CULTURE LGBT NUMÉRO 2 - SEPTEMBRE 2013

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Sommaire

DOSSIERS 28. Enquête séduction La drague chez les LGBT et interview du fondateur du site de rencontre GAYVOX, Patrick Elzière. 52. L’homosexualité à l’époque moderne et dans les pays arabes

ENTREVUES 10. Rencontre avec Joëlle Circé Une artiste peintre transexuelle nous parle de ses oeuvres 12. Rencontre avec Michel Tremblay 36. Rencontre avec Line Beaumier Productrice et réalisatrice du court métrage “Les oubliées” 40. Entrevue avec Sophie Lapointe auteure de roman lesbien 74. Entrevue avec Robert Tessier auteur de roman trans

MAIS ENCORE 04. Fingersmith : Drame lesbien sentimental 05. Better than chocolate : Comédie dramatique lesbienne 06. Chères lesbiennes, pourquoi ? Les lesbiennes du village, vues par Jessie Bordeleau 08. Accepter le cinéma trop gay 22. Cinéma trans : Transamerica 24. Thérèse et Isabelle : Jeunes femmes en uniforme, amours interdits 33. Bons plans voyage : Gabrielle a testé pour vous ses vacances à Montréal et Miami 42. Livre lesbien : Frangine, de Marion Brunet 46. Livre lesbien : Passerelles, de Julie Lezzie 48. Sport : Le roller Derby 52. Récit lebien : A grands coups de “je t’aime” 54. Mon village que j’aime... pas toujours 56. Livre lesbien : Have Faith 57. Livre gay : Homo ne rime pas avec fif 72. Critiques roman lesbien : “Le placard” de Kim Messier

Page 16 : Le Féminisme dans l’oeuvre de ridley scott “Alien”

73. Critiques romans trans: “Le fil de Marie-Anne, entre deux eaux”, “Le matin des magiciennes” de Robert Tessier. 76. Critiques roman gay : “Ma vie d’avant” par Alexis Hayden et José-René Mora 78. Cinéma : kechiche, humaniser les groupes marginalisés 80. Récit lesbien : Suite et fin de “Making Monster”

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EDITO Reconnaître le mariage pour tous, gays ou lesbiennes ne résoudra pas le problème de l’homophobie et de ses clichés. Tout reste à faire : éduquer dès l’enfance. Montrer à la jeunesse qu’aimer n’est pas l’apanage des hétérosexuels. Le rôle en revient principalement à l’Education Nationale. Avez-vous déjà entendu un professeur de français parler à ses élèves des amours de Verlaine et Rimbaud, ou de Jean Cocteau et Jean Marais, Colette et Mathilde de Morny, pour ne citer qu’eux. De même qu’en cours d’histoire : Alexandre le Grand, l’Empereur Auguste, Marc Antoine et bien d’autres empereurs romains, Vercingétorix, Richard Cœur de Lion, Louis II de Bourbon, Murat (Maréchal de France), Louis XVIII etc. … La liste est tellement longue qu’il faudrait un livre entier pour les citer tous qu’ils soient écrivains, hommes politiques, rois ou empereurs, chanteurs ou acteurs de notre Epoque ou grands sportifs (ves). Alors « omission » de la part de nos enseignants, ou honte d’avouer en fait que l’homosexualité ou bisexualité ont toujours fait partie de ce monde depuis la nuit des temps, qu’elles n’ont pas de frontières ni de couleurs. Ce mutisme a conduit à de nombreux drames familiaux, nombreux suicides d’adolescents se sentant rejetés. On compte deux fois plus de suicides chez les jeunes homosexuels que chez les hétérosexuels. La France vient d’adopter le «mariage pour tous», mais il reste un long chemin à parcourir pour convaincre les esprits étriqués que rien ne justifie l’ «homophobie». Ce sont ces mêmes personnes homophobes qui allaient applaudir Thierry le Luron, Luis Mariano, Brialy, Noureev, qui écoutent RAVEL, Tchaikovsky, Chopin, Gershwin, Schubert ... Ou plus près de nous : Greta Garbo, Elton John, Muriel Robin …. Ceux-là mêmes qui vont admirer les œuvres de DELACROIX, Gauguin, Francis Bacon, Léonard de Vinci, Jacques Louis DAVID, Michel-Ange etc. qui applaudissent sur des stades, Martina Navratilova, Amélie Mauresmo, et qui sont si fiers quand celles-ci gagnent un trophée pour leur pays. Alors il est temps de laisser ses apriori, ses préjugés, et de voir l’ «homme ou la femme» dans ce qu’ils ont de meilleur, de les laisser vivre leur amour au grand jour, et de les aimer pour ce qu’ils sont. Il est temps pour les parents de cette jeunesse d’accepter fièrement la sexualité de leur enfant et de leur donner une image positive d’eux-mêmes afin qu’ils puissent réussir leur vie et leur passion comme tous ces grands talents. Le chemin sera long avant que des pays comme l’Iran, l’Arabie Saoudite, le Soudan, le Yemen, Somalie, Mauritanie, l’Indonésie soient condamnés pour «crimes contre l’humanité» pour punir de la peine capitale et torturer les homosexuels (les). 80 pays condamnent l’homosexualité à de lourdes peines. les médias français ne relèguent que rarement les informations liées aux persécutions des homosexuels. Et nos gouvernements, que font-ils? Au lieu

CULTURE-LGBT est une revue gratuite et participative.

En couverture : Anthologie “Alien”, et féminisme...

de boycotter ces pays, Ils reçoivent en « grandes pompes » leurs dirigeants, ignorant volontairement ces faits ignobles. Et ignorer, alors qu’on sait, c’est se rendre complice ! Dieu que le monde est hypocrite ! Par Christiane Delatour

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FICHE CINEMA LEsbien “ Fingersmith ” Titre: Fingersmith - Du bout des doigts Réalisateur: Aisling WALSH Date de sortie: 2005 Genre: Drame sentimental Autre : tiré du film éponyme de Sarah WATERS - Téléfilm en 2 parties. Résumé : 1862, Londres. Susan est une jeune femme, vivant dans une pauvre famille d’accueil. Un jour, Richard Rivers, alias “Gentleman”, escroc mais malin, décide de lui proposer un plan assez particulier pour s’enrichir : Se faire embaucher comme domestique auprès de Maud Lilly, jeune héritière réputée simple d’esprit. Susan devra la convaincre d’épouser Rivers, avant de la faire interner dans un hôpital psychiatrique et partager ainsi le magot. Mais le plan ne se déroulera pas exactement comme prévu, les deux jeunes femmes s’attachent étrangement l’une à l’autre.. Personnages principaux : Susan (Sally HAWKINS), Maud (Elaine CASSIDY), Rivers (Rupert EVANS) J’ai découvert ce film au détour de Youtube, où je suis tombée sur la bande annonce. Et pour être honnête, je l’ai non seulement dévoré, mais regardé 2 fois dans la même soirée !! Pratiquement tout le film tourne autour de l’univers fermé de la demeure de Lilly. Comme nous suivons l’histoire auprès des deux jeunes femmes, nous ressentons également leur sensation d’être retenue captive dans le domaine au quotidien. Quelques scènes à l’extérieur apFONDATION CULTURE LGBT - PAGE 4

portent une certaine fraîcheur plutôt agréable, malgré tout. Le téléfilm, en deux parties, offre une particularité assez intéressante : dans la première partie nous suivons le point de vue de Susan, alors que dans la seconde, la réalisatrice nous rapproche plutôt de Maud. Les jeux de lumière alternant la pénombre du manoir, et les paysages ensoleillés de l’extérieur apportent généralement une ambiance bien distincte entre deux scènes. Pour ainsi dire, la scène de peinture extérieure m’a donné la sensation de me trouver devant un tableau vivant de Monet !! Alors qu’à l’intérieur, elle ne peint qu’une nature morte, où nous ressentons bien cette absence de vie.. Au niveau des musiques, je crois que nous obtenons l’accord parfait entre les scènes, et le compositeur. Un son très agréable à l’écoute, qui “passe tout seul”. En résumé : Un téléfilm très intéressant, avec une histoire au premier abord banale. Toutefois, il regorge de surprises et de rebondissements !! Pour être honnête, je m’attendais à TOUT sauf une transition et une fin pareille. Les personnages sont très attachants - à vous de décider qui est votre préférée - et nous avons du mal à les juger et à s’en détacher. Bref, un chef-d’oeuvre à mon goût, que je vous recommande plus que vivement !!


FICHE CINEMA lesbien “ Better than chocolate ” Titre: Better than Chocolate Réalisateur: Anne Wheeler Date de sortie: Février 1999 Genre: Drame/comédie sentimental(e) Synopsis: Margaret, dix-neuf ans, vient de lâcher la fac et travaille dans une librairie. Elle rencontre Kim, une artiste peintre dans un nightclub. Elles tombent aussitôt amoureuses l’une de l’autre. Mais un jour, Maggie reçoit un coup de fil de sa mère, Lila, qui lui annonce qu’elle divorce et qu’elle vient s’installer chez elle avec son frère cadet Paul. Maggie est paniquée par leur arrivée imminente, d’autant plus que Lila n’a aucune idée de sa vie privee! C’est le début des surprises et des sorties de placards... Personnages principaux: Margaret ( Karyn Dewyer ) - Kim ( Cristiana Cox ) Lila ( Wendy Crewson ) Better than chocolate est une petite histoire entre le drame et la comédie, que j’ai découverte dans le train, grâce à ma voisine de voyage qui s’ennuyait (comme quoi...). Je dois bien avouer que moi, qui ne suis pourtant pas vraiment branchée “film et cinéma”, j’ai adoré celui-ci. L’histoire est rapide, sans être incompréhensible, et les actions montent en crescendo. S’il y a bien une chose que nous ne pouvons pas reprocher à cette œuvre, c’est son manque de rebondissements. Le scénario nous empêche littéralement de s’ennuyer ! De plus, chose que j’ai beaucoup appréciée dans ce film, c’est son côté “lucratif ” si j’ose dire. La démonstration des mentalités des années 90 y est représentée avec une grande crédibilité. Par exemple, le regard de la mère

de Maggie sur le transexuel ( Judy - Peter Outerbridge ), ou encore le comportement des groupes machistes face à ce petit monde de lesbiennes est non seulement plausible, mais est encore fréquemment rencontré aujourd’hui encore. Les personnages sont tous très convaincants dans leur rôle, je dirai même que le choix et le jeu des acteurs nous transportent entièrement dans le film, sans même que nous ne nous en apercevions. La qualité vidéo est plutôt excellente pour un film de 1999. Un film légèrement ancien ( par rapport à nous, bien entendu ! ) que nous prenons tout de même plaisir à regarder. Les musiques sont choisies avec soin, pour correspondre aux scènes concernées. Je noterai en prime le petit choix comique et musical lorsque la mère fait la découverte d’une boîte de sex-toy dans la chambre de sa fille. ( Allez savoir pourquoi, mais j’ai beaucoup ri grâce à ça. ) Bref, une œuvre avec beaucoup de style et une touche artistique. Nous suivons l’histoire avec simplicité et impatience. Nous nous retrouvons facilement dans l’ambiance et le décor.

A voir et à revoir ! Prix du public au festival Lesbien & Gay de Londres. Meilleur film au festival Gay & Lesbien de Toronto.

Par Manon Ayou

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Les chroniques de Jessie CHères lesbiennes, pourquoi ? La lesbienne, en général, ça chiale! Et j’ai d’autant plus le droit de le dire que n’importe qui, parce que moi, je suis chialeuse! Mais une fière chialeuse! Pourquoi fière? C’est simple, quand je chiale, je tente d’y apporter une solution… Parce que chialer pour chialer, ça fait juste mal aux oreilles. Et le chialage sans action, et bien, c’est comme une chaise berçante : ça fait passer le temps, mais ça arrange rien!

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ette année, j’ai tout de même senti un la lesbienne a besoin de faire son p’tit comvent de changement positif dans notre mentaire négatif! Parmi toutes ses critiques, communauté lesbienne. Ça fait des souvent mal placées, celle qui me flagelle le années qu’on se plaint qu’il n’y a rien pour les visage le plus violemment est « sont où les lesbiennes. Ça fait des années belles femmes, sont toutes qu’on revendique plus de place laittes à’soir »! Et vous êtes pludans le village. Ça fait des années qu’on veut plus d’activi- « Il faudrait commencer sieurs à faire ce commentaire, par accepter qu’à tés pendant la Fierté. Et bien, chères demoiselles. Ce qui me cette année Fierté Montréal a chacune sa vie : chacune fait étrangement penser à mes fièrement, et avec succès, mis son style : chacune sa premiers cours d’algèbre. Si tu beauté ! » sur pieds un programme spédis que toutes les femmes sont cialement pour les lesbiennes! laides, et que les autres femmes On en a tu eu du fun! Et particulièrement, cette année, je suis fière de notre disent également la même chose, alors par communauté lesbienne. On a vu une panoplie transfert : vous êtes toutes laides! Des simde femmes se pointer aux événements, plus ples mathématiques. Et v’la! On comprend populaires les uns que les autres! Avec ce vent de présences, on peut être cer- soudainement pourquoi nous avons suivi ces taines de revoir des activités pour nous l’an cours! Je pense sérieusement que chacune d’entre nous manquons de confiance en soi, à prochain! Mais, ça n’a pas empêché la lesbienne de chi- certains niveaux, mais il faudrait commencer aler! Parce que même quand elle a du fun fou, par accepter qu’à chacune sa vie : chacune son style : chacune sa beauté! Parce que

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quand on se trouve belle, réellement, on n’a pas besoin de critiquer négativement le physique de celles qui nous font peut-être un peu moins vibrer l’intérieur de nos ovaires! Et de toute façon, qui voudrait être jolie, à un point où toutes les lesbiennes te trouvent jolie? Non mais c’est vrai! On fait quoi les lesbiennes avec les jolies filles? Ben on part des rumeurs voyons! Je vais trop loin dans mes propos? Faites donc le test vous-mêmes… Regardez les « jolies » filles du village et questionnez votre entourage. Des histoires vous en aurez, toutes aussi palpitantes les unes que les autres. Pourtant, est-ce que cette même fille en fait plus de ces « dits-trucs » que celle que vous considérez laide? Et ben non! Et là me vient en tête la chanson de Jewel : Pieces of you! Gâtez-vous, allez fredonner cette chanson à mi-chemin de votre séance de méditation, peut-être serez-vous juste un brin plus ouvertes à la beauté de notre communauté! Parce que les goûts sont dans la nature, que ma mère disait. Bon, pour ma part, je ne crois pas, parce que ce n’est pas en fixant une branche de peuplier que je développe mes goûts! Personnellement, j’ai eu la chance d’avoir une per-

sonne fantastique un jour qui m’a ouvert les yeux sur la beauté du monde. Et je jure que je ne refermerai pas cette porte pour tout l’or du monde. Au fait, je prendrai tout l’or du monde, et ré-ouvrirai la porte par la suite : qui a dit que nous ne pouvions pas avoir le beurre et l’argent du beurre? Au final, tout cela pour dire, mesdemoiselles, continuez votre chialage, mais par pitié, agissez! Faites grandir notre communauté à travers vos agissements. Petit conseil : utilisez la règle du 30 jours : si vous méprisez une situation, permettez-vous de critiquer pendant une période de 30 jours. Après ce temps, vous arrêtez votre négativisme en lâchant prise, ou vous prenez la vache par les pis et vous changez la situation… oh, et utilisez la technique des trois passoires de Socrate et je vous promets un p’tit brin supplémentaire de bonheur! Parce que des lesbiennes heureuses, on aime ça! Par Jessie Bordeleau Copyright photo © Pascale Yensen

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Accepter le cinéma trop gai Présenté à Sundance en janvier 2009, le film I Love You Phillip Morris, qui raconte une histoire d’amour loufoque entre deux détenus joués par Jim Carrey et Ewan McGregor, deux acteurs connus et appréciés du grand public, aura attendu près de deux ans avant de connaître une sortie (limitée) en salle en Amérique du Nord.

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uatre ans plus tard, Behind the Candelabra, le présumé chant du cygne de Steven Soderbergh – l’oscarisé (Traffic) et palmé (Sex, Lies, and Videotape) cinéaste a depuis laissé entendre que cette retraite du cinéma pouvait ne pas être définitive – ne connaîtra pas de sortie sur les écrans nord-américains, car les studios hollywoodiens ont refusé de financer ce projet jugé « trop gai », et ce, malgré la présence de Michael Douglas et Matt Damon comme têtes d’affiche. Le financement et la diffusion de cette relation amoureuse entre le célèbre pianiste Liberace et son jeune amant auront finalement passé par la chaîne câblée HBO. Le film a néanmoins été sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes cette année.

