Catalogue 2020 - Festival Photo La Gacilly - 17e Edition VIVA LATINA !

5 I Éditos 5 - Jacques Rocher Fondateur du Festival Photo La Gacilly et Maire de La Gacilly 6 - Auguste Coudray Président du Festival Photo La Gacilly

94 – Carl de Souza 98 – Pedro Pardo 102 – Martin Bernetti

106 I Biodiversité

8 - Stéphanie Retière-secret Directrice du Festival Photo La Gacilly

108 – Greg Lecoeur

10 - Cyril Drouhet Commissaire des expositions du Festival Photo La Gacilly

132 – Concours Fisheye • Festival Photo La Gacilly

20 I Viva Latina !

146 – Festival Photo des collégiens du Morbihan

22 – Emmanuel Honorato Vázquez 30 – Sebastião Salgado

116 – Nadia Shira Cohen 124 – Emmanuel Berthier

134 – David Bart 138 – Coline Jourdan 142 – Sébastien Leban

40 – Marcos López

150 I Le Festival

48 – Luisa Dörr

152 – manifeste

56 – Cássio Vasconcellos

155 – Festival Photo La Gacilly-Baden

66 – Carolina Arantes 74 – Pablo Corral Vega 84 –Tomás Munita 92 – L’AFP et La Gacilly, un combat commun pour la Planète

156 – Remerciements 157 – PARTENAIRES 158 – Équipe

CONTENTS 5 I EDITORIALS 5 - Jacques Rocher Founder of the La Gacilly Photo Festival and Mayor of La Gacilly 7 - Auguste Coudray President of the La Gacilly Photo Festival

94 – Carl de Souza 98 – Pedro Pardo 102 – Martin Bernetti

106 I BIODIVERSITY

9 - Stéphanie Retière-secret Director of the La Gacilly Photo Festival

109 – Greg Lecoeur

15 - Cyril Drouhet Exhibition Curator at the La Gacilly Photo Festival

133 – Fisheye · La Gacilly Photo Festival Competition

20 I Viva Latina!

23 – Emmanuel Honorato Vázquez

117– Nadia Shira Cohen 125 – Emmanuel Berthier

134 – David Bart 138 – Coline Jourdan 142 – Sébastien Leban 147 – Morbihan School Photo Festival

31 – Sebastião Salgado 41 – Marcos López

150 I THE Festival

49 – Luisa Dörr

153 – Manifesto

57 – Cássio Vasconcellos

155 – La Gacilly-Baden Photo Festival

67 – Carolina Arantes 75 – Pablo Corral Vega 85 –Tomás Munita 93 – The AFP and La Gacilly, a joint fight for the Planet

156 – Acknowledgements 157 – Partners 159 – Teams

UN FESTIVAL ENGAGÉ ET FÉDÉRATEUR

A COMMITTED FESTIVAL THAT BRINGS PEOPLE TOGETHER

L’année 2020 ressemble à ces instants opportuns qui transforment un événement en commencement historique, qui produisent un avant, un après et obligent à inventer un autre modèle.

2020 appears to be one of those decisive moments that turn an event into the dawn of a new era, with a before and an after that forces us to invent new models.

Connaissant trop l’impact du Festival Photo La Gacilly sur le territoire, tant d’un point de vue de l’attractivité touristique que des retombées économiques, nous ne pouvions pas imaginer qu’il n’ait pas lieu. Je remercie sincèrement toutes les personnes, institutions et entreprises qui ont contribué à maintenir et à transformer cette nouvelle édition.

Ce que nous avons déjà construit ensemble, nous avons su en prendre soin et nous saurons encore demain le faire s’affirmer, le faire grandir. Nous en avons donné un sens.

Continuons à œuvrer pour que le Festival Photo La Gacilly et plus globalement tous les festivals bretons deviennent des festivals à mission, reconnus pour leurs engagements et leurs capacités à fédérer des publics autour d’un futur enthousiasmant.

Jacques Rocher Fondateur du Festival Photo La Gacilly et Maire de La Gacilly

The current situation has severely affected and disrupted the roll-out of the Festival.

The programme has been streamlined and the layout and design simplified and adapted to comply with the preventive measures recommended as France begins to ease its lockdown restrictions. Visitors are asked to follow a certain itinerary around the village to maximise safety and ensure peace of mind. We are calling on their sense of civic duty, and know we can count on them. Together with our visitors and with all the Festival’s public and private partners, we have had to act and react quickly to secure the success we are all striving for.

Well aware of the impact that the La Gacilly Photo Festival has on the area in terms of tourist appeal and economic benefits, cancelling the event has never been an option for us. I would sincerely like to thank all the people, institutions and companies that have helped to maintain and adapt this year’s event.

We have managed to protect everything that has been built over the years, and will continue to do so in the future, as our event continues to grow and gain new meaning.

Let’s continue to give the La Gacilly Photo Festival, and more generally all Breton festivals, a mission and ensure that they are recognised for their commitments and their capacity to bring people together to focus on an inspiring future.

Jacques Rocher Founder of the La Gacilly Photo Festival and Mayor of La Gacilly

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Les événements actuels la touchent de plein fouet et perturbent fortement sa mise en œuvre.

La programmation est allégée, la mise en scène simplifiée et adaptée aux mesures barrières de sortie de confinement. Nous demandons aux visiteurs de respecter un sens de déambulation dans le village pour plus de sécurité et de sérénité. Nous faisons appel à leur sens civique et savons que nous pouvons leur faire confiance. C’est avec eux et avec tous les partenaires publics et privés de l’association que nous souhaitons, devons agir, réagir. C’est le fondement de notre succès conjointement espéré.

In this unprecedented context, everyone at the La Gacilly Photo Festival has done their utmost to make this 17th annual event feasible from a technical, financial and public health point of view.

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Dans ce contexte très particulier, les équipes du Festival Photo La Gacilly se sont pleinement mobilisées pour étudier, jour après jour, la faisabilité technique, financière et sanitaire de cette 17e édition.

UN FESTIVAL PHOTOGRAPHIQUE À MISSION Depuis sa création en 2004, le Festival Photo La Gacilly est reconnu pour son engagement sur les grands enjeux environnementaux de nos sociétés. Média à part entière, lanceur d’alertes et révélateur de solutions, nous rappelions, lors de nos récentes conférences de presse, notre volonté d’être acteur de la transition écologique et sociétale. Jamais nous n’aurions pensé que, quelques semaines plus tard, nous nous devions d'être plus que jamais à la hauteur de nos engagements.

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Le Covid-19 nous a plongé·e·s dans l’inconnu. Il nous oblige à aller au-delà des limites pour tester le champ des possibles et imaginer les gestes protecteurs contre le retour au mode de vie effréné d’avant. Cette crise sanitaire peut se transformer en un formidable foyer d’opportunités. La sérénité, l’audace, la ténacité et le bon discernement restent les fondements du rebond à venir.

