Le réveil des combattants Avril 2015

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LOIS SUR LE RENSEIGNEMENT UNE LOI DANGEREUSE

LIBÉRATION DES CAMPS NAZIS

Avril 2015 - N° 812 - 5 € www.le-reveil-des-combattants.fr

Quand les inégalités vont de pair avec les restrictions des Libertés individuelles et collectives

LE TOP 5 DES PARACHUTES DORÉS


LE RÉVEIL MÉMOIRE

Déclaration de l’ARAC Commémoration du 8 mai 1945 Le 8 mai 1945, jour de la victoire sur le nazisme en Europe, est marqué concrètement par la Reddition sans conditions de l’armée nazie devant les représentants des nations alliées : la Grande-Bretagne, des Etats-Unis, de l’Union Soviétique et la France. Si ces armées des pays alliés ont apporté un concours essentiel à ce combat victorieux chacune pour ce qui la concerne, il ne saurait être laissé de côté les parts déterminantes prises par les résistances populaires des Nations Européennes. Dans notre pays, cette résistance s’unifia à l’initiative de Jean Moulin dans le Conseil National de la Résistance (CNR), groupant les représentants de toutes les forces nationales sociales et politiques. Le CNR coordonna les taches et les actions

des différents réseaux de résistants jusqu’à la libération totale du territoire national, mais aussi détermina les mesures sociales et politiques assurant le rétablissement de la démocratie dans le cadre de la République et le respect de ses valeurs. L’ARAC rend hommage à tous ces combattants, militaires, résistants, hommes, femmes et même enfants à qui nous devons cette victoire et s’incline devant la Mémoire de ceux d’entre eux qui ont sacrifié leur vie dans ce combat. L’ARAC, constate les mises en causes répétées des dispositions sociales et politiques inspirées du programme du CNR, soucieuse de la montée constante du chômage, des impôts alourdis, des salaires gelés, de la vie chère, de l’insuffisante

création de logements sociaux, du développement de la misère dont l’extrême droite tire arguments pour capter les gens. L’ARAC appelle à ne pas s’en tenir aux cérémonies commémoratives du 8 mai et à raviver la mémoire de tous sur les origines du conflit et des massacres de la guerre 1939-1945 menée par une Allemagne devenue nazifiée à la suite d’années de régression sociale et d’incapacité de ses dirigeants politiques d’alors. L’ARAC souligne l’urgente nécessité d’agir contre l’austérité et pour l’instauration de dispositions sociales et politiques inspirées de la démarche du CNR, c’est ainsi qu’il faut aujourd’hui commémorer la victoire du 8 mai 1945. Villejuif, le 8 avril 2015

Déclaration du bureau national de l’ARAC « La libération des camps nazis » Il y a 70 ans, durant la deuxième quinzaine d’avril 1945, les prisonniers de guerre, les déportés rescapés des camps nazis, recouvraient la liberté délivrés par l’armée rouge à l’Est et par les troupes alliées à l’Ouest. La monstruosité des crimes commis dans les camps était révélée au grand jour. Ainsi s’écroulait l’univers concentrationnaire avec le régime hitlérien qui l’avait créé dès avant la guerre 1939-1945. Il faut rappeler en effet que les premiers camps de concentration avaient été ouverts dès l’arrivée des nazis au pouvoir en 1933 pour les opposants à leur régime : Dachau (1933), Sachenhausen (1936), Buchenwald (1937), Flossenburg (1938), Mathausen (1938) et Ravensbruck pour 2-

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les femmes (1938). Au total 300 000 citoyennes et citoyens allemands y ont été internés. Le nombre de camps en Allemagne gonflera ensuite devant l’évolution de la guerre avec l’internement des déportés résistants, otages, raflés, complétés en 1942 par la création de centres d’extermination pour les déportés juifs, tziganes et résistants, au complexe d’Auschwitz notamment. On ne trouve pas de mots et d’expressions pour dire que ce qui fut découvert lors de l’ouverture de ces camps : impensable, intolérable. Hommes, femmes, personnes âgées, enfants ayant subi une cruauté sans nom. L’ARAC tient à rappeler que ces faits sont le produit du régime nazi qui est arrivé au pouvoir en Allemagne par les urnes alors que la population

de ce pays se sentait humiliée par le traité de Versailles, subissait les conséquences de l’inflation de 1923, la brutale montée du chômage consécutive à la crise de 1929 et l’incapacité des dirigeants de la République de Weimar de faire face courageusement à cette situation. Elle souligne les effets nocifs de l’ignorance de ces événements par une partie considérable de la population française comme les effets nocifs de l’oubli. Elle appelle à la plus grande vigilance et à l’action pour faire connaître la réalité de cette guerre 1939-1945, contre le racisme, la xénophobie, le mépris des couches populaires, les idées et les actes démagogiques de l’extrême droite. Villejuif, le 8 avril 2015


ÉDITO LE RÉVEIL

SOMMAIRE Actualités Déclaration ARAC - 8 mai et 26 avril ....................................... 2 PSA Peugeot Citroën : cette rémunération de Tavares qui choque la CGT ...................................................................... 4 Le “Top 5” des parachutes dorés pour atterrissages en douceur ...................................................... 4 Fin de la trêve hivernale .............................................................. 5 La grève à Radio France est d’utilité publique ........................... 6 2008-2012 : inégalités en hausse, revenus en baisse pour les plus modestes................................................................. 7 International Nucléaire iranien : Un premier pas historique ............................ 8 Liberté/sécurité : une loi dangereuse .......................................... 9 Cuba/USA : La longue marche .................................................10 Gilles Rémy : “La politique du pire, ce n’est pas la Russie” ...12 Vos droits L’Arac et sa mutuelle.................................................................22 La 4e génération du “feu” ..........................................................23 Commission de la carte du combattant .....................................23 Simplification ou complication .................................................24 Opérations extérieures ..............................................................25 Message de l’UFAC du 8 mai 2015 ..........................................25 Vie de l’ARAC Son nom : Vautier !....................................................................26 Vie des comités ..........................................................................27 Nos peines..................................................................................28

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LES CAMPS NAZIS www.le-reveil-des-combattants.frr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 Fax. 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr

• Tirage : 60 000 exemplaires • Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé • Directeur délégué - Rédacteur en chef : Patrick Staat • Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Laurence Gorain • Service photos : Jean- Claude Fèvre • Administratrice : Annick Chevalier • Conception graphique - Impression : RIVET PRESSE EDITION - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

LA FRANCE QUI VA MAL EST POPULAIRE ET CELLE DONT ON ENTEND LA PLAINTE EST AISEE*

L

es fondements de la République, de notre l’histoire sont bradés. Les inégalités explosent. M. Hollande, Valls et consorts, les profits et les bénéfices du CAC 40 explosent, + 30 % en 2013, + 37 % en 2014. Et pourtant vous puisez dans les poches de salariés, bloquez les salaires, réduisez les aides sociales indirectes aux familles. « Faire payer les pauvres ça rapporte plus, ils sont plus nombreux » disait Coluche. Rien ne doit échapper aux requins de la finance, l’Etat après avoir supprimé la taxe professionnelle, réduit ses dotations aux collectivités. Fut un temps où une part de la richesse nationale était redistribuée via les services et actions sociales des collectivités territoriales. Les bénéficiaires du CICE (50 milliards), de 22 milliards d’exonérations et d’aides diverses, sont des entreprises internationales. C’est notre argent, notre bien commun, dont profitent ces entreprises. Elles n’investissent pas en France, mais à l’étranger là où les salaires et les droits des travailleurs sont bas. Pour les salariés, c’est la double peine. D’un côté l’appauvrissement et le chômage augmentent, de l’autre on pioche dans leurs poches pour faire fructifier les entreprises du CAC 40, certaines ne payent pas d’impôts à l’exemple de Total. Révolte et colère sont légitimes. 60 % de la population se retrouvent au ban de la société, laissés pour compte. Le gouvernement se soucie p plutôt de savoir comment museler le mécontentement, e empêcher la colère et les luttes de se développer. P Prenant prétexte des attentats de janvier, le gouvernem de M. Valls veut avec la loi sur le renseignement, ment f franchir une étape inacceptable. L L’ancien juge anti-terroriste Marc Trevidic dit de ce t texte « … une arme redoutable entre de mauvaise m » « car il y a une absence de contrôle totale… », main « puisque c’est le 1er ministre qui décide ce qu’il vveut ». « Cette loi me paraît dangereuse. Je suis inqquiet pour la démocratie qui est un bien précieux ». N Nous aussi sommes inquiets quand on porte atteinte aux libertés individuelles et collectives. Cela renvoit aux années 30, en Allemagne, en Espagne, au Portugal, en Italie. En France, en 34, pour casser l’espoir populaire, c’était Hitler plutôt que le Front populaire, pour arriver en 1939 à l’interdiction de la CGT, du PCF, de l’ARAC. Si l’histoire ne se répète jamais exactement à l’identique, il est bon d’en tirer les enseignements. Jouer avec le feu est dangereux pour l’avenir. Patrick STAAT *Louis Maurin – Directeur de l’Observatoire des Inégalités

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

PSA Peugeot Citroën : cette rémunération variable de Tavares qui choque la CGT Le syndicat dénonce "une augmentation de rémunération de 211 %" en un an quand la dernière hausse de salaire pour les salariés remonte à mars 2012.

Carlos Le patron de PSA Peugeot-Citroën, Carlos Tavares, a perçu en 2014 un salaire supérieur à 2,7 millions d'euros, grâce au versement d'une part variable de 1,6 million jugée "scandaleuse" par le syndicat CGT du constructeur automobile. Devenu membre du directoire de PSA au 1er janvier, avant d'en prendre la présidence au 31 mars 2014, Carlos Tavares a reçu 2 750 936 euros bruts l'année dernière, selon le document de référence du groupe, disponible sur son site internet. Au 1 131 394 euros de salaire fixe, s'est ajoutée notamment une part variable de 1 615 919 euros, Carlos Tavares ayant satisfait à "la totalité de ses objectifs", précise le texte. Le constructeur français, qui a évité la faillite il y a un an grâce à l'arrivée de l'Etat et du groupe chinois Dongfeng dans son capital (14 % chacun),

a commencé à redresser ses comptes en 2014, en divisant par quatre sa perte nette. PSA a également renfloué sa trésorerie opérationnelle, l'indicateur qui détermine l'octroi ou non de la part variable. Dans un communiqué, la CGT a fustigé une "décision proprement scandaleuse" prise par le Conseil de surveillance, le 17 février dernier, "avec l'accord du représentant de l'Etat, Louis Gallois". "Alors que le seul PDG a eu une augmentation de rémunération de 211 % en un an (+86 % en moyenne pour les quatre membres du directoire), pour les salariés la dernière augmentation de salaire (43 euros bruts par mois) remonte à mars 2012 !", s'insurge le syndicat. D'après le document de référence, la part variable peut atteindre jusqu'à "150 % de la rémunération fixe pour le président du directoire". Dans le cas de Carlos Tavares, elle s'est élevée à 149,7 % en 2014, selon un calcul de l'AFP. Sollicité, un porte-parole de PSA a dé-

claré que le versement d'une part variable avait été décidé parce que "les résultats de l'entreprise s'améliorent". Il a ajouté que la rémunération de Carlos Tavares figurait "dans le bas du classement des entreprises du CAC 40". En outre, "les versements aux salariés - intéressement, participation et part variable pour ceux qui en ont - ont été multipliés par quatre" au terme de l'exercice 2014, a-t-il rappelé. Les quelque 57.000 collaborateurs ont reçus au minimum une prime proche de 1 100 euros. Néanmoins, l'entreprise n'accordera aucune augmentation générale des salaires en 2015, pour la troisième année consécutive. "Les rémunérations des dirigeants décollent, celles des salariés restent au sol", a ironisé la CGT.

Le “Top 5” des parachutes dorés pour atterrissages en douceur Pour un départ discret, c'est raté. Marc Lelandais, ex-PDG du groupe Vivarte, aurait empoché selon "Le Parisien" un coquet parachute de plus de 3 millions d'euros, alors même que le groupe annonce la suppression de 1 600 emplois. Passage en revue des parachutes dorés les plus indécents de ces quinze dernières années. C'est la crise, ma bonne dame… 4-

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Marc Lelandais, qui travaillait pour le groupe Vivarte (propriétaire notamment des enseignes La Halle et André), a quitté son emploi fin 2014. Toutefois, contrairement aux 1 600 péquins dont les emplois vont être supprimés, comme on l'a appris en début de semaine, Lelandais avait le bon goût d'être PDG du groupe. C'est donc avec panache et… plus de 3 millions

d'euros d'indemnités qu'il aurait quitté ses fonctions. Mais à bien regarder ce chiffre (que dément l'intéressé), Lelandais passerait presque pour un amateur. Il fait en tout cas pâle figure comparé à notre « Top 5 » de ses prédécesseurs d'infortune très fortunés.


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Fin de la trêve hivernale : la Fondation Abbé Pierre dénonce la passivité de l’État Alors que la Fondation Abbé Pierre dénonce la passivité de l’Etat face à ces drames humains, les chiffres nationaux sont effrayants : près de 162.000 assignations et 126.000 décisions de justice prononçant l’expulsion en 2013, 12.760 expulsions par la force publique en 2011 (le ministère de l’Intérieur ne diffuse plus de résultats fiables depuis...) et sans doute des dizaines de milliers de familles qui anticipent leur expulsion en partant d’elles-mêmes chaque année. Sur le terrain, même si certains départements ont réussi à limiter le nombre de procédures entre 2012 et 2013, de nombreux autres affichent une tendance alarmante, avec des hausses allant de + 9 % à + 24 % dans le Var, la Seine-Saint-Denis, l’Isère, le Finistère ou le Pas-de-Calais. Face à ces scandales quotidiens, que fait la puissance publique ? Comme le

démontre un récent rapport d’évaluation, la politique nationale de prévention des expulsions reste globalement lacunaire et incohérente. Les préfets ne jouent pas toujours leur rôle, la

dynamique locale est inégale, et les moyens très insuffisants. Familles monoparentales, personnes seules de plus en plus touchées, le chômage souvent à l’origine d’impayés de

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

loyers, situations de sur-occupation et de surendettement en augmentation... La détresse va croissant alors que les solutions se font de plus en plus rares à l’issue de l’expulsion, conduisant beaucoup de familles expulsées à être hébergées dans la famille, chez des amis, parfois pendant de longues années tant le secteur de l’hébergement et du logement social sont engorgés et apportent de moins en moins de réponses pérennes. Les décisions prononçant l’expulsion ont augmenté de 12,2 % depuis 5 ans et de 4,8 % entre 2012 et 2013. Cette

augmentation est véritablement liée à la précarisation de la population et à un décrochage de plus en plus accru entre les loyers et charges et les ressources des ménages, également dans le parc social, et en aucun cas à une déresponsabilisation croissante des ménages. L’accompagnement des ménages dans leurs démarches juridico-administratives est également un facteur déterminant. La Fondation Abbé Pierre soutient son développement depuis plus de 15 ans, grâce à sa permanence parisienne d’accès au droit et aux nombreuses actions associatives soute-

nues sur l’ensemble du territoire. Depuis 2009, la plateforme téléphonique « Allô Prévention Expulsion » a permis d’orienter vers ces permanences plus de 9.200 ménages informés et conseillés, dont 1.400 en 2014. Il est temps de stopper enfin la progression constante des procédures d’expulsion afin d’éviter que chaque année, plus de 125.000 ménages supplémentaires ne craignent de perdre leur logement, venant renforcer le nombre de personnes et familles sans domicile fixe ou hébergées dans des conditions plus que précaires !