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Récemment en France, des affiches du film L’inconnu du lac, film-sensation dans la section Un certain regard à Cannes, dont l’intrigue se déroule dans un site naturiste dédié aux homosexuels, ont soulevé un tollé au point d’être retirées dans plusieurs villes en raison d’un minuscule élément en arrière-plan qui suggère du sexe oral entre deux hommes. Pourtant, des affiches et publicités autant sinon plus (hétéro)sexuellement suggestives, et souvent dégradantes à l’endroit de la femme, sont souvent exposées sans soulever la moindre réaction dans le grand public. Au Québec, le réalisateur Xavier Dolan déplorait à l’émission Tout le monde en parle cet hiver que son plus récent film, Laurence Anyways, avait suscité peu d’intérêt en de-


hors de la communauté artistique québécoise. Ce film, d’une qualité certaine bien que fluctuante, présente une histoire d’amour entre une femme et un homme décidant de devenir une femme. Lorsqu’il fut annoncé que Dolan, ouvertement homosexuel, avait choisi d’adapter la pièce de théâtre Tom à la ferme de MichelMarc Bouchard pour son prochain film, les blogues cinéma du Québec ne manquèrent pas de participants pour déplorer que Dolan inclut dans son œuvre une thématique LGBT pour une quatrième fois en quatre films. (En fait, les détracteurs de Dolan lançaient déjà ce type de commentaires dès son deuxième film.) Tom à la ferme, sélectionné en compétition officielle à la Mostra de Venise cet automne, racontera l’histoire d’un jeune homme qui se rend aux funérailles de son amoureux dont la famille ignorait la vie sexuelle. Pourtant, lorsqu’on examine la filmographie de cinéastes d’envergure, il n’est pas rare de constater une tendance lourde dans certains thèmes explorés ou méthodes utilisées. Par exemple, Spike Lee est étroitement associé à la question raciale; des monstres pullulent dans les œuvres de Guillermo del Toro; Martin Scorsese traite abondamment des milieux criminels; enfin, pour revenir au présent sujet, la carrière de Pedro Almodovar est indissociable de la diversité sexuelle! Voilà pour ce qui est du fond. l en est de même quant à la forme : les trois premiers films d’Alejandro González Iñárritu, Amours chiennes, 21 Grams et Babel, utilisaient une structure chorale – où le spectateur suit différentes histoires parallèles qui finissent par s’entremêler – ce qui n’a pas empêché la critique comme le public de leur offrir un accueil nettement positif, même au troisième. Iñárritu a délaissé la structure chorale pour son quatrième film, Biutiful, qui a ironiquement reçu l’accueil le moins enthousiaste des quatre. Revisiter un thème ou une ap-

I

proche ne constitue pas seulement une vulgaire répétition. Si le cinéaste est le moindrement talentueux et curieux, bref un artiste, revenir sur un sujet lui permettra plutôt de l’approfondir, de l’aborder sous un angle inexploré jusqu’à présent. Réutiliser une méthode détient le même potentiel lorsque bien réalisé. Si de telles affirmations constituent des évidences en ce qui concerne tous ces artistescinéastes établis, comment expliquer que le même propos serve à dénigrer Dolan? Tous les cas d’espèce énumérés en début de ce texte, qui ne montrent que la pointe de l’iceberg, nous montrent le chemin ardu qui mène de la tolérance à l’acceptation face à la diversité sexuelle, un sentier semé d’embûches. Des embûches comme l’indifférence, la règle des deux-poids-deuxmesures ou une classification du cinéma ouvert à la réalité LGBT comme étant un cinéma de genre, du genre gai. C’est en raison de cette catégorisation que la majeure partie du problème, de l’iceberg, demeure encore submergée à ce jour. La diversité sexuelle est généralement tolérée dans les sociétés occidentales, camouflant que la pleine acceptation s’avère loin d’être acquise, incluant au cinéma. Sous ce manque d’acceptation de l’homosexualité, une comédie ne peut intéresser le grand public parce que ses deux personnages principaux forment un couple gai. Un film sur Liberace devient une

œuvre « gaie » avant d’être considérée sous le genre biographique. Un scandale naît d’une affiche plutôt banale selon les normes contemporaines. Un personnage transsexuel apparaît sans intérêt. Enfin, on attribue à Dolan une spécialisation dans les thématiques LGBT alors que son réel sujet de prédilection est l’amour sous différentes formes : l’amour entre une mère et son fils dans J’ai tué ma mère, l’amour à sens unique dans Les amours imaginaires, l’amour impossible et destructeur dans Laurence Anyways. Ce traitement de l’amour demeure valable même en évacuant les thématiques LGBT que Dolan a choisies d’intégrer accessoirement à ses films. Que tant de gens ne s’en rendent pas compte témoigne soit qu’ils ont choisi de ne pas regarder ses films ou qu’ils ont été tellement aveuglés par les aspects liés à la diversité sexuelle qu’ils ont raté le véritable propos de ces films. Dans un cas comme dans l’autre, voilà un autre symptôme du déficit d’ouverture et d’acceptation face aux réalités LGBT. Pour contredire un célèbre monologue d’Yvon Deschamps, dans certains cas, on (excluant, j’espère, la personne qui parle) ne veut pas le savoir, et encore moins le voir. Par Mathieu Bruneau

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Née à Montréal, au milieu des années 50. Joëlle Circé a étudié les techniques du dessin et de la peinture dans une école d’Art privée pendant 5 ans. Elle utilise surtout l’huile comme médium mais aussi le pastel et le charbon pour le dessin. A travers l’art, elle a découvert comment exprimer les choses qui lui importent, qu’il s’agisse d’identité queer et LGBT, d’érotisme et FONDATION CULTURE LGBT - PAGE 10

surtout comment elle perçoit la vie journées à peindre dans son stuen tant que féministe. dio ou son jardin durant l’été. Elle aime faire la cuisine, déguster un Joelle Circée est femme trans- bon vin, s’entourer d’amis et depuis sexuelle et dont l’orientation in- quelques mois, collabore avec une fluence sur sa vision et son point auteure sur sa biographie dans la langue de Shakespeare. de vue d’artiste. Aujourd’hui, elle vit dans la belle région de Lanaudière au Québec Comment est née votre envie et avec Dany, l’amour de sa vie et votre amour pour la peinture ? leurs quatre chats. Elle occupe ses Comme c’est souvent le cas, une


PEINTURE - Artiste Trans Entrevue avec Joelle Circé passion se développe alors qu’on est jeune enfant, du moins, ça a été mon cas. Même enfant, je dessinais et mon univers fût celui des images. Je me rappelle, brindille d’une branche en main, je dessinais dans le sable au parc, et sur toutes les surfaces qui me semblaient appropriées. Je pense que le dessin et ensuite la peinture, étaient ma façon de communiquer plus clairement.

avant pour nos lecteurs, et pourquoi ?

Je vous présente une oeuvre sur laquelle je travaille toujours, elle n’est pas encore complètée mais je pense pouvoir en dire plus long sur moi en tant que femme et aussi sur les femmes, mes soeurs. Le sujet est particulièrement à propos puisqu’il est question de préjugés, d’exclusion. Le contexte est dans le cadre Queer de femmes Lesbiennes, Bisexuelles et Transsexuelle. Avez-vous des thèmes de prédilection, des préfé- Le titre est “ The Space Between “, ce qui se traduit en Français par “ L’espace qui nous Sépare “ rences en matière de couleurs ? Je dirais que depuis les huits dernières années, mon attention s’est dirigé vers la condition féminine, Des projets d’expositions dans les prochains mois ? la vie des femmes, mes soeurs. J’aime créer des Oui, du moins j’attends une réponse de la part d’une oeuvres tantôt érotiques, et en d’autres occasions, Galerie Féministe à Montréal à qui j’ai soumis un elles touchent davantage sur le féminisme et la vie projet d’exposition. des femmes Queers. Bref, je suis passionnée par la vie des femmes, nos circonstances, nos droits et les Propos reccueillis par Béatrice Guillart injustices commises envers nous.

Vos toiles racontent-elles une histoire et si oui, quel type de message souhaitez-vous communiquer à ceux et celles qui découvrent vos créations ?

Depuis ma chirurgie de changement de sexe au début des années 2000 et aussi en partie à cause de mon contact avec la pièce de théatre “ Les Monologues du Vagin “ de l ‘auteure Eve Ensler, ma passion pour le corps qui était maintenant mien, ce corps jadis étranger dans lequel je vivais de peine et de misère, ce corps devint soudainement une source de merveilles et d’inspirations. Mes premières oeuvres féministes, ont été une série ayant comme thématique, les vulves et vagins. Je peins aussi sur la violence faite aux femmes, l’abus, l’excision, etc,.

Vos modèles sont-ils imaginaires ou inspirés ?

J’ai recours à des modèles, des amies et aussi simplement des femmes qui ont entendu parler de ce que je crée.

Que représente la peinture pour vous ?

La peinture, c’est un peu comme si je posais sur une surface mon essence à moi, c’est le médium qui me représente le mieux, avec lequel j’arrive a exprimer exactement, ou du moins aussi près que possible, ma vision, mon regard et compréhension de la vie.

Lequel de vos tableaux souhaiteriez-vous mettre en FONDATION CULTURE LGBT - PAGE 11


Le gay savoir de Michel Tremblay par Denis-Martin Chabot

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ichel Tremblay n’a jamais voulu faire de la politique en parlant d’homosexualité dans ses livres. «Ça ne m’intéressait pas, je voulais écrire des livres pour tout le monde. Je voulais écrire des livres et des pièces où l’homosexualité en viendrait à ne pas être importante, » a-t-il dit lors d’une rencontre publique lors de la Fierté littéraire dans le cadre de Fierté Montréal. Michel Tremblay n’a jamais auparavant autant discuté de la thématique LGBT dans son œuvre et avec autant de profondeur et avec autant d’introspection, racontant que c’est la découverte de son orientation sexuelle à l’adolescence qui l’a poussé à écrire. « À cette époque, 16 ans, on est en 58, tu n’allais pas voir tes parents pour leur dire “ devinez quoi “. Il fallait passer par ailleurs pour dire ce qu’on avait à vivre ou pour vivre ce qu’on avait à vivre. » Il a d’abord écrit Contes pour buveurs attardés. « Sur les 40 contes, il y en a au moins 7, 8 qui sont au moins homoérotiques, sinon franchement homosexuels en pensant qu’en fin du compte, personne ne va s’en rendre compte. » Il en a remis des copies à ses amis qui ne disaient rien. « C’est très drôle le silence des années

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50, l’espèce de silence devant certains sujets. Mes amis les lisaient, aimaient beaucoup ça. Mais ça s’arrêtait là. La chose n’était jamais abordée directement. » L’auteur célèbre est d’avis qu’un adolescent qui n’a pas de problème ne deviendra pas un artiste.

« Tu te confies à la page blanche. Alors mes premiers poèmes, mes premiers contes, c’était ça. Au moins, si c’était pas clair dans ce que j’écrivais, au moins ça me faisait du bien. On écrit pour se faire du bien. » Si l’homosexualité est latente dans les premières œuvres de Michel Tremblay, celui-ci attend le milieu des années 60 pour en faire un thème principal d’une pièce de théâtre. Il s’agit de la Duchesse de Langeais (qui n’a rien à voir avec celle de Balzac). Cette pièce raconte l’histoire d’une travestie qui s’enivre pour noyer

un chagrin d’amour. « C’était tellement outré que la pièce avait plus d’importance que la question qu’on pouvait se poser à savoir est-ce que l’auteur est gai ou non. C’était un tel coup de poing. » En fait, c’est lors d’une entrevue en anglais sur les ondes de la télévision anglaise de Radio-Canada que Michel Tremblay en 1975 annoncera son homosexualité. « Il m’a demandé By the way, are you gay ? J’ai répondu By the way, yes! » Michel Tremblay écrit pour comprendre les gens et les situations. « L’écriture est une lettre sans fin que je m’écris à moi même depuis 55 ans pour essayer de comprendre le monde. N’importe qui qui vit un traumatisme ou qui vit quelque chose, c’est normal qu’il ait envie de l’exprimer. L’écriture, c’est sérieux. C’est pas cute. C’est le fun, mais c’est pas cute. » En 1974, il écrit la pièce Bonjour là, bonjour, dans laquelle on retrouve deux amoureux qu’on trouve sympathiques, mais au milieu de la pièce, on apprend qu’ils sont frère et sœur, mais il est trop tard pour les haïr. « On est obligé de l’accepter, » explique-t-il. Dans Le Coeur découvert, le premier tome de la série Le Gay Savoir, Michel Tremblay a choisi de ne pas aborder le


coming-out ou l’homophobie, mais il a voulu faire avouer à n’importe qui lirait ce roman que deux hommes puissent être amoureux n’avait aucune espèce d’importance. Ce roman vient d’être traduit en italien, et une journaliste de Rome l’a interviewé récemment. Elle lui a dit que dans son pays, c’était un livre avantgardiste parce que c’est impensable que deux hommes puissent vivre ensemble et en plus élever un enfant. « Imaginez qu’en 1986, quand mon roman est sorti au Québec, on m’a dit que le thème était dépassé. » Or, en 2013, les questions d’homoparentalité ne sont certainement pas toutes réglées au Québec. La suite, Le Coeur éclaté nous fait vivre au travers de Jean-Marc, le personnage principal, la peine d’amour que l’auteur a lui-même vécu en 1991. Michel Tremblay s’était alors rendu à Key West à l’invitation de l’écrivaine Marie-Claire Blais, où il a passé cinq mois. « C’est comme lorsque je suis malade, comme lorsque j’ai eu mon cancer, j’ai tendance à faire comme les animaux et m’en aller dans mon coin et de lécher mes plaies et de revenir triomphant. C’est un peu ce que j’avais fait en 91. Si ça ne m’était pas arrivé, j’aurais pu écrire une deuxième partie où dix ans plus tard, les deux gars auraient encore été ensemble. » Michel Tremblay compare les écrivains à des vampires qui trouvent leur inspiration dans leur propre vie et dans celles de leur entourage. Ainsi, il a fait vivre à Jean-Marc, son personnage principal,

sa peine de l’année précédente. Il a fait la même chose après son opération au cerveau en 1986. Il a alors écrit L’homme qui entendait siffler une bouilloire. « C’est correct d’utiliser ce que tu as vécu et c’est correct de vampiriser ton entourage à condition, c’est prétentieux de dire, mais c’est vrai, que ce que tu produis soit bon. »

The Normal heart (Larry Kramer, 1985). Il a pris le temps de comprendre la maladie et de trouver le bon ton pour en parler. À cette époque, Key West était devenu le mouroir des sidéens aux ÉtatsUnis. « On voyait beaucoup de sidéens dans les rues. C’était très présent et très heavy! » Un soir qu’il allait voir le

En 1971, Radio-Canada diffuse aux Beaux Dimanches En pièces détachées qui met en scène la tante Robertine, la marraine de Michel Tremblay. Celle-ci avait eu une réaction tout à fait inattendue. « Pendant toute ma vie, je me suis confessée à des curés qui ne comprenaient rien, puis tout ce temps-là, j’avais un neveu à côté de moi qui me comprenait. » Dans Le Coeur éclaté, il est aussi question du SIDA. C’est la première fois que Michel Tremblay en parle das son œuvre. Pourtant la maladie est connue depuis 11 ans. Il a hésité à en parler pour ne pas tomber dans la colère, comme c’était le cas dans la littérature et au théâtre jusqu’alors, comme la pièce de théâtre

coucher de soleil à une jetée située près de chez lui, il a été témoin d’une scène touchant. « J’avais vu un couple, et c’était le jeune, un très très beau gars et il était malade, et c’était le vieux qui le guidait le plus jeune. Le vieux avait décrit au jeune ce qu’il voyait. Ce dernier ne pouvait pas voir parce qu’il était atteint de cécité. » Un an plus tard, il s’est inspiré de ce moment dans Le Coeur éclaté. Les lesbiennes sont aussi très présentes dans l’œuvre de Michel Tremblay. « J’ai depuis longtemps été entouré d’une quinzaine de lesbiennes. J’ai vécu avec elles et je les ai entendues. J’ai connu leur humour, j’ai connu leur façon de vivre. Quand est FONDATION CULTURE LGBT - PAGE 13


venu le temps de les décrire… C’est ma job d’imaginer ce que ça peut être, d’être quelqu’un d’autre. » Dans La nuit des princes charmants, on devine aussi que le narrateur sans nom est Michel Tremblay, et ce dernier l’admet. « Comme j’ai comme théorie qu’on connait le cul avant l’amour, je voulais écrire un roman dans lequel un petit gars de 16 ans qui est vierge décide de perdre sa virginité et s’en aller à l’aventure. Fuck le reste! » « Ça s’appelle La Nuit des princes charmants parce qu’il n’arrête pas de rencontrer des gars avec qui ça marche pas. Il les subit. Et celui avec lequel... On ne racontera pas tout le roman... » Michel Tremblay appelle ce genre de beau mec imbu de lui-même qui vous niaise pendant toute une soirée un chien sale aux yeux verts. Ça lui a inspiré une chanson dans la pièce de théâtre musical Demain matin, Montréal m’attend. « Tu sais quand il (le narrateur de La Nuit des princes charmants) revient le lendemain matin après avoir baisé, il écrit pour dire que tout ce qu’il a envie de dire à sa mère, regarde mes mains sentent le cul. Tu sais d’aller jusque là, il faut que ce soit cochon, pas laid, mais pour l’époque, oui, mais bon. C’est ça le sujet du roman, c’est ça qui est important, c’est je vais-tu finir par baiser un jour. L’ai-je bien expliqué ? Dans Quarante-quatre minutes, quarante-quatre secondes, 4e tome de la série Le Gay savoir, on suit le même gars fendant, ce chien sale aux yeux verts, François Villeneuve, 40 ans plus tard. FONDATION CULTURE LGBT - PAGE 14

“J’ai voulu écrire un roman sur un gars antipathique. J’ai tellement bien réussi que le livre ne s’est pas bien vendu.” Pourtant, on finit par accepter ce gars détestable pas à cause de lui, mais en raison de ce qui lui arrive. Has-been et alcoolique, on suit son histoire au travers des 10 chansons qu’il a écrites et qui formeront son seul disque qu’il aura produit de toute sa vie. C’est au travers du processus de création de chacune des chansons qu’on en apprend sur le personnage. Ce livre particulièrement réussi mérite d’être lu. Il faut passer outre l’aspect antipathique de François Villeneuve. Beaucoup de lieux et d’artistes connus font partie du roman, entre autres Monique Leyrac. Atteint d’une phase avancée de syphilis, François se sent mal et demande à Madame Leyrac qu’il croise à la sortie d’un enregistrement à Radio-Canada de l’emmener voir un docteur. Michel Tremblay a dû vérifier si Monique Leyrac avait une auto en 1964, l’année où se situe l’action. “C’est le fun de se servir de ces détails pour que ça ait l’air vrai. Moi j’aime le faire parce que ça donne de la crédibilité à ce que tu racontes.” Avec une œuvre aussi colossale que celle de Michel Tremblay, qui comprend entre autres, 27 pièces de théâtre et 24 romans, on croit facilement qu’il a raconté et raconte encore avec autant de crédibilité la petite et la grande histoire des Québécois. Copyright photo © Louis Bouchard


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La quadrilogie ALIEN Une saga féministe incontournable....

