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LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.FR.RBTH.RU COMMUNIQUÉ DE ROSSIYSKAYA GAZETA DISTRIBUÉ AVEC LE FIGARO

Régions

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Bonduelle craque pour le Kouban Les Français dirigent les principales branches : l’agronomie, les finances, la production. Issu d’une famille de paysans de père en fils, l’agronome en chef Jean-Michel Besse est arrivé en Russie il y a six ans. Son collègue Samuel Coupri, le directeur exécutif adjoint à la production, est venu quatre ans plus tard, après trois ans passés en Ukraine. « Ma femme Natalia est ukrainienne, de culture proche de celle de Kouban ; nous n’avons donc pas eu de problèmes d’adaptation linguistique », commente Samuel Coupri. Il persévère dans sa préférence pour les pelmeni par rapport au borchtch de Kouban. Néanmoins, en vrai cosaque, Samuel ne demeure pas en ville. Il possède une maison dans une stanitsa (village cosaque) et a planté son propre potager sur quelques centaines de mètres carrés. En rentrant du travail, il s’occupe de ses légumes. « Je suis adepte des produits sains, et c’est bon aussi pour ma pratique de la langue. On bavarde par-dessus la palissade avec le voisin ». Les spécialistes français n’ont pas beaucoup de temps libre. La période d’activité intense à la conserverie commence dès le mois de mai, avec le début de la saison des haricots rouges. Puis mûrissent les petits pois, et les moissons durent jusqu’en octobre, jusqu’à ce que le maïs soit mis en boîte. Toute la matière première est produite ici, à Dinsk, sur 6 000 hectares d’espaces loués. Les 50 agronomes travaillant sous les ordres de JeanMichel Besse gèrent 3 300 hectares de terrains, de la préparation des sols aux semailles jusqu’à la récolte. L’ensemencement se fait en plusieurs étapes pour que l’usine soit pourvue en matière première durant toute la saison. L’usine de Novotitarovsk comp-

L’usine Bonduelle exporte désormais dans les autres pays de l’ex-URSS. Mêmes normes de qualité pour tous !

Le choix géographique de l’usine a été dicté en partie par une politique régionale attractive pour les investisseurs te deux chaînes de fabrication des conserves. Tout est automatisé, au détail près : l’acheminement de la matière première, la séparation des épis de maïs et des cosses de pois, le battage du grain. Les machines remplissent les boîtes de légumes, les stérilisent, forment les palettes. Les principaux équipements technologiques sont fournis par la firme GERICO. Le contrôle de qualité est mené par le laboratoire central de l’usine, tout le processus

est surveillé de près, du choix des semences au produit fini. En 24 heures, tournant à plein, la conserverie traite 200 000 tonnes de marchandise. « Le plus gros problème pour nos techniciens avait d’abord été l’importation de pièces de rechange pour l’équipement de l’usine, en raison des formalités à la frontière », raconte Samuel Coupri. « Heureusement que les liens entre la Russie et L’Europe se sont resserrés. Nous avons élargi la production et ne travaillons plus seulement pour le marché russe, mais pour toute l’ex-URSS. Ce sont les mêmes normes pour tous, y compris la France ». « Nous avons eu aussi des difficultés pour réunir toutes les conditions nécessaires à la production d’un produit conforme

à nos exigences de qualité », explique Jean-Michel Besse. « Le sol de Kouban contient de bonnes réserves d’eau, les terres sont riches en matières organiques, mais elles sont lourdes et vaseuses. Il faut des tracteurs puissants pour les travailler. En plus, à cause du passage brutal entre l’hiver et l’été, on ne peut pas garantir de moisson sans irrigation ». Les spécialistes de Bonduelle l’admettent volontiers : le choix géographique a été dicté en partie par la politique d’investissement attractive et le soutien du pouvoir local. La conserverie de Kouban a été construite en un temps record. En juin 2003, la première pierre était posée, en octobre de la même année, un accord était signé avec l’admi-

Agriculture La région d’Oulianovsk tente d’attirer les classes moyennes en zone rurale

