YEARBOOK CAMEROUN 2023-2024

Page 1

YEARBOOK RAPPORT ÉCONOMIQUE

Cameroun 2023-2024 VERS L’ÉMERGENCE EN 2030

INVESTIR

ÉCONOMIE - FINANCE

BANQUE - ASSURANCES

AGRICULTURE-AGROINDUSTRIE

HYDROCARBURES

EAU - ÉLECTRICITÉ

MINES- INDUSTRIE

BTP

TRANSPORTS

ECONOMIE NUMERIQUE

SANTÉ

TOURISME - BIODIVERSITÉ

En partenariat avec l’Agence de Promotion des Investissements
Cameroun 2023-2024 Vers l’émergence en 2030 YEARBOOK RAPPORT ÉCONOMIQUE

La publication est éditée par En partenariat avec l’Agence Nationale de Promotion des Investissements (API)

MEDIA DEVELOPMENT

Cameroun

05 Préface de Son Excellence Paul Biya, Président de la République du Cameroun

06 Carte et données générales

Agriculture, élevage, pêche & agro-industries

36 Portrait de M. Gabriel Mbairobé, Ministre de l’Agriculture et du Développement rural (MINADER)

37 Un potentiel agricole très important

38 Interview du Dr Noé Woin, Directeur général de l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD)

39 Vers l’agriculture biologique

LD MEDIA DEVELOPMENT

23, rue du Roule 75001 Paris

Tél. : (+ 33) 1 82 83 38 70

Fax : (+33) 1 82 83 38 71

E-mail : Info@ldmdev.fr

Directeur de la Publication : Laurent Djaoui

Rédactrice en chef : Marie Hourtoule

Secrétaire de rédaction : Marie Maudou

Directeur artistique : David Garino

Direction éditoriale : Laurent Djaoui

Publicité :

Frédéric Tabet

MM Conseil - Maurice Habib

Direction éditoriale : MEDIADIPLO

Agence de Promotion des Investissements

API - Cameroun

Direction Générale, sise à la nouvelle route Bastos, en face hôpital Bethesda

BP 20771 - Yaoundé

Tél. :+237 656024600

+237 672305222

+237 670218630

Antenne régional du Littoral Rue Tobie kuouh, Bonanjo

BP 15304 Douala

E-mail : inquiries@investincameroon.net info@investincameroon.net

Directeur général : Mme Marthe Angéline Minja

Imprimé par

08 Portrait de M. Alamine Ousmane Mey, Ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT)

09 Cadre général

11 Interview de M. Vincent Leroux, Directeur général de Nachtigal Hydro Power Company (NHPC)

12 La Stratégie Nationale de Développement 2020-2030

14 L’évolution des Investissements Directs Etrangers

15 Le programme économique et financier avec le FMI

16 L’économie la plus importante et la plus diversifiée de la région

Investir

20 L’Agence de Promotion des Investissements (API)

21 Interview de Mme Marthe Angeline Minja, Directeur général de l’Agence de Promotion des investissements (API)

23 Un environnement des affaires favorable aux investissements étrangers

24 Les projets intégrateurs de la CEMAC

25 S’implanter au Cameroun

28 Les Zones Franches industrielles et les Zones économiques spéciales

30 Ressources humaines et enseignement

32 Interview de M. Emmanuel Wafo, Président Directeur général de MIT CHIMIE

33 Contacts utiles

40 Les cutures d’exportation

45 Le secteur de l’élevage

46 Interview de M. Nassrallah EI Sahely, Président Directeur général de la Source du Pays SA

47 Pêche et Aquaculture

48 Opportunités

54 Interview de M. Martin Paul Mindjos, Président de la Chambre d’Agriculture, des Pêches, de l’Élevage et des Forêts du Cameroun (CAPEF)

55 Les agro-industries au service de la croissance économique

56 Opportunités

Banques & Assurances

60 Le secteur bancaire le plus important de la CEMAC

61 Des financements pour l’économie

64 Les Institutions de microfinance

64 Opportunités

66 Le dynamique secteur des assurances

67 La CIMA affiliée à l’OHADA

67 Opportunités

Eau, Energie & Hydrocarbures

70 Portrait de M. Gaston Eloundou Essomba, Ministre de l’Eau et de l’Energie

71 L’amélioration de l’offre et de l’accès en eau potable et assainissement

72 Le traitement des déchets

73 Le secteur de l’électricité

76 Les barrages hydroélectriques

78 Vers la prédominance des sources d’énergies renouvelables

78 Opportunités

4 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
SOMMAIRE
PEFC/14-38-00020

122 Le renforcement des infrastructures ferroviaires

123 Le transport aérien

123 Opportunités

Bâtiment & Travaux publics

126 Portrait de M. Emmanuel Nganou Djoumessi, Ministre des Travaux publics

127 Le secteur routier

129 La construction des centrales hydroélectriques

131 Interview de M. Ahmadou

Sardaouna, Directeur général de la Société Immobilière du Cameroun (SIC)

132 Le programme gouvernemental de construction de logements sociaux

132 Opportunités

Santé

136 Portrait de M. Malachie Manaouda, Ministre de la Santé publique

137 Le secteur de la santé

142 Le développement du secteur pharmaceutique

144 Des investissements dans les infrastructures sanitaires

145 Le Plan Stratégique National de Santé Numérique 2020 - 2024

145 Opportunités

Arts & Culture

148 La culture, un secteur productif grâce à la vision gouvernementale

149 Le musée national de Yaoundé

150 La richesse de l’art contemporain camerounais

153 Le rayonnement de la musique camerounaise

153 Opportunités

Tourisme

156 Toute l’Afrique dans un seul pays

158 Le Tourisme d’affaire et de congrès

159 Les retombées de la Coupe

d’Afrique des Nations (CAN 2022)

159 Opportunités

120

vision pour l’avenir du transport maritime

143 La phase 1 de la Couverture santé universelle

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 5 SOMMAIRE
La valorisation des ressources pétrolières
La valorisation du gaz naturel 84 Opportunités Développement durable & Forêts 88 Les enjeux environnementaux 90 L’économie forestière 92 Le développement de l’agroforesterie 92 Opportunités Mines & Industries 96 Dynamiser le secteur minier 97 Opportunités 98 L’industrialisation, pilier de la croissance 99 Opportunités Economie numérique 102 Portrait de Mme Minette Libong Li Likeng, Ministre des Postes et des Télécommunications 103 Une industrie des TIC en plein essor 104 Le développement de l’économie numérique
Cameroun
L’extension du réseau téléphonique à fibre optique 110 La connexion aux câbles sous-marins à fibre optique 110 Opportunités Transports
Portrait
Masséna Ngallé Bibehe,
des Transports
Le
stratégique
L’importance
transport
La valorisation
transport fluvial
81
83
106 Interview de M. Paul Tamba Zapo, Directeur général de CANAL+
107
114
de M. Jean Ernest
Ministre
115
transport, un secteur
117
du
routier 119
du
Une

Le Cameroun, comme tant d’autres pays du monde, continue de faire face aux chocs exogènes. Malgré ce contexte difficile, son économie reste résiliente. Grâce aux réformes mises en œuvre en matière budgétaire, notamment dans les domaines fiscal et douanier, sa capacité à lever des fonds sur le marché financier international s’est accrue. La conclusion d’un nouveau Programme économique et financier avec le Fonds Monétaire International a été possible.

Le secteur privé y a aussi contribué pour beaucoup, à travers des joint-ventures et autres partenariats public-privé. Il en est de même du caractère diversifié de notre économie et du climat des affaires qui s’est amélioré.

Notre bilinguisme est un atout non négligeable et la régionalisation, en cours de mise en œuvre sur l’ensemble du pays, constitue une source significative d’opportunités d’affaires. Avec son potentiel de croissance considérable et ses atouts multiples, le Cameroun se positionne résolument en pays émergent à l’horizon 2035. Il apparait comme un bon risque pour les investisseurs.

Ceux-ci n’ont qu’à saisir les opportunités qui leur sont offertes. Une structure, l’Agence de Promotion des Investissements, est dédiée à leur accompagnement.

8 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique

Bordant l’océan Atlantique, le Cameroun partage ses frontières avec la République centrafricaine (RCA), le Gabon, la Guinée équatoriale, le Nigéria et le Tchad. Les régions limitrophes avec le Nigéria (NordOuest et Sud-Ouest) sont anglophones, alors que le reste du pays est francophone. Le Cameroun, richement doté en ressources naturelles (pétrole et gaz, minerais et bois précieux) et agricoles (café, coton, cacao, maïs et manioc) est un pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. L’économie camerounaise est la plus importante et la plus diversifiée de la région représentant 45% du PIB de la CEMAC en 2021.

Nom officiel : République du Cameroun / Republic of Cameroon

Chef d’État : M. Paul Biya, Président de la République

Superficie : 475 442 km²

Capitale : Yaoundé

Villes principales : Douala, Yaoundé, Bafoussam, Garoua, Maroua

Langues officielles : français, anglais

Monnaie : Franc CFA

Fête nationale : 20 mai

Population : 27,8 millions d’habitants (2022)

Espérance de vie : 60,3 ans (2021)

Croissance de la population : 2,5% par an (2021)

Religions : Christianisme (35-40%), Islam (15-20%), animisme (45%)

PIB : 45,24 milliards $ US (2021)

PIB par habitant : 1 661,7 $ US (2021)

Croissance du PIB : 4,3% en 2022 (prévision)

3,5% en 2021, 0,5% en 2020 (FMI)

Inflation : 6,25% en 2022, 2,3% en 2021, 2,5% en 2020

Chômage : 3,9% de la population (estimation modélisée OIT 2021)

Surface forestière : 43% du territoire soit 22 millions d’hectares

Accès à l’électricité : 64,7% de la population (2020)

Utilisateurs d’Internet : 38% de la population (2020)

Sièges occupés par des femmes dans les parlements nationaux : 34% (2021)

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 9 PROFIL PROFIL

Alamine Ousmane Mey est Ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT) depuis le 2 mars 2018. Il suit le portefeuille de coopération avec la Banque mondiale dont l’ensemble des engagements en cours s’élèvent à environ 2,54 millions de dollars pour 20 projets actifs alignés sur les objectifs de la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030.

Né en 1966 à Kousseri dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, Alamine Ousmane Mey a fait ses études primaires et secondaires à Garoua couronnées par un Baccalauréat série scientifique. Il poursuit ses études universitaires au Aachen’s Polytechnic University en Allemagne d’où il sort avec un diplôme d’Ingénieur en Electronique. Il obtient par la suite des certificats en financement des PME et PMI dans les pays en développement à l’Université d’Antwerp en Belgique.

Sa carrière professionnelle le conduit à la CCEI Bank, aujourd’hui Afriland First Bank. En 18 ans de service au sein de cet établissement bancaire, il occupe plusieurs postes de responsabilité, notamment Analyste du Crédit, Directeur de la Recherche et des Investissements, Directeur Général Adjoint puis Directeur Général de 2003 à 2011. En 2004, il pilote le lancement de la I-CARD, le premier porte-monnaie électronique dans la sous-région d’Afrique Centrale.

En décembre 2011, Alamine Ousmane Mey entre dans le Gouvernement comme Ministre des Finances, poste qu’il occupe pendant sept ans. Sous son mandat, le pipeline Lom Pangar est achevé et le Cameroun passe le cap des 5% de croissance dans un contexte financier international moribond. Il mène des réformes de simplification des procédures et de modernisation des administrations. Sous son impulsion, le premier site internet du Ministère des Finances (MINFI) camerounais est lancé.

En décembre 2012, Alamine Ousmane Mey met un point d’honneur à défendre et réguler le secteur de la microfi -

nance qu’il identifie comme un excellent vecteur de croissance du pays. En février 2014, il fait fermer 84 établissements de microfinance illégaux au Cameroun et rappelle à l’ordre les autres l’année suivante pour faire respecter scrupuleusement les règles en vigueur. Il reçoit le Prix Afrikan Banker comme Ministre des Finances de l’année 2016.

Le 2 mars 2018, il est nommé Ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire. A ce poste, il a procédé à une évaluation de l’arsenal juridique pour introduire des innovations permettant de rendre plus lisible les opérations de Partenariats Public-Privé (PPP). Le Cameroun a réalisé près de 30 projets de PPP pour plus de 2700 milliards. Sous la houlette d’Alamine Ousmane Mey, le Cameroun a un outil rénové qui intègre les directives de la Banque mondiale en matière de pratique.

Un changement de paradigme est en cours dans la planification économique du Cameroun qui souhaite réorganiser ses capacités de production pour pouvoir produire plus localement, couvrir la demande nationale et exporter davantage.

Commandeur de l’Ordre National de la Valeur, Alamine Ousmane Mey parle le français, l’anglais et l’allemand.

10 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
INTERVIEW PORTRAIT

Cadre général

La croissance économique du Cameroun devrait enregistrer une hausse en 2023, tandis que l’inflation est en baisse. En termes de performance du programme conclu avec le FMI, l’objectif de déficit primaire non pétrolier prévu par le programme a été atteint.

La croissance économique du Cameroun devrait enregistrer une hausse en 2023, tandis que l’inflation est en baisse. En termes de performance du programme conclu avec le FMI, l’objectif de déficit primaire non pétrolier prévu par le programme a été atteint. La reprise économique amorcée à la suite du choc de la Covid-19 se poursuit. La croissance est estimée à 3,7% en 2022 et devrait atteindre 4% en 2023, tandis que l’inflation en glissement annuel devrait se modérer, passant de 7,3% fin 2022 à environ 5,9% fin 2023.

Le déficit budgétaire global s’est réduit à 1,1% du PIB en 2022, contre 3% en 2021, tandis que le déficit primaire

non pétrolier est passé à 4% du PIB en 2022, contre 3,9% en 2021. La performance des recettes non pétrolières s’est considérablement améliorée en 2022, due aux recettes fiscales et non fiscales. En termes de performance du programme, l’objectif de déficit primaire non pétrolier prévu par le programme a été atteint, même si une partie substantielle des subventions aux produits pétroliers pour 2022, qui n’a été validée qu’en 2023, sera intégrée à la loi de finances rectificative de 2023.

Les services du FMI et les autorités camerounaises sont parvenus en mai 2023 à un accord au niveau des services sur les politiques économiques pour conclure la quatrième

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 11 INTERVIEW
PROFIL

revue du Programme triennal appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) et le Mécanisme élargi de crédit (MEDC). Le Cameroun aura accès à un financement de 55,2 millions de DTS (environ 73,8 millions de dollars des EU) une fois que la revue sera formellement conclue par le Conseil d’administration du FMI en fin juin 2023. Atteindre les objectifs de la SND30 nécessite une forte accélération du rythme des réformes pour accompagner une transformation structurelle profonde de l’économie. Cela implique un effort concerté pour améliorer le climat

Perspectives économiques en Afrique (AEO) 2022

des affaires pour le secteur privé et pour soutenir une croissance inclusive et résiliente. La mission du FMI s’est félicitée en mai 2023 des mesures visant à renforcer la gestion des finances publiques. Un budget crédible et une exécution disciplinée de celui-ci aideraient à éviter l’accumulation d’obligations intérieures impayées et favoriseraient l’achèvement dans les délais des grands projets d’infrastructure, en particulier dans les secteurs des transports et de l’énergie.

(Source : FMI 2023)

OUVERTURE ET RAYONNEMENT

Toutefois, soucieux de forger à son pays une image plus conforme à son potentiel réel, le Président Paul Biya a engagé une vigoureuse action de réorientation et de dynamisation de la politique étrangère du pays. Cette option s’est traduite par une remarquable montée en puissance de la diplomatie camerounaise. Le Cameroun met tout en œuvre pour faire entendre sa voix, pour proposer les axes de réflexion devant permettre de bâtir une société internationale plus sûre et plus solidaire. Le Cameroun est membre de plusieurs Organisations internationales :

L’Organisation des Nations Unies (ONU)

L’Union Africaine (UA)

Membre fondateur de l’OUA (Organisation de l’unité africaine devenue l’Union Africaine), le Cameroun a longtemps fondé sa diplomatie sur l’un des principes de base de l’organisation panafricaine : la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats.

La Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC)

La Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC)

L’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF)

L’Organisation de la Conférence Islamique (OCI).

12 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
PROFIL

Entretien avec Vincent Leroux, Directeur général de Nachtigal Hydro Power Company (NHPC), société en charge de la construction et de l’exploitation de l’aménagement hydroélectrique de Nachtigal dans la localité de Ndokoa.

Pouvez-vous nous décrire le projet d’aménagement hydroélectrique de Nachtigal et nous dire quel est son état d’avancement ?

Le projet Nachtigal consiste en la conception, le financement, la construction et l’exploitation pendant 35 ans d’un aménagement hydroélectrique d’une capacité de 420MW sur le fleuve Sanaga au niveau des chutes de Nachtigal (situées à 65 km au Nord-Est de Yaoundé) d’une part, et la construction d’une ligne d’évacuation d’énergie de 225kV entre Nachtigal et Nyom 2 (au Nord de Yaoundé) d’autre part.

Les travaux ont démarré en février 2019 et sont réalisés à fin juin 2023 à hauteur de 87%. Il s’agit à date du plus important chantier Camerounais dans le domaine de l’énergie. A sa mise en service, l’aménagement hydroélectrique de Nachtigal couvrira 30% des besoins énergétiques du pays.

Le projet est conduit par Nachtigal Hydro Power Company, une société de droit Camerounais créée en juillet 2016 et détenue par cinq actionnaires : EDF (40%), la Société Financière Internationale (20%), l’Etat du Cameroun (15%), Africa 50 (15%) et STOA (10%).

Quelles sont les actions de NHPC en matière de RSE ?

NHPC est porteur d’une forte ambition environnementale et sociale et met en œuvre à ce titre un plan d’actions de développement économique local. Ce plan vise à améliorer les infrastructures de la zone d’implantation du Projet dans les domaines de l’eau, l’électricité,

l’éducation, l’agriculture et la santé. Au cours des deux dernières années, on note par exemple la construction de maternité, service des urgences, salles de classe, ateliers techniques, foyers communautaires, forages, etc.

En plus de cela, NHPC construit un barrage de pied d’une puissance de 4,5MW dont une partie sera utilisée pour faire fonctionner ses installations et l’autre partie réservée au réseau local pour l’électrification de la zone d’implantation du projet.

Enfin, il faut rappeler que le projet génère des retombées économiques variées et importantes, telles que la création de milliers d’emplois directs et indirects et la création de nouvelles activités économiques autour du Projet.

Ce partenariat public-privé conclu entre l’Etat du Cameroun et NHPC pourrait-il inspirer d’autres projets camerounais à l’avenir ?

En tant que plus important projet de partenariat publicprivé en cours en Afrique dans le domaine de l’énergie, NHPC a à cœur de faire du projet Nachtigal une référence au Cameroun, et ce, sur tous les plans.

Sur le plan industriel, NHPC développe un ouvrage essentiel pour le système électrique du Cameroun en s’appuyant sur l’expertise de partenaires industriels compétents. Demain, l’entreprise s’appuiera sur une équipe d’exploitants hautement expérimentés qui se devront d’assurer un haut niveau de sûreté hydraulique. Sur le plan environnement et social, NHPC s’évertue à offrir un accompagnement exemplaire et responsable aux populations impactées par le Projet et à mettre en place des actions innovantes et inscrites dans la durée en faveur de la préservation de l’environnement.

Enfin sur le plan du financement, NHPC a une structure de financement robuste qui s’appuie à la fois sur un financement par capitaux propres de ses 5 actionnaires, et sur un financement par emprunt de 11 institutions financières de développement internationales et 4 banques commerciales locales. Ce modèle lui a d’ailleurs valu en 2018 le prix de Projet de l’Année 2018 dans la catégorie des Financements Multilatéraux par l’institution Project Finance International (PFI).

En mettant en œuvre les meilleurs standards internationaux, tout a été pensé avec le partenaire institutionnel clé que représente l’Etat du Cameroun pour faire du projet Nachtigal une réussite.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 13
INTERVIEW

La Stratégie Nationale de Développement 2020-2030

Le Gouvernement provincial est composé d’un Gouverneur, d’un Vice-Gouverneur et des ministres provinciaux. Le Gouverneur et le Vice-Gouverneur sont élus pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois par les députés provinciaux au sein ou en dehors de l’Assemblée provinciale. Ils sont investis par ordonnance du Président de la République.

La Stratégie Nationale de Développement-Cameroun 2030 s’appuie sur les leçons de la mise en œuvre du Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) dont elle prend le relais jusqu’en 2030, dans la perspective de l’accomplissement des objectifs de la Vision 2035 qui ambitionne de faire du Cameroun « un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité ». Elle articule les engagements internes et internationaux du pays au plan économique, social et environnemental.

Le SND 30 intègre la nécessité d’une plus grande cohésion sociale, afin que les fruits de la croissance bénéficient à tous les Camerounais dans un élan de solidarité nationale.

Avec les Objectifs de Développement Durable (ODD), le pays est engagé à « ne laisser personne de côté » dans sa marche vers l’émergence.

Le cap étant de porter le pays au rang des Nouveaux Pays Industrialisés (NPI) en 2035, les stratégies

14 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
PROFIL

sectorielles ont été articulées autour du développement des industries et services en cohérence avec le Plan Directeur d’Industrialisation (PDI). Dans cette logique, le développement industriel est considéré comme le point focal des enjeux économiques à moyen et long terme du pays. La stratégie retrace donc les lignes directrices devant orienter les efforts de développement pour l’atteinte des objectifs fixés dans la Vision 2035. Elle est l’expression d’un appel renouvelé à la mobilisation des Camerounais, de l’intérieur et de la diaspora, pour s’inscrire positivement en faveur de cette dynamique de construction nationale à laquelle le Président de la République convie tous ses compatriotes. Les partenaires au développement trouvent à travers cette stratégie, une base référentielle claire pour l’alignement et l’harmonisation de leurs efforts conjugués aux côtés du Cameroun. L’ampleur des réformes et investissements planifiés dans la présente stratégie marque une étape décisive de la marche du pays vers l’émergence. Le gouvernement entend s’y consacrer pleinement en comptant sur le dynamisme du secteur privé, l’implication de la société civile, la

mobilisation des populations et l’appui des partenaires économiques, techniques et financiers. Dans le cadre de la SND 30, la loi rectificative des finances du 14 juillet 2022 portait le seuil des émissions à 550 milliards FCFA soit une augmentation de 200 milliards FCFA.

Les 200 milliards FCFA sont destinés au financement de certains projets ciblés qui devraient contribuer de façon efficace à l’amélioration des conditions de vies des populations. Il s’agit entre autres de la reconstruction des régions en crise (Nord-ouest, Sud-ouest, ExtrêmeNord), la consolidation de la décentralisation, la mise en œuvre de la politique d’import-substitution et les grands projets infrastructurels.

Le gouvernement envisage à court terme la mise en place d’un Fonds de Garantie en faveur des jeunes entrepreneurs qui sera une émanation de la mobilisation des financements spécifiques nationaux, bilatéraux et multilatéraux.

Grâce à la résilience de son économie, le pays a acquis depuis plusieurs années, la confiance des investisseurs et des financiers.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 15 PROFIL

L’évolution des Investissements Directs Etrangers

Après avoir connu une baisse de 35,2% en 2020 du fait de la pandémie de Covid-19, les Investissements directs étrangers (IDE) ont rebondi à 42,9% en 2021 pour se situer à 850 millions de dollars soit 487,7 milliards FCFA.

notamment l’équato-guinéen Bange Bank et de la nigériane Access Bank.

L’analyse des estimations publiées par l’organisme onusien la Cnuced permet de constater une multiplication pratiquement par 10 du stock d’IDE sur les 20 dernières années. En effet, le stock global est passé de 917 millions de dollars (552 milliards FCFA) en 2000 à 9 026 millions de dollars (5 434,3 milliards FCFA) en 2020, soit une hausse de 884%. Cette réalité peut s’expliquer par l’intensification des investissements chinois dans le pays.

Ces flux entrants d’IDE ont notamment permis de soutenir le dynamisme dans les secteurs de l’hôtellerie, des industries manufacturières et de la finance. Ainsi, on a noté en 2021, dans le secteur hôtelier, la finalisation et la mise en service de plusieurs établissements hôteliers à l’instar de Krystal Palace, Bestwestern, Star Land… De même, dans les industries manufacturières, on relève des investissements notamment dans les branches de la transformation des grains, avec la mise en place d’une usine de production de 30 000 tonnes de gritz de maïs par la société anonyme des Brasseries du Cameroun. Le même dynamisme a été observé dans le secteur de la fabrication des matériaux de constructions avec la construction d’une usine de production de ciment et de clinker à Figuil, région du Nord, d’une capacité de production de 500 000 tonnes de ciments de la filiale locale du franco-marocain Lafarge-Holcim, Cimencam, et de 1 000 tonnes de clinker par an ainsi que l’extension à 1,6 million de tonnes de l’usine du cimentier marocain Cimaf.

Dans le secteur de la finance, le pays a, en plus de la construction du siège de la BGFIBank à Douala, bénéficié de l’arrivée de deux nouveaux établissements bancaires

Le gouvernement camerounais a ciblé certains secteurs comme prioritaires pour l’investissement : les transports, l’agro-industrie, le tourisme et le développement rural. Afin d’attirer davantage les investisseurs, des programmes d’envergure sont mis en œuvre par les pouvoirs publics, avec l’appui des bailleurs de fonds, pour améliorer le rendu de la justice, accroître l’offre de l’énergie, renforcer l’information économique, simplifier les procédures, accompagner les entreprises, assurer la protection de l’espace économique face aux menaces illicites.

Au cours de l’année 2022, les investissements au Cameroun ont connu une croissance de 3,4%, témoignant ainsi d’une véritable reprise des activités économiques dans le pays. Selon l’Institut national de la statistique (INS), cette performance est davantage le fait du secteur privé dont les investissements dans le pays ont crû de 4,3% en glissement annuel.

Source : CNUCED - Dernières données disponibles. Note : * Les investissements greenfield correspondent à la création de filiales ex-nihilo par la maison mère.

16 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
PROFIL Investissement Direct Etranger 2019 2020 2021 Flux d’IDE entrants (millions USD) 1.027 675 850 Stocks d’IDE (millions USD) 8.538 8.931 9.781 Nombre d’investissements greenfield* 23 11 8 Value of Greenfield Investments (million USD) 1.188 206 191

Le programme économique et financier avec le FMI

Les autorités suivent les objectifs du programme conclu avec le Fonds monétaire international (FMI) et accélère le rythme de mise en œuvre des réformes pour soutenir la diversification de l’économie sous l’impulsion du secteur privé.

Le Fonds monétaire international (FMI) a bouclé mi-mai 2023 la mission de la 4ème revue du programme économique et financier du gouvernement appuyé par l’Accord de Facilité élargie de crédit et du Mécanisme élargi de crédit. Le FMI a annoncé avoir trouvé un accord avec le gouvernement camerounais pour un décaissement de 55,2 millions de DTS, soit environ 73,8 millions de dollars (44,9 milliards de FCFA) après que la revue sera formellement conclue par le Conseil d’administration du FMI en fin juin 2023.

Concrètement, le FMI a fixé des exigences aux autorités camerounaises si elles veulent accéder aux appuis budgétaires escomptés à l’issue de ladite revue. Celles-ci portent préalablement sur le dépôt au Parlement lors de la session de juin 2023, d’une loi des Finances rectificative, actuellement en préparation au niveau du ministère des Finances.

Celle-ci est adossée à la création d’un espace budgétaire dédié aux investissements productifs et au financement des dépenses sociales. Ce qui devrait se faire par une

mobilisation accrue des recettes intérieures, non sans améliorer l’efficacité des dépenses, tout en renforçant la discipline budgétaire.

Cette nouvelle enveloppe portera à 624,9 millions de dollars, soit environ 380,4 milliards de FCFA, le volume des décaissements déjà effectués en faveur du gouvernement camerounais depuis la conclusion du programme en juillet 2021.

La reprise économique du Cameroun amorcée à la suite du choc de la COVID-19 se poursuit. La croissance est estimée à 3,7% en 2022 et devrait atteindre 4% en 2023, tandis que l’inflation en glissement annuel devrait se modérer, passant de 7,3% fin 2022 à environ 5,9% fin 2023. Les autorités préparent une loi de finances rectificative pour 2023. Il s’agit de créer un espace budgétaire pour les investissements productifs et les dépenses sociales en mobilisant les recettes intérieures et en améliorant l’efficacité des dépenses, tout en renforçant la discipline budgétaire.

LE CHIFFRE D’AFFAIRES DES ENTREPRISES A CRÛ DE 8,6% EN 2021

Au cours de l’année 2021, le chiffre d’affaires des entreprises du secteur moderne de l’économie camerounaise a progressé de 8,6%. Selon l’Institut national de la statistique (INS), cet indicateur de performance qui correspond à la somme des ventes de marchandises, de produits fabriqués, des travaux et prestations de services, et des produits accessoires (issus des activités secondaires), rebondit ainsi après s’être contracté de 4,1% en 2020 en raison de la pandémie du coronavirus.

Cinq branches d’activité ont principalement influencé la croissance du chiffre d’affaires global des entreprises du secteur moderne de l’économie

locale. Il s’agit d’abord de la branche « réparation et installation des machines et équipements » (+106%). Ensuite vient la branche « extraction des produits des hydrocarbures et d’autres produits énergétiques » (+65,8%). On trouve ensuite « la fabrication des machines et équipements » (+49,2%) ainsi que les activités « d’hébergement et restauration » (+48,1%). Enfin, la branche « fabrication des meubles » (+29,6%) vient compléter cette liste, témoignant ainsi d’un certain dynamisme du secteur de la transformation locale du bois, avant l’entrée en vigueur -reportée en 2025- de l’interdiction des exportations des grumes par le Cameroun et ses pairs de la CEMAC.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 17
PROFIL

L’économie la plus import ante et la plus diversifiée de la région

Locomotive de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), le Cameroun est bien conscient du rôle moteur qu’il doit jouer pour contribuer à relever les multiples défis auxquels l’Afrique centrale est confrontée, dans un esprit de concertation, de solidarité active et d’intégration.

d’entreprises privées plus performantes. Le secteur bois, tiré par les importations de la Chine, connaît une croissance soutenue. La filière caféière s’essouffle subissant depuis 2017 l’insécurité dans les régions anglophones.

L’économie camerounaise est la plus importante et la plus diversifiée de la région représentant 45 % du PIB de la CEMAC en 2021 selon le FMI. Elle reste dépendante des produits bruts même si les dernières années ont connu une augmentation des exportations de quelques produits transformés notamment dérivés du cacao. Malgré les nombreuses crises qui affectent la région, le Cameroun affiche une croissance annuelle moyenne de 4% depuis les années 1980. Elle a par ailleurs mieux résisté à la crise des matières premières de 2014 que les autres pays d’Afrique centrale. La croissance, qui avait atteint une moyenne de près de 5% entre 2010 et 2014, avait ralenti à 3,5% en 2017 avant de légèrement remonter à 4,0% en 2018. Elle s’était à nouveau affaissée en 2019 (3,5%) en raison en partie de la persistance de problèmes sécuritaires dans l’Extrême-Nord et l’Ouest anglophone du pays et de la baisse de la commande de l’Etat.

Selon les données de la Banque mondiale, l’agriculture représentait 17,4% du PIB en 2020. Elle comprend des cultures de rente très variées (cacao, café, banane, coton, palmier à huile, canne à sucre, caoutchouc) et un important secteur vivrier (banane plantain, maïs, manioc…). Les filières du cacao et du coton, qui revêtent une importance économique et sociale majeure au Cameroun, enregistrent des hausses de leur production, notamment grâce à la mise en œuvre d’un plan de relance de la société publique Sodécoton depuis 2017. Le dynamisme des plantations de banane, palmier à huile et caoutchouc –contrarié par la crise anglophone- est limité par la présence d’entreprises publiques en crise, aux côtés

Le secteur secondaire représente 23,3% du PIB. Le pétrole brut demeure une ressource importante, toutefois, son poids dans le PIB et dans les exportations s’est relativement réduit (3,1% du PIB en 2021 contre 6,7% en 2014 et 38,8% des exportations de biens en 2021 contre 47,8% en 2014). La production pétrolière, après avoir atteint un maximum de près de 180 000 barils/jour en 1985, a décru à 61 000 barils/jour en 2011. Elle représentait en 2021 environ 70 000 barils/jour. L’exploitation du gaz, en revanche, est en plein essor grâce à l’installation fin 2015 par la société Perenco d’une unité de liquéfaction de gaz dont la production est évaluée à 35 000 barils équivalent pétrole/jour. Enfin, le secteur des services (52% du PIB en 2020) est dominé par les transports, le commerce, l’hôtellerie et la restauration et les services financiers. Si la rentabilité globale des banques demeure stable, le risque de crédit a augmenté. Le taux de prêts non-performants a atteint 13,7% en 2020 (avec un provisionnement stable à 90%), contre 12,8% en 2019.

L’essentiel des exportations (environ 85%) est le fait de produits pas ou encore trop peu transformés (pétrole brut, grumes et sciages, cacao, gaz naturel liquéfié, coton, aluminium brut), et la balance commerciale apparaît structurellement déficitaire. La Chine reste le premier fournisseur du Cameroun en 2020 (17,5% des parts de marché), suivie de la France (8,7%). La Chine est également le premier client à l’exportation du Cameroun (21,5% des exportations camerounaises), suivie de l’Italie (10,0%), des Pays-Bas (9,3%) et de l’Espagne (6,8%). La France occupe en 2020 la 9ème place avec 3,7% des achats.

Signalons qu’en date de mai 2023, la Banque mondiale n’avait décaissé que 22,6% de son portefeuille d’engagements au Cameroun estimé à de 1552 milliards de FCFA pour 19 projets actifs soit un solde de 1200 milliards de FCFA de reste à consommer.

18 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
PROFIL

Entretien avec Paul Tamba Zapo, Directeur général de CANAL+ Cameroun depuis le 1er avril 2018. Le leader de la distribution d’images en Afrique francophone qui a célébré en 2022, ses trente ans de sur le continent africain.

Pouvez-vous dresser un bilan de ces 30 années de présence au Cameroun ?

Cela fait plus de 30 ans que CANAL+ a pour objectif d’offrir le meilleur de la télévision en Afrique, en proposant des formules d’abonnement accessibles et en constante évolution, avec de plus en plus de chaînes africaines, des contenus inédits et exclusifs pour répondre aux attentes de nos abonnés. CANAL+ International est présent au Cameroun par l’intermédiaire de sa filiale créée en 2009. Nous contribuons avec succès au développement commercial et à la distribution des bouquets sur l’ensemble du territoire camerounais et comptons aujourd’hui 10 partenaires grossistes et plus de 500 points de vente agréés à travers le pays. Notre engagement au Cameroun dépasse la sphère commerciale. Nous investissons dans :

- L’accompagnement des professionnels de l’audiovisuel en achetant, produisant et co-produisant des œuvres (films et séries).

- La création de programmes de divertissement tel que le Canal Tour ou le Canal Comedy Club qui a aidé à faire émerger de nouveaux talents du rire.

- Le parrainage d’évènements culturels comme « Ecrans Noirs » de Bassek Ba Kobhio, premier festival du film d’Afrique centrale, etc.

- La mise en avant de Camerounais à l’échelle africaine et internationale.

- La formation et le transfert des compétences aux acteurs et professionnels de l’audiovisuel camerounais à travers Canal+ University.

Nous célébrons donc aujourd’hui 30 ans de réalisations concrètes et sommes fiers de participer activement à l’écosystème économique et audiovisuel du Cameroun.

Quels bouquets offrez-vous aux Camerounais ?

Nous proposons plus de 300 chaînes TV, radios et services déclinées en formules, les bouquets Canal+. Nos centaines de milliers d’abonnés bénéficient d’une thématique variée : sport, cinéma, séries et divertissements, jeunesse, découverte, information, religion… A travers six bouquets, Canal + propose une offre de plus de 100 Chaînes de TV et Radios africaines dont 13 chaînes camerounaises à 5 000 FCFA dans l’offre d’entrée de gamme Access. Chacun de ces bouquets bénéficie d’un accès automatique à notre application Canal+ qui a été modifiée en tenant compte des retours de nos abonnés avec notamment la possibilité de télécharger les contenus hors ligne, une consommation de moins de data et, surtout, la possibilité de voir tous vos programmes en direct et en replay.

Quels sont vos projets de développement ?

Nous comptons poursuivre nos investissements pour demeurer un acteur majeur de la promotion culturelle et de l’industrie audiovisuelle du Cameroun. Cette ambition repose sur 3 piliers stratégiques :

- Une empreinte africaine plus forte : Canal+ poursuivra son investissement dans la production d’émissions et des programmes spécifiquement dédiés à ses abonnés africains ; La production d’émissions de téléréalité et de divertissement ; Des magazines et émissions spécialisés comme Enquêtes d’Afrique, Bonjour santé ou encore le magazine de l’entrepreneuriat Start-up.

- Des produits innovants : Le développement de l’application Canal+ permet de regarder jusqu’à 4 programmes en simultané et en continu sur le même appareil. Le nouveau décodeur G11, un décodeur de nouvelle génération permettra aux abonnés de vivre une expérience TV avec une qualité d’images 4 fois supérieure à la HD.

- Notre engagement RSE décliné en 3 initiatives : La formation des métiers de l’audiovisuel et du cinéma à travers notre label de formation Canal+ University ; « Orphée », un programme destiné aux orphelinats portant sur l’accès à l’éducation et au divertissement ; « 1 Mois 1 Cause », soutien des actions associatives essentielles au développement durable de l’Afrique. De l’éducation et la jeunesse à la santé, de l’environnement au respect des droits fondamentaux, les antennes du Groupe et nos équipes sur terrain se mobilisent pour répondre aux défis et enjeux africains de demain. J’aimerai conclure en rappelant que ces investissements ne pourront être réalisé que dans un environnement assaini de piraterie, un véritable fléau qui est un frein au développement du secteur de l’audiovisuel au Cameroun.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 19
INTERVIEW

Un Cameroun prospère et uni dans sa diversité. Un Cameroun où chaque acteur trouve sa place. Je voudrais à cet égard apprécier le rôle déterminant que joue le secteur privé dans la mise en œuvre de notre politique de développement.

20 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
Extrait du message du Chef de l’Etat le Président Paul Biya à la Nation le 31 décembre 2022.

Investir

Économie la plus diversifiée d’Afrique centrale, le Cameroun a le potentiel pour devenir l’un des pays les plus prospères et parmi les mieux placés pour recevoir des investissements directs étrangers en Afrique.

L’Agence de Promotion des Investissements (API)

L’Agence de Promotion des Investissements (API) a pour mission, en liaison avec les autres administrations et organismes publics et privés concernés, de contribuer à l’élaboration et à la mise en œuvre de la politique du Gouvernement dans le domaine de la promotion des investissements au Cameroun.

- L’accueil, l’assistance et l’orientation des investisseurs

- La réception et le traitement des dossiers de demande d’agrément

- La facilitation d’acquisition de visa requis par les investisseurs et leur personnel étranger

- La simplification des procédures administratives en liaison avec les services techniques concernés

- Le suivi et contrôle des engagements signés par les personnes habilitées

- L’octroi d’incitations aux investisseurs en collaboration avec d’autres départements ministériels concernés

- La mise en relation.

POURQUOI INVESTIR AU CAMEROUN ?

Les principaux atouts de l’économie camerounaise sont :

• Sa position géostratégique

• Sa stabilité politique

• Une main d’œuvre bon marché

L’API est une institution administrative publique dotée de la personnalité juridique et de l’autonomie financière basée à Yaoundé avec une antenne régionale à Douala capitale économique du Cameroun. L’Agence est placée sous la tutelle technique du Secrétariat général de la Présidence de la République du Cameroun et sous la tutelle financière du Ministère des Finances.

L’Agence fournit également des services publics aux entreprises sollicitant ou obtenant un agrément en vertu de la Charte des investissements ainsi que le suivi des dites entreprises bénéficiant de ces avantages.

Créée le 1er septembre 2005 par décret présidentiel et devenue opérationnelle en 2010, l’API est impliquée dans l’élaboration et la mise en œuvre de la politique gouvernementale dans le domaine de la promotion des investissements qui comprend notamment :

• Des coûts compétitifs des facteurs de production

• Des ressources naturelles abondantes (agricoles, pétrolières et minières)

• Une économie diversifiée à l’export (pétrole, minier, agriculture, etc.)