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ans le premier numéro de Culture LGBT, nous abordions la grande théorie du «Subtext» (comprenez «sous-entendus») de la série Rizzoli & Isle. En revanche le subtext ne se trouve pas forcément là où on le cherche et rares sont les œuvres, livres, séries, films mettant en scène la possibilité d’une relation saphique entre deux héroïnes. Etant moi-même une LesboGeek, je ne pouvais ignorer l’œuvre génialissime de la sciencefiction qu’est la quadrilogie d’Alien lancée par Ridley Scott. Après avoir lu cet article, vous vous réjouirez de voir, ou de revoir, le quatrième opus qui nous présente une ambigüité délicieuse entre les personnages d’Ellen Ripley (Sigourney Weaver) et Annalee Call (Winona Ryder).

à la talentueuse Sigourney Weaver ! Pour mieux cerner le personnage, petit résumé de la trilogie qui précède le quatrième volet, composée de : Alien - Le huitième passager, Alien - Le retour Alien 3. L’histoire se situe dans le futur où l’espace, les galaxies lointaines sont devenus

Mais avant tout, qui est Ellen Ripley ?

un environnement idéal pour les riches industries ou compagnies Terriennes en quête de nouvelles opportunités commerciales. Une équipe, en vol intergalactique et appartenant à l’une de ces entreprises, capte un signal de détresse provenant d’une planète située sur leur trajectoire. Chacun des membres de l’équipage plongé en «hypersommeil» se réveille

Ce que la plupart des gens ignore, c’est que le rôle de Ripley aurait dû être attribué à un homme, ce qui semble inimaginable aujourd’hui, et détail qui n’aurait certainement pas valu le succès de la saga Alien si la production n’avait pas donné le rôle

lors de l’interception de ce dit signal par leur vaisseau intelligent appelé «maman». Ils décident de rejoindre cette planète et découvrent un vaisseau échoué dont l’équipage a été massacré. Arrive l’inévitable : la contamination Alien débute. Tout l’équipage est décimé, exceptée la «Warrior» Ripley qui reste l’ultime survivante. A noter, pour les âmes sensibles, que le petit chat roux, Jones, survit lui aussi. Chaque opus réalisé respectivement en 1979, 1986, 1992 forme cette saga culte qui ne vieilli pas. Si parfois certains effets spéciaux vous sembleront dépassés par les grandes productions d’aujourd’hui, vous oublieriez très vite ces détails pour vous concentrer exclusivement sur l’intrigue et la survie de l’héroïne Ellen Ripley !

Le début de la fin ? Nous arrivons en 1997 où un certain Joss Whedon (Avengers, Buffy, Dollhouse, Battlestar Gallactica, etc...) écrit le dernier volet de la saga «Alien Résurrection» dirigé par Jean-Pierre Jeunet. L’histoire d’Alien 4 se déroule deux cents ans après

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le troisième opus, après la mort d’Ellen Ripley qui ressuscite, transformée en une humanoïde puissante mi-humaine, mi-Alien : Ripley 8... Le clone enfante un Alien qui n’est autre qu’une Reine prête à engendrer pour la survie de l’espèce. La douce progéniture comptant une douzaine d’Aliens adultes enfermés dans des cellules du vaisseau. Ces aliens sont considérés comme de vulgaires rats de laboratoires. Ils vont pourtant se libérer. L’équipage perd le contrôle de leurs expériences tandis que Ripley 8 prend conscience de l’étendue de sa force et de ses instincts. Non seulement ses capacités sont surhumaines mais elle a hérité de la mémoire de la véritable Ellen Ripley... Celles et ceux connaissant Joss Whedon, retrouveront quelques-unes des signatures de l’auteur/producteur/réalisateur à travers le déroulement de l’intrigue. D’une part, le petit côté «Kick-ass girl» d’Ellen Ripley rappelle ses positions féministes (merci monsieur Whedon), d’autre part, l’ambiguïté de la relation Ripley/Call sous-entend son engagement envers les mouvements lesbiens qui sont nettement plus explicités dans sa série Buffy contre les vampires avec le couple Willow/Tara.

Le contexte étant en place, subtext ou pas subtext ?

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i vous souhaitez explorer les différents degrés du subtext féministe dans la saga «Alien» entre 1979 et 1997 , vous trouverez des analyses approfondies écrites par Ximena Gallardo C. dans son livre en anglais «Alien Woman : The Making of Lt. Ellen Ripley». Pour ce qui est du subtext lesbien dans le quatrième volet de la saga, certains se risquent à dire que cette mise en scène particulière était intentionnelle. De mon point de vue, il n’est pas nécessaire d’être une lesbienne aguerrie pour voir du lesbianisme où il n’y en a pas - surtout que mon gay-dar ou ce qui se rapporte aux codes lesbiens, n’a jamais été mon point fort - Mais Alien 4 est, par excellence, une référence en matière de subtext sans avoir besoin de faire preuve d’une grande imagination ! Certains sites ont attendu 2007, soit tout de même 10 ans, pour écrire sur le sujet. Le site Afterellen.com fait un classement du top 11 - pourquoi pas 12 ? - des Meilleurs moments bi/lesbiens dans la science-fiction. Et à la onzième place se trouve ce fameux face à face entre Ripley et la jeune Call. Dès leur rencontre, vous sentirez ce petit frisson qui induit toutes les possibilités qu’une telle romance peut apporter au film. Première approche, premier contact : Vers la vingt-huitième minute, Call trouve la salle où Ripley est maintenue prisonnière. Celle-ci est allongée, endormie à même le sol. Call s’accroupit à sa hauteur et utilise son couteau pour relever les pans de son vêtement entre sa poitrine. Elle y découvre une cicatrice dont elle connait la signification. Ripley ouvre les yeux à cet instant précis, calme, imperturbable. Call tombe en arrière sous l’effet de surprise et surtout, prise sur le fait. Ripley se redresse, sans perdre de vue une seule seconde la jeune Call qui parait effrayée. Dès lors, cette scène se transforme en un face à face proie/prédateur. Ellen Ripley détaille, examine, scrute la jeune Annalee Call d’un regard tout par-

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ticulièrement intense. On perçoit dès lors qu’Ellen Ripley est dépourvue de ses retenues ou de sa pudeur d’autrefois bien qu’un soupçon de sensibilité et d’humanité la rattache à Annalee Call au fil de l’histoire. Elle fait preuve d’une assurance dérangeante et d’un cynisme déroutant où se mêlent humour et fatalisme. Mais elle se sent incomplète et va chercher, de façon paradoxale, à acquérir cette sensibilité à travers la volonté d’Annalee de sauver l’humanité, volonté qu’elle ne saisit pas : « Ripley : Pourquoi tu essayes tant de protéger les hommes ? Annalee : Parce que je suis programmée pour ça. Ripley : Tu es programmée pour être une conne ? » Un court dialogue amusant (et tellement vrai en mon sens) dans l’opus qu’on peut considérer comme l’apogée de la saga. Rares sont les suites de films dont les intrigues deviennent plus riches, dont les personnages gagnent en intérêt et en profondeur. Cet opus soulève des questions passionnantes propre à l’existentialisme, à la place de l’homme dans l’univers. Les personnages d’Ellen Ripley et d’Annalee Call trouvent chacun leur réponse à travers les existences « anormales » l’une de l’autre.

Et après ? En 2008, des rumeurs circulent, notamment sur le site de MTV, que l’actrice Sigourney Weaver et le réalisateur Ridley Scott sont prêts à produire un nouveau film centré sur le personnage de Ripley et, tenez-vous bien, sans Alien ! L’actrice explique : «Il y a définitivement des zones d’ombres dans la vie de Ripley [...] Nous [Ridley Scott et moi] nous sentons comme engagés/attachés à l’égard de cette femme». Et comment ne pas l’être après avoir participé et coproduit une quadrilogie qui aura marqué plusieurs générations ? Alors une question se pose : à quand un Alien 5 ? Imaginons simplement que Ripley 8 reparte dans le passé, tue Edward Cullen cryogénise la Ripley originale afin de la ramener sur la planète terre bientôt envahie de petits bébés Aliens.... Au final Alien 5 se transformerait en une sorte de «Expendables» version filles avec les plus belles actrices kick-ass girl de la planète : Sigourney Weaver, Angelina Jolie, Lena Headey, Milla Jovovich, Lucy Lawless, Sarah Michelle Gellar, Gina Carano, et j’en passe... Pour ouvrir une suite aux imaginations fertiles de nos lecteurs, voici une séquence alternative deleted-scene (séance effacée) de la fin d’Alien

4 . Nous remercions d’avance les talentueux auteurs qui prépareront le prochain Alien 5 ou la courte biographie de Ripley 8 au côté d’Annalee Call. Pour la petite histoire L’actrice Sigourney Weaver a bénéficié de certaines «attentions» de la part de nombreuses femmes en raison des côtés «butch» de son personnage Ellen Ripley dans la franchise Alien. L’actrice, qui, soit dit en passant est heureuse dans son mariagee - admet qu’elle a été approchée par des lesbiennes, fans de ses allures de garçon manqué, de sa dureté. Elle leur a gentiment expliqué qu’elle laissait tout ça de côté une fois hors des plateaux de tournage ! (Dommage pour nous) Pour finir, deux vidéos de bonne qualité pour découvrir la saga et le couple Ripley/Call http://www.youtube.com/ watch?v=aMUmjNZNFB0 http://www.youtube.com/ watch?v=S1hu7i8wg3s Par Emmanuelle Gaultier

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CINEMA TRANS Synopsis : Bree travaille jour et nuit pour pouvoir payer l’opération qui fera d’elle une véritable femme. Contactée de façon complètement inattendue par un adolescent fugueur à la recherche de son père, elle ne tarde pas à comprendre qu’il s’agit du fils qu’elle a eu autrefois d’une liaison sans lendemain, alors qu’elle était encore un homme. Son premier reflexe est de tirer une croix sur son passé, mais sa psychothérapeute exige d’elle qu’elle rencontre ce jeune homme avant de lui délivrer l’autorisation d’intervention chirurgicale dont elle espère tant…

Titre : Transamerica Réalisateur : Duncan Tucker Acteur principal : Felicity Huffman – Kevin Zegers

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’ai découvert Transamerica en recherchant des livres, des films traitant de la transsexualité, un monde que je ne connaissais que de nom. Mon choix s’est porté sur ce film après avoir fait quelques recherches. En effet, Duncan Tuker a pour réalise ce film suivi le parcours d’un transsexuel rencontré par hasard. C’est cette anecdote qui a été la plus déterminante car je me suis dès

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lors dis que le sujet serait traité avec dignité : et c’est le cas ! Transamerica est porté par une actrice que les adeptes de séries télévisées reconnaitront rapidement (Lynette de Desperate Housewives) : Felicity Huffman. Lynette, la femme forte sachant allier carrière et vie de famille disparaît pour laisser place à un mâle souffrant de dysphorie de genre, se faisant appeler Bree. Prisonnière d’un corps qu’elle n’assume pas, Bree se camoufle, se déguise, joue presque un rôle pour essayer de dessiner le corps


qu’elle aimerait avoir, qu’elle pense devoir avoir. Ainsi, les premières scènes sont semblables aux préparatifs d’un acteur montant sur scène. Maquillage. Tenues. Accessoires en tout genre. Maniement de la voix. Bree essaie de devenir une femme, une « femme authentique » bien que seule son opération semble pouvoir lui donner le sentiment d’accomplissement. Je pense qu’il est important de noter cette détermination à contrôler son image car elle est présente tout au long du film et Bree en devient parfois ridicule. Lever le petit doigt en buvant son thé. Avoir de longs ongles manucurés. Veiller à toujours correctement croiser les jambes. Les regards compulsifs dans le miroir. Le miroir omniprésent dans sa vie car il représente l’image qu’elle renvoie aux autres, ce que les autres voient. Un moyen pour elle de contrôler ce qu’elle renvoie. « T’es bizarre » et voilà qu’elle file se regarder dans le miroir pour contrôler sa poitrine, son pénis et son visage. Sans cesse ce besoin de mentir, de masquer la vérité ou plutôt de la dissimuler. « You are not a freak, your are just a liar ». Ce maquillage, ces accessoires, ces manies sophistiquées de femme font d’elle une menteuse et cela semble bien pire que toute dysphorie du genre selon son fils Toby. D’ailleurs, après un deuxième visionnage, nous pouvons discerner les chutes de Bree, ces retours à un

comportement masculin où le masque semble s’écailler. Notamment quand son fils lui annonce qu’il veut faire du cinéma pornographique, elle se laisse tomber sur un fauteuil jambes écartées malgré sa robe et bras posés sur les cuisses. Une position décontractée renvoyant aussitôt aux clichés masculins. Le scénario repose d’ailleurs sur cette relation conflictuelle entre le père et son fils. Tout les oppose. Alors que Bree dissimule son pénis, fuit le regard des hommes. Son fils, Toby, ne cesse de se dénuder, de se montrer, se prostitue même considérant son corps comme un simple objet. Témoin de cette relation en dents de scie, nous attendons avec angoisse le moment où Toby comprendra et où il apprendra la Vérité sur son père. La première fois grâce au rétroviseur de la voiture où il surprend Bree urinant debout en tenant son « pénis ». La seconde fois grâce à une photo de Stanley jeune, son père. Toby le fils parvient à annihiler tout ce que Bree s’évertuait à cacher : son ancienne vie, ce Stanley qu’elle a pu être autrefois. Toby la conduit à l’acceptation de ce qu’elle a pu être et de ce qu’elle est aujourd’hui : une femme qui n’a nul besoin de mille et un artifices pour en être une. Road-movie, Transamerica est à mon sens non seulement un film sur l’acceptation des Autres mais aussi

sur la quête de Soi. En effet, Bree parvient au cours de ce film à accepter ce qu’elle a pu être par le passé – Stanley – et ce qu’elle est aujourd’hui : parent de Toby acteur porno, sa nouvelle mère. Dès le début du film, nous apprenons que Toby, lui, cherche son père et d’ailleurs il ne cesse de se définir par rapport à lui : la généalogie indienne, cette casquette qu’il achète sur la route, cette volonté de vivre avec lui. Il se définit par rapport à cet imaginaire de la paternité pour finalement se définir lui-même, tel qu’il est en acceptant la transsexualité de son père. Transamerica est un film bouleversant réalisé avec soin, traitant de la transsexualité avec élégance et dignité. J’ai aimé ces touches d’humour qui viennent parsemer ce film poignant notamment les scènes où le duo Toby-Bree rencontre d’autres transsexuels amis de Bree mais également ces scènes où la complicité parent-enfant commence à poindre à bord de cette voiture. Quelques répliques : « T’es bizarre » « Est-ce que t’es un monsieur ou une dame ? » « C’est pas vraiment une femme, elle a une bite » « Nous sommes infiltrés parmi vous » « Je suis un transsexuel pas un travesti ». Par Emilie Bigorgne

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Cinéma lesbien

thérèse et isabelle Jeunes femmes en uniforme : amours interdits De jeunes femmes en uniforme dans un pensionnat… Une prémisse qui évoque nécessairement l’amitié, les querelles, mais aussi et surtout l’amour saphique ou le fantasme chimérique hétérosexuel. Bref, tout sauf le point de vue académique. Cependant, vous en conviendrez, une étude quantitative de la réussite académique des garçons versus celle des filles, dans un environnement mixte versus privé, aurait été peu pertinente pour Culture LGBT.

J

e vous propose ainsi de revisiter des films qui flirtent avec le lesbianisme dans des écoles de filles. Selon leur contexte de production (année, pays, réalisateur, etc.), ces films, à la fois très différents, nous révèlent sans conteste des études sociologiques pertinentes. Depuis que les Frères Lumière ont présenté ces images en mouvement au public parisien en 1895, le caractère anthropologique du médium a toujours fasciné de par ce regard unique de l’image de l’Homme et de son environnement. Ainsi, je vous propose une étude d’un environnement, que l’on pourrait qualifier de clos, voir répressif, celui des écoles de filles (pensionnat, collèges privés) et d’un scénario type, celui des idylles saphiques, des

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amours interdits, des commig of age stories, par le biais de trois films, que les décennies séparent. Des années 30, aux années 60, en passant par les années 2000, la représentation

du lesbianisme à l’écran évoluera nécessairement selon la perception de l’homosexualité, comme les droits et acquis des

populations homosexuelles. Le septième art, celui que l’on surnommait jadis «le placard de celluloïd» (une appellation toujours d’actualité dans certains cinémas nationaux), évolue nécessairement selon les contextes sociaux, dans lesquelles les productions s’inscrivent. Sans pour autant prétendre à une étude exhaustive, je vous présenterai ici, au travers de cette chronique et des subséquentes parutions, un tour d’horizon non chronologique de différents films portant sur la thématique des «jeunes femmes en uniforme». Une occasion unique de découvrir ces films ou de les redécouvrir, par le biais d’une lecture sociologique du lesbianisme au cinéma.


