Dossier Vivre 6 - Sens de la vie, sens de la mort

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renforcer le pouvoir médical sur la vie et sur la mort. Beaucoup de praticiens (comme Charles-Henri Rapin à Genève ou Laurent Barrelet à Villeneuve) attirent notre attention sur le fait que la demande d’euthanasie de la part du patient cache presque toujours une demande d’aide. Accompagner les mourants et développer les soins palliatifs semblent de meilleurs moyens de répondre à cette demande que d’entrer dans le jeu de leur angoisse. Car demander au médecin de tuer, même au nom d’une euthanasie active anoblie et idéalisée, c’est le consacrer, comme médecin à l’aura déjà si prestigieuse, dans sa toute-puissance, au lieu de favoriser le dialogue personnel et l’affrontement commun de la mort, si difficile aussi pour le médecin, le soignant ou l’accompagnant. 4. Faire grandir la personne dans sa liberté Il faut conclure. Tout au long de cet exposé, j’ai insisté sur les dangers symétriques du vitalisme et des pouvoirs technocratiques. Absolutiser la vie, pas plus qu’absolutiser la technique, ne permet des solutions à la mesure de l’humain. Nous avons des droits à l’égard de la vie et de la mort, parce que Dieu, en fin de compte, nous fait confiance, en nous rendant libres et responsables de nos actes ; nous ne sommes pas des marionnettes, mais bel et bien, au plein sens du terme, des collaborateurs de Dieu. Dieu n’a pas reculé devant les risques inhérents à l’agir des hommes — jusqu’à la croix ! C’est bien pourquoi il accepte l’incertitude de nos décisions, les vertiges de notre liberté, qui font justement la grandeur de l’homme. En même temps, ce Dieu libéral et généreux ne nous donne pas tous les droits : devant lui, nous avons à nous découvrir relatifs, faillibles, fragiles ; nous ne sommes pas 118


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