• De nombreux projets de modernisation des infrastructures

• Une stabilité monétaire du fait de son appartenance à la zone Franc CFA

• Des réformes institutionnelles, législatives et réglementaires conformes à l’évolution des normes internationales

• L’impact positif de la politique anti-corruption

• Le règlement sur la participation au capital, permettant aux étrangers de détenir 100% d’une société.

22 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
INVESTIR

Entretien avec Marthe Angeline Minja, Directeur général de l’Agence de Promotion des investissements (API). C’est à cette gestionnaire formée à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et à l’École de commerce de Neuillysur-Seine, qu’il revient de promouvoir auprès des investisseurs la destination Cameroun.

Quels services proposent l’API aux investisseurs étrangers ?

La création de l’API par décret présidentiel en 2005 et sa réorganisation en 2019 traduisent de manière effective, la volonté des autorités camerounaises non seulement de parfaire le dispositif institutionnel de pilotage de la politique nationale de promotion des investissements privés, mais également de disposer d’une structure capable d’assurer efficacement la mise en œuvre de cette politique gouvernementale. Dans cette logique, l’Agence de Promotion des Investissements (API) offre des services de qualité dans toutes les étapes du processus d’accompagnement des investisseurs. Ces services se résument au quadriptyque accueil-assistance-orientation-soutien des investisseurs, afin de contribuer à l’accroissement d’un flux massif des investissements au Cameroun et de booster ainsi sa croissance économique.

Sous la conduite de l’API, en 8 ans, 279 conventions ont été signées entre l’Etat du Cameroun et le secteur privé avec 102  000 emplois créés. Quelle est la clé de ce succès ?

Le bilan élogieux auquel vous faites référence, est une conséquence positive des efforts déployés par le Gouvernement camerounais pour améliorer le climat des affaires en général, et l’environnement des investissements en particulier. En effet, avec la création de l’API, la politique gouvernementale de promotion des investissements est pilotée efficacement à travers notamment les services de qualité que l’API offre aux investisseurs, et qui leur permet

de bénéficier d’un accompagnement particulier durant tout le processus de mise en place de leurs projets au Cameroun. Aussi, il me semble important de relever l’attractivité qu’exerce la loi n°2013/004 du 18 avril 2013 fixant les incitations à l’investissement privé en République du Cameroun. Cette loi qui a le mérite d’être non-discriminatoire entre investisseurs nationaux et étrangers, offre une panoplie d’incitations fiscales, douanières, administratives et financières aux investisseurs. Ces incitations leur permettent de réaliser d’importantes économies d’impôts qui vont au-delà de 25% des charges qu’ils auraient dû payer dans le cadre du droit commun.

Quels sont les principaux atouts économiques du Cameroun ?

Le Cameroun, véritable Afrique en miniature qui condense tout un continent de par sa riche diversité géographique et humaine, dispose de nombreux atouts pour attirer les investissements productifs. Son premier atout est sa stabilité politique qui lui confère la réputation d’être un véritable havre de paix en Afrique, doté d’institutions stables lui permettant ainsi de réguler de façon harmonieuse l’activité économique. Deuxièmement, sa position géostratégique unique au sein du golfe de Guinée qui lui donne l’accès à un marché de plus de 300 millions de consommateurs potentiels en Afrique centrale et de l’ouest, et même en Afrique australe (SADEC), constitue un atout économique considérable. Également, comme atouts, il faut citer, ses ressources naturelles abondantes figurant parmi les plus importantes du continent, son cadre réglementaire et

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 23 INTERVIEW

institutionnel favorable au développement des affaires, son cadre macroéconomique stable, diversifié et résilient offrant de nombreuses opportunités d’affaires et faisant du Cameroun un exemple dans la sous-région. Aussi, sa population jeune dont plus de 60% est en deçà de l’âge de 30 ans, son taux de scolarisation s’élevant à plus de 70% et figurant parmi les plus élevés d’Afrique, lui permet de disposer d’une main d’œuvre abondante et qualifiée, le dynamisme de son secteur privé, constituent des atouts économiques non négligeables. Tous ces atouts font du Cameroun une destination privilégiée des investisseurs en Afrique. Sans être exhaustive, voilà autant d’atouts qui font du Cameroun, une destination privilégiée pour les affaires.

Que va apporter la mise en œuvre de la ZLECAF au niveau des investissements ?

L’avènement de la ZLECAF résulte d’une vision de développement intégré et autocentré du continent africain « par les africains et pour les africains », à travers la promotion des contenus locaux. C’est dire qu’en substance, la ZLECAF se veut être un véritable instrument de développement des économies africaines en utilisant de façon optimale leur potentiel en termes de capital humain, de ressources naturelles pour accéder à une émergence économique et sociale. Il ne s’agit pas que d’un accord commercial, mais aussi et surtout d’une nouvelle dynamique pour actionner les leviers de développement pour sortir l’Afrique de la pauvreté. Parmi ces leviers de développement, figure entre autres l’investissement. En 2021, les flux d’investissements étrangers en direction de l’Afrique ont été évalués à 83 milliards de dollars Us, soit 5,2% des IDE mondiaux, tandis que les flux d’investissements intra-africains ont été évalués à seulement 10 milliards de dollars Us. Au regard de ces chiffres, le constat est plausible, il se dégage une très faible captation des IDE en direction de notre continent au regard de son énorme potentiel et un faible flux d’investissements intra-africains. Ainsi, avec l’avènement de la ZLECAF, de nouvelles perspectives s’offrent aux économies africaines pour davantage réaliser leur énorme potentiel de croissance à travers notamment le développement des investissements intra-africains.

Existe-t-il une stratégie de promotion de l’investissement productif de la diaspora ?

Le Gouvernement camerounais soucieux de sa diaspora, a mis en place une politique de valorisation et d’implication de la diaspora dans le processus de développement économique à travers sa Stratégie Nationale de Développement (SND30).

Dans cette stratégie, il est question pour le Gouvernement de créer un ou plusieurs fonds d’investissement pour mobiliser l’épargne de la diaspora et de mettre en place des dispositions légales pour encourager et sécuriser les investissements de la diaspora. Dans la même veine, au niveau de l’API, un accompagnement particulier est accordé à la diaspora désireuse d’investir au pays. Cet accompagnement consiste à informer, orienter, assister et soutenir les investisseurs issus de la diaspora dans toutes les étapes du processus de mise en place de leurs projets d’investissements au pays. Les fruits de cet accompagnement sont déjà perceptibles à l’API avec plus d’une vingtaine de projets portés par la diaspora qui ont été agréés au régime incitatif de la loi de 2013, dans différents secteurs d’activités.

24 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
INTERVIEW

Un environnement des affaires favorable aux investissements étrangers

Le Cameroun a le potentiel pour devenir l’un des pays les plus prospères et parmi les mieux placés pour recevoir des investissements directs étrangers en Afrique. Le pays dispose de nombreuses ressources naturelles et dynamise l’entrepreneuriat.

Bien qu’ouvert sur 600 km de cote avec l’Atlantique et partageant à l’ouest une longue frontière avec le Nigéria, pays membre de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Cameroun fait partie des Pays d’Afrique centrale et est délimitée à l’est par cinq pays de cette vaste zone économique (Tchad, République centrafricaine, Congo, Gabon et Guinée équatoriale). Il s’agit donc d’un carrefour stratégique privilégié entre l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest.

Cette position géographique exceptionnelle est renforcée par la proximité culturelle avec les communautés anglophone et francophone découlant de la pratique assez large de l’anglais et du français, ses langues officielles. Son appartenance à la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (CEMAC) et à la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) permet au Cameroun de bénéficier d’un marché estimé à plus de 300 millions de consommateurs.

Le gouvernement camerounais a ciblé certains secteurs prioritaires pour l’investissement : l’agriculture, l’eau et l’énergie, l’industrie manufacturière, le bois, l’industrie pharmaceutique, la santé, les transports, l’agro-industrie, le tourisme. Afin d’attirer davantage les investissements, des programmes d’envergure sont mis en œuvre par les pouvoirs publics, avec l’appui des bailleurs de fonds, pour améliorer le rendu de la justice, accroître l’offre de l’énergie, renforcer l’information économique, simplifier les procédures, accompagner les entreprises, assurer la protection de l’espace économique face aux menaces illicites.

Toute personne physique ou morale étrangère, quelle que soit son lieu de résidence, peut entreprendre et exercer une activité économique dans le pays. Elle peut, individuellement ou en association avec d’autres, exercer cette activité, soit sous le régime de droit commun, soit sous l’un des, régimes spéciaux institués par les lois et règlements en vigueur.

Dans tous les cas, elle bénéficie de la pleine protection du droit camerounais.

Le Cameroun dispose également de zones franches dans lesquelles peuvent s’installer toutes les entreprises à vocation exportatrice, c’est à dire produisant des biens et services destinés exclusivement à l’exportation. Les avantages sont nombreux : exonération de toute licence, autorisation ou limitation de quotas à l’export comme à l’import, possibilité d’ouvrir des comptes en devises étrangères, absence de restriction sur les opérations de vente, d’achat de devises étrangères, droit de transfert vers l’étranger des bénéfices réalisés (cependant 25% doivent être réinvestis au Cameroun), exonération d’impôts et de taxes sur une période de 10 ans à partir du début des activités, imposition à un taux global de 15% sur les bénéfices à partir de la 11ème année.

Tout investissement agréé bénéficie de la garantie des risques non commerciaux aux conditions de l’article 15 du traité instituant l’Agence multilatérale de garantie des investissements, ratifié par le Cameroun.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 25
INVESTIR

Les projets intégrateurs de la CEMAC

Le Programme économique et régional (PER) de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), adopté en 2011, vise à consolider et à achever l’intégration régionale. Le Cameroun est considéré comme le pôle agricole et la locomotive économique de la sous-région.

En 2019, compte tenu des crises financières et économiques, dans un contexte budgétaire contraint et du lourd endettement de chacun de ses membres, les chefs d’État de la Communauté ont décidé de concentrer le volet « infrastructures » du PER sur onze projets intégrateurs prioritaires, dont le montant global est estimé à près de 4,1 milliards d’euros – pour lesquels ils ont mobilisé les bailleurs de fonds –, la réalisation de ces chantiers étant prévue sur cinq ans (2021-2025).

Les projets intégrateurs de la sous-région impactant le Cameroun sont la construction d’un pont sur le fleuve Ntem, facilitation du transport et amélioration de la sécurité routière sur la route transnationale KribiCampo-Bata reliant le Cameroun à la Guinée équatoriale ;

la construction de la voie express Lolabé-Campo (40 km) entre le Cameroun et la Guinée équatoriale ; l’aménagement hydroélectrique du barrage de Chollet et lignes électriques Cameroun-Gabon-Congo-RCA) ; l’interconnexion de réseaux électriques Cameroun-Tchad ; l’interconnexion du Cameroun avec les autres pays de la Cemac par fibre optique ; la construction du port sec de Beloko (corridor Douala-Bangui) ; la construction de l’université inter-Etats Cameroun-Congo (UIECC).

Le Cameroun est doté d’énormes richesses naturelles et d’un dynamisme économique et social qui lui confèrent un poids significatif dans la sous-région. La Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), principale institution monétaire de la CEMAC, a son siège à Yaoundé au Cameroun.

26 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
INVESTIR

S’IMPLANTER AU CAMEROUN

La législation camerounaise crée un climat favorable au développement des entreprises, en particulier grâce à l’adhésion du Cameroun à de nombreuses organisations régionales.

Afin d’attirer davantage les investisseurs, des programmes d’envergure sont en train d’être mis en œuvre par les pouvoirs publics avec l’appui des bailleurs de fonds pour améliorer le rendu de la justice, accroître l’offre de l’énergie, renforcer l’information économique, simplifier les procédures, accompagner les entreprises, assurer la protection de l’espace économique face aux menaces illicites.

La monnaie

En tant que membre de la zone franc à travers sa participation à la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), le Cameroun bénéficie d’une garantie de disponibilité de devises pour le transfert des paiements vers l’étranger et d’un taux de change fixe entre le franc CFA et l’euro. Cependant, une réforme du franc CFA, la monnaie commune des six pays d’Afrique centrale, est en cours d’étude par la CEMAC.

Le droit des affaires

L’appartenance du Cameroun à l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) rend applicable un ensemble de règles claires et modernes qui régissent notamment le droit des sociétés et les domaines les plus importants du droit commercial dans les dix-sept Etats membres. Il faut noter à cet égard les mesures destinées à faciliter l’application de l’Acte Uniforme de l’OHADA sur l’arbitrage.

Un bon cadre légal et réglementaire

Au Cameroun, le cadre législatif et réglementaire garantit la sécurité juridique et judiciaire des affaires. Le cadre juridique, organisationnel et procédural du recouvrement des créances fiscales au niveau national est largement satisfaisant. (Source OCDE)

Le droit de la propriété intellectuelle

Le pays est également membre de l’Organisation Africaine de la Propriété intellectuelle (OAPI) qui uniformise la protection des droits de propriété intellectuelle et industrielle ainsi que la procédure centralisée de dépôt.

Le droit des assurances

Le Cameroun a ratifié le traité CIMA qui crée une réglementation unique des opérations d’assurances et institue une Commission régionale unique de contrôle de ces activités.

Les conventions fiscales

Le Cameroun a conclu 8 conventions fiscales, dont une Convention notamment avec la France l’Afrique du Sud et le Maroc. Une Convention tendant à empêcher la double-imposition existe également au sein de la CEMAC, et permet de réduire la charge fiscale entre les Etats membres, sauf en matière de transfert de dividendes.

Des engagements internationaux

Le Cameroun est membre du CIRDI (Centre international de règlement des différends liés à l’investissement) et de l’AMGI (Agence Multilatérale de garantie des investissements). Il a également ratifié la Convention de New York sur l’exécution des sentences arbitrales étrangères.

Liberté d’établissement

Au Cameroun, l’accès à la profession de commerçant est libre.

Réglementation concernant les prises de participation

Les étrangers peuvent être propriétaires à 100% d’une entreprise.

Obligations de déclaration

L’Agence de Promotion des Investissements (API) permet de s’informer sur les autorisations nécessaires à l’implantation.

Toutefois, le postulant doit satisfaire, suivant le cas, aux conditions suivantes :

• être immatriculé soit au Registre du Commerce, soit au Répertoire communal ;

• avoir fait une déclaration d’existence ;

• détenir la carte professionnelle de commerçant ;

• disposer de locaux et d’installations matérielles lorsqu’ils sont exigés ;

• respecter les autres obligations professionnelles, notamment en matière fiscale ;

• obtenir l’agrément préalable pour les personnes de nationalité étrangère.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 27 INVESTIR

Les services offerts par PwC

PwC accompagne ses clients à travers un large éventail de services pour les aider à travailler plus intelligemment et à atteindre leurs objectifs.

People & Organisation

La pression pour optimiser les coûts et maximiser la productivité est toujours là. Aujourd’hui, il est rendu plus compliqué par les technologies disruptives, la complexité croissante de la géopolitique et du commerce mondial, l’évolution des risques, des réglementations et la course permanente pour trouver et garder les bons talents avec les bonnes compétences. Les forces façonnent le lieu de travail et l’introduction de nouveaux défis qui ont un impact sur l’ensemble de votre organisation.

Cybersécurité

La transformation digitale s’accompagne d’un nouveau défi pour les institutions gouvernementales et financières ainsi que pour les entreprises. L’adoption d’outils de communication, de gestion et de stockage des données intensifie le risque de cyber-attaques. Les différents organismes subsahariens, étatiques ou privés, sont encore vulnérables face au phénomène. Les données personnelles et professionnelles de millions d’utilisateurs sont ainsi menacées, de sorte que la cybersécurité s’avère être l’un des plus grands challenges que le digital pose à l’Afrique.

Transformation digitale

La transformation digitale est déjà en marche dans de nombreux secteurs d’activité en Afrique. Que ce soit dans les services, la banque, l’agriculture, les transports, la santé ou l’éducation, l’économie est bouleversée par de nouvelles offres qui apparaissent tous les jours. Outre l’essor des télécommunications, ce sont aussi des usages totalement inédits qui se développent : mobile banking, transfert d’argent, achat d’électricité, commerce en ligne… Les offres évoluent rapidement, et les meilleurs acteurs économiques sont ceux qui savent faire preuve de créativité, de réactivité, d’anticipation et de bonne gouvernance. Saisir les opportunités du digital constitue donc un enjeu multiple : celui de la mutation de vos offres, celui de la mutation de votre environnement, celui de la mutation de votre organisation et, in fine, la mutation des modes de consommation de vos clients.

Maîtrise et gestion des risques

Pour faire face aux défis que représente le développement d’une structure en Afrique subsaharienne, il est nécessaire en premier lieu de connaître et maîtriser les législations et le cadre réglementaire qui encadrent l’activité de l’entreprise. Ceci implique de maîtriser les réglementations fiscales, sociales, juridiques et sectorielles. C’est un impératif et une condition de croissance durable et pérenne. La maîtrise de l’environnement réglementaire, de ses enjeux et impacts réglementaires est nécessaire pour prendre les meilleures décisions stratégiques en toute connaissance de cause –elle peut alors devenir un atout majeur. C’est un facteur clé de succès pour établir une stratégie de croissance pérenne dans les environnements spécifiques d’Afrique francophone subsaharienne.

Transactions (Deals)

La croissance des économies africaines attire de nombreux investisseurs, qu’ils soient nationaux, étrangers ou intracontinentaux. Avec un développement économique qui ouvre la voie à de nouvelles opportunités, c’est tout particulièrement dans des cadres panafricains que les transactions viennent aujourd’hui à s’opérer. Il s’agit donc d’identifier les pays ou les régions les plus attractifs comme les plus risqués pour développer son activité, d’analyser le potentiel du marché et ses caractéristiques et d’évaluer la capacité de l’entreprise à identifier et réaliser des transactions créatrices de valeur.

Accompagnement à l’installation en Afrique

Avec une croissance durable et un Doing business grandement amélioré, l’Afrique, pour de nombreux opérateurs économiques, se fait de plus en plus attractive. Mais qu’il s’agisse d’acteurs étrangers au continent ou bien bénéficiant déjà d’une première installation sur un unique marché national, s’implanter en Afrique subsaharienne nécessite toujours de se préparer en profondeur. Pourquoi ? Car les marchés, souvent inégaux, répondent à des réglementations complexes pour des environnements distincts. Réussir votre implantation passe donc nécessairement par la compréhension de cet environnement pluriel, et ce tant sur ses aspects réglementaires et fiscaux que stratégiques.

Renforcement de capacités

Alors que les économies subsahariennes maintiennent un niveau de croissance positif et que la démographie est toujours à la hausse, le continent dispose de la main-d’œuvre potentielle la plus importante à l’échelle mondiale, et ce durant les vingt prochaines années. Ce réservoir de compétences est un véritable gisement de valeur pour les entreprises et les institutions de la région. A supposer que chacun des acteurs économiques se saisisse de cette formidable opportunité. La réussite des entreprises, et plus largement du continent, passe donc expressément par le renforcement du capital humain. Comment ? En accompagnant les entreprises dans la gestion de leurs talents, en attirant les « repats » et les diasporas, en soutenant des stratégies qui favorisent l’emploi.

Découvrez nos offres et services en visitant notre site www.afrique.pwc.com

28 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
Contacter PwC PwC Cameroun 9e et 10e étages de l’immeuble CNPS 59, Rue Victoria, Bonanjo Tel : +237 233 43 24 43 BP: 5689 Douala - Cameroun www.afrique.pwc.com Lawrence Abunaw Associé lawrence.abunaw@pwc.com +237 677 508 300 Geoffroy Kamga Associé geoffroy.kamga@pwc.com +237 677 500 118 Ghislaine Djapouop Associée ghislaine.djapouop@pwc.com +237 652 380 899 Valery Kapnang Associé valery.kapnang@pwc.com +237 677 502 980 Magloire Tchande Associé magloire.tchande@pwc.com +237 677 482 414 Patricia Pedhom Nono Associée patricia.pedhom.nono@pwc.com +237 690 707 522

Le développement de l’Afrique et du Cameroun est notre priorité.

Entretien avec Lawrence Abunaw, Associé de PwC Afrique Francophone Sub-Saharienne et Country Senior Partner de PwC Cameroun basé à Douala. PwC Cameroun est membre d’un des principaux réseaux de services professionnels au monde. A travers des services de qualité, PwC contribue à créer la confiance entre les acteurs du développement partout où il opère.

Quels sont les domaines d’intervention de PwC ?

PwC est engagé depuis plus d’une cinquantaine d’années en Afrique francophone sub-saharienne auprès des entreprises privées, institutions financières, gouvernements, et organismes publics.Grâce à nos associés et à nos équipe, nous avons noué des relations de confiance avec nos clients et avons la capacité de leur apporter des réponses adaptées innovantes et durables en combinant nos expertises locale et globale.

PwC au Cameroun, c’est une présence ininterrompue depuis 1982. A ce jour, nous avons un effectif de plus de 100 professionnels répartis dans nos 3 lignes de services: Assurance, Conseil Juridique & Fiscal, Advisory).

PwC met à la disposition de ses clients ses connaissances spécifiques du marché local, combinées au savoir-faire sectoriel et technique de ses équipes locales et internationales. Nous intervenons dans tous les secteurs d’activité, avec des expertises reconnues dans le secteur des télécommunications, les services financiers, le secteur public, l’énergie, les projets d’infrastructure, l’agri-business, la santé et l’éducation...

Nos compétences couvrent entre autres, l’audit, la gestion des risques, le conseil en stratégie, la gestion de programmes ou de projet, le conseil juridique et fiscal, la transformation digitale, la cybersécurité, la conformité réglementaire, l’assistance dans les projets de fusion et acquisition.

Comment PwC accompagne l’administration camerounaise et les entreprises publiques?

Tous les gouvernements sont confrontés à des défis complexes et doivent fournir des solutions efficaces et créer de la valeur pour leurs citoyens dans un éventail de domaines incluant l’éducation, la santé, la gouvernance, l’économie numérique, l’énergie, les infrastructures, les collectivités locales décentralisées, les finances publiques, etc.

Le gouvernement camerounais a déployé sa Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 et en tant que partenaire de confiance, nous continuons à travailler avec toutes les entités publiques impliquées pour contribuer à la réalisation de ces objectifs de développement.

La transformation du modèle de fonctionnement des sociétés à capitaux publics pour les rendre plus efficaces, compétitives, et performantes est aussi un de nos axes d’assistance. Dans tous les secteurs d’activités, PwC à les capacités et les compétences pour transformer les entreprises publiques à long terme et créer de la valeur. Peu importe l’industrie ou le secteur d’activité, nous pouvons les accompagner vers un système de gestion plus performant et dans l’atteinte de leurs objectifs économiques et sociaux.

Au Cameroun, depuis notre arrivée sur le marché en 1982, nous avons accompagné l’Administration publique et les entreprises publiques dans de multiples projets à travers nos équipes de conseil, d’audit, de commissariat aux comptes, de conseil juridique et stratégie.

Nous sommes une “communauté de solutionneurs” pour relever les défis les plus importants auxquels nos clients et nos communautés sont confrontés. Ces défis, nous les résolvons en adoptant une approche pluri-dimensionnelle guidée par l’humain et basée sur la technologie, conformément à notre stratégie globale de « La Nouvelle Équation». Nous apportons des réponses sur les sujets d’actualité tels que la diversification économique, le développement du secteur privé, les partenariats Publics Privés pour accélérer la mise en œuvre des projets de développement, la modernisation de l’administration publique.

Quels conseils donneriez-vous à un futur investisseur ?

L’investissement local et étranger est sans aucun doute un moteur essentiel de la croissance économique et du développement. Pour attirer les investisseurs, il faut une stratégie claire qui favorise une culture d’entreprise transparente, la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée, des incitations aux entreprises, des infrastructures de base et une bonne réputation internationale. Le Cameroun possède la plupart de ces attributs et est donc « ouvert aux affaires ».

La réalisation de ces opportunités demande une implication et une collaboration de tous les acteurs, pour créer un environnement incitatif et transparent, identifier et financer les bonnes opportunités, fournir des infrastructures de bases permettant aux populations de contribuer et de participer à l’effort de développement. Un investisseur doit non seulement identifier un secteur et des produits/services rentables pour son activité, mais doit s’inscrire dans le long terme en prenant en compte son impact environnemental et social et en développant une collaboration franche avec les communautés et le gouvernement pour créer de la synergie et accélérer la croissance.

Chez PwC, notre raison d’être est de construire la confiance dans la société et de résoudre les problèmes importants. Le développement de l’Afrique est une priorité et passe par la mobilisation du secteur privé et des investisseurs locaux et internationaux. Nous sommes donc disponibles pour accompagner les investisseurs et le gouvernement pour la mise en place et le succès de leurs projets.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 29

Les Zones franches industrielles et les Zones économiques spéciales

Le Cameroun dispose de zones franches dans lesquelles peuvent s’installer toutes les entreprises à vocation exportatrice. Deux Zones économiques spéciales sont prévues à Edéa dans la région du Littoral et à Bertoua dans la région de l’Est.

Les avantages sont nombreux pour l’entreprise : exonération de toute licence, autorisation ou limitation de quotas à l’export comme à l’import, possibilité d’ouvrir des comptes en devises étrangères, absence de restriction sur les opérations de vente, d’achat de devises étrangères, droit de transfert vers l’étranger des bénéfices réalisés (cependant 25% doivent être réinvestis au Cameroun), exonération d’impôts et de taxes sur une période de 10 ans à partir du début des activités, imposition à un taux global de 15% sur les bénéfices à partir de la 11ème année.

Le décret du 24 mai 2019 réorganise l’Agence de promotion des zones économiques (APZE) en l’arrimant aux dispositions de la loi du 12 juillet 2017 fixant les modalités de création et de gestion des zones économiques au Cameroun.

Le Cameroun avance, par ailleurs, dans la mise en place de deux zones économiques spéciales dans deux villes du pays en vue de la transformation du bois. Deux sites ont été identifiés à Edéa et Bertoua avec comme partenaire technico-financier African Finance Corporation (AFC). Ces actions s’inscrivent dans le prolongement des engagements

pris par les États de la CEMAC qui a entériné l’interdiction de l’exportation des bois sous forme de grume dès janvier 2023.

L’AFC est une institution financière de développement régional qui compte la Banque africaine de développement (BAD) parmi ses actionnaires. Son but est de remédier au déficit de financement pour les infrastructures et les industries.

Généralement considérée comme le principal pôle industriel du Cameroun, Édéa abrite entre autres, une grande usine d’énergie hydro électrique et un grand complexe métallurgique, confortant ainsi sa vocation de creuset d’activités de transformation de matière premières. La ville de Bertoua, dans la région de l’Est compte deux zones industrielles : Koumé-Bonis et Mandjou-Kano, respectivement d’une superficie de 105 hectares et de 120 hectares. Elle offre plusieurs avantages aux opérateurs économiques.

A noter que le performant port de Kribi souhaiterait obtenir le statut de zone franche pour faciliter l’installation des investisseurs.

30 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique INVESTIR

Ressources humaines et enseignement

La jeune population camerounaise est à même de fournir une abondante main d’œuvre de qualité, représentant l’un des potentiels les plus importants pour une industrialisation à forte intensité avec des coûts de production compétitifs.

Pour réduire les disparités infrastructurelles dans l’enseignement supérieur entre les régions, le président camerounais a décidé de la création de trois nouvelles universités d’Etat. Les régions de l’Est, du Nord et du Sud auront bientôt chacune leur université d’Etat. Avec ces trois nouveaux établissements, le Cameroun porte à 11 le nombre total de ses universités d’Etat, soit une dans chaque région à l’exception de la région du centre qui en compte deux à savoir, l’université de Yaoundé I et l’université de Yaoundé II. Seront opérationnels pour la rentrée 2023, la faculté de médecine/sciences biomédicales les nouvelles Universités d’Ebolowa (Sangmélima) et un Institut supérieur du bois, de l’eau, de l’environnement et de l’agriculture à Bertoua (Bélabo).

Le Projet de développement de l’enseignement secondaire et des qualifications s’inscrit dans la ligne de la stratégie gouvernementale pour le secteur de l’éducation 20212030. Dans le secteur de l’éducation et de la formation, le Gouvernement se donne comme vision de promouvoir un système éducatif à l’issu duquel tout jeune diplômé est

sociologiquement intégré, bilingue, compétent dans un domaine capital pour le développement du pays. Les objectifs stratégiques poursuivis sont : garantir l’accès à l’éducation primaire à tous les enfants en âge de scolarisation ; atteindre un taux d’achèvement de 100% au niveau primaire ; réduire les disparités régionales en termes d’infrastructures scolaires et de personnel enseignant ; et accroître l’offre de formation professionnelle et technique de 10 à 25% au secondaire et de 18% à 35% au niveau supérieur. Au Cameroun, la main d’œuvre est nombreuse mais insuffisamment employée et les disparités entre villes et campagnes perdurent. Aussi, les pouvoirs publics entendent, grâce à l’approche haute intensité de main d’œuvre (HIMO), créer environ 100 000 emplois dans le pays entre 2020 et 2025, dans le cadre du programme national intégré d’aménagement des Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD).

La demande en emplois durables et décents croit en effet de jour en jour. Aussi bien le secteur public que le secteur privé sont appelés à trouver des mécanismes pour multiplier le

32 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique INVESTIR

nombre d’emplois. 287 690 emplois est le nombre d’emplois à créer en 2022 selon le Bureau international du travail (BIT). Cette prévision est le résultat d’une étude réalisée par le gouvernement avec l’appui du BIT. On envisage ainsi d’une projection de recrutement de 18 210 cadres, 60 000 techniciens et 208 674 ouvriers. Selon la note de conjoncture de l’Observatoire National de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (ONEFOP) présentée en juin 2022, on assiste à une croissance réelle du nombre d’emplois décents au Cameroun.

40% de la main d’œuvre camerounaise hautement qualifiée travaille à l’étranger Économie la plus diversifiée d’Afrique centrale, le Cameroun connaît une croissance régulière depuis dix ans et vise le statut de pays émergent pour 2035. Pour cela, le gouvernement a lancé un ambitieux programme afin de dynamiser l’économie et favoriser la création d’emplois.

UN GUICHET UNIQUE DES OPÉRATIONS DU COMMERCE EXTÉRIEUR (GUCE)

Fruit d’un partenariat public-privé, le Guichet Unique des Opérations du Commerce Extérieur (GUCE) est un Groupement d’Intérêt Economique (GIE) dédié à la facilitation des échanges, et à la simplification des procédures du commerce extérieur en vue de la réduction des coûts et des délais de passage des marchandises aux frontières du Cameroun. Le GUCE regroupe les administrations techniques, les entreprises publiques et les sociétés privées de la Supply chain. Le e-GUCE permet aux acteurs du commerce extérieur de réaliser différentes opérations à partir de leurs postes de travail. Les documents obligatoires sont transmis sous forme d’images informatiques de façon confidentielle. Le paiement des droits de douanes, impôts, taxes et redevances diverses se fait dorénavant sur la plateforme électronique e-Guce.

L’accès Internet à travers le système du GUCE met en contact les partenaires avec les réseaux internationaux mondiaux d’échanges de données du transport et de la finance.

Le Simulateur de paiements (SIMPA) est un outil d’aide à la décision mis à la disposition des opérateurs économiques par le GUCE dans le cadre de ses missions de facilitation et de simplification des procédures du commerce extérieur. Un guichet unique des opérations du Commerce extérieur (GUCE)

Fruit d’un partenariat public-privé, le Guichet Unique des Opérations du Commerce Extérieur (GUCE) est un Groupement d’Intérêt Economique (GIE) dédié à la facilitation des échanges, et à la simplification des procédures du commerce extérieur en vue de la réduction des coûts et des délais de passage des marchandises aux frontières du Cameroun. Le GUCE regroupe les administrations techniques, les entreprises publiques et les sociétés privées de la Supply chain. Le e-GUCE permet aux acteurs du commerce extérieur de réaliser différentes opérations à partir de leurs postes de travail. Les documents obligatoires sont transmis sous forme d’images informatiques de façon confidentielle. Le paiement des droits de douanes, impôts, taxes et redevances diverses se fait dorénavant sur la plateforme électronique e-Guce.

L’accès Internet à travers le système du GUCE met en contact les partenaires avec les réseaux internationaux mondiaux d’échanges de données du transport et de la finance.

Le Simulateur de paiements (SIMPA) est un outil d’aide à la décision mis à la disposition des opérateurs économiques par le GUCE dans le cadre de ses missions de facilitation et de simplification des procédures du commerce extérieur.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 33 INVESTIR

Entretien avec Emmanuel Wafo, Président Directeur général de MIT CHIMIE. Cet actionnaire et administrateur d’entreprises dans différents secteurs stratégiques de l’économie depuis bientôt 25 ans est Président de l’AC2P (Association Camerounaise des Professionnels de la Plasturgie) et, depuis 2020, Président de la Commission Economie et Développement de l’Entreprise du GICAM.

Quelles sont vos principales activités ?

La société MIT CHIMIE est spécialisée dans la production et la commercialisation des emballages plastiques notamment les Préformes PET, bouchons, sachets, gaines et films plastiques etc…Et dans la distribution des produits chimiques et matières plastiques destinés aux industries agroalimentaires, oléagineux, savonneries, cosmétiques etc… Issus des dernières technologies, nos équipements nous permettent d’offrir un travail soigné, précis et de qualité. Nous assumons toute la responsabilité de nos productions, c’est pourquoi à nos yeux, chaque article sorti de nos usines, engage notre signature. Notre équipe de production veille au quotidien, à valoriser son identité très appréciée des industries partenaires.

La société MIT AFRICA, quant à elle, prend une part active à la circulation des biens grâce à sa flotte de plus d’une trentaine de véhicules qui contribue à l’essor du tissu économique de la sous-région CEMAC depuis sa création en 2014. Chaque jour, nos équipes œuvrent pour une satisfaction pleine et entière du client afin de répondre aux demandes de nos clients avec beaucoup de flexibilité et faciliter les déplacements nationaux et internationaux par la maitrise des formalités administratives.

Comment avez-vous bâti la renommée nationale et internationale de MIT CHIMIE ?

Sur le plan national et international, la renommée de MIT CHIMIE a été bâtie par ma volonté de la rendre leader dans la production et la commercialisation des préformes PET en Afrique et ailleurs, et rester un acteur majeur dans la distribution des produits chimiques et matières plastiques en respectant les standards internationaux. Nous avons pu rendre cela possible en restant attachés à nos valeurs que sont la Loyauté, l’Intégrité, la Persévérance, l’Esprit d’équipe et la Responsabilité (LIPER).

Nonobstant la législation de plus en plus rigoureuse quant à la protection de l’environnement, la filière plastique a d’excellentes perspectives de développement et de croissance, tant dans l’innovation de nos produits que dans les produits classiques, qui ont été améliorés pour satisfaire les exigences normatives et réglementaires. Ces différentes contraintes nous poussent à développer la satisfaction du client, passant désormais par la qualité des produits, le respect des délais de livraison, et dans un parfait épanouissement du personnel.

Président de la commission économie et développement des entreprises au sein du GICAM, quels conseils donneriez-vous à un futur investisseur au Cameroun ?

Le livre blanc de l’économie camerounaise indique les trois piliers de l’économie : agro-industrie, transport et énergie. Des piliers de base que tout investisseur, présent ou futur, devrait inclure dans la politique de son entreprise tout en s’inscrivant dans une optique compétitive grâce à une approche de clusters. Le Cameroun regorge d’énormes potentialités d’investissements par ses ressources naturelles notamment avec ses 22,5 millions d’hectares de forêt vierge, qui font de l’industrie du bois le second contributeur aux recettes d’exportation. Ainsi qu’une population jeune et dynamique représentant 40,4% de la population globale du pays. Le marché est donc ouvert sur le pays, dans la sous-région CEMAC et même dans la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine avec un potentiel humain de plus de 2 milliards d’âmes.

34 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique INTERVIEW

CONTACTS UTILES

Agence de Promotion des Investissements (API)

Direction générale

Nouvelle route Bastos, en face hôpital Bethesda

BP 20771 Yaoundé

Tél. : +237 656024600 / +237 672305222 /+237 670218630 www.investincameroon.net inquiries@investincameroon.net info@investincameroon.net

Antenne régionale du Littoral de l’API

Rue Tobie kuouh, Bonanjo

BP 15304 Douala

Tél. : +237 671004182

Guichet Unique des Opérations du Commerce

Extérieur (GUC E)

BP 12 679 Centre des affaires maritimes

Bonanjo

Tél. : +237 233 41 03 12 / +237 233 43 77 54 www.guichetunique.org hotline@guichetunique.org

Office National des Zones Franches Industrielles (ONZFI )

Immeuble ONZFI, Bonanjo

BP 925 Douala

Tél. : +237 2 33 43 33 43

www.onzfi.org

L’ONZFI est un groupement à but non lucratif chargé de superviser et d’administrer le programme des zones franches industrielles au Cameroun.

Agence de Promotion des PME (APME)

VGJ3+V72 Yaoundé

Tél. : +237 2 22 21 92 96

www.apme.cm contact@apme.cm

Agence des Normes et de Qualité (ANOR)

Ancien Immeuble Banque Mondiale

Carrefour Elecam Bastos

BP 14 966 Yaoundé

Tél. : +237 6 92 25 77 77

www.anor.cm

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 35
INVESTIR

L’agriculture est notre réelle richesse. Nous devons réaliser une véritable révolution agricole en modernisant nos moyens de production et en transformant davantage nos produits agricoles. Ainsi pourrait se conforter notre statut de grenier de l’Afrique centrale.

Discours du Ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Gabriel Mbairobé, lors de la cérémonie d’ouverture des travaux de l’atelier international sur le Conseil agricole le 27 septembre 2022.

36 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique

Agriculture, élevage, pêche & agro-industries

L’agriculture, l’élevage et la pêche occupent plus de 70% de la population active et représente 30% du PIB. Le Cameroun dispose de nombreux atouts dans ces trois secteurs stratégiques. Les agro-industries sont un levier indispensable à sa croissance économique.

Gabriel Mbairobé, Ministre de l’Agriculture et du Développement rural (MINADER) depuis le 4 janvier 2019, est en charge de la productivité du secteur rural qui figure parmi les priorités du Gouvernement au cours du triennat 2023-2025.

Né le 3 février 1958 à Garoua, Gabriel Mbairobe a fait ses études supérieures à l’École Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé où il a obtenu son diplôme d’Ingénieur en électromécanique. Il est recruté par la Société de Développement du Coton du Cameroun (SODECOTON) début 1984. Spécialiste en montage des usines égraineuses, il est considéré comme étant celui qui a accompagné la plupart des projets d’installation des nouvelles usines de cette société d’Etat.

Parallèlement à ses activités professionnelles, Gabriel Mbairobe s’est lancé en politique très tôt. Il a été Président du Comité de base de Roumde Adjia dans les années 1990. Il est élu Conseiller Municipal à la Commune de Garoua 1er en 2013 puis Président de Sous-section de Roumde Adjia-Reyre Petit Paris. Il est également Chef de 3ème degré au quartier Lakaré à Yelwa.

Alors en poste comme Directeur des Industries cumulativement avec les fonctions de Point Focal à la Commission Centrale de Passation de Marchés et Approvisionnements Généraux et représentant du Maître d ́Ouvrage au sein de la Commission Interne de Passation des Marchés de la SODECOTON, il est nommé le 4 janvier 2019, par Décret du Président de la République, S.E.M. Paul Biya, Ministre de l’Agriculture et du Développement rural dans le Gouvernement de Joseph Dion Ngute.

Gabriel Mbairobe s’est emparé de la problématique du développement des chaînes de valeurs pour créer la richesse et les emplois, en s’appuyant sur une composante importante, celle de la formation des jeunes et le renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Avec une proposition de budget de près de 95 milliards de

FCFA pour l’exercice 2023, le Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural souhaite réaliser les projets de son département ministériel. Parmi les initiatives recensées, on note l’implémentation effective de la politique d’import - substitution. Elle cible des spéculations telles que : le riz, le maïs, le mil, le sorgho et l’huile de palme. Le Ministre compte subventionner le prix de l’engrais à 30% et fournir les semences améliorées aux producteurs et a consenti 14 milliards FCFA pour soutenir le prix de 50 000 tonnes d’engrais pour la production vivrière et 4,5 milliards de FCFA pour soutenir la production de semences améliorées. 2023 s’annonce donc comme une année de grands investissements au niveau du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural.

