Milo Rau - Antigone in the Amazon • Feuille de salle

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MILO RAU 23 25.11.2023 NTGENT / MOUVEMENT BRÉSILIEN DES PAYSANS SANS-TERRE (MST) Antigone in the Amazon Création 2023 6 9.12.2023

Jeu & ven 20h • Sam 17h Durée 1h


À PROPOS DU SPECTACLE 3 ......

ENTRETIEN

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BIOGRAPHIES...................................................... 9 DISTRIBUTION ET MENTIONS DE PRODUCTION............ 11 NOS PARTENAIRES........................................ 13 SAISON 2023-2024..................................... 14 RESTONS EN CONTACT !........................... 15


À PROPOS DU SPECTACLE Fidèle à sa pratique d’un théâtre documentaire engagé, Milo Rau précipite le mythe d’Antigone au cœur de la forêt amazonienne. Une relecture politique et moderne, à la lumière des crises écologiques et sociales qui secouent le Brésil. Au nord du pays dans l’État du Pará, sur le territoire occupé par le Mouvement brésilien des paysans sans-terre (MST), le metteur en scène a créé Antigone in the Amazon, une allégorie des saccages et déplacements que provoque l’État moderne, en privilégiant la propriété privée au droit traditionnel à la terre.

Mer au ven 19h • Sam 18h • Durée 1h45 Spectacle en anglais, portugais, tucano, flamand, français et surtitré en français et en anglais RETOUR SOMMAIRE 3


ENTRETIEN AVEC MILO RAU Antigone in the Amazon s’inscrit dans un projet plus vaste, Trilogie des mythes anciens. Pouvez-vous nous le présenter ? Milo Rau : C’est une trilogie basée sur des mythes de l’Antiquité, avec un film basé sur le Nouveau Testament, que j’ai réalisé en Italie du Sud, et deux pièces : Oreste à Mossoul, que nous avons montée à Mossoul, et Antigone in the Amazon au Brésil. L’idée était de s’inscrire dans le contexte du monde d’aujourd’hui mais aussi de faire de l’art une « microécologie », c’est-à-dire créer quelque chose qui est plus grand et plus durable que la pièce elle-même : à Mossoul, nous avons créé une école de cinéma et en Italie du Sud, nous avons lancé une nouvelle marque de tomates, distribuée dans une centaine de magasins en Europe. Au Brésil, avec le Mouvement des paysans sans terre, nous avons fait une campagne et continuons de collaborer ensemble. Cette trilogie est un endroit où j’essaie de lier l’activisme et l’art. Quels liens établissez-vous entre Antigone et la situation au Brésil ? Le premier, c’est la lutte entre la société traditionnelle (Antigone) et le capitalisme illuminé (Créon). C’est une problématique très vive au Brésil et plus encore en Amazonie, qui est comme une frontière avec le capitalisme global, peutêtre la seule qui existe encore. Le Mouvement des paysans

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sans-terre est le plus grand mouvement d’Amérique latine et peut-être de la planète, comparable en nombre à la population de la Belgique, comme une nation dans la nation. Je viens de lire Les Perses d’Eschyle, où un empire est confronté à une petite société de citoyens et citoyennes qui a décidé de s’appeler « nation » et de se défendre. C’est ce que fait la société civile dans le Mouvement des paysans sans-terre. Mais une autre chose était importante : la question des corps disparus des activistes. Au début d’Antigone, il est question de Polynice, ce frère qui n’est pas enterré, la source du conflit. Or, il y a eu un massacre au nord du Brésil, sur le trajet de la route transamazonienne, qui traverse la forêt, et nous avons créé le chœur avec les survivants et survivantes de ce massacre. Il y a là une identification logique et politisée entre ce que la tragédie raconte et ce qui s’est passé au Brésil. Antigone a un caractère universel, c’est pourquoi c’est l’une des tragédies les plus jouées : on peut l’adapter à nos vies personnelles, à notre société, à n’importe quelle lutte identitaire, économique ou politique. Comment ce projet a-t-il pris forme ? Cela nous a pris quatre années, en raison du Covid, et nous en racontons un peu l’histoire au début de la pièce. Nous nous sommes rendus au Brésil une première fois en 2019, à São Paulo, pour jouer des pièces qui ont été interdites. Là, nous avons été approchés par le Mouvement des paysans sansterre, qui nous a proposé de travailler ensemble. Ils ont une RETOUR SOMMAIRE 5