Comme chaque année, des milliers de visiteurs se rendront à La Gacilly pour découvrir les 19 galeries à ciel ouvert et plus de 600 photos grand format. Besoin de se divertir, de se distraire ?

Certes. L’envie de sortir, de se reconnecter à la nature sera si fort ! Mais ici, il se jouera cette année quelque chose d’autre que la détente ordinaire. Il en ira de nouvelles représentations, de nouvelles manières d’établir des rapports avec tout ce qui fait notre vie, à un moment où nous sentons que tout est fragile, où nous nous demandons tous ce que nous réserve le futur.

Le Festival Photo La Gacilly fait écho aux préoccupations de chacun. En prise avec son époque, il ouvre à la nuance, à la variation, à la discussion. Il se risque à offrir non pas des systèmes de pensées mais des regards, des ressentis, des interrogations, des émotions. Il se dispose et nous dispose à accueillir l’avenir en sortant de nos perceptions et modes de pensées habituelles. Ici, les œuvres exposées nous aident à inventer des sens nouveaux, pour une vie différente, à réinvestir nos relations et revisiter l’essentiel.

L’art en espace public, la photographie tout particulièrement, a la capacité de transformer les lieux et les gens où il s’exerce.

Le regard de l’artiste étonne, émerveille, embarque, interpelle, dénonce, dérange parfois… Merci à lui de nous inviter à changer le nôtre !

Notre ambition est simple : devenir un Festival photographique à mission, reconnu pour son engagement et sa capacité à fédérer les publics autour d’un futur à réenchanter.

Auguste Coudray Président du Festival Photo La Gacilly

A PHOTOGRAPHY FESTIVAL WITH A MISSION Since its inception in 2004, the La Gacilly Photo Festival has gained recognition for its commitment to the major environmental challenges facing our societies. As a highly unique medium working to raise the alarm and propose solutions, we have restated our commitment to playing a key role in the ecological and societal transition at our recent press conferences. That was just a few weeks ago and at that time, little did we know that now, more than ever, we would need to honour to those commitments.

The La Gacilly Photo Festival echoes everyone’s concerns.

Fully in tune with the times, it is open to nuance, variation and discussion. It endeavours to offer not systems of thought but visions, feelings, questions and emotions. It urges us to set aside our usual perceptions and lines of thought as we ready ourselves to embrace the future. Here, the works on show help us to invent new meaning for a different life, to rekindle our relationships and reconnect with the essential.

Art in the public space – and photography in particular – has the capacity to transform people and places. An artist’s vision astonishes, amazes, transports, challenges, decries and sometimes disturbs… We thank each of our artists for urging us to change our vision!

Our ambition is simple: to become a photography festival with a mission that is recognised for its commitment and its capacity to bring the public together around a re-enchanted future.

Auguste Coudray President of the La Gacilly Photo Festival

EDITORIALS

As in previous years, thousands of visitors will come to La Gacilly to discover our 19 open-air art galleries and more than 600 largeformat photographs. They will come for entertainment and enjoyment, but above all they will be seizing the opportunity to get out and reconnect with nature. However, this year, it will be no ordinary day out. We will offer new representations, new ways of relating to the elements that are part and parcel of our lives at a time when everything feels fragile, wondering what the future holds.

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COVID-19 has hurled us into the unknown. It is forcing us to push beyond boundaries to test the range of possibilities and envisage protective barriers that will safeguard us against a return to our former frenzied lifestyle. This health crisis could offer us a vast cluster of opportunities. The coming recovery will depend on our composure, boldness, determination and good judgement.

ÊTRE VIVANT

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Depuis l'ancêtre unicellulaire, étincelle à jamais mystérieuse, s’est déployée une arborescence de formes de vies végétales, fongiques et animales dont l'énergie vitale et la créativité ont mené à une variété de créatures au-delà de l’imaginable.

Nous vivons dans un contexte global d’effondrement du vivant, de dérèglement climatique et de crises sociétales.

Anthropocène ou capitalocène, qu’importe le terme, nos modèles de production et de consommation sont pointés du doigt. Il nous faut (ré)agir et (re)penser nos relations aux mondes ; faire partie de ce tout, en tant qu’individu, communauté ou société, nous oblige.

La Terre est cette colocation où chaque forme de vie est liée, interdépendante, agissante et sensible. Au fil du temps le festival a développé une sensibilité et une esthétique ; il interagit avec d’autres acteurs sur un territoire dans un esprit de coopération. Par exemple depuis de nombreuses années au sein du Collectif des festivals engagés pour le développement durable et solidaire en Bretagne et aujourd’hui avec Art Contemporain en Bretagne, Green Morbihan et 1% pour la Planète. Appartenant à la communauté photographique, l’association s’inscrit dans cet écosystème riche de rencontres, d’échange et de partage. D’abord avec les photographes mais aussi avec tous ceux qui œuvrent pour la promotion ou la réalisation de cet art : sociétés d’auteurs, galeries et agences, laboratoires, festivals et institutions, éditeurs et médias, passionnés et collectionneurs…

La photographie a elle aussi sa biodiversité, et elle aussi est menacée par de multiples dangers. Ne nous trompons pas en opposant nos altérités. Le Festival Photo La Gacilly est cette espèce qui vit pour et par la photographie mais dont l’objet a toujours été de favoriser et de promouvoir la connaissance de la nature et de nos sociétés. Festival photographique à mission, nous nous engageons pour la photographie mais également pour l’Environnement et la Culture pour tous. Dix-sept ans après sa première édition, l’association du Festival Photo La Gacilly est bien vivante.

Vivante de curiosité et d’enthousiasme pour aller à la rencontre de l’inconnu et de l’ailleurs photographique.

Vivante parce qu’aimante et accueillante d’un public fidèle et renouvelé chaque été. Vivante car rayonnante et entreprenante grâce au soutien de ses mécènes et partenaires.

Un être vivant et agissant.

Un festival engagé et engageant.

Stéphanie Retière-Secret Directrice du Festival Photo La Gacilly

ALIVE

Photography has its own biodiversity, which is also exposed to multiple threats. We must not let our differences divide us.

The La Gacilly Photo Festival is a species that lives for and through photography, but whose aim has always been to encourage and promote knowledge of nature and societies.

Our photography festival has a mission and we are committed not only to photography but to the Environment and Culture for all. Seventeen years after our first event, the La Gacilly Photo Festival association is still very much alive.

Alive with curiosity and enthusiasm to explore uncharted and unfamiliar photography. Alive and happy to welcome all our loyal and new visitors each summer. And alive because it is flourishing and enterprising, thanks to the support of our benefactors and partners.

A living and active entity.

A committed and captivating festival.

