait la sécurité internationale entre les mains de peuples souverains dont l’ONU était le lieu où unir leurs efforts par l’intermédiaire de leurs gouvernements. Non seulement ce beau projet est resté lettre morte (à l’exception des 10 millions de manifestants dans le monde qui ont empêché que la coalition contre l’Irak réussisse à acheter les voix des autres membres du Conseil de sécurité), mais les gouvernements agissant pour le compte des financiers ont réussi, surtout depuis que l’effondrement soviétique les a libérés de toute contradiction, à mettre l’ONU à leur service en accumulant les violations de ce droit international qu’elle était destinée à servir. C’était déjà le cas sur l’Afghanistan avec la délégation à l’OTAN qui, par sa nature même, est aussi illégale en droit international que le serait un groupe armé en droit national. Mais avec la Libye, le comble est atteint. L’art. 2.7 interdit à l’ONU d’intervenir dans les affaires relevant de la compétence d’un État. Les articles 24 et 37 limitent la compétence du Conseil de sécurité au maintien ou au rétablissement de la paix. Même pour cela, l’article 42 l’oblige à ne recourir à la force armée qu’après avoir essayé tous les moyens diplomatiques et économiques. Et pour la force armée, selon l’article 43, c’est lui qui en détermine les modalités d’intervention, et les articles 46 prévoient que les États mettent à sa disposition les

forces nécessaires, sous le commandement de son comité d’état-major. Toutes ces dispositions sont outrageusement piétinées, quand le Conseil « autorise » des États à prendre « les mesures nécessaires » (en leur en laissant le choix), ce qui revient à les autoriser à violer l’article 2.4 qui leur interdit le recours à la force contre l’intégrité d’un autre État. Et aucun des États disposant du veto, destiné à empêcher ces dérives, ne l’a utilisé ! Certains y voient la répétition de l’échec de la SDN. C’est pire, car la SDN n’était qu’une concertation de puissances dans la vieille logique de partage des dominations sur les peuples. Aujourd’hui, c’est le triomphe de cette vieille logique, qui ne pouvait accepter de se soumettre à une règle de droit qui mettait l’avenir entre les mains des peuples. Contre ceux-ci, ils sont en train de réussir à transformer l’ONU en instrument et couverture de leur gouvernance mondiale. La grande ambition de 1945 n’est pourtant pas abrogée. Mais il ne suffit pas qu’un droit soit écrit sur un papier. Le faire vivre est un combat. Le fait qu’il soit écrit aide à ce combat puisqu’il le légitime. Mais, c’est un combat qui suppose qu’on en connaisse les termes, que tout aura été fait pour occulter, ou pervertir. Et l’on ne fait sans doute que commencer à en connaître le prix. Il est urgent que les peuples soient mis en mesure de prendre en main leurs pouvoirs si chèrement acquis. Roland Weil

Mont Valérien - Cérémonie du souvenir et de la fidélité Samedi 4 juin 2011 à 15 h 30 A 18 h : cérémonie à l’Arc de triomphe Organisée par l’Association pour le souvenir des fusillés du Mont Valérien et Ile-de-France, devant le mémorial de la France combattante.

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Lybie I Une guerre à l’odeur de pétrole Alors que le conflit semble au bord de l’enlisement, la coalition occidentale, États-Unis en tête, réclame le départ de Kadhafi. L’ONU n’est plus dans son rôle et les intérêts des grandes puissances prévalent. Le 19 mars à 17h45 les forces françaises aériennes sont les premières à ouvrir le feu sur les troupes du colonel Kadhafi, en territoire libyen. Au terme d’un forcing diplomatique soutenu par Londres, puis Barack Obama un temps hésitant pour cause de difficultés à gérer déjà deux guerres, Nicolas Sarkozy peut bomber le torse à la George W. Bush. Il a obtenu satisfaction. L’opération « Aube de l’Odyssée » est lancée, validée par l’adoption de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU), en dépit de l’abstention et de la réserve de plusieurs États dont l’Allemagne, la Russie, la Chine et de la Ligue arabe. Dès les premières frappes, le président français se positionne en chef de guerre et en porte-parole de la coalition occidentale. Il affirme, face aux caméras, qu’il s’agit de « protéger des civils sans défense » et d’appuyer l’émergence de la démocratie. La résolution de l’ONU stipule que l’objectif recherché de la guerre se limite à la protection des « populations et des zones civiles menacées d’attaques en Jamahiriya arabe libyenne ». Mais ces précautions de langage destinées à rallier ou, au moins, à obtenir l’abstention des pays hésitants sur le vote de la résolution du Conseil de sécurité ne sont qu’un écran de fumée pour mieux dissimuler des stratégies de va-t-en-guerre des coalisés occidentaux.

Les Américains à la baguette Tout d’abord qui commande vraiment l’intervention ? Dès le début, militaire10 -

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ment les États-Unis ont conduit la direction des opérations de guerre et dans les airs, assuré l’essentiel du « job » pour anéantir les défenses anti-aériennes de l’armée libyenne. Pas moins de 124 missiles tomahawk ont été lancés le premier week-end depuis des vaisseaux de l’US Navy croisant en Méditerranée. Des bombardiers furtifs ont traversé l’Atlantique pour lancer 45 missiles d’une tonne sur des cibles libyennes. Aujourd’hui, après plusieurs semaines de combat, c’est l’OTAN, même s’il est traversé par des dissensions sur la stratégie à adopter face à un Kadhafi qui résiste, qui est à la manœuvre. Et qui dirige l’OTAN ? Autre question : quelle est la finalité exacte de cette guerre ? Une chose est sure, elle suscite inquiétude et colère au sein du monde arabe. Quelques jours après le déclenchement des hostilités le plus grand quotidien algérien, El Kahabar, titrait : « Quand le pétrole se mêle au sang libyen ». A Bahreïn, les opposants au clan sunnite des Khalifa, protégé de la Maison-Blanche, estiment que « la France et la Grande-Bretagne veulent sécuriser leurs approvisionnements en pétrole ». Même interrogation de l’opposition au Yémen où la répression des manifestations, qui dure depuis près

de deux mois, a fait plus de 120 morts : « Pourquoi ne pas intervenir au Yémen, ou le gouvernement tire sur son peuple, est-ce une fois de plus à cause du pétrole? » se demande la rue. En Syrie, le fils Al Hassad fait tirer sur la foule faisant plusieurs dizaines de morts en toute impunité. Deux poids, deux mesures ?

Une guerre au relent de pétrole La Libye est aujourd’hui le second producteur de pétrole en Afrique, derrière le Nigeria. Le sous-sol est riche de réserves très importantes. De quoi justifier les appétits occidentaux alors même que sur fond de crise nucléaire au Japon, le brut apparaît comme une source d’énergie de nouveau très convoitée. Le pétrole libyen représente près de 20 % des approvisionnements italiens et au moins 10 % des français. Jusqu’à présent les grandes puissances capitalistes s’étaient parfaitement accommodées du régime Kadhafi et de ses dérives sanglantes. Il n’y a pas si longtemps, le colonel bédouin imposait encore à Paris l’installation de sa tente sur les pelouses de l’Élysée. A Washington, les dirigeants américains ne s’offusquaient que très peu des violations des droits de l’homme en Libye tandis que les échanges commerciaux entre les États-Unis


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et Tripoli passaient de 10,3 milliards de dollars à 30 milliards au cours de la dernière décennie.

La guerre vise-t-elle à renverser le tyran ? Au tout début, la réponse était non. Selon le Premier Ministre britannique, David Cameron, il n’y avait pas « de base légale pour démettre le colonel libyen par des moyens militaires ». D’autres capitales membres de la coalition ont également entonné le couplet de la démocratie, la nécessité de rendre aux libyens leur liberté et leur souveraineté… Un seul but était avoué : aider les insurgés et transférer le pouvoir au Conseil national de transition (dont on ne connaît ni le passé politique de ses membres pas plus que les objectifs). Un CNT reconnu comme principale autorité et reçu dès sa constitution par Nicolas Sarkozy en son palais. Toutefois dès le 21 mars, Washington était beaucoup plus clair quant aux intentions des forces occidentales. Le départ du colonel Kadhafi « demeure le but ultime des États-Unis » déclarait le département d’État américain. « La position américaine est que Mouammar Kadhafi doit partir », précisait Barack Obama en visite à Santiago du Chili, à la même époque, tout en jurant la main sur le cœur que Washington s’en tiendrait au mandat fixé par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Drôle de rôle pour les Nations unies Aujourd’hui, les masques sont tombés. Paris, Londres et Washington ont annoncé clairement leur objectif dans un texte commun : la chute du dirigeant libyen, préférant ainsi la force à l’issue politique et se plaçant, de facto, en dehors de la résolution 1973 de l’ONU. Alors, aller plus loin dans la guerre ? La question semble désormais posée. Déjà, plusieurs géostratéges militaires expliquent que si rien n’autorise pour l’heure le déploiement d’une force terrestre en soutien aux opposants libyens, le texte onusien pourrait être réinterprété en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain. La ligne

rouge de l’intervention terrestre est-elle en passe d’être franchie et quel rôle joue désormais l’ONU ? Créée en 1945, l’Organisation des Nations unies a inscrit dans sa charte « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et l’obligation de résoudre pacifiquement les différends ». D’abord un temps paralysée pour cause de guerre froide entre les deux blocs de l’Est et l’Ouest, elle semble aujourd’hui se détourner de sa mission initiale et dans bien des cas instrumentalisée par les grandes puissances. Les interventions en Libye et en Côte d’Ivoire en témoignent.