Étude 1 : Thérèse et Isabelle Le film relate l’histoire d’Isabelle et de Thérèse qui se retrouvent toutes deux étudiantes dans un pensionnat français pour jeunes filles, le Collège du Lys. L’histoire nous est racontée du point de vue de Thérèse alors qu’elle revisite le pensionnat, 20 ans après son passage dans cet établissement. Thérèse y est seule, avec ses fantômes du passé, alors que les événements lui reviennent en mémoire, racontés par le biais de retours en arrière. Les premières images du film Thérèse et Isabelle évoquent cette caméra à la recherche de souvenirs, tel l’incomparable L’année dernière à Marienbad (1961) du grand Alain Resnais. Pour ceux qui sont familiers avec ce film de Renais, vous y trouverez une certaine similitude avec cette errance de la caméra dans les

couloirs du pensionnat, comme des fantômes de la mémoire… Sous la plume de Violette Leduc Produit et réalisé par Radley Metzger en 1968, le film est basé sur le roman éponyme de Violette Leduc rédigé en 1954 alors que des passages du roman seront publiés dans La Batârde en 1964. Par la suite, une version raccourcie et censurée est publiée en 1966 (la version intégrale paraitra en 2000). D’ailleurs, cette adaptation du cinéaste Radley Metzger retrouve la saveur de l’œuvre littéraire originale par le biais de la narration de Thérèse (ce qui est aussi le cas dans le roman), qui

narre les événements de façon poétique. Écrivaine française née à Arras, Violette Leduc rencontrera Simone de Beauvoir dans les années d’après-guerre à St-Germain les prés. S’amorcera une relation intense entre les deux femmes, relation basée sur la quête de la liberté par l’écriture pour Violette et la conviction pour Simone d’avoir entre les mains le destin d’un écrivain hors norme. Cette relation durera toute leur vie, alors que Simone de Beauvoir sera l’héritière des droits littéraires à la mort de Leduc en 1972. D’ailleurs, le film biographique français Violette (2013) mettant en vedette Emmanuelle Devos et Sandrine Kiberlain évoque leur histoire. Le libéralisme des années 60 Longtemps au cinéma, lorsqu’un personnage qualifié d’homosexuel (et plus rarement lesbien)

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apparaissait à l’écran, le récit se devait de conclure à sa mort, à son suicide, ou tout autre acte punitif, qui revenait à condamner l’homosexualité…D’où le «placard de celluloïd»…Dans les années 60, un vent de changement s’amorce avec la libéralisation des mœurs. Cela dit, l’homosexualité étant encore considéré comme une maladie mentale par l’American pyschiatric association, la libéralisation des pulsions à l’écran ne sera pas pour autant totalement libératrice. Cela dit, Therese & Isabelle a le mérite de ne pas se terminer par un suicide. Cela dit, dans de nombreux films flirtant avec le lesbianisme, expliquer d’où vient le lesbianisme – sous-entendre cette perversion – est partie intégrante du scénario... Les excuses se multiplient comme si le lesbianisme ne pouvait exister en lui-même…Par exemple, vous avez surement déjà vu les manifestations desdites excuses que ce soit cinématographiquement ou socialement; viol, père absent, relation conflictuelle, attachement viscéral à sa mère, bla, bla, bla et j’en passe… Dans Thèrese et Isabelle, le père est absent et l’autoritaire homme qui est en proie de le remplacer, fait mettre Thérèse en pensionnant, avec l’accord de la mère de celle-ci. Vous vous en doutez, Thérèse a clairement de la difficulté à quitter sa mère, avec qui elle semble avoir une relation très proche, sans être conflictuelle. Valider le lesbianisme À mi-chemin du récit voilà qu’Isabelle a une relation avec un homme…Si la couchette suit son cours dehors dans les feuilles, en guise de lit avec les criquets en trame sonore, Isabelle semble peu confortable, songeuse. Cette dernière semblait prendre

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davantage de plaisir à effleurer la main d’Isabelle par «mégarde»… Le fait est que pour beaucoup de films à thématique lesbienne, ou flirtant avec le lesbianisme, le scénario doit nécessairement vérifier, voire valider le lesbianisme, distinguer amitié et amour, se qui se traduit par trouver le bon mâle à l’héroïne. Le fait est que pour plusieurs le lesbianisme n’existe pas. Que cette «amitié consumée» n’est qu’un égarement ou alors une aventure sans lendemain, sous forme d’essai, et surtout non menaçante pour l’hétérosexualité. Dans les films pornographiques et dans la vie de tous les jours, le lesbianisme n’est qu’un fantasme chimérique pour l’homme hétérosexuel; si sa femme le trompe avec une autre femme, c’est en général beaucoup moins menaçant (voire même excitant), alors que si elle le trompe avec un autre homme, c’est une menace. Bien sûr, le scénario que j’évoque ici est une généralisation de la perception du lesbianisme (inutile d’écrire des lettres de menaces à ce sujet), quoique cette généralisation est encore grandement ancrée dans les mentalités, même si les choses ont tendance à changer, lentement mais surement… Plus les LGBT acquerront des droits sociaux, plus le respect pour les homosexualités sera validé et plus le lesbianisme sera perçu comme une réalité tangible, une sexualité à part entière, un mode de vie, plutôt qu’une chimère non menaçante. Le sexe Évidemment, même si nous sommes dans les années soixante, avec la libéralisation des mœurs à l’écran, le film Thérèse et Isabelle n’offre pas une sexualité explicite, même si vous

pouvez y voir de la chair ici et là. Les prémisses commencent par la satisfaction personnelle, avec cette scène où Thérèse se donne du plaisir (alors qu’elle pense à Isabelle). Plus tard, les deux femmes se rejoignent dans la chapelle (notez les interdits)… Cadré au visage, on entend Isabelle dire «je t’aime» à Thérèse, qui se rappelle le tout par le biais de retours en arrière. Plus tard, les deux femmes se retrouvent dans le même lit... «Si on nous trouve toutes les deux comme ça, on pourrait être expulsé » explique Thérèse. Isabelle rétorque que «le pensionnat pourrait brûler, elle s’en fiche, rien ne les séparera»…Scène de nudité : rien de vulgaire, tout est dans la douceur et l’évocation, plutôt filmée en haut des épaules pour la majorité, quoique vous y verrez de la nudité. Le monologue de Thérèse, expliquant ses émotions, est particulièrement évocateur. En opposition aux films pornos, on évoque plutôt que de montrer, on amène le ressentis au spectateur par la douceur et la suggestion. Et bon, au contraire du porno, il y a un scénario! Trêve de comparaisons… La Fugue, ou la théorie de la fuite À n’en point douter, les deux femmes s’aiment, ce n’est pas qu’une idylle de jeunesse. Néanmoins, lorsqu’elles se rendent compte de la condition de leur amour impossible, la fugue s’impose comme la solution (ou comme évoqué plus haut, la mort ultime en dernier recours, dans certains films). Dans Thérèse et Isabelle, Thérèse évoque la fugue alors que son amoureuse est plutôt réluctance. Rumeurs, pression des pairs et intimidation Et voici que la rumeur court…


Lorsque les autres jeunes filles du pensionnat apprennent la relation entre Thérèse et Isabelle, la phase de l’intimidation commence. S’en suit des cris, des larmes et pourquoi pas des cheveux arrachés. Ici c’est Isabelle la victime. Thérèse assiste impuissante, pour ensuite décider de feindre de se faire frapper par une voiture…stratagème qui évitera de révéler l’incident de l’intimidation aux supérieures et par surcroit la raison (lire relation secrète) qui engendre l’intimidation. Cet événement rendra possible une certaine fugue des deux femmes dans Paris; romantisme sous les ponts de paris, musette et hôtel…mais se confronter au regard des autres n’est pas toujours chose facile, même dans un deux étoiles… L’uniforme Finalement l’uniforme… Si Thérèse et Isabelle est un film en noir et blanc, vous discernerez cette chemise blanche, avec un débardeur et une jupe aux genoux aux tons plus foncés. Fait intéressant ; cette cravate noire que les pensionnaires portent, leur confère une certaine masculinité. Dans les codes

vestimentaires, porter des «signes masculins conventionnels» revient à conférer à l’héroïne un certain pouvoir, une indépendance, un charisme, un apparat de séduction jusqu’alors réservé aux hommes de par les conventions. Lorsque Marlène Dietrich chantait dans Morroco (1930), habillé d’un costar noir et nœud papillon, avec pantalon et chapeau, ces codes masculins lui conféraient un pourvoir de séduction. D’ailleurs, à la fin de sa prestation alors que tous les hommes et les femmes de l’assistance sont sous son charme, elle s’octroie le droit d’embrasser une spectatrice, illuminant ainsi l’histoire cinématographique de son premier baiser lesbien. De ce fait, et sous les réalisations lumineuses de Josef Von Sternberg, elle deviendra non seulement une icône du cinéma, mais aussi de la communauté lesbienne…. Filmographie : Therese and Isabelle (Radley Metzger, 1968, 118 minutes, noir & blanc) Par Julie Vaillancourt

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ENQuête séduction La drague, plus joliment appelée “l’art de séduire” est une activité complexe que nous, pauvres humains, ne maîtrisons pas toujours. Homo ou hétéro, personne ne déroge à la règle sans compter qu’une question plus délicate se pose quand on est LGBT et qu’une personne nous intéresse : “Est-il gay ?” “Est-elle lesbienne ?” Si nous partions du principe que nul n’est figé dans sa sexualité, peut-être tout deviendrait plus simple. Après tout, n’avez-vous pas des amis ou connaissances LGBT qui ont affirmé avoir “converti” des hétéros ? N’avez-vous pas des amis hétéros qui ont eu des relations LGBT ? Et enfin, avez-vous connu des LGBT qui ont penché à nouveau vers l’hétérosexualité ? Me concernant la réponse à toutes ces questions est “oui”! Tout le monde semble, à un moment ou un autre, vouloir se laisser tenter par le côte obscur de la Force. Reste à savoir où se trouve le côté obscur quand, dans tous les cas, l’ouverture d’esprit est un pas vers la lumière !

Le cas de Nathalie, 22 ans, lesbienne à Montréal : “J’attire que les hommes à mon grand désespoir”. Le problème, ce sont les codes ou pseudo-codes imposés par le milieu LGBT. Les filles lesbiennes sont considérées comme des “butchs”, les garçons homos, comme efféminés. Il y a pourtant des filles garçons manqués qui sont hétéros et des hommes hétéros taxés d’efféminés sous prétexte qu’ils prennent grand soin de leur personne. Ces clichés, souvent mis en avant lors des gayprides et autres rassemblements LGBT, ne définissent en rien la réalité. Comme dans le cas d’Aurélie, qu’en est-il des lesbiennes féminines et des gais masculins qui ne sortent pas revendiquer leur sexualité

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à tout bout de champ ? Si ces codes n’étaient pas aussi ancrés dans notre inconscient collectif (la faute à quoi ou à qui ?), alors peut-être serait-il possible de passer outre les apparences. Oui, certaines lesbiennes por-

tent des jupes, autant que des gays peuvent être masculins et virils. Dans ce cas quelles sont les astuces pour déterminer si vous intéressez telle ou telle personne sans tenir compte de tous ces codes pour le moins clichés ? Car si vous ne fréquentez pas

de lieu spécialisé (bar, sauna, club LGBT) les choses peuvent se compliquer... Comment détecter une attirance réciproque ? Un soupçon d’intérêt ? Car vous pouvez tout aussi bien imaginer plaire à quelqu’un, vous faire des “films” sur des possibilités qui ne sont pas du tout envisageables. Chacun a ses techniques, ses astuces, sa façon de naviguer dans les hautes sphères de la séduction en tenant compte des contraintes sociales qui nous sont imposées selon les pays où nous vivons. Qu’y a-t-il de plus important chez celui ou celle que nous cherchons à séduire ? Sa beauté physique ? Sa beauté intérieure ? Son charme ? Sa gentillesse ? Sa culture ? A la fois tout et rien car à chacun ses goûts, ses attentes, ce qui rend complexe voire impossible


la tentative de donner une seule et unique réponse ou technique de drague ! Plusieurs de nos lecteurs se sont prêtés à un petit jeu de questions/réponses afin de présenter leur façon de faire ou d’appréhender la drague. TéMOIGNAGES DE FILLES...

Adeline 34 ans, Bordeaux : “Je suis bisexuelle, j’aime mes formes, ma féminité. Je sors peu dans le milieu ce qui me vaut souvent des regards interrogateurs quand j’arrive dans un bar lesbien où tout le monde semble se connaître. C’est désagréable de voir plein de visages se tourner dès qu’on ouvre une porte et de se sentir dévisagée comme un morceau de viande (rire). Etant réservée, je préfère attendre qu’on vienne vers moi mais ça ne m’empêche pas de draguer à ma façon. Hommes ou femmes, quelques coups d’œil, un sourire, ça passe ou non et je sais que la personne qui viendra me voir s’intéressera à moi et souhaitera me connaître réellement. Aller vers les femmes ou les hommes, j’ai essayé et c’est très difficile de sa-

voir si la personne vous répond TEMOIGNAGES DE pour être polie ou réellement GARCONS... parce que vous lui plaisez.” Charles, 19 ans, Paris : “Je ne Cindy 21 ans, Toulouse : “Je suis plutôt androgyne, j’aime bien jouer de plusieurs styles, masculin ou féminin selon mes humeurs. Je ne suis pas un modèle de beauté mais je suis bien dans mes baskets et c’est l’essentiel ! Quand je sors, je vais naturellement vers les autres filles. Ca n’a rien de physique, ce n’est pas toujours pour draguer, tant qu’elles ont l’air sympathique, simplement pour discuter et faire connaissance pour passer sors pas dans le milieu et je n’ai un bon moment sans me pren- pas fait mon coming out. Je me dre la tête. Du coup, je maxim- considère comme un mec plutôt ise mes chances de rencontrer viril, athlétique, on me dit beau la fille qui me plaira vraiment. garçon mais je suis extrêmeJ’aime surtout les filles qui me ment timide. Quand un garçon font rire, qui savent s’amuser, me plaît, qu’il soit gay ou non, avec qui je peux avoir un vrai je fais mon possible pour essaydialogue. Si au bout de cinq er de sympathiser, devenir ami. minutes je me rends compte Je m’intéresse à ses centres d’inque je parle toute seule, je n’in- térêt, ses passions. Si je doute de sa sexualité, après un temps, je siste pas et je m’en vais.” lui avoue la mienne et en foncJulie 27 ans, Lyon : “Je n’ai jamais tion de sa réaction je suis fixé. eu de problème pour sortir avec Certains peuvent se montrer les filles qui me plaisent. Je suis agressifs, d’autres sont curieux fêtarde, l’alcool désinhibe et je et me posent des questions, suis très sociable. Je n’hésite pas parfois ils sous-entendent qu’ils à parler, j’ai le compliment facile pensent à essayer.” du genre “j’adore tes cheveux, j’adore tes baskets, t’as une jol- Sébastien, 24 ans, Bruxelles, ie robe”, ajouté à un sourire et habitué des bars et clubs gays. la conversation peut suivre fac- “Perso, j’ai horreur qu’on vienne ilement s’il y a un minimum de me draguer je préfère prendre réciprocité. Ce genre de chose, les choses en main. Si un mec je suppose que ça s’apprend, ça me plaît, je lui offre un verre et se sent à force de sortir et de je vois si le courant passe. Au rencontrer du monde. On sait fil des discussions c’est facile de reconnaître la fille qui est in- voir à qui on a à faire. Il y a le téressée et celle qui ne l’est pas.” mec qui cherche le plan d’un

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soir, un autre qui veut un amant sur du long terme, encore un autre qui vient de rompre et qui vient juste se changer les idées.” Nicolas, 31 ans, Biarritz, en relation libre : “Ca fait presque 10 ans que je vis avec mon homme, ce qui ne nous empêche pas de sortir chacun de notre côté pour faire des rencontres. Moi je fréquente pas mal de Saunas en ville, lui préfère les bars. Ni lui, ni moi ne passons pour des gays, il y a même parfois des femmes qui me draguent.

Pour les plus timides, introverti(es), éloigné(es) des zones urbaines ou des lieux de rendez-vous LGBT - rayez la mention inutile - l’ultime moyen de rencontrer l’âme soeur se résume en un mot : Internet. Le Web a vu fleurir un nombre incalculable de sites de rencontres. Sites professionnels ou amateurs, gratuits ou payants, il y en a pour tous les goûts. Site

Ce qu’on en retient ? Il n’y a pas de recette toute faite qui vous assurera de conclure avec toutes les personnes qui vous plaisent. Au diable les grands gourous de la séduction qui prétendent avoir LA réponse pour séduire. Oubliez les communautés secrètes de la drague, la méthode miracle n’existe pas. Chacun ses techniques, de l’approche timide à la drague audacieuse, tout le monde se prend Car au final, un sourire, un regard, le début d’une discussion peuvent être les prémices déterminants d’une approche entre deux personnes et ce, quels que soient le sexe ou la sexualité. Et la drague sur Internet ?

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de rencontres pour célibataires, pour couples, pour geeks, pour ados, pour cougars, entre chrétiens, entre musulmans, pour blacks et métisses, pour veufs et veuves, pour relations extraconjugales.... et même pour chiens et chats ! Autant de sites, qu’il y a de diversités n’est-ce pas ? Ce qui nous amène à nous intéresser de plus près aux sites de rencontre LGBT! Ils ne sont pas aussi nombreux qu’on peut le croire. D’un côté, il y a les sites amateurs à thématique lesbienne, gay bi ou trans qui se “google-isent” comme sites de

rencontre de part leur forum ou leur plateforme de tchat; d’un autre côté, il y a les sites professionnels gérés par des administrateurs expérimentés dans le dating qui savent tout mettre en œuvre pour réunir un maximum d’internautes et de membres en quête de l’âme soeur. C’est le cas du site Gayvox. Devenu une référence en matière de Dating LGBT f rancophone, Gayvox est le 1er site de rencontres gaies et lesbiennes avec plus d’un million deux cents mille membres. Petit historique : C’est en janvier 2000 que Patrick Elzière et son associé Dominique Lejade, créaient la plateforme qui affiche les couleurs LGBT et hétéro-friendly en devenant un portail centralisant les actualités LGBT proposées sur la toile. Au fil des mois, Gayvox élargit son contenu et propose aux internautes un guide, un agenda des sorties LGBT puis un forum de discussions aux thématiques variées et spécialisées telles que le coming-out, la vie gaie, le tout agrémenté de sous-forums dédiés aux filles ou aux garçons. Devenant peu à peu un site incontournable pour la communauté LGBT francophone, c’est en 2002 que l’équipe de Gayvox met en place la création de profil personnalisé pour ses membres et, dès 2003, ces derniers


peuvent discuter gratuitement par système de tchat. Pour mieux vous présenter Gayvox et l’univers du Dating, son créateur Patrick Elzière a répondu à quelques unes de nos questions.