« La grève à Radio France est d’utilité publique » Par les grévistes de Radio France - extraits Les irresponsables ne sont pas ceux que l’on croit. Les salariés en grève, qui se battent pour la défense de vos antennes, ont une douloureuse conscience de ce qui se joue pour l’avenir de la radio de service public. Nous réclamons à notre PDG un vrai projet stratégique. Dix mois déjà que nous attendons des réponses, qu’on ne nous parle que de formats et non de contenus, de marques et non d’identité d’antennes, d’argent et non de richesses. L’homme invisible de la Maison de la radio préfère courir les plateaux télé pour minorer honteusement le nombre de grévistes et répéter en boucle que Radio France est le « problème ». « Nous ne sommes pas un problème mais une ressource, et donc une solution. Nous ne sommes pas un frein à la modernité mais au contraire, des acteurs de notre transformation, vigilants et éclairés. Contrairement aux clichés les plus faciles, nous ne sommes pas contre les réformes, nous réclamons une gestion honnête et efficace de notre entreprise. » « Radio France est une grande maison de l’artisanat. Nous fabriquons nousmêmes chaque seconde que vous en6-

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tendez sur les ondes. Avec un seul impératif : la qualité pour tous. La qualité du son, des paroles, des musiques, de l’information. Notre responsabilité est de préserver le vivre-ensemble plutôt que d’alimenter les peurs collectives. » « Nous résistons pour continuer à vous offrir ces documentaires, ces reportages long format, ces fictions, ces émissions accessibles mais qui ne cèdent pas à la facilité, ces programmes de proximité que vous n’entendez nulle part ailleurs. Nous luttons pour que nos orchestres restent dans la Maison pour y remplir leur mission de service public. » « Nous ne voulons pas réduire le reportage à des entretiens par téléphone faute de moyens, nous ne voulons pas que les radios locales fusionnent et ne puissent plus du tout s’adresser à leurs auditeurs les plus proches, nous ne voulons pas de la vedettisation de nos antennes, qui coûte cher en salaires tandis que l’enveloppe dédiée à la création et aux précaires ne cesse de maigrir. » « Radio France n’a pas pour vocation de faire du profit, mais doit gérer sainement ses finances, et cela en revanche, est de la responsabilité de nos

dirigeants. Ceux qui s’engageront sur cette voie nous trouverons toujours à leurs côtés. » « Mathieu Gallet gaspille l’argent public pour son image et son confort personnel plutôt que de s’investir pour l’image de Radio France. Le CSA a peut-être été séduit par sa « modernité », nous sommes atterrés par sa désinvolture. » Nous découvrons chaque jour des révélations plus sidérantes les unes que les autres : ses bureaux, ses conseillers en communication, et maintenant son intention de vendre une partie des murs de la Maison de la radio. L’heure de la grande braderie aurait sonné. Nous étions transparents, ce conflit a remis les salariés de Radio France au centre des décisions qui devront être prises. « Nous voulons au minimum être représentés par quelqu’un d’exemplaire. » « L’Etat doit nous dire clairement s’il veut faire vivre le service public de la radio avec des moyens à la hauteur de ses ambitions. Faute de preuve, nous considèrerons, et nos auditeurs avec, que ce gouvernement a décidé du contraire. »


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

2008-2012 : inégalités en hausse, revenus en baisse pour les plus modestes Un gain de revenu de 500 euros pour les 10 % les plus riches contre une perte de 500 euros pour les 10 % les plus pauvres entre 2008 et 2012. Les catégories modestes décrochent. Le niveau de vie moyen annuel[1] des 10 % les plus riches a augmenté de 450 euros, soit une hausse de 0,8 % entre 2008 et 2012, alors que celui des 10 % les plus pauvres a perdu 541 euros, soit une baisse de 6,3 % de leur niveau de vie sur cette période. La stagnation du pouvoir d’achat est une moyenne qui masque le fait que la crise frappe bien davantage les ménages les plus modestes que les autres. Entre 2008 et 2012, toutes les tranches de niveaux de vie jusqu’à la moitié de la population la plus pauvre ont vu leur niveau de vie annuel diminuer. La baisse la plus forte en euros est celle de la tranche des 20 à 30 %, avec moins 480 euros. Entre 50 et 70 % le niveau de vie a stagné. Au-delà (à partir de 2 270 euros mensuels pour une personne seule) les niveaux de vie ont continué à

progresser de 249 à 450 euros pour les 10 % aux revenus les plus importants. Pendant la crise, les plus riches continuent de s’enrichir tout en se plaignant de devoir contribuer davantage à la solidarité nationale. Les inégalités augmentent depuis la fin des années 1990, mais jusqu’à présent elles étaient uniquement tirées par l’envolée des hauts revenus : désormais ce sont les plus pauvres qui décrochent. Et de façon nette. On entre dans un nouveau régime d’inégalités de revenus, que notre pays n’a pas connu au moins depuis les années 1970, date du début des données statistiques détaillées. Et encore, le phénomène est minimisé. Ces données ne portent pas sur les revenus les plus élevés de l’échelle (les 5 ou 1 % les plus riches) et on a de bonnes raisons de penser que le mou-

vement a continué et s’est amplifié depuis 2012, avec la très forte hausse du chômage. L’observatoire des Inégalités -10 avril 2015 – [1] Après impôts et prestations sociales pour une personne seule

Mardi 1er avril, le New York Times Extraits Dans son édition internationale, le texte, intitulé « French Surveillance State » (littéralement « L’Etat français de surveillance »), appelle clairement le Parlement français « à protéger les droits démocratiques de ses citoyens d’une surveillance gouvernementale indûment expansive et intrusive ». « Il est compréhensible que les Français soient nerveux après les attaques de Paris et de Tunis et qu’ils s’alarment de la radicalisation de certains qui, en France, sont devenus la proie du recrutement djihadiste sur internet », écrit la direction du quotidien américain. Les législateurs français ne devraient

pas approuver la loi à moins qu’il ne soit donné aux juges un rôle approprié, que les définitions vagues de ce qui constitue une menace terroriste soient retirées du projet de loi et que la liberté de la presse soit protégée. » Le quotidien américain dénonce ainsi un projet de loi qui « concentre des pouvoirs extraordinaires » dans les mains du premier ministre. La loi « met en danger la liberté de la presse », un risque déjà pointé par Reporters sans frontières (RSF), qui dénonçait la mise en danger du secret des sources. Pour le New York Times, c’est la base

même du travail de journaliste qui pourrait être affectée : « Les journalistes risquent de déclencher la surveillance gouvernementale simplement en faisant sur Internet des recherches qu’ils ont besoin de faire pour traiter de l’actualité ». Le New York Times rappelle que le Conseil national du numérique a luimême averti que cette loi « ouvrirait la porte à des excès similaires (ou Patriot Act) en France ».

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Nucléaire iranien

Un premier pas historique L’accord conclu entre Téhéran, Washington et le groupe des cinq représente une étape importante et devra être ratifié par le Conseil de sécurité des Nations unies en juin prochain. C’est aussi une victoire personnelle pour le président iranien Hassan Rohani.

Concert de klaxons à Téhéran et dans les grandes villes iraniennes, piétons dansant dans les rues, drapeaux brandis sur les voitures... Téhéran était en liesse, jeudi 2 avril au soir, après l’annonce qu’un accord-cadre a été trouvé à Lausanne sur le nucléaire iranien. À l’issue de huit jours d’un incroyable marathon diplomatique en Suisse, les grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) et l’Iran sont en effet parvenus à s’entendre sur les «paramètres clés» pour résoudre ce dossier. Optimisme modéré à Washington et dans les capitales européennes, rejet total à Tel-Aviv et en Arabie Saoudite, cet accord s’il suscite des réactions controversées d’un bout à l’autre de la planète représente néanmoins un immense espoir pour la paix. Cette normalisation annoncée des relations entre l’Iran et les États-Unis met fin à 36 années de ruptures diplomatiques, qui ont suivi l’occupation de l’ambassade américaine en 1979. Une action qui se voulait représenter le symbole de la révolution contre le shah et les Etats-Unis qui, à l’époque, pillaient le pays et asservissaient tout un peuple. Malheureusement, cette révolution sera rapidement confisquée par les ultras religieux et remplacée par un régime de fer dirigé par les Mollahs et conduira à une rupture progressive avec de nombreux pays sous l’impulsion négative de Washington et de TelAviv. S’en suivra des années de guerre froide, d’embargo et de privations pour le peuple iranien. 8-

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Depuis son élection en juin 2013, le président modéré iranien Hassan Rohani affiche une volonté d’ouverture qui tranche avec les discours va-t’en-guerre de son prédécesseur Ahmadinejad. « Nous sommes favorables à la coopération et aux échanges avec les pays qui nous respectent », a t-ilsouligné à l’issue des négociations, précisant : « Ce n’est pas seulement l’accord nucléaire que nous négocions. Ceci constitue la première étape pour établir des rapports constructifs avec la communauté internationale… » En effet, La priorité affichée des Iraniens dans ces négociations était d’obtenir une levée rapide des sanctions américaines et européennes visant le secteur pétrolier et bancaire. L’embargo a provoqué une chute des exportations de pétrole et un recul important de l’activité économique. Cette récession s’est accompagnée d’une forte hausse des prix des produits importés et d’un mécontentement social dans le pays. Cet accord-cadre sur le nucléaire, salué par la population iranienne, est aussi un gage de stabilité pour le gouvernement iranien. Les exportations de pétrole, qui représentent 50 % des recettes budgétaires, avaient reculé de moitié ces dernières années. Les sanctions n’ont toutefois pas mis à genoux l’économie iranienne : la Chine, le Japon, l’Inde et la Corée du Sud ont continué leurs achats en hydrocarbures. La Maison-Blanche, quant à elle, semble plus pragmatique et fait, selon de nombreux observateurs en poste à Washington et à Téhéran, « le pari d’une modération » du régime iranien. Pour l’administration américaine, « la société iranienne est en grande partie favorable à l’Occident, bien plus moderne, malgré la dictature des mollahs,

que la société saoudienne ». Il est vrai qu’à Téhéran, les femmes travaillent et conduisent, vont à l’université où elles sont majoritaires. Le pays a formé des ingénieurs et des médecins de haut niveau, des intellectuels et des artistes qui, malgré une répression et des interdits encore très présents, aspirent et luttent pour plus de liberté et de démocratie.

L’Iran, un nouvel allié de Washington ? Pour les États-Unis, l’Iran est aussi devenu un allié objectif dans la lutte contre Daesh et un acteur incontournable dans tous les conflits de la région. Depuis des mois, en effet, Américains et Iraniens ont élargi leurs pourparlers sur le nucléaire à la lutte contre le groupe État islamique en Irak et en Syrie. John Kerry avait même reconnu, en février, que Washington et la puissance chiite avaient un “intérêt commun” à combattre l’organisation ultra radicale sunnite. Et même si les États-Unis nient toute «coordination militaire» avec l’Iran contre l’État islamique, ils ont été de facto alliés dans la bataille de Tikrit, dans le nord de l’Irak… Alors, l’Iran, un allié possible de Washington ? Une vision combattue à la fois par les conservateurs américains, les Saoudiens et les Israéliens, qui pensent au contraire que cet accord va renforcer le « vieil expansionnisme perse ». Pour eux, l’Iran, privé de l’arme nucléaire, n’empêche en rien une guerre conventionnelle dans la région avec son principal ennemi l’Arabie Saoudite. Les Israéliens qui, eux, ont tout intérêt à une neutralisation réciproque des deux frères ennemis de la région, dénoncent une erreur historique. Avec cet « accord d’étape » qui reste à confirmer, l’Occident espère également revenir sur ce marché de 78 millions d’habitants, au fort poten-


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

tiel économique. L’Iran possède les secondes réserves de gaz naturel et les troisièmes réserves de pétrole au monde, des ressources minières (zinc et manganèse) qui nécessitent des technologies sophistiquées. Les entreprises américaines et européennes sont d’ores et déjà dans les starkings-blocs pour remettre le pied sur le marché iranien. J.-P. Delahaye

Liberté/sécurité

Une loi dangereuse

Obama rassure Tel-Aviv Le 5 avril, dans un entretien accordé au chroniqueur Thomas Friedman et publié par le New York Times, Barack Obama a pris le soin de répondre aux inquiétudes israéliennes soulevées par l’accord-cadre avec l’Iran, « Je dois respecter les craintes des Israéliens. Je comprends que le premier ministre Netanyahou exprime les inquiétudes bien ancrées de la population israélienne, mais ce que je peux leur dire c’est : premièrement, c’est notre meilleur pari pour l’instant de s’assurer que l’Iran ne se dote pas de l’arme nucléaire, deuxièmement, même si nous avons un accord, nous enverrons le message très clair aux Iraniens et à toute la région que, si quelqu’un cherche à nuire à Israël, l’Amérique sera là. La combinaison d’une voie diplomatique, qui place la question nucléaire d’un côté, tout en disant clairement aux Iraniens qu’ils doivent changer plus largement de conduite, et que nous protégerons nos alliés s’ils continuent leurs activités agressives déstabilisatrices, je pense que c’est une combinaison qui non seulement rassure nos amis, mais permet de faire baisser la température. »

Trois mois après les attentats de Paris, un projet de loi sur le renseignement a été présenté en urgence à l’Assemblée nationale. La question des libertés individuelles est posée. Le texte modifie en profondeur le fonctionnement des services secrets français et à l’instar du Patriot Act américain, décidé par G. W. Bush, après le 11 Septembre, permet de surveiller quasiment chaque citoyen. De nombreuses voix, de tout horizon, le jugent dangereux pour les libertés publiques et la démocratie et considèrent qu’il y a un « déséquilibre » entre sécurité, lutte antiterroriste et respect des droits de l’homme. C’est le cas de Marc Trevidic, ancien juge d’instruction au pôle anti-terroriste du tribunal de grande instance de Paris.