Repeupler les campagnes russes Un schéma original est actuellement testé pour encourager les entreprises agricoles individuelles et tirer un trait final sur les kolkhozes. OLGA CHAMINA

« Novaïa Derevnia », ou « Village nouveau » : c’est le nom de l’ambitieux projet qu’accueille l’oblast d’Oulianovsk (900 km à l’est de Moscou). Youri Chevtchenko, directeur de l’entreprise « Agropark-Management » et EdouardVyrypaev, copropriétaire de RTM, sont les moteurs derrière cette première expérience de « Village nouveau » dans la région de Novomalyklinsk : 28 habitations, 20 mini-fermes, trois usines de conditionnement de la viande (capacité : 10 000 tonnes par an), de fabrication d’aliments combinés pour le bétail et de produits laitiers, le tout complété par des bâtiments administratifs et de service. Douze familles se sont déjà installées, mais le nombre de candidatures s’élève à 18 500, soit 180 candidats pour une place. Il s’avère cependant que 70% des postulants sont plus motivés par l’accès au logement que par le développement de l’agriculture... Pour autant, les promoteurs ne doutent pas du succès de leur entreprise. Le gouverneur d’Oulianovsk, Sergueï Morozov, a d’ailleurs estimé que le projet devrait permettre de créer 20 000

ELENA NAGORNYKH_PHOTOXPRESS

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L’exploitant a l’option de s’émanciper de l’entreprise gestionnaire

emplois dans la région, d’augmenter le salaire moyen et de résoudre le règlement de divers problèmes sociaux, comme la sécurité agro-alimentaire et la modernisation de la sphère sociale ; il devrait enfin favoriser « la formation d’une classe moyenne à travers la création d’entreprises familiales ». Le projet est novateur parce qu’il parie sur l’agriculteur individuel dans une culture rurale encore embourbée dans les schémas kolkhoziens et sovkhoziens. Le modèle économique implique

que les investisseurs prennent en charge la construction des infrastructures et des exploitations agricoles, pour les revendre ensuite aux propriétaires particuliers dont les paiements seront échelonnés sur cinq à dix ans. Autre possibilité : construire des mini-fermes dans les agglomérations voisines du «Village nouveau ». Dans ce cas, l’agriculteur souscrit un emprunt auprès de Rosselkhozbank (le crédit agricole russe), cautionné par les investisseurs qui financent la réalisation de la ferme. Ensuite,

pendant les cinq à dix années suivantes, en travaillant au moins quatre heures par jour, l’exploitant reçoit 388 euros par mois de la part des investisseurs, jusqu’à remboursement complet du prix de la ferme. Ses revenus peuvent augmenter jusqu’à 1 162 euros mensuels, et l’exploitant a l’option de s’émanciper de l’entreprise gestionnaire pour se mettre à son compte. Il est aussi libre de quitter le « Village nouveau » à tout moment, avec des indemnités correspondantes à ce qu’il a investi dans l’acquisition de la ferme. L’activité des agriculteurs du « Village nouveau » est contrôlée par l’entreprise gestionnaire, qui assure le suivi du cycle de production et de distribution, ainsi que l’entretien des exploitations. Les investisseurs n’ont pas inventé ce type d’unions agricoles, qui existent déjà en Europe et aux États-Unis. Mais ils se heurtent à un certain nombre de difficultés locales. Par exemple, l’absence d’agriculteurs et de spécialistes qualifiés. Le directeur général du holding agricole « Altyn »,Valery Pokorniak, estime que le succès d’un tel projet repose sur trois composantes essentielles : une sélection rigoureuse et juste des candidats, des conditions claires et transparentes de contrat et de transfert de la propriété, ainsi qu’un système efficace d’achat de la production des exploitants.

nistration de la région. Un an plus tard, l’usine était inaugurée. En 2005, la production de la filiale russe de l’entreprise française avait augmenté de 40%. Jean-Michel concède que « bien sûr, les problèmes d’ordre administratif surgissent. C’est très compliqué d’enregistrer en Russie des variétés étrangères. Il nous a fallu trois ans pour inscrire nos variétés de pois et maïs au registre national. Ils doivent repasser à nouveau tous des tests très complexes. Mais nous comprenons aussi que nous sommes des invités, et ne pouvons pas mettre les pieds sur la table. C’est une manière de défendre les intérêts des producteurs locaux. Mais là aussi les choses s’arrangent et la Russie vient à notre rencontre ».

