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D. Nick : Un Collectionneur

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Buck

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L’artd’aujourd’hui, ce ne sont pas seulement les brillantes vitrines des effervescences médiatiques, les coups de cœur capricieux des institutions, les choix sélectifs des grandes capitales C’est également tout un réseau de passionnés grâce à qui chaque artiste, fût-il le plus humble ou le plus modeste, a droit de cité, et le public à ses arts de proximité Didier Nick fait partie de ces enchanteurs : ainsi un village sans identité culturelle autre qu ’ancestrale aura pu, depuis 33 ans, signifier quelque chose pour les acteurs et amateurs d’activités artistiques tour nées vers la créativité, l’innovation ou l’exploration Et au-delà pour toute une région voire sur le plan national Procédons par étape : Responsable artistique dans une grande fir me spécialisée dans le verre spécial, D. Nick décide d’ouvrir une galerie, spécialisée justement, dans le travail des verriers, et de la céramique contemporaine Il or ganise alors des expositions qui font référence

Mais très vite il ouvre son lieu à la peinture, à la sculpture et au dessin en général avant, et sous l’impulsion d’un enfant du pays, Claude Viallat, de déléguer des commissariats à des personnalités remarquables (On pense à Bioulès, à Clément, à Licata, à Skimao, H M Morat, cet autre enchanteur à qui il faudra aussi quelque jour rendre justice ), ce qui lui per met d’accueillir des artistes plus jeunes et d’élar gir davantage son public Puis, c ’est la création d’une association, « Les Artistes Nomades » , et la conception des « Les Quatre saisons de l’art » , rendez-vous saisonniers qui ne durent pas, précisément, juste l’espace d’une saison Le château, le lavoir d’Aubais, le Moulin auront été ainsi sollicités C’est dans la cadre des activités de cette association, dont D Nick a dû quitter la présidence (mais dont il demeure conseiller artistique), que

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aux 4 Saisons de l’Art à Aubais

se déroule cette exposition hiver nale qui rend hommage ainsi à son créateur, galeriste certes mais avant tout collectionneur On y retrouvera toutes les figures qui auront marqué ces 33 années d’activités continues, par mi lesquelles on distinguera celle de Jeanne Gérardin qui vient tout juste de nous quitter, tout comme Marcel Robelin, ou Hélène Nick, il n ’ y a pas si longtemps Les enfants et petits-enfants du couple seront également présents comme pour incar ner la relève Et tous les amis qu’il a, ou qui l’ont soutenu Je pense à Dejonghe, à Four nier, à Clauzel, Riba, Gutherz, Ar nal, Lancereau-Monthubert, Crausaz

Une exposition conçue comme un véritable cabinet d’amateurs, étant donné le nombre de pièces que D Nick aurait pu four nir en lieu et place ou en sus de celles qui seront montrées comme pour ouvrir une année 2015 riche en événements, car la loi de la vie est ainsi faite qu’à une saison en succède une autre Souhaitons que les Quatre se prolongent le plus longtemps possible

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Du 13 décembre au 11 janvier 2015, Galerie HD Nick - 324, chemin du Mas de la Vielle à Aubais (30). Tél. 04 66 80 23 63.

Il est des artistes dont on n ’ a pas forcément envie de dénaturer le travail tellement il s’impose avec évidence, sans que l’on ait besoin de la grande artillerie conceptuelle, théorique ou pire, un rappel des grandes articulations de l’Histoire de l’Art Je pense à Geor ges Autard ou plus loin encore à Gérard Gasiorowski François Bouillon fait partie de ceux-là, lui qui s ’ y fait connaître dans les années 80 et reconnaître pour la force char ge poétique que l’on pressent dans ses œuvres L’actuelle expo, en la galerie AL/MA, prolongée jusqu’à l’aurore de l’année 2015, en donnera une petite idée Elle se présente en séries : de sept peintures sous verre, directement appliquée au mur où se déclinent des images singulières et emblématiques d’une réconciliation entre notre époque et une inspiration plus primitive, ancestrale, puisée en particulier du côté de l’Afrique Car les origines sont omniprésentes dans nos interventions présentes et inversement le présent nous révèle en per manence nos origines

Un humaniste n ’a-t-il point écrit que rien de ce qui est humain ne nous est étranger ? Difficile, en fait, de dire ce que l’on voit, où la couleur a son mot à dire, où de larges plages de silence sont dévolus au blanc, et où chacun selon sa culture et ses expériences déter minera ce qu’il convient de définir dans ce qu’il voit : un gâteau, une tour de Babel, un circuit décoratif ? Un cadre assoupli et incurvé dans le cadre ? Un masque aux oreilles de lapin ? Un serpentin de fête ? Une image en tout cas ou du moins une proposition sur carré de plexi

Un chœur de sept vier ges, une vague for me buccale au centre vacant, multipliée par ce chiffre symbolique, impose sa présence féminine, dans des tons mêlant le rouge du soleil au noir de l’Afrique

Une sculpture au sol surélève, sur une plaque réfléchissante, un bâton de coudrier, exhaussé par des sortes de compresses en papier froissé On sent bien que l’on se trouve dans quelque chose de l’ordre de la magie, des confins de la médecine et de l’art, de la pensée sauvage enfin Mais le clou de cette exposition, assez atypique au vu des artistes minimalistes que soutient habituellement la galerie (On attend d’ailleurs en février Guillaume Moschini, dans un esprit plus coutumier aux goûts de la galeriste), c ’est une installation murale d’une rare justesse Il s ’agit de petits gestes figuraux, peints sous des petits verres, et dispersés sur deux murs perpendiculaires Les tons sont ceux de la terre nourricière et primordiale Ici encore notre capacité d’identification est mise à mal Chacun y repère ce qu’il veut y voir mais chaque petite peinture, faite d’un seul geste, n ’est pas pur automatisme for mel On y voit des for mes se profiler, certaines connues d’autres plus énigmatiques, et l’on se prête au jeu comme un enfant qui regarderait les nuages ou un spectre de Rorschach Au centre de ces petites pièces de verre peint, une combinaison en chiasme de deux Y de métal, vert sombre et rouge, comme la Nature et la chair sanguine qui la peuplent A moins qu’il ne s ’agisse d’un bâton de sourcier, oublié par quelque chaman Et c ’est peut-être la clé de cette œuvre que de faire de l’artiste un sorcier, doté du pouvoir de suggestion inouïe Douze petites aquarelles viennent compléter, dans la seconde salle cette exposition, résumant l’alphabet et le vocabulaire inhérent à cet artiste qui au fond nous parle d’Humanité

Sur la mezzanine, Pierre Manuel a invité « Venus d’ailleurs » (présent aussi à la biennale de Sudestampe), ses publications de plus en plus abouties, qu’il s ’agisse d’un recueil de dessins de Michel Cadière, de photos de M C Schrijen avec Skimao à la plume, ou des lettres de Guez-Ricord à Yves Reynier, le spécialiste du collage que l’on sait.

Jusqu’au 10 janvier, Galerie AL/MA + Espace Méridiane - 14, rue Aristide Ollivier à Montpellier. Tél. 06 63 27 15 63.

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