Stéphanie Retière-Secret Director of the La Gacilly Photo Festival

EDITORIALS

The Earth is the home we share, where every life form is linked, interdependent, active and sensitive. Over the years, the festival has forged its own sensitivity and aesthetic, interacting and cooperating with other organisations for the benefit of the region. Examples include working with the Collectif des Festivals association, which is committed to sustainable and inclusive development in Brittany, for a numberof years and, more recently, with Art Contemporain en Bretagne, Green Morbihan and 1% for the Planet. As part of the photographic community, our association contributes to this vibrant ecosystem of meetings, discussions and exchange. With photographers first and foremost, but also with all those who work to promote or produce this art: authors’ societies, galleries and agencies, laboratories, festivals and institutions, editors and the media, enthusiasts and collectors… the list goes on.

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From our eternally mysterious single-celled ancestor, a whole web of plant, fungal and animal life forms has developed, whose vital energy and creativity have resulted in a variety of creatures that surpass the realms of the imagination. We live in a global context of climate change, social crisis and a living world in decline. Anthropocene or capitalocene: regardless of the name we give the era, our production and consumption models are being decried. We need to (re-)act and (re-)think our relationships with our worlds; we have no choice if we are to remain part of this whole, as individuals, communities and societies.

À L’AUBE D’UNE ÈRE NOUVELLE « L’espoir des hommes, c’est leur raison de vivre. » André Malraux La crise sanitaire que traverse le monde s’est brutalement et tristement invitée dans le bon déroulement de notre Festival.

Un scénario que nul n’aurait pu prévoir. En janvier dernier, un vent mauvais s’est levé en Chine. Il a déferlé sur Milan, Madrid, Londres, Paris, New York, enfermant l’Asie puis la Vieille Europe, enfin la planète entière dans des heures grises, des heures d’angoisse et des heures de chagrin.

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Le temps s’est suspendu, mettant à l’arrêt des pays entiers, réduits à l’immobilisme par un ennemi invisible. Entre quatre murs, nous nous sommes contraints à une vie de réclusion que nous n’avions jamais connue. Des vies se sont brisées et il nous a fallu réapprendre la sagesse, l’humilité, la confiance, toujours garder espoir. Penchés à leur balcon, les citadins ont contemplé sans y croire des rues désertées, tandis que, dans les campagnes, on redécouvrait les ferments de beauté de notre nature.

Jamais, au cours de ces heures sombres, nous n’avons pensé que notre Festival serait annulé. Certes, comme une épée de Damoclès, se profilait la crainte de voir le confinement se prolonger. Certes, nous comprenions, au fur et à mesure que les jours s’égrenaient, qu’il nous faudrait, sinon réviser nos ambitions, au moins repenser notre programmation.

Le 13 avril dernier, le président Emmanuel Macron a tranché : pas de grande manifestation culturelle en France jusqu’à la mi-juillet. Tombé de rideau pour le Festival d’Avignon, pour celui d’art lyrique d’Aix-en-Provence, pour les Eurockéennes de Belfort, les Francofolies de La Rochelle, Jazz à Vienne… ou les Vieilles Charrues en Bretagne. Nous pensons à eux en écrivant ces lignes pour leur tristesse de voir anéanti le travail d’une année, pour tous ces artistes qui, au cours de l’été, devaient apporter leur talent, leur fougue, leur créativité au service de la collectivité.

Notre énergie est intacte, et nous avons voulu maintenir, dans une foi redoublée, le Festival Photo La Gacilly.

Au nom des photographes qui nous ont fait confiance, au nom de notre public, fidèle, qui a besoin plus que jamais de cette ode photographique à la nature, au nom de notre village qui continuera de voir ses jardins, ses rues commerçantes, ses venelles s’animer à la vie, au nom de tous nos partenaires, publics et privés, qui n’ont pas renoncé, malgré les difficultés, à nous accompagner.

Notre édition 2020 souhaitait faire la part belle au retour de la biodiversité. À la mi-juin devait se tenir à Marseille le congrès mondial de l’Union internationale pour

« L’essentiel est invisible pour les yeux », disait le Petit Prince de Saint-Exupéry. Mais il se tient dans le regard. Dans le regard de tous ces artistes qui nous racontent à leur manière cette société emportée dans le tourbillon de la modernité.

UNE AMÉRIQUE LATINE PHOTOGRAPHIQUEMENT ENGAGÉE Le monde associatif, les belles énergies citoyennes, les entreprises, les états se mobilisent pour notre biodiversité.

Le Festival Photo La Gacilly aussi. En gardant les yeux ouverts sur le monde, en semant des images d’espoir, en nous émerveillant du miracle de la nature, en nous questionnant sur notre quête parfois irréfléchie du progrès, en invitant surtout dans notre village du Morbihan des photographes qui tous ont en commun d’explorer le monde en marche.

Ce n’est donc pas sans raison que nous avons souhaité braquer nos projecteurs sur la photographie d’Amérique latine.

D’abord, parce que les méga-feux qui ont embrasé ces derniers mois les forêts amazoniennes, « le poumon de la planète », nous ont émus. Provoqués par l’action humaine, amplifiés par le dérèglement climatique, ils nous rappellent que si nous savons détruire la nature, nous ne la maîtrisons pas pour autant.

Dans le même temps, tout un continent sombrait dans le chaos, comme si une malédiction s’était propagée depuis les plaines

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Reste qu’en 2004, quand il s’éveilla sur ses terres de La Gacilly, notre Festival se voulait d’abord le réceptacle de la beauté du monde et des dangers qui le guettaient.

Les années se sont écoulées, des nuages toujours plus menaçants se sont accumulés et les artistes photographes que nous avons accueillis sont devenus désormais de véritables lanceurs d’alerte, témoins empathiques ou révoltés d’un monde qui ne tourne plus rond. Aujourd’hui, notre engagement citoyen et artistique est total, et nous conforte dans cette mission que nous nous sommes donnés, celle de reconnecter l’individu avec le monde du vivant. Un doux rêve ? Il n’en est rien.

Chaque année, un large public, qui se presse dans nos galeries végétales pour admirer les œuvres des plus belles signatures de la photographie internationale, nous porte et nous oblige.

La Gacilly, l’espace d’un été, se mue en un village global, ouvrant des brèches, apportant, images à l’appui, sinon des solutions, au moins des réflexions.

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la conservation de la nature (UICN), et, en octobre prochain à Kunming, en Chine, la COP 15 sur la diversité biologique.

La pandémie qui continue de sévir a bouleversé le calendrier et ces deux événements majeurs pour la sauvegarde de nos écosystèmes ont été repoussés à 2021. Nous nous sommes donc adaptés à cette situation nouvelle pour reporter certaines expositions qui nous semblaient, malheureusement, en décalage avec cet état de fait.

de Patagonie jusqu’aux plus hauts sommets des Andes : en Bolivie, au Venezuela, au Chili ou en Argentine, l’heure du dégagisme politique a sonné, point d’orgue d’une grave crise économique et sociale.

