Edito L’ école André Duchemann se situe dans le quartier de la Confiance à Saint-Benoît. Dans cet écart, quasiment tout le monde se côtoie et se connaît. Les élèves développent ainsi un lien particulier avec leur environnement, tant paysager qu’humain. Ce projet leur a permis d’explorer le lien entre l’Homme et la Nature à travers une rencontre intergénérationnelle et plusieurs sorties. Les élèves qui ont mené ce travail ont commencé lors de leur année de CM1 et l’ont terminé avec joie en CM2. Les articles que vous allez lire sont riches des découvertes qu’ils ont faites lors des excursions animées par M. Fontaine, agent du Parc national de La Réunion, ainsi que grâce à leur conversation à bâtons rompus avec Mme Rafougilet, venue leur parler de son usage des plantes. Mme Edith Gignoux, intervenante au Labo des histoires, a accompagné et encouragé les élèves pour susciter leur envie d’écrire ces textes rédigés à la manière de «La Hulotte», le journal «le plus lu dans les terriers» enfantins, qui allie rigueur scientifique et traits d’humour. Suzy Delcourt, enseignante Le contact avec la nature au travers d’animations qui éveillent les sens, de balades contées, de lectures de paysages, favorisent un sentiment de connivence avec notre environnement. L’approche pédagogique du Parc national se fonde sur la découverte ludique des richesses exceptionnelles qui nous entourent où chacun est invité à prendre plaisir, à découvrir, à s’étonner, à se questionner... David Fontaine, médiateur du Parc Un projet soutenu par la DAC de La Réunion
Monsieur Fontaine, notre agent du Parc national
Grâce à lui, nous avons découvert le Col de Bébour et la forêt de Bébour. Lors de cette première sortie, il nous a présenté un phasme dans une boîte à loupe : c’est un petit bocal dont le couvercle permet de grossir l’animal qu’on met dedans !
Monsieur Fontaine nous a appris beaucoup de choses, comme des jeux : «Le jeu du guide», «Qui dit plus ?», «Qui entend le plus ?», «Qui reconnaît ce chant ?» que vous retrouverez dans ce petit journal.
Sortie au Grand Etang
La première fois que nous l’avons rencontré, il est venu dans notre classe. Il nous a parlé de la naissance de La Réunion, des roches volcaniques, du Parc national qui protège ce qu’il reste de la forêt, des oiseaux et des plantes… Il nous a dit que le Piton des Neiges est la plus haute montagne de l’océan Indien. Et il nous a montré ce que contient son sac à trésors : c’est là qu’il range tout le matériel dont il se sert quand il est sur le terrain, dans la nature.
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Il y avait un dictaphone, un appareil photo, un GPS et une carte, sa veste à poches multiples, son badge d’agent du Parc, une lampe de poche, un marteau de géologue, une casquette, un canif, des gants et un sécateur, un carnet plastifié et une trousse de secours. Il nous a aussi expliqué qu’il avait la permission de donner des amendes aux gens qui ne respectent pas la nature.
Puis, il nous a accompagnés à Grand Etang. Au cours de ces deux sorties, il nous a appris à reconnaître des chants d’oiseaux et des plantes comme le bois de Joli-Cœur, l’Ambaville ou le Change-Ecorce.
Alors, qu’est-ce qu’il nous manque là ?
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Madame Rafougilet et l'intelligence de la nature Mme Rafougilet est une femme âgée qui est venue dans notre classe pour nous raconter des histoires sur les plantes. Nous pensons aussi que c’est parce qu’il n’y avait pas besoin de la payer ! :) Elle nous a même raconté cette histoire : elle cherchait une tisane pour son mari. Elle a demandé conseil à une personne. Cette personne lui a dit : «Prends un bon pied de Trompe la mort.» Elle en cueilli plusieurs feuilles et en a fait une tisane. Puis, elle a donné cette tisane à son mari. Il a dormi pendant trois jours. Oh la la la la !