très belle branche théâtrale, créée par Augusto Boal, inventeur du Théâtre de l’Opprimé et figure mythique du théâtre en Amérique latine, mort en 2009. Avec son dramaturge, nous avons décidé ce que nous voulions faire : Antigone, dans cette région au nord. Au moment où nous nous y sommes rendus, le Covid a commencé. Nous sommes donc rentrés chez nous et avons repris le travail fin 2020, avec des répétitions à Gand. Mais la crise du Covid s’est prolongée et nous n’avons pas pu retourner au Brésil avant le printemps 2023, pendant deux mois, après plusieurs étapes de réécriture. Comment avez-vous travaillé avec les activistes du Mouvement des paysans sans-terre ? Nous avons monté beaucoup d’ateliers. Pour le Mouvement des paysans sans-terre, l’art fait partie de la vie quotidienne, de la lutte politique. Ils vivent ensemble vingt-quatre heures par jour et sept jours par semaine, c’est une collectivité. C’est là que j’ai à nouveau compris l’idée du chœur,si important dans la tragédie grecque. Le corps collectif est basé sur la liberté de chaque individu qui le constitue. Si on travaille avec le Mouvement des paysans sans-terre, on va discuter toutes les décisions pendant des heures. Mais quand on a décidé, on le fait ensemble. C’est une très belle façon de travailler. Il y a des mouvements indigènes, d’autres plutôt marxistes, d’autres identitaires ou LGBTQIA+, des intellectuels petits-bourgeois des villes comme vous et moi…

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Et tout ceci compose le mouvement, ce qui rend difficile et longue chaque prise de décision. Cela m’a beaucoup plu, qu’on prenne ce temps. En Europe, on est dans la vitesse, dans une machine très réglée. Là, nous avons vécu ensemble dans un campement sur une plantation occupée. C’est un temps de création aristotélicien : on est ensemble jusqu’à ce qu’on ait fini. Si ça prend quatre années, ça prend quatre années. Cet aspect collectif touche-t-il aussi l’écriture du texte ? Toujours dans mon travail : la création et la création du texte, c’est la même chose. Bien sûr, dans cette trilogie, il y a un mythe à la source. Sophocle comme la Bible, ce sont des textes très cristallins, que l’on peut changer sans que cela s’entende. Avec Antigone, dès qu’on utilise la phrase « Il est des choses monstrueuses, mais rien n’est plus monstrueux que l’humain », on sait déjà très clairement où l’on est et on a ensuite une grande liberté. Je trouve extrêmement important, dans le processus de création, que le texte soit recréé. Dans le manifeste de Ganz (écrit par Milo Rau pour le NTGent, ndr), une ligne dit même : « il est interdit d’utiliser le texte ». Sinon, on ne peut pas commencer à travailler. Si on utilise un texte tel quel, où est la décision de créer ? Je peux même changer la Bible, c’est une appropriation. C’est d’ailleurs comme ça qu’on aborde la religion au sein du Mouvement des paysans sans-terre, en s’appropriant la Bible. En Europe, on a une tradition du texte qui est très forte. Au Brésil, le texte est avalé et ce qui sort est complètement différent. RETOUR SOMMAIRE 7


L’actrice et activiste brésilienne Kay Sara devait jouer Antigone sur scène mais elle y a finalement renoncé et vous avez choisi de ne pas la remplacer. Pourquoi ? Cela ressemble à un renoncement qui s’inscrit dans une absence de presque tout le monde. Nous avons sur scène deux Brésiliens et deux Européens et tout le reste passe par le support vidéo. Kay Sara est très présente, comme le chœur, en vidéo. Nous avons travaillé pendant quatre ans ensemble, nous avons écrit des discours, filmé, mais quand elle est arrivée en Europe, il lui est apparu très clairement que ce n’était pas sa place. J’ai accepté cela comme je le fais toujours avec ce type de décision. Pour moi, ce n’est pas un problème si quelqu’un ne monte pas sur scène. Je crois que le fétichisme de la présence sur scène est mauvais, tout comme le fétichisme de la première ou du moment de la représentation. Tout cela doit être pensé plus largement : ce qui reste après le travail est plus grand que l’œuvre, qui n’est qu’une entrée dans une histoire, dans une grande campagne interculturelle, économique, propagandiste ou simplement humaine. Propos recueillis par Vincent Théval, août 2023