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Comme souvent, les artistes demeurent les porte-paroles des soubresauts du monde. Difficile certes de définir en quelques expositions toutes les subtilités d’un continent aussi vaste que l’Amérique latine. Pour cette 17e édition du Festival Photo La Gacilly, joyeusement intitulée « Viva Latina ! », nous mettons en lumière une photographie fortement imprégnée par la complexité de son histoire, traversée de révolutions et d’espoirs, par l’enchevêtrement de ses coutumes, entre rêve occidental et croyances chamaniques, par la fougue de sa société, empreinte de violence et d’une formidable envie de vivre. Tous ces photographes que nous avons choisis, qu’ils viennent du Brésil, d’Équateur, du Chili, du Mexique, ou d’Argentine, s’enracinent dans le quotidien, montrent la diversité d’un peuple, explorent le chaos urbain, dénoncent une nature mise à mal, sans être pour autant dénués de poésie, d’inventivité ou d’humour. Ils sont avant tout l’expression d’un art photographique regorgeant d’énergie et de créativité.

Créatif et résolument moderne, c'est le plus bel hommage que l’on pourrait adresser à Emmanuel Honorato Vázquez.

Les clichés de cet artiste équatorien, mort prématurément et issu d’un milieu aisé, ont été réalisés alors que la photographie en était encore à ses balbutiements. Dans les années 1920, il a immortalisé une société marquée par les inégalités, où les indiens d’Amazonie côtoyaient des paysans miséreux et une bourgeoisie aisée. Des photos d’une qualité exceptionnelle, longtemps oubliées, et exposées pour la première fois en Europe. Dans l’histoire de la photographie sud-américaine, impossible d’occulter celui qui a donné à cet art ses plus beaux titres de noblesse : avec des œuvres comme Genesis, Exodes ou La Main de l’Homme, Sebastião Salgado a construit, année après année, un incroyable témoignage de notre société en mouvement, d’un monde à la dérive qui a détruit ce lien avec la nature. En 1986, il avait passé 35 jours dans la mine d’or de Serra Pelada au Brésil, à photographier ces milliers d’hommes fouillant la terre dans des conditions épouvantables. Plus de 30 ans plus tard, il a revisité ce travail et nous livre pour l’Histoire des images hypnotiques.

Raconter aussi l’hypertrophie de nos sociétés.

Avec une esthétique proche de celle du pop art, les photographies de Marcos López, prises dans les villes et la province argentines, mettent en garde contre le processus de dégradation des cultureslocales causé par la mondialisation.

Le regard est caustique, humoristique, provocateur.

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Bien entendu, la conscience environnementale reste au cœur de nos préoccupations. L’Amérique latine est forte de ses coutumes dans un espace géographique marqué par cette cordillère des Andes qui s’envole vers le ciel depuis la Patagonie jusqu’aux Caraïbes : le photographe Pablo Corral Vega a merveilleusement décrit cet espace naturel qui relie les pays et les cultures. Des images d’une grande poésie accompagnées par des textes oniriques du Prix Nobel de littérature, Mario Vargas Llosa, que nous aurons le plaisir de vous dévoiler. Tout au sud du continent, non loin de la mythique Terre de Feu, Tomás Munita, a suivi le quotidien des gauchos, les cow-boys du Chili, dans une aventure digne d’un roman, captant toute la sauvagerie d’une nature indomptée. Carolina Arantes, quant à elle, s’est rendue, l’été 2019, dans la région d’Altamira, l’épicentre de tous ces feux qui ont ravagé la forêt amazonienne. Force est de constater, au vu de ce témoignage photographique, que les défenseurs de l’environnement sont en train de perdre leur combat face aux partisans de la déforestation qu’encourage le président brésilien, Jair Bolsonaro. Le travail des photojournalistes, qui nous montrent une réalité souvent crue, mais pleine d’humanisme, nous l’avons toujours défendu à La Gacilly.

C’est pourquoi, nous sommes fiers d’engager cette année avec l’Agence France-Presse un premier partenariat en donnant la parole en images à trois de leurs photographes en Amérique latine : au Brésil précisément, Carl de Souza a suivi ces indiens d’Amazonie qui refusent de perdre leurs terres et leur âme, en engageant une lutte sans merci contre le pouvoir central ; Pedro Pardo, lui, a posé son objectif sur la violence inhérente à cette société mexicaine gangrenée par les cartels de la drogue, traversée par des cohortes de migrants, et où les villageois ont choisi de prendre les armes pour protéger leurs cultures.

Martin Bernetti, enfin, s’emploie à montrer que l’on peut refuser la fatalité et la spirale du déclin : le Chili, longtemps défiguré par son industrie minière et la pollution, s’est engagé à devenir le nouvel Eldorado des énergies vertes.

Place à la renaissance !

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Tout comme celui, à sa façon, du plasticien brésilien Cássio Vasconcellos : on est pris de vertige en contemplant les images de sa série Collectives, où l’Homme s’est perdu dans une civilisation de la voiture et des transports.

Une vision apocalyptique qu’il oppose volontairement, dans un style diamétralement opposé, à celle idéalisée des forêts d’Amazonie, comme des images d’une autre époque aujourd’hui révolue. Quant à la jeune espoir de la photographie brésilienne, Luisa Dörr, elle a réussi le tour de force, par la dignité de ses portraits, de réaliser un audacieux panorama de la condition de la femme en Amérique latine, où leur émancipation se heurte au poids des traditions.

PRÉSERVER LE VIVANT Observer, contempler, respecter cette nature qui nous donne la vie. C’est la mission que s’est toujours donné notre Festival.

Cet engagement, nous le partagerons cette année avec des photographes qui ont le souci de cette écologie du sensible.

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Pour le français Greg Lecoeur, s’il existe encore un monde à sauver, c’est bien celui des espèces sous-marines : depuis une dizaine d’années, il s’est imposé dans cette spécialité en photographiant au plus près la ronde silencieuse des baleines australes, des léopards des mers, ou des créatures peuplant ce monde inexploré des abysses. Dans la course à la surexploitation des sols, nous présenterons pour la première fois le travail au long cours de la photographe américaine Nadia Shira Cohen, lauréate 2019 du Prix Photo Fondation Yves Rocher en partenariat avec Visa pour l’Image : au Mexique, elle s’est penchée sur deux communautés du Yucatán que tout oppose. Quand les apiculteurs mayas prônent le respect des traditions, les familles mennonites utilisent les OGM pour accroître leurs productions agricoles, modifiant à jamais les paysages ruraux.

Refuser la destruction du vivant, recréer un tissu végétal, agir pour la vie, notre Festival s’y emploie aussi en soutenant les photographes qui partagent nos combats. Emmanuel Berthier a sillonné plusieurs mois durant le Morbihan, avec le soutien du Conseil départemental, pour observer une nature sanctuarisée dans les cinq réserves naturelles du département.