Pourquoi avoir fait évoluer Gayvox en tant que site de rencontre ? La demande est venue de nos membres, assez rapidement. En toute logique, un environnement LGBT sans rencontre était un frein important dans notre développement et la notoriété de la marque. On ne peut que constater qu’en 2002, date de mise en place de l’environnement Rencontre, le site n’a fait que croître.

er un environnement ludique. (http://www.gayvox.fr/gay/ index.php?gays=15&lesbienne=121&rencontre=4247 http://www.gayvox.fr/gay/ index.php?gays=15&lesbienne=121&rencontre=4368) Pour finir, depuis 2 ans ½ nous nous sommes lancés dans la mobilité avec notre application iPhone, iPad, Androïd, complement du web et qui ne nécessite pas de nouvelle inscription, et un lancement de celle-ci à l’international.

Comment expliquez-vous une telle réussite ?

Un état d’esprit, une équipe motivée, des partenaires financiers qui nous ont soutenus et accompagnés dans nos projets de développement.

Comment Gayvox s’est-il démarqué de la concurrence au De 2001 à 2013, comment la fil des années ? plateforme Gayvox a-t-elle Dès le départ un positionne- évolué dans l’univers du Dating ment mixte. Un positionne- ? ment « politiquement correct » accessible au plus grand nombre, y compris les mineurs (Un forum leur est réservé pour s’exprimer mais ils n’ont pas d’accès à la rencontre). De ce fait, nous sommes devenus le partenaire exclusif d’Orange France sur leur portail mobile pour la rencontre LGBT. Une volonté de se positionner fortement sur la Province, notamment par l’intermédiaire du Guide et de l’Agenda. Création du projet Village Gayvox, qui malheureusement n’a connu qu’une saison. L’idée était de sortir du virtuel et de créér et propos-

Tout d’abord nous avons été à l’écoute des attentes de nos membres pour faire évoluer le site et les services. L’évolution de la concurrence nous a aussi boostés sur le choix de nouvelles technologies. Malgré ces évolutions nous avons gardé l’esprit du dating et ce face à des concurrents qui sont soit orientés « sexe », soit « réseau social ».

Gayvox est très impliqué dans la promotion des évènements culturel LGBT, faites-vous du sponsoring auprès de jeunes lgbt ou projetez-vous d’en faire

?

Quand l’occasion se présente et dès lors qu’on nous sollicite, nous avons accompagné depuis 2000 des artistes, des jeunes talents, dont certains devenus célèbres (Florence Foresti – Ysa Ferrer – Robert – Gérald (G squad) – Quentin Elias (Alliage)…

Quels sont les projets futurs du site, vos objectifs d’évolution pour les prochaines années ? La poursuite de notre développement à l’international. Aujourd’hui, via nos applications et demain avec une version web de la Rencontre en anglais et en espagnol. Enfin, une nouvelle refonte de la partie éditoriale de gayvox d’ici à 2014.

Pour finir, quels conseils donneriez-vous à un gay qui s’inscrit sur Gayvox ? Et à une lesbienne ?

A l’un comme à l’autre, d’être avant tout soi-même, sincère (ne pas tricher sur ses photos, son âge), ce bien sûr si l’objectif est de faire La rencontre. Après, il ne faut pas tout attendre d’un service de rencontre virtuel. C’est un moyen de mise en relation dont il faut savoir sortir pour entrer dans la réalité. Propos reccueillis par Béatrice Guillart et Emmanuelle Gaultier

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Bons plans à montréal Mill-End Vs Village les quartiers lesbian-friendly alternatifs au Village

L

ors de vos dernières vacances, vous vous êtes sentis pas très bien accueillis. N’hésitant pas à rayer certains pays de votre guide de voyage avant de faire vos réservations, vous avez décidé cette année d’opter pour des villes plus sécuritaires et où l’homosexualité est tolérée. L’ouverture d’esprit n’est pas uniformément répartie sur la terre. Comment savoir si une ville est gay-friendly ou pas ? Avec plus ou moins de visibilité, certaines villes ont su mettre en avant une culture LGBT au travers d’hôtels, restaurants, bars, lieux de rencontres ou journaux. Montréal fait partie de ces villes possédant assez d’ouverture d’esprit pour être considérée comme l’une des destinations les plus gay-friendly au monde. Alors, n’hésitez pas à opter pour Montréal pour votre prochain séjour. Facile à vivre, la ville offre beaucoup de sécurité. Vous pouvez vous balader en toute quiétude dans ses rues, ses parcs, son métro ou ses quartiers. Deux quartiers principaux à retenir : Le Village et le Mill-End. En tant que lesbienne, existe-il d’autres quartiers plus « lesbian-friendly » que le Village ? Même si le Drugstore, le Cabaret Mado ou le bar Cocktail (Sainte-Catherine) restent populaires dans le Village, il y a une forte communauté lesbienne dans le Mill-End. Tanya Churchmuch [1] (directrice adjointe, tourisme Montréal), rappelle que les repères fréquentés par les lesbiennes n’étaient pas dans le Village, mais vers le PlateauMont Royal. Les lesbiennes ont donc investi et investissent encore d’autres lieux alternatifs au Village. Alors, ne restez pas confinées dans le village, Mesdames, baladez-vous entre le Plateau Mont-Royal, La Petite Italie et le Boulevard Saint-Laurent, vous allez découvrir un autre visage de Montréal gay. Des cafés, bars et restaurants comme le Cagibi, Notre-Dame-Des-Quilles ou le Royal Phoenix donnent au quartier une petite touche féministe, queer et plus branchée que les autres quartiers. Des lieux contribuant à créer une communauté. Vous allez également apprécier les ruelles ombragées, les maisons à deux étages avec escaliers extérieurs en fers forgés, les petits jardinets donnant au quartier une atmosphère un peu bohème et indie. Voici deux adresses populaires dans le Mill-End à ne pas manquer sur le boulevard Saint-Laurent…. LE CAGIBI (2] Au coin du Boulevard Saint-Laurent, Le Cagibi est un petit café musical douillet et convivial. C’est l’endroit idéal pour flâner, bruncher tout en lisant un livre, surfer sur le web ou…. Cruiser (draguer) ? On aime les grandes fenêtres pour re-

garder les passants. On apprécie également la chaleureuse déco vintage des années 8O, les murs tapissés d’affiches et d’articles hétéroclites. Le personnel est accueillant et sert une excellente cuisine végétarienne. On y vient pour étudier, manger ou tout simplement pour se détendre. Le soir, n’hésitez pas à venir assister à des concerts dans l’arrière salle ou retrouver un samedi par mois les joueuses du roller derby de Montréal. Le samedi soir le café est plein à craquer de filles lors des soirées roller derby. LE ROYAL PHOENIX [3] Même si Val Desjardins n’est plus responsable du bar, Le Royal Phoenix garde son charme. Petite terrasse agréable où il fait bon de bruncher le samedi et dimanche. C’est le seul bar gay/queer à l’extérieur du Village. Voici quelques évènements culturels à ne pas manquer…. Le Roller Derby se déroule dans le Mill-End à l’Arena Saint-Louis. Après la soirée tout le monde se retrouve, soit à Alexandra PLatz, au Cagibi ou Royal Phoenix. FESTIVAL EDGY WOMAN Tous les ans, au mois de mars, cet évènement férocement féminin, tourne autour de plusieurs thèmes comme le sport, les arts, colloques, projections de court-métrages et un happening au club de boxe Chat Bleu, vous jouerez peut-être au babyfoot féministe. Edgy Woman est l’évènement culturel de l’année. FESTIVAL DE FILMS IMAGE+NATION Grand festival de films lgbt pendant la saison estivale. Image+Nation en collaboration avec Aires Libres, vous donne rendez-vous tous les jeudis soir au Parc de l’Espoir (coin Sainte-Catherine et Planet). Les meilleurs courts et longs métrages lgbt vous seront présentés. Vous pouvez constater qu’au sein des grands évènements LGBT, il y a une forte présence de la communauté lesbienne. A la mi-août, il y a le Dyke March. Dernière semaine de juillet, Divers/Cité propose une série d’animations dont la soirée saphique Lesbomonde à la plage de l’Horloge. Présence de deux Dj’s, Denise Benson et Tizi, à la beach party. [1] Tanya Chuchmuch : Directrice adjointe de Tourisme Montréal (secteur marchés LGBT), 1555, rue Peel, bureau 600. [2] Le Cagibi, 5490, Boulevard Saint-Laurent [3] Royal Phoenix, 5788, Boulevard Saint-Laurent Par Gabrielle Galardi

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Bons plans à mIAMI Miami, destination phare du clubbing international

C

a y est, vous voilà enfin touriste heureux fraichement débarqué à Miami. Vous avez déjà entendu parler de Miami, des lieux incontournables pour le tournage de certains films (Miami Vice, Deux flics à Miami), du célèbre gangster Al Capone, ses fameuses plages de sables blancs, Key West, du Spring Break et surtout des nuits endiablées de South Beach. C’est donc avec un certain baume au cœur que vous sirotez en bonne compagnie, face à l’océan, un cocktail sous les palmiers d’Ocean Drive. Caché derrière vos lunettes de soleil, vous admirez les corps bronzés des jeunes éphèbes sur la plage. Lieu de détente et de farniente, Ocean Drive est un long boulevard longeant la célèbre plage gay et réputée pour ses bars et clubs gays- friendly aux néons clinquants. En attendant de pouvoir participer à la liesse générale lors des différentes festivités dont la gay pride, vous vous réjouissez de découvrir la vie nocturne de South Beach. En voyant le nombre d’établissements gays et lesbiens, vous comprenez que la clientèle LGBT réside principalement dans ce fameux quartier de Miami. En effet, destination préférée des LGBT, c’est l’endroit idéal pour clubber tout en profitant de la plage. Miami colle donc parfaitement bien à sa réputation de ville extravagante et sexy. Avec tant d’atouts, elle est devenue la mecque du tourisme gay et du clubbing international. Les étudiants new yorkais l’ont compris, en choisissant Miami comme destination pour le Spring Break. De mars à décembre, vous pouvez profiter de plusieurs évènements phares sur fond d’atmosphère tropicale. Chaque année, le Winter Party festival (5 au 10 mars 2014) et la gay pride (du 11 au 13 avril 2014) attirent les clubbers et DJ’s du monde entier. C’est l’occasion de profiter de la plage, des pools partys, du soleil et de la musique électron-

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ique à outrance. Sea, sex and sun sera donc au rendez-vous. Mars est donc riche en concerts, concours et spectacles de drag queens. Si l’idée de la foule, des plages bondées et la folie du clubbing ne vous tentent guère, optez pour une visite plus culturelle et ludique. En effet, du 25 avril au 4 mai 2014, se déroulera le festival du film gay et lesbien dans le quartier de South Beach. Pour les amoureux de monuments architecturaux, ne manquez pas l’Art Déco des années 30 sur Ocean Drive. Les sportifs et écologistes trouveront de quoi satisfaire leur curiosité à la pointe sud, dans le chapelet d’îles qu’on appelle « Keys ». A Key West, petite localité de Floride, n’hésitez pas à embarquer à bord du Key West Trolley Tour. Vous découvrirez l’histoire d’une des villes les plus charmantes et singulières de Floride. Vous allez être séduits par les maisons blanches de style colonial. Refuge préféré des écrivains ( Alison Lurie, Ernest Hemingway, Tennessee Willliams), la ville peut être fière de son héritage littéraire. C’est à Key West, qu’Ernest Hemingway a écrit son célèbre « Pour qui sonne le Glas ». Le mois de juillet est idéal pour découvrir Key West lors du Hemingway Days Festival (21 juillet). Arrêtez-vous au Captain Tony’s, le plus vieux café de la ville. On raconte que les plus célèbres écrivains s’y sont arrêtés. Pour une journée de détente, suivez les guides dans les mangroves. Ils vous initieront au Stand Up paddle dans les Keys. Pas besoin d’être professionnel, vous pouvez même garder vos habits. Debout sur une planche, vous utiliserez une pagaie pour avancer. Vous aurez peut-être la chance de voir des lamantins. Par Gabrielle Galardi


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rencontre avec line beaumier Dans quelques jours débutera le tournage du deuxième film de Line Beaumier “Les oubliées”. Un court métrage de 15 minutes qui présentera dans une fiction-documentaire un historique des conditions de vie des femmes lesbiennes des années 1940 à nos jours. Forte d’une première expérience en cinéma dans un film traitant de l’inceste (Le manifeste : http://www.youtube.com/watch?v=rriA_OKmPS0), Line Beaumier s’est prêtée à un petit jeu de questions/réponses afin de nous parler de son dernier projet cinématographique “Les oubliées” et de ses engagements communautaires.

Pouvez-vous nous présenter Même s’il y a peu de traces de l’histoire et l’univers de votre ses femmes, pourtant elles existaient. Ce sont les années ou film “Les oubliées” ? Il y a deux volets aux oubliées, la première se déroule en 1940 et l’autre en 2013. J’ai voulu raconter l’histoire de deux femmes, une hétéro mariée et l’autre lesbienne en 1940, cette période se déroule ici au Québec. À cette époque, il était impossible de s’affirmer en tant que lesbienne. Un climat de peur était instauré, la violence conjugale était omni présente, la religion et la pression sociale étaient très fortes.

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la deuxième guerre mondiale faisait rage de l’autre côté de l’atlantique les homosexuels, lesbiennes étaient déportés par train. Les lesbiennes portaient le triangle noir, les hommes le triangle rose tandis qu’ici des femmes et des hommes vivaient dans l’ombre d’une vraie vie. Les années 2013 sont plus représentatives ce que nous vivons en ce moment ici et ailleurs.


Vous exprimez un profond attachement à votre projet, pourquoi cette volonté de réaliser un court métrage mettant en avant la vie des femmes lesbiennes en 1940 ? Parce qu’on n’en parle pas dans l’histoire, il y a peu de trace. Pourtant elles existaient mais vivaient recluses pour ne pas subir d’intimidation, voir de l’internement en psychiatrie. Les femmes en général n’avaient aucun droit, leur vie était tracée d’avance, soit elles se mariaient et avaient des enfants ou elles entraient en religion. Il y avait celles cataloguées de vielles filles, titre peu enviable. Les femmes n’étaient pas des personnes à part entière, elles étaient sous la responsabilité de leur mari, frère, père. Car sans autorisation parentale elles n’avaient pas le statut d’adulte. Elles ne pouvaient faire soigner leur enfant malade en cas d’urgence, ne pouvaient prendre aucune décision monétaire, acheter une maison. Elles étaient sous le contrôle non seulement de l’église mais aussi de leur père et ensuite mari. À cette époque, il y a eu beaucoup de cas de violence conjugale. Des femmes battues c’était chose courante puisque la police ne se déplaçait pas lors d’appel pour aider les femmes violentées. 1940 les femmes lesbiennes ou soupçonnée de l’être et qui vivaient en Europe étaient déportées par

er car rien n’est acquis même ici. Quand je pense qu’au États Unis le mariage pour tous n’est pas légalisé dans tous les états, que la religion y oppose une lutte parfois sauvage. Que certain État Quel regard portez-vous sur comme le Texas banalise les ces moments de l’histoire meurtres commis envers la peu connu de la commu- communauté LGBT. train pour être gazée. Cette violence s’apparente encore aujourd’hui dans certain pays où l’on minimise les actes commis contre la communauté LGBT.

nauté LGBT ?

C’est incroyable de réaliser qu’autant de personnes vivaient dans l’ombre, dans la peur d’être reconnu, d’être vu, d’être catalogué, d’être intimidé. Je n’aime pas cette époque qui a été gardé sous silence si longtemps. C’est quasiment comme si elle n’avait pas existé, pourtant cette période qui a précédé les autres est tout aussi importante car elle nous a aidé à obtenir ce que nous avons maintenant.

Y’a-t-il eu des influences, des prémices à la réalisation de votre film ?

La déviance fait partie de mes influences, avant 1969 les lesbiennes, gais, bi, transgenre étaient des déviants passible de peine de prison. Une lesbienne a perdu la garde de sa fille pendant 15 ans pour avoir donné une entrevue à la télévision, elle a été internée. La folie certes m’a beaucoup influencé, il y avait des docteurs spécialisés dans le changement d’homo souhait- vers la dite normalité hétéro.

Quels messages ez-vous véhiculer aux spectateurs qui pourront D’autres projets à venir ? prochainement découvrir Pour l’instant je me convotre film ? centre sur la finalisation Que le combat n’est pas fini, Qu’en Russie les jeux Olympique arrivent à grand pas et qu’on a passé une loi anti-gay,. Quand on parle de la 2ième guerre mondiale on ne parle jamais des lesbiennes, presque pas des gays. Qu’ici au Québec on a beaucoup évolué car la religion est sortie des chambres à coucher. Par contre elle reste difficile ailleurs dans le monde. Il faut continuer de sensibilis-

de ce projet, montage, son, musique, de recherche de financement et finalement d’envoyer le produit fini dans certains festivals Propos reccueillis par Emmanuelle Gaultier

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http://steditions.com email : steditions@hotmail.fr facebook.com/steditions twitter.com/KyrianMalone

Sang et Honneur

Almost Evil

Ante-Christ

Péplum - Romance

Bit-Lit - Romance

Romance - Fantastique

90 après J-C. Aquilée est une ville réputée pour ses combats de gladiateurs qui s’affrontent dans ses arènes aussi célèbres que celles de Capoue. Sarra, fille du Consul Quintus Sarrius Valerius, va rencontrer Luan, une jeune femme Calédonienne, capturée par son frère, esclave offerte à son père pour combattre à son tour dans l’arène.