Pour attirer le secteur privé à investir dans l’agriculture, le Ministre a levé des verrous avec la mise à disposition des réserves foncières tout en n’excluant pas l’apport des investisseurs étrangers. Le projet de création d’une réserve foncière de 400 000 hectares sur le corridor BatchengaNgaoundéré s’inscrit dans le cadre de la politique dite d’import-substitution en vigueur depuis 2021, et qui vise à densifier la production agricole du Cameroun, à redynamiser le secteur et à amorcer la transformation locale.

Gabriel Mbairobe parle couramment français, anglais, fufulde et laka. Cet ingénieur a, par ailleurs, une haute maîtrise de l’informatique.

38 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique INTERVIEW
PORTRAIT

Un potentiel agricole très important

Le secteur agricole demeure l’un des moteurs de la croissance du Cameroun. C’est un secteur stratégique pour répondre aux besoins alimentaires d’une population en croissance. Le marché agricole camerounais devrait croître à un TCAC de 6,5% sur la période 2022-2027.

CHIFFRES CLÉS

30% DU PIB

70% DE LA POPULATION ACTIVE

En raison de sa situation géographique et de sa diversité écologique, le Cameroun dispose d’un potentiel considérable pour l’agriculture et l’élevage. L’agriculture au Cameroun représente plus de la moitié des revenus d’exportation non pétroliers du pays et emploie près de 60% de la population active. Environ 90% des ménages ruraux camerounais sont, d’une manière ou d’une autre, employés dans l’agriculture, et environ un tiers d’entre eux tirent leur subsistance de l’exportation des récoltes. Pourtant, les rendements globaux y sont faibles et l’insécurité alimentaire touche plus d’un cinquième des ménages ruraux.

Les cultures vivrières dominent le marché agricole de la région. Le maïs est la culture vivrière la plus importante, suivi du blé et de l’orge. Les cultures d’exportation sont principalement la banane, le cacao, le café et le coton. Des cultures moins traditionnelles coexistent telles que l’oignon, les haricots verts, et le riz produites soit pour la consommation locale, soit pour l’export.

Les initiatives gouvernementales, comme la création d’Agriparcs, et l’introduction de projets, comme le projet FIDA, devraient promouvoir la culture de cultures vivrières dans le pays et améliorer le bien-être des populations rurales. Des politiques gouvernementales favorables devraient stimuler le marché camerounais des cultures vivrières. Le maïs représente plus de 80% de la production vivrière locale au Cameroun. Le marché camerounais des produits vivriers

a considérablement mûri depuis la déréglementation de la commercialisation. Les producteurs, commerçants et autres intermédiaires interagissent librement dans la commercialisation de leurs produits.

Une convention portant sur le nouveau cadre de programmation pays (CPP) a été signé en avril 2022 avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Les priorités stratégiques du CPP 2022-2026 se déclinent sous 4 effets, 18 produits, 163 interventions et un budget global de 78 019 336 USD (47 205 029 705 FCFA), issus des allocations budgétaires prévues par l’Etat, des Partenaires techniques et financiers du secteur rural et du potentiel de mobilisation de ressources interne de la FAO.

Ce cadre programmatique 2022-2026 permettra non seulement de réaliser les ODD, mais également de de transformer le système agricole du Cameroun pour lui permettre de faire face aux défis de sécurité alimentaire. Avec une population de 26,5 millions d’habitants principalement constituée de jeunes, une écologie diversifiée et une urbanisation rapide, le potentiel socioéconomique du Cameroun reste sous exploité et les performances du secteur rural restent encore insuffisantes. Ainsi le Cadre de programmation pays vient soutenir les efforts du gouvernement camerounais qui visent à améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, ainsi que le développement inclusif du pays.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 39
AGRICULTURE

Entretien avec le docteur Noé Woin, Directeur général de l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD), bras séculaire de l’État en matière de développement agricole, un secteur clé de l’économie camerounaise.

Quelle est la mission de l’IRAD ?

L’IRAD est un établissement public à caractère scientifique et technique, doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière. C’est un Centre de référence en matière de recherche agricole et de promotion du développement agricole dans les domaines aussi variées comme les productions végétales, animales, forestières, marines, halieutiques, environnementales, ainsi que des technologies alimentaires et agroindustrielles. En matière de recherche agricole, il est chargé entre autres, d’assurer la conduite des activités de recherche et la pré-vulgarisation des résultats issus de la recherche visant la promotion du développement agricole, d’élaborer des stratégies de recherche et de contribuer au dialogue entre la science, la recherche et la société, et de participer à la réalisation d’études ou prestations dans ses domaines de compétence.

En matière de promotion du développement agricole, l’IRAD est chargé d’implémenter une programmation scientifique pour le développement du pays, autour des axes prioritaires et à partir des besoins réels des utilisateurs, de mener des études, de développer des technologies agro-alimentaires et agro-industrielles, et de mettre au point des modèles scientifiques pour la conservation et la gestion économique et durable des ressources agricoles.

Dans le cadre du projet de développement de la production de blé au Cameroun, allez-vous mettre en place des structures locales de transformation ?

Son Excellence le Président de la République du Cameroun a octroyé en juillet 2022 pour une durée de 5 ans, donc allant de

2022 à 2026, une subvention de 10.300.000.000 Francs CFA (environ 15,7 millions d’Euros) pour le développement de la production et de la transformation du blé au Cameroun. Dans ce cadre, l’IRAD est appelé d’abord à ressortir clairement l’état des lieux de cette filière, d’assurer la gestion des ressources génétiques blé pour toutes les zones agroécologiques du Cameroun (collection, évaluation, développement, conservation, multiplication et nouvelles introductions), d’optimiser en même temps les itinéraires techniques pour la production du blé, d’assurer le développement et l’optimisation de la transformation du blé, de renforcer les capacités humaines et techniques des acteurs de la filière et de promouvoir la sensibilisation du grand public et d’autres acteurs sur la production et la transformation du blé au Cameroun.

Qu’en est-il des formations dispensées par l’IRAD tant pour les chercheurs que pour les producteurs ?

Le renforcement des capacités des chercheurs et acteurs de la production agricole fait partie intégrale de la mission de l’IRAD qui assure, entre autres, la formation à la recherche de ses chercheurs et techniciens, des étudiants des universités et d’autres écoles professionnelles, ainsi que du personnel des administrations sectorielles.

A ce jour, l’IRAD a plus de 500 chercheurs dans son effectif, affectés dans les services de la Direction générale ainsi que dans ses différentes structures opérationnelles. La majorité de ces chercheurs est composée de jeunes diplômés de l’enseignement supérieur qui ont besoin de formations supplémentaires pour les rendre rapidement efficaces et opérationnels. C’est dans ce sens que l’IRAD a inscrit dans son plan stratégique, des formations qui sont mises en exécution dans le cadre de différents projets de développement agricole, financés par le gouvernement camerounais et ses partenaires techniques et financiers. Les formations diplômantes sont suivies tant dans nos universités et grandes écoles nationales que dans les universités étrangères.

En ce qui concerne la formation des producteurs et autres acteurs du secteur agricole, il faut noter que l’IRAD est fortement impliqué dans le renforcement de leurs capacités, ainsi que celle du personnel des ministères sectoriels en charge de l’agriculture, du développement rural, de l’élevage, de la pêche, des industries animales ainsi que de la gestion des forêts et de l’environnement. Ces formations, de quelques jours à quelques mois, sont financées par des projets inscrits dans le budget de l’IRAD et les subventions de l’Etat du Cameroun.

40 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique INTERVIEW

Vers l’agriculture biologique

Depuis les années 1990, l’agriculture biologique a de la peine à émerger au sein des politiques publiques. Toutefois, à travers ses opportunités et contraintes, l’agriculture biologique peut participer à une transformation technologique et institutionnelle en vue de contribuer à la sécurité alimentaire.

Par ailleurs, la forte demande des produits alimentaires certifiés biologiques sur le marché national international a donné l’opportunité aux agriculteurs camerounais d’augmenter leurs revenus. L’agriculture biologique connaît donc une forte embellie. Les produits biologiques du Cameroun s’exportent essentiellement vers l’Union européenne.

Trois types d’agriculture biologique ont pris essence à Douala et à Yaoundé : une agriculture biologique certifiée selon les normes internationales, une agriculture biologique entrepreneuriale (auto-certification) et une agriculture biologique « naturelle ».

L’agriculture biologique, sous l’impulsion de la coopération allemande à travers le GIZ et le projet Procisa, centres d’innovations vertes pour le secteur agro-alimentaire,

s’implante de plus en plus dans le paysage agricole. C’est une réelle opportunité de marché pour les jeunes. Toutefois, six défis majeurs sont à relever : l’accès et la disponibilité des semences, la production des fertilisants bio, le contrôle des maladies par des produits phyto naturels, le développement des produits thérapeutiques en élevage biologique, la structuration des marchés des produits bio et la maîtrise des coûts de production.

Les marques de produit certifiés bio sont de plus en plus nombreuses sur le marché camerounais, les producteurs de la filière bio aussi, signe que la filière remporte du succès.

UN PLAN MARSHALL MIS EN PLACE POUR RELANCER LA CULTURE ET LA TRANSFORMATION DU BLÉ

La Russie est le premier fournisseur de blé au Cameroun avec près de 300 000 tonnes, suivie par le Canada (144 000 tonnes), la France (117 000 tonnes) et les USA (54  000 tonnes). Afin de réduire cette dépendance aux importations qui creuse le déficit de la balance commerciale et induit l’expatriation d’environ 150 milliards FCFA chaque année, le gouvernement camerounais, à travers l’Irad, expérimente depuis quelques années des variétés de blé pouvant pousser dans le pays, avec des rendements probants. Ces expérimentations ont eu lieu dans les régions du NordOuest et de l’Adamaoua. C’est dans cette dernière région que l’Irad a décidé de lancer les premiers champs semenciers à la faveur des financements récemment mis à disposition par l’Etat.

L’Institut de recherche agricole pour le développement (Irad) a mis en place des champs semenciers pour préparer la relance de la production du blé dans le pays. Situés dans les localités de Wakwa, MbangMboum et Wassande, trois champs s’étendent sur une superficie totale d’environ 50 hectares. La production de semences de qualité est la première phase pour relancer la culture du blé dans les lieux d’expérimentation aménagés dans le cadre du Projet national de structuration et d’accompagnement des producteurs et de la vulgarisation agricole (Prosapva). La deuxième composante de ce plan de relance va consister à la mise en place de structures qui pourront transformer le blé qui sera produit localement.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 41
L’agriculture biologique contribue à la transformation structurelle de l’économie camerounaise en participant à des changements technologiques et intentionnels.
AGRICULTURE

Les cutures d’exportation

Les cultures de rentes, majoritairement destinées à l’export, jouent un rôle majeur dans la construction géographique, géopolitique, sociale et économique des territoires.

La banane constitue l’une des cultures vivrières les plus valorisées au Cameroun pour l’exportation. Une augmentation des exportations qui est de bon augure pour le 3ème trimestre 2022. Au cours du mois de juillet 2022, les trois producteurs de bananes en activité au Cameroun ont exporté un total de 13 203 tonnes soit, en glissement annuel, à une augmentation de 744 tonnes (+6%) par rapport en juillet 2021.

La filière doit principalement cette hausse des exportations à la Cameroon Development Corporation (CDC), une unité agro-industrielle contrôlée à 100% par l’État avec une augmentation de 595 tonnes sur un an, soit 58,7% en valeur relative. La CDC, 2ème employeur camerounais après la fonction publique, tient cette performance des plantations réhabilitées au cours de l’année 2021. Le regain d’activité a été moins intense chez les deux autres producteurs. Dans le détail, la société des Plantations du haut Penja (PHP), leader du marché local, n’a exporté que 10 441 tonnes de bananes en juillet dernier, contre 10 352 tonnes au cours de la même

période en 2021 (+89 tonnes) faisant légèrement mieux que Boh Plantations Plc, le numéro 3 du marché. Selon les chiffres publiés par l’Assobacam, ce producteur n’a expédié que 1 155 tonnes en juillet 2022, contre 1 095 tonnes un an plus tôt, ce qui révèle une augmentation de 60 tonnes.

En ce qui concerne la filière cacao, le Minader et le Fodecc vont investir 40 milliards de F entre 2022 et 2026. Un accent particulier sera mis sur le financement de la production et la diffusion du matériel végétal, et le désenclavement des bassins de production.Le 9 août 2022, le projet d’appui au développement du cacao (Pad-Cacao) a tenu son premier comité de pilotage. Les travaux ont principalement porté sur le lancement de ce projet, qui a pour mission l’amélioration de la productivité des exploitations et de la qualité du cacao entre autres. Pour la période allant de 2022 à 2026, cette phase sera financée à 50,53% par le budget d’investissement public du Minader et à 49,47% par le Fonds de développement des filières cacao et café (Fodecc). Plusieurs résultats sont

42 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
AGRICULTURE

attendus. Tout d’abord, le Pad-Cacao devrait contribuer à réhabiliter 260 hectares de champs semenciers et créer 270 hectares supplémentaires de champs semenciers afin d’atteindre une production de plus de 100 millions de plants à la fin du projet. Par ailleurs, le projet ambitionne de créer 40  000 hectares de surface productive et 1 500 kilomètres de pistes cacaoyères, sans oublier la réhabilitation de plusieurs infrastructures rurales. Aussi, le Pad-Cacao ambitionne de contribuer au rajeunissement et à la densification de 60 000 hectares de vergers d’âges inférieur à 25 ans, et plus de 25 000 hectares de vergers de plus de 25 ans. Lors de la campagne 2021-2022, le Cameroun a exporté 217 107 737 kg de cacao contre 201 848 592 kg en 2020-2021 soit une hausse de 7,55% en valeur relative.

Les exportations de cacao au cours de la campagne 20212022, techniquement achevée le 15 juillet 2022, ont généré des revenus d’un montant total de 288,7 milliards de FCFA. Toutefois, si le chiffre d’affaires annuel de l’industrie cacaoyère mondiale culmine à 100 milliards de dollars américains, seulement 2 milliards de dollars, soit 2%, reviennent aux producteurs. Les chocolatiers se taillent la part du lion avec 35% du chiffre d’affaires, tandis que le reste revient aux industries de broyage et aux transporteurs. Afin de mieux positionner les producteurs dans la grille de répartition des dividendes de l’industrie cacaoyère mondiale, les grands

pays producteurs dont le Cameroun ont lancé avec l’Union européenne (UE), premier importateur de fèves, le « Cocoa Talks », un dialogue sur la production cacaoyère durable. La durabilité rime avec la protection de l’environnement, l’interdiction du travail des enfants, mais surtout, au final, la prospérité des producteurs. Trois exportateurs parmi les 38 recensés au Cameroun, ont assuré 65,6% de ses expéditions des cargaisons de cacao camerounais vers le marché international, chiffrées à 217 107 tonnes au cours de la saison 2021-2022. Il s’agit d’abord du leader du marché Telcar Cocoa, négociant local de la firme américaine Cargill avec 36,09% des exportations, suit la société Usinage café cacao du Cameroun (Usicam), 2ème exportateur qui a expédié vers le marché international 19,6% de fèves, contre 9,96% pour la société SBET, classée 3ème exportateur de la dernière campagne cacaoyère au Cameroun.

Les activités sont annoncées à la hausse dans la filière coton au 4ème trimestre 2022, malgré la saison des pluies. La Société de développement du coton (Sodecoton), le géant de la filière coton au Cameroun, annonce une hausse de 3,6% de la production de coton graines au cours de la campagne 2021-2022 avec une production totale d’environ 370 000 tonnes, en hausse de 13 000 tonnes en glissement annuel. Le coton fait partie des produits de rente procurant le plus de recettes d’exportation au Cameroun. Selon l’Institut national

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ENTREPRENARIAT RURAL

Partenaire historique important du groupe français AFD, le Cameroun a fait l’objet de 524 millions d’euros d’investissements en faveur du développement de l’entreprenariat rural depuis 1998. Améliorer la productivité et les conditions de vie des agroentrepreneurs, c’est l’objectif du programme ACEFA, l’un des trois programmes financés dans le cadre du Contrat de désendettement et de développement (C2D) du Cameroun, à destination des exploitations familiales. Les bénéficiaires ont vu leurs revenus augmenter jusqu’à 43%. Le programme AFOP permet de créer 1.5 francs CFA de richesse produite chaque année, pour chaque franc CFA investi dans le développement de la production. Ainsi, ce sont 89 millions d’euros qui ont pu être mobilisés pour former 17 000 jeunes, créer 4000 emplois directs et 7000 emplois indirects.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 43
AGRICULTURE

de la statistique (INS), les exportations du coton au premier semestre 2021 ont, par exemple, rapporté 70,8 milliards de FCFA de recettes au Cameroun, contre seulement 44,4 milliards de FCFA un an auparavant. Le volume de recettes ainsi engrangé fait de l’or blanc le 5ème plus gros pourvoyeur de recettes d’exportation du pays (7%) au cours de la période sous revue, à égalité avec le bois scié.

Concernant le caoutchouc, Hevecam vise la production de 33000 tonnes en 2022. Leader africain de production du latex en crème, l’entreprise trouve des stratégies pour doubler sa production malgré la chute des cours de l’hévéa sur le marché mondial. C’est l’unique industrie en Afrique qui produit du latex en crème ou centrifugé qui sert notamment

à la fabrication de poches de sang, de gangs hygiéniques. Située sur le site de Niété, à 40 km de Kribi, Hevecam s’étend sur une superficie de 42 000 hectares de plantation d’Hévéa. Elle compte 6 000 employés dont 35% de femmes. En 2021, les achats aux petits producteurs ont représenté plus de 35% des entrées de caoutchouc à l’usine.

Labellisé par l’Union européenne (UE) en 2022, le poivre de Penja du Cameroun est devenu la première indication géographique de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) et la deuxième du continent africain. Cette reconnaissance devrait augmenter sa valeur marchande et sa commercialisation, notamment sur le marché européen. Le poivre de Penja, l’une des fiertés de l’agriculture camerounaise, est cultivé depuis plus de 50 ans. Considérée comme l’un des meilleurs poivres au monde, sa production suit une courbe ascendante et son prix au kilo a été multiplié par 10 sur une période de 14 ans, ce qui aura un impact positif sur la balance commerciale du Cameroun. Autrefois basée, essentiellement sur la récolte de miel sauvage, la production de miel d’Oku a pris aujourd’hui les formes d’une activité organisée et plus moderne. Ce miel blanc, appelé miel blanc d’Oku, est un produit unique. En 2012, il s’est vu décerner par l’OAPI le label Indication Géographique Protégée (IGP). La manne financière apportée par le miel a déjà favorisé le développement d’une microfinance locale (Manchok Credit Union Cooperative). Il est à noter que la Loi de finances 2022 a supprimé la taxe à l’exportation pour le miel et le poivre.

44 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
AGRICULTURE

Le secteur de l’élevage

CHIFFRES CLÉS

13% DU PIB

30% DE LA POPULATION RURALE

La bonne tenue des activités projetée dans la filière élevage peut s’expliquer par les retombées de la 3ème phase de la campagne de vaccination de masse des petits ruminants, que le gouvernement a lancé en fin d’année 2021. Soutenue par la Banque mondiale, finançant notamment le Projet de développement de l’élevage et la FAO, l’opération vise à préserver un capital de 110 milliards de FCFA, ainsi que les revenus des éleveurs qui pourront ainsi contribuer à garantir la sécurité alimentaire dans le pays. Dans ses missions de promotion et de développement de l’élevage, la Société de Développement et d’Exploitation des Productions Animales (SODEPA) a mis en place un système de ranchs et des zones d’aménagement agro-pastorales. Elle est également chargée de créer des vocations pastorales. Concernant la viande bovine, les appuis multiples du gouvernement soutiennent un marché fluide, avec une forte demande des produits carnés. Afin d’améliorer le potentiel génétique du cheptel national, le gouvernement souhaite importer 360 porcs de races. La fourniture se fera en trois lots pour une enveloppe globale de 5,5millions Fcfa au bénéfice de fermes pilotes situées dans les régions du Centre, du Littoral et de l’Ouest. Certains producteurs regrettent la non intégration dans le projet de la région de l’Extrême-Nord, principal bassin de production du porc au Cameroun qui à elle seule fournit par an, 60% de la production nationale. 12 fermes pilotes de sélection seront autorisées à faire des croisements intra-races pour perpétuer les races pures reçues et 6 fermes pilotes de multiplication devront les reproduire pour alimenter les autres unités de production du pays pour les quantités et qualités de viande de porc escomptées. Ce processus de rajeunissement lancé depuis 2014 avec le soutien de quelques bailleurs étrangers

tels que la Banque africaine de développement (BAD), a déjà permis de diffuser près de 6 000 porcelets dans les fermes à travers le pays. La Compagnie fermière du Cameroun (CFC), la nouvelle filiale du groupe SABC, entend apporter son expertise pour l’amélioration de l’offre en nutrition animale, avec la mise en place d’une ferme parentale qui produira 112 500 œufs à couver/semaine et d’un couvoir capable de produire 90 000 poussins d’un jour par semaine. Dans une ferme agroécologique communautaire, avec un terrain de 2 hectares, l’association Keur Kamer a construit récemment une unité d’élevage (bergerie et locaux techniques) dotée de l’énergie solaire et de l’eau. Très appréciés des gourmets au Cameroun, l’élevage des escargots attire non seulement les agri-entrepreneurs, mais aussi l’industrie de la cosmétique. Une aubaine pour les héliciculteurs qui offrent des formations pour vulgariser cette filière encore peu répandue.

LE PROJET DE DÉVELOPPEMENT DES CHAINES DE VALEUR DE L’ELEVAGE ET DE LA PISCICULTURE (PDCVEP)

Ce projet émane de la volonté du gouvernement de faire participer activement le sous-secteur élevage et pêche à la croissance économique. Pour y arriver, sept partenaires d’exécution dont deux organisations internationales et cinq sociétés nationales devront travailler de manière inclusive pour l’amélioration des revenus des bénéficiaires ainsi que la création de nouveaux emplois viables dans les trois chaînes de valeurs retenues. À la faveur du PDCVEP soutenu par la Banque Africaine de Développement (BAD), des ateliers de formation ont été organisés à l’attention des chercheurs juniors et techniciens de l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD). Cofinancé par l’État du Cameroun et la BAD, le PDCVP vise, en cinq ans, l’accroissement compétitif et hygiénique des produits bovins, porcins et aquacoles, l’amélioration des revenus des acteurs et la création de nouveaux emplois dans ces trois chaînes valeur. Le coût de ce projet s’élève à 99,27 millions d’euros dont 84 millions de la BAD.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 47
Compte tenu de l’augmentation rapide de la population et de l’urbanisation, la demande de produits de l’élevage est en hausse mais ne répond pas aux besoins de la consommation nationale.
ÉLEVAGE

Entretien avec Nassrallah EI Sahely, Président Directeur général de la Source du Pays SA. Cette filiale du Groupe EI Sahely (ABN) est spécialisée dans la production et la distribution d’eau minérale naturelle, des boissons gazeuses et non gazeuses.

Comment avez-vous accompagné la reprise de Source du Pays SA ?

Source du Pays a été créée en 1985 par un Camerounais qui a décidé d’arrêter les activités de cette entreprise en 2005 pour des raisons stratégiques. Suite à cet arrêt, nous avons décidé en 2010 de reprendre cette entreprise et de relancer ses activités.

Cette reprise a été accompagnée par une refonte totale de l’outil de production, des bâtiments, de la logistique et des produits. Nous nous sommes à cet effet engagé à mettre au centre de nos décisions deux outils à savoir :

• Les besoins du peuple camerounais en termes d’eau minérale et de boisson sans alcool (boissons gazeuses, boissons énergisante, boissons non gazeuses)

• L’innovation dans l’offre de nos produits afin de se différencier de la concurrence et de répondre plus précisément aux besoins du marché.

Quels sont vos parts de marché au Cameroun ?

Avec l’ensemble des investissements que nous avons entrepris depuis la reprise de cette entreprise, l’engagement de notre personnel et la confiance des consommateurs nous sommes passé leader dans deux segments :

• Eau minérale avec 50% des parts de marché

• Boissons énergisante : 80% de part de marché

En boissons gazeuses, nous avons 20% de parts de marché et comptons nous investir davantage pour un meilleur positionnement dans ce segment très concurrentiel au Cameroun.

Qu’en est-il de l’export ?

Nous sommes très intéressés par le marché de l’export et nous exportons déjà dans la sous-région, cela nous permet d’une part de valoriser le savoir-faire camerounais et, d’autre part, de consolider le statut international de nos marques. Cependant notre priorité reste le marché national où le taux de couverture du territoire est encore faible.

Dans quel domaine êtes-vous engagé en tant qu’entreprise citoyenne ?

Au cours des dernières années, les déchets plastiques sont

devenus incontrôlables dans notre environnement et cela prouve une défaillance grave de la part des industriels sur les principes de développement durable. Ces déchets-là n’ont cessé d’augmenter et sont devenus pour l’homme et l’environnement un vrai problème. Pour résoudre cette problématique, nous avons décidé de créer une entreprise dénommée Ecogreen dont la vision est d’apporter des solutions concrètes à cette problématique sur la gestion efficace des déchets plastiques.

ECOGREEN a donc pour objectifs :

• D’améliorer le cadre de vie du citoyen et garantir la qualité de vie ;

• De préserver l’environnement en vue de développement durable ;

• De contribuer à la protection de l’environnement et la sauvegarde des ressources naturelles nationales.

Au-delà de l’aspect du développement durable nous accompagnons les jeunes dans la culture, le sport et octroyons des bourses d’études aux élèves méritants ne disposant pas suffisamment de moyens financiers…

Quelle est votre stratégie de développement ?

Nous n’avons pas une stratégie type, ce sont le marché et le contexte qui guident nos actions et notre orientation stratégique. Les consommateurs ont besoin des produits de très bonne qualité, accessibles et disponibles dans tout le territoire et nous nous attelons à satisfaire ce besoin sans faillir à notre engagement sur la protection de notre l’environnement.

48 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique INTERVIEW

Pêche et Aquaculture

Grâce à son littoral de plus de 400 kilomètres, la production industrielle et la pêche artisanale sont estimées à 365 tonnes et 60 tonnes respectivement. La pêche et l’aquacultures sont deux domaines à développer.

Avec une production déficitaire de près de 20 mille tonnes de poissons par an, cette filière enregistre des pertes non répertoriées de plus de 40% des captures, rejetées en mer à cause de leur faible valeur marchande, et près de 20 tonnes dans l’exportation informelle.

Le Cameroun importe chaque année plusieurs tonnes de poissons surgelés pour satisfaire sa consommation locale estimée à 500 000 tonnes par an contre une production nationale évaluée à 340 000 tonnes. Pour l’année 2021, ce sont 189,5 millions de tonnes de poissons importées par le pays pour une enveloppe évaluée à 134,1 milliards. Pour inverser la dépendance aux importations, le gouvernement envisage de porter la production de l’aquaculture de 32 000 à 50 000 tonnes en 2025 et de 70 000 à 100 000 tonnes en 2030. Au Cameroun, la plupart des navires de pêche industrielle sont la propriété d’entreprises étrangères

opérant dans le cadre d’une entreprise commune, dans laquelle un partenaire national gère les questions administratives.

Congelcam, une entreprise d’importation, contrôle de bout en bout toute la chaîne de distribution du poisson congelé au Cameroun. C’est un partenaire incontournable de l’Etat dans l’approvisionnement du marché en poissons et de la lutte contre la vie chère. Le poisson et le riz sont les deux principaux produits alimentaires importés par le Cameroun. Aussi, le programme d’appui au développement de l’entrepreneuriat aquacole entrant dans le cadre de l’implantation de la Snd30 vise à développer la production du poisson sur l’ensemble du territoire national et dans toutes les techniques de la convention actuelle du secteur. Cet important projet devrait démarrer en 2023 pour s’achever en 2029. Si les conditions sont réunies, la production pourra ainsi tripler, voire quadrupler, la finalité

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 49
PÊCHE

CHIFFRES CLÉS

400 km DE CÔTES

44

BATEAUX DONT 5 CREVETTIERS (2018)

169 740 tonnes DE POISSON EN 2022 (+13%)

30% DE LA FILIÈRE EN PÊCHE INDUSTRIELLE

63% PÊCHE ARTISANALE MARITIME

134 milliards de FCFA

D’IMPORTATION DE POISSON EN 2021

étant que l’on importe moins de produits, et que, de ce fait les Camerounais consomment de plus en plus la production locale.

Selon les données de la FAO, la crevette est aujourd’hui le principal produit d’exportation de fruits de mer du Cameroun. Ce commerce emploie environ 1 500 personnes. La principale attente du gouvernement au terme de la mise en œuvre du projet Fish4ACP, initié par de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP), est de voir la crevette camerounaise retrouver le chemin du marché européen duquel elle est bannie depuis 2004. Pour ce faire, Fish4ACP, implémenté au Cameroun par la FAO avec un financement de 13 milliards de francs CFA de l’UE et du ministère fédéral allemand de la Coopération,

OPPORTUNITÉS

ambitionne de déployer des actions visant principalement le renforcement des entreprises et de l’environnement réglementaire. Il s’agira d’analyser la chaîne de valeur afin d’aider ses acteurs à exploiter le potentiel de la pêche maritime ; soutenir les petites et moyennes entreprises (PME) pour répondre à la demande intérieure et accéder aux marchés d’exportation à forte valeur ajoutée ; créer de nouveaux emplois et améliorer les conditions de travail en consolidant l’environnement commercial et réglementaire ; améliorer la durabilité environnementale de la chaîne de valeur par une meilleure gestion des stocks et une réduction des prises accessoires et faciliter l’accès à d’autres sources de financement et d’investissement. Les exportateurs de crevettes s’étaient tournés vers l’Asie qui capte désormais le gros des exportations.

Les conséquences de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) sont considérables tant sur le plan social, économique, qu’environnemental. En mars 2022, la FAO a facilité un atelier de formulation d’une stratégie nationale et d’un plan d’action visant à éliminer la pêche INN au Cameroun.

Selon l’article 122 du Code général des impôts 2022, les entreprises ayant pour activités l’agriculture, l’élevage et la pêche, bénéficient de divers avantages fiscaux dont la dispense des charges fiscales et patronales sur les salaires versés aux ouvriers saisonniers par les exploitants individuels ; l’exonération des droits d’enregistrement des mutations de terrains affectés à la pêche ; l’exonération des droits d’enregistrement des conventions de prêts destinées au financement des activités de la pêche ; l’exonération de la taxe foncière des propriétés appartenant aux entreprises de pêche et affectés à ces activités, à l’exclusion des constructions à usage de bureau ; l’exonération de la TVA sur l’achat des intrants, des équipements et matériels de la pêche, etc.

50 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
PÊCHE

Le Made in

Cameroon

au SIAL 2022

Ayant pour mission principale de mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière d’appui à la mise à niveau et la restructuration des entreprises industrielles au Cameroun, le Bureau de Mise à Niveau (BMN) a accompagné des entreprises au Salon international de l’Agroalimentaire (SIAL).

Présenté comme le plus grand rendez-vous de l’innovation dans l’agroalimentaire au monde, le Salon international de l’agroalimentaire (SIAL), qui s’est achevé le 19 octobre 2022 dans la capitale française, a vu la participation de PME camerounaises. Au rang des 7200 exposants et 310 000 professionnels qui ont pris part à cette grand-messe de l’alimentation industrielle, le BMM a ainsi accompagné cinq entreprises appartenant au secteur de l’agroalimentaire.

Dans ce forum mondial regroupant plus de 100 pays, les exposants camerounais ont ainsi eu l’occasion de présenter leurs produits aux professionnels de la distribution et de la restauration, mais aussi de découvrir les prochaines tendances commerciales et de nouer des partenariats d’affaires. Sous la bannière du BMN, les sociétés NT Food

(produits de la marque Tanty), SCTIM (produits laitiers), Dema Compagny (biscuits sans gluten, ni sel et sucre ajouté), Authentic Food (100% beurre de cacao) et Fine Biscuits (biscuits de patate) ont présenté des produits agroalimentaires très appréciés par les visiteurs en raison notamment de leur essence bio.

Reconnu par l’Onudi comme centre d’expertise de la mise à niveau au Cameroun, le BMN déploie depuis sa création en 2011, des outils tels que le Programme national de mise à niveau. À ce jour, près de 800 entreprises locales ont volontairement adhéré à ce programme phare. Après un tri suivant les critères d’éligibilité, une centaine de plans de mise à niveau ont été validés par le Comité de pilotage et mis en œuvre. Plus d’un milliard de FCFA de primes sur investissements matériels ont été octroyés à ces entreprises.

« Le SIAL nous a permis d’avoir des contacts extraordinaires. »

52 I YEARBOOK
CAMEROUN : Rapport économique
COMMUNIQUÉ
« Ce salon a été une expérience très enrichissante  »
Abdoulaye Abassi, PDG de SCTIM
« Nous avons renforcé notre crédibilité  »
Alida Demfack, PDG de Dema Compagny
NT Food

Entretien avec Chantal Elombat Mbedey, Directeur du Bureau de Mise à Niveau (BMN) qui a permis à 5 entreprises camerounaises de présenter leurs produits au Salon international de l’Agroalimentaire (SIAL) 2022.

Quel est le sens de la présence du BMN au SIAL 2022 ?

Le Bureau de mise à niveau des entreprises camerounaises a conduit cinq entreprises au Salon international de l’agroalimentaire (SIAL) 2022 qui s’est tenue du 15 au 19 octobre à Paris-Villepinte. De ces cinq entreprises, trois étaient physiquement représentées par leur chef, et deux n’ont malheureusement pu être présentes en raison notamment de contraintes administratives. La présence du BMN au SIAL qui est le plus grand évènement mondial de l’innovation en matière d’agroalimentaire, procède du souci d’offrir aux entreprises de notre portefeuille sélectionnées, une vitrine d’exposition de leurs produits, mais aussi l’occasion de voir ce qui se fait de mieux dans leur secteur, et de nouer des partenariats d’affaires. La mise à niveau étant un processus continu d’amélioration, et il était indispensable surtout dans un contexte de libre-échange avec l’Union européenne, et d’avènement de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), que nos entreprises soient préparées et informées sur les tendances et innovations dans leur secteur, d’autant qu’elles auront ou ont déjà, pour concurrents des entreprises étrangères. Le BMN en tant que bras séculier du gouvernement en matière de mise à niveau des entreprises a tenu à conduire ces entreprises de son portefeuille à ce grand salon où le Cameroun qui est un pays de grand potentiel agroalimentaire ne pouvait être absent.

Comment et pourquoi le BMN a-t-il retenu un nombre si modeste d’entreprises ?

Malgré la difficile conjoncture actuelle, de gros efforts ont été consentis pour assurer la présence des entreprises

camerounaises a cet évènement majeur dont le coût de participation est conséquent. L’essentiel c’est que le Cameroun et son savoir-faire en matière agroalimentaire se soit vendu dans ce forum mondial. Ce qui a, je crois, été le cas. La participation à un salon comme le SIAL coûte assez cher, et malgré notre bonne volonté, il n’est pas toujours possible d’aller au-delà de ce qui a été fait. Nous faisons au mieux des moyens disponibles. Le plus important c’est que les entreprises sélectionnées au terme d’un appel à manifestation de candidature exposent leurs produits, promeuvent le made in Cameroon, voient les tendances de leur secteur, se remettent en question et nouent des partenariats d’affaires.

Quel bilan le BMN peut-il dresser de cette participation au SIAL ?

Les objectifs que nous nous étions fixés au départ ont été globalement tous atteints. Certes, nous aurions aimé que toutes les entreprises soient physiquement présentes, et cela n’a pas été le cas en raison notamment de contraintes administratives, mais le feedback des entreprises est positif. Leurs produits ont été exposés, appréciés par les visiteurs du Salon, et elles ont pu nouer des contacts d’affaires ce qui est évidemment très important. Nos entreprises ont aussi pu se frotter aux entreprises qui excellent dans leur secteur. C’est une saine émulation qui leur est bénéfique puisque cela permet de rehausser les standards de fabrication de leurs produits.

Quel est l’impact de la mise à niveau sur la compétitivité des entreprises qui font partie du portefeuille du BMN ?

Nous avons des résultats assez probants en termes notamment d’augmentation du chiffre d’affaires, d’indépendance financière et même de résultats nets. Suite à l’action du BMN, certaines entreprises ont augmenté l’effectif du personnel, ce qui est une grande victoire d’autant que le chef de l’État a fait de la lutte contre le chômage, une de ses priorités. Nous avons également des résultats en termes de meilleure compréhension du processus de production qui donne une productivité assez bonne dans ces secteurs et dans ces entreprises. Nous constatons aussi que la mise à niveau est de plus en plus comprise par les chefs d’entreprises, elle est même souhaitée par certains qui en veulent davantage, qui comprennent que c’est un processus continu. Lorsqu’une entreprise a terminé un plan de mise à niveau, elle ne doit pas se croiser les bras, parce que les entreprises concurrentes dans le même secteur, évoluent tout comme le secteur continue d’évoluer. C’est le sens de la présence des entreprises du portefeuille du BMN au SIAL 2022.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 53 COMMUNIQUÉ

Entretien avec Martin Paul Mindjos, Président de la Chambre d'Agriculture, des Pêches, de l'Élevage et des Forêts du Cameroun (CAPEF).

Ce haut fonctionnaire promeut l’agriculture, les pêches, l’élevage et les forêts, et défend les intérêts de ces filières auprès des autorités publiques.

En quoi consiste l’opération de restructuration que vous avez entreprise depuis votre nomination à la tête de la CAPEF il y a deux ans ?

Je vous remercie pour l’intérêt renouvelé que vous portez à ma personne et à l’institution dont je préside aux destinées. Avant de parler de l’opération de restructuration proprement dite, j’aimerais faire un bref rappel historique de la Chambre d’Agriculture, des Pêches, de l’Elevage et des Forêts du Cameroun. Il s’agit d’une vieille organisation qui a longtemps contribué au développement de l’économie rurale du Cameroun et ce, bien avant même l’indépendance du pays. Mais depuis quelques décennies, elle est confrontée à de multiples problèmes liés à la situation économique du pays. Ces problèmes, il faut le souligner, ont eu un impact significativement négatif sur le cadre de travail, la gouvernance administrative et institutionnelle, le déploiement des activités techniques sur le terrain et surtout sur l’équilibre financier.

L’opération de restructuration en cours que nous conduisons avec méthode et détermination depuis notre nomination par le Président de la République, Son Excellence Paul BIYA, en février 2021, vise à résorber l’impact de ces problèmes et permettre ainsi à la Chambre de se relancer et de jouer pleinement son rôle auprès des agriculteurs, des éleveurs, des acteurs de la pêche et ceux des forêts. Il s’agit donc, pour être plus concret, de préparer la Chambre à s’améliorer progressivement au triple plan de sa gouvernance, de ses interventions techniques et de son autonomie financière.

Quelle est l’étendue de cette restructuration ?

L’opération de restructuration dont il est question porte sur quatre axes majeurs d’intervention, en rapport avec les problèmes diagnostiqués à savoir : la réhabilitation du cadre de travail ; l’amélioration de la gouvernance administrative et institutionnelle ; la relance des interventions techniques sur le terrain et la mobilisation des ressources financières durables. Il faut dire que la finalité qui est attendue de cette opération, est notamment de concourir dans un délai approprié, à proposer un cadre de travail viable, susceptible de booster les performances et les rendements du personnel ; à mettre sur pied une Chambre consulaire crédible au plan de sa gouvernance administrative financière et institutionnelle, à l’effet d’exhorter les partenaires nationaux et internationaux à plus de collaboration ; à assurer une présence et un service techniques de qualité aux membres et ressortissants ; enfin à consolider le patrimoine immobilier et les ressources financières de l’institution, dans une perspective durable.

J’imagine que vous n’allez pas vous arrêter en si bon chemin, envisagez-vous d’autres initiatives ?

En effet, les initiatives que nous allons prendre rentrent dans le cadre des axes que nous avons déclinés. Elles viseront prioritairement nos interventions techniques. Il s’agira relativement à cet axe de nos interventions, de travailler pour une offre des intrants pour une production de qualité, l’appui technique à travers un conseil agropastoral de proximité, la facilitation du travail par la mise à disposition des services mécanisés au plus grand nombre des membres et ressortissants, le renforcement des mesures d’irrigation et d’approvisionnement en eau dans les exploitations et enfin, l’offre d’un financement de qualité pour crédit de campagne et l’investissement.