Pour Gus Massier, membre du conseil international des forums sociaux mondiaux, « les Nations unies sont affaiblies par ceux qui la contrôlent, à savoir le bloc occidental (États-Unis et Europe) qui continue à contrôler le Conseil de sécurité. Ces puissances ont recours à l’ONU chaque fois que cela sert leurs intérêts, et au contraire bloquent le système quand il risque d’aller à l’encontre de ces intérêts ». Jean-Pierre Delahaye

La France doit reconnaître l’État palestinien ! De la Tunisie à l’Égypte, l’exigence de liberté mobilise l’ensemble du monde arabe, dans sa diversité. Cette même exigence guide le peuple palestinien, soutenu par de nombreux pacifistes israéliens. Une mission parlementaire de notre Assemblée nationale s’est rendue en Palestine. Elle a été bouleversée par les humiliations, la ségrégation, les souffrances endurées au quotidien par les populations palestiniennes. La semaine dernière encore, à Bil’in, une jeune pacifiste a été tuée par l’armée israélienne, en manifestant contre la partition de son village par le mur. Le gouvernement israélien poursuit sa politique de colonisation de la Cisjordanie, en créant de véritables bantoustans. Chaque jour, la Palestine se trouve un peu plus morcelée. Je partage les propos du Premier Ministre palestinien lors de sa visite en France : l’idée de deux États comme solution au conflit est désormais sérieusement en danger. Ne nous leurrons pas, les processus de paix sous leurs formes actuelles sont en échec. Le moment est venu pour que la France reconnaisse officiellement l’État palestinien, dans ses frontières de 1967, avec Jérusalem Est comme capitale. Le monde arabe nous regarde et attend ce

signe fort, conforme au message universel de la France et à la tradition d’indépendance de notre diplomatie. Monsieur le Premier Ministre, la France est-elle prête à reconnaître dès maintenant l’État de Palestine ? Le peuple palestinien refuse d’attendre encore pour avoir enfin sa terre et un État souverain. Claude Delevacq

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LE RÉVEIL actualité international

Électricité : pour qui la concurrence ? Article repris de la Revue des ingénieurs n° 452 - avril 2011 On aura beau retourner le problème dans tous les sens, rien ne permettra d’échapper au paradoxe de la situation dans laquelle la France s’est mise pour son alimentation en électricité. Sous diverses pressions, et tout spécialement celle de Bruxelles, l’État français a décidé, au tournant du siècle, de confier au jeu de la concurrence et aux disciplines du marché la « régulation» du secteur de l’électricité. Peu avertis ou mal informés, les milieux industriels y ont généralement poussé, persuadés que la compétition allait enfin faire baisser les prix du kW/h. En fait et comme la poule qui a couvé un canard, le gouvernement français se trouve confronté, dix ans après, à une situation impossible : on avait ouvert les frontières et livré l’électricité à la concurrence pour faire baisser les prix... et ces prix, il faudrait aujourd’hui accepter de les laisser monter considérablement pour jouer normalement, et en tous lieux, le jeu du marché européen. Quel est le criminel qui a ainsi sabordé l’accès tant désiré de la France électrique aux disciplines du marché ? Ces disciplines vantées par les nouveaux gourous du libéralisme (1) et soutenues par les autorités de Bruxelles. Ce criminel, c’est EDF. Son crime ? Etre trop bon marché. Des circonstances aggravantes ? Ce résultat a été obtenu (malgré tout ce qu’on raconte pour sauver les apparences) sans la moindre subvention de l’État (2). Nationalisée certes, l’entreprise EDF n’en était pas moins une entreprise au sens plein du terme, avec ses comptes et ses résultats vérifiés par expert-comptable. Et l’énorme programme 12 -

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nucléaire que ses concurrents lui envient aujourd’hui, c’est par emprunt ou autofinancement qu’elle l’a financé, sans que l’État français, donc le contribuable, y ait mis un sou. Pas un sou non plus en provenance du consommateur puisque, hors certains très gros clients qui sont des cas d’espèce liés à des problèmes de financement, les tarifs d’EDF étaient (hors taxes) parmi les moins chers d’Europe : le « client » n’y a donc pas contribué non plus. Et c’est là que git le scandale : bien que nationalisée, EDF était une entreprise efficace, qui a su faire les bons choix au bon moment (3), et surmonter les handicaps hérités de son statut. Et surtout, elle a su rendre son personnel fier de la Maison à laquelle il appartenait (4) ; ce qui vaut tout le reste, et n’est pas si facile. C’est ce scandale que, Bruxelles aidant, on a réussi à remplacer par un autre scandale : puisque, grâce notamment à son programme nucléaire (auquel, je le répète, ni le contribuable, ni le client n’a apporté un sou) (5), EDF a des coûts de production notablement moins élevés que ceux du marché européen où peuvent s’approvisionner ses concurrents, on va obliger ladite EDF à subventionner lesdits concurrents pour leur permettre d’être enfin compétitifs. On marche sur la tête. Cela dit, comme, dans ce secteur de l’électricité, tout le monde est maintenant obligé de marcher sur la tête, un dialogue peut utilement s’établir entre les uns et les autres, placés dans la même position. Et, c’est vrai, puisque le gouvernement français, après avoir ouvert l’électricité française à la concurrence européenne, en refuse absolument les conséquences, il faut bien trouver une solution de « second best » (c’est de l’anglais et best ne veut

pas dire ici bête mais meilleur...) Finie donc la régulation par le marché. Le pouvoir fait retour à l’État et c’est lui, ou son délégué, qui va fixer souverainement le prix auquel EDF sera tenu de brader sa production à ses concurrents. Ceux-ci ne manqueront pas de faire appel à des firmes de conseil et de relations publiques pour obtenir de l’État les meilleurs prix. EDF devra donc en faire autant de son côté. Et régnera enfin la concurrence, puisque ce sera la meilleure équipe de relations publiques qui gagnera. Mais était-ce bien entre firmes de relations publiques que l’on recherchait les heureux effets de la compétition ? En tout cas, c’est là de la vraie concurrence, sans qu’on ait exigé de l’une des équipes, plus prospère, qu’elle subventionne l’autre avant la confrontation. Pas encore en tout cas… M. Boiteux de l’Institut 1 / J’ai enseigné les mérites de la concurrence dans les années soixante, à une époque où c’était méritoire, et je ne vise ici que les gourous, pas l’économie de marché. 2 / C’est absolument incontestable depuis le milieu de la décennie 70, et on rappellera ici que cela reste vrai aussi pour le passé lointain si l’on considère que les prêts du FDES, étant rémunérés, apparaissaient eux aussi comme des emprunts, vus d’EDF. 3 / On citera la méthodologie des choix des investissements et de la fixation des tarifs dans les années cinquante, le passage dès 1970 (des pionniers !) de l’analogique au numérique, le changement de filière nucléaire à la même époque, etc. 4 / Certains diront que ce n’était pas étonnant, avec tous les avantages qu’il avait. D’une part, c’est beaucoup moins vrai qu’on le croit pour le personnel non cadre, et complètement faux pour les cadres. D’autre part, «ça ne vous regarde pas » : seule compte la compétitivité du prix de vente. Qui pense au salaire de l’ouvrier qui l’a emballée quand il achète une brosse à dent ? Ce qu’on veut, c’est que celle-ci soit bon marché à qualité égale. C’était le cas pour l’électricité. 5 / On rappellera ici, pour répondre aux critiques faciles qui ne manqueraient pas de surgir encore, que si EDF a quand même bénéficié de la garantie de fait de ses emprunts, elle l’a payée très cher par des voies détournées.


LE CAHIER MÉMOIRE

le réveil

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des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807  Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

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ÉDITO - Par Paul Markidès

Aspects de la montée du fascisme en Europe

Dans le courant des années 20, plusieurs pays de l’Europe occidentale ont vu l’extrême droite apparaître sur leurs scènes politiques. Devant la crise économique, les baisses des salaires, notamment ceux des fonctionnaires, et des retraites, l’augmentation des impôts, les suspensions des subventions et des crédits pour les agriculteurs, le chômage, l’extrême droite lance des réponses démagogiques trompeuses pour les populations. En Allemagne, Hitler et le Parti national-socialiste, en Italie, Mussolini et le Parti fasciste arrivent au pouvoir. En France, l’extrême droite, avec Pétain, arrive à la tête de l’État dans l’Hexagone grâce à l’occupation nazie. D’autres pays d’Europe sont engagés dans les mêmes voies. Il est nécessaire pour comprendre la situation de notre pays aujourd’hui de prendre connaissance de ces événements pour nous éclairer dans les combats que nous menons aujourd’hui contre la droite et l’extrême droite. Avec Annie Lacroix-Riz, nous découvrons ou redécouvrons le fascisme en France. Ludmila Acone pour l’Italie et le regretté Gilbert Badia pour l’Allemagne nous éclairent sur la montée de l’extrême droite dans ces pays. Il n’échappera à personne le fait que ces informations sont aujourd’hui d’une utilité certaine pour le présent.

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LE RÉVEIL dossier

De la chasse aux « indésirables » à la solution finale : le cas français Annie Lacroix-Riz

En janvier 2010, lors de notre premier cahier de la mémoire sur le fascisme, Annie Lacroix-Riz, professeur d’histoire contemporaine, avait commencé le cheminement du fascisme en France. Avec l’article suivant, elle poursuit cette étude Ce qui vaut pour le fascisme vaut pour l’antisémitisme, dont la France, puissance impérialiste et coloniale, fut comme le Reich allemand un modèle depuis la première grande crise du capitalisme, celle de 1873. La fusion fasciste déjà mentionnée s’accompagna d’une grande violence antisémite, mais l’inspiration et l’allure très germanique de celle-ci dans les années 1930 ne sauraient gommer l’apport d’une histoire nationale illustrée par l’affaire Dreyfus et ses suites. Parangon de la droite « modérée », Pierre-Étienne Flandin, chef de l’Alliance démocratique, anglophile spectaculaire de l’après-Première Guerre mondiale, était devenu depuis 1938 un agent hitlérien stricto sensu. Il tonnait régulièrement (ainsi le 6 juin 1939) contre la « juiverie internationale qui, aujourd’hui, non seulement voulait déclencher une guerre punitive contre l’Allemagne et l’Italie, mais dont les organisations s’efforçaient d’accuser l’Europe entière de tolérer la persécution des Juifs et de [la] punir par une guerre générale ». Il fut aussi, à l’époque de Munich 14 -

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où il brûla publiquement de passion pour Hitler, et au-delà, un des champions contre la « colonisation de la France par l’étranger et surtout par l’étranger indésirable ». Ce mot d’ordre, au congrès de son parti, l’Alliance démocratique, le 14 novembre 1938, couvrait entre autres les plans assassins contre les frontières nationales et le régime républicain. Les complices « républicains », actifs et passifs des conjurés, à commencer par Daladier, participèrent à la chasse à ces « indésirables », via une avalanche de décrets-lois depuis mai 1938. Dans une France où le grand ca-

pital avait géré le « dumping social » par l’importation massive de main-d’œuvre depuis les années 1880, cette curée visait notamment les juifs venus de l’Est dans les années 1920 et les juifs allemands réfugiés depuis 1933. Elle constitua un pan de la guerre contre les salaires et les salariés étrangers mais aussi français, autant et plus qu’une simple croisade idéologique « anti-métèque » des seuls éléments excités de la petite et moyenne bourgeoisie fasciste. Les décrets xénophobes furent certes peaufinés, pour leurs aspects politiques, par des chefs de la police « républicaine »