Interrogé début avril sur RTL, il a tout d’abord regretté que le texte donne plus de moyens aux services de sécurité, réduisant de fait le champ d’action du juge Pour le magistrat, une loi sur le renseignement doit être pensée, réfléchie car « ça peut être une arme redoutable entre de mauvaises mains et là c’est tout le problème de cette loi sur le renseignement. Elle doit protéger contre le terrorisme organisé mais aussi protéger contre l’État et sur ce versant, la protection du citoyen contre l’Etat, on n’y est pas du tout ! Il y a une absence de contrôle totale dans cette loi (…) on est très en dessous de ce qu’il faudrait », a-t-il affirmé. Yves Calvi qui l’interroge rappelle que l’objectif, selon le gouvernement est de donner un cadre légal aux multiples interceptions, notamment les appels, les SMS, les imail. Une surveillance qui se LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015

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fera avec l’aval du Premier ministre… Alors quels risques peut-on craindre ? Pour l’ancien juge antiterroriste, l’État peut être tenté de surveiller, à un moment donné, ses opposants, des mouvements sociaux, de contestation… tenter de faire du renseignement politique »(…). Pour Marc Trévidic : « Il y a le renseignement criminel et le politique. Hors ce dernier revient constamment dans toutes les sociétés parce que l’État veut tout contrôler, tout savoir et n’aime pas qu’on s’oppose à lui. Et les critères sont tellement flous dans cette loi (…) il y a des critères sécuri-

té nationale, de diplomatie, d’intérêts stratégiques économiques etc., franchement la marge de manœuvres est immense pour un Premier ministre. » Alors, selon vous, en l’état, la démocratie française est-elle en danger avec une loi de ce type ? interroge le journaliste. Pour le magistrat la réponse est claire : « En l’état, une loi de ce type, si elle tombe entre de mauvaises mains et qu’elle est mal utilisée, on est en danger… Le problème d’une loi c’est que ceux qui vont la voter maintenant, qui l’utilise vont dire : « on va pas mal l’utiliser », mais si elle est mal faite,

dans 10, 15 ans elle peut être utilisée à mauvaise escient. Les lois mal faites, trop larges donnent une latitude extraordinaire. Et l’absence de contrôle aussi, puisque là c’est le premier ministre qui décide tout ce qu’il veut… » Marc Trevidic regrette également « qu’on n’ait pas touché au Secret Défense, c’est-à-dire que même si le président de cette nouvelle commission se rend compte qu’il y a une infraction pénale il ne pourra même pas aviser le procureur ! Il devra passer par la commission « Secret Défense » puisque tout est classifié. On n’a même pas moyen de savoir si quelque chose d’illégal va se faire » ! « Je pensais que les scandales NSA etc. avaient fait comprendre certaines choses. Je constate que pas du tout ». Conclut-il en affirmant sa conviction : « Les libertés individuelles, c’est quelque chose qui est ancré en moi et quand il y a une loi qui me paraît dangereuse je le dis. Je suis inquiet pour la démocratie qui est un bien très précieux ». J.-P.D.

Cuba/USA

La longue marche Les présidents américain Barack Obama et cubain Raul Castro se sont retrouvés, samedi 11 avril, au Sommet des Amériques, au Panama, pour une rencontre qualifiée « historique » qui devrait marquer une étape décisive dans le rapprochement entre les deux pays. Les deux dirigeants ont eu une « conversation en marge des réunions 10 - LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015

des 35 chefs d’État ». Un premier échange entre présidents des deux pays depuis 1956, soit cinq ans avant la rupture des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba. Hormis pour de brèves rencontres informelles, aucun véritable tête-à-tête américano-cubain au niveau présidentiel n’a eu lieu depuis la révolution cubaine de 1959. Barack Obama et Raul Castro s’étaient déjà serré la main, le 10 décembre 2013, lors des obsèques de Nelson Mandela en Afrique du Sud. Au menu de la rencontre - préparée

depuis plus d’une semaine par des rencontres bilatérales et de nombreux coups de fil - la reprise de leurs relations diplomatiques, qui tardent à se concrétiser malgré trois séries de discussions de haut niveau à La Havane et Washington. Le principal obstacle à la réouverture d’ambassades réside pour l’instant dans la présence de Cuba sur la liste américaine des Etats soutenant le terrorisme, qui coupe La Havane d’une partie de l’aide internationale. La Maison-Blanche a indiqué qu’Obama n’était « pas encore au stade » de


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prendre une décision sur ce point, alors même que le département d’Etat américain le recommande. Elle n’a toutefois pas écarté « une annonce prochaine ». Rappelons que cette décision dépend uniquement de l’exécutif, le vote du Congrès n’étant que facultatif. La balle est donc dans le camp d’Obama Au-delà des relations diplomatiques, le chemin de la normalisation des relations entre Washington et La Havane reste semé de nombreux points de contentieux, dont l’embargo total sur les transactions économiques et financières avec l’île, imposé depuis 1962. Obama a demandé au Congrès désormais contrôlé par les Républicains de travailler à la levée de cette mesure… En attendant il a assoupli l’embargo, dans la limite de ses prérogatives, une mesure jugée insuffisante par les Cubains. Tour à tour, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon et le pape François ont appelé La Havane et Washington à « surmonter les différences » et « divisions historiques » sur la voie d’un bon voisinage dans la région.

La normalisation prendra du temps Au cours de la rencontre, Raul Castro, qui a jugé qu’Obama « était un honnête homme », a proposé de développer les coopérations dans plusieurs domaines tels que l’éducation, la santé, la réduction des inégalités, la lutte contre le

terrorisme, les narcotrafiquants et le crime organisé… Les questions de l’autodétermination et de la souveraineté, thèmes centraux du Sommet des Amériques, ont figuré au centre de son intervention. Après leur entretien en tête à tête, les deux présidents ont reconnu que la normalisation complète des relations entre les deux pays prendrait du temps. Le Sommet s’est terminé sans déclaration finale, les ÉtatsUnis refusant d’y voir mentionné un soutien au Venezuela dans sa dispute avec Washington. Depuis plusieurs semaines, Obama est la cible de nombreuses critiques de pays latino-américains outrés par sa récente décision de signer un décret qualifiant le Venezuela, principal partenaire économique de Cuba, de « menace » pour la sécurité intérieure des États-Unis. Dans un souci d’apaisement, la Maison-Blanche a expliqué qu’elle cherchait à établir « un dialogue direct » avec le Venezuela et Obama a voulu souligner à l’ouverture du Sommet « l’avènement d’une nouvelle ère dans les relations au sein de l’hémisphère occidental », assurant que les temps des « ingérences américaines sur le continent était révolu ». Pour le Figaro

du 13 avril 2015, qui titre son article « Obama veut se rapprocher de l’Amérique Latine », la réconciliation avec Cuba s’inscrit dans une volonté de Washington de rejouer un rôle majeur au sud du continent. J.-P. Delahaye

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Vendredi 13 février 2015 – La Marseillaise.fr. Extraits

Gilles Rémy : « La politique du pire, ce n’est pas la Russie » Gilles Rémy est directeur de Cifal, société française opérant en Russie, mais aussi conseiller du commerce France-Turkménistan et de l’organisation professionnelle des opérateurs spécialisés de commerce international… Vos premiers commentaires sur l’accord signé jeudi ? (Minsk) Positifs, la priorité étant d’instaurer un cessez-le-feu et de faire en sorte qu’il soit respecté. La situation humanitaire est catastrophique. Je suis d’ailleurs surpris qu’on ne découvre qu’aujourd’hui l’ampleur du désastre… Vladimir Poutine a déjà souligné les difficultés posées par le refus de Kiev de dialoguer avec les rebelles. Entre ceux qui représentent les Américains, les oligarques ukrainiens et les néonazis. C’est compliqué. L’autre dimension est que l’Ukraine est en faillite. Pour tenir, elle a besoin de 10 milliards d’euros. Qui peut payer ? La Russie ne mettra pas au pot. Si les Américains sont d’accord pour livrer des armes, ils le sont moins quand il s’agit d’argent. Reste donc l’Europe et le FMI. L’idée est d’affirmer que l’Ukraine est agressée par les Russes pour obtenir ce financement. Il y a donc un danger de voir Kiev chercher les tensions pour obtenir des crédits. « Ce n’est pas la Russie qui joue la politique du pire. Elle aurait les moyens de mettre l’Ukraine en faillite si elle le voulait puisqu’un prêt de trois milliards de dollars est arrivé à échéance. » Mais quel est l’intérêt de Poutine ? Pour la Russie, il y a tout d’abord une part d’affectif. L’opinion russe pleure tous les soirs sur le sort de cette po12 - LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015

pulation. Mais le problème de fond est géopolitique. Pour la Russie, l’Ukraine est perdue. Cependant, elle se refuse à voir une nation voisine devenir hostile. Si la Russie n’intervenait pas, dans quelques années l’OTAN serait à sa porte. Et il suffit de regarder la progression de l’OTAN dans la région pour comprendre qu’aucun président ne pourrait dormir tranquille. Que pensez-vous de la formule de retour à la guerre froide pour expliquer les événements ? Il n’y a plus l’enjeu idéologique d’affrontement entre le communisme et le capitalisme qui présidait à cette guerre froide. Si Poutine est ainsi diabolisé, c’est parce qu’il incarne une espèce de conservatisme qui va totalement à l’encontre de l’idéologie européenne d’abolition des frontières et de libre circulation des capitaux. L’Europe considère que depuis 1990 et la chute du communisme, qu’elle a gagné et que le monde doit s’aligner sur ses standards. La Russie représente un blocage à la mondialisation telle qu’envisagée par l’Occident. Vous pointez aussi la responsabilité de la Commission européenne et notamment de Manuel Barroso. Manuel Barroso est un pur atlantiste et son rejet de la Russie était quasi épidermique. Il a voulu dicter à l’Ukraine des conditions contraires à ses intérêts mais aussi aux nôtres avec un postulat se résumant à « vous êtes avec nous ou contre nous », alors que l’Ukraine devait justement trouver un équilibre entre Europe et Russie. L’Europe a été déstabilisée par son élargissement. L’union à 28 a, en effet, permis à des petits pays de l’Est emmenés par la Pologne de prendre un poids diplomatique disproportionné.

La France ne pouvait pas non plus aligner sa politique vis-à-vis de la Russie sur celle de la Pologne. C’est pourtant ce qui se passe quand on ne se positionne pas en fonction de ses intérêts nationaux. Pensez-vous qu’une évolution soit possible suite aux dernières évolutions ? Le couple franco-allemand a eu une réaction certes tardive mais apaisante et raisonnable. Cela nous a fait perdre un demi-point de croissance et la France est singulièrement perdante du fait de son exportation de produits à haute valeur ajoutée vers la Russie. Les Russes s’aperçoivent qu’ils feront toujours l’objet d’un traitement différencié, d’un « deux poids, deux mesures ». Que les remarques qu’on leur fait sur les droits de l’homme par exemple ne sont pas appliquées de la même manière ailleurs. La confiance pourra-t-elle revenir ? Ce sera comme en amour, seules les preuves compteront désormais. Entretien réalisé par Angélique Schaller


LE CAHIER MÉMOIRE N° 812 AVRIL 2015

Par Paul Markidès

La libération des internés dans les camps nazis (Lagers) en janvier 1945 stupéfia les soldats soviétiques venus les délivrer. Ils découvraient une horreur insoutenable, impensable. Des enfants, esclaves soumis à la barbarie nazie qui règne dans le camp le plus meurtrier de l’histoire, aux femmes, aux vieillards, aux hommes acheminés de toute l’Europe. Le plus vaste complexe de concentration appelé « Konzentrationslager Auschwitz » de toute l’Allemagne : Auschwitz I dit Stammlager ou camp de source ; Auschwitz II Birkenau ; Auschwitz III Buna-Monowitz, camp de travail pour les usines IG-Farben et ses filiales, premier des trois à être atteint par les soldats soviétiques. Sur 1 300 000 déportés à Auschwitz, entre 1940 et 1944, plus de 1 100 000 ont été exterminés, mis à mort dans cet espace concentrationnaire ; parmi eux 900 000 ont été gazés, leurs corps brûlés en four crématoire. Les autres étaient des Polonais, des Tsiganes, des prisonniers soviétiques, des Tchèques, des Russes, Biélorusses, Ukrainiens, Yougoslaves, Français, Autrichiens, Allemands, qui furent les premiers internés ; 300 000 dans l’ensemble des camps des territoires allemands à partir de 1933 : juifs,

ÉDITO

Les camps nazis, une horreur insoutenable

communistes, socialistes, catholiques, protestants, libres penseurs, homosexuels, etc., sans distinction d’âge, des enfants aux personnes âgées. Ce cahier Mémoire ne donne, bien sûr, qu’un aperçu de ces internements et de ces assassinats ; mais il est nécessaire aujourd’hui, car il faut rappeler que cette situation atroce résulte

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11

de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite en Allemagne en 1933. Alors, et nous ne cessons de le répéter, la « bête immonde », comme l’appelait le dramaturge Berthold Brecht, réapparaît. Il nous faut donc alerter encore plus nos compatriotes devant ce danger renaissant.