Nous nous emploierons, grâce à divers contacts noués à l’intérieur du pays et à l’étranger, à rendre disponible ces produits auprès de nos membres et ressortissants, à travers les Centres de Services Agropastoraux (CSA) que nous comptons structurer autour et en collaboration avec les communes.

56 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique INTERVIEW

Les agro-industries au service de la croissance économique

Selon la Stratégie nationale de Développement à l’horizon 2030 (SND), le Cameroun compte sur l’industrie locale pour booster l’économie.

L’agro-industrie constitue un des leviers sur lesquels les autorités comptent s’appuyer pour développer les PME.

Les projets de réhabilitation de plus de 1 550 hectares de palmeraies et de construction d’une nouvelle huilerie de l’unité agro-industrielle publique Cameroon Development Corporation (CDC) tombent à point nommé pour l’ensemble de la filière huile de palme.

L’État du Cameroun, à travers l’Agence de Promotion des Investissements (API), a accordé en aout 2021 à la société agro-industrielle Agrivar Cameroun, le bénéfice des exonérations fiscalo-douanières sur 5 à 10 ans, prévues par la loi portant incitations à l’investissement privé.

Ces facilités sont octroyées dans le cadre d’un projet de construction d’une unité de transformation du soja à Douala, la capitale économique du pays. Dotée d’une capacité de trituration de 150 000 tonnes de soja par an, extensible à 300 000 tonnes, l’unité agro-industrielle en gestation va induire la création d’environ 1 000 emplois, pour un investissement de 23,629 M d’euros. Ce projet va contribuer à réduire les importations de soja.

En 2020, Olam s’est réorganisé avec la création de deux exploitations distinctes, Ofi et Olam Agri. Cette

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 57
AGRO-INDUSTRIES

dernière entité a pour objectif de transformer les denrées alimentaires, les aliments pour animaux et les fibres. Une usine Olam hautement automatisée, mise en service en 2015, fabrique des produits à base de farine de blé allant du beignet, de la baguette standard, de la baguette premium et du pain grillé. Les marques de riz d’Olam - Riz Mémé et Riz Bijou- sont aussi parmi les plus réputées du pays.

Financé à hauteur de 28,5 milliards de F CFA par le Fonds international de Développement (Fida) dans sa deuxième phase, le Projet d’appui au développement des filières agricoles est un projet national pour le développement des filières agricoles du riz et de l’oignon. Afin d’améliorer la sécurité alimentaire à travers le développement durable, le Cameroun a décidé se doter de 6 unités de transformation d’oignons.

Selon la volonté du gouvernement de booster la production du textile, Une 2 ème unité de filature de coton d’une capacité de production de 300 000 tonnes par an va permettre de diversifier la production et de réduire les importations de textiles. En effet, seulement 2% du coton camerounais est transformé en produits textiles et vestimentaires ce qui est très loin des objectifs fixés par la Stratégie nationale de développement (SND30). La nouvelle société aura pour champ d’action la confection des tenues des grands corps technique de l’État. La commande publique pourrait ainsi servir de levier de développement de cette filière.

La société camerounaise Saagry S.A a annoncé en juin 2022 la mise en œuvre d’une palmeraie et d’une huilerie industrielle à Bakou dans le département du Haut-Nkam région de l’Ouest. En plus de Pamol Plantation PLC, Socapalm, Safacam, Camvert, l’entrée en scène de cet opérateur devrait permettre de renforcer l’offre en huile de palme sur le marché local. Malgré un potentiel énorme, le Cameroun se trouve aujourd’hui dans l’obligation de recourir aux importations pour couvrir la demande locale.

La Société anonyme des brasseries du Cameroun (SABC), le leader du marché brassicole dans le pays, envisage de

OPPORTUNITÉS

changer de dénomination en raison du désir d’être moins des brasseries qu’une agro-industrie. Cette mutation survient après la création de la Compagnie fermière du Cameroun (CFC), la nouvelle filiale du groupe SABC dédiée à l’agro-industrie. Cette unité, dans laquelle la SABC a investi 18 milliards de FCFA, permettra de produire 30 000 tonnes de gritz de maïs chaque année, au moyen de la transformation de 60 000 tonnes de maïs brut achetées auprès des producteurs locaux. Ce ne sont que quelques exemples. De son côté, le gouvernement initie des partenariats permettant d’atteindre la première ou la deuxième transformation des matières premières

Le secteur agroalimentaire camerounais bénéficie d’un terreau favorable : son marché urbain et son secteur agricole sont en plein essor. La loi n°2013/00 du 18 avril 2013 fixant les incitations à l’investissement privée envisage la promotion de l’agro-industrie comme un objectif prioritaire au développement de l’agriculture. De ce fait, elle prévoit un régime incitatif pour les investissements dans le domaine de l’agro-industrie au plan fiscal, douanier et financier.

58 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
AGRO-INDUSTRIES

Un Cameroun prospère et uni dans sa diversité. Un Cameroun où chaque acteur trouve sa place. Je voudrais à cet égard apprécier le rôle déterminant que joue le secteur privé dans la mise en œuvre de notre politique de développement.

60 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
Extrait du message du Chef de l’Etat le Président Paul Biya à la Nation le 31 décembre 2022.

Banques & Assurances

Intégré dans le marché régional, le secteur bancaire camerounais est le plus important de la CEMAC. Le dynamique secteur des assurances répond au perpétuel défi d’une amélioration du taux de pénétration..

Le secteur bancaire le plus important de la CEMAC

Le système financier camerounais est le plus important de la région CEMAC, avec environ la moitié des actifs financiers régionaux. Les institutions financières non bancaires jouent un rôle mineur dans le pays.

CHIFFRES CLÉS

18

BANQUES AGRÉÉES

30

BANQUES (PROJECTION EN 2030) + 11,2%

TAUX DE BANCARISATION EN 3 ANS

402

ÉTABLISSEMENTS DE MICROFINANCE AGRÉÉS EN 2021

Dans la zone CEMAC, espace communautaire constituée de six États (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale), les établissements de crédit installés au Cameroun ont largement dominé le marché du crédit bancaire au premier trimestre 2022, notamment avec 4 acteurs : Afriland First Bank, SCB Cameroun, Société Générale Cameroun et la BICEC.

Sur cette même période, l’offre de crédit demeure dominée par les banques, qui concentrent 98,78% du total des financements enregistrés, contre 1,22% pour les établissements financiers. Avec un réseau de 18 banques agréées, le Cameroun, qui abrite également 40% du tissu industriel de la CEMAC, dispose, à lui seul, de près de 50% du réseau bancaire de la communauté.

Le secteur financier est dominé par les grandes banques étrangères, avec des excédents de liquidités. Le secteur financier et bancaire, avec un potentiel actuel de 13 banques ayant reçu l’agrément de la Cobac, est sans doute l’un des secteurs qui recrutent le plus. Ce secteur

est en permanente croissance avec les nouvelles offres et innovations de services financiers.

Ainsi, deux nouvelles banques ont été agréées en septembre 2022 avec la mutation en banque universelle de la Régionale SA, un établissement de microfinance, et Africa Golden Bank. L’accroissement des banques s’inscrit en droite ligne de l’objectif gouvernemental de transformation du système financier. D’ici 2030, les pouvoirs publics espèrent porter le nombre de banques en activité sur le sol camerounais à 30 afin de diversifier l’offre et ainsi faciliter l’accès du grand public aux services financiers.

62 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
BANQUES

Des financements pour l’économie

La promotion du secteur privé productif camerounais est un axe majeur de la stratégie nationale de développement (SND30). L’Etat doit mettre en place un cadre optimal, propice et incitatif au développement de l’entreprenariat, notamment auprès des cibles prioritaires que sont les jeunes et les femmes.

La Banque mondiale et l’Etat du Cameroun ont procédé, le 26 octobre 2022, à la signature de trois accords de financement pour un montant global de 265 milliards FCFA. Le premier accord concerne le Projet d’aménagement et de valorisation des investissements de la vallée du Logone (Viva Logone), pour 172,9 millions d’EUR soit environ 113,4 milliards FCFA. Ce projet vise au développement et à la promotion des services d’irrigation et de drainage durables, à l’amélioration et la production agricole dans les zones irriguées du Logone. Cela permettra, entre autres, de soutenir la sécurité hydrique régionale et la gouvernance des ressources en eau, la production agricole et agroalimentaire, et la mise en œuvre d’un plan de restructuration de la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry). À terme, 12 210 hectares de périmètres irrigués seront aménagés

dans la vallée du Logone, permettant de faire passer la production annuelle de riz de 50 000 à 115 000 tonnes. La seconde convention concerne le Projet d’urgence de lutte contre la crise alimentaire (Pulcca) pour un coût estimé à 90,2 millions d’EUR soit environ 59,17 milliards FCFA. Ce projet ambitionne de fournir une aide alimentaire et nutritionnelle à 256 000 personnes extrêmement vulnérables, et de soutenir 159 000 agriculteurs pour une productivité plus élevée et une forte résilience climatique dans les régions du Nord, de l’Extrême-Nord, du NordOuest, du Sud-Ouest, de l’Adamaoua et de l’Est.

La dernière convention est relative au projet « Filets sociaux adaptatifs et inclusion économique » pour une valeur de 141,4 millions d’EUR, soit environ 92,8 milliards FCFA. L’objectif est d’étendre la couverture et la capacité de réponse aux chocs du système de filets sociaux

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 63
BANQUES

s’adressant aux ménages pauvres, d’accroitre l’accès aux opportunités génératrices de revenus et le soutien à l’entrepreneuriat chez les jeunes des zones urbaines. Avec ces 3 conventions, le portefeuille de financements de la Banque mondiale au Cameroun s’établit désormais à 20 projets pour 2 710 millions USD, soit 1 789 milliards de FCFA.

En mai 2022, la Banque européenne d’investissement (BEI) a accordé 27 millions d’EUR dans le cadre d’une nouvelle initiative de financement à long terme destinée à appuyer les investissements des entrepreneurs et des entreprises du Cameroun et à renforcer la résilience économique face à la pandémie de Covid-19.

Ce financement rationalisé en faveur des entreprises représente le plus important soutien jamais apporté par la BEI à l’investissement du secteur privé au Cameroun. Il entre dans le cadre de l’engagement accru de la BEI aux côtés d’autres partenaires financiers dans toute l’Afrique pour renforcer la résilience économique face à la pandémie.

Les deux nouvelles lignes de crédit seront gérées par des partenaires financiers locaux de premier plan : 15 millions d’EUR par CCA Bank et 12 millions d’EUR par Commercial Bank of Cameroon.

Les entreprises camerounaises qui auront accès à ce nouveau dispositif profiteront d’un financement à moindre coût grâce à l’appui de l’Union européenne dans le cadre d’un soutien plus large visant à améliorer la compétitivité du secteur privé du pays.

Le nouveau partenariat entre la Banque européenne d’investissement, la plus grande banque publique internationale au monde, CCA Bank et Commercial Bank of Cameroon, permettra d’améliorer l’accès des

entreprises aux financements à long terme dans tout le pays. Il s’appuie sur une coopération fondée sur de bonnes pratiques avec des partenaires financiers de premier plan au Cameroun.

Ce nouveau financement des entreprises appuiera les investissements des entreprises des secteurs manufacturier, commercial, agricole et des services dans tout le pays.

La Banque européenne d’investissement a précédemment accepté de soutenir 14 millions d’EUR de nouveaux financements à long terme pour les entrepreneurs et les entreprises camerounaises. Récemment, un nouveau financement d’entreprise de 12 millions d’EUR a été accordé à la Banque commerciale du Cameroun, pour un financement total de 26 millions d’EUR. Il débloquera de nouveaux financements du secteur privé. Grâce à ce nouveau dispositif, il sera possible d’accorder aux entreprises des prêts d’une durée plus longue qui correspondent mieux à la durée de vie économique de leurs nouveaux investissements.

LE CAMEROUN MEMBRE DE L’AFRICA FINANCE CORPORATION (AFC)

Le 22 septembre 2022, le Cameroun est devenu son 36ème pays membre de l’Africa Finance Corporation (AFC), une institution multilatérale spécialisée dans le financement des infrastructures. L’adhésion du Cameroun à cette institution lui permettra de bénéficier de plus d’investissements, notamment dans les domaines de modernisation des infrastructures routières et le développement des industries. Le Cameroun œuvrera avec l’AFC sur les infrastructures

clés afin d’approfondir l’intégration, de permettre le remplacement des importations par des produits fabriqués localement et de développer la capacité manufacturière et industrielle. Cette institution fondée en 2007 a déjà investi presque 300 millions de dollars au Cameroun et prévoit de financer plusieurs nouveaux projets dans le pays. La modernisation des routes et du développement des industries de transformation des produits agricoles sont les objectifs les plus visés.

64 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
BANQUES

BANQUES

Les institutions de microfina

Le Cameroun compte 402 établissements de microfinance agréés. Ces entreprises sont réparties sur les 10 régions. Fin 2021, 40% des microfinances camerounaises étaient implantées dans les régions du Nord-Ouest et du SudOuest avec 35 microfinances de première catégorie, 75 microfinances de deuxième catégorie, 2 de troisième catégorie et 290 microfinances de réseau soit 72,13% des 402 établissements de microfinances agréées au total. Le secteur fait les preuves de sa capacité à offrir des services appropriés aux besoins des populations jusque-là non bancables. Elle fournit des concours de court terme pour financer les besoins d’exploitation des producteurs et des commerçants, la trésorerie des PME et la consommation. La microfinance apparaît aujourd’hui comme un secteur important de l’économie nationale. Il

OPPORTUNITÉS

constitue le meilleur véhicule de mobilisation de fonds vers les populations évoluant en marge du secteur bancaire classique, notamment les ménages pauvres, les entreprises individuelles, les PME et les Associations d’entraide. Le secteur de la microfinance au Cameroun est varié et diversifié. Il regorge de plusieurs acteurs dont les principaux sont : les coopératives d’épargne et de crédits, les mutuelles, associations financières, les sociétés anonymes. Il évolue tous dans un cadre juridique bien défini. L’Etat a durci la législation régissant les données financières personnelles afin d’élargir efficacement la législation existante pour inclure les institutions de microfinance et autres prestataires de services de paiement. Les développements dans les secteurs de la technologie et de la finance ont, en effet, augmenté le risque de cybercriminalité.

Les nouveaux opérateurs bancaires sont les bienvenus au Cameroun. En effet, d’ici 2030, les pouvoirs publics désirent porter le nombre de banques en activité sur le sol camerounais à 30 afin de diversifier l’offre et ainsi faciliter l’accès du grand public aux services financiers.

66 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
La promotion du secteur privé productif camerounais est un axe majeur de la stratégie nationale de développement (SND30). L’Etat doit mettre en place un cadre optimal, propice et incitatif au développement de l’entreprenariat, notamment auprès des cibles prioritaires que sont les jeunes et les femmes.

ASSURANCES

Le dynamique secteur des assurances

Au Cameroun, le marché de l’assurance est resté sur une dynamique évolutive observée depuis quelques années. Il poursuit en 2023 sa croissance avec le perpétuel défi d’une amélioration du taux de pénétration.

CHIFFRES CLÉS

28

COMPAGNIES D’ASSURANCE AGRÉÉES

17

DANS LA BRANCHE DOMMAGES

11

DANS LE SEGMENT VIE ET CAPITALISATION

3 SOCIÉTÉS DE RÉASSURANCE

3% TAUX DE PÉNÉTRATION

9% DE TAUX DE CROISSANCE DU CA EN 2022

Les assureurs camerounais ont terminé l’année 2022 avec une hausse de 10,12% de leur chiffre d’affaires global à 253,1 milliards FCFA (412,5 millions de dollars) contre 229,8 milliards FCFA (397,6 millions de dollars) en 2021.Les primes non vie progressent de 8,83% pour atteindre 166 milliards FCFA (270,6 millions USD) à fin 2022.

Le classement par compagnie d’assurance non vie fait d’AXA Assurance le leader du marché avec 8,84% du portefeuille non vie. Suivent Activa Assurances et Chanas Assurances avec des parts de marché respectives de 7,32% et 7,12%.

L’activité vie totalise, pour sa part, 87,1 milliards FCFA (141,9 millions de dollars) de primes émises, en croissance de 12,69% sur un an. Allianz Vie occupe la première position du classement des meilleurs assureurs vie avec 10,05% des encaissements vie. Arrivent en deuxième et troisième places, Prudential Beneficial Life (8,03%) et Activa Vie (3,76%).

Le secteur des assurances au Cameroun semble avoir été épargné par la crise sanitaire, la courbe est allée croissante

dans les assurances. En 2021, les compagnies d’assurances camerounaises avaient réalisé un chiffre d’affaires de 76,3 milliards de FCFA, en hausse de 8,6% par rapport à l’année d’avant, a-t-on appris des données provisoires du marché compilées par l’Association des sociétés d’assurances du Cameroun (Asac). Cette performance haussière est tirée par les assurances individuelles (+9,8%) dont le chiffre d’affaires (CA) est passé à 35,8 milliards pendant la période susmentionnée contre 32,5 milliards en 2020. Les assurances collectives ont elles aussi maintenu le cap avec une augmentation de 8,4% de leur CA soit 40, 4 milliards en 2021.

L’augmentation du chiffre d’affaires pourrait laisser croire à une amélioration du taux de pénétration auprès des populations, ce qui est encore loin d’être le cas dans les faits. En effet, malgré les performances enregistrées dans le secteur, le taux de pénétration de l’assurance dans le pays se situe encore à moins de 3%. L’assurance est pourtant un rouage essentiel au développement économique pérenne et véritablement inclusif. En 2021, le Cameroun a rejoint l’Agence pour l’Assurance du Commerce en Afrique (ACA) devenu le 19ème Etat africain membre de l’ACA avec une contribution de 11,37 millions EUR (13,15 millions USD), soutenue par la Banque Européenne d’investissement (BEI). Cette opération permet à la république camerounaise de soutenir le développement des exportations, d’attirer davantage d’investissements étrangers et d’améliorer le commerce régional et international.

68 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique

La CIMA affiliée à l’OHADA

Le Cameroun est au 2ème rang du marché de la Conférence interafricaine des Marchés d’Assurances (CIMA), affiliée à l’OHADA.

La Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances (CIMA) est un exemple unique d’intégration de la régulation et de la supervision de l’industrie des assurances regroupant 14 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Les autres Etat membres sont le Bénin, le Burkina Faso, le Congo, la Côte d’Ivoire, le Gabon, la Guinée Bissau, la Guinée Equatoriale, le Mali, le Niger, la République Centrafricaine, le Sénégal, le Tchad et le Togo. La mission de la CIMA est de travailler au développement sain et harmonieux de l’industrie des assurances en assurant la protection des assurés et bénéficiaires de contrats et la stabilité financière des économies. Ce traité a adopté un code des assurances unique, englobant les règles du contrat d’assurance et les règles applicables aux acteurs : assureurs, réassureurs, intermédiaires d’assurance.

La CIMA, dans sa conception du contrôle des compagnies, tient beaucoup aux respects des trois piliers : engagements correctement évalués, actifs suffisants et de bonne qualité pour les couvrir et la capacité de disposer d’une marge de solvabilité pour gérer les éventuels évènements exceptionnels (dérive des engagements, baisse brutale des actifs, une réassurance non adaptée ou une tarification non appropriée). Ce souhait de maintenir l’équilibre technico-financier a donné naissance à une succession de réformes en zone CIMA.

Dès 2016, les nouvelles reformes de la Cima ont boosté les performances des compagnies d’assurances camerounaises. Entre 2015 et 2021, le chiffre d’affaires cumulé des assurances implantées au Cameroun est passé de 182,20 milliards de Fcfa à 228,9 milliards, soit une hausse de 46,7 milliards de Fcfa (+20,4%).

Sur le plan réglementaire, plusieurs règlements émis par

OPPORTUNITÉS

l’organe de régulation du marché des assurances (CIMA), ont permis d’encadrer plusieurs aspects de l’activité.

L’INSTITUT INTERNATIONAL DES ASSURANCES (IIA)

L’IIA est un établissement de formation professionnelle à caractère international créé en 1972 en application des dispositions de la convention de coopération en matière de contrôle des entreprises et opérations d’assurances. Doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière, il a son siège à Yaoundé et est ouvert aux ressortissants des Etats membres de la Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances (CIMA). L’acte constitutif de Yamoussoukro de 1972 a été modifié par le Traité instituant la Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances (CIMA) qui a été signé à Yaoundé (République du Cameroun) le 10 juillet 1992 par les Ministres des Finances des Etats membres.

Le marché de l’assurance en Afrique de l’Ouest se structure, notamment, par le biais de la Fédération des sociétés d’assurance de droit national africaines (Fanaf) qui réunit 12 pays dont le Cameroun. Le marché camerounais de l’assurance va rester sur une forte dynamique évolutive observée depuis quelques années.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 69
ASSURANCES

La situation dans ce secteur essentiel connaîtra une amélioration considérable en 2023, avec la mise en service de la première phase du barrage hydroélectrique de Nachtigal et le démarrage des travaux de raccordement du réseau interconnecté Sud au réseau interconnecté Nord.

70 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
Extrait du message du Chef de l’Etat le Président Paul Biya à la Nation le 31 décembre 2022.

Eau, Energie & Hydrocarbures

L’accès à l’eau potable demeure l’une des principales préoccupations du Chef de l’Etat. Les efforts visant à renforcer la qualité et la quantité de l’offre énergétique vont s’intensifier, avec la construction de nouvelles infrastructures énergétiques et le développement de l’énergie solaire.

Gaston Eloundou Essomba a été nommé au poste de Ministre de l’Eau et de l’Energie le 2 mars 2018. Cet économiste est à la charge de l’élaboration et de la mise en œuvre de la politique du Gouvernement en matière de production, de transport, de distribution de l’eau et de l’énergie.

Né le 8 octobre 1967 à Akono, Gaston Eloundou Essomba est titulaire d’un Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) en économie, mathématique et économétrie de l’Université de Yaoundé II. Gaston Eloundou Essomba occupe le poste de Directeur des Analyses Economiques au Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT) jusqu’en 2009. En juin 2009, il est nommé Directeur Général de la Société Camerounaise des Dépôts Pétroliers (SCDP), unique stockeur des hydrocarbures sur le territoire national.

Le 2 mars 2018, il est nommé Ministre de l’Eau et de l’Énergie. A son arrivée à ce poste, des moyens financiers conséquents ont été mis à disposition pour permettre à la nouvelle équipe de conduire avec succès la politique énergétique nationale.

Gaston Eloundou Essomba réactualise ainsi les projets des mini barrages hydroélectriques sur la rivière «  Mouankeu » à Bafang 4,6 MW, sur la rivière « La Dibombé » 3,4MW à Manjo et la petite centrale hydroélectrique de Mbakaou-Carrière (1,4 MW) dont les financements sont disponibles depuis 2012. Après avoir transféré la centrale d’Ahala dans le grand Nord, le Ministre fait accélérer le dossier des centrales solaires de Guider, Maroua, thermique de Kousseri et Maroua. Il lance les travaux de 511 km de ligne de 225 000 volts jusqu’à Ngaoundéré pour l’interconnexion du réseau Sud au réseau Nord qui a sa source au barrage Nachtigal en construction dans la région du Centre. Il est élu Ministre de l’année 2021.

Le secteur de l’énergie a présenté en juin 2023 son plan de redressement reposant sur 7 axes dont l’un des principaux est la recherche de l’équilibre financier du secteur et l’autre, l’amélioration du mix énergétique avec pour objectif d’atteindre à peu près 5 000 mégawatts à l’horizon 2030. La mise en service de la première machine du barrage de Nachtigal devrait entrer en production dès décembre 2023 et la dernière vers la fin de l’année 2024.

La Banque mondiale apporte des appuis budgétaires de l’ordre de 180 milliards pour démarrer le financement de ce plan d’urgence tout en soulignant que la facture mensuelle des 420 mégawatts de Nachtigal est estimée à 10 milliards de FCFA. Ce plan d’action devra permettre d’amener l’énergie de Nachtigal partout où on en a besoin et notamment à Douala dans le secteur industriel. Avec le dynamisme et le style managérial de ce Ministre, le Cameroun devrait atteindre ses objectifs.

Gaston Eloundou Essomba est également le Président du Conseil d’Administration de Kribi Power Development Company (KPDC).

72 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
INTERVIEW PORTRAIT

A l’occasion de la célébration de la 51 ème édition de la Fête Nationale, le 20 mai 2023, l’Assemblée Générale, le Conseil d’Administration, la Direction Générale et l’ensemble du personnel de la CAMWATER formulent à l’endroit de Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, à tout le peuple camerounais, leurs voeux d’Unité, de Paix, de Stabilité et de Prospérité. Ils réitèrent leur engagement, derrière le Président de la République, Chef de l’Etat, à oeuvrer à la matérialisation des projets structurants dans le secteur de l’Eau Potable et de l’Assainissement Liquide au Cameroun et à accompagner activement le processus de décentralisation en a pportant aux collectivités territoriales décentralisées, l’expertise et la synergie requises en matière de construction et d’exploitation des systèmes d’alimentation en eau potable.

“POUR LE COMPTE DE L’ETAT, LA CAMWATER TRAVAILLE A ACCROITRE L’OFFRE ET L’ACCES A L’EAU POTABLE EN MILIEU URBAIN ET PERIURBAIN”.

On the occasion of the celebration of the 51 st edition of the National Day on 20 May 2023, the General Assembly, the Board of Directors, the General Management and all the staff of CAMWATER express to the President of the Republic, Head of State, and to all the Cameroonian people, their wishes for Unity, Peace, Stability and Prosperity.

They reiterate their commitment, to the President of the Rep ublic, Head of State, to work for the materialization of structuring projects in the drinking water and liquid sanitation sector in Cameroon and to actively accompany the decentralization process by providing decentralized local authorities with the expertise and synergy required for the construction and operation of drinking water supply systems.

“ON BEHALF OF THE STATE, CAMWATER IS WORKING TO INCREASE THE SUPPLY AND ACCESS TO DRINKING WATER IN URBAN AND PERIURBAN AREAS”

Entretien avec Blaise Moussa, Directeur général de la Cameroon Water Utilities (Camwater) depuis le 30 septembre 2022, l’entreprise publique chargée de la production et de la distribution de l’eau potable dans le pays.

Quelle est la mission et l’organisation de Camwater ?

Sous l’impulsion du Président de la République, S.E. Paul BIYA, le Gouvernement de la République a assigné à la CAMWATER des missions régaliennes qui sont en droite ligne de la Stratégie nationale de développement à l’horizon 2030 (SND30) consigné dans l’objectif de développement durable des Nations-Unies N°6 (ODD6) qui prescrit l’accès à l’eau potable généralisé pour les populations. De façon statutaire, la CAMWATER est une société à capitaux publics créée par le décret N°494/2005 du 31 décembre 2005. A la faveur du décret N°2018/144 du 2 février 2018, les activités et les missions de l’entreprise ont été réorganisées.

A cet effet, la CAMWATER assure la gestion des biens et droits affectés au service public de l’eau potable, ainsi que l’exploitation du service public de production, de transport, de distribution et de commercialisation de l’eau potable en milieu urbain et périurbain.

Quels sont les principaux défis que vous devez relever ?

Nous pouvons d’emblée parler du Projet d’Alimentation en Eau Potable dans la ville de Yaoundé et ses environs à partir du fleuve Sanaga (PAEPYS) à Nachtigal qui est un grand projet mis en œuvre par le Gouvernement à travers notre tutelle technique à savoir le Ministère de l’Eau et de l’Energie. En effet le PAEPYS produira un complément de 300 000 m³/jour d’eau potable au profit des populations de la ville de Yaoundé et de ses environs dans sa première phase et 400 000 m³/jour d’eau potable dans sa phase d’extension. Le projet est mis en œuvre par le Gouvernement à travers

le Ministère de l’Eau et de l’Energie sur Instructions du Chef de l’Etat et selon les informations à notre disposition, la livraison du chantier est imminente. C’est donc une bonne nouvelle pour les populations de la ville de Yaoundé et ses environs, qui verront leur problème d’accès à l’eau potable significativement atténué voire réglé. Nous venons d’obtenir du Conseil d’Administration, le quitus de la mise en œuvre du Programme prioritaire quinquennal d’investissement (PPQI) pour la période 2023-2027. Il s’agit d’une boussole qui nous permettra d’avancer pour les cinq prochaines années. En effet, le Programme prioritaire quinquennal d’investissement est un outil de programmation des projets d’investissements de la CAMWATER. Le PPQI permettra ainsi, de garantir la mise en œuvre des orientations de la SND30, en assurant l’accès durable et pour tous à l’eau potable.

Avez-vous noué des partenariats stratégiques avec des investisseurs étrangers ?

Nous avons décidé de relancer le secteur de la coopération et de la recherche des financements depuis notre arrivée pour redorer le blason de notre entreprise et également permettre la mise en œuvre de nos projets d’envergure. Il y a maintenant cet intérêt porté sur nos instruments de pilotage dont la stratégie nationale de l’eau qui est en élaboration au Cameroun; le plan directeur de l’eau et de l’assainissement ; le plan directeur qui concerne l’eau en milieu urbain et périurbain, nous l’avons vendu. Il y a aujourd’hui le PPQI (Programme Prioritaire Quinquennal d’Investissement) de la CAMWATER que nous avons vendu. Nous allons aussi présenter aux différents bailleurs, aux entreprises et aux potentiels partenaires technico-financiers, le plan d’interpellation du Président de la République dans son adresse à la Nation le 31 décembre 2022. Nous partons d’ici avec un certain nombre d’adresses. Il y aura certainement des propositions que nous ferons au Gouvernement. Nous avons segmenté aussi ces propositions en sorte que certaines puissent être prises en charge par la CAMWATER en tant qu’entreprise qui dispose d’un minimum de ressources. Nous ne pourrons lister la panoplie de partenariats que nous avons pu initier dans la mesure où nous ne voulons pas faire la publicité de quelques opérateurs. Mais toujours est-il que désormais et de nouveau, la marque CAMWATER a une place importante, privilégiée et sollicitée.

74 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
INTERVIEW

L’amélioration de l’offre et de l’accès en eau potable et assainissement

Malgré l’abondance des ressources, d’importantes inégalités sont notables entre les zones rurales et urbaines. En zone rurale, seulement 43,5% des habitants ont un accès à l’eau potable. Pour certains habitants, l’eau des rivières et des marigots constitue la seule source d’eau accessible. Depuis 2005, le Cameroun s’est aligné sur les objectifs des Nations Unies et s’est engagé à intégrer le Plan d’Action National de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (PANGIRE).

Selon l’Institut national de la statistique (INS) du Cameroun, en 2018 le taux d’accès à l’eau potable était de 77% en milieu urbain. La Cameroon Water Utilities Corporation (Camwater), l’office public en charge de la distribution de l’eau, a entrepris ces dernières années plusieurs projets visant l’amélioration de l’approvisionnement en eau potable en zone urbaine et périurbaine à l’instar des programmes d’alimentation en eau des villes de Dschang, Garoua-Boulai, Garoua, Maroua, Yabassi, Meyomessala, Nkongsamba et Melong. Depuis 2019, le pays ambitionne un taux d’accès à l’eau potable de 75% avant la fin de 2022.

La Camwater a mis en œuvre en 2022 le projet de conception, de réhabilitation et de construction de systèmes d’approvisionnement en eau potable dans 20 villes du Cameroun.

La capacité installée de production d’eau est de 731 080 m3 par jour et une capacité totale de stockage d’environ 253 374 m3. Le gouvernement, à travers Camwater, a signé un accord avec l’entreprise indienne WPIL, spécialisée dans la mise en service et l’entretien des systèmes de pompage, pour la construction de ces centres de production d’eau potable. Le contrat porte sur la conception, la réhabilitation et la construction de systèmes d’approvisionnement en eau potable dans six des dix régions du Cameroun à l’instar du Centre, du Littoral, de l’Ouest, du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et du Sud. La capacité totale visée est de

300 000 m3 par jour. Ce projet initié en 2018 nécessite un investissement de 51 millions d’euros (soit 34 milliards de francs CFA). Le projet associe aussi l’expertise de l’entreprise camerounaise Nkah Engineering en matière d’hydraulique. La société sera chargée de la fourniture et l’installation des pompes, la construction des réservoirs de stockage d’eau, la construction et la réhabilitation des systèmes d’approvisionnement en eau potable y compris des stations de traitement. Ai également prévu la construction de 25 adductions d’eau potable simplifiées (AEPS) et 874 000 latrines publiques dans les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord. Ce contrat entre le Cameroun et WPIL fait partie intégrante du plan directeur d’approvisionnement en eau du pays qui vise l’atteinte d’un taux de desserte de 85% en 2032. Pour y parvenir, les villes constituent une priorité. Ce projet d’eau potable bénéficiera aux villes de Bafia, Bokito, Mbandjock, Ombessa, Nanga Eboko, Ngoumou et Akonolinga dans la région du Centre ; Manjo et Dibombari dans le Littoral. Bambui, Bambili, Nkambé, Bali et Fundong situées dans la région du Nord-Ouest ; Kumba et Mamfe, deux villes cosmopolites du Sud-Ouest ; Bana et Bansoa à l’Ouest et Ebolowa, le chef-lieu de la région du Sud. Dans le cadre du Projet d’alimentation en eau et d’assainissement en milieu rural au Cameroun (PaeaMru), le gouvernement a également lancé la construction de 25 adductions d’eau potable simplifiées (AEPS) et 874 000 latrines publiques dans les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord. Faisant un pas de plus vers l’atteinte de ses objectifs concernant le PaeaMru, le gouvernement s’appuie sur un financement de 18 milliards de francs CFA (près de 27,45 millions d’euros) accordé par la Banque islamique de développement (BID). À terme, l’initiative vise la réalisation de 88 adductions d’eau potable simplifiées au Cameroun. Il est également question d’un projet de construction de 1 926 forages équipés de pompes à motricité humaine dans les régions septentrionales.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 75
L’amélioration des conditions de vie des populations à travers notamment à travers l’accès à l’eau potable est une préoccupation majeure du gouvernement.
EAU

Le traitement des déchets

La Stratégie nationale de développement (SND 30) place l’assainissement parmi les priorités pour le développement du pays. Les collectivités territoriales décentralisées sont en charge de l’enlèvement et du traitement des ordures ménagères dont la production est rythmée par l’accroissement de la population et l’urbanisation.

Le Cameroun produit 600 000 tonnes de déchets plastiques chaque année qui s’entassent dans des décharges sauvages ou viennent polluer les cours d’eau. De nombreuses entreprises locales ont décidé de se lancer dans la collecte et le recyclage de ces déchets non biodégradables et trouvent aujourd’hui de nombreux débouchés.

La société Hygiène et Salubrité (Hysacam), principal opérateur du traitement des déchets, est chargée d’assainir les différentes villes camerounaises où elle opère. D’autres initiatives coexistent. A Yaoundé, qui connait une croissance démographique de 4% par an et compte près de 2 millions d’habitants, l’entreprise leader en énergie renouvelable et traitement de déchet du Cameroun, Green Power Biotechnology utilise une technique permettant de produire du biogaz à partir des déchets ménagers. 1 200 tonnes d’ordures ménagères sont générées par jour.

Début 2023, 40 tonnes de déchets par jour pourront être traitées à Mbouda. L’aboutissement d’un plan d’actions sur trois ans, appuyé par le Syctom. La construction du centre de traitement des déchets à Mbouda a démarré en septembre 2022 pour une mise en service en 2023. L’installation sera capable de traiter jusqu’à 14 000 tonnes de déchets par an soit 40 tonnes par jour. Les déchets y seront aussi valorisés après passage dans des unités de tri et de compostage. Porté par l’association Élans, le projet a vu le jour début 2020. Les subventions ont déjà permis de préparer le terrain, consolider le plan de gestion des déchets, identifier les 12 points de regroupement, former les personnels et acquérir les terrains.

L’entreprise Stema produit et commercialise du charbon écologique. Le processus d’obtention est simple : les déchets sont collectés dans les ménages, triées et séchées. Ensuite, ils sont carbonisés dans un milieu pauvre en oxygène. Stema Group a ouvert en septembre 2022 un centre de formation professionnel bilingue dédié aux métiers du renouvelable. En juin 2022, les autorités ont signé un accord avec l’entreprise française Setec Énergie Environnement pour la

réalisation de l’étude de faisabilité des infrastructures qui permettront le renforcement du dispositif de gestion des déchets dans 27 villes. Il s’agit d’identifier et de dimensionner ces infrastructures de tri. L’étude s’étendra sur un an et sera financée à hauteur de 382 millions de francs CFA (plus de 582 000 euros) par le ministère français de l’Économie.

Par ailleurs, le traitement des déchets d’équipements électriques et électroniques (D3E) avec le projet Weecam est l’une des clés de réponse pour un système de recyclage plus performant.

Depuis le 1er janvier 2022, un droit d’accises spécial, de l’ordre de 1% de la valeur imposable de toutes les marchandises importées, est appliqué au Cameroun en vue de financer l’enlèvement et le traitement des ordures au bénéfice des collectivités territoriales décentralisées. Cette mesure ne concerne pas les marchandises entrant au Cameroun en franchise de douane, selon les dispositions du Code des douanes de la Communauté économiques et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC).

76 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
ASSAINISSEMENT

Le secteur de l’électricité

Le Cameroun met en œuvre sa vision pour le secteur de l’électricité inscrite dans la Stratégie nationale de Développement 2020-2030 (SND 30) afin d’augmenter la production électrique.

La nouvelle stratégie de développement met le cap à 2030 pour un accès de toute la population à l’électricité. Pour atteindre cet objectif, les pouvoirs publics comptent poursuivre la construction et la réhabilitation des grands barrages hydroélectriques, encourager à travers un cadre juridique incitatif la construction de minicentrales hydroélectriques et des centrales solaires.

Le ministère de l’Eau et de l’Energie (Minee) a entrepris la mise à jour du Plan directeur de production et de distribution de l’électricité. Présenté en septembre 2022, ce plan constitue un outil mondial de pilotage dans le domaine de l’électricité pour le bien-être de nos populations, pour l’intérêt de nos industries et partant pour le développement socioéconomique. Ce plan qui devrait apporter des solutions aux difficultés structurelles et conjoncturelles que connaît le secteur tourne autour

de sept axes stratégiques à savoir : l’évolution du mix énergétique, le renforcement et l’extension des réseaux de transport de l’électricité, soit l’aboutissement à un réseau unique de transport de l’électricité en 2027 ; la stabilisation et l’équilibre financier du secteur de l’électricité ; l’amélioration des performances opérationnelles du segment distribution, l’accès à l’électricité de 100% à l’horizon 2030 et le capital humain et le développement des compétences locales. Il emboite ainsi le pas au Fonds de développement du secteur de l’électricité, doté d’une enveloppe de 7 milliards F CFA seulement pour l’exercice 2021.

Le Minee a évalué les besoins pour assurer l’accès universel à l’électricité à 874 milliards de F CFA (environ 1,33 milliard d’euros). Ces besoins de financement ciblent officiellement 7 000 localités encore non électrifiées, sur un total de 13  104 localités.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 77 ÉLECTRICITÉ

Le Plan de mise à niveau des réseaux de Douala et de Yaoundé qui prévoit des investissements aussi bien sur les lignes de transport que de distribution, consiste en la construction d’une deuxième ligne de secours à côté de chaque ligne de transport et de distribution existante. De manière à pouvoir immédiatement basculer sur les lignes de secours en cas d’incident sur la ligne principale. Dans le secteur de l’électricité au Cameroun, beaucoup d’espoirs sont placés dans la mise en œuvre effective de ce plan, qui devrait permettre d’assurer la continuité du service public de l’électricité. Les incidents sur les réseaux de transport et de distribution ont, en effet, de graves conséquences socio-économiques. La mise sous tension de la nouvelle portion (Nkongsamba-Bafoussam) de la ligne de transport de 225 KV entre Bekoko (Littoral) et Bafoussam (Ouest) a eu lieu en juillet 2022 engendrant l’augmentation du transit d’énergie vers les régions de l’Ouest, du Sud-Ouest et Nord-Ouest, et la réduction des occurrences de baisse de tension dans les ménages et entreprises de ces régions.

