Branded #7 Juin/Aout MMXIV

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Sur la mort ensuite. Une mort provoquée par une relation incestueuse entre José Arcadio Buendia et Ursula, liés par un lien de cousinage. Effrayée par un précédent dans la famille où un enfant fut pourvu à la naissance d’une queue de cochon, Ursula se refuse à consommer son mariage. Raillé par Prudencio Aguilar, un habitant du village dans lequel ils résident, José Arcadio Buendia l’assassinera pour laver l’affront. Hanté par son fantôme, le couple est contraint de quitter ce qu’il semblait être le Paradis originel et se lancer dans un éprouvant Exode pour retrouver un semblant de paix. Cette Genèse chaotique ne peut qu’annoncer un dénouement tragique, une tabula rasa finale. Au commencement de ce nouveau départ naquit Macondo, un paradis tout neuf de quelques maisons de glaise et de roseaux où la mort et la religion n’existent pas encore, peuplé de superstitions, de potions et d’oiseaux servant à donner l’heure dans une cacophonie chantante. Apparaît alors le gitan Melquiades. Sorte de vieux sage touche-à-tout, il se liera avec José Arcadio Buendia à qui il transmet la passion de l’alchimie. Mais il est surtout l’auteur d’une bien singulière prophétie écrite dans un langage incompréhensible sur des parchemins. Ces écrits miraculeusement conservés pendant un siècle seront, après plusieurs tentatives des Buendia, finalement déchiffrés par le dernier d’entre eux, Aureliano, qui scellera là son destin.

Cent années durant, le lecteur assiste à la lente mais inexorable déliquescence du village. La magie se dissipe pour n’apparaître que de manière sporadique, comme un appui supplémentaire à une dégradation qui se déroule au fil des pages. La famille Buendia semble bloquée dans la répétition cyclique des traits de caractère et des vices de ses différents membres. Le naturalisme à la Emile Zola, qui s’interrogeait sur l’hérédité et la transmission des tares familiales, ne paraît pas très loin. Seule Ursula, qui traverse presque toute la chronologie, s’en étonne et s’en lamente. L’inceste est toujours là, à l’origine de l’histoire et à sa conclusion. Une union entre deux membres de même sang et la naissance d’un enfant à queue de cochon interrompront cet éternel retour familial. Il ne restera plus rien des Buendia, ni même de Macondo dans l’accomplissement de ce cycle qui ne se répètera plus jamais, « car aux lignées condamnées à cent ans de solitude, il n’est pas donné sur terre de seconde chance ».

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