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BIOGRAPHIES MILO RAU, metteur en scène suisse, crée un théâtre unique à la frontière entre art, témoignage et activisme politique, qui traite de guerres, de procès criminels, de flux migratoires, ou encore de conflits familiaux. Il conçoit des pièces performatives et des films avec sa maison de production International Institute of Political Murder. Qu’il traite de la fin des Ceaucescu, du génocide rwandais, de la guerre au Congo ou de l’affaire Dutroux, il fait de la scène un lieu d’expérimentations et de questionnements, qui témoigne d’un désir constant de se confronter au réel en considérant l’instant de la représentation comme une catharsis. Directeur de NTGent, Théâtre de la ville de Gand en Belgique depuis 2018, il présente cette même année La reprise – Histoire(s) du théâtre (I) au Festival d’Avignon. Antigone in the Amazon est le dernier opus de sa Trilogie des mythes anciens après la pièce Oreste à Mossoul et le film Le Nouvel Évangile. En 2023, il a pris la direction artistique du Wiener Festwochen (Festival de Vienne).

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Le MOUVEMENT DES PAYSANS SANS-TERRE (Movimento dos Trabalhadores Sem Terra /MST) est né dans le sud du Brésil en 1978 durant la dictature militaire. Le mouvement s’est d’abord constitué dans le but de démocratiser l’accès à la terre. Sa stratégie d’action était principalement la lutte directe par l’occupation des terres non exploitées. L’organisation populaire milite pour que les paysans brésiliens ne possédant pas de terre, disposent de terrains pour pouvoir cultiver.

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DISTRIBUTION ET MENTIONS DE PRODUCTION Concept et direction Milo Rau Texte Milo Rau & ensemble Collaboration au concept, à la recherche et à la dramaturgie Eva-Mar ia Ber tschy Dramaturgie Giacomo Bisordi Collaboration à la dramaturgie Douglas Estevam, Martha Kiss Perrone Assistantes à la dramaturgie Kaatje De Geest, Carmen Hornbostel Musique Elia Rediger & Pablo Casella Avec Frederico Araujo, Pablo Casella, Sara De Bosschere, Arne De Tremerie et en vidéo Kay Sara, Gracinha Donato, Célia Maracajà, le chœur des militantes et des militants du Mouvement des paysans sans-terre (MST), et Ailton Krenak dans le rôle de Tiresias Scénographie Anton Lukas Costumes Gabriela Cherubini, Jo De Visscher, Anton Lukas Lumières Dennis Diels Vidéo Moritz von Dungern, Joris Vertenten, Fernando Nogari Assistantes de direction Katelijne Laevens, Chara Kasaraki, Lotte Mellaerts Gestion de production Klaas Lievens, Gabriela Gonçalves, Jack Dos Santos Direction technique Oliver Houttekiet Régie plateau Marijn Vlaeminck Équipe technique Brecht Beuselinck, Dimitri Devos, Max Grymonprez, Sander Michiels, Stavros Tarlizos, Raf Willems Surtitres Katelijne Laevens, Liesbeth Standaert, Elli De Meyer Remerciements à Carolina Bufolin RETOUR SOMMAIRE 11


Production NTGent Coproduction The International Institute of Political Murder (IIPM), Festival d’Avignon, Romaeuropa Festival, Factory International (Manchester), La Villette (Paris), Tandem - Scène nationale (Arras Douai), Künstlerhaus Mousonturm (Frankfurt), Équinoxe - Scène nationale (Châteauroux), Wiener Festwochen (Festival de Vienne) En collaboration avec Movimento dos Trabalhadores Sem Terra (MST) Avec le soutien du Goethe Institut Saõ Paulo, PRO HELVETIA programme COINCIDENCIA - Kulturaustausch Schweiz Südamerika, The Belgian Tax Shelter

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SAISON 2023-2024 VOUS ÊTES PLUTÔT THÉÂTRE ? • IVO VAN HOVE Création 2023 Mon bel animal • 28

30.03.2023 Conseillé à partir de 16 ans

• CHRISTOPHE HONORÉ Le Ciel de Nantes • 5

7.04.2024

• COLLECTIF TRAVAUX PUBLICS Le social brû(il)le • 23

27.04.2024

• ARTHUR NAUZYCIEL Le Malade Imaginaire ou le silence de Molière • 24

27.04.2024

• JULIE DELIQUET Welfare d’après le film de Frédérick Wiseman • 3

5.05.2024

• PAULINE BUREAU Féminines • 14 17.05.2024 Projet labellisé Paris 2024 dans le cadre de l’Olympiade Culturelle

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