En 2021, le concessionnaire du service public en charge de la distribution de l’énergie électrique au Cameroun, Energy of Cameroon (Eneo), a contribué à 70% à la production de l’énergie servie aux ménages et entreprises. Les 30% restant ont été produits par des producteurs indépendants et la centrale hydroélectrique de Memve’ele exploitée par l’entreprise Energy Developement Corporation (EDC). Fin 2022, le Cameroun et 9 autres pays se sont associer pour booster le développement énergétique. Il s’agit du Cameroun, de Djibouti, du Bénin, du Burkina Faso, du Togo, du Sénégal, du Mali, de la Côte d’ivoire, du Congo et du Gabon. Il s’agira de développer une compréhension claire des enjeux du secteur et des mobiles d’intervention des Etats et de leur rôle dans le processus ; la maîtrise des outils nécessaires à l’analyse de la situation énergétique, au développement du secteur et à son fonctionnement et la prise en compte des énergies renouvelables, secteur en développement au niveau mondial comme opportunité pour les pays d’Afrique.

UN PROGRAMME DE 200 MILLIARDS DE F CFA SOUTENU PAR LA BANQUE

MONDIALE

La Banque mondiale (BM) veut accompagner l’Etat du Cameroun à travers un programme axé sur les résultats dans le secteur de l’électricité au Cameroun (Pforr). Ce Programme, financé à hauteur de 195 milliards de F CFA par la Banque mondiale, a pour objectif d’aider le pays à accroître sa production électrique à l’horizon 2030. Le Cameroun souhaite atteindre une production de 5000 MW à l’horizon 2030 pour passer de 60% d’accès à l’énergie électrique à 100% en 2030. De ce fait, le programme va s’articuler autour de la mise en œuvre d’infrastructures permettant la production, le transport

et la distribution de l’énergie électrique. Cela permettra au pays de mieux répondre à la demande domestique en énergie électrique et de se positionner comme un géant de l’exportation de l’énergie électrique en Afrique centrale.

Par ailleurs, le Pforr entend mettre en œuvre des mécanismes qui vont permettre d’améliorer la viabilité financière et la transparence du secteur de l’électricité dans le pays, afin de garantir l’équilibre financier recherché entre les charges et les ressources du secteur de l’électricité entre autres.

78 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
ÉLECTRICITÉ
YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 79 COMMUNIQUÉ

Les barrages hydroélectriques

Le

Cameroun tire l’essentiel de son énergie électrique de l’hydraulique. Toutefois, l’immense potentiel hydroélectrique du Cameroun restait encore largement inexploité. Des projets sont donc en cours dans tout le pays pour répondre à la croissance rapide de la demande d’électricité.

Le pays dispose de centrales hydroélectriques à partir desquelles est produite l’électricité. Parmi cellesci, l’on peut citer Songloulou, la plus grande centrale du Cameroun, produisant 54% du mix électrique. Mise en service en 1981, cette centrale possède une capacité de 384 MW. A côté de cette dernière, l’on retrouve la centrale d’Edéa qui est l’une des plus anciennes au Cameroun. Mise en service en 1950, la centrale d’Edea dispose d’une capacité de 276 MW. La centrale hydro-électrique de Lagdo, fonctionnelle depuis 1986, possède une capacité de 72MW. Le gouvernement continue de se tourner vers le secteur hydroélectrique pour fournir de nouvelles capacités de production indispensable au développement industriel. Le plus grand projet actuellement presque achevé est celui de Nachtigal, situé à environ 65 kilomètres de Yaoundé. La centrale sera pleinement opérationnelle en 2024. Le fleuve La Sanaga a été dérivé afin de permettre l’aménagement hydroélectrique de ce projet majeur. Il s’agit du plus grand fleuve du Cameroun (918 km). Son débit est quatre fois plus important que celui de la Seine. Avec une puissance installée de 420 MW, l’aménagement hydroélectrique de Nachtigal produira, dès sa mise en service en 2024, l’équivalent de 30% de la capacité de production d’énergie du pays. Le taux d’avancement des travaux du chantier à date est de 70% et l’injection des premiers mégawatts dans le Réseau interconnecté Sud (RIS) est prévue dès le mois de juillet 2023. Le prix de construction de 786 milliards de F CFA (1,2 milliard d’euros) comprend le coût des nouvelles lignes de transmission pour connecter le pays.

Une fois terminé, le projet représentera 30% de la capacité de production camerounaise et l’État compte bien que la production à faible coût contribuera à réduire les tarifs de l’électricité. Nachtigal devrait contribuer à augmenter la proportion de la population ayant accès à l’électricité audelà du niveau actuel de 74%.

Les travaux du barrage de 30 MW de Lom Pangar dans l’est du Cameroun sont également en voie d’achèvement. Par ailleurs, les autorités camerounaises ont relancé

partiellement la centrale hydroélectrique de Mekin. Située dans le sud du Cameroun, l’installation injecte 11,2 MW dans le réseau électrique national. L’électricité produite actuellement bénéficie aux populations des communes de Sangmelima et de Meyomessala dans la région du Sud, ainsi que celles de Mbalmayo dans la région du Centre. Le gouvernement camerounais envisage la construction d’un barrage-réservoir pour rehausser et stabiliser la production de la centrale de Memve’ele sur le fleuve Ntem. Particulièrement importante pour l’alimentation de la région sud du pays, cette dernière affiche une baisse de performance préoccupante. La conséquence de cette baisse est l’apparition d’un déficit de 60 MW dans le Réseau interconnecté sud (RIS). Cette puissance représente environ 30% de la consommation d’électricité de Yaoundé, dont le pic de consommation est de 225 MW. L’installation d’un barrage-réservoir ferait en sorte que la production ne baisse pas en période de saison sèche comme ce fut le cas après la CAN 2022. A la différence des centrales hydroélectriques de Songloulou et d’Edéa bénéficiant de l’eau stockée dans les barrages-réservoirs du bassin de la Sanaga, celle de Memve’ele ne dispose pas encore des mêmes capacités sur le fleuve Ntem.

80 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
ÉLECTRICITÉ

ÉLECTRICITÉ

Le 14 avril 2022, la première centrale hydroélectrique privée de moins de 5MW a été inaugurée dans le village de Mbakaou, un projet soutenu par le Fonds français pour l’Environnement mondial (FFEM). Celui-ci participe au déverrouillage de la filière des petits producteurs indépendants d’électricité (PIE) au Cameroun. Située

dans la région de l’Adamaoua, la centrale va permettre l’approvisionnement en électricité d’origine renouvelable de 40 000 habitants en zone rurale. Le projet ne s’arrête pas là, puisque ce modèle de centrale hydroélectrique a vocation à être répliquée par les développeurs camerounais.

L’INTÉGRATION RÉGIONALE DANS LE SECTEUR DE L’ÉLECTRICITÉ

Un accord de financement sur deux interconnexions du réseau électrique prévues entre le Cameroun et le Tchad a été signé en décembre 2021. Pour ce faire, la Banque mondiale décaissera 306 millions $. Cet important projet a fait l’objet d’un accord de concession entre China Gezhouba Group Company et les gouvernements du Cameroun et du Congo-Brazzaville, en avril 2021. Le projet hydroélectrique de Chollet de 700 millions $ sera construit sur le fleuve Dja, qui forme la frontière entre les deux pays et fournira de l’électricité aux deux

marchés. Une capacité de production de 600 MW devrait être installée d’ici 2025. Les deux lignes de 225 kV relieront Ngaoundéré au Cameroun à N’Djamena au Tchad, ainsi que Maroua au Cameroun à Bongor, Guelendeng et N’Djamena au Tchad. Les 1 024 km combinés de nouvelle ligne à haute tension permettront le commerce de l’électricité dans les deux sens, mais les nouveaux projets hydroélectriques camerounais suggèrent que les exportations camerounaises pourraient dominer.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 81

Vers la prédominance des sources d’énergies renouvelables

Les énergies renouvelables sont encore au stade embryonnaire en termes de production, contribuant à environ 2% du mix énergétique au Cameroun, principalement avec la biomasse et le solaire.

Si le secteur de l’énergie est principalement dominé par l’hydroélectricité, le gaz naturel et l’énergie brute, le gouvernement souhaite se tourner vers les énergies renouvelables. Le Cameroun dispose d’un potentiel significatif avec notamment un important gisement solaire et de grandes ressources de biomasse. La production indépendante est régie par la Loi sur le secteur de l’électricité qui consacre la libéralisation de la production dans le triptyque production-transport-distribution. L’AER (Agence pour l’Electrification Rurale) accompagne techniquement et financièrement les initiatives de fourniture d’énergie électrique aux populations rurales (énergie solaire et petites centrales hydroélectriques principalement).

Pour pallier le problème des délestages récurrents, le gouvernement camerounais en partenariat avec le concessionnaire du service public de la distribution de l’énergie électrique, Energy of Cameroon (Eneo), a entrepris en 2021, un projet de développement de l’énergie solaire de 2 × 15 mégawatts.

Ce projet développera les énergies renouvelables et de limiter la baisse de la productivité du barrage de Lagdo, occasionnée par la faible pluviométrie. Une négociation avec des bailleurs de fonds internationaux pour une enveloppe de 250 milliards de FCFA permettra au développement des programmes d’investissement à long terme sur les barrages dont Eneo a la charge, notamment le barrage de Song Loulou implanté sur la Sanaga, Edea, Lagdo sur la Benoué, ainsi qu’à l’extension du réseau de distribution et d’extension afin de répondre aux attentes de la population.

OPPORTUNITÉS

En outre, le développement des énergies renouvelables dans la région du Nord Cameroun passe également par la mise en place d’un système hybride sur les centrales thermiques. L’objectif est de réduire au maximum la consommation du fuel, l’empreinte carbone et de développer les énergies renouvelables comme le soleil. Pour développer l’accès à l’énergie dans les zones reculées du septentrion, Enéo développe des projets d’urgence de mobilisation de la capacité thermique à travers la mini hydro avec la mise en service de plusieurs dizaines de mégawatts dans les prochaines années. Les pouvoirs publics ont opté pour la production décentralisée de l’électricité à partir des sources d’énergies renouvelables notamment dans les zones rurales éloignées du réseau électrique conventionnel. Huawei a déjà contribué à l’électrification de 350 sites solaires répartis dans différentes localités.

Les investissements privés nationaux et étrangers dans le domaine de la production d’électricité à partir des énergies renouvelables sont encouragés.

82 I YEARBOOK
CAMEROUN : Rapport économique
ÉLECTRICITÉ

La valorisation des ressources pétrolières

Dans sa stratégie de développement 2020-2030, le Cameroun ambitionne de dynamiser l’exploration pétrolière.

Le plan de développement 2020-2024 de la Société nationale des hydrocarbures (SNH) vise notamment l’optimisation de la rente pétrolière et gazière. La SNH, opérateur stratégique de référence dans la filière hydrocarbures-raffinage-pétrochimie, devra contribuer à la croissance économique du Cameroun dans le cadre de la vision 2035, en assurant des revenus stables, voire en croissance, durant la période visée, à travers une bonne valorisation des ressources en hydrocarbures, mais également, un relèvement du droit de Transit à verser à

l’État par la Cameroon Oil Transportation Company (Cotco), qui opère le pipeline Tchad/Cameroun.

Perenco est aujourd’hui le premier opérateur au Cameroun en termes de production, avec des opérations dans le bassin de Rio del Rey et de Douala, et une production de pétrole et de gaz de 65 000 boepd (51 000 barils par jour et 24 millions de m3 de gaz par jour).

Perenco exploite deux FSO (Floating Storage and Offloading, unité flottante de stockage et de déchargement) : La Lobe, stockant le pétrole brut d’Ebome, et le FSO Massongo, un

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 85
HYDROCARBURES

HYDROCARBURES

pétrolier de 272 000 TPL converti en unité de stockage pour le pétrole brut de Lokele et Kole. Perenco opère au Cameroun depuis 1993, en étroite collaboration avec la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH).

La stratégie d’investissement vise à la fois à développer des campagnes de forage à proximité de ses champs actuels (Nord de Dissoni, Inter Inoua Barombi, Bojongo), mais aussi à optimiser la production grâce à de nombreuses opérations de reconditionnement de puits, de développement de

UN NOUVEAU CODE PÉTROLIER

Le Cameroun a adopté un nouveau code pétrolier à travers la loi n° 2019/008 du 25 avril 2019 dans un contexte de réforme des législations pétrolières en Afrique noire francophone et de volonté renouvelée de rééquilibrage des intérêts des investisseurs et des États. Cette loi abroge et remplace la loi n° 99-013 du 22 décembre 1999 portant Code pétrolier sous le régime duquel 23 contrats pétroliers ont été signés, dont le dernier en date du 21 février 2019.

Sur le plan formel, le nouveau texte est plus exhaustif et contient 138 articles (125 pour l’ancien Code). Du point du contenu, les nouveaux articles renseignent

nouveaux réservoirs, ou encore d’actions de stimulation. Une stratégie récompensée par une augmentation de 100% de la production en quatre ans.

Le Cameroun, qui produit le pétrole brut et qui importe les produits raffinés (essence, gasoil, Jet A1, fioul) s’attend à une croissance de son secteur pétrolier de 0,5% en 2023, pour une croissance globale du PIB de 4,6%, selon la circulaire relative à la préparation du budget de l’Etat pour l’exercice 2023.

précisément leurs sujets. Cet élan de précision se confirme avec la définition des termes utilisés. Au total, on note 49 définitions dont 26 nouvelles et 8 définitions modifiées contrairement à l’ancien Code pétrolier qui en contenait 21.

Les innovations du nouveau code sont axées sur l’amélioration du régime juridique des contrats pétroliers, l’amélioration du régime du contenu local, l’instauration des mesures incitatives à l’investissement, le réaménagement de la fiscalité pétrolière et la mise en place des sanctions spécifiques en cas de non-respect de la législation pétrolière.

86 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique

NATUREL

La valorisation du gaz naturel

Le Cameroun possède un réservoir abondant de gaz naturel, faisant ainsi de ce potentiel une source d’énergie à long terme pour le pays. Une augmentation de la production de gaz naturel est prévue dès 2023.

En 2021, l’usine flottante de liquéfaction du gaz naturel exploité par le consortium SNH/Perenco/Golar, au large de la cité balnéaire de Kribi, a permis d’augmenter le volume de GNL exporter de 34% par rapport à l’année 2020. Au cours de la même période, l’unité de transformation du gaz naturel en gaz butane commercial de Bipaga toujours au large de Kribi a également augmenté sa production, passant de 22 000 tonnes métriques (TM) à 28 000 TM.

Cette croissance des exportations de GNL au Cameroun survient au moment où Golar annonce une augmentation

des capacités de production à partir de l’année 2022. La production du navire flottant Hilli Episseyo passera de 1,2 million de tonnes par an à 1,4 million de tonnes à partir de 2022. L’approvisionnement du gaz supplémentaire devrait être assuré par le champ Sanaga Sud.

En 2018, Perenco et la SNH ont choisi de développer le marché du GNL (Gaz Naturel Liquéfié) grâce au FLNG Hilli Episeyo (Floating LNG), première usine de liquéfaction flottante dans le monde, installée au large de Kribi. Sanaga a été le premier champ de gaz offshore à être développé au Cameroun pour alimenter la centrale

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 87 GAZ

électrique de Kribi et répondre à la demande croissante d’électricité dans le pays. La production des deux puits offshores est ensuite exportée vers une usine de traitement, où le gaz est traité pour atteindre la norme requise de 216 MW.

En 2015, Perenco et la SNH ont signé avec la compagnie norvégienne Golar LNG une convention gazière pour 10 ans. Celle-ci a pour but de développer les réserves restantes de Sanaga en GPL (Gaz de Pétrole Liquéfié) pour le marché domestique et en GNL (Gaz Naturel Liquéfié) pour l’exportation. Un développement rendu possible grâce au FLNG Hilli Episeyo, la première usine de liquéfaction flottante, résultat d’une conversion d’un méthanier qui va permettre à Perenco et la SNH de produire annuellement 1 200 000 tonnes de GNL destinées à l’exportation, 26 000 tonnes de gaz domestique pour les ménages camerounais, permettant ainsi de diminuer les importations du pays de moitié, et 3 300 bopd de condensats stabilisés exportés sur le champ d’Ebome, redonnant une seconde vie au tanker « La Lobe  ».

Perenco et SNH qui opèrent en amont, ont l’intention de forer et d’évaluer deux ou trois puits supplémentaires de gaz naturel et de moderniser les installations en amont en 2022 afin de soutenir de nouvelles augmentations de la production dès 2023.

UN PIPELINE TRANSFRONTALIER DE 6 500 KM D’ICI 2030

À la faveur de la tenue à Douala de la 2ème édition du Central Africa Business Energy Forum (CABEF), tenue du 8 au 9 septembre 2022, un consensus s’est dégagé sur la construction d’une infrastructure multinationale afin de permettre un meilleur approvisionnement en pétrole, gaz et en produits pétroliers des pays du continent, membres du CABEF et de l’APPO. Le projet consiste en la construction d’un pipeline reliant les pays

OPPORTUNITÉS

de la sous-région par le biais de la mise en place de trois systèmes multinationaux d’oléoducs et de gazoducs d’environ 6 500 kilomètres, des dépôts de stockage, des terminaux de gaz naturel liquéfié, des raffineries et des centrales électriques fonctionnant au gaz reliant 11 pays dont le Cameroun. Ce projet devrait être pleinement opérationnel à partir de 2030, ouvrira une nouvelle ère de commerce et de sécurité énergétiques intra-africains.

Le Cameroun souhaite développer, à travers la SNH et des accords d’association avec les partenaires internationaux, l’exploration et la récupération assistée sur les bassins productifs actuels, et s’assurer que le potentiel de nouveaux bassins onshore au Nord est exhaustivement exploré.

88 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
GAZ NATUREL

Je lance un appel au secteur privé pour la prise des engagements volontaires forts en faveur de la biodiversité et la formulation des propositions pertinentes qui permettront de concilier le développement et la préservation de la biodiversité.

Extrait de la visioconférence de Monsieur Pierre Helé, Ministre de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement durable lors de la journée internationale de la biodiversité le 25 mai 2021.

90 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique

Développement durable & Forêts

La politique de transformation et de développement durable du secteur s’est intensifiée. Avec une superficie de forêts s’étendant sur 22 millions d’hectares représentant 48% de la surface du territoire national, le secteur forêt-bois est le 2ème contributeur au PIB, avec 60 milliards FCFA par an de recettes fiscales.

Les enjeux environnement

Avec l’adoption et la mise en œuvre de sa Stratégie nationale de Développement 2020-2030, le Cameroun réitère son engagement en faveur de la mise en œuvre de l’Agenda 2030 des Nations Unies et s’inscrit résolument dans une démarche d’amélioration continue pour l’atteinte des ODD.

Le gouvernement ne ménage aucun effort pour remédier à l’ensemble des défis inhérents à la mise en œuvre des ODD. Dans le domaine de l’environnement, les efforts ont permis des progrès significatifs même s’ils sont encore insuffisants  : augmentation des surfaces forestières et aires protégées aménagées et l’intégration de la protection des écosystèmes et de la biodiversité dans les cadres nationaux de développement.Les initiatives gouvernementales doivent être accompagnées par les entreprises, les partenaires au développement, les organisations non gouvernementales et chaque citoyen afin de mettre pleinement en œuvre une stratégie ambitieuse vers un nouveau modèle pour renforcer la résilience de l’économie et parvenir à une durabilité économique, sociale et environnementale.

Du point de vue de la conservation et de l’exploitation durable des océans, des mers et des ressources marines aux fins du

développement durable, les ressources océaniques, marines et côtières constituent un patrimoine naturel important et indispensable pour le Cameroun. En effet, situé dans le Golfe de Guinée, le pays dispose d’une surface maritime de 14 400 km2 et de 414 km de côtes. Au cours de ces dernières années, un volume important de déchets de différents types a été géré de manière écologique, en vue de réduire la pollution marine qui émane en partie des activités terrestres. En outre, dans le cadre de la promotion de la conservation et de la restauration des écosystèmes marins et côtiers, le gouvernement a réalisé la production et transplantation de 100 000 plants de palétuviers en 2017, 21  000 en 2020 et 4 000 en 2021. De même, face aux dangers environnementaux liés à l’acidification des océans ainsi que de l’augmentation du niveau des mers et des océans, le Cameroun s’efforce de maintenir les grands équilibres environnementaux, à travers notamment le contrôle des Organismes Vivants Modifiés

92 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
DÉVELOPPEMENT DURABLE

(OVM) et autres Espèces Exotiques Envahissantes qui contribuent à l’eutrophisation des milieux aquatiques. Ces résultats ont été renforcés sur le plan réglementaires avec l’adhésion du Cameroun à la Convention Internationale pour le contrôle et la gestion des eaux de ballast et sédiments des navires ; la signature de 3 arrêtés en matière de gestion des PCB et l’homologation par l’Agence des Normes et de la Qualité (ANOR) d’une série de 35 normes environnementales. En ce qui concerne la préservation et la restauration des écosystèmes terrestres, le gouvernement s’est donné pour objectif la prise en compte systématique des préoccupations liées à l’environnement et la protection de la nature dans les politiques publiques de développement. Ainsi, on note une évolution positive de la superficie totale des forêts aménagées qui est passée de 6 263 838 hectares en 2018 à 6 530 489 hectares en 2020 ; l’accroissement des aires protégées dotées d’un plan d’aménagement/gestion de 6 415 856 hectares en 2018 à 6 461 273 hectares en 2020. Les cibles envisagées pour les horizons 2025 et 2030 sont respectivement de 6 682 360 hectares et de 6 903 448 hectares et l’augmentation de la superficie totale des aires protégées de 9 716 163 hectares en 2019 à 9 728 871 hectares en 2020, soit 20,46% du territoire national. Cela a été rendu possible grâce à un environnement institutionnel favorable avec entre autres la création par décret du 7 janvier 2020 du Parc national de Ma Mbed dans la région de l’Extrême-Nord. Le défis à relever concerne l’identification et la mobilisation des opportunités de ressources d’aide au développement dédiées à la mise en œuvre des ODD ; la mobilisation des ressources du secteur privé national et international grâce notamment à la sensibilisation du secteur privé afin qu’une partie des ressources affectées à la responsabilité sociétale

UN AVENIR VERT ET DURABLE

Une convention de financement de 29 milliards de FCFA a été signée entre le Cameroun et l’Union Européenne en octobre 2022. Cette enveloppe, permettra de mettre en œuvre deux projets baptisés

«  Cameroun : villes vertes, inclusives et durables » et

« Cameroun : septentrion vert et résilient ».

Le premier projet, qui sera implémenté dans les villes de Yaoundé, Douala et Maroua, visera à améliorer les capacités de planification urbaine intégrée et durable, dans la perspective de l’optimisation de la

des entreprises soit utilisée pour la mise en œuvre des ODD et une mobilisation plus accrue des ressources du partenariat public privé pour la mise en place des infrastructures structurantes et la poursuite des réflexions engagées sur le développement des mécanismes de financements innovants. Enfin, la question des moyens non financiers se pose en termes de challenge. Il s’agit du renforcement de l’accès à la science, à la technologie et à l’innovation à travers la coopération Nord-Sud, Sud-Sud ou triangulaire régionale et internationale dans ces domaines et améliorer le partage des savoirs selon des modalités arrêtées d’un commun accord, notamment en coordonnant mieux les mécanismes existants.

fiscalité locale, de la maîtrise d’ouvrage communale, d’amélioration de la mobilité urbaine ou encore de gestion appropriée des déchets dans les collectivités territoriales décentralisées ciblées.

Le projet « Cameroun : septentrion vert et résilient » permettra de relier les sites protégés par les zones de restauration forestière aux pratiques agricoles et pastorales adaptées et durables, qui tiennent également compte des risques de conflits dans les communautés.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 93 DÉVELOPPEMENT DURABLE

L’économie forestière

Avec une superficie de forêts s’étendant sur 22 millions d’hectares représentant 48% de la surface du territoire national, le secteur forêt-bois est un secteur clé de l’économie, le 2ème contributeur au PIB, avec 60 milliards FCFA par an de recettes fiscales.

Une augmentation de 114% des quantités de bois prélevées dans les concessions forestières camerounaises est attendue à l’horizon 2030. Ces prélèvements sont projetés à 15 millions de mètres cubes par an contre 7 millions actuellement. Cette augmentation correspondant à plus de 100% devrait également conduire au doublement de la contribution de la filière bois au PIB.

Par effet d’entraînement, le nombre d’emplois de la filière bois, qui est actuellement de 40 000 devrait passer au minimum à 100 000, en raison notamment du dynamisme de la transformation locale. Le Cameroun ambitionne de passer de 75% actuellement à 100% de grumes traitées dans la première transformation et d’augmenter de 50% le niveau d’activités dans la 2ème et 3ème transformation. Il est à noter qu’en novembre 2022, les représentants des

gouvernements de la CEMAC ont reporté sine die l’entrée en vigueur de l’interdiction des exportations de bois de grume. Un ajournement exigé en particulier par le Cameroun.

Le Système informatisé de gestion de l’information forestière de 2ème génération (Sigif 2) du Cameroun, financé par la Coopération allemande et l’Union européenne (UE), pourrait connaître des améliorations pour plus d’efficience. Grâce à la mise en œuvre du Sigif 2, le Cameroun devrait connaître une augmentation des recettes liées aux taxes forestières. Ainsi, il est projeté une hausse de 25 et 30% pour ce qui concerne la taxe d’abattage du fait de la maîtrise de la production forestière réelle taxable de chaque opérateur forestier et la prise en compte de toutes les sources d’approvisionnement du bois.

Le gouvernement camerounais et le Fonds mondial pour la nature (WWF) ont signé le 30 mars 2022, un mémorandum

94 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
FORÊTS

FORÊTS

CHIFFRES CLÉS

22 millions

D’HECTARES DE FORÊTS

17 millions

D’HECTARES DE FORÊTS CLASSÉES EN AIRES PROTÉGÉES ET EN FORÊTS DE PRODUCTION

48% DE LA SURFACE DU TERRITOIRE NATIONAL

2ème CONTRIBUTEUR AU PIB + 6,6% DE CROISSANCE DE LA BRANCHE SYLVICULTURE ET EXPLOITATION FORESTIÈRE EN 2022

région du Sud et d’accroitre les opportunités économiques et les moyens de subsistance des populations locales. Le projet cible les zones de Campo Ma’an-Rio Campo (CMRC), le Tri-National Dja-Odzala-Minkebe (TRIDOM) et le TriNational de la Sangha (TNS), une interzone entre Rio Campo et le paysage TRIDOM du Cameroun.

Le pays, grâce à ses 22,5 millions d’hectares de forêts, a une capacité de stockage de 5 043 millions de tonnes de carbone soit 185 tonnes/hectare.

d’entente visant le renforcement de la gestion intégrée des paysages forestiers d’importance mondiale du Cameroun dans le bassin du Congo (GEF7). Au cours des six années à venir, le WWF se déploiera notamment dans le sud du pays, où des étendues de forêts sont menacées par des projets agroindustriels. Financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) à hauteur de 6,17 milliards de francs CFA (environ 9,4 millions d’euros), le projet GEF7 vise également à garantir l’intégrité biologique des paysages forestiers de la

UNE FAUNE ET UNE FLORE D’UNE GRANDE RICHESSE

Plus de 900 espèces d’oiseaux vivent sur le territoire camerounais. Dans le parc Waza, l’une des aires protégées majeures du Cameroun, les éléphants, les girafes, les hippopotames, les guépards, les buffles, les antilopes et même les lions évoluent en entière liberté. La protection de toutes les espèces présentes dans le parc porte une attention particulière aux plus touchées, l’éléphant, le lion, la girafe, le python sabae, la grue couronnée, la tortue, le crocodile du nil, les oies ainsi que leurs sous-produits illégaux. Cette protection de la faune sauvage passe avant tout par la lutte contre le braconnage et le trafic des espèces sauvages et des sous-produits de la faune sauvage de la région de

l’extrême Nord en général et celle du parc de Waza en particulier.

Pour aller à la rencontre des gorilles, il faut se rendre dans le sud-est du pays dans le sanctuaire de Mengeme. Le Cameroun abrite des espèces de serpents parmi les plus venimeuses au monde tels le cobra, la vipère du Gabon ou le mamba vert.

En raison de la diversité des reliefs, une forêt tropicale, de la steppe, de la savane, le paysage change selon les régions. Dans la savane, au milieu des arbres aux dimensions plus modestes, le baobab règne en roi. Son gabarit, son diamètre ne lui retirent rien de son incroyable élégance.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 95

Le développement de l’agroforesterie

permet de diversifier les revenus des producteurs, de leur assurer de meilleures conditions de vie tout en préservant l’environnement, pour le bien-être des générations présentes et futures.

L’agroforesterie comme technique est l’action de produire de manière durable et intelligente sur un même espace les cultures pérennes et annuelles dans un environnement sain. Au Cameroun, l’introduction des techniques agroforestières donne de bons résultats dans le secteur du cacao en produisant tout en préservant les écosystèmes de forêts. La culture des arbres dans et autour des vergers cacaoyers est développée par les Centres d’innovations vertes pour le secteur agro-alimentaire (ProCISA), une initiative soutenue par l’organisme de coopération allemande au développement (GIZ).

Tous les safoutiers, manguiers, avocatiers, palmiers et corossoliers implantés dans les plantations de Minkama sont systématiquement taillés à la base pour laisser le cacaoyer s’épanouir sans pression fongique. Après les deux premières phases pilote et test (2015-2016 et 2017-2018), le projet est actuellement en phase de mise à échelle (20192024), avec un budget total alloué de plus de 20 milliards FCFA, pour une durée totale de neuf ans (2015-2024). Ceci

OPPORTUNITÉS

Dans la localité de Nkong Nkeni, à 150 km au sud-ouest de Yaoundé, une ferme pédagogique va être mise en place. La plantation pilote de 14 000 arbres est prévue sur un terrain de 12 hectares mis à disposition par un donateur privé. Cet environnement de recherche sur l’excellence cacaoyère constituera un lieu unique de formation pour tous les membres des coopératives affiliées à la démarche « Chocolatiers engagés » qui se verront enseignées les meilleurs pratiques dans les variétés cacaoyères endémiques ; les techniques de cacao-culture ; la gestion agroforestière ou encore la valorisation des déchets végétaux.

L’agroforesterie est une solution de résilience aux aléas climatiques, efficace pour éliminer la faim, réduire la pauvreté tout en restaurant la terre et l’environnement.

La sylviculture et l’exploitation forestière tirent vers le haut la croissance du Cameroun en 2022. Des opportunités d’investissement existent dans la 2ème et 3ème transformation du bois.

96 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
L’enjeu est de développer des pratiques agricoles durables, notamment l’agroforesterie, une technique qui consiste à jumeler l’agriculture et la forêt.
FORÊTS

L’année 2023 sera donc marquée par le démarrage des travaux relatifs à l’exploitation du minerai de fer de Kribi-Lobé. Ce projet prévoit notamment la construction d’une usine d’enrichissement du fer, d’un pipeline d’environ 20 kilomètres et d’une centrale de production d’énergie de 60 mégawatts.

98 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
Extrait du message du Chef de l’Etat le Président Paul Biya à la Nation le 31 décembre 2022.

Mines & Industries

Le Cameroun recèle d’importantes réserves minérales avec 60% du territoire national pas encore étudié. Le pays devrait devenir la nouvelle destination des projets miniers en Afrique en attirant de nouveaux investisseurs.

Dynamiser le secteur minier

Le secteur minier représente moins de 1% du PIB et moins de 0,1% des exportations. Le pays dispose pourtant d’immenses ressources, notamment du fer et de la bauxite, dont l’exploitation peut projeter le secteur parmi les plus importants de l’économie locale.

Le Cameroun recèle d’importantes réserves minérales. En 2019, le sous-sol camerounais a révélé de nouvelles richesses : pas moins de 300 découvertes minières ont été faites dans cinq régions du triangle national. Le Nord-Ouest, le Centre, l’Ouest, l’Adamaoua, l’Est, le Nord et l’Extrême-Nord renferment des minéraux comme le cobalt, le cuivre, le nickel, l’or, les terres rares, le rutile et le manganèse. A ceci, s’ajoute les métaux de base comme le plomb et le zinc. D’autres richesses pourraient apparaitre. Selon les experts, le potentiel minier du Cameroun n’est connu qu’à hauteur de 40%.

Depuis longtemps d’énormes réserves de minerai de fer et de bauxite sont identifiées au Cameroun mais le manque de

capacité de transport en a freiné l’exploitation. Cependant, les développements ferroviaires en cours promettent d’accélérer leur développement. De nombreux projets sont en voie d’achèvement. Le gisement de Bénéné dispose d’une réserve exploitable de 34,9 M tonnes de minerai de bauxite brut avec une teneur moyenne en alumine de 51,9%. L’entreprise exploitera 1,5 M tonnes de bauxite par an sur une période de 20 ans. Le minerai sera initialement exporté de la mine Minim Martap de l’australien Canyon Resources qui développera la mine avec son partenaire Zhongye Changtian International Engineering Corporation (MCCCIE). Camrail transportera jusqu’à 5 millions de tonnes/an vers Douala dans la phase 1, éventuellement dès la fin de

100 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
MINES

CHIFFRES CLÉS

- de 1% DU PIB + de 300

SITES MINIERS DÉCOUVERTS DANS CINQ RÉGIONS

517 millions

DE TONNES DE RÉSERVES MINÉRALES D’UNE TENEUR EN FER DE 62,2%

40 millions

DE TONNES/AN DE MINERAI DE FER

2 milliards DE TONNES DE RÉSERVES DE BAUXITE

3 millions

DE TONNES/AN DE RUTILE

2023 mais, à long terme, Canyon souhaite utiliser le port plus profond de Kribi. Les investisseurs pourront utiliser une grande partie du même chemin de fer et une nouvelle ligne devrait être construite en bifurquant du chemin de fer principal vers Kribi.

La Société nationale des mines (Sonamines), jeune entreprise publique, est désormais chargée de défendre les intérêts de l’État dans le secteur. La Sonamines a conclu deux conventions de partage de production avec les Cimenteries du Cameroun (Cimencam, groupe Holcim) pour l’exploitation de calcaire à Figuil dans le nord du pays et pour le développement de leur nouvelle usine de production de clinker et de ciment devant démarrer ses activités en 2023 pour un investissement de 50 milliards de francs CFA (plus de 76,2 millions d’euros). Pour mener à bien financièrement ses projets, la Sonamines dispose des Special Purpose Vehicle

OPPORTUNITÉS

(SPV) ou fonds commun de créance (FCC), ces véhicules de financement en copropriété permettant d’émettre des parts de créances qui sont revendues à des investisseurs. Par ailleurs, pour canaliser l’exploitation de l’or, la Sonamines essaie de remettre de l’ordre dans les activités d’orpaillage pour accroître les recettes de l’État. Elle vise un objectif de 200 kilos pour 2022, soit 5 milliards F CFA de recettes. Si les mines camerounaises tiennent leurs promesses, à travers les grands chantiers de développement des sites de Mbalam ou de G-Stones pour le fer, Lomié pour le cobalt et le nickel, Minim Martap pour la bauxite et Akonolinga pour le rutile, la Sonamines héritera systématiquement de 10% des parts – un pourcentage qui peut monter jusqu’à 25%. D’à peine 1% actuellement, la part du secteur dans la richesse nationale devrait être multipliée par dix à la fin de la décennie.

Le Président Paul Biya a signé le 1er juillet 2022 un décret attribuant à l’entreprise Sinosteel Cam SA, filiale du chinois Sinosteel, un permis d’exploitation minière pour le gisement de fer de Lobé à Kribi. Ce titre minier couvre une superficie de 138 km² pour un potentiel minéral estimé à 632,8 millions de tonnes de minerai de fer. Cette convention d’une durée initiale de 10 ans prévoit la production annuelle de 4 millions de tonnes de minerai de fer enrichi à 60%, qui sera ensuite expédiée via le port de Kribi. Les revenus annuels attendus du côté de l’Etat camerounais sont estimés à 22,9 milliards $, sans compter les impôts et dividendes.

Le gisement de rutile identifié dans la localité d’Akonolinga, dans la région du centre du pays, devrait être exploité à partir de l’année 2025 par le groupe français Eramet, chargé du développement de ce projet minier. Eramet est l’une des entreprises minières les plus performantes au Cameroun. Les prochains résultats pourraient faire du Cameroun un géant mondial du rutile. Pour l’heure, le potentiel rutilifère du Cameroun avoisine 3 millions de tonnes, faisant du pays la deuxième réserve mondiale de ce minerai, derrière la Sierra Leone.

Avec les dernières découvertes minières, le Cameroun devrait devenir la nouvelle destination des projets miniers en Afrique en attirant de nouveaux investisseurs. 60% du territoire national qui ne sont pas encore étudiées. Ces 60% sont donc libre pour les potentiels investisseurs en termes de recherche minière. A noter le développement dans le long terme d’une industrie de transformation. Le code minier prévoit au moins 15% de transformation des minerais produits sur place.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 101 MINES

L’industrialisation, pilier de la croissance

L’industrialisation occupe une place centrale dans la nouvelle ingénierie de l’émergence au Cameroun. « Vision 2035 » a en effet pour but de faire du Cameroun un pays industrialisé d’ici à 2035.

Le Cameroun dispose d’une économie diversifiée, avec des exportations variées et possède un grand potentiel de par sa position géographique en Afrique centrale. Les exportations du Cameroun sont dominées par des produits peu ou pas transformés, ce qui rend le pays vulnérable aux cours des matières premières.

Aussi, la Stratégie Nationale de Développement (SND 30) met l’accent sur la transformation structurelle de l’économie, le développement du capital humain et de l’emploi ainsi que la gouvernance, la décentralisation et

la gestion stratégique de l’état. Elle comprend la création d’une Banque de financement des investissements ou encore la libéralisation du transport aérien camerounais. Le volet « Industrie et Services » de la SND 30 fait le pari de la transformation structurelle en mettant en priorité les industries locales et en préservant l’élan de développement et de progrès social entamés depuis quelques années. Les 3 piliers nationaux de l’industrialisation sont l’agro-industrie, l’énergie et le numérique associés aux piliers industriels structurants avec le coton, les mines, la chimie pharmacie, les forêts et les hydrocarbures.

102 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique INDUSTRIES

Une grande priorité est accordée à la transformation des matières premières locales, afin de gagner en valeur ajoutée et de réduire les importations de biens et services, tout en augmentant l’offre d’exportation. La transformation des produits locaux et la promotion du « Made in Cameroon » représentent aussi des leviers essentiels pour le pays. Le capital humain constitue un facteur clé au développement économique et, en particulier, à l’industrialisation du pays. En effet, afin de booster le secteur industriel grâce à un apport de main d’œuvre suffisante et de bonne qualité, le

OPPORTUNITÉS

gouvernement met en œuvre des politiques adéquates dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’accessibilité aux facilités sociales de base et de la protection sociale. La transformation structurelle de l’économie camerounaise passe également par le secteur privé pour atteindre une croissance forte, inclusive et durable. A lui de se muer en moteur de cette transformation en misant sur les éléments catalyseurs que sont les transports, l’énergie, les technologies de l’information et de la communication (TIC), l’eau et l’assainissement.

Le gouvernement a ciblé certains secteurs comme prioritaires pour l’investissement : les transports, l’agro-industrie, le tourisme et le développement rural. Le Cameroun dispose également de zones franches dans lesquelles peuvent s’installer toutes les entreprises à vocation exportatrice, c’est à dire produisant des biens et services destinés exclusivement à l’exportation.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 103 INDUSTRIES

J’invite les jeunes Camerounais à se montrer davantage plus inventifs et créatifs dans ce secteur de l’économie numérique (...) à saisir toutes les opportunités qu’offrent les communications digitales, à travers leurs différentes appropriations et applications socio-économiques.

Discours du Président Paul Biya le 10 Février 2022 lors de la double Session du conseil administration de l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART)

104 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique

Economie numérique

Le gouvernement souhaite créer un véritable cadre stratégique, politique avec une régulation favorable à une transformation digitale inclusive. Dans le domaine postal, on s’attend à l’assainissement du secteur pour le développement des activités privées.

Ministre des Postes et Télécommunications depuis le 2 octobre 2015 dans le Gouvernement de Philémon Yang puis, dans le Gouvernement de Joseph Dion Ngute, Minette Libom Li Likeng souhaite l’engagement de tous les acteurs du secteur des télécommunications, y compris les opérateurs de téléphonie mobile, le régulateur et les acteurs périphériques afin de garantir la qualité des services de communication électronique aux consommateurs.

Née le 4 mars 1959, Minette Libom Li Likeng obtient une Licence en Sciences Economiques en sortant major de sa promotion en 1982 puis, le diplôme d’Inspecteur de régies financières (Option Douane) de l’École Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) en 1984.