dossier LE RÉVEIL

qui haïssaient les étrangers autant que les antifascistes français et qu’on retrouverait, soudés à la Gestapo occupante, au premier rang de la répression antijuive et anticommuniste. Mais les vrais inspirateurs de ceux qui frappèrent, avec les droits démocratiques des étrangers, leurs conditions de vie (et celle de tous les salariés, français compris) furent les maîtres de l’économie. Les chefs synarcho-cagoulards (1) de la chambre de commerce de Paris se flattèrent légitimement d’avoir tenu la main des rédacteurs « politiques » des décrets-lois. C’est sous la République que des éminences d’apparence « modérée », adeptes de l’Action française, préparèrent, outre l’assassinat de la République, la législation antisémite qui serait celle du régime successeur. Le juriste Raphaël Alibert, naguère dirigeant du Redressement français, une des ligues fascistes financées par le magnat de l’électricité (et synarcho-cagoulard) Ernest Mercier, mit au point sous la République les mesures antisémites fin prêtes avant la fondation officielle de Vichy : « Statut des juifs » du 3 octobre 1940 compris, qu’il signa comme (premier) ministre de la Justice de Pétain, sans préjudice de ses mesures contre les communistes, les francs-maçons et les fonctionnaires. Des synarcho-cagoulards distingués, dont certains inconnus du public, d’autres plus connus tel Du Moulin de Labarthète, avaient œuvré à ses côtés. Son successeur, sous le cabinet Darlan (février 1941-avril 1942) Joseph-Barthélémy, grand professeur de droit, personnalité de l’Alliance démocratique, un temps délégué de la France à la SDN, salarié du Comité des forges et rédacteur du plus grand journal du tuteur sidérurgique de la France, Le Temps, (ancêtre du Monde), chargé d’y porter, en

avril 1938, un coup fatal à la Tchcoslovaquie alliée, compléta le premier « Statut des Juifs » par celui du 2 juin 1941. Il continua, jusqu’en mars 1943, son œuvre antisémite (anticommuniste, antimaçonnique…) sous Laval, naguère « républicain » et parlementaire, dans la phase décisive de la solution finale en France. L’aryanisation, première étape, comme l’a montré Raul Hilberg (2), de la destruction des juifs d’Europe - ceux de France inclus - avait eu pour père, non pas Xavier Vallat, Action française et antisémite notoire (qui n’eut même pas à la Libération à fuir en Espagne comme son successeur Darquier de Pellepoix), mais un brillant inspecteur des finances : le synarque Pierre Fournier, gouverneur de la Banque de France qui avait cautionné avec son pair de la Banque d’Angleterre, l’hitlérien Montagu Normarr, la livraison au Reich de l’or de la Banque nationale d’Autriche (mars 1938) puis celui de la Banque nationale de Tchécoslovaquie (mars 1939), avant de livrer à Franco - décision purement française de juillet 1939 - celui de la République espagnole, confié depuis la création de celle-ci, en 1931, à la Banque de France. Fournier, remplacé en septembre 1940 à la Banque de France par Bréart de Boisanger, qui piaffait de remettre au Reich l’or de la Banque nationale de Belgique (quatrième forfaiture, deuxième directe, menaçante en cas d’avenir non allemand), accepta un poste de consolation qui pesa lourd dans l’histoire française de l’antisémitisme (et de l’anticommunisme) : la présidence, de septembre 1940 à août 1944, de la SNCF, dont les chefs synarques, lui inclus, réalisèrent jusqu’à la Libération la déportation des juifs de France - et montrèrent grand zèle dans la chasse aux résistants, communistes au

1 / Synarchie : théorie selon laquelle existait un complot réel ou supposé, cherchant à imposer à la France un régime technocratique international à la solde des juifs. 2 / Raul Hilberg, La destruction des juifs d’Europe, Gallimard, 1991

premier chef. Fournier présida aussi, de décembre 1940 à mars 1941, l’institution aryanisatrice qui devint à cette dernière date, le Commissariat général aux questions juives : les noms de Xavier Vallat et Darquier de Pellepoix sont connus, celui de Fournier ignoré. A l’antisémitisme violent des élites françaises qui avait caractérisé l’alliance « continentale » (franco-allemande) fit suite, à l’ère de l’hégémonie américaine, ce qui s’est récemment transformé en emballement philosémite, forcément suspect. Ceux qu’ébranle l’argument de la réflexion sur le passé, voire de la repentance sincère devraient faire de l’histoire, d’autant plus que le racisme envers les peuples naguère sous tutelle coloniale fleurit presque aussi librement dans la crise présente que l’antisémitisme de naguère. L’histoire du racisme, antisémite ou non, ne relève pas plus de l’idéologie exclusive que du fascisme. avril  2011 - N°771 - LE RÉVEIL

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L’avènement du fascisme en Italie

et la mise en place de la dictature (1919-1926) Ludmila Acone L’affirmation du fascisme en Italie se déroule en plusieurs étapes. Depuis la formation du Faisceau de combat par Mussolini en 1919, la montée du fascisme est marquée par la violence de masse et se termine par la crise consécutive à l’assassinat du député socialiste Matteotti. Il ne faut pas oublier que, dès 1914, Mussolini était exclu du Parti socialiste pour avoir voté, contre la majorité du Parti, pour l’entrée de l’Italie en guerre. A la sortie de la guerre, les « deux années rouges » marquent une forte combativité ouvrière : « Depuis les mouvements contre la vie chère […] on passe aux grèves ouvrières du Nord qui débouchent sur les tentatives d’occupation des terres en 1919 et des usines pendant l’été 1920. Le pays traverse une crise politique, économique, sociale et culturelle qui marque d’abord la crise puis l’écroulement de l’État libéral. » (1) Dans cette période, les fascistes n’ont eu de cesse de commettre des actes de violence contre les bourses du travail et les paysans en lutte. Après la marche sur Rome du 26 octobre 1922, Mussolini obtient d’être nommé président du Conseil par le roi, non pas à la suite d’élections, mais en jouant alternativement des menaces et de la négociation avec les libéraux au pouvoir. Le roi déclare alors : « Le seul moyen efficace pour éviter des secousses dangereuses est d’associer le fascisme au gouvernement par des voies légales. »(2) « Face au danger d’une révolution bolchévique, qui tend à s’inspirer de l’exemple russe, l’Église catholique, représentée par le Vatican, les in16 -

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1 / Nicola Tranfaglia, Il ventennio del fascismo dans La storia negata, Angelo Del Boca, Vicenza, Neri Pozza, 2009. 2 / Ibid. 3 / Tranfaglia, Nicola, La prima guerra mondiale ed il fascismo, Torino, Utet, 1995. 4 / Ibid.

L’effigie de Mussolini (le Duce), sur la façade du siège de la Fédération fasciste de Rome, en 1934.

dustriels rassemblés dans la Confédération générale des industriels, les propriétaires fonciers représentés quant à eux par les organisations syndicales et par les journaux, se placent tous du côté du mouvement fasciste. » (3) Dans les années 1922, 1923 et 1924, la situation politique est telle qu’elle ne permet pas à Mussolini et au Parti fasciste de mettre les libéraux de côté et de gérer seuls le pouvoir. Le tournant décisif vers la dictature se met en place après deux années de gouvernement et naît de la nécessité pour Mussolini de dépasser la crise qui a suivi l’enlèvement et l’assassinat de Giacomo Matteotti. « Les mesures prisent par le gouvernement de Mussolini dans les années 1925-26 sur les prérogatives du chef du gouvernement (décembre 1925), sur les facultés du pouvoir exécutif d’émettre des normes juridiques

(janvier 1926) transforment le régime parlementaire en une dictature qui met Benito Mussolini au centre du système, réduit le parlement à une assemblée dépourvue de pouvoir, et fait naître en quelques années (de 1923 à 1929) d’autres pouvoirs du nouvel État fasciste comme le Grand Conseil fasciste (1928), le Tribunal spécial (1926) contre les opposants au régime, la police politique secrète, l’OVRA (1927). »(4) Dans les deux années qui suivent le tournant du 3 janvier 1925, Mussolini complète la marginalisation de l’opposition en construisant le Syndicat fasciste des entrepreneurs et des travailleurs à la place de la pluralité syndicale, le parti unique remplaçant les partis existants, en décrétant la suppression formelle du système des administrations locales. Dans les provinces, les nouveaux préfets, représentants de l’État fasciste, sont tous puissants. Enfin la dictature règle le problème représenté dans la société civile par la présence autonome de l’Église catholique avec la négociation puis la signature des accords du Latran en 1929. En quelques années, le fascisme a imposé sa dictature à l’ensemble de la société et est prêt à se lancer dans des aventures guerrières vers l’extérieur. Le député socialiste Giacomo Matteotti, secrétaire des socialistes réformistes, a été enlevé puis assassiné après avoir dénoncé au Parlement les fraudes électorales massives commises par les fascistes aux élections de 1924.


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Falsification de l’histoire et réhabilitation du fascisme en Italie L Acone udmila

Début avril, un groupe de sénateurs de la majorité de droite en Italie, le PDL, déposait une proposition d’abrogation constitutionnelle de l’article qui « interdit la reconstitution du parti fasciste, sous toutes ses formes » (1). Le succès des mesures visant à la réhabilitation du fascisme en acte en Italie depuis plusieurs années passe nécessairement par une attaque frontale contre la Constitution de 1948, couronnement des principes émanant du Conseil national de la Résistance. Ainsi la ministre de l’Éducation nationale, Maria Stella Gelmini, a repris un cheval de bataille de la Destra du Latium : réécrire les manuels d’histoire jugés inexacts et partisans. Il est de bon ton de proclamer l’inutilité d’employer, aujourd’hui, des formes analogues à celles de l’ancien parti fasciste pour mettre en œuvre une politique que l’on pourrait définir sinon comme fasciste au sens large, au moins d’extrême droite. La ligue du Nord en est une illustration. Il importe cependant d’effacer la mémoire des crimes de guerres commis par l’Italie fasciste afin de permettre une plus grande marge de manœuvre lors des opérations de soi-disant maintien de la paix, qui ne sont en réalité que des actions de guerres, pourtant interdites par l’article 11 de la Constitution. En somme, la Charte fondamentale est encore perçue, par cette majorité, comme un verrou qui empêche la totale remise en cause des droits sociaux qui garantit la séparation des pouvoirs, empêche le pillage des ressources humaines, économiques et naturelles du pays. Une

autre proposition, issue du PDL, confirme ce dessein. Elle vise une modification constitutionnelle qui attaque les pouvoirs du président de la République, garant de la Constitution, coupable d’avoir refusé d’apposer sa signature sur plusieurs textes émanant de la majorité, et de la magistrature, seul organe qui résiste encore aux coups de boutoirs de Berlusconi. Cette offensive de la droite s’appuie sur cinquante ans de refus, (de la part de certains organes de l’État et d’une certaine historiographie), de dresser un bilan réel de l’expérience fasciste et, depuis plus de trente ans, d’une tentative de réhabilitation, d’abord mezzo voce, qui connaît actuellement une accélération croissante. Selon l’historien Angelo Del Boca : « Dans les dix dernières années, l’usage politique de l’histoire, qui n’a rien à voir avec la recherche historiographique, n’a épargné aucune des grandes questions de notre histoire nationale […]. Il s’agit

1 / Norme transitoire, article XII de la Constitution italienne. 2 / Angelo Del Boca, La Storia negata, Vincenza, Neripozza, 2009, en cours de traduction en français aux éditions Delga. 3 / Id, PP. 34-35

Mussolini en visite dans une maternité

de la plus vaste et sournoise offensive visant à l’effacement de la mémoire historique et au total refoulement des crimes commis en Italie, en Afrique, dans les Balkans, en Union soviétique […], une tentative de réécrire l’histoire contemporaine en Italie et en Europe en relativisant les horreurs du nazisme et de la solution finale, en dédouanant le fascisme et sa classe dirigeante, en délégitimant la Résistance et en diabolisant le communisme.» Dans le livre La Storia negata (2), Del Boca y est épaulé par les dix meilleurs historiens du fascisme et du colonialisme qui, chacun dans son domaine, dressent un bilan de l’état de cette offensive. Il est question, conclut Del Boca, de s’opposer « au risque d’une falsification totale de l’histoire » (…) « sans prétendre à la vérité absolue » contre « la nébuleuse de contrefaçons qui nous opprime, nous étouffe, nous avilit » (3). Car, en effet, le seul moyen de s’y opposer est encore et avant tout d’essayer de comprendre comment tout cela a pu se produire.

