FEATURE
La nature et ses droits par Jean-Benoît Nadeau
LYSANNE LAROSE
L’approche distinctive de la Faculté de droit offre un terreau fertile aux réflexions d’avant-garde sur l’environnement et le développement durable, comme le montrent trois projets de recherche menés par des membres de notre communauté aux études supérieures.
SARAH-MAUDE BELLEVILLE-CHENARD Une question de personnalité En 2017, deux fleuves ont acquis une personnalité
L’intérêt de la doctorante pour les questions autoch-
juridique et sont devenus des personnes morales :
tones remonte à ses études de maîtrise, qui portaient
le Whanganui en Nouvelle-Zélande et le Gange
sur le féminisme autochtone.
en Inde, en vertu du nouveau concept de « droit de la nature ». Pour sa thèse doctorale, Sarah-Maude Belleville-Chenard tentera de déterminer le rôle des savoirs autochtones dans la construction du discours sur le droit de la nature et sa gouvernance. « Peut-on réconcilier l’ontologie autochtone et la perspective occidentale? », demande l’avocate, qui pratique à Montréal.
Mais n’étant pas autochtone, elle admet avoir souffert du « syndrome de l’imposteur ». Elle s’en est guérie en 2016-2017, alors qu’elle a travaillé avec des Innus dans le dossier de la reconnaissance de l’île d’Anticosti au patrimoine mondial de l’UNESCO, où elle agissait à titre de consultante. Depuis, elle travaille sur les questions autochtones ayant trait à l’économie et l’environnement au cabinet Dionne Schulze. « J’ai eu envie de
La doctorante comparera deux groupes : les Néo-
faire un doctorat sur ce qu’on peut faire différemment,
Zélandais qui ont agi de concert avec les Maoris,
qui sera novateur, pour changer les choses. »
et les citoyens des municipalités américaines qui ont réalisé des avancées en la matière sans la participation concertée de groupes autochtones. Outre les aspects philosophiques quant à la manière dont s’articulent les divers discours, Belleville-Chenard examinera deux questions sur l’application du droit de la nature : comment s’organise la gouvernance et avec quelle efficacité ? Y a-t-il des différences de résultat dans un contexte ontologique autochtone par opposition au contexte purement occidental ?
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FOCU S LAW / 2 02 0-2 02 1 / M C G IL L UN IVE RS ITY