En 1992, elle est chargée des études au Secrétariat général du Ministère des Finances. En 1995, elle devient Inspectrice vérificatrice. Parallèlement à cette fonction, elle devient, dès 1997, enseignante vacataire de l’ENAM. En 2002, elle est promue Chef de Division de la Législation et du Contentieux à la Direction des Douanes. Durant la période allant de 2004 à 2007, elle exerce la fonction spécifique de relai du Directeur général des Douanes (DGD) et assurant tous les cas d’intérim. Elle occupera le poste de Directeur général des Douanes de 2008 à 2015 avant d’être nommée Ministre des Postes et Télécommunications le 2 octobre 2015.

A ce poste, son objectif visé en 2023 est de mobiliser tout le secteur autour de la mise en place d’un écosystème dynamique propice à la transformation numérique du Cameroun inscrit dans la Stratégie Nationale de Développement (SND30). Aussi, le projet de performance du MINPOSTEL portera sur l’exécution de plusieurs projets inscrits dans nos trois programmes opérationnels :

- la densification du réseau et l’amélioration de la couverture postale nationale ;

- le développement de l’écosystème numérique national ;

- la sécurisation de l’écosystème national du numérique.

Dans le domaine postal, ses projets phares concernent l’assainissement du secteur postal en vue d’un développement harmonieux des activités privées et la modernisation de l’opérateur public postal (CAMPOST) par le développement des infrastructures, la digitalisation des services, et le développement des produits financiers innovants.

En matière de développement de l’écosystème national du numérique, l’objectif visé par la Ministre est de promouvoir l’usage des TIC et d’accroître la transformation numérique de la société camerounaise.

En mars 2023, Minette Libom Li Likeng a présidé la cérémonie d’ouverture de la 4ème édition du Festival « Femme Numérique ». Organisé par l’association Africanwits, ce Festival avait pour thème « Pour un monde inclusif : Innovation et technologies pour autonomiser les femmes et filles afin de tirer parti de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine ».

Minette Libom Li Likeng a reçu trois distinctions au Cameroun dans le cadre du programme mis en place par les Nations Unies intitulé Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) le prix de Meilleur Agent en 1988, de Meilleur Agent en matière d’éthique professionnelle en 2002 et la Médaille de l’OMD pour actions significatives pour le rayonnement de la Douane au niveau mondial en 2005.

106 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
INTERVIEW PORTRAIT

Une industrie des TIC en plein essor

Au Cameroun, la transformation numérique est au cœur des enjeux du Plan Emergence 2035. Le numérique se présente comme un facteur clé de la pérennité des entreprises et de la croissance économique.

CHIFFRES CLÉS

2ème

PLUS GRAND GÉNÉRATEUR DE REVENUS INTÉRIEURS APRÈS LE PÉTROLE (INDUSTRIE DES TIC)

100 millions

DE DOLLARS POUR LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE EN 2023

Le gouvernement ambitionne le développement d’une industrie numérique locale et le développement d’applications « made in Cameroon ». L’écosystème start up est très dynamique et bénéficie du soutien étatique. En ce sens, a été créé le Cameron Digital Innovation Center (CDIC), un incubateur national afin de soutenir le développement de l’écosystème entreprenariat numérique local et accélérer la transformation digitale. L’association KmerTech, réseau camerounais des structures d’accompagnement à l’entrepreneuriat innovant, structure et fédère plus de 40 incubateurs et accélérateurs privés avec le soutien de l’Union Européenne. Les opérateurs de télécommunication sont des acteurs incontournables de cette impulsion, ils couvrent 65% du territoire en réseau 3G/4G en 2020 (100% à Yaoundé et Douala) et deviennent des acteurs de la transformation digitale avec l’intégration de services à valeur ajoutée (solution professionnelle, Cloud, SAAS). En termes d’infrastructure, le pays compte 6 Datacenters (Orange, MTN, Camtel, Campost, ST Digital, CDIC) et 25 000 km de réseau de fibre optique. Le marché de la transformation digitale était estimé à environ 2,9 Mds € et représentait 6% du PIB en 2019. Avec la digitalisation des entreprises, plus de 40% du budget des administrations et des entreprises de services est consacré aux solutions informatiques.

La crise sanitaire a accentué l’intérêt pour les solutions numériques et a donné un coup d’accélérateur aux programmes de transformation digitale que ce soit pour des applications d’entreprise, de service public ou grand public. En 2021, le ministère des Postes et des Télécommunication a signé deux

65%

DU TERRITOIRE COUVERT EN RÉSEAU 3G/4G EN 2020 (100% À YAOUNDÉ ET DOUALA)

36,5%

EN 2022 TAUX DE PÉNÉTRATION D’INTERNET AU CAMEROUN (CONTRE 4,3% EN 2010)

6 DATACENTERS

25 000 km

DE RÉSEAU DE FIBRE OPTIQUE

35 milliards d’euros

MARCHÉ DES LOGICIELS D’ENTREPRISE EN 2021

21,69 millions

D’ABONNÉS À LA TÉLÉPHONIE MOBILE EN 2022

accords respectivement entre l’ONG Digital Transformation Alliance (DTA) et la start-up villab-hub spécialisée dans l’intelligence économique artificielle et l’innovation technologique orienté dans la fabrication des drones. On estime le marché des logiciels d’entreprise à 35 M € en 2021 au Cameroun. Le marché devrait croître de 10,05% par an jusqu’en 2025 pour atteindre environ 51 M€.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 107 ECONOMIE NUMÉRIQUE

Le développement de l’économie numérique

Le projet d’accélération de la Transformation numérique au Cameroun (PATNUC, 2022-2027), financé par la Banque mondiale à hauteur de 100 millions de dollars, va accompagner le gouvernement camerounais résolu à mettre en avant le digital en vue d’une large diffusion de la Stratégie nationale de Développement (SND 2020-2030).

Le projet est placé sous la supervision du Minpostel et vise à accroître l’inclusion numérique et l’utilisation de solutions d’agriculture numérique par les petits exploitants agricoles dans les chaînes de valeur agricoles ciblées. Ainsi, le Patnuc incarne l’approche de la transformation numérique visant un secteur hautement stratégique pour le Cameroun, tout en proposant de réformer le cadre réglementaire du secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC).

Destiné au financement du PATNuC, l’accord de crédit de la Banque mondiale d’un montant de 100 millions de dollars, soit environ 50,2 milliards de FCFA, a été signé le 23 décembre 2022. ILa signature de ce nouvel accord de crédit, porte ainsi l’ensemble des engagements du Groupe de la Banque Mondiale, à près de 1 900 milliards de FCFA pour 21

projets au Cameroun. Ledit Projet vise à renforcer l’inclusion numérique et l’utilisation de solutions agricoles numériques dans la chaîne de valeur agricole au Cameroun. L’impact recherché à travers ce projet, est l’accroissement de l’inclusion numérique, l’amélioration de la contribution de ce sous-secteur à la croissance, la création d’emplois et la réduction de la pauvreté. Grâce au financement mis à disposition par la Banque mondiale, il est question de créer un véritable cadre stratégique, politique et de régulation favorable à une transformation digitale inclusive dans le pays. Ce projet devrait également conduire à une meilleure couverture digitale et permettre la mise en place de bases de données facilitant l’innovation et l’application des solutions digitales dans le développement rural et spécifiquement dans l’agriculture et l’élevage. Il est escompté une amélioration de

108 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
ECONOMIE
NUMÉRIQUE

ECONOMIE NUMÉRIQUE

la production et une migration progressive vers une agriculture intelligente au regard des nombreuses contraintes que nous imposent les changements climatiques.

Par ailleurs, la transformation numérique des administrations peut permettre au Cameroun d’évoluer vers un modèle de gouvernance plus horizontal reposant sur la transparence des données et une plus grande collaboration avec la société civile dans la formulation des politiques publiques. La transformation numérique, déclenchée par les TIC, a la capacité d’aider le Cameroun à remodeler ses processus commerciaux de base.

Sur la capacité internet, le Cameroun est bien loti. Il revient aux acteurs en charge de l’exploitation de ces fibres optiques de développer un modèle économique. Un atout essentiel du Cameroun tient à l’infrastructure humaine. L’écosystème camerounais est marqué par la création croissante de structures d’accompagnement de start-ups. Le secteur public camerounais a également créé des incubateurs associés aux universités et grandes écoles publiques (Technopole de l’école Polytechnique de Yaoundé, Sup’ptic Business Academy de l’Ecole nationale supérieure des postes, des télécommunications et des technologies de l’information et de la communication). La culture du digital s’accompagne, en effet, de structures de formation du digital et de la volonté d’opérer une transformation digitale des décideurs et des entreprises. Le potentiel de l’économie numérique en Afrique serait de 300 milliards de dollars en 2025, soit 10% du PIB africain.

LA MAISON DU DIGITAL

Inaugurée en février 2022, le centre de développement de l’économie numérique (CDIC : Cameroon Digital Innovation Centre) était attendu par les jeunes porteurs de projets TIC. Désormais, un générateur d’écosystèmes numériques se trouve à leur portée. Les startups camerounaises peuvent se faire accompagner et coacher par les experts du Ministère des Postes et Télécommunications (Minpostel). Ce bond en avant dans le développement de l’économie numérique made in Cameroun répond à une préoccupation du Président Paul Biya en faveur des jeunes camerounais compétents pour propulser le Cameroun véritablement vers l’émergence numérique. Ce Cyber parc est manager par les jeunes ingénieurs du Minpostel. L’organisation du CDIC est innovante, car, dans les différents départements se trouvent des leaders issus de la première cuvée de startups. Les plus expérimentés vont encadrer les plus jeunes sous le contrôle du Minpostel.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 109

Entretien avec Madame Judith Yah

Sunday, Directeur général de la Cameroon Telecommunications (CAMTEL), l’opérateur public de téléphonie du Cameroun qui détient le monopole du réseau national de fibre optique.

Avec la marque Blue que vous venez de créer, quels services ce nouveau label propose-t-il aux entreprises ?

La marque ombrelle Blue est le porte étendard de nos produits et services. Blue, c’est une révolution dans la manière dont CAMTEL veut être et veut servir ses clients. Blue, c’est remettre le client au centre de nos préoccupations, changer les attitudes, changer notre manière de servir le client.

C’est une marque aux multiples possibilités et potentialités, quel que soit le besoin du client roi. Le lancement de cette marque a induit des mutations profondes, grâce à l’adoption de nouveaux standards dans la qualité de service. Les licences attribuées à CAMTEL, par l’Etat le 12 mars 2020 dans le domaine du fixe, du mobile et du transport, sont les bornes au sein desquelles Blue se déploie.

Blue offre une large gamme de possibilités aux entreprises. Nous pouvons citer Blue Home. Il s’agit d’une solution Internet qui n’a pas besoin d’installation technique. Le client achète un modem au point de vente, et n’a plus qu’à le brancher à son domicile. C’est une solution fixe. S’il déménage, le client doit contacter simplement l’agence pour une réinitialisation prenant en compte sa nouvelle localisation. C’est une solution prépayée.

Blue Home est une solution de pointe. Nous essayons de donner la qualité de service de la Ftth (Fiber to the home, fibre optique à domicile) via une solution radio, sans fil. Ce sont des ondes qui couvrent une zone. En termes de

disponibilité, avec Blue Home, nous sommes cinq fois plus disponibles qu’avec l’offre FTTH.

Camtel a lancé le recrutement de sociétés locales pour l’exploitation du réseau de fibre optique à Yaoundé et Douala. En quoi va consister ce partenariat ?

Le 19 janvier 2023, CAMTEL a lancé un appel d’offres pour l’ouverture du partenariat sur le développement et l’exploitation de son réseau de fibre optique par les sociétés locales.

La principale mission de ce partenariat est la saturation de l’ensemble des ports existants au 31 décembre 2023 en permettant aux opérateurs partenaires d’avoir droit d’usage partiellement exclusif sur les lignes FTTH (Fiber to the home) d’un immeuble. C’est un grand pas en avant.

Le gouvernement vous a confié la digitalisation du service public. Quelles sont les avancées ?

Avec l’appui décisif des pouvoirs publics, CAMTEL s’est dotée d’un data-center futuriste à Zamengoé. Grâce à ses capacités et facilités d’hébergement, ce bijou technologique impacte la production de contenus et améliore la visibilité du Cameroun à l’international. L’une des améliorations apportées a trait à la sécurisation des données. Dans ce domaine, le Cameroun prend sa pleine indépendance. Un fait rare dans une Afrique encore obligée d’avoir recours à des entités étrangères pour gérer ce stratégique et délicat segment.

Cette infrastructure comble un vide réel et enrichit significativement l’écosystème de télécommunications au Cameroun et dans la sous-région Afrique centrale. Elle contribue à développer l’économie numérique, en facilitant l’accès à l’hébergement de plateformes de services, catalyseurs de l’éclosion du génie créatif de notre jeunesse, à l’instar des start-ups, qui disposent dès à présent d’un outil local répondant aux standards internationaux, moins coûteux, sécurisé et accessible.

CAMTEL et le ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative (MINFOPRA), ont signé, le 13 juin 2022 à Yaoundé une convention en vue de la fourniture de prestations numériques, apprend-on dans un communiqué officiel rendu public par la société publique des télécoms. Cette convention vise la mise à disposition du MINFOPRA de diverses prestations numériques parmi lesquelles : des connexions sécurisées et redondantes à l’Internet, l’interconnexion haut débit par liaison spécialisée en fibre optique ou radio et une solution de sécurisation des données ainsi que l’accès aux services du data center de Zamengoé.

110 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique INTERVIEW

L’extension du réseau téléphonique à fibre optique

Le projet Central Africa Backbone (CAB) vise à connecter les pays de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) via des infrastructures télécoms à haut débit. Dans ce cadre, la Centrafrique doit s’interconnecter au Cameroun et au Congo, le Cameroun, quant à lui, au Congo, au Gabon, au Tchad et à la République centrafricaine.

Le Cameroun est au centre du CAB pour, à la fois, fournir les liaisons de télécommunications indispensables entre les États de l’Afrique centrale, assurer leur raccordement au réseau à fibre optique mondial et permettre ainsi la mise à disposition de l’Internet haut débit au plus grand nombre en se dépendant au moindre coût à la station terminale du câble sous-marin intercontinental SAT-3 située dans la capitale économique Douala.

La même extension concerne les 10 pays de la Communauté économique de l’Afrique centrale (CEEAC). Le prolongement du réseau de N’Djamena, jusqu’à la frontière soudanaise à Adré devra permettre de le connecter au réseau en fibre optique soudanais pour s’interconnecter aux câbles sousmarins East African (EASSY). Ce maillon du grand réseau

TAB (Transfrican

grâce à une interconnexion entre Douala et Port-Soudan, permettra d’écouler une partie du trafic international de l’Asie vers les Amériques et vice versa.

Les travaux d’interconnexion proprement dits c’est à dire les chantiers initiés dans le cadre de l’interconnexion par fibre optique entre le Gabon, le Congo, et le Tchad sont entièrement finalisés et fonctionnels. En novembre 2019, le Gabon et le Cameroun avaient signé un mémorandum d’entente pour l’interconnexion de leurs réseaux de télécommunications haut débit à fibre optique. Cette interconnexion est rendue possible grâce au déploiement au Gabon d’un réseau de fibre optique d’une longueur de 411 km (Booue-BitamEboro/Meyo-Kye) avec l’appui de la Banque mondiale. En plus de l’interconnexion avec le CAB1 (Cameroun, RCA et

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 111
Backbone),
ECONOMIE NUMÉRIQUE

Tchad) par Eboro, cette dorsale permettra également une interconnexion avec la Guinée Équatoriale par MeyoKie de l’Extrême nord du Gabon à la frontière avec le Cameroun.

Dès août 2020, les gouvernements congolais et camerounais avaient lancé les travaux d’interconnexion à fibre optique près de leur frontière sur environ 350 kilomètres. Réceptionnés en mai 2022, ces travaux ont été réalisés dans le cadre du projet Central Africa Backbone (CAB), financé par la Banque africaine de développement (BAD), qui vise à relier à la fibre optique les pays de la CEMAC.

Le Cameroun et la République centrafricaine (RCA) finalise l’interconnexion de leurs réseaux de communications par fibre optique dans le cadre du projet Central Africa Backbone (CAB).

La coopération entre les deux pays porte notamment sur les aspects techniques, économiques et juridiques de l’interconnexion physique des réseaux de communications électroniques des deux pays d’Afrique centrale. Elle porte également sur la coordination des capacités pour l’acheminement du trafic entre les réseaux, l’offre mutuelle des voies de restauration pour la sécurisation

des communications des réseaux, ainsi que la baisse des coûts et des tarifs des services de communications électroniques.

L’interconnexion contribuera à une plus grande inclusion numérique en RCA et au Cameroun. Elle devrait également permettre de réduire la fracture numérique entre les zones frontalières des deux pays ce qui permettra aux populations d’accéder à des services télécoms de qualité et à des coûts plus abordables. En outre, l’interconnexion donnera aux pays de la CEEAC une autonomie en matière d’infrastructures télécoms.

112 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
ECONOMIE NUMÉRIQUE

La connexion aux câbles sous-marins à fibre optique

Présenté comme un hub en matière d’infrastructures des télécoms, le Cameroun est connecté à cinq câbles sous-marins à fibre optique : SAT3, WACS, ACE, SAIL et NCSCS.

Le Cameroun exploite cependant très peu ces équipements pour développer son secteur des télécoms, ainsi que celui de la sous-région Afrique centrale d’après un rapport de la filiale de la Banque mondiale, la Société financière internationale (SFI), sur l’état du secteur du numérique dans le pays.

Seulement environ 15% de la capacité du câble SAT3 et 30% de la capacité du câble WACS auraient été utilisés depuis leur lancement, il y a 17 ans. Cette révélation de la SFI permet de mieux comprendre le protocole d’accord signé le 14 juillet 2021 à Dubaï, aux Émirats arabes unis, entre Camtel, l’opérateur historique des télécoms au Cameroun, et MTN GlobalConnect.

A travers cet accord, Camtel, qui détient le monopole de la gestion de la fibre optique au Cameroun, permet à MTN GlobalConnect de commercialiser quatre câbles sousmarins à fibre optique auxquels le pays est connecté. Ceci, de manière à pouvoir non seulement rentabiliser ces infrastructures, mais aussi contribuer au développement du secteur du numérique dans le pays.

MTN GlobalConnect déploiera sa force de vente internationale pour accompagner Camtel dans la commercialisation de ses quatre câbles sous-marins au Cameroun et dans la sousrégion, notamment : SAT3, WACS, NCSCS et le câble sousmarin SAIL qui relie le Cameroun au Brésil. Ces quatre câbles gérés par Camtel sont des infrastructures essentielles pour

OPPORTUNITÉS

la connectivité du pays et de la sous-région. Le partenariat conclu par les deux entreprises devrait accélérer le processus de transformation digitale du Cameroun et permettra au pays de se positionner comme un hub numérique pour la région. Cela permettrait également l’accroissement du taux de pénétration de l’internet haut débit fixe et mobile au Cameroun qui stagne à 22% depuis 2016, selon la filiale de la banque mondiale.

Le Cameroun est pays d’Afrique subsaharienne aux opportunités d’affaires croissantes pour les TIC. On recense des marchés d’intérêts autour de la sécurité informatique, des solutions de Business Intelligence et le développement d’applications métiers, d’infrastructures de réseaux informatiques et télécoms, solutions cloud et de dématérialisation. Les besoins sont importants pour les entreprises camerounaises (gestion éditoriale des documents, maintenance et sécurité, solutions d’analyse et d’extraction des données, gestion des ressources humaines, applications mobiles, CRM, web design thinking) et sont autant d’opportunités pour les investisseurs.

114 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
ECONOMIE NUMÉRIQUE

Le lancement des travaux de construction de la section urbaine de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen et l’accélération des travaux de l’autoroute Douala-Yaoundé figureront au rang des priorités du Gouvernement.

Il en est de même de la réhabilitation et de la modernisation des aéroports de Tiko, Bertoua et Kribi, qui permettront de desservir toutes les régions de notre pays par voie aérienne.

116 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
Extrait du message du Chef de l’Etat le Président Paul Biya à la Nation le 31 décembre 2022

Transports

Les infrastructures de transport, notamment les routes, le chemin de fer, les aéroports et les ports, constituent le socle où doivent se bâtir le développement et la compétitivité de l’économie camerounaise.

Né le 9 mars 1962 à Yaoundé, Jean Ernest Masséna Ngallé Bibehe possède un solide parcours académique composé d’une Licence et d’une maîtrise en Sciences Economiques option Economie d’entreprise, d’un DESS en Banques et Finances, d’un Diplôme d’Études Approfondies (DEA) en Sciences Economiques option Economie et Société, couronné par le diplôme d’expertise comptable et financière.

Répondant à l’appel du chef de l’Etat, invitant au passage tous les compatriotes à venir investir au pays, Jean Ernest Masséna Ngallé Bibehe qui militait déjà pour la cause présidentielle à l’étranger devient Vice-président du Conseil d’Administration et du Directeur Général de la Société Camerounaise de Transport urbain (SOCATUR SA) en mars 2001. En 2007, il est Président du Conseil d’Administration et fondateur de la Compagnie Nationale pour le Développement de l’Initiative Economique (CONADIE), un établissement de microfinance. Il a également exercé les fonctions de Directeur du Contrôle de Gestion et Audit Interne et Directeur Administratif Comptable et Financier dans différentes sociétés.

D’octobre 2015 à début mars 2018, par Décret présidentiel, Jean Ernest Masséna Ngallé Bibehe occupe la fonction de Ministre des Enseignements Secondaires (MINESEC).

Le 2 mars 2018, il est nommé Ministre des Transports puis, le 27 mai 2019, Président du Conseil d’Administration de la Société Cameroon Airlines Corporation (CAMAIR-Co).

Le développement des infrastructures dans le secteur des transports reste une priorité pour le gouvernement camerounais. L’objectif visé est l’amélioration de la compétitivité de l’économie nationale. Le programme gouvernemental entend matérialiser les plans de la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 sur le plan des

infrastructures routières. Le plan de l’émergence par la multimodale et l’inter modalité consiste en une stratégie estimée à un coût total de 7900 milliards de FCFA. Elle vise une planification et une programmation des investissements dans le secteur des transports de manière cohérente dans une approche de complémentarité.

Pour l’exercice budgétaire 2023, le budget du Ministère des Transports s’élève à 92 milliards 127 millions de FCFA, réparti à travers les programmes du MINT et prioritairement affecté à la réalisation des actions majeures.

Le Ministre des Transports compte accentuer les actions relatives à la prévention et la sécurité routière. Ce programme vise également la construction d’infrastructures multimodales dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie Intégrée des Infrastructures de Transport multimodal.

Pour ce qui concerne le développement du transport aérien, la priorité sera accordée aux travaux de réparation de la piste d’atterrissage de l’Aéroport International de Garoua, de reconfiguration et de rénovation du terminal passagers de l’Aéroport International de Douala, ainsi que la réhabilitation des aéroports de Bertoua, Kribi et Tiko instruite par le Chef de l’Etat.

Pour le développement du transport maritime, fluvial, lacustre et des activités portuaires, les travaux du projet de construction du port en eau profonde de Kribi, ainsi que du projet d’alimentation en eau potable du Port Autonome de Kribi, devraient s’accélérer.

118 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
Jean Ernest Masséna Ngallé Bibehe est Ministre des Transports (MINT) depuis mars 2018, un secteur important de l’Economie camerounaise et un support essentiel à la stratégie de croissance accélérée du pays.
PORTRAIT

Le transport, un secteur stratégique

Les transports ont un rôle important dans le développement du Cameroun qui nécessite des infrastructures adéquates afin de faire face à la croissance démographique, au déplacement des populations ainsi qu’aux nouvelles exigences économiques.

En aout 2022, le Cameroun a opté pour une planification unique de la construction des routes, ports, rails, aéroports, afin d’éviter les projets épars et coûteux. À cet effet, le ministre des Travaux publics (Mintp) et son homologue des Transports, ont signé un projet d’arrêté conjoint portant création du comité de suivi et de mise en œuvre de la Stratégie intégrée des infrastructures de transport multimodal au Cameroun (S2ITM). C’est un outil d’aide à la programmation et à la planification des investissements dans le secteur des transports en général. Le transport est un secteur stratégique du dynamisme de l’économie et de la transformation du Cameroun. C’est pourquoi, la question des performances des réseaux et des moyens de transport est au cœur des préoccupations de développement et de réduction de la pauvreté en raison des enjeux économiques et sociaux. Les transports sont également un élément prépondérant de la compétitivité des entreprises et en particulier de

compétitivité-prix. Enfin, les systèmes de transport constituent un puissant moyen de structuration et d’aménagement du territoire. Pour ce qui est des enjeux sociaux, le rôle du secteur des transports dans l’amélioration de l’accès des populations aux services sociaux essentiels ou de base est particulièrement important.

Enfin, le secteur des transports est fortement générateur d’emplois. Par exemple, les déplacements en milieu urbain et périurbain dans les deux plus grandes villes du pays, Douala et Yaoundé, sont assurés par le secteur informel, petits exploitants conduisant des taxis et minibus ainsi que des moto taxis. Ces acteurs créent plus de 82% des emplois et réalisent environ 40% de la production du secteur.

Les infrastructures de transport notamment les routes, le chemin de fer, les aéroports et les ports constituent le socle où doivent se bâtir le développement et la compétitivité de l’économie camerounaise.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 119
TRANSPORTS
120 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique

L’importance du transport routier

Principal mode de déplacement des personnes et des biens, le transport routier assure près de 90% de la demande intérieure de transport de voyageurs et près de 75% de la demande de transport de marchandises.

La route se présente donc résolument comme réelle opportunité de développement économique et socioculturel. De ce fait, le transport routier apporte une contribution substantielle à la lutte contre la pauvreté. Le Cameroun compte près de 230 000 kilomètres de routes principales, dont 4 300 bitumées et bien aménagées, quoique le trafic y soit souvent perturbé à cause des gros porteurs ainsi que par les péages intempestifs. En 2022, 860 kilomètres de route et 460 mètres linéaires d’ouvrages d’art ont été construits ou réhabilités. Trois Transafricaines font partie du réseau routier camerounais : La Transafricaine n°3 traverse le Cameroun du Nord au Sud. Elle relie la capitale Yaoundé respectivement à N’Djamena au Tchad et Brazzaville au Congo via

Berberati en République Centrafricaine sur 1517 km ; La Transafricaine n°5 relie Dakar au Sénégal à N’Djamena au Tchad en coupant la pointe du septentrion sur environ 110 km de la localité de Fotokol à Kousséri ; La Transafricaine n°8 traverse la zone méridionale du Cameroun et relie Bangui en RCA à l’Est et Lagos au Nigéria à l’Ouest. Elle est longue de 1 044 km. L’essentiel des échanges commerciaux du Cameroun avec les pays voisins mais aussi des pays enclavés tels le Tchad et la RCA s’opèrent via ces trois axes routiers. Le transport de marchandises au Cameroun est majoritairement effectué par camions. Une convention inter-état de transport routier de marchandises diverses (CIETRMD) a été signée par les pays de la CEMAC en 1996.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 121 TRANSPORTS

TRANSPORTS

CHIFFRES CLÉS

230 000 km DE ROUTES

90% DU TRAFIC INTERURBAIN ET INTER-ETATS DE MARCHANDISES DANS LA CEMAC

75%

DE LA DEMANDE DE TRANSPORT DE MARCHANDISES AU CAMEROUN

60%

DU COÛT TOTAL DE LA MARCHANDISE SUR LES ROUTES DÉGRADÉES

40% SUR ROUTE RÉHABILITÉES

90%

DE LA DEMANDE INTÉRIEURE DE TRANSPORT DE VOYAGEURS

Le Président Paul Biya a annoncé que 2023 verra la mise en service du pont sur la Cross River entre le Cameroun et le Nigeria, ainsi que l’achèvement du bitumage du tronçon routier entre Sangmelima et Brazzaville, ouvrant ainsi le Cameroun aux marchés des Etats voisins. Le bitumage du tronçon routier Lena-Tibati-Ngatt sur la route nationale N°15 aura l’avantage d’augmenter les liaisons terrestres entre les régions du nord et du sud du pays. La construction de la route Bertoua-Batouri sera prolongée jusqu’à Yokadouma et au-delà. La construction de l’autoroute Kribi-Lolabé et de la route Grand ZambiKribi renforcera enfin la compétitivité du Port Autonome de Kribi.

En décembre 2022, la Banque africaine de développement (BAD) a réitéré au gouvernement camerounais sa volonté d’accompagner financièrement le pays dans ses programmes d’investissements routiers. Le gouvernement entend concéder l’entretien routier mais aussi implémenter sa nouvelle stratégie de durabilité des routes en terre qui constituent plus de 93% du réseau routier national. Cette stratégie s’accompagnera de mesures de gouvernance avec une grande rigueur dans l’exécution des travaux, le respect strict du cahier de charges et une densification de la surveillance du réseau et des interventions d’urgence.

122 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique

La valorisation du transport fluvial

Le Cameroun est un pays navigable sur plusieurs kilomètres. Selon une étude de l’Autorité portuaire nationale, 8 cours d’eau navigables y ont été identifiés. Il s’agit du fleuve Wouri sur un linéaire de 67 kilomètres sur le tronçon Douala –Yabassi ; du fleuve Nyong sur le tronçon Abong Mbang – Mbalmayo sur un linéaire de 275 km ; de la Sanaga sur le tronçon Édéaocéan atlantique sur environ 60 kilomètres ; du fleuve Benoué, depuis le barrage de Lagdo jusqu’à la frontière avec le Nigéria, soit 140 km de rivière ; du Dja, sur le tronçon Ndongo/Moloundou sur 116 km ; de la Ngoko partant de Ndongo jusqu’à la frontière avec la République du Congo ; de la Sangha, allant de Libongo à la frontière avec le Congo

La Benoué sur le tronçon navigable après aménagement du port de Garoua jusqu’à la frontière avec le Nigéria soit 80 km. Ce réseau hydrologique est un énorme avantage pour le Cameroun.

Le transport fluvial offre de multiples avantages économiques, sociaux et environnementaux. Il s’agit de poser les bases d’une ère nouvelle en matière de transport fluvial et lacustre pour bâtir une approche multimodale.Il se fait en grande partie avec des pirogues artisanales et des navigants formés sur le tas. Le ministère des Transports souhaite organiser un examen de capacité en conduite de pirogue à moteur avec pour objectif de renforcer les compétences des piroguiers et, à court terme, d’assainir ce secteur d’activités et créer des emplois.

Sur la rivière Bénoué, Garoua est l’un des rares ports fluviaux au Cameroun. Construit à l’époque coloniale pour désenclaver le Nord du Cameroun, il assurait les échanges avec le Nigeria, grâce à l’exportation de coton et d’arachides et l’importation de produits pétroliers. A l’exception d’une forte activité de contrebande, les activités de ce port sont quasiment nulles depuis 2015. Le projet de réhabilitation du port de Garoua a été relancé en octobre 2022. De par sa proximité avec le Nigéria, première économie du continent, le Cameroun dispose des atouts portuaires dont la valorisation et la redynamisation de ses infrastructures pourront lui permettre de booster son économie.

En juillet 2021, a été lancé le Projet d’appui à la réglementation, la facilitation, la sécurisation et la durabilité du transport fluvial dans l’espace de la Commission internationale du Bassin Congo-Oubangui-Sangha (CICOS). Financé à hauteur de 2 millions d’Euros par l’Union européenne, ce projet s’inscrit dans le cadre du 11èmeFonds européen de Développement (FED) du Programme d’appui à la gouvernance des infrastructures régionales et nationales en Afrique centrale (PAGIRN). Etendu sur une période d’exécution de 3 ans, il vise à accompagner les Etats membres de la CICOS (Angola, Cameroun, Centrafrique, RDC, Gabon et Congo) afin qu’ils puissent faire face aux entraves à la navigation ainsi qu’à la pollution actuelle des voies d’eau dans le bassin du Congo.

En vue de favoriser l’émergence d’un transport fluvial réglementé et durable, une stratégie a également été développée par les Gouvernements des pays membres de la CEEAC. Les divers diagnostics réalisés sur les principaux cours d’eau des pays de la CEEAC - dont le Cameroun - et leurs affluents ont mis en relief plusieurs contraintes qui influent négativement sur le développement du transport fluvial, particulièrement la vétusté des infrastructures et l’absence de services, une offre dominée par l’informel ou l’absence de sécurité et de sûreté.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 123
Le Cameroun possède de nombreux fleuves et lacs où il est possible de promouvoir le transport fluvial et lacustre qui constitue un enjeu essentiel pour résorber le déficit observé dans l’offre des infrastructures de transport au Cameroun.
TRANSPORTS

Entretien avec Didier Kinsoen, Directeur général de Kribi Multipurpose Terminal (KMT), filiale du groupe International Container Terminal Services Inc. (ICTSI), gérant et exploitant le Terminal polyvalent en eau profonde du Port Autonome de Kribi, le principal port de transbordement et de transit dans le golfe de Guinée.

KMT offre quels services portuaires ? Quels sont vos objectifs de trafic ?

Situé de manière stratégique au Port Autonome de Kribi, seul port en eau profonde du Cameroun, KMT offre de multiples services polyvalents aux lignes maritimes et à l’industrie pétrolière et gazière. C’est un terminal entouré d’eaux naturellement profondes et capable d’accommoder la manutention des plus grands navires existants.

En tant que terminal polyvalent, KMT manutentionne toutes les marchandises non conteneurisées à l’import ou à l’export et cible particulièrement les trafics suivants : roulier, vracs secs (aliments, produits miniers ou destinés aux cimenteries), marchandises ensachées (riz, engrais), le conventionnel (filière bois, sidérurgie, coton, etc.) et colis lourds ou hors gabarits. Nous sommes agréés pour appuyer les navires de service de l’exploitation pétrolière et gazière offshore.

Dans la chaine d’approvisionnement, nous offrons les services tels que l’entreposage sous douane, le magasinage, le pesage, le dépotage et l’empotage, ainsi que des services auxiliaires. L’ambition de KMT est de développer le premier hub polyvalent d’importation, d’exportation et de transit du golfe de Guinée, ainsi que dynamiser l’activité de nos clients importateurs, exportateurs, industriels, logisticiens, armateurs et négociants dans l’ensemble du Corridor d’Afrique Centrale (Cameroun, Tchad, RCA mais aussi Guinée Équatoriale, Gabon et Congo).

La typologie des trafics proposée est jugée à la fois cohérente avec l’existant et conforme aux potentialités et objectifs de

développement du port de Kribi. Ainsi, en plus du bois, transitant déjà au port de Kribi, ICTSI ambitionne d’attirer une grande variété d’autres marchandises.

Avez-vous des projets de développement ?

International Container Terminal Services Inc. (ICTSI) continue d’investir pour améliorer les infrastructures et équipements de KMT en vue du doublement de la superficie du terminal d’ici 2024. L’expansion comprendra des équipements de manutention supplémentaires, des zones de stockages adaptées.

Ces projets de développement de KMT sont étroitement liés à l’achèvement des travaux d’extension de la phase 2 en 2024, qui vont porter la longueur de quai disponible de 265 mètres à 615 mètres, soit jusqu’à 3 postes d’accostage et une superficie de 33 hectares de terre-pleins.

KMT disposera d’une infrastructure exceptionnelle avec des quais d’une profondeur de 16 mètres permettant d’accueillir les plus grands navires. Kribi est le port le plus profond de la sous-région. KMT travaille en étroite collaboration avec tous les acteurs de la communauté portuaire et les transporteurs, afin de d'assurer que l'immense potentiel du port de Kribi soit exploité au maximum.

Qu’apporte le leadership et le savoir-faire du groupe ICTSI ?

International Container Terminal Services Inc. (ICTSI) est un leader mondial des investissements, des opérations, de la gestion et du développement portuaire. Le portefeuille de terminaux d’ICTSI couvre les économies de marché développées et émergentes de l’Asie-Pacifique, des Amériques, de l’Europe, du Moyen-Orient et de l’Afrique.

ICTSI exploite 32 terminaux portuaires sur six continents, sur lesquels nous avons manutentionné plus de 11 millions de conteneurs et plus de 12 millions de tonnes de cargaisons conventionnelles en 2021.

En plus de Kribi, ICTSI opère à Matadi, en RD du Congo, à Toamasina, à Madagascar et à Onne, au Nigéria. ICTSI continue d'élargir son portefeuille en Afrique en mettant l'accent sur l’installation de ports modernes et très performants, qui agiront comme des catalyseurs pour la croissance et le développement de l'Afrique.

124 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique INTERVIEW

Une vision pour l’avenir du transport maritime

Avec 364 kilomètres de côte maritime, le secteur maritime camerounais regorge d’un immense potentiel encore peu exploité représentant une importante niche d’emplois et de développement économique.

L’élaboration d’une Politique Nationale des Transports Maritimes (Pntm) en cohérence avec les orientations de l’Organisation Maritime Internationale (OMI) devrait contribuer à donner au gouvernement les outils nécessaires pour devenir un acteur efficace dans le secteur du transport maritime et tirer pleinement profit du potentiel de l’économie bleue.

Il est par ailleurs envisagé la création d’un centre d’arbitrage maritime qui sera un mécanisme impartial et efficace de règlement des différends commerciaux transnationaux. C’est donc une véritable transformation du secteur maritime qui est annoncé.

Le Cameroun est doté de trois ports maritimes : Le Port Autonome de Douala, le Port Autonome de Kribi (PAK), le Port Autonome de Limbe (PAL).

Le Port Autonome de Douala (PAD) représente à lui seul 95% du trafic maritime de marchandises camerounais. Le port de Douala veut être le Pôle de référence au cœur du golfe de Guinée. C’est le plus grand port de la zone CEMAC. Le PAD confirme, en 2023, sa place de première place portuaire du Cameroun en termes de trafic domestique. Il a été classé 1er dans la CEMAC en performance logistique en mai 2023. Le SDD vise à faire passer sa capacité de près 13 millions

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 125
TRANSPORTS

CHIFFRES CLÉS

364 km

DE FAÇADE MARITIME

3 PORTS MARITIMES DONT 1 EN CONSTRUCTION

12 millions

DE TONNES DE MARCHANDISES EN 2019

95% DU TRAFIC MARITIME NATIONAL ASSURÉ PAR LE PORT DE DOUALA

1er

DANS LA CEMAC LE PORT DE DOUALA EN PERFORMANCE LOGISTIQUE EN 2023

de tonnes à 45 millions à l’horizon 2050 ce qui revient à tripler la capacité actuelle. Pour ce faire, il est prévu tout d’abord de moderniser et d’optimiser les infrastructures du site de Bonabéri puis d’étendre le port vers le nouveau site en eau profonde de Manoka. La première phase est prévue s’achever en 2035 et devrait porter la capacité du port à 23 millions de tonnes par an dès 2030. Le projet d’extension, qui devrait s’achever en 2050, consiste à la construction de quatre postes conteneurs pouvant accueillir les plus grands navires du monde, un terminal céréalier et deux postes pour vrac minéralier et pour hydrocarbures. Pour accélérer le processus, le PAD multiplie les initiatives en vue d’accrocher des investisseurs.

Le Port Autonome de Kribi (PAK) - en eau profonde avec ses 16 mètres de tirant d’eau - est destiné à pallier les insuffisances nautiques d’un port d’estuaire comme Douala. En 2022, seulement quatre ans après le démarrage de ses activités commerciales, le PAK a déjà vu transiter près de 1 600 navires, pour un trafic global estimé à plus de 33 millions de tonnes de marchandises diverses, essentiellement grâce aux exportations de gaz naturel liquéfié (GNL). Initialement prévu pour devenir le port d’exportation du minerai de fer extrait dans la région, Kribi, grâce aux trafics énergétiques et conteneurisés, joue le rôle de grand port de transbordement à vocation sous-régionale.

La deuxième phase de développement du port est attendue pour le début de 2024. Une fois réalisée, le KCT verra sa

capacité annuelle passer de 350 000 EVP (équivalent vingt pieds) à plus de 1 million, pendant que le KMT sera en mesure de traiter 4 millions de tonnes de marchandises par an, contre 1,2 aujourd’hui.

