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DOSSIER SPECIAL

Transformer Monaco

L'indispensable métamorphose de la ville vers la modernité d'une "smart city" doit être a

DOSSIER

I

l a été beaucoup question pendant la campagne électorale de la multiplication des chantiers et de leurs nuisances. Les Monégasques ont manifesté clairement leur volonté d’un respect de leur droit à une qualité de vie et à une tranquillité indiscutablement dégradée. Plusieurs résidents étrangers se sont inquiétés d’un recul même temporaire d’une attractivité qui pourrait freiner des investisseurs. Tout cela a été pris en compte après une large consultation des Monégasques dans le programme législatif de Primo! Après sa large victoire électorale, le président du Conseil national a renouvelé sa détermination de déboucher sur un nouveau phasage, voire de retarder certains chantiers privés. Le but premier est de fluidifier une circulation devenue parfois complètement saturée, grâce notamment à la création d’une brigade de la circulation. Mais bien sûr il n’est pas question, il n’a jamais été question, de bloquer la marche en avant de Monaco, son indispensable métamorphose voulue par le Prince Souverain vers une ville plus moderne et "smart", soit intelligente. La nouvelle majorité comme les élus des oppositions vont tout faire pour accompagner cette transformation indispensable dans le sens de l’intérêt général.

L'EDITORIAL

Q

par Roberto Volponi

g Le pari domanial Bien sûr priorité sera donnée partout à la prise en compte du logement des monégasques dans le domanial. Cela a déjà été acté par le Souverain avec une surélévation des Jardins d’Apolline, porteuse de quelques 50 domaniaux supplémentaires. La soulte de l’extension en mer sera partiellement utilisée pour le domanial, même si sur ce nouveau territoire il n’y aura pas, malgré la demande du président du Conseil national, de modification en faveur d’un secteur domanial. Ce nouveau quartier livré - assure-t-on - en 2025, modifiera le bord de mer Monégasque avec sans doute une refonte totale du quartier du Larvotto. La mairie a paru séduite par la qualité d’une architecture proposant des logements hyper luxueux, d’un type inexistant actuellement sur le marché immobilier monégasque. Un petit Dubaï qui sera attractif surtout pour les résidents étrangers. Hélas, on ne pourra pas y loger les Monégasques. On peut espérer que ce chantier hors norme n’aggrave pas trop les nuisances des riverains jusqu’ en… 2025. Il faudra être vigilant. © Photo DR

par Patrice Zehr

g Les nouveaux quartiers Un nouveau quartier emblématique donc, mais pas le seul. On peut citer bien sûr le «One Monte Carlo» autour du Casino. Un nouvel Hôtel de Paris conforme à la concurrence internationale et produit d’appel - espérons-le - pour l’indispensable relance des jeux. 7 bâtiments vont se

dresser à côté, avec zone commerciale et résidence hôtelière ou appartements ayant des services hôteliers grand luxe. Testimonio II sera une place importante boulevard d’Italie, avec une tour de 20 étages pour 150 domaniaux dans un ensemble lié au Larvotto. Face au Monte-Carlo Bay, on annonce d’ailleurs une crèche, une école internationale et un parking de 900 places. A l'Ouest du nouveau, pour l'Ilot Pasteur avec sur les voies ferrées délaissées depuis 20 ans -

Un développement durable dans l’immobilier, aussi !

2

Avril 2018

© Photo DR

u'est-ce qu'une « Smart City », une « Ville Intelligente » ? Ce n’est en fait qu’une ville utilisant les nouvelles technologies de l’information et de la communication pour améliorer la qualité de vie de ses habitants. Mais, aujourd’hui, cela ne suffit plus : à la dotation d’infrastructures (son capital physique) et à la disponibilité et la qualité de la communication (son capital technologique) doit s’ajouter de surcroît la disponibilité et la qualité de l’infrastructure environnementale et surtout sociale. L’importance du capital environnemental et social fait la différence et marque ainsi la frontière entre une ville “moderne” tout court, uniquement orientée vers la technologie, et une ville vraiment “intelligente”. De là découle la nécessité - si Monaco veut devenir vraiment une « Smart City » - de prévoir aussi un développement durable pour son patrimoine immobilier. Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. C’est exactement la direction vers laquelle Monaco doit s’orienter. La nécessité incontournable d’un tel développement durable de l’immobilier - pour transformer Monaco en ville intelligente et non seulement moderne – découle de deux de ses principales spécificités : les dimensions limitées de son territoire et la présence de ses nationaux largement minoritaires dans leur propre pays. Ce qui augmente l’importance du facteur social. Le grand défi que ce pays doit affronter est de concilier l’accueil des résidents étrangers avec le logement de ses citoyens et des Enfants du pays, tout en sauvegardant son attractivité. Le manque du capital de base, soit le territoire exploitable, doit toujours être pris en compte dans tout projet immobilier futur : que ce soit une surélévation d’immeuble ou une extension en mer, il devra forcément prévoir non seulement des techniques de construction innovantes, des infrastructures appropriées, des technologies de pointe et des règles environnementales, mais aussi l’allocation d’espaces adéquats pour loger les nationaux et héberger de petits commerces, si l’on veut éviter la désertification sociale. Il est plus qu’évident que pour ce faire il faut que le gouvernement et le Conseil national travaillent ensemble et dans la même direction, avec des objectifs le plus possible partagés. Que les Monégasques et les Enfants du pays aient le droit d’être bien logés dans leur propre pays n’est pas en question. Qu’il y ait « pénurie » ou pas, n’est qu’une nuance terminologique : le problème existe quel que soit sa dimension, et les représentants des deux institutions doivent l’affronter ensemble. Certes, des interprétations totalement arbitraires de l’expression « Conseil national fort » comme étant une volonté affichée de vouloir déstabiliser les institutions – ce qui n’a jamais été l’intention de la nouvelle majorité choisie par les électeurs, bien au contraire... – n’aide pas à favoriser la politique nécessaire du « pas vers l’autre » et elles ne font qu’alimenter des suspicions injustifiées et injustifiables. Evidemment, il y aura toujours quelqu’un qui - de sa propre initiative ou sous d’autres suggestions – aura intérêt à jeter de l’huile sur le feu avant même qu'il soit allumé... Mais ce n’est - sans aucun doute – pas l’intérêt d’une ville-état qui entend devenir plus intelligente : en comptant d’abord sur ses nationaux.


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