LE RÉVEIL DOSSIER

Les camps nazis Maurice VOUTEY1 Un univers ignoré ? Est souvent posée la question : qui savait quoi ? Avant 1942 et dès 1943, la multiplication des Kommandos extérieurs, l’existence des camps de concentration est connue en Allemagne. Si tous les détails ne sont pas familiers, des bruits courent, lancés parfois par le SD de la SS. Sur les domiciles des personnes arrêtées, il est souvent inscrit, à l’initiative du service de renseignement de la SS : « Il est à Dachau » ! Si l’inscription n’avait pas été compréhensible, aurait-on pris la peine de la tracer ?… A l’étranger, dès avant la guerre, des témoignages, des publications ont cherché à éclairer le monde. En vain. Bruno Bettelheim, libéré de Dachau après avoir reçu un visa d’entrée aux Etats-Unis, tentera de témoigner et y renoncera bientôt : on ne veut pas le croire… (voir le Réveil, n° 799, décembre 2013). Les gouvernements, bien sûr, ne pouvaient pas ne pas être informés. Reste le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui, s’il ne fut pas autorisé à « visiter » selon la procédure mise au point par l’organisme genevois, put pénétrer dans les camps, même à Auschwitz. Il choisit de garder le silence afin de ne pas être empêché d’agir par ailleurs… Il est vrai que le CICR, organisme privé, aurait pu se voir fermer toutes les portes qui lui étaient ouvertes par convention (protection des prisonniers de guerre) dans le Reich… Mais on peut remarquer que les 14 - LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015

autorités nazies n’étaient pas indifférentes aux activités et à d’éventuelles interventions du CIRC. Deux exemples l’attestent. Lorsqu’en violation des conventions protégeant les prisonniers de guerre, les réfugiés espagnols engagés dans les armées françaises et donc couvertes par les conventions de Genève sont transférés à Mauthausen, l’administration SS prend soin de camoufler leur présence en KL et fait imprimer des formulaires de correspondance spéciaux, distincts de ceux en usage par ailleurs au camp, et sur lesquels n’apparaît pas la mention « KL »2… Par ailleurs, le KL Bergen-Belsen où sont détenus des « juifs d’échange » porte d’abord le

nom de « Camp d’internement de civils » : « Zivilinterniertenlager Bergen-Belsen » (ZIL Bergen-Belsen). Par circulaire en date du 29 juin 1943, le WVHA signale que le camp doit désormais être désigné comme « Aufenthaltslager Bergen-Belsen », « Camp de séjour de Bergen-Belsen » (AL Bergen-Belsen), appellation qui le fait échapper au contrôle institué par les Conventions de Genève… Preuves évidentes qu’une action des institutions humanitaires n’aurait peut-être pas été inutile. Et qu’en tout cas la SS prenait des précautions pour pallier un éventuel contrôle… 1. Voir bibliographie : Lajournade, op. cit. 2. Maurice Voutey a participé à la Résistance dans les rangs du Front national de Libération. Arrêté, il a été déporté à Dachau puis dans les camps du Neckar. Professeur d’histoire et géographie, il a été membre de la Présidence de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes (FNDIRP).


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Noël au camp disciplinaire d’Osterhagen Aimé Bonifas1 …Même ici, ce jour est l’anniversaire de la naissance du Christ. Il n’y a pas eu de travail de kommando aujourd’hui. Quelques-uns évoquent leurs Noëls d’autrefois et les réunions de famille. Comme on se sent seul en un tel jour, à des siècles de distance de ces fêtes remplies de nos ravissements d’enfants ! Quelques catholiques, avec l’abbé Amyot, m’invitent à marquer Noël avec eux. Nous nous rassemblons sept à huit dans la cahute qui sert de lavabo, en cachette naturellement, l’un de nous faisant le guet (les vieilles sornettes de bondieuseries n’ayant pas leur place dans l’Ordre nouveau !). Amyot reconstitue de mémoire le récit éternellement merveilleux de la Nativité ; un camarade, à mi-voix, fredonne « Minuit, chrétiens ! », et je fais monter vers Dieu la prière de notre peine, de nos haillons, de notre saleté, de notre fatigue, du froid, de la faim, de notre misère. C’est tout ce que nous pouvons offrir à l’Enfant, notre sanie et notre détresse, mais nous savons que c’est précisément à cause de cela qu’il est venu vers nous. Je ne peux pas dire que ce Noël 1944 me procure une paix sans mélange, mais je crois que nos pauvres vies sont conduites et aimées. La soupe avalée, je fais connaissance avec le commandant du camp. Les Allemands internés ont eu la pensée géniale de dresser dans le block un arbre de Noël décoré de fleurs en papier, autour duquel ils se rassemblent pour chanter quelques vagues « lieder », accompagnés de gar-

diens. Pitoyable hypocrisie ! En réalité, je crois qu’ils ont arrosé ce Noël de pas mal de schnaps. Puis, le commandant se lève et d’une voix rauque, nous adresse ce discours : « Vous êtes nos ennemis, mais nous vous obligerons à travailler avec nous à la destruction de vos patries et à votre propre destruction. Nous n’avons qu’un chef, Adolf Hitler, qui est venu providentiellement pour sauver l’Europe. » Pendant près d’une demi-heure, il brode sur ce thème. Pas une seule parole par où il pourrait nous montrer qu’il comprend notre situation de prisonniers, mais que les nécessités de la guerre… etc. A la fin, il demande si nous avons

bien compris et si nous sommes prêts à obéir. Les Allemands, de nombreux Polonais et Ukrainiens crient « Ja », comme un seul homme. Les Français ne disent rien, mais ils n’en pensent pas moins. Notre présence ici témoigne que nous avons compris depuis un certain temps ! 1. Aimé Bonifas, extraits de Détenu 20801 dans les bagnes nazis. Editions FNDIRP-GRAPHEN.

« L’humanité après Auschwitz » Primo Levi1 Les faits Vingt-sept janvier 1945 : « libération » du camp, ou plutôt des camps d’Auschwitz, par l’Armée rouge. Les gardiens SS, en fuite, ont déserté les lieux depuis dix jours, emmenant avec eux plus de vingt mille déportés, traînés sur les routes de haute Silésie : terrifiante « marche de la mort » où la plupart devaient disparaître, morts de froid, de faim ou abattus en cours de route. Le plus grand des Lagers (camps) nazis, régulièrement bombardé, est déjà en pleine décomposition :

baraques éventrées et cadavres gelés sous un ciel de neige et de cendres. Un paysage hallucinant, maintes fois décrit et pourtant aussi peu imaginable, sauf pour ceux qui l’ont vécu jusqu’à l’extrême limite. Les malades, pour une raison inexplicable, mais dans l’univers du Lager il ne faut jamais chercher à comprendre, ont été abandonnés à leur sort. Ils errent ou se terrent, à moins qu’ils ne soient déjà morts, en silence. Dans le camp de Buna-Monowitz, dit aussi Auschwitz III, construit en octobre 1942 et qui comptait, au cours de l’année 1944, plus LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015 - 15


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server l’étincelle d’humanité qui peut lui permettre de continuer à exister, à être autre chose qu’un objet, inerte et sans désir ?

de dix mille détenus, ils ne sont plus que quelques ombres transparentes qui viennent de passer dix jours hors du monde et hors du temps. Et ils semblent ne plus rien éprouver : ni joie, ni douleur, ni crainte. Rien. Dans ce royaume de l’absurde et du cauchemar, où l’infini du dérisoire rejoint l’infini de la douleur, ils paraissent absents, pris dans une carapace d’indifférence glacée, bien plus proches de l’univers des spectres que du monde des vivants. Un jeune déporté italien, anonyme parmi la poignée de survivants, se demande où est l’homme. Quelle valeur peut bien avoir désormais son existence ? Sur cette toile de fond du massacre, brûlée de tous les feux de l’enfer, dans quel pan d’ombre, dans quel infime recoin, a-t-il pu survivre ? Est-il, tout ou partie de lui-même, perdu pour toujours, ou bien a-t-il pu pré-

Tout au long de son séjour au camp, deux vers de poésie l’ont hanté : « Jusqu’à ce qu’un jour, dire demain n’ait plus de sens. » Pourtant, fugacement, il a eu l’impression, ces dix derniers jours, avec ceux dont il a partagé la lutte pour survivre, heure après heure, de retrouver quelque sensibilité et de redevenir, très lentement, un homme. Mais peut-être n’était-ce là qu’une illusion ? Car il a l’impression que toute espérance l’a définitivement quitté. Or, peut-on être encore un homme sans espérer ? Celui qui trouve encore la force de se poser ces questions s’appelle Primo Levi et n’a pas encore vingt-six ans : jeune Italien, originaire de Turin, égaré dans les immenses plaines de la haute Silésie. Il avait été arrêté à la fin de l’automne 1943, dans le Val d’Aoste, en compagnie de six camarades qui avaient répondu à l’appel du Partito d’azione (Parti d’action) fondé en 1941, dans le sillage du mouvement de résistance Giustizia e Libertà (Justice et Liberté). Des sept apprentis partisans, il était sans doute, de son propre

aveu, le plus inexpérimenté : « Je ne savais même pas me servir d’une arme. Je n’avais qu’un tout petit revolver, incrusté de nacre. J’étais vraiment désarmé, même moralement, mais je voulais quand même me battre. » En décembre, le groupe s’était fait « cueillir », presque par erreur, dans leur refuge montagnard, par les miliciens fascistes. Le fait d’être « démasqué » comme Juif lui valut d’être envoyé au camp de Fossoli di Carpi, près de Modène, transformé par les nazis en centre de transit. Et le 20 février 1944, il fut déporté sur Auschwitz. Après cinq jours de trajet, dans les conditions que l’on connaît, le convoi italien arrive à destination. En dix minutes, sans rien comprendre, Primo Levi, une centaine d’hommes et une trentaine de femmes sont séparés des cinq cents autres, femmes, vieillards et petits enfants, « purement et simplement engloutis dans la nuit… » 1. Primo Levi, chimiste à Milan (Italie), est arrêté comme résistant en février 1944, déporté à Auschwitz. Il y restera jusqu’en 1945 d’où il sera libéré par les Soviétiques. Après son retour en Italie, il témoignera de ce qu’il vécut par de nombreux livres. Son premier livre Si c’est un homme est l’un des tout premiers témoignages sur l’horreur d’Auschwitz.

La libération du complexe des camps d’Auschwitz par l’Armée rouge Extrait du journal l’Humanité dimanche du 22 au 28 janvier 2015 tiré d’un article de Bernard Frédérick Le samedi 27 janvier 1945, vers 15 heures, sous un ciel gris et sombre, à quelques kilomètres du village polonais d’Oswiecim, rebaptisé Auschwitz par les Allemands en 1939, une poi16 - LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015

gnée d’éclaireurs de la soixantième armée du premier front d’Ukraine, commandée par le général Koniev, avance prudemment vers « un camp où l’on brûle les gens », comme l’ont in-

diqué aux soldats rouges des villageois polonais. Personne ne sait encore rien dudit « camp ». Le KL Auschwitz – Konzentrationslager Auschwitz – est un vaste complexe de plusieurs


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centaines d’hectares composé de trois entités principales – Auschwitz I dit stammlager ou camp source : Auschwitz II Birkenau : Auschwitz III Buna-Monowitz, camp de travail pour les usines IG-Farben et ses filiales. C’est devant ce dernier que les premiers soldats soviétiques arrivèrent. D’autres, ayant traversé la ville, se dirigèrent vers le Stammlager, où ils rencontrèrent une vive résistance des nazis en repli, et vers Birkenau. Au total, l’Armée rouge perdit 231 hommes dont le lieutenant-colonel Semen Lvovitch Biesprozvannyi, commandant du 472e régiment. Les militaires soviétiques, officiers et soldats, n’imaginent pas le « spectacle » qui les attend. Certains ont entendu parler des horreurs que leurs camarades ont découvert quelques mois auparavant à Majdanek, un autre camp d’extermination. Mais ce sont des récits…

Témoignages Responsable d’un canon d’artillerie dans la LXe armée soviétique, le jeune sergent Enver Alimbekov est l’un des premiers à entrer dans l’enfer. Il raconte : « J’avais 21 ans, j’étais au front depuis 1942, dans le 472e régiment d’artillerie. A Babitz, à 12 kilomètres du camp, les villageois nous ont parlé de cet endroit « où on brûlait les gens ». Nous sommes arrivés à proximité le 27 janvier au soir. La bataille aux portes du camp a été dure. Nous avons perdu 69 hommes (…). Les prisonniers attendaient derrière les portes. Lorsque nous sommes entrés, il faisait déjà nuit. Une vilaine pluie mêlée à de la neige nous transperçait. La route qui menait à Auschwitz était mauvaise. On pataugeait dans la bouillie. Aux abords du camp, l’air était différent, lourd et puant. Les portes étaient ouvertes. Devant moi, je voyais une rangée de baraquements. Quelques

prisonniers se sont immédiatement approchés de nous. Nous nous sommes éparpillés dans le camp, pour voir. Je crois que je suis parti en avant. J’ai ouvert la porte d’un baraquement en bois gris, délabré. L’entrée donnait sur une pièce très longue. J’ai regardé : des enfants, des enfants partout, là et là et là. Des restes de vêtement pendaient sur leurs corps tout maigres. Ils s’approchaient de moi, se dandinaient, rampaient, en gazouillant dans leur langue. Leurs petites mains sales et osseuses s’accrochaient à mes jambes. Il y avait une jeune fille plus âgée avec eux. Je lui ai demandé : « Mais d’où viennent ces petits ? » Elle était polonaise, mais elle parlait russe. « Ce sont les enfants de Varsovie, du soulèvement, ils ont été raflés par les nazis. Moi, me dit-elle, j’ai combattu dans une organisation clandestine polonaise. La Gestapo m’a attrapée. Je suis ici depuis plusieurs années ». On entendait parler dans tous les sens, dans toutes les langues. Les Français se tapaient sur la poitrine en criant « Paris, Paris » ; « Rome », ceux-là, visiblement, étaient italiens. Les Hollandais disaient « La Haye ». Puis j’ai entendu parler ma langue. J’étais étonné qu’il y ait des Russes. La Polonaise, celle qui s’occupait des enfants, m’a répondu : « Monsieur, le monde entier est réuni ici. » Le sergent-mitrailleur Ivan Sorokopoud, du 507e régiment de fusiliers, se trouvait depuis six mois au front lorsque son unité a atteint la zone concentrationnaire. « Mon régiment, racontet-il, couvrait le flanc nord de l’avance de la 60e armée qui, après avoir pris Cracovie le 19 janvier, marchait vers Ostrava en Tchécoslovaquie. Les Allemands reculaient sans s’accrocher au terrain. Dans la journée du 27 janvier, nous avons pris position à 3 km

d’Auschwitz. Le commandant a désigné 15 hommes pour voir ce qui se passait à l’intérieur du camp. Ce jour-là, il faisait un temps gris, pas trop froid, et le sol était couvert de neige. Un temps cafardeux. Nous sommes partis dans un camion, commandé par un lieutenant. J’avais déjà vu des prisonniers, réduits au dernier degré de la misère. C’étaient des prisonniers de guerre soviétiques qui traversaient sous escorte allemande notre village où j’ai vécu sous l’occupation nazie de 1941 au début 1943. (…) Je m’attendais à quelque chose de semblable. Or, ce que j’ai vu allait au-delà de l’imaginable, à tel point que le souvenir de ce spectacle me secoue encore. En passant le portail, nous avons vu une douzaine de squelettes vivants qui se déplaçaient avec peine. A travers les trous de leurs haillons transparaissaient leurs membres et leurs corps décharnés. Dans leur cas, l’expression « n’avoir que la peau sur les os » n’était pas une image, mais l’exacte réalité. Une odeur putride se dégageait de ces morts-vivants. Ils étaient sales au-delà de toute description. Les yeux semblaient énormes et mangeaient tout le visage. Les pupilles étaient anormalement dilatées. Il en émanait un regard inhumain, animal, indifférent à ce qui les entourait. Ils ne nous