Une troisième phase devrait suivre consacrée à la mise en place de terminaux spécialisés dans le roulier, le fruitier, le vraquier ou le minéralier sans oublier les projets offshores dans le pétrole et le gaz. Autant d’activités qui bénéficieront de la future connexion ferroviaire sur le tronçon reliant Edéa à Kribi. En février 2023, le PAK a signé avec quatre entreprises un mémorandum d’entente (MoU) relatif au projet de développement d’une zone industrielle intégrée sur une superficie de 1500 hectares. Avec cet investissement estimé à 900 millions de dollars, soit 550,3 milliards de FCFA, la zone industrielle en gestation au port de Kribi devrait générer 50 000 emplois directs.

Le Port Autonome de Limbe (PAL) vient compléter la stratégie de l’Etat du Cameroun dans son schéma directeur des ports. La construction de ce port en eau profonde, d’un coût prévisionnel d’environ 400 milliards de FCFA, inaugurera une infrastructure spécialisée dans le transport des produits lourds tels que les hydrocarbures, du fait de sa proximité avec la Société nationale de raffinage (Sonara) et les produits agricoles. En effet, la région du Sud-Ouest abrite d’immenses plantations de bananes desserts. Elle est aussi un important bassin de production de cacao au Cameroun. Les travaux de construction de la première phase du Port autonome de Limbe devraient débuter en 2023.

126 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
TRANSPORTS

Le renforcement des infrastructures ferroviaire

Les actions retenues en août 2022 pour les infrastructures ferroviaires visent à entretenir les 1200 km de réseau existant ; poursuivre la construction de 1 500 km de chemin de fer supplémentaires, notamment par l’extension du réseau Douala-NgaoundéréNdjamena et la construction d’infrastructures ferroviaires en accompagnement de projets industriels. Par ailleurs, l’Union européenne apporte un soutien de 123 millions d’Euros à la modernisation du tronçon ferroviaire de 330 km entre Bélabo et Ngaoundéré (PRBN). Ce projet apportera 30% du linéaire total en exploitation. La mise en service du Train Express Douala-Yaoundé s’est effectuée le 26 avril 2021, un train plus sûr, plus rapide (4 heures 45), plus ponctuel et surtout plus agréable pour les voyageurs. Si ce train occupe une place restreinte dans le transport interurbain au Cameroun, la ligne Yaoundé-Garoua présente un bon taux de remplissage et une activité soutenue. Le projet d’acquisition de voitures neuves à brève échéance par Camrail a pour objectif de placer un Train Express dans chaque ville. Camrail vise ainsi un objectif d’un million de passagers transportés par an. Le transport de marchandises s’effectue par voie ferrée, grâce également à la société Camrail qui investit chaque année plus

de 18 millions d’euros pour la modernisation de la voie ferrée et des ateliers ainsi que l’acquisition d’équipements et de matériel roulant. En 2019 et 2021, plus de 15 millions d’Euros ont ainsi été́ investis pour étendre le parc de locomotives de neuf nouveaux modèles General Electric. En 2022, la société́ a annoncé s’être engagée aux côtés de l’État du Cameroun pour réhabiliter 567 km de voies sur 6 ans. La modernisation du réseau Sitarail aura pour objectif de fluidifier le passage frontalier des marchandises, améliorer la traçabilité́ et renforcer la sécurité́.

Le Cameroun envisage de construire deux nouvelles lignes de chemin de fer longue de 300 km en mode de partenariat publicprivé. Il s’agit des lignes de chemin de fer Edéa-Kribi-Campo (184,5 Km), et Douala-Limbé-Idénau (107 Km), soit 291,5 Km au total. Le tronçon Edéa-Kribi-Campo permettra non seulement de desservir le port en eau profonde de Kribi mais aussi de dynamiser les échanges avec la Guinée équatoriale, à partir de la ville frontalière de Campo (région du Sud). Dans le même temps, le linéaire Douala-Limbé-Idénau ouvre directement la capitale économique camerounaise sur le Nigéria, pays avec lequel s’est déjà développée une intense activité commerciale à partir d’Idenau, dans la région du Sud-Ouest du Cameroun.

128 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
TRANSPORTS
Le développement des infrastructures ferroviaires constitue une priorité pour le gouvernement camerounais notamment avec le prolongement de la voie ferrée vers le Tchad et la réalisation des itinéraires ferroviaires d’Edéa-Kribi-Campo et de L Douala-Limbe-Idenau.

Le transport aérien

Les travaux de réhabilitation de plusieurs infrastructures aéroportuaires s’inscrivent

Le Cameroun amorce donc une phase décisive de modernisation de ses infrastructures aéroportuaires, en vue de répondre aux attentes plurielles de transport des personnes et des biens. Le Cameroun dispose de quatre aéroports internationaux : Douala, Yaoundé-Nsimalen, Garoua et Maroua et une dizaine d’aéroports secondaires dont l’aéroport de Bamenda, Bafoussam, Bertoua, Ngaoundéré, Yaoundé villé et celui de Koutaba.

En 2023, la réhabilitation et la modernisation des aéroports de Tiko, Bertoua et Kribi seront prioritaires pour toutes les régions du Cameroun soient desservies par le transport aérien.

L’aéroport international de Douala est le plus grand aéroport du Cameroun. Il dessert la capitale économique du Cameroun grâce à ses infrastructures en constante modernisation et à l’un des domaines aéroportuaires les plus importants d’Afrique (6,20 km² pour un périmètre total d’environ 19 km). Son trafic national et international est en constante croissance et, grâce à sa capacité d’accueil de 1,5 million de passagers et de 50 000 tonnes de fret par an, il bénéfice d’une longueur d’avance sur cette hausse du trafic aérien.

Pour attirer plus de compagnies aériennes, l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen a obtenu, en 2022, un certificat de classe A délivré par l’Autorité aéronautique civile du Cameroun (CCAA), sous l’encadrement de l’Aviation civile internationale (OACI).

Très touché par la pandémie, entre 2019 et 2020, le trafic aérien international est passé de 868 788 passagers à 357 564 passagers. Le trafic domestique a également vu une baisse du nombre de passagers, passant ainsi de 329 781 à 104 295 passagers sur la même période. Ceci s’est traduit par une contraction de 62,04% du trafic international et de 70,83% du trafic domestique. Sur la période, le trafic global

OPPORTUNITÉS

chute de plus de 66%. Pour l’année 2020, 51% du trafic était international, 23% transit, 15% domestique et 14% sous régional.

En 2023, il est question de poursuivre les actions entamées pour l’intensification de la modernisation des infrastructures aéroportuaires : la certification de l’aéroport d’international de Douala pour en faire un hub, les travaux de réhabilitation de son aérogare et ceux de la piste de l’aéroport de Garoua vont être engagés.

L’Autorité chargée du transport aérien et des activités de l’aviation civile au Cameroun est l’Autorité aéronautique du Cameroun (Cameroon Civil Aviation Authority, CCAA). La société Aéroports du Cameroun, société anonyme de droit camerounais qui est placée sous la tutelle administrative du Ministère des transports, est chargée de la gestion, l’exploitation, le renouvellement, la réhabilitation et le développement des infrastructures dans sept aéroports du pays : Yaoundé-Nsimalen, Douala, Garoua, Maroua-Salak, Ngaoundéré, Bamenda et Bertoua.

Le secteur des infrastructures de transport au Cameroun est certainement l’un des plus gros potentiels du pays en matière d’investissement. La nécessité d’investir dans les réseaux de transport ferroviaire et fluvial est reconnue.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 129
dans le cadre de la Stratégie intégrée de transport multimodal au Cameroun. Chaque région disposera ainsi d’une infrastructure aéroportuaire opérationnelle.
TRANSPORTS

Si nous prenons le secteur des travaux publics, 860 kilomètres de routes et 460 mètres linéaires d’ouvrages d’art ont été construits ou réhabilités.

130 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
Extrait du message du Chef de l’Etat le Président Paul Biya à la Nation le 31 décembre 2022.

Bâtiment & Travaux publics

Les interventions du Mintp, au cours de l’année 2023, visent à la consolidation, l’amélioration et le développement des infrastructures routières. Le gouvernement poursuit les actions engagées en 2022, notamment avec l’achèvement du programme de construction de 10 000 logements sociaux et l’aménagement de 50 000 parcelles constructibles.

Emmanuel Nganou Djoumessi est Ministre des Travaux publics (MINTP) depuis octobre 2015. Ce juriste de formation s’attèle à la mise en œuvre de l’important volet infrastructures du programme des Grandes Réalisations du Président Paul Biya.

Né le 5 novembre 1957à Bamesso, Emmanuel Nganou Djoumessi obtient une Licence de droit à l’Université de Yaoundé en 1982. Il est arrivé aux affaires en empruntant le chemin de l’École Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM)en 1983 ce qui lui a permis de gravir les Marchés de l’Administration. Administrateur Civil, il fut, de 1993 à 1996, Secrétaire Général de la province de l’Ouest et, entre 1996 et 2000, Préfet dans les départements de la Menoua et du Koung-Khi. Il est promu le 18 mars 2000 par Décret au poste stratégique de Secrétaire Général Adjoint des Services du Premier Ministre, où il passe un peu plus de onze ans.

Méthodique, Emmanuel Nganou Djoumessi effectue des formations académiques complémentaires. Il obtient ainsi le prestigieux diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) en droits fondamentaux et analyse des politiques économiques de l’Université de Nantes en 2002.

Il exerce ensuite plusieurs fonctions, devenant en mai 2003, membre du Comité de Pilotage du Programme National de Gouvernance au Cameroun, fonction à laquelle s’ajoute en 2005, une place de membre du Comité de lutte contre la corruption. Il est durant plusieurs années Président du Conseil d’Administration des Cimenteries du Cameroun (CIMENCAM), poste qu’il quitte en 2008. Il est Président de l’Institut Camerounais de la Statistique (ICS) à partir de 2006.

De mars 2000 à début décembre 2011, il occupe le poste stratégique de Secrétaire Général Adjoint des Services du Premier Ministre. Du 9 décembre 2011 au 2 octobre

2015, Emmanuel Nganou Djoumessi est nommé Ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT). Son arrivée au MINEPAT se fait dans un contexte international marqué par les séquelles de la crise financière. Or, le Cameroun est alors en chantier et, en sa qualité de Ministre de l’Économie, Emmanuel Nganou doit mobiliser des capitaux conséquents pour financer les grappes d’investissements productifs et sociaux que le pays s’apprête à lancer. Grâce à son action, le Cameroun obtient des accords de la part des bailleurs de fonds et des partenaires économiques à partir de 2012.

Le 2 octobre 2015, il est nommé Ministre des Travaux Publics dans le Gouvernement de Philémon Yang. Mutation stratégique et logique selon certains qui voient dans cette nomination une volonté du Chef de l’État d’accélérer la réalisation des chantiers pour lesquels Emmanuel Nganou Djoumessi s’est activé afin de mobiliser les financements en amont. Les objectifs du Ministre sont de conduire les grands chantiers d’infrastructures dans le cadre de la politique des Grandes Réalisations définies par le Chef de l’Etat, de concrétiser les objectifs de développement des infrastructures à travers le désenclavement des bassins de production agro-pastorale et touristique, de garantir le respect des normes de construction civiles.

Avec 700 km de routes bitumées attendus en 2023, le Cameroun entend livrer deux fois plus d’infrastructures qu’en 2022, franchissant la barre des 10 000 km de routes bitumées dans le pays.

132 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
PORTRAIT

Le secteur routier

Les principaux objectifs à atteindre à l’horizon 2035 consistent à bitumer

14 340 km de routes, construire 482 km d’autoroutes et de voies express, emménager des voiries structurantes dans les principales villes et des voies de contournement, et maintenir le réseau existant.

Le linéaire total de routes du Cameroun est évalué à 121 884 kilomètres à fin 2021 dont 108,60 km d’autoroutes, 9 387,26 km de routes nationales, 13 817,86 km de routes régionales et 98 560,22 km de routes communales. S’agissant du linéaire des routes bitumées, le Cameroun compte 108,60 km d’autoroutes ; 5 665,56 km de routes bitumées dans le réseau des routes nationales ; 1 495,27 km de routes bitumées dans le réseau des routes régionales et 1 874,26 km de routes bitumées dans les routes communales.

Alors que 800 milliards FCFA auraient été nécessaires en 2022 pour assurer un entretien routier optimal, seulement 41,4 milliards FCFA ont été budgétisés, permettant d’entretenir environ 13,8% du réseau national. Seulement 810 km de routes ont été ainsi entretenues au Cameroun en 2022, 378 km de routes bitumées et 432 km de routes en terre.

6 300 milliards est le montant évalué des besoins en infrastructures routières à réaliser pour atteindre les objectifs énumérés dans la SND30 par l’Etat du Cameroun. Le Ministère des Travaux publics souligne trois points majeurs  : les infrastructures routières privilégiant les stratégies d’adaptation aux changements climatiques, les projets pouvant être financés par des partenariats publics-privés et la desserte des zones de production agricole, minière, entre autres. Les experts de la BAD mettent, quant à eux, l’accent sur la région de l’Extrême-nord, identifiée comme zone fragile, avec la construction de la route Maroua-MoutourwaMagada-Guidigis-Yagoua d’un linéaire de 180 Km dont le financement est envisagé avec l’appui de l’Union Européenne et la BAD. En août 2022, le Ministère des Travaux Publics a élaboré une liste de projets susceptibles de bénéficier des concours financiers des partenaires au développement.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 133
TRAVAUX PUBLICS

CHIFFRES CLÉS

8 000 km DE ROUTES BITUMÉES

108,60 km

D’AUTOROUTE

1 150 LYCÉES

11

UNIVERSITÉS D’ETAT + UNE UNIVERSITÉ INTER-ETAT

4

STADES CONSTRUITS PARMI LES MEILLEURS AU MONDE

1

PALAIS MULTI SPORT

4 BARRAGES HYDROÉLECTRIQUES

Le projet de Programme d’Entretien Routier (PER) 2023, sera élaboré sur la base d’un budget prévisionnel équivalent au même montant que celui des années antérieures (39,82 milliards) soit une dotation globale de 50 milliards allouée au Fonds Routier dans le cadre de la Loi de finances pour l’exercice 2023.

En ce qui concerne les routes nationales et régionales, la priorisation va se pencher sur les tranches conditionnelles N°1 et 2 des projets en cours d’exécution sur les routes nationales et régionales ; La phase 2 des travaux de construction du pont sur la rivière Avo’o tronçon de Batchenga-Edzedouan ; La phase 2 de réhabilitation de certains bacs ; la phase 2 des opérations de collecte des données de dégradation sur les routes nationales et régionales. Les projets sur routes régionales seront retenus en fonction du niveau de priorisation défini par les Présidents de Conseils avec en esprit l’équilibre régional afin d’éviter les disparités dans les allocations d’une Région à une autre.

Cette liste est constituée de 72 projets de construction routière, 29 projets de réhabilitation et 27 projets de constructions d’ouvrages d’art pour un coût cumulé de 6 500 milliards de FCFA. A ces projets pourraient être ajouter : la finalisation de la voie de contournement en zone aval du Port de Douala ; l’achèvement des voies d’accès entre l’autoroute, le port et la municipalité de Kribi ; le contournement de la ville de Yaoundé avec l’Union Européenne dans le prolongement du PAST1 et la réhabilitation des Nationales 1 à 12.

L’autoroute Kribi-Lolabe a été mise en service fin juillet 2022. Longue de 38,5 km, cette infrastructure, la première de ce type dans le pays, permettra de desservir le port en eau profonde de Kribi, la cité balnéaire de la région du Sud. Cette section autoroutière constitue la première phase de l’autoroute Edéa-Kribi-Lolabé. Elle vise en particulier à améliorer la compétitivité de la chaîne de transport à partir du port de Kribi ainsi que son attractivité. L’autoroute Kribi-Lolabé a couté 250 milliards de FCFA, financés à 85% par un prêt d’Eximbank Chine et à 15% par CHEC. Pour permettre au constructeur chinois de rentabiliser son investissement, Kribi Highway Management va exploiter cette infrastructure pendant 31 ans, selon l’accord signé en décembre 2020 avec l’État du Cameroun.

Le Groupe de la Banque africaine de Développement a octroyé de nouveaux fonds pour poursuivre deux grands projets d’envergure au Cameroun : le Projet d’aménagement des routes de désenclavement de la zone industrielle et portuaire de Kribi (PARZIK, tranche 1) et le Projet complémentaire d’assainissement pluvial durable de Yaoundé (PCADY). Ces deux opérations portent le volume du portefeuille actif de la BAD au Cameroun à quasi 2 milliards d’euros.

LE PONT SUR LA CROSS RIVER RELIANT LE CAMEROUN ET LE NIGERIA

Le pont sur la Cross River reliant le Cameroun et le Nigeria est entré en service le 3 novembre 2022. D’une longueur de 408 mètres, il renforce la circulation des biens et des personnes sur les routes de Bamenda, Mamfe et Ekok au Cameroun ; et Enugu, Abakaliki et Mfum au Nigeria. Cette passerelle contribue à redynamiser les échanges commerciaux entre le Cameroun et le Nigeria. Partie essentielle du corridor Bamenda-Enugu, ce pont devient un lien principal entre les deux pays et un élément clé de la route transafricaine LagosMombasa. Sa construction a été exécutée par l’entrepreneur chinois CGCOC et financée par la Banque africaine de développement à hauteur de 39 millions de dollars.

134 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
TRAVAUX PUBLICS

La construction de centrales hydroélectriques

Le Cameroun est le 3ème pays au plus grand potentiel hydroélectrique d’Afrique. Afin de mieux l’exploiter, la construction de centrales hydroélectriques se multiplie.

Avec une puissance installée de 420 MW, Nachtigal sera la centrale électrique la plus puissante du Cameroun à sa mise en service prévue au 2ème semestre de 2024. Le site du projet se trouve à 70 kilomètres au nord-est de la capitale Yaoundé. Le barrage, construit sur la Sanaga, aura une longueur de 1,455 km et le canal d’amenée aura une longueur de 3,3 km. Le développement, la construction et l’exploitation de cet aménagement hydroélectrique est sous la responsabilité de l’entreprise camerounaise Nachtigal Hydro Power Company (NHPC) détenue à 40% par EDF. Le coût du projet est de 1,2 milliard d’euros. EDF Cameroun et le centre d’ingénierie hydraulique d’EDF

Hydro assurent l’assistance au maître d’ouvrage NHPC. Environ 3 500 personnes travaillent à la construction de cet ouvrage qui, avec ses 420 MW, sera le plus puissant ouvrage hydroélectrique du pays. Commencé en 2019, le barrage fournira, une fois mis en service, de l’électricité à un tiers de la population camerounaise. L’entreprise française de production et de distribution d’énergie EDF souhaite lever plus de 991,6 millions € (650 milliards de FCFA) pour la construction d’un second barrage hydroélectrique construit à Kikot, sur le fleuve Sanaga. Ce projet Kikot comprend un barrage et un réservoir d’eau, ainsi qu’une centrale hydroélectrique, qui sera la plus grande puissance électrique du Cameroun (entre 450 et 550 MW).

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 135
TRAVAUX PUBLICS

La construction du barrage devrait commencer en 2025. La mise en service du projet est prévue en 2029. En avril 2022 a été inaugurée la première centrale hydroélectrique privée de moins de 5 MW dans le village de Mbakaou. Ce projet soutenu par le Fons français pour l’Environnement mondial (FFEM) contribue à

UN MONUMENT PAUL BIYA À SANGMELIMA

L’ouvrage d’art financé par le Fonds Spécial d’Equipement et d’Intervention Intercommunale (FEICOM), en hommage au président de la République, est baptisé « Monument Paul Biya » est érigé à Sangmélima, dans la région Sud. Le projet concerne la construction d’un monument architectural, culturel et touristique avec un musée des espaces d’expositions, une médiathèque avec ludothèque.

Une porte monumentale en structures métalliques tridimensionnelles surplombera le plateau de la Préfecture de Sangmelima, l’aménagement des places urbaines en haies métalliques, l’aménagement d’une place des loisirs Paul Biya sur le site d’Avebe Yekombo ; l’adressage des rues, avenues et boulevard dans la ville de Sangmelima, la construction d’un restaurant de jardin sur la place du cercle municipal, la restructuration de la voirie urbaine allant du giratoire de Mepho au centreville de Sangmelima et la restructuration de l’affichage en amélioration des façades situées au niveau de la zone du centre commercial de Sangmelima.

ouvrir la voie de la transition énergétique dans le pays. Située dans la région de l’Adamaoua, cette centrale permet l’approvisionnement en électricité d’origine renouvelable de 40 000 habitants en zone rurale. Ce modèle a vocation à être répliquée et adoptée par les développeurs camerounais. Ainsi, le Cameroun a lancé un programme de construction de 50 autres minicentrales hydroélectriques.

Cette stratégie, adossée à un partenariat public-privé, devrait induire une meilleure qualité du service de l’électricité, une réduction des coûts de production ainsi que des économies budgétaires. De même, au plan environnemental et avec l’arrêt des centrales thermiques, la construction et la mise en service de ces ouvrages contribuera au niveau national à la lutte contre les changements climatiques, le Cameroun s’étant fixé comme objectif de réduire de 35% les émissions des gaz à effet de serre à l’horizon 2030. Par ailleurs, la construction de petites centrales hydroélectriques permet de développer la pêche dans les localités bénéficiaires, la production de la filière étant également mieux conservée grâce à une énergie abondante et stable.

136 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
TRAVAUX PUBLICS

Entretien avec Ahmadou Sardaouna, Directeur général de la Société Immobilière du Cameroun (SIC). Ayant obtenu un doctorat en gestion de projets aux Etats-Unis, il est également détenteur d’un Master en mathématiques générales, d’un Master en génie informatique et d’un Master en génie civil et infrastructures.

Vous êtes à la tête d’une entreprise à capitaux majoritairement publics (86%). Quelle est votre mission ?

Dès notre prise de fonction comme Directeur général de la Société Immobilière du Cameroun, il y a plus de deux ans, nous avons tout de suite pris la mesure de la haute charge à nous confier par le Chef de l’Etat, son Excellence Paul Biya. Il convient de noter que nous avons trouvé une entreprise en butte à de multiples problèmes, notamment la difficulté à faire face à la demande de logements toujours croissante et la concurrence de plus en plus présente dans le secteur. Pour avoir une idée sur les actions à mener, à court, moyen et long terme, il nous a paru essentiel de procéder à une évaluation de cette entreprise ce qui nous a permis de nous fixer sur son « état de santé », de repérer dons les dysfonctionnements et de définir des actions correctives et préventives en vue à la fois d’optimiser les méthodes de travail.

Quelles sont les différentes phases du projet de construction de 10 000 logements ?

L’objectif de ce projet déjà en cours d’exécution à Ekoko 2 dans la Mefou et Afamba, est de contribuer à la réalisation du Programme Gouvernemental de Construction de Logements sociaux et d’atteindre les objectifs de la SND 30. La mise en œuvre du projet s’articule autour de deux phases. La phase 1 comprend l’aménagement immédiat d’un cadre de vie sur un site de 16 ha, la mobilisation, à un taux concessionnel, d’importantes ressources financières permettant la mise en place, en phase 1, de la base industrielle ; l’acquisition d’un stock

important de matériels, machines et équipements dédiés à la mise en place et au fonctionnement de la base industrielle pour la production des logements…

La phase 2 comprend entre autres, la disponibilité des Etudes d’exécution pour la réalisation d’une nouvelle ville à Mbankomo  ; la création d’une ville nouvelle, 9000 logements, à proximité de la RN3 permettant de décongestionner Yaoundé, tout en respectant les exigences environnementales, de proximité des infrastructures sociales, la mise en valeur de la qualité architecturale de l’agglomération et la fluidité de la mobilité urbaine.

Quels sont vos projets de développement ?

A ce jour, la base de données de la SIC est constituée de près d’une demi-douzaine de projets maturés qui constituent une floraison de complexes immobiliers, notamment la construction de : l’immeuble le Mfoundi au quartier Hippodrome à Yaoundé, dont les travaux de construction sont en cours, et le taux d’exécution est à 50%. Elle mettra à disposition du grand public un immeuble composé de 150 logements haut standing ; 10 mille logements sociaux sur toute l’étendue du territoire le projet avec l’entreprise Pizzarotti ; 1300 logements à la Cité de Nlongkak à Yaoundé, de la rénovation de la cité Sic de Messa, de 200 logements à Nanga Eboko dans le cadre du partenariat avec les missions territoriales décentralisées et de 200 logements en Terre-Ciment à Pitoa par Garoua, sur une superficie de 10 hectares. Ce projet rentre dans le cadre de la mise en œuvre d’un accord de partenariat Mindhu, Sic, Mipromalo, et Cimencam, pour la réalisation des logements à des coûts abordables.

Le projet Terre-ciment comporte 2 000 logements dont 200 par région à des prix abordables entre 12 et 15 millions de Francs CFA. La réhabilitation des cités nécessite, quant à elle, un montant de 1 milliard de francs CFA dont 835 millions sur financement du Minepat pour les cités Grand Messa et, sur financement SIC, 800 millions pour les cités Kotto, cité verte, Roumde, à Djia, Garoua et Buèa.

La vision de la SIC se décline à travers la construction de 40 000 logements dont 10 000 de haut standing et l’implication de quatre usines pour la production de masse de ces logements. L’ADN de la société se trouve dans la prise en compte de développement durable ainsi que la participation à la refondation des textes sur l’habitat et à la promotion immobilière au Cameroun.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 137 COMMUNIQUÉ

Le programme gouvernemental de construction de logements sociaux

La Banque des états de l’Afrique centrale (Beac) prévoit que le secteur des BTP va connaitre une embellie en 2022 grâce au projet de 10 000 logements sociaux piloté par le ministère de l’Habitat et du Développement urbain.

La banque sous-régionale a prévu une redynamisation de l’activité dans le secteur grâce au programme de construction de 10 000 logements sociaux en cours de finalisation. En effet, le Cameroun a lancé dès 2009 un programme gouvernemental de construction de 10 000 logements sociaux à travers le pays, couplé à l’aménagement de 50 000 parcelles constructibles, avec une phase pilote de 1675 logements. Le projet a déjà enregistré près de 2000 logements, dans les villes de Yaoundé, Douala, Bafoussam, Limbé, Bamenda et Sangmélima.

Deux prêts ont été signés en mars 2017 pour ce gigantesque projet immobilier d’un montant total d’un peu plus de 115 milliards de FCFA entre l’État du Cameroun et la banque italienne Itensa Sanpaolo.

Dans la phase I de ce projet, la Société immobilière du Cameroun (SIC) et la firme italienne Pizarotti construisent 1 224 logements, dont 224 logements sociaux. Il est également prévu de construire des équipements collectifs de base et d’aménager des voiries et réseaux divers. Cette phase du projet sera implémentée sur une superficie de 16 hectares. Il a été également procédé à l’acquisition d’un stock important de matériels, machines et équipements dédiés à la mise en place et au fonctionnement de la base industrielle pour la production des logements. Cette base industrielle va permettre de booster l’activité socioéconomique et industrielle par la création d’une chaîne de valeurs impulsée par l’installation de PME et PMI, s’étendra sur 59 hectares. La SIC assure que la capacité de production annuelle de la base

OPPORTUNITÉS

industrielle est d’au moins 1 000 logements et sera exploitée sur une période de 40 à 50 ans. Dans le cadre de la 2ème phase du projet, prévue pour s’achever au cours de l’année 2026, il est question de construire 9 000 logements à Zouatoupsi et Nkolntsam, dans l’arrondissement de Mbankomo, toujours dans la région du Centre. Le projet SIC-Pizarotti devrait permettre de booster l’offre de logements publics dans le pays. Depuis la fin de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football, qui a consacré l’achèvement de nombreux projets de construction et de réhabilitation des infrastructures à travers le Cameroun, l’activité dans le secteur des BTP tournait au ralenti. Toutefois, les dernières analyses révèlent que le secteur de la construction et des travaux publics au Cameroun devrait connaître une croissance moyenne annuelle de 7,4% jusqu’en 2028. Cette embellie fait du Cameroun le marché le plus dynamique du secteur du BTP en Afrique centrale et de l’Ouest.

La demande de BTP au Cameroun est impulsée par l’Etat à travers la commande publique d’études et travaux de construction et entretien d’infrastructures économiques et sociales. La croissance du secteur est alimentée par la forte croissance démographique, combinée aux tendances en matière d’urbanisation. Le déficit en logements est officiellement estimé à 2 millions d’unités. De nombreuses opportunités existent donc. Les entreprises qui souhaitent investir peuvent trouver au Cameroun des partenaires crédibles dans ce secteur.

138 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
BÂTIMENT
www.sic.cm

J’ai demandé au Gouvernement de poursuivre les efforts engagés dans ce secteur, en mettant en œuvre un vaste plan de renforcement du plateau technique et des capacités du personnel des hôpitaux sur l’ensemble du pays.

Extrait du message du Chef de l’Etat le Président Paul Biya à la Nation le 31 décembre 2022.

140 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique

Santé

Suivant les orientations de la Stratégie nationale de développement (SND 30), le Cameroun projette de dépenser 1,1 milliard de dollars dans le secteur de la santé sur la période 2022-2024.

Malachie Manaouda est Ministre de la Santé publique depuis le 4 janvier 2019, avec, comme priorité en 2023, la CSU mais également la santé de la mère et de l’enfant ainsi que la prévention des maladies non-transmissibles et la réduction de l’incidence des maladies transmissibles.

Né en 1973 à Mokolo, Malachie Manaouda a obtenu un Doctorat de philosophie. Après avoir fait ses classes à l’École Nationale d’Administration et de la Magistrature du Cameroun (ENAM) où il est sorti major de sa promotion, il fait ses études à l’École Nationale d’Administration (ENA) de Paris.

Malachie Manaouda fréquente également le Centre Canadien de Recherche et d’Appui à la Gouvernance des Organisations Publiques (CCRAGOP), un organisme de droit canadien dont la mission est de promouvoir l’excellence de la gouvernance dans le secteur public des pays en voie de développement.

Bien connu des hautes sphères de l’administration, d’octobre 2003 jusqu’au 31 aout 2010, il est Attaché, chargé des Affaires organiques à la Présidence de la République du Cameroun. D’août 2010 à septembre 2012, il est Secrétaire Général du Ministère des Arts et de la Culture puis, de septembre 2012 jusqu’en juillet 2018, Secrétaire Général du Ministère de l’Eau et de l’Energie.

Depuis janvier 2019, Malachie Manaouda est Ministre de la Santé publique, poste où il a la charge de mener à bien la Couverture Santé universelle (CSU). La première phasepilote a été lancée le 12 avril 2023 avec un budget de 95 milliards de francs CFA. La CSU est financée à 49,5% sur fonds propres par le gouvernement camerounais et à 50,3% par des partenaires techniques et financiers. Dans le cadre du projet, la plateforme « Camer Health Coverage » a été mise en place. Pour bénéficier des prestations dans le cadre

de la CSU, les patients peuvent se faire enregistrer. La mise en œuvre de la CSU au Cameroun est un pas majeur vers un système de santé plus inclusif et accessible. Grâce à cette initiative, les citoyens camerounais pourront bénéficier de soins de santé de qualité sans être confrontés à des difficultés financières.

Le MINSANTE a aussi procédé, sous sa houlette, à la numérisation du système sanitaire. Estimé à plus de 11 milliards de FCFA pour une période de 05 ans, le Plan Stratégique National de Santé Numérique (PSNSN 20202024) se décline en plusieurs axes stratégiques : le leadership et gouvernance, la législation, politiques et conformité, les ressources humaines, la stratégie et les investissements, les services et applications, les infrastructures, les normes et l’interopérabilité. Plus jeune Ministre du Gouvernement de Dion Ngute Joseph, Malachie Manaouda a su imprimer ses marques au sein du département ministériel.

En 2020, Malachie Manaouda a été nommé « Homme politique de l’année » lors de la 1èreédition des Cameroun Web Awards. En octobre 2020, a paru son premier ouvrage « Solidarité internationale et devoir de paix », un essai sur les crises conflictuelles en Afrique et les solutions pour préserver la paix.

142 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique SANTÉ
PORTRAIT

Le secteur de la santé

Conçu pour la période 2022-2024, le Plan National Multirisque de Préparation et de Réponse aux Urgences de Santé Publique est la nouvelle feuille de route pour la santé publique. Il offre ainsi à tous les acteurs impliqués l’opportunité de mutualiser les interventions pour une meilleure résilience du système de santé.

La couverture santé universelle, ainsi que la construction et la réhabilitation de formations sanitaires ont reçu une attention particulière du gouvernement camerounais en 2022. Dans ses prévisions à moyen terme, annexées à la Loi de finances 2022, le Cameroun projette de dépenser 620,67 milliards FCFA dans le secteur de la santé sur la période 20222024. Pour la seule année 2022, le pays envisage de budgétisé 203,23 milliards FCFA (1 milliard de dollars). Ces dépenses s’échelonnent en suivant les orientations de la Stratégie nationale de développement (SND 30), la nouvelle feuille de route économique du Cameroun. Il est également question de moderniser le système de sécurité et de protection sociale.

L’exécutif veut définitivement lever toutes les barrières qui ont retardé le déploiement de la Couverture santé universelle (CSU), en l’occurrence le déficit et l’état des

infrastructures sanitaires. Pour ce triennat, il est donc prévu la construction, la réhabilitation et l’équipement des formations sanitaires et des logements d’astreintes pour le personnel de santé.

L’Etat veut aussi construire plus d’hôpitaux et relever le plateau technique des formations sanitaires de catégories inférieures sans oublier l’équipement des hôpitaux de districts en matériel d’imagerie médicale.

Les projets de construction des hôpitaux régionaux, engagés dans le cadre du Plan d’urgence triennal pour l’accélération de la croissance économique (Planut), sont bien avancés. Garoua, le chef-lieu de la région du Nord, va abriter le troisième hôpital général du Cameroun, après ceux de Yaoundé et Douala fondés respectivement en 1987 et 1992. L’annonce de la création de cette infrastructure sanitaire fait suite à l’inauguration du Centre hospitalier régional de Garoua en mai 2022.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 143
SANTÉ

Plus spécifiquement, les autorités envisagent d’améliorer l’efficacité du système de santé en mettant à profit la décentralisation ; de mettre sur pied la Couverture Santé Universelle ; de promouvoir le développement d’une industrie pharmaceutique locale ; de favoriser la performance hospitalière et la démarche qualité dans les FOSA ; de renforcer l’accessibilité géographique aux soins de santé ; de disposer de personnels de santé qualifiés et motivés ; et d’améliorer la gouvernance sanitaire.

Suite à l’épidémie de choléra, le ministère de la Santé publique du Cameroun a mis en place une équipe multidisciplinaire afin d’effectuer la prise en charge gratuite des cas, la sensibilisation, la désinfection des ménages et des communautés, la purification de l’eau. De plus, un système de surveillance a été mis en alerte. Autre fléau, face au cas de fièvre jaune qui ne cessent de croître au Cameroun, l’Etat a déployé une panoplie de mesures pour enrayer la résurgence, notamment par l’organisation de campagnes de vaccination ciblées.

CHIFFRES CLÉS

189 DISTRICTS DE SANTÉ

7 HÔPITAUX GÉNÉRAUX

8

HÔPITAUX CENTRAUX

189

HÔPITAUX DE DISTRICT

234 CENTRES MÉDICAUX D’ARRONDISSEMENT

1 981 CENTRES DE SANTÉ D’ARRONDISSEMENT.

3 028

FORMATIONS SANITAIRES PUBLIQUES OU PRIVÉES POUR

8 217 HABITANTS EN 2018

93% DES MÉDICAMENTS IMPORTÉS EN 2021

80% DES DISPOSITIFS MÉDICAUX IMPORTÉS EN 2021

80% DE LA POPULATION A RECOURS À LA MÉDECINE TRADITIONNELLE

JOHN NKENGASONG, UN GRAND SCIENTIFIQUE D’ORIGINE CAMEROUNAISE

Né à Douala, ce virologue camerouno-américain a précédemment travaillé comme directeur des centres africains de contrôle et de prévention des maladies de 2016 à 2022, ainsi qu’à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et aux centres de contrôle et de prévention des maladies. Pendant la pandémie de COVID-19, le Dr Nkengasong a été nommé envoyé spécial de l’OMS pour l’Afrique. Virologue spécialiste du VIH possédant plus de trois décennies

d’expérience dans la riposte mondiale au VIH, le Dr Nkengasong a été acclamé internationalement pour son travail sur la COVID-19 lorsqu’il occupait jusqu’à le poste de directeur et de fondateur des Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies. Coordonnateur mondial de la lutte contre le sida, Dr Nkengasong dirige actuellement le Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR).

144 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique SANTÉ

Entretien avec Charles Kouassi, Directeur général de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) depuis 2013. Fort d’une longue carrière de manager, il projette pour la CNPS un portefeuille monétaire et financier de plus de 1 000 milliards de FCFA en 2025 et de 2 000 milliards en 2030, tout en accompagnant les pouvoirs publics à construire une Côte d’Ivoire solidaire.

On s’accorde à penser que vous avez révolutionné la prévoyance sociale en Côte d’ivoire. En quoi ont consisté vos actions ?

Le modèle économique des caisses de sécurité sociale était basé sur un principe de répartition et de solidarité intergénérationnelle. Cette approche n’a du crédit que si un nombre suffisant d’actifs couvre les prestations de la branche retraite. Notre pays a fortement été impacté par les crises sociales entre 2000 et 2011. Notre institution a présenté un déficit cumulé d’environ 200 milliards de FCFA dont un résultat net négatif de 32 milliards de FCFA en 2011, marquant les limites du modèle économique de base. Jugeant nécessaire de changer radicalement de modèle économique, notre action a consisté en 2012 à réformer la branche retraite en effectuant des réformes paramétriques, caractérisées par la revalorisation des taux de cotisations de 8 à 14% et la modification de l’âge de départ à la retraite de 55 à 60 ans. Ces mesures ont permis à l’institution de retrouver, dès 2012, un résultat positif d’environ 9 milliards de FCFA et dix ans plus tard un résultat culminant à 150 milliards de FCFA. Le Président de la République, Son Excellence M. Alassane Ouattara, en leader éclairé, a tout de suite compris la pertinence des réformes et pris les ordonnances nécessaires pour leurs mises en œuvre.

Votre stratégie a donc été de faire de votre caisse un investisseur institutionnel. Comment cela se matérialiset-il ?

Notre objectif est de contribuer significativement au développement de notre pays et de l’écosystème de la sousrégion, ceci par des investissements ciblés et avisés pour à la fois accompagner la croissance, la création d’emplois mais aussi garantir le service des prestations tout en veillant à les revaloriser régulièrement.

La transformation socioéconomique amorcée se matérialise par notre engagement à construire un secteur économique et financiers plus fort avec des prises de participation et à devenir un acteur de la lutte contre la crise du logement. Notre contribution au développement local et sousrégional peut se résumer sur les 10 dernières années en cumulé, à environ 285 milliards de FCFA de souscription aux obligations de l’Etat de Côte d’Ivoire, 26 milliards de FCFA en obligations d’états de l’UEMOA, 126 milliards de FCFA dans des actions cotées, 122 milliards de FCFA dans des actions non cotées, un patrimoine immobilier de 262 milliards de FCFA, et l’entrée récente au capital de PETROIVOIRE et de la BICICI. En plus de la banque et de l’immobilier, d’autres domaines vitaux en bénéficient à savoir la santé, l’eau, l’énergie, le transport, l’hôtellerie.

Quels sont les effets de cette révolution pour vos assurés et partenaires sociaux ?

Nous avons en 10 ans, procédé à des revalorisations successives de la pension de retraite de 8% en 2014, 5% en 2016, 5% en 2020 et 5% en 2022, avec un engagement de procéder à des revalorisations tous les deux ans. Les rentes versées en cas d’accident de travail et des maladies professionnelles ont été revalorisées de 8% en 2017, 5% en 2020 et 3% en 2022. Les allocations familiales, qui pendant plus de 30 ans étaient figées à 1500 F CFA par mois et par enfant, sont passées à 2500 puis 5000 FCFA entre 2015 et 2016. Des études sont en cours afin de les faire évoluer à 7500 FCFA à partir de 2024. Nous avons mis en œuvre le Régime social des Travailleurs Indépendants en juillet 2019. A ce jour, plus de 200 000 travailleurs indépendants sont couverts. Ils pourront, comme les plus de 6 millions de travailleurs indépendants que nous espérons enrôler, bénéficier de revenu de remplacement en cas de maternité, d’incapacité et d’une pension de retraite à vie. Nous avons mis la transformation digitale au cœur de notre stratégie. En 2019, le lancement de la plateforme « e-CNPS » a permis d’améliorer les interactions avec les assurés sociaux, partenaires sociaux et a facilité leurs démarches auprès de la CNPS. Aujourd’hui, les deux grands chantiers à matérialiser concernent la retraite logement et l’assurance chômage.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 145
COMMUNIQUÉ

Un hôpital de référence : l’Hôpital Général de Yaoundé

Créé en 1987 dans la capitale du Cameroun, cet hôpital de référence - en abrégé HGYvise l’excellence en matière de radiologie interventionnelle grâce à un équipement médical de haute performance. L’HGY a réalisé une première transplantation rénale en provenance d’un donneur vivant le 10 novembre 2021. Il sert également de centre d'enseignement.