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La montée du nazisme en Allemagne Gilbert Badia

Gilbert BADIA, décédé le 4 novembre 2004, était un universitaire apprécié, un historien de renom qui avait acquis des connaissances approfondies sur l’Allemagne et s’est efforcé de les faire connaître au plus grand nombre. Deux de ses travaux sont particulièrement démonstratifs de ses connaissances : L’Histoire de l’Allemagne contemporaine 1917-1933 et L’Histoire de l’Allemagne contemporaine 1933-1962. Il nous a paru nécessaire d’extraire de son premier ouvrage 1917-1933 un passage significatif sur la montée du nazisme en Allemagne (p. 273 et suite). C’est surtout le parti national-socialiste qui va profiter du mécontentement des classes moyennes et de la paysannerie. Dans les élections locales, les nazis enregistrent des gains considérables. En Saxe, ils ont recueilli 14,4 % des voix. En Thuringe, depuis 1930, c’est un national-socialiste, Frick, qui est ministre de l’Intérieur. Il s’emploie aussitôt à truffer la police et l’administration de ses partisans et laisse sans réponse les représentations du pouvoir 18 -

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L’annexion du territoire des Sudète par le IIIe Reich

central qui conteste la légalité des nominations effectuées. Severing, puis Wirth, finiront par composer avec Frick en reconnaissant le fait accompli. Dans le Brunswick, en septembre, les nationaux-socialistes, qui ont 9 élus sur les 40 députés du Landtag, participent également à la coalition gouvernementale avec les partis de droite. Les masses populaires se jettent aux extrêmes : elles se radicalisent. Si les gains du Parti communiste sont moindres que ceux

des nazis, il faut en chercher la raison dans l’histoire de la République de Weimar. Depuis 1918, tous les partis, de la social-démocratie à l’extrême droite, ont pratiqué l’anticommunisme. Parfaits démagogues (1), les nationaux-socialistes jouent à la fois de l’antimarxisme, de l’antisémitisme et l’anticapitalisme. La brutalité de leur comportement (suppression physique de l’adversaire politique) fait croire à l’intransigeance de leurs conceptions. Ils sont portés


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par le grand courant nationaliste qui n’a perdu de sa force qu’en apparence. Enfin, ils bénéficient du soutien avoué ou tacite d’une partie de l’appareil d’État et des fonds d’une fraction de la grande industrie (2). Hitler est un excellent orateur, moins soucieux de faire réfléchir que d’entraîner, de fanatiser les foules qui l’écoutent. Il propose des slogans simplistes, inlassablement répétés, et désigne des responsables à la colère des masses : les judéo-marxistes, le système des partis (3), ceux qui ont signé l’armistice et le traité de Versailles ; il fait appel aux « forces saines », veut tirer l’Allemagne de sa léthargie, son slogan préféré est Deutschland erwcache ! (Allemagne réveille-toi !). Il propose à ceux qui l’écoutent un avenir de grandeur et de prospérité, du travail pour tous et un Reich millénaire. Il exalte ainsi les idées pangermanistes. Il dé-

nonce, dans le traité de Versailles et le plan Young, la cause essentielle de la crise économique que traverse le pays. Aux petits commerçants, il promet la suppression des magasins à prix unique ; aux paysans, la remise de leurs dettes et des prix rémunérateurs ; aux ouvriers, du travail et une rémunération juste ; à tous, le châtiment de leurs exploiteurs. Sa propagande, en cet été 1930, est axée sur la formule « So wie bisher geht es nicht weiter » (ça ne peut plus continuer ainsi), qu’approuvent sans hésiter toutes les victimes de la crise économique. Le programme initial du NSDAP (4) prévoyait la nationalisation des trusts (point 13), la réforme agraire sans indemnisation (point 17), la participation des ouvriers aux bénéfices (point 14). Mais dès 1927, Feder, l’auteur de ce programme, rend hommage aux Krupp, Thyssen, etc., « grands créateurs de l’industrie allemande ».

Autodafé à Berlin en 1933

Le programme est remanié. La propriété privée devient respectable et sera protégée. Seules sont désormais promises à la nationalisation « les entreprises anonymes et sans personnalité ». Quant à l’expropriation sans indemnité, elle ne s’appliquera « qu’aux biens fonciers acquis de manière illégitime… donc en premier lieu aux sociétés juives de spéculation foncière ». (5) Le 14 avril 1930, la fraction parlementaire nationale-socialiste dépose un projet de loi prévoyant « la nationalisation des banques. » (6) Non seulement ce projet ne sera pas discuté, mais Hitler lui-même donnera au groupe parlementaire l’ordre de le retirer. Il ne sera jamais plus question de nationaliser quelqu’entreprise que ce soit. M. Vermeil a raison d’écrire : « leur prétendu socialisme [des nationaux-socialistes] n’a été qu’un trompe-l’œil destiné à mettre le travail allemand au service du patronat industriel. » (7) avril  2011 - N°771 - LE RÉVEIL

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C’est de cette époque que date aussi la distinction, reprise sans pudeur par Hugenberg, entre le « capitalisme national » honorable et le « capitalisme international » d’où seraient venus tous les maux de l’Allemagne.

1 / À aucun moment par exemple on n’a envisagé, sous la République de Weimar, de faire appel aux communistes pour former une majorité. Les partis bourgeois et la social-démocratie les excluent par avance du jeu parlementaire. En pratique, les voix communistes « ne comptent pas ». 2 / Une résolution du Bureau politique du KPD du 4 juin 1930 note parmi les raisons de la poussée fasciste : l’agitation démagogique contre « l’asservissement du peuple allemand par le capital étranger » (plan Young), la crise économique et le pseudo-anticapitalisme des hitlériens, le soutien du capital financier qui se sert des bandes nazies pour imposer à la classe ouvrière des diminutions de salaire, la politique du cabinet Brüning dont font partie plusieurs membres du Casque d’acier, allié des nationauxsocialistes, le début de la mainmise des hitlériens sur l’appareil d’État (dans les Länder notamment), la politique de compromission avec la bourgeoisie pratiquée par la social-démocratie qui exaspère de larges masses, l’essor du mouvement révolutionnaire qui provoque le rassemblement de toutes les forces contre-révolutionnaires. Zur Geschichte, o.c. pp. 274-275. 3 / L’expression même, « le système » pour désigner le régime des partis, semble bien avoir été forgée par Hitler. 4 / NSDAP : Parti national-socialiste. 5 / Ce même Feder déclarera au Parlement le 4 décembre 1930 : « Vous n’avez aucune raison de nous supposer des tendances socialistes. » Il reconnait « l’importance sociale du banquier ». Et à la même époque l’organe central des nazis, le Völkischher Beobachter « reconnaît les droits légitimes du capital à être garantis et à recevoir un intérêt approprié ». 6 / « Toute la fortune des princes de la banque et de la bourse, tous les bénéfices de guerre, de la période d’inflation ou de déflation, seront confisqués sans indemnité au profit du peuple allemand », déclarait le projet de loi. 7 / E. Vermeil : L’Allemagne contemporaine, t. II p. 194.

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Un texte significatif

de Paul Vaillant-Couturier L’assaut fasciste de février 1934 a été repoussé. Le Front populaire est en formation : il ne peut laisser de côté ceux qui se sont laissés tromper par les ligues factieuses. Volontaire national, où vas-tu ? Nous ne doutons pas qu’il y ait, parmi les Volontaires nationaux, des jeunes gens convaincus, angoissés, animés du désir que ça change et qui veulent faire quelque chose, tout de suite. Ceux-là, qui ne sont pas tous liés à la classe dirigeante, qui sont souvent des employés, des fils de petits commerçants, des travailleurs longtemps abusés par un bourrage de crâne éhonté, ne vont-ils pas achever d’ouvrir les yeux ? On leur a beaucoup menti sur nous. C’est entendu. Mais on leur avait aussi menti sur le rôle que leur chef voulait leur faire jouer. Qu’ils aillent jusqu’au bout, maintenant, dans leur recherche de la vérité. Nous n’avons à l’égard des travailleurs, des employés, des techniciens égarés parmi les Croix-de-Feu et Volontaires nationaux aucune animosité. Ils ont cru aller vers quelque chose de propre. Ils découvrent soudain la marchandise malpropre que cachait le pavillon du colonel (1). Ils ont cru aller vers quelque chose de neuf. Ils ont été vers les plus vieilles formes d’oppression de droit divin. Ils ont cru aller vers quelque chose de dégagé de toute emprise politicienne. Ils ont dégringolé dans le château de cartes des formules les plus éculées et les plus impuissantes. Entre eux qui veulent honorer dans sa pureté l’idée d’une patrie qu’ils croient à eux et nous qui aimons notre pays et qui voulons conquérir notre patrie pour ceux qui travaillent et pour eux seuls, entre eux qui veulent la réconciliation française et nous qui la faisons dans le Front populaire pour la défense de la liberté, il n’y a qu’un malentendu entretenu par le capital à son profit exclusif. 12 juillet 1935 1 / « Colonel » : la plus puissante ligue mêlée aux émeutes de février 1934 était dirigée par le colonel Casimir de La Rocque.


vos droits LE RÉVEIL

Campagne double

l’UMP tire à blanc ! Le groupe UMP, ses leaders en tête - Patrick Beaudoin, Georges Colombier (hélas), Jean-François Lamour, etc. - a déposé, le 9 mars 2011, une proposition de loi « visant à rétablir l’égalité entre les combattants d’Afrique du Nord pour l’attribution de la campagne double ». La formule, elle-même, indique la volonté de l’UMP de sortir de la crise ouverte par le contenu du décret du 29 juillet 2010, en ne lâchant quasiment rien sur le fond du problème. Rappelons que ce décret n° 2010-890 du 29 juillet 2010 prétend mettre en vigueur deux conditions d’obtention inacceptables à savoir : - l’attribution de la campagne double pour les seuls anciens combattants en Afrique du Nord, fonctionnaires et assimilés partis en retraite après 1999, c'est-à-dire bien peu puisque l’ensemble d’entre eux ont pris leur retraite professionnelle avant 1999, - le calcul de cette campagne double à titre individuel « pour toute journée durant laquelle les appelés et les militaires (…) ont pris part à une action du feu ou de combat, ou subi le feu (…) établie par les archives collectives de l’unité à laquelle les intéressés appartenaient ou étaient rattachés ». Que change cette proposition par rapport au décret ? Rien ! ou si peu… C’est le même texte que celui du décret déjà publié et unanimement contesté à ceci près qu’il pourrait permettre aux intéressés de demander à bénéficier de la campagne après l’entrée en vigueur de cette loi. Encore faudrait-il que le décret soit abrogé. Quant au temps de campagne double, ce sont exactement les mêmes critères que ceux actuellement définis par le décret. Ces critères ont été la base de départ pour l’attribution de la carte du combattant, alors que la notion de campagne double y est totalement étrangère. Ils doivent donc être abandonnés pour revenir à ceux utilisés pour la guerre

d’Indochine, à savoir : « L’attribution de la campagne double à tous les militaires pour leur temps de séjour en Algérie, Tunisie et Maroc entre le 1er janvier et le 2 juillet 1962 » sans limite de date. Sous prétexte de débloquer la situation, le groupe UMP vise à atténuer la colère des intéressés ; mais que leur proposet-il ? Quelques « journées » de campagne double pour les seuls intéressés répondant aux critères définis, dans un contexte tel que le service des archives militaires - déjà surchargé, en sous-effectif et ayant en plus à traiter des OPEX - ne pourra répondre qu’avec beaucoup de retard à la masse des demandes formulées. Soit un minimum de bénéficiaires dans les temps les plus reculés ?

