Dossier Vivre 7 - Tolérer la tolérance?

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On peut mettre en valeur deux aspects. Notre appréhension, d’abord, reste limitée. Nous sommes des êtres de finitude. Des choses dont nous parlons, nous ne voyons jamais qu’un côté, nous ne faisons jamais parfaitement le tour ! Si quelque chose nous paraît condamnable, sommesnous sûrs qu’il ne s’agit pas d’une autre face ou facette de la réalité que nous connaissons ou croyons connaître ? On raconte l’histoire de ces aveugles qui se disputent parce que l’un a attrapé la queue de l’éléphant, un autre les défenses, un troisième touche une de ses pattes… Qu’est-ce qu’un éléphant ? La conscience de nos limites doit nous rendre quelque peu tolérants à l’égard des entorses, pensons-nous, à la vérité ou au bien. Notre humaine limitation concerne aussi le langage. Notre perception de la vérité et du bien s’exprime en général par son moyen. Or, nous savons que le même contenu de sens peut être exprimé par des langages très différents. La Bible elle-même le fait apparaître. Des registres de langage nettement dissemblables, entre Jean et Paul par exemple, ressortent dans le Nouveau Testament. Sommesnous sûrs, quand nous croyons devoir dénoncer une erreur flagrante, une doctrine empoisonnée, que nous avons bien compris, que nous avons su traduire son langage dans le nôtre ? Deuxième aspect : non seulement notre appréhension du vrai et du bien reste limitée, mais elle est déformée par le péché. Nous sommes faillibles, nous sommes défaillants. Pas d’illusions ! Si nous disons que nous n’avons pas de péché et de péché intellectuel, nous nous séduisons nousmêmes, la vérité n’est pas en nous ! Tant que dure ce pèlerinage, nous n’atteignons pas encore la pleine lumière du face à face où nous connaîtrons comme nous sommes connus. Nous déformons toujours plus ou moins ce que nous appréhendons du vrai et du bien. Avertissement : 142


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