Enfin, nous poursuivons, pour la 5e année consécutive avec Fisheye, notre volonté de mettre en lumière les nouveaux talents de demain – David Bart, Coline Jourdan et Sébastien Leban – et en reconduisant notre Festival Photo des collégiens du Morbihan, placé cette année sous le signe de la diversité.

Avec le confinement imposé par la pandémie de Covid-19, la nature, elle, en a ironiquement tiré profit. L’activité économique se retrouvant au ralenti, les émissions de polluants issues du trafic routier et des industries ont chuté de façon vertigineuse. Notre planète a sombré dans le monde du silence.

Nous sortirons ébranlés de cette crise. Il nous faudra réapprendre à vivre mais à vivre différemment. De quoi sera fait le jour d’après ? Il serait inopportun, irréaliste, inconvenant de reprendre comme avant le cours de nos existences.

Plus que jamais, nous serons amenés à nous questionner sur quelle planète et quelle vie nous voulons laisser à nos enfants.

Faire preuve d’humanité, voilà ce qui est de nous requis, voilà ce qui nous sauvera, voilà ce que notre Festival veut insuffler.

Cyril Drouhet Commissaire des expositions du Festival Photo La Gacilly

THE DAWN OF A NEW ERA “Man’s hope is his reason to live” André Malraux Sadly, the worldwide health crisis has brutally disrupted our Festival.

No one could have foreseen these events. Last January, an ill wind blew through China. It then swept across the world to Milan, Madrid, London, Paris and New York, locking down Asia then Europe and finally the entire planet, bringing anguish and pain in its gloomy wake.

Our energy remains unmarred and we are doubly keen to maintain the La Gacilly Photo Festival. For the photographers who place their trust in us, for the loyal visitors who need this photographic ode to nature now more than ever, for our village which hopes to see its gardens, shopping streets and alleys teeming with life, and for our public and private partners who, despite the difficulties, have never failed to support us.

Our 2020 Festival was designed to celebrate biodiversity.

The International Union for Conservation of Nature’s (IUCN) World Conservation Congress should have been held in Marseille in mid-June, followed by the COP15 of the UN Convention on Biological Diversity in Kunming, China in October. But in light of the ongoing pandemic, the calendar has now been torn up and both of these landmark events for the protection of our ecosystems have been postponed until 2021. We have therefore adapted to these circumstances and postponed certain exhibitions that, unfortunately, were out of synch with the current context.

EDITORIALS

Not once, even during the darkest hours, did we think about cancelling our Festival. Of course, the risk of the lockdown being extended hung over us like the sword of Damocles. And we understood, as the days went by, that we would need to rethink our programme at the very least, if not review our ambitions entirely. On 13th April, French President Emmanuel Macron announced that there would be no large cultural events until midJuly. That brought the curtain down on the Festival d’Avignon, the international Aix-en-Provence opera festival, the Eurockéennes in Belfort, the Francofolies in La Rochelle, Jazz à Vienne, and the Vieilles Charrues music festival here in Brittany. Our thoughts go out to them, well aware of their sadness at seeing a year’s work go to waste, and to all the artists who should have been dazzling us with their talent, passion and creativity all summer long.

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Time was suspended as whole countries came to a standstill, forced into a deadlock by an invisible enemy. We were forced into confinement, to remain within our four walls in an unaccustomed life of seclusion. As lives were broken, we were compelled to rediscover wisdom, humility, trust and unwavering hope. Citydwellers came out onto their balconies and looked down unbelievingly on the deserted streets, while in the countryside, we rediscovered the inspiring beauty of the natural world.

The fact remains that in 2004, when the Festival first emerged at La Gacilly, it was initially intended as somewhere to showcase the beauty of the world and the dangers that threatened it.

Over the years, the dark clouds have continued to gather and the photographic artists we welcome have become real whistleblowers, the empathetic or outraged witnesses of a world where something is clearly amiss. Today, our socially responsible and artistic commitment remains absolute, and confirms the mission we have set ourselves: to reconnect people with the living world. An idle dream? Not at all! Every year, thousands of visitors flock to our garden galleries to admire the works of some of the biggest names on the international photography scene.

We have a duty to them, and they are what motivates us.

Over the summer months, La Gacilly becomes a global village, harting new paths and providing if not solutions, at least some insights, with images as prompts.

EDITORIALS

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“What is essential is invisible to our eyes,” said Saint-Exupéry’s Little Prince. But it’s there, in the eye as it were. In the eye of all these artists who depict society caught up in the maelstrom of modernity in their own unique ways.

PHOTOGRAPHY AND ACTIVISM IN LATIN AMERICA Associations, together with the powerful energies of citizens, companies and governments, are taking action in favour of biodiversity. And the La Gacilly Photo Festival is doing the same by keeping an eye open on the world, sowing images of hope, marvelling at the miracle of nature, questioning our sometimes thoughtless quest for progress, and inviting photographers to our Breton village, all of whom explore the changing world, taking a creative, artistic or documentary approach. There are several good reasons why we wanted to train the spotlight on Latin American photography. Firstly, because we have been moved by the huge fires that have blazed through the Amazon rainforest, ‘the lungs of the planet’, in recent months. Caused by human action and amplified by climate change, they serve as a reminder that although we are perfectly capable of destroying nature, we cannot control it.

Simultaneously, the entire continent has been sinking into chaos, as if a curse had spread from the plains of Patagonia to the highest peaks of the Andes: in Bolivia, Venezuela, Chile and Argentina, the time had come for a political clear-out, culminating in a serious economic and social crisis.

As is often the case, artists are the witnesses of the world’s upheavals. Of course, it is difficult to define all the intricacies of a continent as vast as Latin America in a handful of exhibitions.

For this 17th La Gacilly Photo Festival, joyfully entitled ‘Viva Latina!’, we wanted to showcase a form of photography that is strongly imbued with the complexity of this continent’s history and all its

Depicting the hypertrophy of our societies is also key.

The aesthetic of Marcos López’s photographs is reminiscent of pop art. His images, captured in Argentinian cities and provinces, warn against the degradation of local cultures triggered by globalisation. His vision is caustic, humorous and provocative.

As is that of Brazilian visual artist Cássio Vasconcellos. We feel dizzy as we contemplate the images in his series Collectives, where Man is lost in a civilization of cars and transportation.

His is an apocalyptic vision deliberately and diametrically opposed to an idealised view of the Amazon rainforest, as if they were images from a now-forsaken era. In a series of graceful portraits, Luisa Dörr, the rising star of Brazilian photography, has produced a bold overview of the condition of women in Latin America, where their emancipation clashes with the demands of tradition.

Of course, environmental awareness remains our core concern.

Latin America upholds some strong traditions in a geographical area marked by the Andean Cordillera, which soar from Patagonia to the Caribbean. Photographer Pablo Corral Vega wonderfully depicts this natural space that connects countries and cultures.