Quant à rétablir l’égalité… L’UMP se trompe volontairement de démarche. La question n’est pas de « rétablir l’égalité entre les combattants d’Afrique du Nord », ils l’ont déjà : aucun ou presque ne bénéficie de la campagne double ! L’objectif est de rétablir l’égalité, et dans les mêmes conditions, entre les anciens combattants en Afrique du Nord fonctionnaires, travailleurs de l’État et assimilés, avec leurs collègues des guerres précédentes : 1914-1918, 1939-1945, Madagascar, Corée, Indochine, Suez, Golfe, conformément à la loi ayant établi la campagne double. L’UMP manœuvre en retraite et cherche à noyer le poisson. Face à la levée de bou-

cliers du Mouvement AC, l’UMP tente de « sortir » d’affaire le gouvernement et son Président de la République « avec les honneurs » et au moindre coût. Un tel projet élargira sans doute le nombre des bénéficiaires… Mais dans combien de temps et dans quelles conditions minimales d’obtention de temps en campagne double ? C’est une manœuvre de plus visant à soulager la pression à l’approche des élections de 2012, sans pour autant en revenir aux fondamentaux, ce qui continuera de priver la masse des intéressés de leur droit réel. Le Mouvement AC ne sera pas dupe et continuera donc d’exiger le retrait du décret « scélérat » et la parution d’un texte rendant justice à tous les bénéficiaires potentiels de la campagne double, à égalité de droits avec leurs aînés. André Fillère

Assurance automobile

Collision

avec un animal

Depuis le 25 octobre 2010, en cas de collision automobile avec un animal sauvage ou d’un animal dont le propriétaire demeure introuvable, le Fonds de garantie automobile n’indemnise plus les dégâts matériels subis par le véhicule. Seuls les dommages corporels sont pris en compte. Il importe donc que l’automobiliste soit couvert pour ce risque par son contrat d’assurance automobile, laquelle prendra alors en charge les réparations des dégâts… moins la franchise précisée au contrat (loi n° 2010-1249 de régulation bancaire et financière du 22 octobre 2010). avril  2011 - N°771 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL vos droits

Dépendance Solidarité nationale ou assurances privées ? Quelle place doit prendre la solidarité nationale dans la prise en charge de la perte d’autonomie liée au vieillissement ? Le gouvernement répond « 5e risque » et assurance individuelle privée. Une fois encore, il veut brader la santé au profit du privé. Une réaction nationale s’impose donc. Face à la perte d’autonomie due au vieillissement, les besoins pour y remédier sont importants. Maintien à domicile, accueil en établissement exigent de gros financements, certes, mais c’est avant tout un enjeu national de société. Nicolas Sarkozy y répond avec les yeux du MEDEF, organisme des super grands du patronat français et des multinationales : « à risque nouveau, 5e branche nouvelle ». Cette notion est plus que discutable - condamnable ? - au nom des principes de création de la Sécurité sociale à la Libération en 1945, qui voulait qu’il n’y ait plus un Français incapable de vivre dans la dignité quand viendrait le moment où il ne pourrait plus assurer lui-même sa vie quotidienne et sa retraite. Ainsi, la création de cette nouvelle branche de la protection sociale, dont les modalités seront discutées cet été par le Parlement, pose-t-elle la question essentielle de son financement : solidarité nationale ? Assurances privées ? Les deux ? Pour le Président de la République, intervenant le 8 février dernier devant le Conseil économique et social, il faut examiner la piste de l’assurance privée ; mais il ne néglige pas pour autant « l’augmentation de la CSG prélevée sur les retraites », ainsi que « la création éventuelle d’une deuxième journée de solidarité ». Certaines mesures à l’étude pourraient même entraîner « l’arrêt d’exonérations fiscales et sociales » dont bénéficient les services d’aide à domicile.

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Vers la suppression de l’APA ? Ces mêmes mesures pourraient également aboutir à la suppression de l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) en GIR 4* qui s’adresse aux plus de 60 ans en perte d’autonomie. Or, les conseils généraux, en charge depuis huit ans d’instruire les demandes d’APA, éprouvent de plus en plus de difficultés pour assumer cette mission, face au refus de l’État de compenser à 50 % son coût… comme il s’y était engagé initialement. Ainsi, par exemple, la dette de l’État envers le département du Val-de-Marne s’élèvera à 19 millions d’euros pour la seule année 2011 ! C’est que les conseils généraux participent à hauteur de 20 % de la dépense publique (22 milliards d’euros par an), l’Assurance maladie à 60 %, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie et l’État, la Caisse nationale d’assurance vieillesse, celle des allocations familiales à 6 % seulement. Les familles, quant à elles, dépensent 7 millions d’euros pour l’hébergement et l’aide à domicile. On compte 3,5 millions de personnes consacrant du temps bénévole pour aider un proche en perte d’autonomie. 80 % des personnes accueillies en maison de retraite sont obligées de faire appel à l’aide financière de leurs proches. L’hébergement en établissement spécialisé dans le grand âge est de 2 200 euros par mois. Et la retraite moyenne d’un homme n’est que de 1400 euros, et celle d’une femme de 1200 euros. Le calcul est vite fait… Et, selon une étude de 2008, plus de 7 personnes sur dix

estiment que, sans l’APA, il leur serait impossible de vieillir chez elles dans la dignité.

Un enjeu de société La question de la perte d’autonomie ne doit-elle pas relever avant tout de la solidarité nationale ? C’est-à-dire d’un financement public, collectif dans le cadre de la Sécurité sociale et sans faire porter le poids de la réforme sur les individus et leurs familles. Ce qui exige le changement radical de la politique actuelle dans tous les domaines, à commencer par l’emploi, la fiscalité, la santé, le logement, la retraite, etc. L’arrêt du profit maximum pour une minorité en lui substituant le souci de l’humain pour tous. Tous les Français doivent se saisir de ce débat, car ils seront tous concernés, de par leur entourage ou à titre personnel. D’autant que, si le contenu de la réforme sarkozyste reste flou, le calendrier de mise en œuvre est précis ! Un volet de premières mesures sera adopté dès cette année, et la deuxième partie de la réforme attendra 2012, après les élections présidentielles ! Or, la dépendance n’est pas qu’une affaire de financements. La réduire à cela, c’est fausser la question pour aboutir au seul choix de l’assurance individuelle privée. La dépendance, c’est un enjeu de société. La question financière réduit et oblige le débat à ce seul point, alors que l’exigence du présent, c’est d’abord de discuter de ce qui fonde notre solidarité nationale. Sinon, la démarche est pipée (au profit de qui ? sinon du privé) qui


vos droits LE RÉVEIL

se limite à la question des personnes âgées, alors que la dépendance peut survenir à tous les âges de la vie. Une démarche qui nous ramène aux soucis de l’humain qu’exprimait le programme du Conseil national de la Résistance à la Libération. Une démarche nationale qui justifie que les écoles de rééducation professionnelle de l’ONAC demeurent en son sein pour dispenser leur pratique diplômante au service des handicapés plutôt que d’être transformées en établissements médicaux-sociaux chargés seulement de l’accompagnement. Plutôt qu’une cotisation « dépendance » obligatoire dès l’âge de 50 ans, et la récupération des sommes versées pour l’APA sur l’héritage pour reporter le poids du financement sur les individus (comme l’envisage les rapports présentés au Sénat et à l’Assemblée nationale par la majorité présidentielle sarkozyste), exigeons au contraire, ACVG, élus, syndicalistes, associations (ACVG compris) et personnels de santé, la mise en place d’un droit universel à la protection dépendance. André Fillère * GIR : groupes ISO-ressources au nombre de six selon le degré de dépendance et d’autonomie.

INI

Institution nationale des Invalides Le décret du 3 février 2011 a nommé au conseil d’administration de l’Institution nationale des Invalides (INI), quatre personnalités qualifiées représentant le monde combattant. Ce sont, sur proposition des associations représentatives de grands invalides pensionnés, MM. Gilles Blin, Henri Denys de Bonnaventure et Jean-Claude Gouéllain ; sur proposition du ministre d’État, ministre de la Défense et des Anciens Combattants : M. Maurice Gambert.

Soins médicaux gratuits Carnet de soins et carte vitale

Le Code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de guerre (CPMIVG) stipule que l’État doit gratuitement, aux titulaires d’une pension d’invalidité attribuée au titre de code PMIVG, les soins médicaux, y compris les prestations d’appareillage, nécessité par les infirmités pensionnées. La Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) du 12 décembre 2007 a engendré la disparition de la Direction des statuts, des pensions et de la réinsertion sociale (DSPRS), service du Secrétariat d’État aux Anciens Combattants chargé de l’exercice de ce droit à réparation. Ces prestations ont donc été confiées à la Direction des ressources humaines du ministère de la Défense (DRH-MD). C’est donc la Caisse nationale militaire de sécurité sociale (CNMSS) qui a reçu mission d’organisation opération pour le compte de l’État. Ce “ glissement ” a commencé en 2010 au fur et à mesure de la fermeture des Directions interdépartementales des AC (DIAC), elles aussi victimes de la RGPP qui les a supprimées. L’objectif vise au remboursement des soins gratuits de façon “ dématérialisée ” avec les professionnels de la santé, l’actuel carnet de soins “ papier ” devant être abandonné à terme. Mais la mise en place et l’intégration du dispositif “ Sesam Vitale ” nécessitent de lourds travaux d’adaptation des applications informatiques. Vu les délais de près de 2 ans qu’aura nécessité la mise au point du système Kapta pour l’attribution des cartes du combattant et des Titre de reconnaissance de la Nation, « on n’est peut être pas sortis de l’auberge »… D’autant que s’y ajoute la prise en compte des feuilles de soins, la liaison avec la Caisse nationale d’assurance maladie du régime général des travailleurs salariés… et le renouvellement progressif de l’équipement des pro-

fessionnels de santé avec un nouveau logiciel informatique.

