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Rémunération
Dans la langue française, plusieurs mots évoquent la notion de rémunération. Des mots tels: lucratif, avantageux, fructueux, intéressant, payant, profitable, rentable, profits juteux, salaire, appointements, émoluments, gages, honoraires, mensualité, paye, solde, traitement, vacation, avantages, cachet, commission, gain, jeton de présence, pourcentage, prime, rétribution, récompense, tribut, qui sont des assaisonnements renchérissant la rémunération. La rémunération peut être considérée comme un échange de biens ou de services si l’on se fie au vieil adage Le temps c’est de l’argent. Quand un travail est exécuté pour fabriquer quoi que ce soit, qu’il s’agisse d’une maison ou d’une assiette, on doit comptabiliser le temps pris pour la confection, en plus du prix des matériaux essentiels pour compléter le projet. La valeur du temps de travail doit être proportionnelle au coût de la vie, notamment du prix de la nourriture et du logement, sinon c’est le chaos économique. Ce calcul relatif, revu selon l’époque, donne un prix à tout ce qui est confectionné par le travail de l’être humain, évidemment. Et pour le quantifier, il fallait trouver une valeur représentative pour les échanges, d’où la création de ce qu’on appelle l’argent ou valeur de change relative à chaque pays. Je ne m’étalerai pas ici sur l’historique des monnaies anciennes dont j’ai donné déjà l’importance dans des articles précédents. Mais les échanges de monnaies mieux équilibrés sont apparus aux périodes grecques et romaines. Habituellement fabriquées en or, argent et cuivre, les monnaies représentaient des valeurs plus facilement identifiables au niveau commercial. L’équilibre entre la valeur du temps humain et la valeur des marchandises commençait à se préciser. Par la suite, les ordres professionnels établirent un juste prix pour les actes qui leurs étaient réclamés. Du côté des ouvriers, les syndicats ne manquèrent pas l’occasion d’entrer dans la ronde, précisions, grèves, etc. pour faire augmenter le temps salaire de la gent ouvrière.
SOUVENIR DE FAMILLE
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16 septembre 1896. Le frère de mon grand-père décide d’ouvrir une succursale à 40 miles de son commerce existant. Le Canada venait d’être créé le 1er juillet 1867, et à cet âge précoce de notre pays, l’argent ne circulait pas en grande quantité. Il fallait donc suppléer à ce manque par un système de troc ou d’échange de biens et services avec les clients. Selon nos archives familiales, chaque client avait une page consacrée. Au haut de la page, son nom apparaissait, lettré avec soins dans le style d’écriture «Palmer». Sur ces pages figuraient ligne par ligne toutes les transactions, inscrites et datées. Véritable trésor d’information sur la façon de commercer à cette époque. Contre marchandise à payer on y décèle des échanges de temps, travaux, des produits de pêche, de chasse, temps de services pour travaux, etc. Il y a aussi parfois un peu d’argent qui circule, mais très peu pour cette époque. Les marchandises achetées sont spécifiées dans les transactions. Le tabac (à priser, à fumer, à chiquer.) Pour ce dernier, comme les transactions ne se faisaient pas à la même vitesse qu’aujourd’hui, il était de mise de placer à la disposition de la clientèle un crachoir en laiton superbement bien frotté. Autres temps, autres mœurs. Dans ce commerce qu’on qualifiait de «magasin général», il y avait tout ce qui pouvait combler les besoins de l’époque. La pharmacie y était incluse (par exemple, les petites pilules Carter pour le foie.) Du berceau au tombeau sans oublier les mariages (le lit du nouveau-né, les robes de mariage et les joncs, et même la tombe du dernier repos.) Il ne manquait pas de marchandises pour satisfaire les besoins de la population locale dans ce commerce qu’on appelait à l’époque «magasin général».
«Autres temps, autres mœurs.» Je me souviens.
C ourtoisie : Philippe Bouchard