Radiologie interventionnelle, une avancée majeure pour les patients

La radiologie interventionnelle est une technique chirurgicale non invasive qui permet de traiter des pathologies par l’insertion d’un cathéter jusqu’à l’organe infecté tout ceci sans inciser la peau. Grâce à cette technique très peu répandue en Afrique et la toute première en Afrique centrale pratiquée à

l’HGY, il est maintenant possible de traiter des cas de carcinome hépato cellulaire CHC (cas de cancer de foie), des cas de fibromes, de varicocèle et, très bientôt, des cas de cancer de la prostate aussi. Et tout ceci se fait par une équipe locale. Comme avantage de cette technique, les Interventions radio-chirurgicales sont moins invasives et donc conduisent à une récupération plus rapide, une hospitalisation plus courte, moins de douleurs et de complications post opératoire.

Transplantation rénale, un pionnier en Afrique centrale

En novembre 2021, l’HGY entre dans l’histoire de l’Afrique centrale comme étant le premier hôpital à mener à bien une opération de transplantation rénale sur deux frères ; l’un donnant un de ses reins à son frère

146 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
COMMUNIQUÉ

qui souffrait d’insuffisance rénale et était obligé de subir le quotidien de tous les malades d’hémodialyse au Cameroun passant par des séances de dialyse et de privation dans la vie de tous les jours pour survivre. Depuis lors, l’HGY a pu effectuer 6 autres opérations réussies, prouvant ainsi sa capacité à intégrer la transplantation rénale, une activité permanente et régulière exercée par les meilleurs médecins chirurgiens au Cameroun experts dans leur domaine. Avec l’aide de l’Etat, le coût est encore forfaitaire et accessible aux malades.

Une expertise médicale pointue au service des Camerounais

Grâce au top management, l’HGY rentre, au fil des années, pleinement dans sa mission qui est de donner la chance aux Africains et tout particulièrement aux Camerounais n’ayant pas les moyens d’aller à l’autre bout du monde pour se faire soigner et de bénéficier des meilleurs soins, de pouvoir profiter d’une expertise pointue sur place, grâce à des équipements et une offre de soin pluridisciplinaire.

Le constat est fait avec la transplantation rénale, la chirurgie cardiaque, la radiologie interventionnelle et la radiothérapie, toutes pratiquées par les médecins de l’HGY.

Hôpital Général de Yaoundé (HGY)

BP 5408 Yaoundé

Ouvert 24h/24

Téléphone : +237 2 22 20 28 02

Pr Vincent de Paul Djientcheu, Directeur général

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 147 COMMUNIQUÉ

Le développement du secteur pharmaceutique

Le Cameroun importe plus de 90% de ses produits pharmaceutiques. Aussi, le gouvernement a pris une série de mesures visant à développer l’industrie pharmaceutique, un secteur qui regorge d’énormes potentialités.

Le pays dispose d’un marché local énorme dont le secteur productif devrait tirer profit pour l’essor d’une chaîne de valeur intégrée et compétitive. L’industrie pharmaceutique locale ne pèse que 2% du marché. En 2021, Au Cameroun, 93% des médicaments consommés sont d’origine importée (80% pour les dispositifs médicaux).

La plupart des unités créées fonctionnent à 20% de leurs capacités de production en raison notamment de la contrefaçon et des produits en provenance de Chine ou de l’Inde. Face à cette concurrence déloyale, le marché local devrait être protégé en adossant les importations des produits équivalents fabriqués localement aux capacités de production des opérateurs nationaux. Le taux très élevé des importations de produits pharmaceutique se justifie par l’importation des matières premières, les difficultés pour obtenir les autorisations de mise sur le marché (AMM), l’accès au financement et la question de l’exportation des produits.

Face à cette situation, une série de mesures a été prise par le ministère de la Santé publique afin de doper la production du médicament local : l’allègement des procédures de délivrance des autorisations de mise sur le marché des produits fabriqués localement, la réduction du délai de délivrance des agréments ; la promotion d’un dialogue franc entre grossistes et industriels pour des accords commerciaux et financiers pour permettre de viabiliser l’industrie locale ; la promotion de la production et l’utilisation des matières premières locales, ainsi que la promotion de l’industrie pharmaceutique locale, par la définition des quotas de commande par les grossiste (70/30).

Des unités de production locale de médicaments commencent à produire des médicaments de qualité, accessibles aux populations et à moindre coût. Créé en janvier 2017, Tebimosa Pharmaceuticals est un laboratoire de production pharmaceutique qui a pour vocation de servir les enfants, les femmes et les hommes d’Afrique pour qu’ils aient accès aux médicaments et aux produits médicaux de qualité à petits prix, notamment pour les couches les plus vulnérables.

Cinpharm est le seul site industriel de la région structuré en trois unités distinctes de fabrication.

L’entreprise camerounaise AD Pharma, active dans la distribution à grande échelle des produits pharmaceutiques et paramédicaux, ambitionne de monter une unité de production de médicaments, consommables médicaux, produits cosmétiques et diététiques à Douala. L’investissement devrait absorber une enveloppe de 7 milliards de FCFA. Le projet d’AD Pharma s’intègre parfaitement dans la politique d’import-substitution mise en œuvre par le gouvernement camerounais depuis 2021, à l’effet non seulement de limiter la dépendance du pays des importations, mais aussi de développer un tissu industriel local robuste.

L’initiative pharmaceutique ancrée dans la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) dirigée par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) vise à accompagner les pays africains dans la facilitation de l’approvisionnement en produits pharmaceutiques ainsi que le renforcement des capacités productives des industries pharmaceutiques locales encore embryonnaires. Le développement de l’industrie pharmaceutique locale est une réelle opportunité pour l’insertion du Cameroun dans la ZLECAf. La CEA fournit déjà un appui technique pour la mise-à-jour et exécution du Plan de Développement Industriel (PDI) du Cameroun dans la transformation structurelle du pays.

148 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique SANTÉ

La phase 1 de la Couverture santé universelle

Instruite depuis 2015 par le Chef de l’Etat, la Couverture santé universelle (CSU) est entrée le 12 avril 2023 officiellement dans sa phase 1. Les Camerounais en possession d’une Carte de Santé Universelle auront droit à terme gratuitement à des soins préventifs et des services essentiels de santé.

De la conception à la matérialisation, la phase 1 de la CSU est aujourd’hui l’une des plus fortes révolutions sociopolitiques à l’actif du gouvernement camerounais.

Sa savante implémentation devrait permettre de réduire considérablement les inégalités par rapport à l’accès aux soins, tout en garantissant la dignité des patients. Même les couches les plus vulnérables pourront désormais et à moindre coût, bénéficier d’une prise en charge de très bonne qualité dans des délais raisonnables, d’ici 2030. La mise en route de la CSU est donc une étape décisive. Du fait de l’absence de couverture de santé universelle, les ménages camerounais supportent près de 75% leur prise en charge. En vue de contribuer au développement d’un capital humain sain, productif et capable de porter une croissance forte, inclusive et durable, les autorités entendent garantir à toutes les couches de la population, un accès équitable et universel aux services et soins de santé de base et aux soins spécialisés prioritaires de qualité.

La Couverture Santé Universelle dans sa phase 1 a pour cible privilégiée les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes et les personnes de tout âge souffrant des pathologies comme l’insuffisance rénale, la tuberculose, le VIH. Le panier de soins quant à lui couvre les aspects

préventifs, promotionnels et curatifs. Cette assiette va aller s’élargissant pour, à l’horizon 2030, prendre en compte toute la population. Les analystes du thinktank Camercap ont estimé à 1 400 milliards de FCFA les ressources nécessaires au financement de la CSU. La ventilation de cette enveloppe fait appel aux concours de l’État à hauteur de 1 000 milliards, 350 - soit un tiers - pour les ménages au travers des cotisations, tandis que les promesses des bailleurs se chiffrent à 50 milliards FCFA. En dehors des cotisations directes des individus, des ressources additionnelles devraient être trouvées à travers des niches de financement à même d’apporter un souffle nouveau pour financer la contribution attendue de l’État. Ainsi, se posent comme approches innovantes de financement de la CSU : les transferts sociaux et le programme de filets sociaux dont le programme de transferts monétaires ordinaires directs sans condition doté de mesures d’accompagnement ; le programme de transferts monétaires d’urgence, le programme de transferts monétaires d’urgence Covid-19 ou encore le programme de travaux publics à haute intensité de main d’œuvre. Ces instruments institutionnels peuvent être actionnés avec une restructuration permettant d’optimiser la contribution de l’Etat.

Depuis 1993, la loi camerounaise exige que les établissements publics fournissant des soins médicaux primaires, versent 10% de leurs recettes mensuelles au Fonds de Solidarité pour la Santé. Ce fonds, qui devrait relever de la responsabilité du ministère de la Santé publique, doit faire l’objet de plus de traçabilité pour une efficacité en termes de contribution à l’objectif de la CSU. Il convient parallèlement de sécuriser les revenus agricoles pour abriter les populations rurales de la précarité, de s’orienter vers la prévention et les amendes pour les infractions routières, d’instaurer des taxes sur l’alcool et le tabac et de renforcer l’hygiène, la salubrité des habitations.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 149 SANTÉ

Des investissements dans les infrastructures sanitaires

Pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, le Cameroun déploie un tissu d’infrastructures hospitalières par phases successives. Cette dynamique d’investissements se retrouve également le secteur privé.

La première phase de 2000 à 2020 visait à développer le maillage du territoire en créant des infrastructures de premier contact. Désormais, l’Etat se concentre sur la modernisation des établissements de villes en s’appuyant sur la télémédecine pour essaimer dans les territoires plus reculés mais aussi sur l’adaptation de l’offre aux maladies non infectieuses. En effet, si les maladies cardiovasculaires et le cancer représentent aujourd’hui 43% des pathologies identifiées et le plus grand facteur de mortalité dans le pays, elles sont sous-représentées en termes de consultations hospitalières : seulement 38%. D’où une enveloppe conséquente de 5,6 milliards d’euros prévue par l’Etat camerounais entre 2021 et 2025, détenteur de 70% des établissements de santé. Déjà, 5,41 milliards avaient été investi entre 2016 et 2021. Si deux tiers des investissements dépendent de l’Etat, le secteur privé n’est pas resté inactif

ces dernières années, avec plus d’une centaine de cliniques indépendantes créées entre 2010 et 2018. Ces ouvertures de cliniques sont en grande partie le fait de quelques groupes historiquement associés à des organisations religieuses, à l’exemple du groupe AdLucem avec une nouvelle clinique de 150 lits à Mfou dans la banlieue de Yaoundé et qui va lancer en 2023 un autre projet de CHU à Olémbé spécialisé dans l’oncologie et la cardiologie. Dans l’ensemble, les encours d’investissements privés sur la période 2020-2025 sont estimés autour de 300 millions d’euros.

Toutefois, l’implication du secteur privé dans le développement du secteur de la santé s’étend bien audelà des montants et projets susmentionnés. En effet, environ un quart des 5,6 milliards d’euros du plan public en cours, soit 1,5 milliard d’euros, devrait faire appel à du financement privé dans le cadre de partenariats publicsprivés.

150 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport
SANTÉ
économique

Le Plan Stratégique National de Santé Numérique 2020-2024

La vision est de permettre que d’ici 2024, la santé numérique contribue efficacement à la Couverture Santé Universelle, grâce à une prise de décision informée à tous les niveaux de la pyramide sanitaire, à travers des systèmes fiables, robustes, sécurisés, et interopérables.

Le Plan stratégique national santé numérique a été officiellement adopté le 16 janvier 2020. Il est basé sur le leadership, la gouvernance, la législation, les politiques et conformités, les ressources humaines, la stratégie, les investissements, les applications, les infrastructures, les normes et l’interopérabilité. Ce système de santé numérique interviendra à travers la notification de stocks et gestion des produits, la télémédecine de prestataire à client, la télémédecine de prestataire à prestataire, la communication avec les clients ciblés, le suivi de l’état de santé des patients/clients, le support et l’aide à la décision des agents de santé et la fourniture de contenus de formation et d’éducation aux agents de santé.

Cette conversion numérique devrait également servir de base technique pour le déploiement efficace, opérationnel et contrôlé de la Couverture santé universelle. Elle sera une réponse aux besoins des populations en permettant de garantir aux patients la prise de bonnes décisions sur leur état de santé et de jouir des soins de santé efficaces, efficients et personnalisés.

Les avancées technologiques continuent de repousser les limites de la prise en charge des maladies. Ainsi, la Santé Mobile peut être mise à contribution pour collecter les données de surveillance, assurer le suivi en temps réel de

OPPORTUNITÉS

l’état de santé des patients, dispenser une aide thérapeutique et des conseils sanitaires, contrôler l’observance des traitements ou mener des campagnes d’éducation et de sensibilisation dans le domaine de la santé. La santé numérique peut potentiellement aider à résoudre des problèmes tels que la distance et l’accès.

Le budget du Plan Stratégique National de Santé Numérique, s’élève à plus de 11 milliards de FCFA ($ 19 037 933) sur une période de cinq ans et se répartit sur sept axes stratégiques : Leadership et gouvernance ; Législation, politique et conformité ; Ressources humaines ; Stratégie et investissements ; Infrastructures ; Normes et interopérabilité ; Services et applications.

Au Cameroun, les procédures sont strictes et les exigences de qualité proches de ce qui existe en Union Européenne. Le potentiel est important pour toutes les entreprises de la filière santé.

Le secteur pharmaceutique compte également d’énormes potentialités. Parmi celles-ci figurent, la main d’œuvre locale, l’accès au marché africain avec une forte demande des pays de la sous-région, la volonté de l’Etat de soutenir le secteur avec notamment l’allègement de la taxation, et la disponibilité des matières premières locales. Dans l’optique de booster la production locale de médicament, citons notamment des exonérations fiscalo-douanières sur certains intrants de production pharmaceutique à l’importation.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 151
SANTÉ

Extrait du discours du Ministre des Arts et de la Culture, le professeur Narcisse Kombi Mouelle, lors de l’inauguration du Mbam’Art 2017

152 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
La culture, sans laquelle il n’y a point de futur. Le futur, qui ne peut se concevoir sans la culture.

Art & Culture

La culture, un atout indéniable pour un Cameroun uni dans sa diversité. La création du ministère des Arts et de la Culture traduit la volonté du président à préserver et à promouvoir toutes les richesses culturelles du pays.

La culture, un secteur productif grâce à la vision gouvernementale

Pour le triennal 2020-2022, le Minac a pris l’option stratégique de développer les industries culturelles et créatives dans l’optique de la rentabilisation économique du sous-secteur arts et culture, conformément aux orientations du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE).

des biens et services culturels. Le déploiement de l’action publique en faveur du cinéma et de la musique au Cameroun est une émanation de quelques administrations publiques et parapubliques telles que le Minac, le Fonds de développement de l’industrie cinématographique (FODIC), le Compte d’affectation spéciale pour le soutien de la politique culturelle (CASSPC), ou les organismes de gestion collective (OGC).

Le pays dispose de l’atout d’une double culture linguistique, anglo-saxonne et francophone. Les arts contemporains, comme la musique et la littérature rayonnent et confèrent au Cameroun une grande créativité artistique, illustrée notamment par de nombreux artistes et écrivains.

Le ministère des Arts et de la Culture (Minac) a pour mission de mettre en œuvre et d’évaluer la politique du gouvernement en matière de promotion et de développement artistique et culturel. Il définit la vision politique de l’État en matière de développement des arts et de la culture et fixe des orientations sur les champs de sa mise en œuvre, à travers des directions techniques : notamment la Direction de la cinématographie et des productions audiovisuelles (DCPA), compétente en matière de cinéma, la Direction des spectacles et des industries créatives (DSIC) et l’Ensemble national (DEN), responsables en ce qui concerne la musique et les spectacles musicaux. Ces structures fixent les différents caps à atteindre et prévoient également les moyens de contrôle de leur performance conformément aux instruments de politiques publiques, notamment les Plans d’actions prioritaires (PAP).

La stratégie de l’Etat se caractérise par le soutien aux entreprises culturelles en structurant son action autour des objectifs concernant la production et la valorisation

LE FESTIVAL ÉCRANS NOIRS

Depuis 1997, l’Association Ecrans Noirs organise chaque année cet événement culturel qui domine l’actualité continentale pendant une semaine, contribuant à exposer l’immensité du talent africain dans le domaine de l’art cinématographique et de l’audiovisuel. Le festival révèle de nouveaux noms et fait découvrir de nouveaux films. Ainsi, le film « The Fisherman’s Diary » de Kang Quintus a représenté le Cameroun et l’Afrique centrale aux Oscars 2020 des films en langues étrangères aux Etats Unis. Les œuvres de Jean-Pierre Bekolo, Jean-Marie Teno, Bassek Ba Kobhio, Victor Vinyuoh et François Woukouache ont connu un grand succès sur la scène internationale. Du 14 au 21 octobre 2023, la 27ème des Ecrans Noirs décrira la relation qui existe entre les générations.

154 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
ART ET CULTURE

Le musée national de Yaoundé

Créé en 1988 au sein de l’ancien palais du premier Président de la République Ahmadou Ahidjo, il s’agit du plus grand musée du pays. D’une superficie de 5 000 m2, il est le centre de référence et de ressources pour l’ensemble des autres structures muséales du pays. Après une période de rénovation, le musée a été rouvert en 2015 et connaît une fréquentation en progression. L’objectif est de positionner cette institution comme un pôle patrimonial et culturel de référence au Cameroun et, plus largement, en Afrique de l’Ouest et centrale.

Symbolisant la renaissance de la culture camerounaise, ce musée est un lieu où tout l’héritage culturel, socio-économique et politique du pays est conservé dans une trentaine de salles. Sont présentés notamment les éléments de la culture matérielle ancienne de quatre aires culturelles constituant l’ensemble du territoire camerounais, notamment l’aire culturelle Grassfields, Sawa, Soudano-Sahélien et Fang Béti.

Des instruments de musique traditionnelle du Cameroun sont exposés dans trois salles, des parures et tenues sont

mises en vitrine dans une autre pièce. Plus loin sont magnifiés l’esthétique, les savoir-faire et les matériaux locaux du Cameroun. Dans la partie supérieure du musée, le visiteur peut contempler des archives photos retraçant l’histoire politique, sociale, économique et culturelle du Cameroun, ainsi que quelques collections du Musée des Peuples de la Forêt, exposition consacrée exclusivement à la maternité. Le musée comporte aussi un espace réservé à la cohabitation entre des symboles du pouvoir traditionnel et des emblèmes et sceaux du pouvoir moderne. Une salle a été aménagée pour recevoir des objets archéologiques issus de différentes fouilles effectuées par des chercheurs camerounais et étrangers, et une section constituée expose des collections en poterie et des calebasses ayant servi d’objets usuels à différents peuples du Cameroun.

UN DES BERCEAUX DE L’ART PREMIER

Le Cameroun n’est pas seulement une Afrique en miniature, il est aussi l’un des plus brillants foyers artistiques qui a participé à la grande période de la brillante civilisation NOK au premier millénaire avant notre ère. Il n’existe pas un seul art monolithique au Cameroun, mais une multiplicité de styles et de traditions coïncidant souvent avec les ethnies et les royaumes. L’art premier est principalement constitué de statuettes et de masques. Cette forme d’art ne prend tout son sens que lorsqu’elle est remise dans le contexte des croyances et des cérémonies au service desquelles elle a été créée. Si l’art Bamiléké et Bamoun, l’un des plus riches d’Afrique, se rattache à la zone du Bénin par certains aspects, l’art Fang-Béti et Batéké, célèbre par ses miniatures, ou par ses masques et ses reliquaires d’ancêtres à plaques métalliques, annonce celui du bassin du Congo. L’Afrique est bien le berceau de l’humanité et de son génie créateur.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 155 ART ET CULTURE
Pour promouvoir la diversité culturelle du pays, le Cameroun entend développer une politique muséale ambitieuse dans laquelle la modernisation du musée national de Yaoundé revêt un caractère hautement symbolique.

La richesse de l’art contemporain camerounais

Deux Camerounais figurent actuellement dans le top 20 des artistes contemporains africains les plus cotés internationalement : Pascale Marthine Payou et de Bartelemy Toguo. La jeune garde s’empare avec succès de sujets comme la guerre, l’écologie, le féminisme, l’éducation ou le genre.

Les premiers artistes reconnus ont profondément inspiré les futures générations et pousser à la création d’écoles des Beaux-Arts dans les années 2010, tout en marquant un retour au figuratif comme à la réappropriation de techniques artisanales. Ces dernières années, l’art africain a trouvé écho sur la scène artistique contemporaine internationale mais il a surtout brillé sous l’angle du regard occidental.

Pascale Marthine Payou est connu d’un large public international depuis le début des années 1990. Une première série d’œuvres consacrées au sida l’ont fait connaître en 1994. Depuis, il a abordé d’autres thèmes contemporains, tels que la ruralité ou la mondialisation. Cet artiste pratique un art sans frontières, nomade et intuitif, qui hybride et assemble toutes sortes d’objets sur son chemin. Ce grand voyageur tente de faire le lien entre les cultures, mais aussi

156 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
ART ET CULTURE
Vue de l’exposition Pascale Marthine Tayou « Petits Riens » à la Collection Lambert | Courtesy de l’artiste et GALLERIA CONTINUA © ADAGP Paris, 2023 | Photo : David Giancatarina

entre l’homme et la nature. Né en 1966, sa carrière a pris une très grande ampleur depuis sa participation à la Documenta 11 de Cassel en 2002 et à la Biennale de Venise en 2005 et en 2009. Du 1er juillet au 19 novembre 2023, la Collection Lambert consacre la totalité des deux étages de l’hôtel de Montfaucon à cet artiste camerounais. Proche de l’institution avignonnaise depuis près de dix ans, il a participé, en 2014, à la grande exposition dans l’ancienne prison Sainte-Anne, La Disparition des lucioles. Aujourd’hui, il déploie à la Collection Lambert un projet inédit dans lequel pas moins de dix nouvelles œuvres monumentales sont produites, et quatre existantes sont repensées pour les espaces qui les accueilleront. Au total, cette exposition intitulée « Petits Riens » présente vingt-trois de ses installations.

Né en 1967, Barthélémy Toguo est un artiste camerounais multidisciplinaire qui a été nommé Artiste de la paix de l’UNESCO en octobre 2021. Utilisant le dessin, l’aquarelle, la peinture, la sculpture, la photographie, il réalise des installations et des performances pour questionner notre humanité. Il explore les dysfonctionnements du monde pour mieux les dénoncer et s’interroge sur le statut des étrangers, des migrants, des immigrés et la difficulté pour eux de se construire une identité. Il a initié le projet culturel au Cameroun « Bandjoun Station », un lieu qui mêle les arts,

les rencontres, les workshops, ou encore les résidences d’artistes, ainsi que l’agriculture biologique. Bandjoun Station encourage, en effet, la population de la Plaine à développer une agriculture saine pour la consommation locale comme une importante plantation de café. La nouvelle scène artistique camerounaise souligne l’effervescence culturelle du pays. Citons Sesse Elangwe Ngeseli dit Sesse, né en 1994, à Buea, ville du sud-ouest du Cameroun située en zone anglophone. Une zone de conflits intenses depuis 2016 avec des conséquences humaines très graves. Avec une palette de couleurs vives, Sesse s’empare de ce sujet brûlant à travers des scènes de vie quotidienne en développant son concept de « ceux qui ont acquis des connaissances et cherchent à éclairer les autres dans le processus de conversation » incarnées par des personnages à l’œil déformé. Les œuvres d’Elangwe combinent l’héritage africain et des mouvements artistiques tels que le cubisme, le surréalisme et le pop art.

Beya Gille Gacha, artiste née en 1990 d’une mère camerounaise et d’un père français, passée par l’École du Louvre, s’est appropriée l’art du perlage bamiléké, ethnie dont elle est l’héritière par sa mère. En utilisant les perles, symboles de richesse, comme épiderme de ses sculptures, elle souhaite défendre la valeur de chaque

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 157
ART ET CULTURE
Exposition 2021 - Désir d’humanité. Les univers de Barthélémy Toguo.

être humain. Elle lie ses œuvres à des courts métrages et des photographies, et propose ainsi des installations qui illustrent son questionnement de manière plus complexe. Son travail fait partie des collections de la Banque mondiale et du Smithsonian National Museum of African Art. Entre rêve et imaginaire fantastique, l’art d’Arnold Fokam s’articule principalement autour de l’eau et du corps féminin, offre une dimension spirituelle, culturelle et écologique. Une parfaite symbiose entre l’être humain et l’univers aquatique avec son concept d’AquariHomme et ses déesses inspirées de la figure de la sirène, au culte voué à la divinité Mami Wata très présente au Cameroun. Né en 1996, Arnold Fokam pose ainsi la question de l’éducation à l’écologie.Alida Ymélé, née en 1994, vit à Dschang à l’Ouest du pays et s’empare du sujet de ces héroïnes des temps modernes que sont les femmes de ménage au Cameroun, invisibilisées, exploitées et méprisées. L’artiste questionne les tragédies de l’immigration où des femmes se retrouvent dans des situations proches de l’esclavage. L’utilisation par l’artiste de motifs, inspirés directement des sacs africains, appelés Ghana must go ou encore Mbandjock,

est symbolique de ces déplacements où ces femmes sont déshumanisées.

Né en 1988 dans le nord du Cameroun, Marcel Tchopwe articule son travail en grande partie autour de la condition des enfants dans un monde en mutation. L’artiste, fils de soldat, dépeint des enfants étouffés par le monde extérieur et les désirs des adultes, des enfants silencieux, timides, confrontés aux valeurs imposées par la société. Ses toiles évoquent aussi la situation tragique de la jeunesse camerounaise surqualifiée dont les diplômes prestigieux ne correspondent pas à la réalité du marché.

Ludovic Nkoth, né en 1994 à Yaoundé, est titulaire d’un Bachelor of Fine Arts à l’Université de Caroline du Sud et d’un Master of Fine Arts en peinture au Hunter College. Ces peintures en acrylique entre expressionnisme, figuration et abstraction abordent des thèmes tels que le pouvoir, culture, le racisme, l’esclavage, l’idée de soi et d’être fier d’être noir. Beaucoup d’autres artistes mériteraient d’être cités tellement la diversité culturelle du Cameroun permet le développement d’une grande créativité sur tous les supports de l’art contemporain.

158 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique ART ET CULTURE
Vue de l’exposition Pascale Marthine Tayou « Petits Riens » à la Collection Lambert | Courtesy de l’artiste et GALLERIA CONTINUA © ADAGP Paris, 2023 | Photo : David Giancatarina

Le rayonnement de la musique camerounaise

Le Cameroun dispose d’un vivier de grands musiciens. L’ouverture du pays et les nouvelles technologies de la communication ont fortement transformé

musical camerounais avec nombre d’artistes reconnus à l’international.

La musique la plus connue du Cameroun reste le Makossa, un style populaire qui a gagné les fans à l’international. Pierre Tchana, Pierre Didy Tchakounté, André Marie Tala, François Misse Ngoh, Petit Pays et Manu Dibango l’ont vulgarisé à partir des années 60. En 1972, le virtuose Manu Dibango permit de donner une dimension planétaire au Makossa avec son titre « Soul Makossa ». Au début des années 80, l’équipe nationale du Makossa fut créée. Cette pépinière de talent regroupait, entre autres, Ben Decca, Ndedi Eyango, Guy Lobe, Dina Bell, Hoigen Ekwalla, Sam Fan Thomas, Axel Muna et bien d’autres.

Depuis les années 2010 a émergé une jeune génération qui mâtinait les sonorités africaines (l’afrobeat et le ndombolo) avec les rythmes locaux à travers la musique urbaine (X Maleya, Stanley Enow, Locko, Salatiel, Mr Leo, Magasco, Francko, Tenor, Blanche Bailly, Daphné etc.).

Ces jeunes talents ont rehaussé le prestige de la musique camerounaise. Leur forte présence sur le plan national et international s’explique à la fois par la recherche d’une culture originale dépassant le frein que créent les clivages ethnolinguistiques. La maîtrise des technologies du numérique et de l’internet est un atout pour la production et la diffusion de cette musique à travers des supports dédiés. L’exemple le plus patent est celui du tube « Coller la petite » de Franko, disque d’or en France en 2016 avec 10 millions de streams et 40 millions de vues sur Youtube.

La forme la plus récente de la musique populaire camerounaise est une fusion de soukous congolais et

OPPORTUNITÉS

de makossa, une scène qui a produit Petit-Pays, Marcel Bwanga, Kotto Bass, Papillon et Jean Pierre Essome. D’autres styles musicaux se sont développés comme le Bend-skin, le Mangambeu, et le Makassi. Très riche, l’industrie musicale reste un atout majeur pour la culture du Cameroun.

Il existe cinq principaux secteurs des industries culturelles et créatives (ICC) pouvant engendrés d’importants revenus : la télévision ; les arts visuels ; les journaux et magazines ; le spectacle et l’architecture. La culture camerounaise est riche et diversifiée mais reste très peu valorisée.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 159
l’univers
ART ET CULTURE

Les activités réalisées dans le secteur du Tourisme et des Loisirs ont contribué à promouvoir la destination Cameroun et à valoriser son potentiel touristique.

Des investissements ont également été réalisés dans ce secteur.

Extrait du discours de Monsieur Joseph Dion Ngute, Premier ministre, Chef du Gouvernement le 28 novembre 2022 devant l’Assemblée nationale lors de la présentation du Programme Economique, financier et socioculturel de l’Etat du Cameroun pour l’exercice 2023.

160 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique

Tourisme

Avec un fort potentiel touristique sous exploité, le Cameroun, Afrique en miniature, s’étend de l’océan Atlantique jusqu’au lac du Tchad avec une variété de reliefs, de belles plages, des chaînes montagneuses recouvertes de forêts, des plaines désertiques ou de hauts plateaux.

Toute l’Afrique dans un seul pays

Situé à la charnière de l’Afrique occidentale et orientale, et s’étirant du fond du Golfe de Guinée jusqu’au Lac Tchad, le Cameroun présente une mosaïque de paysages

et de cultures. Toutefois, ce fort potentiel touristique est encore peu exploité.

Pour découvrir le continent africain, la meilleure porte d’entrée est sans nul doute le Cameroun. Dix régions constituent ce pays qui mérite son titre d’eldorado touristique.

Grâce à la variété de son relief, de son climat, de sa faune, de sa flore, ainsi que de sa population et de ses traditions, le Cameroun offre plusieurs formes de tourisme sur toute l’étendue du territoire national.

Quatre zones touristiques cohabitent. Le grand Nord, loin des forêts denses équatoriales, s’apprête mieux aux safaris.

Les parcs nationaux comme celui du Waza permettent l’observation des grands animaux. L’Ouest laisse découvrir ses charmes aux randonneurs qui peuvent admirer le paysage fantastique du fameux Mont Cameroun. Le Sud, caractérisé par des zones forestières est le terrain de prédilection des

amateurs d’observation de vie sauvage. Gorilles et babouins sont les primates les plus observés et enfin, le littoral, avec ses kilomètres de côtes face au golfe de Guinée est le lieu de villégiature à visiter.

Avec ses 400 kilomètres de côte, le Cameroun offre aux amateurs du tourisme balnéaire la possibilité de passer des vacances de rêve sur des plages naturelles agrémentées d’un paysage pittoresque, constitué de baie, d’îlots et de mangroves. Les merveilleuses chutes de Kribi se jettent directement dans l’océan atlantique.

Le Cameroun compte plusieurs parcs nationaux dont le plus célèbre et le mieux aménagé est le parc de Waza, situé dans l’extrême-nord. Ces parcs, ainsi que les nombreuses réserves que l’on retrouve surtout dans la partie sud du pays, possèdent la quasi-totalité de la faune africaine (éléphants,

162 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
TOURISME

CHIFFRES CLÉS

3,5 millions

DE TOURISTES INTERNATIONAUX (OBJECTIF)

1% DU PIB EN 2020

382,59 millions

D’EUROS SOIT 1% DU PIB EN 2020

910

SITES TOURISTIQUES RECENSÉS DONT 13 SONT EN COURS D’INSCRIPTION AU PATRIMOINE DE L’UNESCO

2547

ÉTABLISSEMENTS HÔTELIERS EN 2020 AVEC DES MILLIERS DE CHAMBRES CONFORT ET SUITES

95%

DES ENTREPRISES TOURISTIQUES CAMEROUNAISES TOUCHÉES PAR LA CRISE SANITAIRE DE COVID-19

lions, panthère, buffles, antilopes, hippopotames, hyènes, gorilles, damalisques, guépards, etc.…). Autour de certains parcs nationaux, sont aménagées des zones de chasse ouvertes entre décembre et mai.

L’intégration des préoccupations environnementales dans les projets d’aménagement touristique a conduit au classement et à la protection de certains sites naturels à des fins scientifiques, écologiques et touristiques, notamment :

- Le parc national de Korup qui recèle des espèces végétales vieilles de plusieurs millions d’années ;

- La réserve du Dja, classée patrimoine de l’humanité par l’UNESCO ;

- Le Mont Cameroun haut de 4070 mètres ;

- Les sites de Mayo Rey portant des empreintes fossilisées de dinosaures ;

- Le jardin botanique de Limbé.

L’industrie hôtelière camerounaise a connu au cours des dernières années une grande effervescence, portée notamment par la perspective de l’accueil de deux grands évènements sportifs continentaux. Entre 2014 et 2018, le montant des investissements réalisés pour la construction, la rénovation ou l’équipement d’établissements hôteliers a connu une hausse de 3%, à près de 170 millions d’euros en 2018. Ces investissements ont principalement été le fait des acteurs locaux, publics et privés.

Le Cameroun compte aujourd’hui deux sites naturels inscrits à la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO : la Réserve de faune du Dja (RFD), le Trinational de la Sangha (TNS), parc naturel partagé avec le Congo et la République Centrafricaine. Il compte également douze sites inscrits à la Liste Indicative qui sont donc pressentis pour faire l’objet de nominations au Patrimoine Mondial. Parmi ces sites 6 sont culturels, 5 naturels et 1 mixte.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 163
TOURISME

Le Tourisme d’affaire et de congrès

Les villes de Yaoundé et de Douala, avec leurs infrastructures modernes, salles de conférences, aéroports internationaux et hôtels aux standards internationaux, sont propices à la promotion du tourisme de congrès et d’affaire.

Les déplacements professionnels dans la ville de Douala sont axés autour des conférences, salons et foires qui combinent le transport, l’hébergement et la restauration. La région du Littoral est reliée à toutes les régions avoisinantes par route et par rails. Douala a un port autonome et un aéroport international qui permettent d’accueillir les visiteurs et les marchandises à grande échelle, c’est d’ailleurs le siège des plus grands échanges commerciaux du pays. C’est une ville propice pour le tourisme d’affaire avec plusieurs hôtels d’affaires de classe internationale.

Le palais des congrès de Yaoundé est un centre de congrès et de spectacles, bâti sur une surface totale d’environ 180 000 m2. Comportant de nombreuses salles réparties sur 6 étages, il abrite des conférences, colloques, séminaires, ateliers et expositions culturelles.

L’architecture du palais des congrès de Yaoundé, construite avec une coopération chinoise, a une vue panoramique sur la capitale. Constitué de trois bâtiments, il dispose de salles de 25 à 2000 places.

Selon le World Travel & Tourism Council (WTTC), le tourisme d’affaires au Cameroun pourrait générer un chiffre d’affaires de 1 068,9 milliards de Francs CFA à l’horizon 2028. Le tourisme d’affaires, manifeste à travers des évènements tels que le Salon International de l’Entreprise, de la PME

et du Partenariat de Yaoundé, PROMOTE, plus grand salon de l’entreprise de toute la sous-région, peut donc être pourvoyeur de capitaux pour l’économie camerounaise.

LE VISA ÉLECTRONIQUE EST ENTRÉ EN VIGUEUR

Souhaitant faciliter le processus d’obtention de visa et sécuriser les règlements des prestations consulaires, le Cameroun a activé la délivrance de visas électroniques. Les voyageurs internationaux souhaitant visiter le Cameroun n’ont donc plus besoin de se déplacer dans une ambassade pour réclamer leur visa. La construction des infrastructures de délivrance des visas biométriques est achevée dans les aéroports internationaux de Yaoundé et Douala, tandis que le déploiement du nouveau système de prestations consulaires sécurisées dans les missions

diplomatiques, postes consulaires et aéroports internationaux du Cameroun est opérationnel depuis l’été 2022.

Sur le plan sécuritaire, la mise en place de cette nouvelle technologie permettra de centraliser et de protéger les données enregistrées par la plateforme numérique qui sera créée ; de contrôler le flux des entrées et des sorties sur le territoire par le déploiement des terminaux dans tous les points d’entrée ; de garantir une sécurité maximale des documents diplomatiques

164 I YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique
TOURISME

Les retombées de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2022)

Du 9 janvier au 6 février 2022, le Cameroun a accueilli la CAN pour la 2ème fois de son histoire. L’Etat a investi pour l’événement 500 milliards de francs CFA (presque 2% du PIB), soit 760 millions d’euros, dans les infrastructures sportives et dans l’aménagement du territoire. Les retombées touristiques devraient suivre.

Quatre nouveaux stades à Douala et à Yaoundé ont été construits tout comme à Bafoussam et à Garoua. Deux autres enceintes, à Garoua et à Yaoundé, ont été entièrement rénovées et mises aux normes de la FIFA tout comme une quinzaine de stades annexes destinés aux entraînements. 80% des hôtels qui ont accueilli les équipes, les journalistes ou les touristes étaient soit neufs, soit rénovés, un investissement important de la part des compagnies hôtelières, locales comme internationales. Des espaces avaient été dédiés aux investisseurs dans les fan-zones. Dans le prolongement de la mise en œuvre du programme de modernisation des infrastructures aéroportuaires engagé en prélude à la CAN, les aéroports de Bertoua, Kribi et Tiko ont été réhabilités. Les

OPPORTUNITÉS

régions respectives de l’Est, Sud et Sud-Ouest vont densifier l’ensemble du réseau déjà disponible dans les autres régions que sont le Littoral (Douala) ; le Centre (Yaoundé-Nsimalen) ; Nord-Ouest (Bamenda) ; Nord (Garoua) ; Extrême-Nord (Maroua) ; Ouest (Bafoussam) et Adamaoua (Ngaoundéré). La Coupe d’Afrique a aussi engendré une forte microéconomie. De nombreux Camerounais ont investi pour ouvrir des stands aux abords des stades. Le Cameroun est connu à travers le monde, comme nation de football avec les Lions indomptables, mais d’autre sports sont en voie d’émergence tels que : la pêche au gros au large des côtes ; le golf à Yaoundé et à Tiko ; l’escalade avec l’ascension annuelle du Mont Cameroun ; l’équitation avec les clubs équestres de Yaoundé, Douala et Garoua.

Le tourisme est classé comme secteur prioritaire par le gouvernement, propice au développement de l’investissement privé. Trois types de tourismes sont distinguables : tourisme balnéaire, tourisme d’affaires et éco tourisme. Un nouveau code de base doit permettre dès 2024 de favoriser les investissements nationaux et internationaux dirigés vers le tourisme et les loisirs à travers des mécanismes d’incitation et d’assurance.

YEARBOOK CAMEROUN : Rapport économique I 165
TOURISME

LD Media Development en partenariat avec l’Agence de Promotion des Investissements (API) remercient les intervenants et les annonceurs pour leur fructueuse participation.

Qu’est ce que La Nouvelle Equation?

La Nouvelle Équation est une communauté qui formule des solutions inattendues. Elle est animée par des spécialistes et soutenue par la technologie.

C’est ainsi que nous contribuons à créer la confiance pour aujourd’hui et demain.

It all adds up to The New Equation. Découvrez plus sur afrique.pwc.com

Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.