La carte vitale pour 2012 ? C’est dire si le processus est complexe ; et l’abandon du carnet de soins gratuits “ papier ” et son remplacement par un passage à la carte vitale risquent de prendre du temps. Ce devrait être pour 2012 indique le ministère de la Défense… A voir, car il y aura impérative nécessité, face à tous ces bouleversements des habitudes, de mettre en œuvre une très large campagne de commémoration en direction des ACVG bénéficiaires de soins gratuits et des associations d’ACVG. Avec, encore une fois, cette exigence que, non seulement le droit et le bénéfice des soins médicaux gratuits continuent de s’exercer, mais aussi que ce droit à réparation demeure spécifique à la législation ACVG et ne se dilue pas, ne disparaisse pas dans une banalisation de la Sécurité sociale.

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LE RÉVEILVIE VIE de l’arac

Riez, camarades OPEX ! La très sérieuse parution du ministère de la Défense et des Anciens Combattants (Secrétariat général pour l’administration) a publié un quatre pages « Regard sur l’invalidité » n° 12 de mars 2011. On y ressuscite les moribonds et on s’y moque du monde. Dès la couverture, la couleur est annoncée ; en blanc sur noir, l’inscription : Direction des statuts, des pensions et de la réinsertion sociale. Sauf que… la DSPRS, pièce maîtresse de l’exercice du droit pour le secrétariat d’État sans titulaire, ni locaux, ni personnels. La grande moquerie, quoi ! Page 2 : « Impact sur la pension militaire d’invalidité (PMI) de l’OPEX comme action de feu ou de combat ». Il y est expliqué ce qu’est et à quoi sert la carte du combattant, quels sont les critères pour l’obtenir, etc. Du droit à pension… Rien, ou plutôt si, un summum. Le voici : « Dès lors qu’un militaire dépose une demande de pension PMI pour une infir-

mité pouvant avoir un lien avec un séjour en OPEX, il doit joindre à sa demande une copie de la carte du combattant obtenue au titre de cette compagnie. » A ceci près que l’arrêté concernant la reconnaissance des unités combattantes n’a toujours pas officiellement paru, et que les cartes du combattant sont donc

attribuées au compte-gouttes. Riez, camarades OPEX ! Et patientez encore « un peu », la philosophie - là haut - est celle de l’attente. Quand vous aurez 60 ans ou 64 ans, si vous êtes encore en vie, vous obtiendrez peut-être la carte, au bénéfice de la longévité. Quant aux pensions PMI… Riez, camarades OPEX !

Mémoire des hommes Mémoire des hommes est un site géré par la Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA) du ministère de la Défense. Il vient d’être enrichi. Ce site comprend notamment les fiches individuelles des « Morts pour la France », du personnel de l’aviation militaire, les journaux de marches et d’opérations des unités combattantes de la guerre 1914-1918. Pour la 2e guerre mondiale (1939-1945), le site publie notamment les bases de données nominatives des militaires décédés en service et des fusillés du Mont-Valérien, les Alsaciens-Mosellans incorporés de force dans l’armée allemande, etc.

Une nouvelle base d’information vient d’être créée pour la guerre de Corée (1950-1953). Elle dresse notamment la liste des 267 militaires français décédés durant ces trois années, membres du bataillon français engagé dans la force multinationale aux côtés de la Corée du Sud, et placée sous commandement américain. Pour les autres conflits, le site donne accès aux fichiers des « Morts pour la France » durant les guerres d’Indochine, d’Algérie-Tunisie-Maroc et des opérations extérieures postérieures au 2 juillet 1964. Pour les amateurs, il met aussi en ligne les registres matricules de la Garde impériale et de l’Infanterie de ligne du Premier Empire.

www.memoiredeshommessga.defense.gouv.fr

Le réveil des Combattants - Bulletin d’abonnement

A retourner au Réveil des Combattants - 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 12 - reveil-des-combattants@wanadoo.fr Individuel

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Collectivités (lycées, collèges, centres de documentation, bibliothèques…)

10 numéros - au prix de 28,00 e par an

10 numéros (5 exemplaires par parution) au prix de 100,00 e par an

Nom. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Ci-joint un chèque de 100 e libellé à l’ordre du Réveil des Combattants

LE RÉVEIL - N° 770 - Mars 2011


vie de l’arac LE RÉVEIL

3 décembre à Bobigny (93)

Paul Markidès Chevalier de l’Ordre national du mérite

Cette reconnaissance vient à juste titre récompenser 53 ans de direction, d’abord d’associations de culture, de jeunesse, d’éducation populaire et… de l’ARAC, où Paul exerce la responsabilité de vice-président chargé de la mé-

moire depuis de nombreuses années. Le parrain dans l’ordre, Yves PhamVan, ancien directeur régional de la Jeunesse et des Sports, retraça le parcours singulier et intense de notre camarade auprès des deux cents participants. Catherine Peyge, maire de Bobigny, Guy Fischer, vice-président du Sénat, Jacques Goujat, président de l’UFAC, Louis Cortot, compagnon de la Libération et président de l’ANACR, JeanFrançois Jobez, directeur interdépartemental ACVG, Patrick Staat, secrétaire national de l’ARAC et directeur délégué du Réveil des Combattants ont pu apprécier combien cette « soirée mémorable fut un immense moment de bonheur » partagé avec Paul, sa famille, ses amis, ses camarades, et aussi un moment d’unité sur les valeurs républicaines et d’émancipation, défendues ardemment par l’ARAC depuis sa création. Raphaël Vahé

Gabriel Guiche Chevalier de la Légion d’honneur Gabriel Guiche rejoindra la Résistance à l’occupation nazie et la clandestinité à 16 ans et demi. Responsable des Forces unies de la jeunesse patriotique (FUJP) en Lot-et-Garonne, puis à ToulouseVille et dans les Pyrénées-Atlantiques ensuite, il intègre, en août 1944, l’appareil militaire FTP-FFI dans les HautesPyrénées et participe à la libération de Tarbes. Ouvrier métallurgiste, membre du PCF, responsable CGT, il est licencié

pour activité syndicale et entre comme rédacteur (1953-1956) au quotidien régional Le Patriote de Toulouse et du SudOuest. Puis il s’établit dans la région parisienne et rentre à la RATP, où il poursuivra toute sa carrière professionnelle et deviendra secrétaire général du syndicat CGT du métro de Paris. Mutualiste et membre du Conseil national de l’ARAC, il fut membre de son Bureau national jusqu’en 2009. Il siège toujours au Bureau national de l’UFAC et préside avec dynamisme et efficacité l’Union départementale de l’UFAC de Seine-Saint-Denis. Chevalier de la Légion d’honneur, il est titulaire de la Croix du combattant volontaire de la guerre 1939-45 et de la Croix du combattant volontaire de la Résistance. Un rassemblement fraternel a eu lieu à Villepinte, le 12 février, à l’initiative de l’ARAC 93, pour le féliciter et lui témoigner de toute notre affection ainsi qu’à son épouse Léa.

ARAC Paris Café républicain 15 mars 2011 : café républicain à la Maison des associations du 3e autour du film de René Vautier (1), Avoir 20 ans dans les Aurès. Après l’annonce par Arlette Cieutat, secrétaire générale du comité de Paris, de la reprise régulière du café républicain de l’ARAC Paris, le film s’ouvre par une bataille dans les Aurès, en avril 1961. Le 25, après l’échec du putsch du « quarteron des généraux félons », les soldats libèrent le lieutenant qu’ils avaient neutralisé. Le chef ramène alors ses hommes au camp de base et ordonne l’exécution de l’Algérien. Le pacifiste décide de déserter en libérant le prisonnier. Ils s’enfuient ensemble et rejoignent le village de l’Algérien. Mais ils seront vite retrouvés et abattus… Après la projection du film, le débat est animé par André Fillère, ancien combattant en Algérie, vice-président d’honneur de l’ARAC, qui souligne que le film est fondé sur l’expérience du réalisateur et sur de nombreux témoignages recueillis auprès d’anciens appelés en Algérie. Bien que les appelés ne soient pas très contents d’être dans cette guerre, ils obéissaient aux ordres, et certains devenaient même dans ce climat de terreur et de peur, des êtres inhumains envers des populations, dont la pauvreté était choquante et qui subissaient les horreurs de cette guerre sans nom. Il est également souligné que certains des combattants algériens n’étaient pas en reste en matière d’horreurs. Cette guerre d’Algérie donnera encore lieu à de nombreux débats, à des analyses objectives, pour peu que témoins et historiens s’engagent sur un travail de mémoire permettant que nos enfants et petits-enfants soient informés le plus justement possible. Cette initiative s’est terminée par une collation prise dans un climat convivial réunissant des adhérents de l’ARAC, de la FNACA et l’UDAC 75. Maryse Prévost 1 - Disponible en DVD. S’adresser au Réveil des Combattants avril  2011 - N°771 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEILVIE VIE de l’arac

8 mars : Section de Riom (Puy-de-Dôme) Continuité du même combat pacifiste pour la Solidarité franco-cubaine réhabilitation des “fusillés pour l’exemple”

Grâce à l’ARAC, un monument commémorant la mémoire « des victimes des conseils de guerre de 1914-1918 » a été érigé au cimetière de Riom en 1922 ! « Il est des stèles au pied desquelles la République a mis du temps avant de consentir enfin à s’incliner… » soulignait, à juste titre, un journal départemental en novembre dernier, pour signaler que le maire de Riom, J.C. Zicola et le souspréfet, Jean-Yves Lallart, avaient choisi d’aller s’incliner après la commémora-

tion habituelle du 11 Novembre au Carré militaire devant l’obélisque dédié aux fusillés « pour l’exemple » de 1917 et aux victimes de la milice française et de la Gestapo entre 1939 et 1940. Déjà en 1953, le président de l’ARAC locale, Julien Favard, y prononçait une allocution 41 ans après ! En 2010, Georges Favard, son fils, a pris la parole à la 11e rencontre pacifiste organisée en commun par l’ARAC, l’Association laïque des amis des monuments pacifistes et républicains du Puy-de-Dôme et la Libre Pensée, au nom de l’ARAC 63… Belle fidélité et un bel exemple de transmission de mémoire, plus que jamais indispensable. Félicitations aux camarades de la section de Riom de l’ARAC pour leur précieux travail de mémoire, mais aussi pour leur attachement au devoir de vérité défendu depuis près d’un siècle pour la réhabilitation totale des 650 soldats injustement fusillés. Un bon conseil aux lecteurs du Réveil : ne pas manquer le détour avec un recueillement devant cet obélisque au passage ou durant un séjour dans le beau département du Puy-de-Dôme…

La secrétaire générale de la Fédération des femmes cubaines, Mayda Alvarez Suarez (ONG représentant plus de 4 millions de femmes), a fait le grand honneur à l’équipe d’animation du siège national de l’ARAC à Villejuif de venir à leur rencontre, à l’occasion de la Fête des femmes du 8 mars. Cuba occupe la quatrième place dans le monde pour le nombre de femmes au Parlement, et a été le premier pays à signer la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes. Solidarité avec les épouses des 5 cubains injustement condamnés et emprisonnés aux États-Unis, lutte contre le blocus inique américain, et solidarités (à concrétiser) à partir d’initiatives de connaissance mutuelle et d’amitié ont été mises à l’étude pour les deux associations. R. V.