We are delighted to be unveiling some highly poetic images accompanied by poetic texts from Literary Nobel Prize winner

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Creative and resolutely modern: this is the greatest tribute that could be paid to Emmanuel Honorato Vázquez. The snapshots of this Ecuadorian artist, who came from a wealthy background and died far too young, were produced at a time when photography was still in its infancy. In the 1920s, he immortalised a society marked by inequality, where indigenous Amazon populations co-existed alongside povertystricken peasants and a wealthy bourgeoisie. His photographs are of exceptional quality but have long been forgotten: this is the first time they are being shown in Europe. In the history of South American photography, we simply cannot overlook the photographer who was instrumental in giving this art form its credentials: with works such as Genesis, Exodus or The Hand of Man, Sebastião Salgado has gradually established an incredible testimony of our changing society, of a world adrift that has lost its bond with nature. In 1986, he spent 35 days in the Serra Pelada gold mine in Brazil, photographing thousands of men rummaging around the earth in appalling conditions. More than 30 years later, he has returned to this work and unveiled some hypnotic images for posterity.

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revolutions and hopes, with its tangle of customs where dreams of the West merge with shamanistic beliefs, and where the fervour of its society is marked by violence and a powerful zest for life.

Whether hailing from Brazil, Ecuador, Chile, Mexico or Argentina, all the photographers in our selection are firmly rooted in the everyday, capture the diversity of the continent’s people, explore the urban chaos and decry the damage that is being inflicted on nature, all with a certain sense of poetry, creativity or humour. Above all, they represent a photographic art that is brimming with energy and inventiveness.

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Mario Vargas Llosa. At the very south of the continent, not far from the legendary Tierra del Fuego, Tomás Munita followed the lives of the gaucho cowboys in Chile in an adventure worthy of a novel, capturing the brutality of the untamed wilderness. Carolina Arantes travelled to the Altamira region, the epicentre of the fires that ravaged the Amazon rainforest, in summer 2019. Her photographic testimony clearly shows that environmentalists there are losing their battle against the proponents of deforestation encouraged

by Brazilian President Jair Bolsonaro. At La Gacilly, we have always defended the work of photojournalists who share a view of reality that is often crude, but always full of humanity. This is why we are proud to announce our first partnership with Agence France-Presse, giving three of their photographers in Latin America the chance to express themselves through images. In Brazil, Carl de Souza followed the indigenous Amazon populations who refuse to give up their land and their souls, engaged in a merciless struggle against the government. Meanwhile, Pedro Pardo focused on the violence inherent to a Mexican society that is blighted by drug cartels, crossed by cohorts of migrants, and where villagers have taken up arms to protect their crops. And finally, Martin Bernetti strives to demonstrate that there is an alternative to fatalism and the spiral of decline, using Chile as an example which, long disfigured by its mining industry and pollution, is now committed to becoming the new Eldorado of green energy.

The time for a renaissance has come.

PROTECTING THE LIVING WORLD Observing, contemplating and respecting the natural world that underpins all life. This has always been the festival’s calling.

This year, we are joined in our commitment by photographers who share this ecological sensitivity.

For French photographer Greg Lecoeur, if there is one world we can save, it’s that of underwater species. Over the last ten years or so, he has affirmed his position as a specialist in this field, getting up close to capture the silent dance of southern right whales, leopard seals and other creatures that inhabit the unexplored depths of the abyss. The race to over-exploit land rages on, we are presenting for the first time the long-term project of American photographer Nadia Shira Cohen, winner of the 2019 Yves Rocher Foundation Photo Award in partnership with Visa pour l’Image, who looked at two communities in Yucatán, Mexico that are poles apart. While Mayan bee-keepers advocate respect for tradition, Mennonite families use GMO crops to increase their agricultural yields, changing rural landscapes forever in the process.

However, our production policy goes even further to encourage photographic creation: Emmanuel Berthier spent several months travelling around Morbihan in Brittany backed by the Departmental Council, observing the wildlife that is protected in the five nature reserves there.

Finally, for the 5th year running, we have joined up with Fisheye to showcase tomorrow’s young talent – David Bart, Coline Jourdan and Sébastien Leban – and we are once again running our Photo Festival for local secondary schools, this year on the theme of diversity.

Ironically, nature has benefited from the lockdown imposed by the COVID-19 pandemic. With a slowdown in economic activity, industrial and road transport emissions have plummeted.

Our planet has fallen into silence. We will not come out of this crisis unscathed. We will need to learn how to live again, and to live differently. What will tomorrow look like? It would be ill-advised and untenable – quite simply wrong – to go back to the routine of our old lives. More than ever, we will be forced to ask ourselves what planet and what life we want to leave behind for our children.

Demonstrating humanity is what is required of us. That is what will save us, and that is what our Festival wants to convey.

EDITORIALS

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Cyril Drouhet Exhibition Curator at the La Gacilly Photo Festival

Équateur 1893-1924

L’œil oublié des années 20

© Emmanuel Honorato Vázquez

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« Un artiste, à la fois artificier et artisan.

Un homme aux multiples facettes : polémiste, poète, peintre, illustrateur, photographe, tour à tour mécanicien, topographe ingénieur mais surtout portraitiste original des jeunes filles en fleurs et des paysages automnaux… » C’est ainsi que nous est décrit Emmanuel Honorato Vázquez, dans un ouvrage consacré à la poésie équatorienne.

Un texte qui est l’un des rares documents disposant d’éléments biographiques sur cet homme à la personnalité et aux talents vraisemblablement exceptionnels. Mais qui aura raté, comme tant d’autres avant lui, la marche de l’Histoire. Avant que celle-ci ne le rattrape, comme souvent, par un jeu du hasard.

Car s’il est aujourd’hui l’un des photographes équatoriens les plus importants de l’histoire de son pays, son œuvre n’a pourtant pas été exhumée avant les années 2010. De sa mort prématurée, en 1924 à l’âge de 31 ans, jusqu’à la parution d’un livre rassemblant ses images en 2018, son travail n’avait jamais reçu la lumière qu’il méritait.

Rebelle iconoclaste et anticlérical, bohême dans son mode de vie mais issu d’une famille aisée, épicurien, écrivain et photographe résolument moderne, Emmanuel Honorato Vázquez a marqué, sans le savoir, l’histoire de l’Équateur.

Et c’est uniquement grâce au travail acharné d’un archiviste, Patricio Tipán Lucero, et au concours du gouvernement

de la municipalité de Quito que le monde a pu découvrir ce qui constitue l’œuvre d’un des photographes les plus prolifiques de l’Amérique latine.

