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J Tchad (Bongor

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TCHAD BONGOR Les jeunes exercent leur droit à la parole

Mon ambition, si Dieu me prête vie, c’est d’être avocate. Cette année j’ai eu mon bac, je réussis bien dans les études. Mais comme je suis d’une famille vraiment modeste -on est au nombre de huit enfants, et je suis la benjamine- on n’a pas les moyens que je poursuive. Les femmes n’ont pas vraiment le droit de s’exprimer devant les hommes. S’il n’y a pas de dialogue, c’est toujours l’incompréhension et les conflits. Il y a aussi de petits enfants qui parfois n’ont rien à manger alors que tant de riches ne veulent pas partager. On voit aussi des filles qui font la prostitution pour avoir un peu d’argent. Je suis encore jeune et j’ai du mal à comprendre les affaires du monde. Plus tard je m’engagerai pour le droit des femmes et l’égalité. »

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Elisabeth, 18 ans

Apprendre à articuler poids des traditions et jurisprudence nouvelle, allier expression personnelle et information aux droits, réalités socio-économiques et rêves d’avenir… Depuis 2019, notre partenaire AKWADA, avec l’aide de l’Appel, a décidé d’aider les jeunes Tchadiens à prendre la parole, à se projeter vers l’avenir, à devenir acteurs de leur vie.

Une pédagogie du débat

Sous le nom de « Jeunes dans la ville, devenir citoyen », un dispositif a été mis en place qui permet à des groupes d’adolescents et de jeunes adultes de se réunir, avec un ou deux animateurs, dans différents lieux : écoles, centres socio-culturels… Autant de réunions, autant de débats qui donnent aux jeunes Tchadiens une occasion, rare dans leur quotidien, de s’exprimer et de confronter leurs idées et leurs expériences, d’identifier leurs propres valeurs, d’élaborer des pistes d’avenir. Les échanges sont soutenus par le visionnage de clips vidéo qui présentent les témoignages de 8 jeunes tchadiens, 4 filles et 4 garçons entre 17 et 22 ans choisis notamment pour la diversité de leurs situations. Chacun des clips relate les points importants de la vie présente et passée du jeune et ses perspectives d’avenir.

Toutes les questions, sans tabou

• Les relations familiales, sociales, garçons/filles. • L’école, faire des études. • Le travail et ses différentes formes, les crises économiques. • La liberté, le voyage, l’obligation de fuir, l’émigration. • L’apparence. • Les institutions, la culture, les religions, la laïcité.

Les animateurs ont bénéficié d’une formation à l’animation participative.

Leur rôle est de faire émerger le questionnement, de faire circuler la parole entre tous les participants, sans imposer leur propre point de vue, tout en complétant l’information des jeunes sur les thèmes abordés, notamment au niveau des droits et de la législation en cours.

Une diffusion nationale

Les premières séances d’animation ont eu lieu à Ndjaména et à Bongor en septembre 2019 et janvier 2020. Le programme de diffusion prévu notamment dans une dizaine de villes du sud du Tchad, a démarré en février 2020 mais a été interrompu en raison de la covid19. Seuls quatre lieux ont pu en bénéficier jusqu’à présent mais chaque fois avec plusieurs groupes de jeunes. Le rythme devrait s’accélérer en 2021. D’après AKWADA, les jeunes sont toujours au rendez-vous et parfois le dialogue intergénérationnel est ouvert quand les parents sont invités et acceptent de venir.

Anne et Hervé Vincent L’APPEL Durance

CIDE : les articles 12 et 13 garantissent à l’enfant le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question le concernant (…) Ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées par tout moyen du choix de l’enfant.

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