Raphaël Vahé

Village de l’Amitié : Comité de Villejuif 700 repas offerts aux enfants et adultes du Village de l’Amitié. Grâce à la recette obtenue à la « Soirée vietnamienne », plus de 80 personnes présentes ont pu faire l’acquisition de livres, d’artisanat vietnamien et participer à la tombola, ont été charmées par la musique et les chansons de nos amis vietnamiens et ont apprécié le repas préparé par Than et son équipe qui sont l’âme du Foyer des Étudiants au 80 de la rue Monge à Paris.

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vIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Rassemblement national de l’ARAC Samedi 14 mai 2011 à Tergnier (Aisne) - Parc Sellier (derrière l’hôtel de ville)

P rogramme 9h30 Accueil des participantes et participants. Une délégation se rendra devant la gare de Tergnier pour déposer une gerbe en hommage aux cheminots résistants devant le monument les concernant.

10h00 - Discours d’accueil de Christian Crohem, maire de Tergnier - École primaire Camus (Vouel), classe de CM1 : hommage aux Résistants de Tergnier « Nos rues portent leurs noms »

- École primaire Camus (Vouel), classe de CM2 : hommage à Rosa Valon qui sauva les œuvres d’art des musées de France - Collège Joseph Wresinski (Tergnier), classe de 3e : « Des enfants dans la guerre » - École primaire Malraux (Tergnier), 2 classes de CM2 : « Les Colombes de la paix nées des malheurs de la guerre » et « Le chant des marais » - Collège Joliot-Curie (Tergnier), classe de 3e : « Lettre d’hommage posthume aux cheminots résistants » et « Le Chant des partisans » - Intervention de Gilbert Garrel, secrétaire général de la Fédération CGT des Cheminots - Lycée Gay-Lussac (Chauny), classe de terminale : « Un lycée indigné face aux arrestations » - École primaire Blériot (Tergnier), classe de CM2 : « Liberté » de Paul Éluard - École primaire Decarpigny (Quessy Centre), classe de CM1-CM2 : « Ils ont dessiné pour la paix »

12h00 - Lecture de la déclaration du Conseil national de l’ARAC - Dépôt de gerbes au monument aux morts de la ville

A partir de 14h30 Les participantes et participants au rassemblement sont attendus à : - Fargniers, place Carnégie, pour visiter l’exposition permanente du Musée de la Résistance et de la Déportation. - Fargniers, place Carnégie, salle Carnégie, pour visiter l’exposition du Musée nationale de la Résistance et de la Déportation sur le Conseil national de la Résistance. - Fargniers, place Carnégie, mairie Annexe pour visiter l’exposition sur le village de l’Amitié au Vietnam - Tergniers, hôtel de ville, pour visiter l’exposition de dessins d’enfants sur la paix de l’école primaire Decarpigny-de-Quessy Centre. Pour les expositions présentées à Fargniers : retenir les heures de visite en groupe au musée au 03 23 57 93 77.

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LE RÉVEIL vie de l’arac

André Faulle nous a quittés Un camarade, un frère de combat nous quitte ; André, jusqu’au bout, a participé aux combats de l’ARAC, pour plus d’égalité, plus de liberté, plus de fraternité. Responsable de l’ARAC, il était membre de son Comité national d’honneur et de la direction départementale depuis les années 60, il était un militant reconnu, estimé, toujours sur la brèche dans les actions de l’ARAC, du mouvement ancien combattant et victimes de guerre de son département de la Nièvre. Personne n’oubliera son dynamisme, sa ténacité pour la défense du droit imprescriptible à réparation, pour le travail inlassable de mémoire, pour la solidarité internationale. André était un homme engagé, un homme de forte détermination, ce qui l’a conduit à entrer dans la Résistance contre l’occupant nazi. Il a tiré de ce combat les certitudes qui lui ont donné la boussole de tous ses engagements sociaux et politiques. André était de ceux qui ont la conviction que le malheur qui s’abat au quotidien sur ceux qui n’ont que leurs bras

et leurs savoirs pour vivre n’est pas fatal, que la Terre peut apporter la nourriture, le bien-être et le bonheur à tous les hommes qui l’habitent, qu’il est indispensable de s’indigner et de résister, au présent, contre les minorités qui s’accaparent, pour elles, les richesses à partager entre tous. 
Cette conviction a fait ainsi d’André un militant énergique de l’ARAC, dans son combat pour la paix, dans son combat pour la vie, faisant « la guerre à la guerre », comme le criait si justement l’un de nos illustres fondateurs: Henri Barbusse. Il luttait aussi pour la défense indispensable des idéaux républicains et de l’humanisme, pour l’antifascisme, contre la xénophobie et le racisme. En ce moment douloureux, où les mots sont toujours pauvres pour exprimer totalement ce que nous ressentons, nous voulons dire à sa famille, à ses camarades de l’ARAC, à tous ses amis, combien nous sommes avec eux en ce jour où nous continuerons, sans André, le chemin où nous marchions ensemble. Nous poursuivons son combat. L’avenir dont il rêvait pour les nouvelles générations leur appartient, il nous appartient, ensemble. Ta mémoire, André y sera présente. Adieu André. Raphaël Vahé Président national de l’ARAC

Une initiative de mémoire prometteuse L’ARAC du Val-de-Marne a répondu présente, le 9 mars denier, à l’initiative organisée en commun avec la Maison de l’histoire et du patrimoine à Champigny-sur-Marne, concernant la visite de la double exposition, admirablement commentée par Elise Lewarkowsky : « La vie à en mourir, lettres de fusillés » et « La Résistance n’appartient pas au passé ». Une exposition très riche dans sa clarté, sa diversité, sa cohérence, voire la densité des textes qui retracent cette période porteuse d’enseignements pour notre mémoire du présent et du futur. De telles initiatives de mémoire nous rendent fiers de contribuer, en tant qu’ARAC, en tant que citoyens auprès des futures générations, à agir pour l’honneur de ceux qui ont donné leur vie pour des valeurs républicaines inébranlables, incontournables par le temps : l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme, la paix et le bonheur de tous les humains. Jacques Goutorbe

NOS PEINES AVRIL 2011 Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances. ALLIER (03) Doyet : Jean MAZUEL, 84 ans. BOUCHES-DU-RHÔNE (13) Aubagne : Joseph FERNANDEZ, AC ATM. Marcel LUCACCIONI, ami. Jean MEUCCI, AC 39-45. Senas : Paul GOUDOUIN, 84 ans. GIRONDE (33) Bordeaux-Caudéran : Paul LAGOURGUE, 70 ans, AC ATM, ancien conseiller municipal. NORD (59) Solre-le-Château : Miguel HEUCLIN, 76 ans, AC ATM. PUY-DE-DÔME (63) Issoire : Joseph GIRAUDON, 79 ans, AC ATM.

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LE RÉVEIL - N° 771 - avril 2011

Georges LAJOINIE, 73 ans, AC ATM. Joseph MARION, 97 ans, AC 39-45, Résistant. Paul-Julien ORJEBIN, 86 ans, AC Indochine, Médaille Militaire. Raymond PERROT, 90 ans, AC 39-45, Résistant.

DEUX-SEVRES (79) Tauche-Sainte-Blandine : Guy BAILLY, 95 ans, AC 39-45. Niort-Saint Florent : Marcel BOURDIN, 88 ans, AC 39-45. Lucien SABOURIN, 88 ans, AC 39-45

RHÔNE (69) Tarare : Antoine CHAVEROT, 85 ans, AC 39-45.

ESSONNE (91) Limours : Mme Christiane GAUCHER, amie. Lucien PASCO, AC Indochine.

HAUTE-SAVOIE (74) Thonon-les-Bains : Henri BOCHATON, 89 ans, AC 39-45, grand invalide de guerre. Lucien CARRIER, 89 ans, AC 39-45. François VUARGNOZ, 87 ans, STO, victime civile. SEINE-MARITIME (76) Le Havre : Daniel PIFFRE, AC ATM.

SEINE-SAINT-DENIS (93) Noisy-le-Grand : Maurice SAINTIPOLY, AC ATM. VAL-DE-MARNE (94) Villejuif : Marcelino GATON, 80 ans, maire-adjoint honoraire, accueilli à l’âge de 6 ans par une famille villejuifoise pour le protéger des assauts franquistes contre la République espagnole.


magazine LE RÉVEIL

Al’Togo Morvan et Savoia - Éd Dargaud 10,95 euros Cinquième et dernier élément de la série signée par Morvan (scénariste) et Savoia (dessinateur). La fin de l’histoire de deux jumeaux recueillis par un soldat de l’ONU, après le massacre de leurs parents au Darfour. Albertus M’Natago, dit Al’Togo, fait partie de l’équipe opérationnelle numéro 6 de l’Europolice. Mais, entre les polices européennes et celles des USA, tout ne tourne pas rond. Surtout quand Bruxelles mêle ses diplomates, ses barbouzes et ses truands dans de sombres et fructueuses magouilles. Les petits Africains vont en être les victimes désignées.

fesseur-invité à l’université de Paris 7, à l’École normale supérieure et à l’École des hautes études en sciences sociales. Le point de vue américain sur le colonialisme, les empires coloniaux, leurs « vérités » et leurs « imaginaires », les concepts d’identité, de globalisation, de modernité, de domination et d’oppression sont abordés par son livre. Pour lui, colonialisme, histoire et politique sont inséparables, d’où les rôles à retenir de Toussaint Louverture à Haïti, des jeunes Turcs, de Léopold Sédor Senghor et d’Aimé Césaire. Une étude de cas traite de la fin de l’Afrique française à partir des interactions entre syndicalisme et politique en France et en Afrique. Un livre ardu, mais intéressant, puissamment charpenté par une vision vigoureuse de l’histoire.

Les Balkans Héritages et évolutions Chronique qui pique Paul Garde - Éd. Champs actuel/ Flammarion 8 euros

Le colonialisme en question Théorie, connaissance, histoire Frederick Cooper - Éd Payot - 27,50 euros Frederick Cooper, spécialiste de l’histoire africaine du XXe siècle, est professeur d’histoire à New-York University, pro-

et récentes, un héritage de la conception de la Nation poussée à ses extrêmes conséquences et l’exploitation permanente des situations conflictuelles locales par les grandes puissances… au gré de leurs propres intérêts.