Dès sa prime jeunesse, il utilisa un appareil pour immortaliser des scènes de famille : des promenades, des vacances dans la campagne et des douzaines de photographies semblables à des tableaux, croquant le portrait de ses contemporains. Il illustra aussi la vie quotidienne de la société dans laquelle il vivait : la haute bourgeoisie comme les milieux ruraux ou les populations indigènes ; les processions religieuses comme les parades militaires ou les saisons des récoltes. « La plus grande qualité du travail d’Honorato est sans aucun doute la profondeur de ses portraits, sa capacité à pénétrer la vie de ses modèles », écrivait d’ailleurs, au moment de la publication de l’ouvrage, Pablo Corral Vega, dont le travail est également exposé cette année à La Gacilly. Pour la première fois en Europe, nous vous offrons de découvrir la force créatrice de cet immense artiste sur cette période historique au cours de laquelle l’Amérique latine s’éveille doucement au tourbillon de la modernité. Il nous montre une société stratifiée, complexe et profondément inégale, mais riche en traditions, en coutumes et en célébrations rituelles… dont certaines n’ont pas su résister à l’épreuve du temps.

Ecuador 1893-1924

“An artist who was both a conjurer and a craftsman. A man of many talents: a polemicist, poet, painter, illustrator and photographer, but also a mechanic, surveying engineer and, above all, an original portraitist specialised in blossoming young girls and autumnal landscapes.” This is how Emmanuel Honorato Vázquez, is described in a work devoted to Ecuadoran poetry.

This text is one of the rare documents providing biographic information about this photographer, who clearly had an exceptional personality and extraordinary talent. However, like many others before him, he never really achieved the recognition he deserved until recently. And quite by chance, as is often the case!

For while he is now one of the most significant photographers in the history of Ecuador, his work was not resurrected until the 2010s. From his early death at the age of 31 in 1924 to the publication of a book of his images in 2018, his work never received the acclaim it deserved.

Emmanuel Honorato Vázquez, came from a wealthy family but was a rebellious, anticlerical iconoclast, a bohemian and epicurean. He was a resolutely modern writer and photographer who unknowingly marked the history of Ecuador. Thanks to the unrelenting work of archivist Patricio Tipán Lucero and the support of Quito municipal council, the world is now able to discover the work of one of Latin America’s most prolific photographers.

From a very young age, Vázquez, used a camera to capture family life: walks, holidays in the country, and dozens of photographs that are like paintings and portraits of his contemporaries. He also llustrated daily life in society as he knew it, from the upper bourgeoisie to the rural populations and the native tribes, covering religious processions, military parades and seasonal harvests.

“The greatest quality of Honorato’s work is undoubtedly the depth of his portraits, his ability to comprehend the lives of his models,” wrote Pablo Corral Vega at the time of the book’s publication. Vega’s work is also on show at La Gacilly this year.

For the very first time in Europe, we are offering you the opportunity to discover the creative force of this great artist, expressed at a time when Latin America was slowly awakening to the maelstrom of modernity.

He shows us a stratified, complex and profoundly unequal society that is nonetheless rich in traditions, customs and ritual celebrations, some of which have not stood the test of time.

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The forgotten photographer of the 1920s

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25 María Vázquez Espinosa, sœur de l’artiste, au bord du fleuve Tomebamba, à Cuenca.

María Vázquez Espinosa, the artist’s sister, on the banks of the Tomebamba River in Cuenca.

Danse du foulard dans la demeure de l’artiste.

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Dancing with scarves in the artist’s home.

27 Indien d’Amazonie Êquatorienne.

A Native Amazonian Ecuadorian.

28 Officiers du bataillon militaire Abd贸n Calder贸n.

Officers from the Abd贸n Calder贸n military battalion.

29 Photo publicitaire pour la vente de phonographes.

Advertising photograph promoting phonographs.

Brésil Né en 1944

Gold

© Sebastião Salgado

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« La première fois que je vis la mine de Serra Pelada, je restai sans voix. Devant moi s’ouvrait une immense fosse de presque deux cents mètres de diamètre pour une profondeur identique, où grouillaient des dizaines de milliers d’hommes à peine vêtus, dont la moitié montait de lourds sacs de terre sur de fragiles échelles en bois, les autres dévalant les pentes boueuses pour rejoindre le gouffre. Ils cherchaient de l’or. » Un spectacle dantesque que Sebastião Salgado découvre en septembre 1986. Le photographe brésilien, de 44 ans, a obtenu l’autorisation de pénétrer dans cet enfer à ciel ouvert, au cœur de l’État du Pará, que le pouvoir en place lui refusait jusqu’alors. Réfugié politique en France, militant pour la démocratie, il lui aura fallu attendre la fin de la dictature militaire pour accéder de nouveau à son pays natal. « Je m’étais organisé pour vivre avec les mineurs le temps qu’il fallait. J’y suis resté 35 jours, à dormir sous une bâche en plein air, dans un hamac, avec des vivres et de l’eau que j’avais rapportés de la ville. » Salgado photographie sans relâche, en noir et blanc comme toujours. Les conditions sont terribles, les accidents quotidiens, mais il en ressort des images d’une effrayante beauté, celles de ces colonnes de fourmis humaines fouillant la terre à la découverte d’un filon, de ces amas de corps et de matière, ou encore des regards fous de ces malheureux, les pieds nus dans des ruisseaux d’immondices et de mercure.

Sebastião Salgado a connu tous les honneurs, remporté les prix les plus prestigieux de la profession (Oskar Barnack, Royal Photographic Society…), son œuvre est exposée dans les plus grands musées du monde, et il siège depuis 2016 à l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut de France. Aujourd’hui son actualité tient dans ce superbe travail sobrement intitulé Gold (avec un livre publié en 2019 aux éditions Taschen) qui réunit les clichés obsédants, hypnotiques, d’une iconographie quasi religieuse, de cette mine d’or, désormais fermée.

Pourquoi avoir exhumé ce reportage ? « Je travaillais à l’époque sur La Main de l’Homme, une grande fresque sur la fin de la révolution industrielle qui montrait la grandeur de l’homme au travail.

Je n’avais extrait alors qu’une quarantaine d’images de la mine pour composer cette œuvre. À l’occasion d’un repos forcé en 2016, j’ai revisité ce travail que j’avais un peu délaissé ». Sebastião Salgado a immortalisé toutes les transformations de nos sociétés, les souffrances de la terre et la destruction par l’homme de son environnement. « J’étais parvenu au fin fond des ténèbres. Je rêve désormais d’un monde plus lumineux. » Comme pour boucler un cycle photographique, il est récemment reparti en Amazonie photographier les tribus indigènes dans leur jardin d’Eden. Comme la promesse d’un monde où l‘Homme retrouverait une certaine harmonie avec cette terre qu’il a malmenée.

Brazil Born in 1944

Gold

“I arranged to live with the miners for as long as necessary. I stayed there 35 days, sleeping outdoors in a hammock under a tarpaulin, with the food and water that I’d brought from the city.” Salgado photographed everything, constantly, in his trademark black and white.

Conditions were appalling; with accidents occurring on a daily basis, but the result is a frighteningly beautiful set of images depicting lines of human ants scouring the earth for a vein of gold, clusters of bodies and matter, and the demented gazes of wretched souls, barefoot in streams of fi lth and mercury.