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demandaient rien, ne cherchaient pas à nous parler, restaient à distance, mais dardaient leurs yeux sur nous. (…) De retour sur la position, j’ai un peu surmonté mon désarroi, mais tout ce que j’ai pu dire à mes mitrailleurs s’est ramené à : les gars, après ça, mettez toute la gomme. Pas de pitié avec ces salauds ». Le général Vassili Petrenko commande les troupes qui se battent à Birkenau. Dans ses mémoires, Avant et après Auschwitz, il revient sur la libération des camps. « Le jour de mon arrivée à Auschwitz, on avait compté sept mille cinq cents rescapés. Je n’ai pas vu de gens « normaux ». Les Allemands avaient laissé les impotents. Les autres, tous ceux qui pouvaient marcher, avaient été emmenés le 18 janvier. Ils avaient laissé les malades, les affaiblis ; on nous a dit qu’il y en avait plus de dix mille. Ceux qui pouvaient encore marcher, peu nombreux, se sont enfuis alors que notre armée s’approchait du camp. Nous avons envoyé les unités sanitaires des 108e, 322e et 107e divisions sur le territoire du camp, les médecins de ces trois divisions ont mis en place des lieux pour se laver : tels étaient les ordres de l’armée. Ces mêmes divisions ont organisé l’approvisionnement. On a envoyé des cuisines mobiles. Le deuxième jour, un régiment de réserve de l’armée est arrivé et a libéré nos soldats (…). On m’a montré les pièces où l’on asphyxiait au gaz avant le crématoire. Le crématoire lui-même et une chambre à gaz avaient été dynamités. J’ai vu aussi des enfants… C’était un tableau terrible : ils avaient le ventre gonflé par la faim, les yeux vagues, des jambes très maigres, des bras comme des cordes, et tout le reste ne me semblait 18 - LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015

pas humain, comme si c’était cousu. Les gamins se taisaient et ne montraient que les numéros qu’on leur avait tatoués sur le bras. Ces gens n’avaient pas de larmes. J’ai vu comment ils essayaient de s’essuyer les yeux, mais ils restaient secs. » Les Soviétiques viennent de faire la plus terrible découverte du XXe siècle : les trois camps d’Auschwitz I, d’Auschwitz II Birkenau et de l’usine d’IGFarben à Monowitz. Ils viennent d’investir le maillon essentiel de l’industrie nazie de la mort. Lorsqu’ils arrivent, il ne reste plus dans tout le complexe que 7 000 femmes et hommes et une centaine d’enfants, malades ou mourants, grelottants et affamés. Quelques jours auparavant, les SS avaient contraint 60 000 prisonniers à partir à pied ou en wagons découverts vers l’Ouest, dans une « marche de la mort » qui tuera 15 000 personnes, dont les cadavres jonchent alors les routes de Silésie. Les derniers jours d’Auschwitz sont une horreur. Certes, on n’y gaze plus – les chambres spécialisées et les fours crématoires ont été détruits par les SS qui veulent effacer les traces de leurs crimes ; une partie a été incendiée lors du soulèvement des 465 Sonderkommandos, formés de juifs et de Soviétiques chargés de vider les chambres à gaz et d’assurer le fonctionnement des crématoires. Ceux-là savent que les nazis ne laisseront pas de témoins derrière eux. Les 6 et 7 octobre 1944, ces hommes se soulèvent, anticipant l’insurrection générale programmée par le Kampfgruppe Auschwitz, la résistance internationale organisée des camps. Ils font sauter le Krematorium-IV grâce à la poudre soustraite dans l’entreprise d’armement Union par quatre jeunes juives polo-

naises. Elles seront pendues devant leurs camarades d’usine et pratiquement aucun des insurgés ne survécut. Les Allemands envisageaient de liquider les malades, les plus faibles et les enfants demeurés au camp après l’évacuation. Ils n’en eurent pas le temps, mais jusqu’au dernier jour, ils firent leur « métier », celui de la mort. Primo Levi, qui fait partie de ceux qui, trop affaiblis et terrorisés, n’ont pas voulu quitter leurs baraques, raconte dans son livre Si c’est un homme : « Un petit groupe SS probablement isolés mais armés avait pénétré dans le camp abandonné. Ayant trouvé dix-huit Français installés dans le réfectoire de la SS-Waffen, ils les avaient tous abattus, méthodiquement, d’un coup à la nuque, alignant ensuite les corps convulsés sur la neige du chemin avant de s’en aller. Les dix-huit cadavres restèrent exposés jusqu’à l’arrivée des Russes ; personne n’eut la force de leur donner une sépulture. » « Face à notre fenêtre, écrit encore l’écrivain italien, les cadavres s’amoncelaient désormais au-dessus de la fosse. En dépit des pommes de terre, nous étions tous dans un état d’extrême faiblesse : dans le camp, aucun malade ne guérissait, et plus d’un, au contraire, attrapait une pneumonie ou la diarrhée ; ceux qui n’étaient pas en état de bouger, ou qui n’en avaient pas l’énergie, restaient étendus sur leurs couchettes, engourdis et rigides de froid, et quand ils mouraient, personne ne s’en apercevait. »


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Témoignage de Roger Bordage interné au camp de Sachsenhausen Interview Roger Bordage, président du Comité international de Sachsenhausen, a accepté de répondre à nos questions et ainsi transmettre par notre journal le moment terrible de sa vie dans le camp de la mort de Sachsenhausen. Le Réveil des Combattants : Parlez-nous de votre arrestation. Roger Bordage : Début 1943, à quelques-uns, nous écoutions Radio Londres. Nous avons la volonté de rejoindre les forces françaises aériennes libres en passant par l’Espagne. Malheureusement nous sommes arrêtés par la police française et remis à la Gestapo. Notre démarche à ce moment est purement une démarche patriotique comme tant d’autres jeunes. J’ai 17 ans et quelques mois et je suis envoyé en déportation en Allemagne. Le Réveil : Les camps de déportés, c’est d’abord la mort par le travail forcé pour l’industrie de guerre allemande. R. B. : Il faut se remettre dans le contexte du moment, début février 1943. C’est la fin de la grande bataille de Stalingrad, Hitler perd face à l’Union Soviétique par l’essentiel de ses forces militaires. Sur 5 soldats de la Wehrmacht, 3 sont tués, disparaissent, sont faits prisonniers ou blessés. L’armée allemande est saignée et tous les hommes allemands sont envoyés sur le front de l’Est. Hitler ordonne la destruction de l’adversaire par le travail de l’ensemble des prisonniers qui se trouvent en Allemagne et en particulier dans les camps de déportés. Ernest Heinkel demande pour l’industrie aérienne des ouvriers français qui ont la réputation d’être très qualifiés, et nous sommes, les Français en majorité, affecté

au Komando Heinkel pour la construction du bombardier HE177. J’intègre le hall2 de ce Komando. C’est une équipe de Français. Notre mission, c’est le pesage de tout ce qui sort de cette structure pour la construction du bombardier HE177. Le Réveil : Parlez-nous de la résistance, de la solidarité dans le camp. R. B. : La résistance, c’est d’abord survivre. Notre chance c’est que nous sommes entre Français et donc c’est plus facile de se comprendre, de s’organiser et d’être, si tant est que cela est possible, solidaires. Les SS font régner la terreur, un mot, une phrase, un geste et c’est peut-être la mort immédiate. Nous devons être toujours extrêmement attentifs à ce que nous disons, à ce que nous faisons. La première résistance, c’est d’abord la solidarité. Je travaille de nuit et nous parvenons, grâce à la solidarité et à la résistance organisée de quelques-uns, à dormir quelques heures par nuit. Cela représente un risque inouï et un atout de survie incontestable dans un monde de faim perpétuelle, de coups, de barbarie. Il existe évidemment des actes de sabotages, comme par exemple l’empilage des tôles entre lesquelles des camarades glissent de l’eau salée, ce qui les rend inaptes et les envoient au rebut. Cette affaire a d’ailleurs failli me coûter très cher. Effectivement, le contremaître allemand, de peur de se retrouver envoyer

sur le front au vu du nombre élevé de tôles rebutées, m’accuse de mal compter la quantité qui sort du magasin et je suis puni. 3 heures au garde-à-vous devant le mirador par -20 degrés, un dimanche après-midi. Voilà une des distractions des Allemands. Il existe aussi une autre forme de résistance, c’est l’écoute, par différents moyens, de la situation et de l’évolution des fronts. Par exemple, j’apprends le jour même le débarquement de Normandie. C’était cela la résistance, la solidarité. L’essentiel, c’est la vie et notre combat pour cela. Nous avons entre nous des liens très forts, animés par un sentiment, oui, très affirmé. Le Réveil : La fin du camp et la marche de la mort. R. B. : Je ne pars pas vers le bois de Bellow, mais vers la baie de Lubreck fin 44. Himmler annonce la couleur et donne un ordre aux commandants des camps. Pas un déporté ne doit tomber vivant entre les mains des troupes alliées et il faut détruire les camps. Le problème pour les commandants des camps c’est de mettre en pratique un tel ordre, les camps se situant souvent à proximité de villes ou villages allemands où vivent les familles SS, Sachso près d’Oranienburg. Ville SS, le feu c’est aussi très visible. Ce qui exclu l’utilisation de l’artillerie, l’aviation, quant à elle, est mobilisée sur le front et la meilleure solution, ce sont les marches de la mort qui feront des dizaines LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015 - 19


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clusion. Et il y a nécessité absolue de rester très vigilants, mais cela ne signifie pas que la situation est idem aux années 30. Nous avions par exemple des groupements, des individus de base de leur anti-front populaire qui n’hésitaient pas à proclamer « Plutôt Hitler que le Front populaire ». Et aujourd’hui on constate aussi que lorsqu’il y a des manifestations nazies, il y a toujours de puissants rassemblements anti-nazis.

de milliers de morts le long des routes. En fait Himmler souhaitait aussi avoir la possibilité de s’allier avec les Américains et les Anglais contre les Soviétiques. Il pose même cette question à son aide de camp : « Pourra-t-il serrer la main d’Eisenhower ? » Au final il souhaite encore passer en Suède avec les SS et les déportés otages. Le 21 avril, on part sur les routes avec tout ce que cela comporte. La marche de la mort, des groupes de 100 encadrés par les SS et des droits communs armés par les SS. C’est la soif, la faim et nous faisons 30 km par jour. Une anecdote : les SS nous demandent de tuer un veau pour leur consommation et ils jettent les entrailles que nous récupérons. En plus je vole des pommes de terre et nous nous les partageons et les dévorons, ce qui nous a sauvés. Pour finir, les SS nous abandonnent dans une grange la nuit du 2 au 3 mai dans la baie de Lubeck, et au matin du 3 mai les SS avaient disparu. Pour vous donner une idée, à ma libération je ne pesais plus que 33 kg pour 1,82 mètre.

Le Réveil : Y a-t-il encore une place pour la mémoire de cette atrocité ? R. B. : Evidemment les générations passent et les nouvelles générations ont d’autres préoccupations que celles des années 40. De toute façon, je pense que la population en générale est très consciente de ce que veut dire l’arbitraire, l’exclusion, la violence ou le nazisme, c’est le regard meurtrier sur l’autre. On vous tue pour ce que vous êtes, parce que vous ne pensez pas comme moi. Il y a encore aujourd’hui de tels faits. Les massacres au Rwanda, Boko-Haram et bien d’autres encore. Je suis Charlie évidemment.

Le Réveil : Sur 33 000 partis de Sachso, un tiers est assassiné sur les routes par les SS ! Aujourd’hui le fascisme redresse la tête en Europe, qu’en pensez-vous ? R.B. : Il faut être très prudents et vigilants. Il y a, c’est un fait, en Europe, des minorités de nazis mais elles sont minoritaires. Ces minorités ne sont pas inactives et elles peuvent même être très dangereuses si la crise prenait une ampleur encore plus forte. Pour l’instant, on ne peut pas comparer la situation des années 30 à la situation d’aujourd’hui. Nous restons les survivants, cependant très attentifs à toute forme de racisme, d’antisémitisme, mais aussi à toute forme d’islamophobie, d’anti-Rom et à toute forme d’ex-

Le Réveil : Quelle place aujourd’hui pour le comité international ? R. B. : On travaille avec beaucoup de gens en France mais aussi avec l’étranger, l’Allemagne où ne reste malheureusement plus un seul rescapé de Sachso, la Russie, la Pologne, la Tchéquie et d’autres encore. Les Russes et les Polonais étaient ceux parmi les plus nombreux à Sachso. En Allemagne, il y a actuellement 13 mémoriaux liés à Sachso et tous les ans, 500 000 personnes visitent le mémorial de Sachso. Des gens viennent de toute l’Europe mais essentiellement d’Allemagne. Et à ce propos je veux signaler le travail du président Morsch. Le président Morsch est porteur

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d’un travail d’une rare intensité pour la mémoire de Sachso et inlassablement dénonce ce qui a été ce mal absolu du camp de Sachso. Le Réveil : Quel message aux lecteurs du Réveil, à la jeunesse ? R.B. : La jeunesse doit savoir et connaître ce qui s’est passé et nous sommes organisés pour transmettre cette mémoire. Il est nécessaire de connaître ce passé particulièrement noir de l’histoire, et aujourd’hui, si des choses sont peu réjouissantes, il faut rester en alerte et se souvenir de ce qui a marqué en noir notre passé. Pour l’avenir, il faut que chacun se serve de cela pour avancer et rejeter ce qui stigmatise à cause de son origine, de sa religion, de ce qu’il pense. Le Réveil : Je vous remercie, Roger Bordage. Un mot pour conclure. R.B. : Avec mon métier, j’ai connu le monde et il faut essayer de comprendre ce qui s’est passé et donc de connaître. Et comme disait de Gaulle : « L’important c’est bien de comprendre l’homme ! » Je voudrais aussi dire que si les mémoriaux existent en Allemagne et si l’Allemagne regarde son passé, nous le devons d’abord aux anciens déportés, rescapés, communistes allemands qui ont particulièrement et beaucoup œuvrés pour cela. Et je voudrais leur rendre un hommage particulier. C’est grâce à eux qu’aujourd’hui existe en Allemagne une véritable action mémorielle. Je remercie aussi le Réveil des Combattants pour son travail, son engagement et son rôle de passeur de mémoire. Ensemble, unis pour ne jamais connaître à nouveau l’innommable atrocité de ce que le nazisme a été capable de commettre, pour ne plus jamais connaître le fascisme, le nazisme et son cortège de monstruosité. Cette interview a été réalisée par Hervé Corzani.