Elle dit que les plantes, c’est la vie. Ses parents et ses grands-parents lui ont appris à reconnaître et à utiliser les plantes pour se soigner. Mais, attention, des plantes médicinales peuvent être bonnes pour toi mais pas pour d’autres !
Retrouvez les petites histoires de Madame Rafougilet au fil des pages ! 5
L'Ambaville
Nom scientifique : Hubertia ambavilla bory
La puanteur de la forêt
Statut : endémique des Mascareignes (Rodrigues, Maurice et La Réunion)
Je suis l’Ambaville et j’aime beaucoup mon odeur car elle empêche les gens de cueillir mes fleurs. Ils disent que je pue les chaussettes sales depuis toujours. Au contraire, pour les insectes, je sens la rose. Mon odeur les attire et ainsi je peux me reproduire.
Un buisson de houx réunionnais L’Ambaville est une plante de quatre à cinq mètres de haut qui pousse, au soleil, à partir de 1 000 mètres d’altitude.
Mais que fait un poisson dans un article sur l’Ambaville ? 6
... euh, j’ai entendu «écailles de poisson»...
Quand on le regarde de loin, le pied évoque un buisson touffu. Ses fleurs sont jaunes et blanches. Quand on les voit, elles sont comme des hélices d’avion. Quand on souffle sur les fleurs fanées, des poils blancs légers, qui sont accrochés aux graines, s’envolent comme des flocons de neige. Ses petites feuilles (1 cm) lisses à bords dentés dessinent des dentelles vert flamboyant, avec des pics qui ressemblent à des écailles de poisson.
La petite histoire de Mme Rafougilet : Avant, je ne savais pas que l’on pouvait faire de la tisane avec les feuilles de «Zambaville». On les utilisait dans le bain des enfants qui avaient des rougeurs ou de l’eczéma. is rm a ? u fo ém les l’ecz r u e po t d Et i on qu
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Le Bois de Joli-Cœur Nom scientifique : Pittosporum senacia
Statut : indigène à Madagascar, aux Seychelles, à Maurice et à La Réunion
Mon nom de star des bois Je suis le Bois de Joli-Cœur. Mon prénom me plaît beaucoup car, dedans, il y a le mot «joli». Je suis une célébrité sur mon île !
Le petit bois joli Si on veut trouver le Bois de Joli-Cœur, on doit aller au milieu de la forêt, entre 400 et 1 800 mètres d’altitude, à l’ombre des sous-bois. C’est un arbuste de quatre à cinq mètres de hauteur. Il sort de terre, s’élève vers le ciel, puis apparaît un fruit... non, plusieurs fruits regroupés qui ressemblent à des bibasses en plus petit (mais surtout, ne les mangez pas !) ou à des balles de pingpong orange. Quand ces fruits sont bien mûrs, ils s’ouvrent en quatre et on voit comme un cœur dans une poitrine ou un cerveau luisant, rouge vif, tout brillant, et gluant. Ses feuilles font 15 centimètres, sont ovales et forment de petites vagues. Elles sont ondulées sur chaque côté, comme les cheveux de Madame Delcourt. Elles sont rassemblées en bout de branche en bouquet, comme un petit palmier ou une rosace. Ses petites fleurs ont cinq pétales et font penser à du corail. Son écorce est de couleur gris/blanc, un peu comme la glace sur la planète Mars… ou les nuages.
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Je m’appelle ainsi parce que mon fruit est rouge vif comme un cœur brillant et aussi parce que dans le «tan lontan», des Réunionnais arrachaient mes feuilles pour se parfumer avant d’aller au bal et faire «le joli cœur». Des fois, les gens m’appellent Bois de mangue marron ou Bois carotte parce que mes feuilles ont l’odeur de ce fruit ou de ce légume.
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Les types de plantes Endémique : une plante endémique est une plante qui est unique à La Réunion. On ne la trouve pas à un autre endroit que chez nous ! Indigène : une plante indigène est une plante qui vient d’un autre pays et qui a été apportée par le vent, la mer ou les oiseaux (ils ont transporté une graine coincée dans leurs plumes ou ont mangé une graine et l’ont amenée en faisant caca)…c’est-à-dire de façon naturelle.