Sebastião Salgado has achieved the highest recognition and won the profession’s most prestigious awards (Oskar Barnack, the Royal Photographic Society, among others). His work has been exhibited in the world’s greatest museums and since

2016, he has been a member of the French Academy of Fine Arts. He is currently in the spotlight, however, for his sumptuous book simply entitled Gold (published in 2019 by Éditions Taschen) which brings together the haunting and hypnotic images, with their almost biblical iconography, of the nowclosed gold mine.

So why did he resurrect this collection?

“At the time, I was working on The Hand of Man, a vast perspective depicting the end of the industrial revolution, I sought to highlight the nobility of men at work. I only used forty or so of my images of the mine in that book.

It was only when I was forced to rest in 2016 that I decided to revisit this work, which I had somewhat neglected.”

Salgado has immortalised all the transformations undergone by our societies, the sufferings of our Earth and mankind’s destruction of the environment. “I’ve been to the depths of darkness. I now dream of a brighter world.” As if to complete a photographic cycle, he recently returned to the Amazon where he photographed the native tribes in their own Garden of Eden, like a promise of a world where mankind might restore some harmony with the planet they have so badly mistreated.

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The first time I saw the Serra Pelada mine, I was speechless. There was this huge pit before me, almost two hundred metres in diameter and just as deep, swarming with tens of thousands of barely clothed men, half of them carrying heavy bags of earth on rickety wooden ladders, the other half hurtling down muddy slopes towards the abyss. They were looking for gold.”

Sebastião Salgado first discovered this Dantean scene of open-pit hell in the heart of the State of Para in September 1986, aged 44, having previously been denied access to it. He sought political asylum in France from where he lobbied for democracy, and was only able to return to his home country at the end of the military dictatorship.

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Argentine Né en 1958

Pop Latino

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Ses couleurs évoquent évidemment Martin Parr, son humour rappelle celui de Peter Dench et ses images ne sont pas sans invoquer les codes d’Andy Warhol. Marcos López, grand nom de la photographie argentine, embrassera ce métier après la Coupe du monde de 1978 où il côtoie les photographes réunis pour couvrir l’événement. Connu pour sa série Pop Latino, ses photos se composent comme des tableaux où s’entrechoquent pop culture, culture américaine et clichés (dans tous les sens du terme) de l’Amérique latine.

© Marcos López

Bien loin de ses premiers travaux en noir et blanc publiés dans un livre en 1993, il illustre ainsi sa conception originale et surréaliste du monde qui l’entoure ; une critique amusée et cinglante de notre société de consommation et de notre époque moderne. « Je documente la réalité par une mise en scène, explique l’artiste.

Comme le faisait Glauber Rocha dans le Sertão du Nordeste brésilien.

Je prends possession de la Pampa humide pour en faire une scène.

Un théâtre. Je demande aux acteurs de représenter ma propre angoisse.

Une Argentine de carton-pâte. » Son œuvre renvoie finalement à une terre.

Celle de l’Amérique latine. À ses mythes fondateurs mais aussi et surtout à ses lignes de fractures. Les images agissent comme un miroir déformant où se heurtent l’excès

et le kitsch décapant. « Je pars d’une situation émotionnelle et j’y mets de la couleur locale comme un chroniqueur social et politique de mon propre travail », explique-t-il. Le résultat : des scènes aux couleurs iridescentes qui, non sans ironie, représentent l’Amérique latine sous perfusion de l’American Way of Life.

Une écriture particulière qui a su séduire le public, mais aussi les grandes entreprises : comme Pernod-Ricard, qui commande à l’artiste une série de portraits pour illustrer son rapport annuel en 2009. « J’aime exagérer », aime répéter Marcos López, à la fois provocateur et observateur, mélangeant volontairement le profane et le sacré, revisitant à sa façon les grands tableaux religieux dans une société sud-américaine si empreinte de dévotion.

Mais derrière ce vernis coloré, composé de bouteilles de soda, de muscles bodybuildés, de bimbos délurées et de situations comiques, c’est une autre vérité qui transparaît finalement.

Celle d’un violent appauvrissement culturel devant le règne tout-puissant du rouleau compresseur de la société de consommation, homogénéisant à outrance et aveuglément l’humanité partout où il passe. Une œuvre pleine de complexité qui, derrière une simplicité d’accès, dissimule plusieurs niveaux de lectures tant sociologiques que philosophiques.

Argentina Born in 1958

The colours are clearly reminiscent of Martin Parr, the humour of Peter Dench, and the images of Andy Warhol. Marcos López, a leading name in Argentinian photography, took up this profession after the 1978 World Cup, where he had met a host of photographers covering the event.

Renowned for his Pop Latino series, his photographs are composed like paintings where pop culture, American culture and Latin American clichés (in all senses of the term!) collide.

Far-removed from his first black-and-white photographs published in a book in 1993, he depicts his inventive and surrealist conception of the world around him, creating an amused yet scathing critique of our consumer society and modern times.

“I create arrangements that document reality,” explains the artist. “Just like Glauber Rocha did when depicting the sertão in north-east Brazil. I take possession of the damp Pampas and create a scene.

A theatre. I ask the actors to portray my own anguish. A cardboard cut-out Argentina.”

His work ultimately refers to a land: Latin America. To its founding myths but also and especially to the cracks that are emerging.

His images are like a distorting mirror where excess and caustic kitsch collide. “I start with an emotional situation and add some local colour, like a social and political commentator observing my own work,” he explains.

The result: ironic scenes of iridescent colour that portray a Latin America being drip-fed the American Way of Life. López’s highly

individual style appeals to both the general public and businesses like Pernod-Ricard, which commissioned the artist to produce a series of portraits to illustrate its 2009 annual report. “I like to exaggerate,” insists López, who is both provocative and observant. He deliberately mixes the profane and the sacred to offer his own kitsch and caustic take on the great religious paintings dear to South American society, where devotion reigns supreme.

However, behind this colourful veneer of soda bottles, rippling muscles, brazen bimbos and comic situations, another truth ultimatelyemerges of a violent cultural impoverishment orchestrated by the steamroller of consumerism, that mercilessly and indiscriminately normalises mankind wherever it goes. This work is entirely accessible but it is, in fact, deeply complex, revealing several levels of sociological and philosophical interpretation.

Il Piccolo Vapore, Buenos Aires, Argentine, 2007.

Il Piccolo Vapore, Buenos Aires,Argentina, 2007.

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Pop Latino

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Un apĂŠritif sur la terrasse de la Fondation Proa, Buenos Aires, Argentine, 2005.

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Drinks on the Foundation Proa Terrace, Buenos Aires, Argentina, 2005.

45 Amanda, Buenos Aires, Argentine, 2005.

Amanda, Buenos Aires, Argentina, 2005.

46 La terrasse, Buenos Aires, Argentine, 2009.

The Terrace, Buenos Aires, Argentina, 2009.

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