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Remise de l’ORMCM à Bernard Hannecart (59) le 5 mars à Recquignies (Patrick Staat - extraits) C’est à chaque fois un honneur de remettre une décoration de l’ORMCM à une ou un camarade. C’est le couronnement de l’engagement politique, syndical, associatif, caritatif. L’engagement de ceux qui crient leurs colères, expliquent, montrent les responsables, font vivre l’espoir. D’un monde où les mots Liberté, Egalité, Fraternité auront tout leur sens. L’ORMC a pour objet de reconnaître et récompenser les mérites acquis par le patriotisme, l’esprit civique, l’attachement à la cause de la Défense Nationale et de la Sécurité Française dans le dévouement aux idéaux démocratiques et à la cause de la Paix. En 52 ans, près de 4 000 personnes ont été distinguées. Il est important de savoir qu’au côté de ces 4 000 citoyens se trouvent aussi des gens comme Frédéric Joliot-Curie, le Général Malleret Joinville, l’Amiral Muselier, le maître Jean Lurçat, Jean Duclos, Jacques Duclos, le Colonel Henri Rol-Tanguy, les présidents de bien d’autres. C’est pour ces valeurs que l’ARAC en 1917 a été créée, avec la motivation qu’un autre monde pacifique, solidaire et fraternel était possible. Ceux qui avec le CNR, ont relevé la France en 1945 et ont lutté dans cette région pour défendre leurs idéaux, leurs engagements. Oui je pense aux mineurs, aux sidérurgistes qui ont mené l’action face à un patronat sauvage et avide de profit à

n’importe quel prix. Alors comment ne pas être heureux quand les mineurs révoqués en 1948 se voient réhabilités. Norbert Gilmez l’un des rares survivants aujourd’hui âgé de 93 ans a rappelé à juste titre que ces mineurs « les mineurs de 1948 étaient des héros. Les mineurs se sont sacrifiés pour reconstruire le pays après la guerre, pour le relever » a-t-il rappelé avant d’ajouter : « désormais tous les enfants de France en seront informés ». Tout cela pour dire que Bernard est l’héritier de tous ces engagements, de tous ces combats. Ceux des combats sociaux, ceux de l’action pour la paix, ceux de la dignité humaine, ceux du refus de la politique coloniale de la France. En notre nom à tous, je voudrais remercier Bernard de ces décennies d’engagements sur les valeurs fondatrices de l’ARAC. Lui dire combien notre pays, notre association est fière de l’engagement d’Hommes et de femmes de sa trempe. C’est cette reconnaissance, Bernard qui me vaut aujourd’hui l’honneur de te remettre cette médaille d’or de l’ORMCM.

L’ARAC présente aux manifestations du 9 avril 2015 Plus de 120 000 manifestants à Paris, 45 000 à Marseille, 10 000 à Bordeaux, 5 000 à Nancy et Nîmes… qui ont affiché leur opposition à la loi “Macron”, aux inégalités. A Marseille

A Paris

Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances.

Nos peines ■ DORDOGNE (24)

■ NORD (59)

Melun : Henri ACHARD, AC ATM.

Mussidan : André NOBLE, AC 39-45. Périgueux : Pierre ROCHE, AC 39-45. Thiviers : Michel THIBAUD, AC 39-45.

Fenain : Serge PEPET, AC ATM.

Mitry le Neuf : René ALIZARD, 98 ans.

■ LOIRE (42) St Chamond : Georges CELLIER. Mme Lucie RIBEYRON.

■ PUY-DE-DOME (63) Clermont-Ferrand : Roger CHAMPROBERT, AC 39-45. Mme Jeanne FAYOLLE, veuve. Roger VILLASPASA.

■ LOIRE-ATLANTIQUE (44)

■ PARIS (75)

Orvault : Claude BIZEUL, 80 ans, AC ATM. Rezé : Robert PEIGNÉ, 86 ans, Hors Guerre, ancien Président Départemental, ancien membre du Bureau National, Membre d’honneur du Conseil National.

11e : Marcel BESSON

■ NIEVRE (58 Decize : Jean HARTMAN, 83 ans, AC ATM.

■ YVELINES (78)

■ VAR (83) St Raphael : René NORMAND, AC 39-45.

■ ESSONNE (91) Saulx les Chartreux : Jean LEFORESTIER, Résistant, AC 39-45.

Achères : Mme Hélène EVEN, 93 ans.

■ VAL DE MARNE (94)

■ SEINE ET MARNE (77)

Villejuif : Pierre QUENEUILLE, AC ATM.

Compans : Roger MARCEAU, 96 ans, AC 3945.

■ Conseil National Le Havre : Roger PRUDHOMME, AC ATM.

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L’Arac et sa mutuelle Pour l’action… Notre Mutuelle a tenu son Assemblée générale le samedi 28 mars dernier, l’ARAC y était représentée par Patrick Staat, secrétaire général et directeur du Réveil des Combattants. Le rapport d’activité, présenté par Robert Deberghes, secrétaire général, a restitué la situation économique, sociale et politique néfaste menée par un gouvernement et un Président de la République irrespectueux de ses promesses électorales malgré le nouvel avertissement sérieux des citoyens lors des dernières élections départementales. Compte tenu de la situation inquiétante, l’assemblée a axé sa réflexion sur trois points principaux permettant à notre Mutuelle de l’ARAC d’avoir les moyens nécessaires à son bon fonctionnement, à savoir : - Suite au rapport du trésorier général Daniel Tanneveau et au compte rendu de la Commission de contrôle financier, une politique de gestion financière encore plus rigoureuse doit être maintenue pour 2015-2016, associée à une campagne nationale de soutien. - Nécessité impérative de s’engager dans une politique de renforcement aussi bien à la Mutuelle qu’à l’ARAC. Pour cela, l’Assemblée a lancé un appel unanime à un sérieux sursaut d’initiatives diverses pour faire venir de nouveaux adhérents. Tenir des permanences juridiques et sociales dans les départements et les sections de l’ARAC. Faire des communiqués de presse dans les journaux départementaux, locaux, municipaux, associatifs etc. Se rapprocher des OPEX qui pourront, dès octobre prochain, obtenir la carte du combattant dans les mêmes conditions que les anciens combattants d’Algérie, Tunisie, Maroc. Lors de toutes les initiatives, présenter notre Mutuelle de l’ARAC et ses services. 22 - LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015

- L’ARAC et sa Mutuelle, dans l’unité avec le monde combattant et les associations citoyennes, continueront à se battre pour le maintien sans condition du droit à réparation, le rattrapage du rapport Constant et la sauvegarde de nos services départementaux de l’ONAC. Ces objectifs ont été votés à l’unanimité par l’assemblée qui a reconduit sa direction nationale dont les membres sont : ➣ Conseil d’administration : Ali dit Alain Attal (ATM) Essonne, Claude Arteaud (ATM) Loire-Atlantique, Michel Bassot (ATM) Hautsde-Seine, Marcel Brulefert (ATM) Var, Antoine Crestani (ATM) Aisne, Jacques Cieutat (ATM) Paris, JeanPierre David (ATM) Seine-St-Denis, Robert Deberghes (ATM) Nord, Georges Doussin (ATM) Vaucluse, André Fillère (ATM) Essonne, Lionel Foulatière (ATM) Nièvre, Jean Gaumet (ATM) Saône-et-Loire, Gaston Girodet (ATM) Ain, Gérard Gonthier (Pupille) Aveyron, Jacques Goutorbe (ATM) Val-de-Marne, Monique Hersant (Pupille) Seine-StDenis, Marcel Le Goallec (ATM) Pyrénées-Orientales, Yves Legoué (ATM) Pyrénées-Orientales, Allain Madec (ATM) Sarthe, Daniel Mas (ATM) Côte-d’Or, Pierre Martres (ATM) Haute-Garonne, Bernard Millet (Pupille) Vienne, Henri Moitrier (ATM) Val-de-Marne, Robert Moullière (ATM–ANCAC) Côte-d’Or, José Mure (OPEX) Vaucluse, Patrick Staat (non-combattant) Val-de-Marne, Daniel Tanneveau (ATM) Essonne. ● Président actif : André Fillère (ATM) Essonne ● Président délégué : Georges Doussin (ATM) Vaucluse

● Vice-présidents : Marcel Brulefert (ATM) Var, Jacques Goutorbe (ATM) Val-de-Marne, Robert Moullière (ATM-ANCAC) Côte-d’Or, José Mure (OPEX) Vaucluse ● Secrétaire général : Robert Deberghes (ATM) Nord ● Secrétaires adjoints : Claude Arteaud (ATM) Loire-Atlantique, Antoine Crestani (ATM) Aisne, Gaston Girodet (ATM) Ain, Marcel Le Goallec (ATM) Pyrénées-Orientales, Henri Moitrier (ATM) Val-de-Marne ● Trésorier général : Daniel Tanneveau (ATM) Essonne ● Trésoriers adjoints : Monique Hersant (Pupille) Seine-St-Denis, Jean-Pierre David (ATM) Seine-StDenis Nous continuerons à être au service des intérêts de tous les Anciens Combattants et Victimes de Guerre, solidaires et mutualistes, dans l’esprit de Liberté, Egalité, Fraternité pourqu’ensemble nous soyons à la tribune de notre 100e anniversaire de l’ARAC.

Jacques Goutorbe, membre du Bureau national de l’ARAC, vice-président de la Mutuelle de l’ARAC


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La 4e génération du “feu” Une chance pour l’ARAC ? Les Anciens Combattants des OPEX - 4e génération du “feu”, héritière à son tour de Barbusse - va, à compter du 1er octobre prochain, bénéficier de la Carte du combattant pour 120 jours de présence en OPEX. Selon les estimations officielles, ce sont de 150 000 à 300 000 hommes et femmes qui vont avoir le droit de demander cette carte. L’ARAC et sa Mutuelle vontelles aller au-devant d’eux ? Les aider à remplir les demandes ? Les inciter à adhérer à notre Association ? A exercer leur droit à réparation avec la Mutuelle ? ➣ IMPOSSIBLE ? L’Armée les a endoctrinés et l’ARAC ne peut pas rentrer dans les casernes, les bases, etc. ➣ FAUX ! La majorité de ces Anciens Combattants des OPEX ne sont plus dans l’armée, ils l’ont quittée, ils ont de 30 à 60 ans voire plus et sont dans la vie civile, au boulot, au chômage ou à la retraite, dans les associations de parents d’élèves, les syndicats, les locataires, les pêcheurs à la ligne, etc. Ils sont, comme nous étions, nous ATM, dans les années 1970-1975, disséminés, repliés sur eux-mêmes. Comme nous étions, nous ATM, quand l’ARAC décida avec retard - de s’ouvrir aux ATM. En 5 ans, à l’époque, l’ARAC a recruté des milliers d’ATM et en a doté ses directions de sections, de comités départementaux jusqu’au national.

AUJOURD’HUI Aller vers les OPEX, c’est reprendre le chemin qui a conduit aux ATM : - campagne de presse - articles dans les journaux municipaux - permanences de section spéciale OPEX le soir, le samedi voire le dimanche - tracts et présence sur les marchés, affichettes, etc. Nous savons le faire… mais voulons-nous le faire ? Nous avons l’âge qu’avaient nos aînés quand ils nous ont fait venir - nous ATM - à l’ARAC. Aujourd’hui, à nous Anciens Combattants et Combattants pour la paix de renvoyer l’ascenseur. - CROIRE à la permanence du droit à réparation - l’assumer envers la 4e génération du feu - CROIRE en l’ARAC et à sa pérennité De vous dépend l’avenir de l’Association.

Commission de la Carte du Combattant Le groupe de travail national relatif à l’attribution de la Carte du Combattant s’est réuni le 1er avril dernier au siège de l’ONAC-VG, aux Invalides à Paris – André Fillère y participait. 6 817 dossiers lui ont été transmis, 6 040 ont reçu un avis favorable à l’attribution de la Carte et 771 ont été rejetés. Parmi les 6 040 attribuées, 10 concernent les AC 39-45 (et 25 rejets), 11 pour l’Indochine (et 4 rejets), 1 538 pour les ATM (et 352 rejets), 4 481 pour les OPEX (254 rejets).

• Au total, depuis le 1er janvier 2015, ce sont 11 026 dossiers qui ont reçu un avis favorable (dont 7 685 OPEX et 3 293 ATM) contre 1 543 rejets, dont 656 OPEX et 614 ATM. • Pour mémoire, rappelons que la mesure relative à la carte « à cheval » sur le 2 juillet 1962 en Algérie a permis, depuis sa mise en œuvre, l’attribution de 9 668 cartes contre 87 rejets. • Les dernières commissions de la Carte avant son renouvellement national auront lieu le 18 et 19 mai prochain.