Paul Garde, professeur émérite à l’université d’Aix-en-Provence, a également enseigné à Yale et Colombia (USA) ainsi qu’à Genève. C’est un spécialiste des Balkans où il nous emmène sur les ruines de ce que fut la Yougoslavie de Tito, vaste pays au socialisme autogestionnaire, devenue aujourd’hui un territoire éclaté couvert de postes frontières et de vieilles haines. Ce fut le prétexte du déclenchement de la guerre de 14/18 (l’attentat de Sarajevo), puis, à la fin du XXe siècle, le théâtre des affrontements nationalistes et des bombardements de l’OTAN sur la Serbie. L’horreur de la guerre et la passion prenant le pas sur la rigueur, comment s’y retrouver aujourd’hui ? Ce petit livre peut être d’une aide efficace en évoquant les vieilles fractures religieuses et culturelles, le poids des oppressions anciennes

Joan Dirétan - Éd Le Travailleur du Lot-et-Garonne - TSO 18 rue JulesFerry - BP 50222/47006 Agen cedex - 24 euros, expédition comprise Joan Dirétan, de son vrai nom Edmond Coédelo, a publié 151 articles, de janvier 2006 à janvier 2010, dans Le Travailleur du Lot-et-Garonne. Ils portent sur la vie en société, les problèmes politiques et idéologiques, les luttes sociales, l’évolution du monde, des mentalités, le tout dans un style sarcastique, persifleur, tantôt démystificateur, tantôt pédagogique. Il faut lire ses Histoires de droit à la presse dans lesquelles il laisse la parole… à d’autres, avant d’y mêler son grain de sel. Exemple : « Depuis 200 ans, la France n’a connu aucune période totalitaire » (Nicolas Sarkozy)… « A part trois rois, deux empereurs et le régime fasciste de Vichy avec Pétain, Laval, Darlan… » commente Joan Dirétan, dont on sent bien qu’il meurt d’envie d’y ajouter… Sarkozy. avril  2011 - N°771 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL magazine

l’affaire. Fausses factures, emplois fictifs, hommes politiques, Eric Halphen connaît bien ; comme il connaît bien les pratiques illicites du monde politique et les moyens mis en œuvre par les puissants pour protéger leurs intérêts. Des puissants qui, selon le juge Halphen, avaient en général, face à lui, un comportement digne du délinquant de base. Confrontés aux questions gênantes, ils répondaient systématiquement ; « Je n’étais pas au courant », « je ne m’occupais pas de ça », « je ne savais pas que c’était illégal », « ce n’est pas moi ». Le tout accompagné d’une attitude assez méprisante vis-à-vis de ce « petit juge » qui osait intervenir dans leur vie politique et Eric Halphen - Ed. Rivages Thriller - 21,50 e contrarier leurs objectifs de carrière. Ce pourrait être un polar banal : le Leur style ? « Comment osez-vous supmeurtre d’un homme à Neuilly (Hauts- poser que moi, ancien directeur du cabide-Seine). Un juge au tribunal de Nan- net de Machin, ancien préfet de Chose, terre et un commandant de police, deux ancien conseiller diplomatique de Truc, solitaires, s’allient pour résoudre l’affai- moi qui ai de si brillants états de service… re et régler tous les comptes, y compris je me serais laissé entraîner dans une telle avec eux-mêmes. Seulement voilà, les infraction ? » Hauts-de-Seine, Neuilly, sont les jar- Car, c’est bien connu, les hommes dins privilégiés de la famille Sarkozy et politiques sont une catégorie à part, la de leurs petits « coquins-copains » tels seule à ne jamais commettre la moinPasqua, Devedjian et autres UMP. dre infraction… Certes, ce n’est pas le Seulement voilà, Eric Halphen fut juge juge qui a écrit La piste du temps, mais d’instruction au tribunal de grande l’ex-petit juge Halphen devenu l’auteur instance de Créteil. Et il enquêta sur Halphen, connaît bien la musique. Efl’affaire des fausses factures des HLM ficace et dense, son polar confirme que de Paris (Chirac, Tibéri) et des HLM l’homme, excellent observateur et peindes Hauts-de-Seine (Pasqua, Schuller, tre de son milieu, est aussi un excellent Balkany). Et, au bout de sept ans d’en- écrivain. quête, le juge Halphen fut dessaisi de

La piste du temps

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LE RÉVEIL - N° 771 - avril 2011

Le quai de Ouistreham Florence Aubenas - Éditions de l’Olivier Florence Aubenas, journaliste engagée, grand reporter, relate dans ce livre son expérience personnelle, vécue au quotidien, pour traiter des conditions de travail et de chômage des travailleurs précaires. Voici comment elle présente son projet : « La crise. On ne parlait que de ça, mais sans savoir réellement qu’en dire, ni comment en prendre la mesure. Tout donnait l’impression d’un monde en train de s’écrouler. Et pourtant, autour de nous, les choses semblaient toujours à leur place. J’ai décidé de partir dans une ville de France où je n’ai aucune attache, pour chercher anonymement du travail. J’ai loué une chambre meublée. Je ne suis revenue chez moi que deux fois, en coup de vent : j’avais trop à faire là-bas. J’ai conservé mon identité, mon nom, mes papiers, et je me suis inscrite au chômage avec un baccalauréat pour seul bagage. Je suis devenue blonde, je n’ai plus quitté mes lunettes. Je n’ai touché aucune allocation, il était convenu que je m’arrêterai le jour où ma recherche aboutirait, c’est-à-dire où je décrocherais un CDI. Ce livre raconte ma quête, qui a duré


dossier LE RÉVEIL magazine

presque six mois, de février à juillet 2009. J’ai gardé ma chambre meublée. J’y suis retournée cet hiver2009 écrire ce livre. » Lorsque l’on se plonge dans cet ouvrage, on en sort difficilement, tellement il vous « prend aux tripes ». Lorsqu’on en sort, on est mal à l’aise, révolté. Le monde qu’elle décrit a les couleurs sombres d’un roman de Simenon et on souffre avec tous ces personnages dont Florence a partagé la vie de dur labeur et d’attente d’embauche, sans beaucoup de raison d’espérer. Et ce livre est un cri ! Que tous ceux qui pensent que les chômeurs sont ceux et celles qui ne se battent pas assez pour trouver du travail, que les jeunes générations d’aujourd’hui ont plus de chance que leurs aînés, qu’ils attendent trop que « ça leur vienne tout seul » lisent Le quai de Ouistreham ! Peut-être comprendront-ils mieux que la crise économique, sociale et politique de notre société, n’a pas pour cause le manque de courage et la « dolce vita » des générations présentes, le recours au crédit pour un niveau de vie trop élevé, le manque d’ambition pour s’élever dans l’échelle sociale. Peut-être comprendront-ils que l’exploitation capitaliste n’est pas une idée fixe des théoriciens marxistes et des humanistes, sympathiques mais naïfs, mais la bête insatiable qui broie des millions d’hommes sur toute la terre, y compris dans un pays « riche » comme la France. Et pour nous, militants associatifs de toutes les bonnes causes issues directement de notre adhésion à l’humanisme et aux idéaux républicains, nous trouvons, dans ce vécu courageux d’une jeune femme cherchant du travail, matière à renforcer notre volonté et notre action pour participer à libérer les peuples de cette société capitaliste qui pollue tout et fait le malheur de millions et millions d’êtres humains. Le quai de Ouistreham, un livre à lire et à faire lire ! Georges Doussin

Un pont sur la Méditerranée Georges Gonzalez - Éd. l’Harmattan - 20 e Un roman ou une biographie ? L’auteur est né à Alger. Enseignant de 1954 à 1962 en Algérie avec une parenthèse de 26 mois pendant laquelle il vécut la vie traumatisante des jeunes Français appelés et maintenus dans la guerre d’Algérie, enseignant « coopérant » dans le nouvel État algérien pendant deux ans, il a connu toutes les situations des familles de travailleurs Français et Maghrébins dans cette période faite de combats, de déchirements, de traumatismes individuels et collectifs. Retraité, il est aujourd’hui membre de notre ARAC. Si son livre est présenté comme une fiction, les personnages qui l’habitent sont trop réels, trop représentatifs de toutes les victimes et de tous les coupables de ce drame atroce pour nos deux peuples pour ne pas retrouver, à chaque page, ces vécus qui nous hantent encore aujourd’hui, que nous soyons Français de la métropole ou rapatriés de « làbas », Algériens, moujahidines, harkis ou travailleurs immigrés. Le Pont sur la Méditerranée , c’est ce qui unit tous ces « arrachés » et ces rescapés de la terre d’Algérie, l’amour de la terre natale qui emplit leur mémoire et leur cœur. Vraiment, un livre qui incite à la réflexion et qui invite à l’humanisme, la seule voie qui permet de supporter les plaies et les cicatrices et qui invite en même temps aux combats solidaires pour plus de justice et de bonheur. Sur la première page du livre, l’auteur a écrit, en guise de dédicace : « A l’ARAC. En hommage à l’Algérie et à son peuple. En hommage à tous les exilés et sans-papiers du monde. Je serai toujours du côté de ceux qui n’ont rien. » (Fédérico Garcia Lorca, assassiné par les franquistes à Niznar, le 19 août 1936)

Mezquite Road Gabriel Trujillo Mañoz - Éd. Les Allusifs - 12,50 e Mexicali, la ville où le crime ne meurt jamais… Mexicali, une ville artificielle comme son nom, formé de Mexico et Californie. De l’autre côté de la frontière, son opposée américaine : Calexico. Morgado, l’avocat des causes perdues, des exclus du système judiciaire mexicain, paysans pauvres, indiens, ouvriers, victimes des violences policières…, revient à Mexicali, sa ville natale. Il y retrouve les flics véreux, les fous de la gâchette, les politiciens corrompus, les maquerelles cyniques ; mais aussi des motards déjantés, de gentils et méditatifs restaurateurs chinois dont la sagesse n’exclue pas de mettre le feu aux poudres, et des vétérans anarchistes des années 1970… qui n’ont pas perdu la main… comme le dit l’un des protagonistes. « Nous sommes de pauvres fabricants de morts en série, et encore… des morts du second ordre, cadavres anonymes qui s’amoncellent dans ce Mexique qui est nôtre, cette fosse commune qui couvre le pays tout entier ». Car ici, il n’y a pas de fin heureuse et la lutte anti-drogue est une guerre de faible intensité. Qui survit, gagne… dans ce pays où « le grand voisin » - les USA - refuse de se faire oublier. Mais, pour Morgado désabusé « les Latinos sont les enfants de la patience, les héritiers de la ténacité. Et nous pratiquons l’une et l’autre depuis des siècles. » Plus qu’un polar : un univers décrit avec maîtrise, sensibilité et efficacité par l’auteur : Gabriel Trujillo Mañoz, enseignant à l’Université autonome de Basse-Californie, à Mexicali. avril  2011 - N°771 - LE RÉVEIL

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