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Danser nu: payant mais à quel prix?
DANSEUSE ÉROTIQUE
PAYANT, MAIS À QUEL PRIX ?
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Ash, 32 ans est danseuse nue. Elle a commencé à exercer ce métier, synonyme d’argent facile, à l’âge de 20 ans. Ash révèle la face cachée de son travail et lève le voile sur les coûts matériels, physiques et mentaux du métier.
Basé sur l’apparence physique, ce métier coûte cher à exercer. Les danseuses déboursent beaucoup en esthétique: maquillage, produits pour les cheveux, parfum. Ces frais de bases coûtent au minimum 60$ par mois. «À ça s’ajoute le superficiel, les ongles, les faux cils et les rallonges capillaires, dont l’entretien se fait régulièrement», mentionne Ash. Elle estime dépenser environ 400$ par mois pour ce type d’artifices. Le code vestimentaire est composé de costumes et de tenues légères. Généralement fait sur mesure, un ensemble varie entre 60 et 120$. De plus, certaines danseuses vont y ajouter des accessoires: menottes, bandes de cuir et autres. Bien que chaque artiste adapte son style selon son budget, elles sont dans l’obligation de porter des souliers à plateforme. Ce type de chaussure vaut dans les 100$, et si le confort est recherché, il faut payer près de 300$. Les danseuses érotiques vendent du rêve à l’aide de leurs attributs physiques. Les chirurgies esthétiques sont donc fréquentes dans le milieu. Il y a deux ans, Ash a subi une augmentation mammaire (8 500$). Depuis, elle voit une hausse de ses revenus, soit de 500$ à 700$ par soir.
SUR PLACE
Certaines travaillent de jour, mais les soirées sont généralement plus payantes. Leur quart de travail se termine tard, soit entre minuit et 3h du matin. Ash se rend au boulot en taxi, ou encore avec un chauffeur. Dans les deux cas, le transport est à ses frais pour un total de 60$ aller-retour. Une autre option s’offre à elle, soit la location d’une chambre d’hôtel. Ces chambres sont situées à proximité du cabaret, et dans certains cas, sont réservées aux danseuses. Le prix varie entre 40 à 60$ la nuit. Autrement, chaque artiste doit payer son droit de travailler. Communément appelé service-bar, celui-ci coûte entre 20 et 60$ dépendamment de l’établissement. Aucun traitement de faveur: pourboire pour la barmaid et pourboire pour le portier s’il t’aide à gérer un client difficile. Ash en donne aussi au DJ, soit entre 10 et 20$. En échange, cela lui permet de ne pas être dérangé dans l’isoloir, mais aussi, de changer ses chansons en cas d’hésitation.
CONSOMMATION
«Rares sont les filles qui travaillent à jeun. Moi, ça me prend 3-4 shooters pour commencer mon chiffre», dit Ash. Pour une soirée, sa facture d’alcool varie entre 60 à 100$. Elle consomme aussi de la cocaïne, soit un minimum de 40$ par chiffre. «Souvent c’est offert par le client, mais tu peux pas te fier au principe de te faire payer un verre. Tu peux même pas savoir si ça va être payant ou pas, tu sais jamais pour quel montant tu rentres». Elle ajoute que même si le bar est plein, ce n’est pas nécessairement payant pour les danseuses. Effectivement, les clients ne sont pas dans l’obligation de débourser pour une danse.
SANTÉ PHYSIQUE ET MENTALE
Ash souffre d’anxiété. Elle est médicamentée, mais le mélange avec la drogue et l’alcool crée un cocktail explosif. Elle avoue manquer de patience et avoir les nerfs à vif. Afin de mieux gérer son trouble, Ash consomme régulièrement du cannabis. «La coke, je la consomme pour geler mes émotions. Je me fais toucher, je me fais manquer de respect. J’ai le goût d’en assommer des fois. Fut un temps où je le faisais à jeun, mais c’est dur d’endurer ce monde superficiel», ajoute-t-elle. Son métier l’oblige à maintenir un mode de vie éprouvant physiquement. «J’ai mal dans le corps. À 32 ans, se coucher à 4-5 heures du matin: gelée, saoule et sans avoir beaucoup mangé. Je manque de sommeil, le sommeil est dur à reprendre», confie-t-elle.
: Commons media Crédit photo
SOCIAL
Ash est consciente des impacts de son métier dans sa vie personnelle. Celle-ci affirme que sa perception de l’affection a changé: dans ma job, je me fais caresser les seins, je me fais caresser les cuisses: on dirait que je suis rendue indifférente au toucher». Bien qu’elle s’avoue chanceuse d’avoir des proches assez ouverts à ce sujet, elle admet que certains membres de sa famille ne sont pas au courant. «Je suis mère. Mon fils a vu mes talons, j’ai un poteau à la maison, mais pour lui c’est de l’art. Sauf qu’un jour, il va comprendre et ce jour-là, j’ai envie de lui dire que oui je l’ai fait, mais que je me suis amélioré. Qu’il soit conscient de ce que j’ai fait pour changer ma vie». Ash se dirige vers la massothérapie. «J’ai le goût d’aller vers un mode de vie saine. Je vais devoir travailler fort pour y arriver, mais ça va me permettre de me sentir bien dans ma peau, de transmettre au client de bonnes énergies au lieu d’être fake et de vendre quelque chose que je ne suis pas».