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Simplification ou complication ? Dans le Réveil des combattants du mois de février 2014 était mentionnée la loi du 12 novembre 2013 visant à simplifier les relations entre l’administration, les citoyens et les entreprises. Cette loi pose le principe selon lequel le silence gardé par l’administration sur une demande vaut désormais accord. Nous espérions avec impatience la parution des décrets d’application. Ils ont mis du temps à venir et ils sont loin de tout simplifier ! Cette mesure, très attendue, n’est pourtant pas si simple ni si évidente à mettre en œuvre et ce parce qu’il existe un certain nombre d’exceptions et de dérogations pour lesquelles le principe ancien subsiste. Concrètement, pour certaines démarches le silence de l’administration vaut toujours rejet. Il nous faut donc essayer de résumer ce qui intéresse plus particulièrement les mesures relatives aux droits des anciens combattants et victimes de guerre. I. - Délais à l’expiration desquels le silence gardé par l’administration sur une demande vaut décision d’acceptation. - Demande de délivrance de carte de combattant volontaire de la Résistance. Art L262. Six mois. - Demande de délivrance de la carte de déporté politique. Art L272 et L288. Six mois. - Demande de délivrance de la carte de déporté et interné résistant. Art L272 et L273. Six mois. - Demande de délivrance de la carte de victime de la captivité en Algérie. Art. L319-1. Six mois. - Demande de délivrance de la carte de réfractaires. Art 296. Six mois. - Demande de délivrance de la carte de personne contrainte au travail. Art L308. Six mois. - Demande de titre de patriote transféré en Allemagne – article 85 loi n° 70-1199 du 2 décembre 1970. Six mois - Demande d’attribution du titre de la carte de « patriote résistant à l’occupation des départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle incarcéré en camps spéciaux ». décret n° 54-1304 du 27/12/1954 portant statut du patriote résistant à l’occupation des départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle, incarcéré en camps spéciaux articles 8 et 10. Six mois. - Demande de carte de prisonnier du Vietminh. Décret n° 90-881 du 26/11/1990 relatif aux modalités du titre restitué par la loi 89103 du 31/12/1989 portant création du statut de prisonniers du Vietminh – article 1er – 6 mois. - Demande d’attribution d’un titre d’incorporé de force dans l’armée allemande – art 2 – six mois. 24 - LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015

- Demande de titre de patriote réfractaire à l’annexion de fait des départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle : Arrêté du 7 juin 1973 « attribution d’un titre aux Français d’Alsace et de Moselle qui se refusèrent à l’annexion de faits – article 2 – six mois. - Demande d’attribution d’un titre incorporé de force dans les formations paramilitairesallemandes. Arrêté du 2 mai 1984 « Reconnaissance de la qualité d’incorporé de force dans les formations paramilitaires allemandes – Article 2 – six mois. - Demande d’attribution du titre d’évadé – arrêté du 10 juillet 1985 concernant l’attribution du titre d’évadé articles 1 et 2 - Demande d’attribution du titre de personne transférée en pays ennemi : arrêté du 28/11/1985 portant création du titre de personne transféré en pays ennemi – article 1er – 6 mois. II. - Silence gardé par l’administration pendant deux mois vaut décision de rejet. - Délivrance de la carte du combattant L253 et R223 à R235 – 2 mois - Délivrance du Titre de Reconnaissance de la Nation L253 – 2 mois - Ajout de la mention « mort pour la France » sur les actes d’état-civil, délivrance d’un diplôme d’honneur – art L488 et L492 bis – 2 mois - Admission dans les écoles de reconversion professionnelle relevant de l’office national des Anciens Combattants et Victimes de guerre – A.527 – 2 mois - Admission à l’Institution Nationale des Invalides A 295 – 2 mois. - Attribution de la mention « mort en déportation » - Art 5 – Loi n° 85-528 du 15 mai 1985 sur les actes et jugement déclaratifs de décès des personnes mortes en déportation. Ces listes ne sont pas exhaustives et rien ne semble simple dans l’application de cette loi. Un autre problème apparaît également : les Administrations sont-elles elles-mêmes au courant des démarches pour lesquelles le silence vaut accord ou pas ? Les administrations ont-elles eu le temps « d’éplucher » la soixantaine de décrets parus ? Les particuliers et les entreprises ne sauront-ils pas toujours à « quelle sauce » ils seront mangés ? Au lieu de simplification, nous assistons grâce à ces multiples décrets à une ou des complications sans fin. Bravo pour le résultat ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ! Jacqueline Thabeault-Alcandre


VOS DROITS LE RÉVEIL

Opérations extérieures Près de 300 000 hommes et femmes vont pouvoir demander la Carte du Combattant En la demandant dès aujourd’hui, 150 000 à 300 000 hommes et femmes ayant séjourné au moins 120 jours en opération extérieure (OPEX) pourront obtenir, à partir du 1er octobre prochain, la Carte du Combattant (Article 87 de la Loi de Finances pour 2015, loi 2014-1654 du 29/12/2014). Une minorité d’entre eux sont encore dans l’armée, mais la grande majorité (100 à 200 000) ont aujourd’hui retrouvé la vie civile et vont donc devoir faire les démarches indispensables à l’obtention de ce titre. ➤ Pour connaître les nouveaux critères d’attribution et faire leur demande dès

aujourd’hui, ils peuvent se faire aider gratuitement par la Mutuelle de Retraite Anciens Combattants qui leur fournira le document officiel, la liste des documents à joindre et les informera sur les droits à réparation attachés à la Carte du Combattant et au Titre de Reconnaissance de la Nation, parmi lesquels le droit à constitution d’une rente mutualiste ancien combattant non imposable, subventionnée par l’Etat de 12,50 % à 25 %, bénéficiant en plus chaque année des majorations légales des rentes viagères, dont les versements constitutifs sont déductibles en totalité du revenu imposable

et qui - selon l’option choisie - permet le reversement du capital constitué à la personne désignée. Pour en savoir plus sur la Carte du Combattant, le Titre de Reconnaissance de la Nation, la rente mutualiste ancien combattant, comment et dans quelles conditions les acquérir, vous pouvez vous adresser à la Mutuelle de l’ARAC ou à l’ARAC au 2, place du Méridien, 94807 Villejuif Cedex – Tél. : 01 42 11 11 00 Fax : 01 46 77 79 09 - email : mutuarac@mutuarac.com – Site info : www. mutuellearac.com

Message de l’UFAC du 8 mai 2015 L’UFAC souhaite que ce message soit lu par une jeune fille ou un jeune garçon. Il convient que la lectrice ou le lecteur ait non seulement lu le texte auparavant, mais aussi qu’il lui ait été explicité. Il appartient donc à toute instance éducative ou associative contactant la future lectrice ou le futur lecteur, d’assurer cette information au travers, entre autres, de témoignages. La FRANCE célèbre aujourd’hui le 70e anniversaire de la Victoire du 8 Mai 1945 qui mettait fin, sur notre continent, à la Seconde Guerre mondiale. Le 8 Mai 1945, l’Allemagne nazie capitulait sans condition ; c’était la victoire totale mais aussi l’heure des tristes bilans et des terribles statistiques : près de 50 millions de victimes militaires et civiles dont 10 millions avaient péri dans les camps d’extermination et de concentration : l’horreur en était révélée au monde. Le 8 Mai 1945 à Berlin, le général d’Armée de Lattre de Tassigny, commandant en chef de la Première Armée française, signait, pour la France, l’acte solennel de reddition. Pour la France, cette victoire du 8 mai 1945 marquait le terme de ses

souffrances, le retour de son prestige, le triomphe de ses idéaux. Occupée, meurtrie, pillée, la France avait vu nombre de ses fils déportés, emprisonnés, torturés, abattus. La Victoire dissipait son cauchemar. Par l’héroïsme de la Résistance et de son Armée victorieuse aux côtés de ses alliés, la France prouvait au monde qu’elle n’avait rien perdu de sa grandeur. La Victoire la retrouvait fidèle à ses traditions séculaires pour la sauvegarde de la liberté et de la dignité humaine. C’était également le triomphe des Forces Française Libres, celui de la Deuxième Division blindée du général Leclerc qui avaient, avec la participation de la Résistance, libéré Paris puis accompli le serment de Koufra du 2 mars 1941 en faisant flotter le drapeau français sur la cathédrale de Stras-

bourg avant de terminer leur épopée à Berchtesgaden. En ce 70e anniversaire, honorons la mémoire de tous nos morts : soldats, aviateurs, marins, résistants, déportés, fusillés, massacrés, prisonniers, pour leur courage, leur esprit de sacrifice, leur sens du devoir et leur engagement. En ce jour de recueillement, l’Union Française des Associations de Combattants et de Victimes de Guerre (UFAC) tient à rappeler l’hommage que leur rendit le Général de Gaulle qui déclara, évoquant leur sacrifice : « En rendant le dernier soupir, vous avez dit « Vive la France » ! Dormez-en paix, la France vivra, parce que vous avez su mourir pour Elle ». Vive la République ! Vive la France ! LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015 - 25


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Son nom : Vautier ! Sa vie : la liberté ! Son cinéma : engagé ! Sa parole : enragée ! En ce temps-là, sur les cartes planisphères du monde, la France semblait se tailler la part du lion, du nord au sud et d’est en ouest, avec son empire colonial teinté rose vif. Dans ces années 50, trois quarts de siècle de propagande avaient amené trop de Français à croire que la France avait civilisé toutes ses tâches rouges lointaines, que les indigènes (noirs, jaunes, bronzés ou autres) en étaient reconnaissants et en admiration devant les blancs bienfaiteurs. Et ceux qui râlaient, contestaient ne pouvaient pas être autre chose que des « agents de Moscou »… Ecole, presse, littérature, BD enfantines, cinéma, expos… tout y contribuait. Alors d’où sort-il « ce petit blanc à la caméra rouge », ce petit breton cinéaste rebelle flanquant son Afrique 50 comme un dur pavé noir et blanc dans la mare de nos illusions ? ➬ Ce René Vautier, un rouge bien sûr, un coco, fils d’ouvrier en usine et d’une institutrice, entré dans la Résistance antinazie à l’âge de 15 ans, décoré de la Croix de guerre à 16, responsable du groupe « jeune » du clan René Madec, cité à l’Ordre de la Nation par le général de Gaulle pour faits de Résistance en 1944. ➬ Six ans plus tard, il tournait Afrique 50, premier film anticolonialiste français engagé. Un chef-d’œuvre, et les chefs-d’œuvre, ça paye : 13 inculpations et – avec son complice coïnculpé, Félix Houphouët-Boigny, excusé du peu ! – René Vautier est condamné à 2 26 - LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015

ans de prison pour avoir violé un décret de 1934 de l’ex-ministre des Colonies Pierre Laval… fusillé pour haute-trahison au service des nazis en 1945 !!! • En 1954, René Vautier réalise Une Nation, l’Algérie. Et le voilà à nouveau inculpé, condamné pour atteinte à la sûreté de l’Etat, etc. Alors il décide d’aller là-bas, voir sur place. En Tunisie, il fera connaître une gamine de 16 ans tournant son premier film : Claudia Cardinale. Puis ce sera Algérie en flammes. L’armée française a ordre de tuer l’homme à la caméra. Dans les Aurès, elle tuera sa caméra dont un éclat restera dans la tête de René. ➬ Ce « cinéaste combattant », comme l’a baptisé le journal Le Monde, a défié toutes les censures pour réaliser des « images sans chaînes » (grève de la faim durant 31 jours, soutenu par Jacques Rivette, Agnès Varda, Jean-Luc Godard, Claude Sautais, Alain Resnais, Robert Enrico, etc., contre l’interdiction de Octobre à Paris, documentaire de Jacques Panijel sur le massacre des Algériens à Paris le 17 octobre 1961).

ration du contingent de la guerre d’Algérie, muselé, enfermé, autocensuré… avec Avoir 20 ans dans les Aurès, premier grand film consacré à la guerre d’Algérie et à sa vérité. René, ce grand breton à la caméra rouge, la casquette de marin plantée sur son crâne, à Cancale, avec son chien, avec Soasic sa compagne, René nous a quittés le 4 janvier 2015, à 86 ans. Son incinération a eu lieu en même temps que la minute de silence nationale suite aux crimes contre ses copains de Charlie Hebdo. Il en méritait bien une part de cette poignée de secondes. Et que ces cendres volent au vent de la côte bretonne, au vent des Aurès aussi, où la délégation algérienne venue le saluer a décidé de les ramener. Hasard ? Il fallut que des Argentins en lutte contre la terreur de Videla atterrissent à Fontenay-sous-Bois et que le fils ainé de ces exilés politiques – Fédérico – rencontre une petite bretonne à Montreuil – Moïra, fille de René Vautier, elle-même documentaliste – pour que la Bretagne s’enrichisse d’une fillette et René d’une petite-fille vive comme une porteña, têtue comme une bretonne. Et qui – à 3 ans déjà – tapait du pied en levant le poing et en scandant « On n’est pas content ! On n’est pas content ! » Et devinez quel est l’un de ses prénoms ? Libertad ! André Fillère

• Celui qui veut mettre « l’image et le son à disposition de ceux à qui les pouvoirs établis les refusent » va tourner des centaines de films contre le capitalisme, dont Un homme est mort, (l’ouvrier Mazé assassiné lors des grèves de 1950 à Brest), le colonialisme et particulièrement la guerre d’Algérie, le racisme en France, l’apartheid en Afrique du Sud, la pollution (dont Marée noire et colère rouge), l’extrême droite (Le Pen, l’Algérie, le « détail », etc.), les femmes, la Bretagne, etc., sans compter les livres, les chroniques, etc. ➬ Considérée comme le père du cinéma algérien, René Vautier est aussi celui qui a rendu la parole à la géné-

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Gauchy (02)

Loire-Atlantique (44)

L’ARAC prévoit des expos Lors de son assemblée générale, Antoine Crestani a rappelé que l’ARAC existe de puis 1917. Avant d’ajouter : « Pour 2015, nous avons les projets d’organiser des expositions en partenariat avec la mairie, du 30 mai au 6 juin dans le hall de la MCL avec la participation de l’historien Bruno Drweski. Nous allons commémorer les 70 ans le da libération des camps de concentration en 1945. L’ARAC espère faire également une exposition sur ce sujet et entrer dans les écoles pour expliquer les horreurs des camps de concentration. » Antoine Crestani a ensuite fait un appel du pied aux militaires des Opérations extérieures (OPEX), les invitant à rejoindre l’ARAC afin de connaître leurs droits, bénéficier de la reconnaissance de la nation.

Alpes-Maritimes (06) Marcel Innocenti pour l’ARAC et Gilbert Charlit pour l’UFAC au Mémorial de Valbonne où 286 noms de « Morts pour la France » sont inscrits.