Sarah Leary revient vivre chez son père Hank à Fox Lake, petite ville de 4000 habitants dans l’ouest de l’Etat de Washington. Lors de son premier jour de lycée, elle rencontre Faith MacLane, une fille aux traits charismatiques et au teint de craie qui attire aussitôt son attention...

Jennifer James est agent de liaison à Quantico. Son équipe rejoint NewHaven pour interpeller un homme responsable de la disparition de plusieurs femmes. Jennifer ignore en descendant dans les sous-sols de la demeure prise d’assaut, qu’une créature l’attend et va lui faire découvrir qu’un tout autre monde existe..

Prix Téléchargé : 12.14€ - 231 pages Edition de Poche : 17.59€

Prix Téléchargé : 6.18€ - 249 pages Edition de Poche : 14.74€

Prix Téléchargé : 9.71€ - 198 pages Edition de Poche : 17.10€

What we desire

Cold Case

Romance

Policier - Fantastique

Sexe Passion Love and Lust Tome 1 Thriller - Romance

Deux jeunes femmes en couple ont un fantasme : S’offrir les services d’une professionnelle pour une soirée torride dans leur maison de Malibu. Seulement, quand les désirs consommés laissent place aux discussions et aux sentiments, le prix à payer peut s’avérer conséquent.

Sarah, 17 ans, est embauchée pour garder le fils de Faith Ryan, un travail plutôt facile en soi. Pourtant bien qu’adorable, Cameron s’avère être un enfant mystérieux, sans parler des phénomènes étranges qui se manifestent de plus en plus souvent autour de lui. Que peut-il bien se passer dans cette maison ?

Depuis quelques temps rien ne va plus entre Rick et Eliza. La jeune femme se sent le besoin de faire un break, de se retrouver pour faire le point quant à la nature de sa relation avec lui. Décidée à reprendre sa vie en main, elle pousse un jour la porte d’une agence immobilière de Los Angeles et y rencontre Sarah Leary.

Prix Téléchargé : 7.79€ - 265 pages Edition de Poche : 16.70€ -

Prix Téléchargé : 10.00€ - 319 pages Edition de Poche : 19.78€

Prix Téléchargé : 11.78€ - 276 pages Edition de Poche : 18.78€

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Romans lesbiens en français, disponibles en format papier et téléchargement Psycho

Mégalodon

Remember me

Thriller

Action, romance

Policier

Faith Ryan enseigne la criminologie à la célèbre université de Harvard quand surviennent plusieurs meurtres. Certains de ses élèves sont alors les principaux suspects et certains se prétendent capables de retrouver l’assassin. Disponible en ebook seulement. Prix Téléchargé : 6.84€ - 187 pages

Sexe Passion Love and Lust Tome 2 Thriller - Romance

L’océan : Une immense étendue d’eau calme, apaisante en apparence, qui peut regorger dans ses abysses le plus incroyable et effrayant des dangers. Un danger auquel Sarah Leary était loin de s’attendre, jusqu’à la mort de plusieurs baigneurs au large de la petite ville de Northfolk

Sarah Leary attend ses clients sur Hollywood Boulevard. Quand une limousine s’arrête, qu’elle voit une femme d’affaires lui proposer 4000$ pour un “moment” à ses côtés, elle ne peut refuser. C’est incertaine qu’elle accepte ce nouveau contrat et monte à bord du véhicule pour passer une nuit avec elle.

Prix Téléchargé : 7.50€ - 153 pages Edition de Poche : 15.42 €

Prix Téléchargé : 8.79€ - 249 pages Edition de Poche : 21.49€

Have Faith Tome 1 Fantastique - Suspens

The Girl with the broken smile Romance

Depuis quelques temps rien ne va plus entre Rick et Eliza. La jeune femme se sent le besoin de faire un break, de se retrouver pour faire le point quant à la nature de sa relation avec lui. Décidée à reprendre sa vie en main, elle pousse un jour la porte d’une agence immobilière de Los Angeles et y rencontre Sarah Leary.

Un rien sépare le monde des morts et celui des vivants. Faith le sait puisque Faith est morte il y a quelques jours... Ou quelques mois, elle ne sait plus. De l’autre côté, le temps n’a plus d’effet, il n’est plus palpable, mais la douleur, elle, perdure en voyant son entourage souffrir de sa disparition.

Après une violente dispute avec son compagnon, l’agent Jennifer James fuit son appartement en plein milieu de la nuit et n’a d’autre choix que de demander de l’aide à son amie et collègue Emily. Cette dernière l’accueille sans la moindre hésitation malgré son attirance profonde envers elle.

Prix Téléchargé : 28.95€ - 587 pages Edition de Poche : Prochainement

Prix Téléchargé : 11.84€ - 314 pages Edition de Poche : 16.17€

Prix Téléchargé : 8.92€ - 251 pages Edition de Poche : 16.76€ FONDATION CULTURE LGBT - PAGE 39


Entrevue avec sophie LApointe Auteure de romans lesbiens Maman d’un petit garçon de cinq ans et directrice d’école à Chambly, Sophie Lapointe vient de terminer son deuxième roman. C’est avec passion qu’elle évoque l’écriture de ses deux titres. Elle soulève son désir de rendre visible la littérature lesbienne québécoise trop peu représentée dans la communauté, permettant ainsi à ses lectrices de s’identifier à des personnages plus proches d’elles. Sophie Lapointe a accepté de répondre à nos questions pour nous parler de son dernier roman “Le silence des fleurs”, un roman sur la rencontre de l’inconnu, de l’acceptation de soi et des autres, à travers ses différences et ses défauts. Quel est votre parcours, comment ment du premier roman en 2007. au libraire. Alors, les commenen êtes-vous venue à écrire des ro- Le libraire m’a déjà téléphoné taires étaient très positifs surtout mances lesbiennes ? J’écris depuis un samedi matin pour me dire du fait que la littérature lesbienne toujours. J’ai obtenu un diplôme en création littéraire avec mention d’honneur, j’ai écrit plusieurs articles pour des magazines et j’ai participé à des concours littéraires. J’en suis arrivée à pondre mon premier roman lorsque j’ai manqué le bateau avec une femme, une aventure dont j’avais tant rêvée. Alors, la thématique lesbienne s’est imposée d’elle-même. Je ne me voyais pas écrire sur des couples hétéros. Ça ne me parle pas. Ma passion pour les femmes m’inspire !

qu’il y avait une lectrice qui vou-

Lors de la promotion et suite à la sortie de votre premier titre, comment ont réagi vos lec- lait que je signe son livre. J’étais trices, quels ont été leurs retours et touchée. Les lectrices revenaient avis ? J’ai été surprise de l’engoue- parler positivement de mon livre

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québécoise est sous-représentée. Certaines filles me disaient qu’elles étaient contentes de pouvoir se reconnaître dans les personnages mais aussi elles reconnaissaient les endroits qu’elles fréquentent. Comme j’ai fait une réimpression de ce premier roman, je reçois encore des commentaires des femmes qui me confient qu’elles se sont posé les mêmes questions que Sandrine, le personnage principal.

Quelles ont été vos motivations pour l’écriture d’un deuxième titre?

Évidemment, suite au succès de Sonatine sur un air de Picasso, j’avais un élan pour écrire le deuxième. Certaines lectrices me disaient avoir hâte au deuxième. L’écriture a commencé moins d’un an plus tard mais ça m’a pris quelques années à ter-


miner l’écriture. La sortie s’est déroulée 6 ans plus tard, après l’accouchement de mon fils et des changements dans ma vie professionnelle et personnelle.

En quoi votre public peut-il s’identifier aux protagonistes de vos œuvres ? Je crée mes per-

sonnages à partir de ce que je connais donc ils ne peuvent être très loin de la réalité. Je les veux vivants et réalistes afin que le public puisse s’identifier. Je tente de décrire également différents styles de couples afin que chaque lectrice puisse s’identifier.

Vous avez opté pour l’autoédition qui représente un ensemble de démarches difficiles pour se faire connaître, des raisons particulières à ce choix ? La première raison est

qu’en général dans la vie, je ne suis pas très patiente. Attendre des mois après la réponse d’un ou plusieurs éditeurs ne me tentait pas. J’aime aussi contrôler mon œuvre. Je décide évidemment de quelle place prendra chaque personnage et quels mots j’utiliserai. De plus, j’aime faire appel à des amies pour les couvertures. Je vis avec mes choix et j’en assume les résultats. Jusqu’à présent, ça a bien fonctionné ! J’avoue que le seul problème que je rencontre est le manque de temps pour le promouvoir. Mon travail et la famille m’occupe beaucoup. Mes livres sont tout de même présents dans 3 librairies (dont Larico à Chambly et Ménage à trois dans le village gai à Montréal) et je vais m’y mettre afin de pouvoir offrir mes livres sur internet pour celles qui n’habitent pas la région de Montréal (site à surveiller : www.lavoixdesophie.com).

Avez-vous d’autres projets d’écriture ? Un troisième roman est-il prévu ? Je suis déjà en

écriture pour le troisième roman. J’avais commencé il y a quelques années. Mais il faut parfois laisser reposer ses idées afin qu’elles mûrissent ! J’ai déjà près d’une centaine de pages d’écrites. Je dois maintenant faire un plan ! (rire) J’espère pouvoir le sortir d’ici les 2 prochaines années. On verra…Mais chose certaine, il y aura au moins un personnage féminin gai ! Propos reccueillis par Emmanuelle Gaultier

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Chronique littéraire Frangine de Marion Brunet Je pense qu’il est avant tout important de préciser que ce roman m’a particulièrement touché et je l’espère vous touchera également. Pourquoi est-ce que je peux me permettre d’affirmer cela ? Parce que je suis homosexuelle, que je suis en couple avec une femme dont je suis amoureuse depuis le premier jour où j’ai croisé son regard. Les questions du mariage, des enfants finiront par se poser dans un climat français troublé. Quand j’ai commencé à lire ce roman, je n’ai pu qu’en admirer son actualité et son caractère – malheureusement – polémique. Alors évidemment, vous comprendrez la raison qui fait que ce roman est cher à mon cœur. L’histoire n’est pas très compliquée même si pour certains personnages du livre et pour certaines personnes existantes dans la vie de tous les jours (notre vie, la vraie vie), ça l’est. C’est juste une jolie histoire de famille, un portrait de vie. Nous entrons dans cette famille homoparentale sous le point de vue de Joachim, l’aîné. Le seul homme de la famille ? Un choix

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? Il nous présente sa vie quotidienne d’adolescent de terminale, ses potes, ses parents, sa petite copine, ses premières folies hormonales mais il nous parle également de sa petite sœur, Pauline. Elle aussi arrive au lycée, elle passe « du pays enchanté aux

terres menaçantes du Mordor ». Sa naïveté, sa candeur l’amènent vers la haine de ses camarades à cause de sa famille, de l’amour de ses mères, de sa différence. Personne ne semble réellement se rendre compte de l’ampleur que cela prend pour l’adolescente qui se transforme, qui devient une autre, l’ombre d’elle-même.

Mais l’amour est plus fort que la haine, n’est ce pas ? Et c’est ce que m’inspire ce roman. Ce roman m’a confortée dans mes idées. En effet, je ne cesse de dire à mon amie que ce qui m’effraie le plus dans le fait d’avoir un enfant est de devoir lui expliquer pourquoi certains nous craignent, ne nous aiment pas, nous jugent sans nous connaitre, nous haïssent sans même savoir qui nous sommes. Comment expliquer ce déferlement de haine à mes futurs enfants ? C’est ce qui m’a toujours inquiété et je trouve que ce roman apporte une bien jolie réponse : par l’Amour. « Tout ne se règle peutêtre pas un câlin » mais l’amour de deux mères et d’une famille toute entière peuvent permettre d’aller au-delà de tous ces jugements et de cette haine. Et, c’est grâce à cet amour inconditionnel que Pauline se relève parce qu’elle se relève ! Plus forte. Plus grande. Elle gagne en confiance en elle, en charisme, en sourire. Elle devient mature. Elle est plus forte pour affronter le monde extérieur, bien loin du cocon créée par ses parents.


La vie est un éternel combat. Elle nous met perpétuellement au défi. Face à l’intolérance. Face à la lassitude d’un travail qui ne vous épanouit plus. Face à de vieux démons. Face à l’absence d’une mère aux moments les plus importants de votre vie. Face à la surprotection de deux parents aimants au moment où vous voulez voler de vos propres ailes. La vie est faite de combats. Parfois, on combat seul, peut-être pour se prouver que l’on peut y arriver par nos propres moyens. Parfois, on a besoin de l’autre sans qu’il ne soit au premier plan mais juste le fait de savoir que quelqu’un est là pour nous épauler, nous conforter et nous aider à nous redresser si jamais on courbe l’échine … au cas où. Chez « Frangine », c’est l’Amour qui unit cette famille qui devient une arme redoutable pour remporter ces combats. Je sors de cette lecture plus forte que lorsque je l’ai entamé. Je me dis que nous serons des mères incroyables et que nos enfants Thalys ou RyanAir seront exceptionnels. Comme les vôtres. Oui, Frangine me permet de regarder fièrement vers l’avenir. Ce n’est peut-être qu’un livre pour certains mais pour moi, c’est plus une nouvelle flèche à mon arc de la tolérance. Alors, je voudrais prendre dans mes bras cette auteure Marion Brunet qui avec une plume juste et adolescente (j’ai adoré !) ouvre les voies de la Tolérance. Mais également la collection Exprim’ de lui avoir offert la possibilité de nous livrer ce petit bijou. Par Emily Bigorgne

Monsieur Bertrand St-Arnaud, ministre de la justice et ministre responsable de la lutte contre l’homophobie, a lancé une campagne de sensibilisation pour lutter contre l’homophobie le 3 mars 2013. Le ministère de la justice demande à ce que le site web consacré à cette campagne soit diffusé. Pour sensibiliser la population à l’homophobie, plusieurs supports sont utilisés comme la radio ( en anglais), spots publicitaires (en français) et la création d’un site web « Etes-vous vraiment ouvert ?». Le ministre espère ainsi inviter les gens à s’interroger sur leur réelle ouverture à l’égard de la diversité sexuelle. Exemple de question : Ce petit bonhomme adore les livres, les dinosaures et la musique. Ce petit bonhomme adore ses deux mamans.... Est-ce que ça vous dérange ? Vous devez ensuite choisir entre : PAS DU TOUT ..... UN PEU ..... BEAUCOUP Transcription publicité pour les femmes : Une femme arrive à la maison après le travail. Elle trouve un mot sur le comptoir de la cuisine : « Mon amour, viens me rejoindre au salon «. La femme arrive dans le salon où, à sa grande surprise, l’accueillent chaleureusement sa famille et ses amis en lui criant : « Bonne fête !». Une femme se détache du groupe et s’approche d’elle. Elle lui dit : « Bonne fête, mon amour «. Une voix de femme hors-champ dit : « Est- ce que ça change quelque chose à ce que vous pensiez il y vingt secondes ? Luttons contre l’homophobie «. Transcription publicité pour les hommes : Un aéroport. Un homme consulte le moniteur des arrivées. Il reçoit un message sur son cellulaire : « J’arrive mon amour xx «. Il replace le téléphone dans sa poche en souriant. Il se dirige fébrilement vers l’arrivée. Il se tient devant les portes toujours fermées, puis les portes s’ouvrent pour laisser passer les premiers passagers. Notre homme sourit et va à la rencontre de son copain, valise à la main. Ils s’embrassent et se dirigent vers la sortie. Une voix d’homme hors-champ dit : « Est-ce que ça change quelque chose à ce que vous pensiez il y a vingt secondes ? Luttons contre l’homophobie «. Pour plus d’informations, veuillez visiter le site du gouvernement québécois...