La petite histoire de Mme Rafougilet Quand je montais chez mon amie à Cilaos, elle me préparait de la tisane de feuilles de Bois de Joli-Cœur tous les soirs pour que je puisse me détendre. Il y a aussi la légende du Bois de Joli-Cœur : au bal du samedi soir, pour être sûr de trouver une cavalière, les jeunes gens faisaient bouillir les feuilles et se lavaient le visage toute la semaine pour avoir une belle allure et sentir bon, car on n’avait pas de parfum comme aujourd’hui.
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Exotique : une plante exotique est une plante qui vient d’un autre pays et qui a été apportée par des humains.
Envahissante : une plante envahissante est une plante qui vient d’un
autre pays et qui peut tuer d’autres espèces de plantes ou les empêcher de pousser en les étouffant parce qu’elle prend toute la place et qu’elle crée beaucoup de graines.
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L'oiseau la Vierge Nom scientifique : Terpsiphone de Bourbon Statut : endémique de La Réunion et protégé
L’oiseau bleu Quand on voit un oiseau la vierge (femelle ou mâle), ça veut dire qu’il y a un autre oiseau la vierge (femelle ou mâle) dans le coin. Les oiseaux la vierge restent toujours en couple. Oh ! Ils sont amoureux. Le mâle a la tête bleu foncé et la femelle la tête grise. Elle est peutêtre jalouse ! Cet oiseau est plus coloré que d’autres petits oiseaux réunionnais (oiseaux à lunettes, oiseaux blancs, tec-tec) et aussi plus grand. Quand un oiseau la vierge aperçoit un oiseau d’une autre espèce sur son territoire, il le poursuit et le chasse. La femelle pond chaque année deux à trois œufs blanc rosé tachetés de brun.
Oiseau la vierge femelle
La petite histoire de Mme Rafougilet Le «zoizo la vierge» vit en couple. Le mâle bleu noir porte une huppe arrondie qu’il dresse quand il est en colère. Il est aussi appelé «chakouat» parce qu’à la saison des amours, il parade pour séduire les femelles et son cri est semblable à celui d’un chat.
Oiseau la vierge mâle
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Le phasme «chipèque bâton» Nom scientifique : Rhaphiderus spiniger Statut : endémique de La Réunion
Comme un fantôme ! Le «chipèque bâton» est impressionnant car il peut se fondre dans la nature, comme l’homme invisible, car il ressemble à un bâton de bois. La femelle est plus grande et plus grosse que le mâle, on dirait un mini-ballon de rugby. Elle est verte alors que le mâle est marron.
Le multi-membre Le jeune phasme va muer au moins 5 fois pour grandir et devenir adulte. Quand un de ses membres est enlevé, un autre repousse s’il a encore des mues à faire. Et parfois, il arrive qu’un de ses membres pousse au mauvais endroit : il peut perdre une antenne et, à la place, il peut y avoir une patte, comme si une mauvaise herbe poussait dans un jardin ou qu’un doigt sorte de ton œil. Ce phasme est vraiment un «alien» !
L’amour, c’est épuisant !
Le «chipèque bâton» est comme un fantôme, d’ailleurs, en grec, phasme veut dire fantôme.
Ce qui est cool, c’est qu’il peut rester immobile toute la journée, comme un caméléon ou une statue. Il doit se camoufler pour ne pas se faire repérer comme un espion ou un soldat. S’il se fait remarquer, il va «se faire griller» (se faire prendre)...
Un cousin géant… Son cousin (Monandroptera acanthomera) est plus grand, c’est le plus gros insecte de l’île. Les «chipèques bâtons» l’appellent peut-être la Tour Eiffel ! C’est fabuleux, sa grandeur est époustouflante. On parle de moi là ?