L’ARAC 44 s’est réunie, dernièrement, en assemblée générale. L’occasion, pour ses membres, de défendre à nouveau leur conviction qu’un monde pacifique, solidaire et fraternel est possible. « Depuis son origine, l’ARAC n’a jamais cessé de dénoncer les causes des guerres et leurs conséquences » a rappelé Jean-Claude Salomon, le président départemental. Aujourd’hui, l’ARAC accuse la crise économique et financière du capital mondialisé, et la mise en concurrence des peuples et des nations, de conduire à des tensions lourdes. « Les pays capitalistes sont engagés dans une nouvelle répartition des richesses de la planète. C’est ce qui nous fait craindre, pour l’humanité, une nouvelle guerre mondiale ». Considérant l’OTAN comme contraire au droit international, l’ARAC a réaffirmé, dans ses résolutions, la nécessité de redonner toute sa place au droit international, comme l’enseigne la Charte des Nations Unies : « C’est à l’ONU d’en appliquer les principes. » L’Assemblée générale de l’ARAC 44 a appuyé la décision du comité départemental de l’Hérault, de demander au préfet du département, d’annuler la délibération du conseil municipal de Béziers.

Ils sont repartis tout sourire au volant de leur voiture blanche Raphaël Vahé, président de l’ARAC, remet les papiers et les clés de la Twingo 3 aux heureux gagnants de la tombola du Réveil. C’est en présence d’une partie du Conseil National qu’Annick et Christian Abel des Bouches du Rhône ont découvert leur voiture. LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015 - 27


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Le comportement d’élus d’extrême droite et de l’UMP – inacceptable lors du 19 mars Alpes-Maritimes Cérémonie du 19 mars : Patrick Allemand porte plainte

19 mars à Villejuif

Patrick Allemand, premier vice-président PS du conseil régional, porte plainte contre la cinquantaine de manifestants qui ont perturbé la commémoration du 19 mars 1962, à Nice, en proférant des injures. Cette cérémonie est organisée tous les ans en mémoire des victimes de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. « Au-delà de ma personne. C’est l’ensemble des victimes des conflits liés à la décolonisation (…) que ces individus ont insulté », justifie-t-il. « Nous ne pourrons aborder sereinement et bâtir ensemble un avenir commun aux deux rives de la Méditerranée tant que certains s’enfermeront dans le passé, la rancœur et le ressentiment », affirme le socialiste.

Avant l’allocution à Villejuif, M. Gabillaud, a tenu à préciser : Je tiens à marquer mon mécontentement concernant notre cérémonie qui a été bâclée, c’est inadmissible. Déjà l’absence de Monsieur le Maire, qui pourtant avait été inscrit sur les affiches et qui aurait dû être à nos côtés pour rendre hommage à nos disparus, pour lui c’était son premier 19 mars. Comment ne pas être présent ? Notons aussi l’absence des drapeaux sur notre stèle, la fanfare supprimée, pas de sonnerie aux morts. Pour les discours, que ce soit à la stèle comme au monument aux morts, pas de micros, pas de Marseillaise.

Nous, les anciens combattants, nous sommes aujourd’hui blessés car nos morts, ainsi que nous les survivants qui avons donné nos 20 ans pour notre pays, méritons un certain respect, nous le rappelons. J’adresserai un courrier à M. le Maire. Comme par hasard, le maire UMP de Villejuif était présent le 5 décembre à Villejuif, une date qui ne veut rien dire. C’est un choix de sa part ?

Saint-Denis (93) En présence de Didier Paillard, maire de Saint-Denis, la protestation et la contestation ont eu lieu à l’égard du maire de Béziers Extraits de l’allocution de Mme Zaïa Boughilas, maire-adjointe : « Cependant, pour quelques-uns, la guerre d’Algérie ne s’est pas achevée le 19 mars 1962. Ils vivent dans la nostalgie d’une France coloniale, d’une France soi-disant toute puissante qui écrasait des peuples de sa domination. A Béziers, où il n’y a plus aujourd’hui de « rue du 19 mars 1962 ». Dans l’après-midi du 14 mars, le maire extrême droite Robert Ménard a procédé au changement de nom. Désormais, cette voie est baptisée Rue du Commandant Denoix de Saint-Marc. Héros français. Le nom du Commandant Denoix de Saint-Marc reste à jamais associé à la torture en Algérie et au putsch des généraux d’avril 1961. Si Robert Ménard voulait réellement honorer des héros de la Résistance française et de la Guerre d’Algérie, il aurait pu penser à Paul Teitgen ou à Jacques de Bollardière. Paul Teitgen et Jacques de Bollardière ont été constants dans leurs engagements. Ils ont toujours su dire non à l’oppresseur, d’où qu’il vienne. Ils ont toujours su combattre pour le respect des libertés, quels que soient les 28 - LE RÉVEIL - N° 812 - AVRIL 2015

circonstances, leurs métiers ou leur âge. Ils ont toujours su choisir le parti de l’humanité. Paul Teitgen, ancien résistant et déporté, secrétaire général de la préfecture d’Alger, a démissionné en mars 1957 pour protester contre la torture et les exécutions sommaires pratiquées par les parachutistes du général Massu. Dans sa lettre de démission, il déclarait : « Depuis trois mois nous sommes engagés [...] dans l’anonymat et l’irresponsabilité qui ne peuvent conduire qu’aux crimes de guerre. » Jacques de Bollardière, résistant, a lui aussi refusé l’usage de la torture lors de la Bataille d’Alger. Officier militaire sur Alger, il a fait part en mars 1957 à son commandement de son désaccord avec Massu : « Convoqué ce jour à dix heures par le général Massu, j’ai été obligé de prendre conscience du fait que j’étais en désaccord absolu avec mon chef sur sa façon de voir et sur les méthodes préconisées. »


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Allonnes (72) De gauche à droite, Yves Berthelin adjoint au maire, les porte-drapeaux de l’ARAC et Gaston Lethielleux, Président d’honneur de la section allonnaise de l’ARAC. De nombreux allonnais, étaient présents place de la paix : « En ce 19 mars 2015, nous dédions nos pensées à toutes les victimes de cette guerre cruelle et dévastatrice, ainsi qu’à toutes les victimes des attentats et actes odieux que nous avons vécu en ce début d’année. Et nous leur disons que nous dédions nos efforts d’aujourd’hui à repousser la haine de toutes nos forces, pour construire ensemble un avenir de Paix et de Fraternité. »

Villejuif (94) En nous quittant à l’âge de 91 ans, c’est peu dire qu’André Lelong aura épousé les grands événements du XXe siècle, ses avancées et émancipations comme les périodes troubles et tourmentées. Du meilleur, il connut le front populaire et la libération, mai 1968 et les avancées de 81. Il connut aussi le pire avec la seconde guerre mondiale, comme jeune homme, jeune soldat, jeune prisonnier qui lui valurent à jamais sa haine de la guerre et son engagement comme ancien combattant au service de la mémoire avec les plus jeunes. André était machiniste de la régie (RATP). Il aimait raconter ses souvenirs dans ce lieu où il racontait y avoir discuté avec Jacques Duclos, Paul Laurent, Marcel Cachin à différentes occasions de meetings organisés devant l’entrepôt rue des Pyrénées. Il gardait un souvenir attaché à ce Paris populaire, c’était un des points communs avec Josiane Rapon avec qui ils partagèrent tant de fois. Il a fait partie de ces milliers de titis parisiens venus habiter Villejuif et qui n’en partirent plus. Il aura jusqu’à son dernier souffle, le souci permanent de construire un monde meilleur. Tu avais raison André. Aujourd’hui toute la grande famille des camarades est là. Avec beaucoup de chagrin de quitter un bon copain comme il disait. Un homme honnête et droit. Humain et patient. Tes camarades.

Clermont-Ferrand (63)

St Pourcain Sur Sioule (03) 19 mars : La municipalité de St-Pourçain-sur-Sioule s’est chargée de l’organisation. Après les dépôts de gerbes de l’ARAC, de la FNACA, du Comité d’Entente des AC, de la municipalité et conseiller régional Jean Mallot, allocutions et messages furent prononcés. René Merle, secrétaire de la section ARAC a déposé une gerbe. Les sections de St Pourçain, St Germain des Fossés, Doyet et Meillard étaient présentes avec leur drapeau respectif.

19 mars - ARAC R. Belloq et R. Catalot

Charente (16) Le samedi 28 février – inauguration de la stèle du 19 mars 1962 sur le parvis de la mairie de Ruelle sur Touvre. Monsieur le Maire Michel Tricoche, Jean-Pierre Colas de l’ARAC et Jean-Claude Varache de la FNACA ont découvert la stèle devant plus de 50 porte-drapeaux.

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Village Van Can

Corrèze (19)

Le comité français du VILLAGE DE L’AMITIE a organisé un CONCERT de solidarité au profit des victimes vietnamiennes de l’agent orange. 180 personnes étaient présentes à la mairie du 11e arrondissement pour écouter CAN VU Ngoc, pianiste et Isabelle HUREAU, flûtiste que nous remercions. Nous remercions également Monsieur VAUGLIN, maire du 11e qui nous a accueillis et qui nous a témoigné son soutien aux victimes de l’agent orange. Brigitte MULLER présidente du comité Allemand, Monsieur NGUYEN NGOC Son, ambassadeur du VIETNAM qui a marqué sa reconnaissance pour le travail entrepris par le Comité français. Raphaël VAHE, vice-président du Comité International du village de l’amitié et président du Comité français a développé les diverses activités de notre comité en insistant sur la construction de la piscine médicalisée subventionnée en Partie par le Comité Français.

A l’occasion de la procédure d’introduction dans l’Ordre National du Mérite de notre amie Marie-Josée Cappoen a été promue au grade de Chevalier. Cet insigne lui a été remis par notre ami Jacques Plas, président d’honneur de l’ARAC Corrèze, sous le patronage du maire de Tulle, Bernard Combes. Comment pouvait-il en être autrement pour une citoyenne pleinement responsable depuis longtemps, formée dans les plus belles traditions républicaines de notre France, combattante lucide pour obtenir des avancées du progrès social, de la Paix, du progrès humain. Marie-Josée est aussi une militante inlassable de l’ARAC passeuse de mémoire vivante en direction des jeunes générations.

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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

La rouge Mare du Haut Plessis Souvenirs d’enfance. Gérard VALLEE à vécu à Sotteville-Lès-Rouen dans la banlieue rouennaise, contrainte à l’exil en 1943, la famille quitte la « seine inférieure » pour l’orne. Les souvenirs de sa vie dans la commune de son enfance, font ressurgir de nombreuses anecdotes, la vie difficile due à la guerre où les bombardements détruiront une grande partie de la ville. Dans ce récit autobiographique la dernière guerre mondiale n’est pas le seul conflit dont il est question dans l’ouvrage ; la Guerre de 14/18 est décrite par les récits du père de Gérard. Ainsi que les péripéties conservées de l’arrière grand-oncle Casimir, sous la commune de Paris en 1871. Le lecteur passe d’une époque à l’autre. Les illustrations sont remarquables, photos, dessins de l’auteur, dessins de Steinlen. Sur 14/18 le livre est complété par un document provenant de Bruno Drewski sur les causes de la guerre ; et il se termine par les chants se rapportant à ces époques. 19,90 euros plus envoi. Gérard VALLEE est par ailleurs l’auteur d’un livre sur la guerre d’Algérie « LES PETITES BETES ROUGES » 14,50 euros plus envoi. Livres à commander au siège, les bénéfices reversés intégralement à l’ARAC.

Charente (16) Assemblée Générale du jeudi 5 mars 2015 devant la stèle de Gontran Labregère fusillé le 12 octobre 1941 puis dépôt de gerbe en présence de la mairie d’Angoulême et du Conseil Général qui a déposé une gerbe, avant la fin des travaux nous avons remis la médaille d’honneur de l’ARAC à Jean-Claude Rapaud porte drapeau de la section de Ruelle.

MERCI DE PRÉCISER LE MODE DE RÈGLEMENT : par chèque à l’ordre de l’ARAC, en un ou plusieurs règlements, avec les dates d’encaissement souhaitées. ● par prélèvement bancaire, avec le montant de votre prélèvement (mensuel ou trimestriel) : merci de joindre un RIB. ● dès réception de votre règlement, nous vous adresserons une attestation de contribution et un reçu fiscal. Nous vous rappelons que vos dons ouvrent droit à une déduction fiscale de 66 %

L’amendement Charb adopté Le Sénat a adopté à l’unanimité une proposition de loi socialiste relative à la modernisation de la presse et qui reprend « l’amendement Charb », du nom du directeur assassiné de Charlie Hebdo. Portée par le groupe CRC, qui en a fait une proposition de loi, cette disposition permet aux particuliers de bénéficiers de réductions d’impôt en cas de dons aux entreprises de presse d’information politique et générale. Le Sénat a également voté, sur proposition de Pierre Laurent, un amendement permettant la défiscalisation des dons de particuliers aux associations et aux fonds de dotation œuvrant pour le pluralisme de la presse. Pierre Laurent, secrétaire communiste a expliqué que cela passe par la défense sans

faille des principes et des moyens de cette information libre et pluraliste, par la défense de chaque titre menacé, par la promotion des valeurs et la défense des savoirs, de la connaissance, de la culture, de la création et de l’information pour lutter contre l’ignorance et la censure. La liberté, surtout celle de la presse, n’est rien sans la garantie matérielle de ses conditions d’existence. Or la presse connait une crise très grave, une crise de la vente, singulièrement de la presse papier, et du pluralisme, qui, l’un comme l’autre, ne cessent de s’éroder. Cette proposition de loi reste très partielle comparée à tous les enjeux qu’il serait nécessaire d’aborder. Elle n’est pas l’ambitieux projet d’ensemble dont la presse et le droit à l’information ont besoin dans ce pays. »

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CUBA SI France : Un numéro exceptionnel ! Enfin le voila ! Après des semaines de travail, Cuba Si France a réalisé un numéro de Cuba Si France Infos exceptionnel en hommage à nos chers amis Georges Wolinski (Président d’honneur de Cuba Si France) et Charb disparus le 7 janvier dernier, eux qui ont tant contribué à l’essor de notre association. Nous vous en présentons aujourd’hui la première et la quatrième de couverture. Ce numéro spécial de 46 pages qui comporte de nombreuses photos inédites, des textes et articles d’amis et de personnalités diverses leur rendant un vibrant hommage, et dans lequel vous trouverez des dessins d’humoristes cubains qui ont tenu à témoigner leur solidarité et leur émotion, est une illustration de leur total engagement solidaire avec Cuba à nos côtés. Pour obtenir ce numéro exceptionnel au prix de 7,50 € port compris, vous pouvez appeler Cuba Si France France au 01.43.36.67.50. aux heures de bureau ou écrire à Cuba Si France – 94 Boulevard Auguste Blanqui – 75013 Paris.


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