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Romans en français, accessibles en format papier et téléchargement immédiat en Ebook PDF

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Chronique littéraire Passerelles de Julie Lezzie Passerelles, l’histoire mêle la vie de Justine, une institutrice de CLIS 1, c’est-à-dire qui s’occupe des enfants ne pouvant suivre un cursus scolaire classique, et de Sarah une enseignante sourde dans une école pour sourds et muets. Justine est athée et ne connaît rien à la langue des signes, Sarah est juive et ne communique qu’en LSF (Langue des Signes Française), elles se rencontrent grâce à un élève qu’elles ont toutes deux. Malgré les différences de culture et surtout de communication entre elles, le coup de foudre est immédiat. Ce roman de Julie Lezzi est écrit de manière simple, assez détaillé pour nous donner une idée générale de tout ce qu’il se passe mais pas trop pour ne pas nous perdre en cours de lecture. J’ignore si l’auteure connaît bien tous les mondes qu’elle aborde : la surdité, les enfants « handicapés » et le judaïsme, mais elle a très bien mêlé tous ces points et m’a fait apprendre des choses. Ce qui m’a d’abord intéressée dans ce roman c’est l’histoire entre une sourde et une entendante, j’étais moins enchantée par les enfants, mais pourtant ! Julie Lezzi, malgré l’importante présence de ces derniers dans cette histoire, parvient à nous faire rire grâce aux situations incongrues dans lesquelles ils mettent Justine et son assistant David. Nous nous identifions très rapidement dans ces contextes et nous sommes contents de ne pas y être réellement. J’aurai juste à reprocher, concernant les moments en classe, les passages où nous avons du mal à suiv-

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re entre tous les enfants, et lequel fait quoi exactement. Pour ce qui est de l’aventure entre les deux héroïnes, elle est amenée de façon naturelle et cohérente. Justine souhaite tout d’abord apprendre la LSF pour pouvoir communiquer avec Olivier, son élève sourd, qui a été mis dans sa classe car il n’y avait pas de place en CLIS 2. Sa motivation deviendra toute autre après sa rencontre avec Sarah, à qui elle parlera pour savoir où en est

son élève de son côté. Au fil de l’histoire nous lisons les doutes de Justine au début concernant les signes lancés par Sarah. Elle sait que les sourds sont plus tactiles que les personnes entendantes, et compensent leur sens manquant par le toucher entre autres, et Justine hésite à se lancer par peur d’avoir mal compris. Plus tard ce sont ses frustrations concernant son manque de culture judaïque dont nous sommes témoins,

Justine ne comprend pas complètement Sarah malgré sa présence à ses côtés pour la soutenir avec ses parents. Sarah est le personnage que je comprends le moins, son attachement à ses parents qui font qu’elle préfère risquer son bonheur pour celui de ses parents, mais au fil de l’histoire nous en apprenons plus sur ce qui la pousse à agir ainsi, et cela rend ce personnage finalement attachant. On découvre un être extrêmement sensible et rempli de culpabilité envers ses parents, qu’elle est persuadée de décevoir en permanence. Je pense que pas mal de personnes pourront s’identifier à travers elle car quelle que soit notre religion, faire son coming-out auprès de parents pratiquants n’est pas aisé. Pour les autres lecteurs qui n’ont pas ce souci, il y a toujours Justine, qui a des parents très ouverts et gentils. Personnellement je me suis tout de suite identifiée à cette dernière, l’ex petite-amie motarde et tombeuse de ces dames en moins. Passerelles est un roman que je prendrai plaisir à relire. Bien sûr, il y a bien quelques points qui m’ont déçus, comme Justine qui pense que tous les hommes sont les mêmes. Mais c’est une question de point de vue et je sais que beaucoup d’homosexuelles pensent ça. Ma plus grande déception est surtout la surprise de la fin : cela tombe trop comme un cheveu sur la soupe. Je ne comprends pas Justine et sa réaction, mais l’amour a ses raisons. Je ne peux malheureusement pas vous en dire plus pour ne pas gâcher la fin, mais vous savez ce qu’il vous reste à faire. Par Vanessa Beau


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SPORT : Roller Derby Ce sport connaît un grand succès en Amérique, mais il est plus récent en Europe, particulièrement en France. Vous avez probablement entendu parler de ce sport ou découvert celui-ci grâce au film de Drew Barrymore « Bliss », ou simplement grâce à la communication d’avantage présente de ce sport en France ? Le roller derby est de plus en plus populaire en France où il est apparu il y a environ quatre ans grâce à la ligue de Bordeaux, suivie par celles de Toulouse et Paris. Aujourd’hui, il y a près de soixante-dix ligues en France de tous niveaux ; il existe même une Team France, dont la sélection est en cours, et qui ira affronter les équipes des autres pays lors du mondial 2014 à Dallas.

B

eaucoup de gens ont cette image du roller derby : « c’est un sport de gouines » ! Ce n’est pas faux mais ce n’est pas juste non plus. C’est un sport féministe et nous pouvons trouver autant de joueuses hétérosexuelles que de joueuses homosexuelles au sein des différentes équipes. Bien sûr dans quelques équipes il y aura plus de filles d’un milieu que l’autre, voir entièrement d’un, mais c’est vraiment partagé. Qu’importe votre physique, votre profession, votre situation familiale ou votre âge, vous êtes forcément la bienvenue dans le roller derby. De même si vous êtes un homme, vous pouvez être arbitre, cependant des ligues d’hommes sont apparues récemment et continuent de fleurir un peu partout en France. Le roller derby est une grande famille qui a son propre état d’esprit. Le roller derby, qu’est-ce donc ?

Il s’agit d’un sport de contact venu des États-Unis, se déroulant sur piste ovale et se jouant sur des patins à roulettes de type quads. Pas de ballons ou autres accessoires, juste les quads, les protections, les joueuses, les arbitres et les

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cinquante pages de règlements à respecter qui sont régies par la WFTDA (Women’s Flat Track Derby Association). La WFTDA est un organisme américain qui gère le roller derby tel que nous le connaissons actuellement. Les équipes d’autres pays peuvent l’intégrer : tel est le cas pour l’équipe de Paris, les « Paris Roller Girls », qui l’a intégré cette année. Un match se joue entre deux équipes qui peuvent alignées entre huit joueuses minimum et quatorze au maximum. Un match dure une heure, il comporte deux périodes de trente minutes qui sont elles-mêmes divisées en jam de deux minutes maximum ( les jams sont comme des rounds en boxe ). À chaque jam, cinq joueuses de chaque équipe sont alignées, quatre bloqueuses et une jammeuse identifiée grâce au couvre-casque étoilé sur son casque. Parmi les bloqueuses, il peut y avoir une pivot : elle est la seule bloqueuse à pouvoir devenir jammeuse lors d’un jam, si la jammeuse désire abandonner son poste pour quelconques raisons. Les pivots sont reconnaissables grâce à leurs couvre-casques, avec une bande sur leur casque. Les bloqueuses des deux équipes forment «


le pack ». Les jammeuses doivent se faufiler dans le pack, elles marquent un point par joueuses adverses dépassées, et font autant de passage dans le pack qu’elles le souhaitent dans un jam. Elles doivent bien sûr à chaque fois faire le tour de la piste pour recommencer. Les joueuses roulent dans le sens anti-horaire. Si une joueuse, bloqueuse ou jammeuse, fait une faute, elle est envoyée « en prison » pour une minute par faute, si elle en a commis deux consécutives, elle effectuera deux minutes, et ainsi de suite. Le nombre maximum de fautes par match et par joueuse est de sept, à la septième la joueuse est expulsée. Parmi les deux jammeuses en jeu lors d’un jam, une peut être désignée « Lead Jammeuse », c’est-à-dire qu’elle gagne le droit de mettre fin au jam quand elle le souhaite avant les deux minutes. Pour avoir le lead, une jammeuse, au départ, doit sortir en première du pack en respectant les règles d’éligibilité au lead. Si la lead jammeuse est envoyée en prison suite à une faute, elle perd le lead et ne peut mettre fin au jam avant les deux minutes. Les joueuses ont un équipement minimum de sécurité obligatoire à avoir pour jouer : casque, protège-dents, protège-poignets, protège-genoux, et protège-coudes. Si un de

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ces équipements est manquant ou défectueux, la joueuse ne pourra pas participer au match, à moins d’y remédier avant que les arbitres n’aient fini de vérifier que les équipements soient aux normes. L’arbitrage... Si vous assistez à un match de roller derby, vous vous direz probablement en hallucinant « Pourquoi il y a autant d’arbitres ? » Pas de panique, chacun à un rôle propre ! Les arbitres sont appelés les officiels, il y a : – les Skating-Officials (SO, ref, referee ou zèbre) : ils sont en quads ou simple roller In-Line et se situent au centre et autour de la piste. Ils sont également reconnaissables par leurs maillots zébrés de noir et blanc, et portent les mêmes protections que les joueuses. Ce sont eux qui suivent les joueuses et comptent leurs points, désignent la lead jammeuse ou donnent les pénalités. Ils sont chargés de veiller au respect du règlement. Il y a entre trois et sept SO lors d’un match. – Les No Skating-Officials (NSO) : ce sont les officiels sans patins ; ils assistent les SO et s’assurent du bon déroulement du match. Ils sont reconnaissables par leurs maillots rose sur lequel est écrit au dos la mention « OFFICIAL ». À savoir que le rose est la couleur officielle des NSO selon la WFTDA, mais en France, comme le sport est

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encore récent, lors des matchs vous pourrez voir les NSO en noir, en blanc ou autres (sauf lors de compétitions officielles WFTDA). Les NSO sont chargés d’établir les scores, gérer le temps de match, chronométrer les pénalités ou encore comptabiliser les fautes pour chaque joueuse. Il y a au minimum 6 NSO lors d’un match et aucun nombre maximum. Pour assister à un match ou rejoindre une équipe de roller derby, il vous suffit de chercher sur internet la ligue près de chez vous, et récolter les informations nécessaires sur leur site. Si vous avez un compte Facebook, vous pouvez également rechercher leurs pages ou comptes - toutes les ligues en ont - et vous serez ainsi informé en temps et en heure de toutes les actualités concernant les matchs, recrutements ou autres évènements divers. Certaines ligues ont mêmes un Twitter ou une chaîne télévisée qui retransmet les matchs. Plusieurs ligues peuvent se trouver dans une même ville, n’hésitez pas à aller les rencontrer ; les filles peuvent certes paraître brutes mais ce n’est qu’une carapace pour le sport.. Par Vanessa Beau


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romance lesbienne A grands coups de « je t’aime ». [Histoire complète] par Spleen Lajeune

Titre : A grands coups de « je t’aime » Auteur : Spleen la Jeune Date : 22 août 2013 Résumé : Les homosexuels n’échappent aux mêmes règles que les hétérosexuels. Vous et ils peuvent le fantasmer mais les couples peu importe leur sexualité sont soumis aux mêmes lois, aux mêmes règles. S’il peut y avoir de la violence dans un couple hétérosexuel, pourquoi n’y en aurait-il pas chez les homosexuels ? Même avec un « rainbow flag » sur la veste en cuir, on peut faire mal à l’être aimé. Mots : 1 682 Catégorie : Lesbien « Vous avez l’air si heureuses. J’en suis presque jalouse ! » Jeanne. L’idée que l’on se fait de la parfaite blonde écervelée à grosse poitrine que j’imagine pendante et sans éclat. Elle est assise à la terrasse du bar. Putain de terrasse car cette grognasse fume comme un pompier. Moi, je suis là. Avec elle. Jeanne nous regarde en souriant bêtement ou niaisement, l’adverbe est à votre choix. Elle tire sur sa cigarette, évite de nous balancer la fumée grise en plein visage avant de boire une gorgée de son Mojito surement trop sucré car c’est toujours servi de la même manière dans ce bar. Heureuses, c’est comme ça qu’elle nous voit. C’est ce à quoi nous devons ressembler alors ! Parce que sincèrement, Jeanne semble réellement convaincue de ce qu’elle dit ; elle semble convaincue de notre bonheur. Je souris timidement alors que sa main prend la mienne. La chaleur de sa main se posant sur la mienne me fait frissonner sans que je ne parvienne à l’expliquer. Un haussement d’épaules et je prie pour changer de sujet mais elle, elle adore ce genre de sujets. Elle en raffole alors elle plonge dans l’ouverture faite par Jeanne. « Tu peux. » se contente-t-elle de répondre avant de déposer un de ces tendres baisers sur ma tempe. Un nouveau frisson parcoure mon échine

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alors que mes lèvres rosées s’étirent en un nouveau sourire. Encore. Maintenant, c’est moi qui souris bêtement … Jeanne poursuit : « Vous allez rire mais j’y ai déjà pensé. A être lesbienne ? A tenter juste une fois, comme ça. Parce que franchement, ça doit être carrément plus facile. Le cul. La baise. Les attentes. La vie. Entre filles, on se comprend. Les mecs, je vous jure, c’est un vrai bordel. » Elle se lance dans son monologue sur la vie, les hommes, les femmes. J’ai envie de l’étrangler comme tous ceux qui (dé) raisonnent de cette manière. Je voudrais répliquer quelque chose, lui balancer toute la vérité en plein visage mais je me contente de sourire parce qu’elle me regarde. « C’est sur qu’avec Lola, on se comprend. » Elle continue son petit manège : il faut dire qu’elle le maitrise ce manège, j’ai parfois l’impression qu’elle peaufine son numéro chaque jour devant le miroir tant elle est douée. Je ne dis rien et boit ma menthe à l’eau, me contentant de sourire bêtement, d’émettre des petits sons d’approbation pendant qu’elle, elle continue son divin numéro. « Je sais qu’on nous prend souvent pour des clichés quand on dit ça mais c’est sur qu’entre femmes, on se comprend. Je veux dire, on sait ce que l’autre pense et comment elle va interpréter telle ou telle chose. Lola et moi, on se comprend en un regard. Pas besoin de débattre dix ans sur quelque chose qui nous tient à cœur. On est de la même branche. » Mon esprit se ferme au milieu de la conversation. Je joue avec la paille de mon verre et pense à ma mère, à Rufus le chien que je possédais quand j’avais dix ans et qu’on a dû euthanasier, au film qu’il y aura ce soir à la télévision, au boulot demain, aux lasagnes : j’adore les lasagnes …. Je pense à autre chose. Je m’en vais. Je les laisse à cette terrasse et à leur conversation à chier. Parfois, je reçois un coup de coude de sa part … le genre de coup qui m’oblige à acquiescer quelque chose que je n’ai même pas entendu et dont je me fous royalement. Acquiescer, c’est ce que je fais comme les


petits chiens que les beaufs mettent à l’arrière de leur voiture. Pathétique tableau mais apparemment, on semble heureuses, pas vrai ? Puis, on rentre à la maison. Jeanne a un rencard, encore un. Elle nous appellera demain pour nous raconter les détails dont on se serait encore une fois volontiers passés. Dans la voiture, on ne dit rien comme à chaque fois. Je me focalise sur la voix caverneuse de Hendrix. La guitare. Le son provenant d’un Ailleurs où j’irai volontiers. On rentre à la maison, notre tanière, notre antre, notre paradis devenu véritable prison aujourd’hui. « Tu aurais pu dire quelque chose au lieu de fermer ta gueule avec Jeanne. » Le silence se brise alors que je me dirige vers la salle de bain. Elle s’énerve, je le sens à sa respiration qui s’accélère, à ses narines qui se dilatent et à son regard azur qui s’assombrit. « Et tu pourrais répondre quand je t’adresse la parole. Putain ! » Elle s’approche. « Je n’avais rien à dire sur la question. En plus, tu maitrisais sacrément bien le sujet. » Je suis dans la salle de bain, en face du miroir. J’ôte mon masque. Doucement. A grands coups de démaquillants. Le maquillage s’efface, les marques apparaissent. Ses marques. « Tu voulais que je dise combien nous sommes heureuses ? » Voir ces marques ont toujours l’effet d’une bombe sur moi, je deviens une lionne même si ce n’est pas moi qui cogne le plus fort. « Tu voulais que je lui parle de tes putains d’angoisse que je dois gérer, de tes crises de nerf, de tes coups, de mes séjours à l’hôpital où je prétexte une chute dans les escaliers. Tu voulais que je parle de Bonheur ? » Elle s’énerve, je l’énerve. Je le vois, je le sens. L’atmosphère se fait plus pressante. Je la vois dans le reflet du miroir, derrière moi, prête à bondir … car je le sais, elle va bondir. Je la provoque, je joue avec le danger. Je titille cette épée de Damoclès. Je m’amuse à couper les fils rouges, jaunes, verts de la bombe à retardement qu’elle est. « Arrête. » Elle marmonne. Je lève un sourcil : elle déteste ça quand je lève un sourcil, je le sais. Elle dit que ça me donne des grands airs, que ça me donne un air condescendant qui lui rappelle son père. Elle me répète d’arrêter et j’étouffe un rire de connasse. Le rire de trop puisque mon visage s’écrase sur le miroir. La vitre se brise. Mon front brûle ; surement une coupure. Elle tire mes cheveux, tire ma tête en arrière pour me faire traverser la salle de bain et finir ma course folle dans le lit. Ma tête s’enfonce dans les draps lavés hier, ils sentent encore la lessive. J’adore l’odeur de cette lessive. Sur le dos dans le lit, je la fixe. Elle, la dominante. Moi, la victime provocante. « Ouais, je voulais que tu parles de nous, que tu lui montres combien tu tiens à moi, à nous, à notre histoire. » Je ris … peut-être que ce n’était pas la meilleure solution car elle me colle une gifle si forte que j’ai l’impression d’avoir la lèvre fendue. « J’ai rien à lui prouver à cette conne. C’est ta pote, pas la mienne. Si tu veux

jouer à la famille en or avec elle, bien, joue mais je ne participe pas. On a un sérieux problème. Tu as un problème. » Parler de ses problèmes n’était pas la meilleure solution non plus. « Mon problème c’est que je t’aime. » Elle s’assoie sur le lit, enfonce son visage dans ses mains alors que je me redresse comme si elle ne venait pas encore de me cogner, comme si c’était tout à fait normal. « J’aimerais que tu puisses m’aimer autant que je t’aime. » Elle part dans ses délires. Je le vois. Elle marmonne. Je ne comprends que la moitié, la mieux. « Mais ça non. Toi tu ne m’aimes pas. Tu ne m’aimes pas assez pour … » J’aimerais sincèrement vous dire ce qu’elle me dit. La suite devait être intéressante mais le coup dans mes oreilles produit ce bourdonnement si familier. Plus rien. Je ferme les yeux. Mes muscles se crispent sous les coups. Je serre les dents. Je lève les bras vers mon visage : première chose que l’on protège comme si on pensait déjà au fait de devoir garder la face le lendemain. Je n’entends plus rien. Plus rien d’autre que les notes de Foxy Lady et la voix suave de Hendrix. Je pars. Ailleurs. L’odeur de la lessive. Jimmi Hendrix. Je pars. Je ne suis pas chez nous. Je ne suis pas dans cette chambre. « Pardon. Je ne voulais pas. » Mon corps contusionné est recroquevillé dans un coin de la salle de bain. J’ai mal aux cotes, au visage et surtout au cœur. J’ai envie de vomir. Vomir mes tripes et mon Amour car je l’aime. Mes yeux refusent de se lever vers elle. Je sais qu’elle pleure, qu’elle s’en veut, qu’elle ne se rend pas compte de tout ça. « Je t’aime. Pitié. Pardonne-moi. Je ne voulais pas. Ne pars pas. Ne me laisse pas. J’ai toujours peur que tu partes, que tu me laisses, que tu ne m’aimes plus. Ne m’abandonne pas. » Et elle se met à pleurer, se jetant à genoux devant moi. Le mascara de ses yeux a coulé. Elle a des airs de petit chat blessé et j’ai envie de la prendre dans mes bras, dans ces mêmes bras qui me blessent et m’emprisonnent chaque jour. « Je sais. » Ma voix est un murmure. Un souffle. Je réprime mes larmes pour sécher les siennes. Pendant qu’elle se blottit contre moi, posant sa tête sur mes cuisses, se recroquevillant en position fœtale ; je repense à Jeanne, au Bonheur qui émane de nous et de notre couple. Je pense à ses paroles : les couples homosexuels ont l’air de se comprendre mieux que quiconque, ils se comprennent, ils communiquent. Putain de conneries construites par les hétérosexuels qui s’imaginent que les homosexuels sont livrés avec une recette ou un mode d’emploi. Putain comme j’ai envie de choper cette connasse de Jeanne et lui hurler que nous sommes normaux, comme eux … et que dans la putain de normalité des couples hétérosexuels, il y a parfois de la violence. La violence conjugale n’est pas un privilège hétérosexuel, non.