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Sa nourriture préférée Sa nourriture préférée, c’est des feuilles du Bois de fleurs jaunes. Il aime en manger, comme toi, tu aimes manger des hamburgers ! Euh, non, de moi, je crois...
Le mâle peut rester sur le dos de la femelle plusieurs jours pour l’accouplement, c’est impressionnant ! Mais cela est fatigant pour la femelle.
La petite histoire de Mme Rafougilet On l’appelle aussi chipèque casse-assiette car si on en écrase un par mégarde, cela porte malheur : on dit qu’on risque de casser une assiette dans la journée.
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Comment profiter de la nature avec vos sens ? Pour tous ces jeux, vous pouvez jouer dans un jardin, dans la forêt ou dans un parc.
Le jeu du guide Le jeu du guide consiste à reconnaître des plantes. D’abord, vous devez trouver un binôme. Puis, votre ami(e) doit vous bander les yeux. Ensuite, votre ami(e) vous guide vers une plante au hasard. Après, vous devez toucher cette plante. Votre ami(e) vous place alors au milieu pour vous faire faire trois tours sur vous-même. Puis, il vous enlève le bandeau. A la fin, vous devez retrouver la plante que vous avez touchée.
Qui reconnaît ce chant ? Pour pouvoir jouer à ce jeu, nous devons fermer les yeux, être silencieux, attentifs et écouter le chant des oiseaux. Après cela, on lève notre main pour dire quel chant d’oiseau nous entendons en le comparant à des chants connus. Nous pouvons jouer à ce jeu pour renforcer nos connaissances. On peut aussi se référer aux chants répertoriés sur le site de la SEOR. (https://www.seor.fr/chantrainement.php)
Qui dit plus ? Vous devez mémoriser le paysage, vous fermez les yeux. Puis, la personne avec qui vous jouez vous tape sur l’épaule. Vous dites ce que vous avez vu tout en gardant les yeux fermés, comme si vous aviez un appareil photo dans la tête ! Le jeu du guide
Qui entend le plus ? On ferme les yeux et on attend le silence de nous-mêmes. On écoute et on lève le poing. Si on entend un bruit, on déplie un doigt, deux doigts si on entend deux bruits, etc. Puis, on ouvre les yeux et on dit ce qu’on a entendu.
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Le Labo des histoires est une association à but non lucratif fondée en 2011, dédiée à l’écriture. Les parcs nationaux ont été créés pour protéger les richesses naturelles et culturelles d’un territoire, et l’île de La Réunion possède une nature et des paysages grandioses, uniques au monde, qu’il faut absolument préverver ! Pour protéger ce patrimoine exceptionnel, le Parc national de La Réunion, neuvième parc national français, a été créé le 5 mars 2007. Constitué d’un coeur et d’une aire d’adhésion, il couvre 42 % de l’île. Depuis 2010, les Pitons, Cirques et Remparts de La Réunion ont été inscrits au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Plus d’informations sur www.reunion-parcnational.fr
Il propose une grande variété d’ateliers d’écriture gratuits, destinés aux enfants, adolescents et jeunes adultes de moins de 25 ans, dans plusieurs territoires en métropole comme en Outre-mer. Dans ces ateliers encadrés par des professionnels de l’écriture, tous les domaines artistiques où l’écriture tient une place majeure sont représentés : autobiographie et fiction, paroles de chansons, textes et dialogues de bande-dessinée, scénarios, poésie, etc. L’association propose également des ressources et des sessions de formation ou de sensibilisation à l’écriture créative. L’antenne du Labo des histoires Réunion a été créée en 2016. Depuis 2019, elle expérimente la mise en oeuvre d’un Contrat territoire-écriture, avec le soutien du Ministère des Outre-Mer, de la Direction des Affaires Culturelles, de la Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale, du Rectorat et de la Région de La Réunion. Plus d’informations sur www.labodeshistoires.com
Dis-donc, l’oiseau la vierge, tu ne ferais pas un peu la star, là ?