VLADIMIR ANOSOV

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Les deux hommes s’investissent beaucoup dans la formation des cadres russes. Jean-Michel se dit « convaincu que nous pourrions collaborer sur des projets d’élevage, de développement de la culture en serre, coopérer plus activement dans la recherche agronomique. Nous essayons de présenter la France à nos collègues russes. Nous les emmenons dans des exploitations agricoles, dans des usines Bonduelle à l’étranger. Ils ont pu observer le travail des services agronomiques français. Nous transmettons chaque jour notre savoir-faire aux habitants de Kouban, apprenons aux agronomes du coin à régler de nombreux problèmes de manière autonome ». Jean-Michel Besse et Samuel Coupri admettent que depuis qu’ils travaillent à Kouban, ils ne se sont pas seulement intégrés dans la vie russe, mais ont appris à l’aimer. Samuel est fasciné par les musées locaux et la fantastique couleur nationale cosaque, alors que Jean-Michel s’est pris de passion pour le ballet russe. Et ce dernier de préciser : « Même si j’ai toujours une paire de bottes en caoutchouc dans ma voiture, presque tous les dimanches je mets un costume et nous allons, ma petite fille Naomi et moi, au théâtre de Krasnodar. J’ai été ébahi de découvrir de tels théâtres si loin de Moscou et de SaintPétersbourg. Ce fut une immense surprise pour moi ! »

Industrie pharmaceutique Bientôt une usine à Kalouga pour produire de l’insuline

Diabète : les Danois ont une solution La société danoise Novo Nordisk va aider l’industrie pharmaceutique russe à fabriquer des médicaments contre une maladie qui touche sept millions de personnes en Russie. GUY NORTON BUSINESS NEW EUROPE

La visite de Dmitri Medvedev au Danemark à la fin du mois d’avril a servi de cadre à la signature d’un accord entre le président de Novo Nordisk, Lars Rebien-Sørensen, et le gouverneur de la région de Kalouga, Anatoly Artamonov. Il s’agit de construire une usine de fabrication d’insuline dans la région de Kalouga, située à 200 km au sud de Moscou. Le projet à plusieurs étapes porte dans un premier temps sur l’édification de l’unité de production, représentant un investissement compris entre 80 et 100 millions de dollars. L’usine emploiera plus de 225 personnes pour produire des doses d’insuline sous forme de cartouches ou de stylos préremplis. « La construction et l’extension progressive de l’usine sur plusieurs années permettront d’assurer une bonne qualité de production, le transfert durable de technologies et la formation des employés lo-

caux », estime Sørensen. La région de Kalouga fournira l’infrastructure nécessaire (routes et services publics).

Une véritable épidémie Environ trois millions de Russes suivent actuellement un traitement contre le diabète. Selon les estimations de la Fondation internationale du diabète, près de sept millions de Russes auraient besoin d’un traitement contre cette maladie. Les ventes des médicaments de Novo Nordisk ont explosé sur les marchés des pays BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine). La population de ces pays s’enrichit, vit plus longtemps et fait moins d’exercice. Le diabète y est en hausse et pourrait affecter 174 millions de personnes en 2030, contre 113 millions aujourd’hui. Selon Sergey Tsyb, le directeur du département de bio-ingénierie du ministère russe de l’Industrie et du Commerce, l’usine de Novo Nordisk s’inscrit dans les plans du gouvernement qui consistent à encourager l’introduction de technologies innovantes dans l’industrie pharmaceutique en Russie. L’accord est aussi une victoire personnelle pour Artamonov, qui ambitionne de créer un complexe pharmaceutique dans sa région.


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