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Les chroniques de Jessie Mon village que j’aime... pas toujours Non, mais… Y a-t-il quelqu’un qui va m’expliquer pourquoi notre tendre ville (je parle ici de Montréal) travaille fort à vieillir plus vite que son âge?

Le village, il est beau notre village, il est mort notre village. Pas surprenant! Non, mais c’est vrai. Non seulement sommes-nous bombardés de lois complètement plus inutiles les unes que les autres, mais on dirait que nos chers élus passent le plus clair de leur temps à se demander quelle nouvelle mesure de contrôle ils vont pouvoir nous lancer à la tête! Tant qu’à ça, lancez-moi le bureau qui siège sous vos décisions direct dans’face, question de reprendre l’adage du pot’d’fleurs!! Moi, je sors dans le village, parce que j’ai un faible pour la vie urbaine, les femmes masculines et l’odeur des phéromones! Pourtant, en parcourant notre très « populaire » artère, j’ai un besoin soudain de passer à la confesse. Pas pour rien que les églises sont vides; t’as juste à marcher su’a St-Catherine pour t’y croire être… Non, mais c’est quoi cette vilaine tendance à retirer tout bruit d’une ville qui autrefois était vivante? Bravo Montréal! Sans blague, les touristes sont les plus lésés dans tout ça. Tu fais une recherche internet sur Montréal et on te vend à grand coups d’ je t’aime le « night life » : ça bouge à Montréal! Ben c’est certain que ça bouge, on passe notre temps à parcourir les rues à la recherche d’ambiance! Non, mais sérieux, faut respecter les voisins : « Ya des gens qui

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habitent icitte! ». Tu veux rire de ma gueule? Il y a des gens qui habitent partout ciboire! C’est quoi ta méchante idée de vouloir t’acheter un condo derrière un bar! C’est toujours pas LA business qui est venue se bâtir dans TA cour arrière de ton p’tit patelin de région! T’es emménagé ici parce que tu voulais rien manquer et être près du « night life » et là t’appelle la police parce que t’as décidé de plus sortir, donc les autres devraient faire de même? Elle est où la limite? Non, mais pensez-y un peu. La Place des Spectacles s’est r’niperla face, des milliards de dollars plus tard, l’endroit le plus festif à Montréal. C’t’une belle affaire ça! Mais faites gaffe, on voit les condos « deluxes » qui poussent aussi vite qu’une quenouille dans un marais. Envoyez mes épais! Achetez-vous un condo ‘drette là! On sait bien, t’es un mec huppé toi, ou devrais-je dire U-P… parce que tu vas quand même te prendre ton p’tit nid douillet au 17e étage, parce que t’es « cool » toi! Parce que tu veux avoir la meilleure vue des spectacles! Parce que tu veux faire des gros party chez toi, question de faire jalouser tes chums de gars! Parce que t’aime ça quand ça bouge toé! Alors, j’ai bien hâte de te voir dans 3 ans, quand tu vas être un déchu du party, puis que tu vas être le premier à appeler la police parce que t’es


pas capable d’écouter DesparateHousewives en paix dans ton condo! On va faire quoi, nous autres pauvres Montréalais, on vastu fermer la Place des Festivals juste pour te faire plaisir? Et là, je vous ramène à un endroit très près de nous, question de vous faire sourire, et j’espère rêver. Allez faire un tour à Trois-Rivières; allez voir à quel point on peut être festifs; allez vous renseigner aux commerçants sur la pérennité de leurs business! Une rue : une multitude d’ambiances, les unes meilleures que les autres. En veux-tu d’la vraie vie urbaine? En v’là! Parce que la mairie de cette ville a compris que pour faire vivre une ville, il faut y mettre de la vie! Et que les voisins chialent pas, ils ont juste à al-

ler ailleurs! En tant que passant sur la rue, tu te sens complètement absorbé par toute cette joie de vivre qui émane de terrasse en terrasse, t’as juste le goût d’enlever tes gougounes, et faire la danse du soleil juste avant de choisir ta table, à laquelle tu passeras le plus clair de ton temps à rire et partager du bon temps avec tes chums! Parce que, cher Aires Libres, quand je marche sur l’artère, j’ai peur de rire aux éclats et de déranger ceux et celles qui dorment d’ennui sur vos terrasses. Cher Maire de Montréal : met tes culottes et rends-moi ma ville aussi vivante que dans les souvenirs de mes ainés!

Jusqu’au 30 septembre 2013 3 Romances Lesbiennes pour 14.90€ seulement !!!

Par Jessie Bordeleau

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Chroniques littéraires “Have Faith” Une romance lesbienne mêlant suspens et surnaturel Quatrième de couverture Un rien sépare le monde des morts et celui des vivants. Faith le sait puisque Faith est morte il y a quelques jours... Ou quelques mois, elle ne sait plus. De l’autre côté, le temps n’a plus d’effet, il n’est plus palpable, mais la douleur, elle, perdure en voyant son entourage souffrir de sa disparition. Faith est morte mais Faith n’a pas vu cette lumière dont tout le monde parle, venir la chercher. Quand bien même, Faith n’a pas terminé ce qu’elle a commencé ici-bas. Elle n’a que 26 ans, fêtera bientôt ses 27 ans et Sarah est enceinte de Lilly, leur petite fille conçue à Vancouver il y a 6 mois par insémination. Faith était sur le point de réaliser son rêve, fonder une famille. La mort ne suffira pas à lui faire renoncer à son bonheur... Faith est déterminée à revenir dans le monde des vivants ! *

bonheur, elles regagnent leur voiture pour rentrer chez elles après leur soirée. Mais, tout ne se passe pas comme prévu, un homme armé surgit et braque son arme sur Faith, il veut son argent et ses clés de voiture. Pour protéger Sarah, elle tente de le calmer tout en lui donnant ce qu’il veut mais, la future maman s’angoisse pour sa

* *

Voici une romance originale qui débute avec la mort d’une des protagonistes principales, chose assez inhabituelle.Faith et Sarah sont en couple depuis une dizaine d’années, viennent de fêter l’anniversaire de leurs fiançailles et vont avoir un bébé. En effet, après mûre réflexion, Sarah a été inséminée artificiellement et elle est désormais enceinte. Les deux futures mamans sont comblées et l’amour qu’elles se portent mutuellement ne s’est pas tarit. Fêtant leur amour et leur

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femme et attire l’attention du braqueur sur elle. Faith désemparée à l’idée qu’il puisse arriver malheur à sa compagne attrape le bras de l’homme pour le baisser, le coup

part et l’homme s’enfuit. Faith, soulagée se retourne pour voir comment va Sarah et la retrouve en pleurs, ce n’est qu’en baissant les yeux qu’elle découvre son corps, inerte. Faith se retrouve donc à errer sur Terre à l’état de fantôme, personne ne la voit ni ne l’entend. Elle veillera sur sa compagne tout en cherchant comment revenir vers elle. C’est grâce à sa rencontre avec un autre fantôme qu’elle trouvera la solution pour revenir dans le monde des vivants. Mais à quel prix ? Faith va devoir gérer une double vie pour tenter de récupérer la sienne. J’ai été agréablement surprise par ce roman qui se lit très bien et très vite. Le bémol que je retiens néanmoins est le fait que les auteurs ne s’attardent pas assez sur le côté fantastique de l’histoire, pour se concentrer véritablement sur la romance lesbienne. J’avoue que j’aurais apprécié avoir un peu plus d’éléments fantastiques sous la main mais, l’histoire a quand même réussi à me captiver. C’est une lecture rapide et plutôt agréable, il n’y a pas de scène érotique dans ce premier tome donc, si la curiosité vous pousse à lire un roman lesbien mais, que le sexe vous freine peut-être un peu, celuici est très bien. D’autant plus que l’on ressent véritablement l’attachement et l’amour que se portent les deux héroïnes. L’accent est véritablement mis sur les sentiments et émotions de Faith et Sarah et, pour le coup, c’est très bien fait, on s’y croirait. Les personnages en eux-même ne sont peut-être pas assez


creusés mais on s’attache facilement à elles deux. La volonté infaillible de Faith est extrêmement touchante, coincée dans un corps qui ne lui appartient pas et qui a ses obligations, elle tente tout de même coûte que coûte de tenter de récupérer sa famille et de reconquérir sa femme. La relation qu’elle entretient avec Lilly, leur fille, est des plus adorable, j’ai beaucoup aimé ces passages de tendresse et d’amour pur qui l’uni à son bébé et également à Sarah. Parce que, quoiqu’il advienne la demoiselle ne laissera personne lui barrer le chemin pour atteindre le cœur de sa bien-aimée. L’écriture est simple et sans heurt, se lit très aisément tout en réussissant à faire passer entre ses mots nombre

d’émotions. Sans encore connaître les personnages, le premier chapitre réussit à nous faire trembler, ce qui lie nos deux héroïnes est assez fort pour nous serrer le cœur quand Faith meurt et, tout au long du roman, on a hâte de savoir si elle réussira ou non à récupérer sa dulcinée. J’ai beaucoup apprécié la double vie que doit mener Faith, voir comment elle allait pouvoir s’en sortir, arriver à ses fins, découvrir de terribles secrets avec elle. Certains personnages m’ont agacés, comme la meilleure amie de Kristen (dont j’ai oublié le nom) mais, en règle générale, même ceux qui ne sont pas énormément présents sont attachants, comme la mère de Faith. En somme, une jolie découverte. Une

romance pleine d’émotion, bourrée d’un amour contagieux qui se lit d’une traite tant on veut absolument savoir si Faith réussira à obtenir ce qu’elle désire. Par Ivy http://plume-ivoire.overblog.com Le roman « Have Faith » est disponible en français sur le site des auteures STEDITIONS.COM ainsi que sur le site Amazon en format Kindle

“Homo ne rime pas avec fif” Un vrai petit chef d’œuvre de Audrey Pinsonneault Dans son premier roman intitulé Homo ne rime pas avec fif, l’auteure, une jeune adolescente, aborde le sujet tabou qu’est l’homophobie à l’école. Même si tous prétendent ne pas être homophobes, trop de jeunes gais mettent fin à leur existence, se sentant persécutés par leur entourage et par leurs camarades de classe. Ce roman est donc tout indiqué pour démystifier l’homophobie, pour expliquer avec des mots simples ce qu’est l’amour entre deux adolescents. On sent vite que l’auteure a puisé dans son vécu pour décrire l’école, ses collègues de classe et les situations troublantes vécues par les héros de son livre. Ayant réussi à bien camper ses personnages, dont Alec, entre autres, que l’on aime du premier coup et à qui on s’attache au bout de quelques lignes à peine. Pour Alec, ce n’est pas facile d’être différent, d’essayer de nier qui il est, d’ignorer le regard des gens, tout en donnant l’impression que tout va bien. C’est pourtant ce qu’Alec tente de faire : oublier, tout effacer, simplement faire comme s’il était comme tout le monde. Pourtant, cela n’est pas aussi simple qu’il le voudrait et il

souhaite bien comprendre. Il se dit que si l’autre n’avait pas été là, les choses auraient peut-être été plus simples, peut-être que si… Non, évidemment cela n’aurait rien changé, et c’est certainement mieux ainsi au fond. Je désire féliciter cette jeune auteure qui a su traiter d’une façon aussi habile son sujet, qui a su contribuer à sa façon à la lutte contre l’homophobie en versant tous les profits de la première édition de son livre à la Fondation Jasmin Roy. Je recommande ce roman à tous les étudiants, peu importe leur orientation sexuelle, afin qu’ils prennent conscience de la portée de leurs actes de méchanceté. Puisque toute discrimination est inacceptable en 2013, ce livre devrait être une lecture obligatoire dans toutes les écoles du Québec et du Canada en entier. Nous devons être plus tolérants envers les autres, pour le bien-être de tout un peuple. Homo ne rime pas avec fif, Audrey Pinsonneault, Les Éditions de l’étoile de mer, 2013, 122 pages Par Réjean Roy

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DOSSIER HISTOIRE L’homosexualité à l’époque moderne Partie 1 : Le siècle de Faust. Au début du XVIème siècle, vivait en Allemagne Georges Faust un être immoral et condamné par la justice. La légende puis le mythe vont lui assurer une nouvelle vie. Le Faust historique conformément à la tradition médiévale associe la sodomie à la sorcellerie. Faust est un symbole de la Renaissance : l’homme occidental libéré de ses vieilles croyances et lançé à la conquête de sa liberté. Dans la conscience européenne de l’époque, La Renaissance marque le début de bouleversements à l’image de Nicolas Copernic. La terre tourne désormais autour du soleil : c’est l’héliocentrisme. La Renaissance s’inaugure par la découverte d’un nouveau monde habité par des hommes ignorants de Dieu. En débarquant en Amérique, les conquistadores sont confrontés à une institution : le bardache. Le bardache est • Androgyne • Possède une dimension mythique et métaphysique. • Possesseur de doubles visions. • Choisit par le monde invisible. Il détient FONDATION CULTURE LGBT - PAGE 58

des pouvoirs surnaturels et peut etre assimilé au chaman. Son statut est légitimé par les récits eschatologiques et par une vision fondée sur l’opposition des contraires (hommes /femmes, eau et feu). Le bardache est un médiateur naturel entre l’homme et la femme. Il marie les jeunes gens et raccommode les ménages en difficulté. Dans les sociétés amérindiennes, la sexualité est vue de manière positive comme un don fait au genre humain dont chacun doit pouvoir profiter tout au long de sa vie. La sexualité est là pour perpétuer l’espèce, créer des relations humaines plus fortes et ou l’autonomie de l’individu est respectée. L’idée de choix, de division homos hétéros est étrangère à ces sociétés. Toutefois, les conquistadores retiennent aussi les liens entre homosexualité et religion. Elle est présente dans le panthéon amérindien qui s’accompagne de destructions systématiques jugées ambigües. L’Europe exporte ses buchers dans la lutte con-


tre la sodomie dans les Amériques. Tous sont visés même les Blancs qui s’étaient trop bien accoutumés des traditions indigènes. Pour les intellectuels de l’époque, le génocide était une punition divine. Dans le reste du monde, La Russie se démarque par sa plus grande diffusion de l’homosexualité à l’image de son souverain Ivan le terrible. Elle s’illustre par le gout de la paysannerie pour les amours masculines. De son coté, l’Empire ottoman dirigé par Soliman le Magnifique dit le Législateur offre un exemple de grande intimité entre le sultan et Ibrahim son ami d’enfance promut bientôt vizir. L’importance de l’homosexualité transparait dans la littérature turque avec des auteurs comme Fuzuli et Baki. Le monde musulman pour sa part apparait comme menaçant. Les jeunes chrétiens ont en effet peur de se retrouver sur les marchés aux esclaves. C’est le cas de Miguel de Cervantès auteur de Don Quichotte. Né dans une famille juive, il est capturé à la bataille de Lépante et connait cinq ans de captivité à Alger qui lui serviront pour ses œuvres les Bagnes d’Alger et la Vie à Alger. Gutenberg met au point l’imprimerie. Les idées s’envolent, se diffusent. A cette période, un homme se démarque : l’humaniste Erasme qui pour l’historien Michelet était le Voltaire de l’époque. Sa passion contrariée pour un moine à travers ses lettres nous reste. Aurait-il selon la théorie de Freud sublimé son désir dans ses œuvres tout comme Léonard de Vinci ? L’humanisme est aussi le temps de la redécouverte de la culture antique. Dans ses lettres, Erasme fait référence aux li-

aisons masculines antiques comme Orente et Pylade. Par conséquent, l’homosexualité revient sur le devant de la scène par la littérature. Des rééditions du Banquet de Platon et des poèmes de Sapho sont fréquentes. Par la mise en valeur de l’homosexualité dans la culture antique : l’amour de l’empereur Hadrien pour Antonius, César présent chez Brantome et Sophocle et Périclès dans les essais. Il est aussi important de noter le rôle joué par Montaigne et la Boétie qui incarnent l’amitié entre hommes comme pratiques sociales. Chanté par Cicéron, l’institution de l’amitié était censée dépasser tous les autres. L’essai de l’amitié de Montaigne érige un monument à la gloire de son ami. Le protestantisme propose une vision radicalement différente. Elle accorde une grande liberté aux homosexuels puisqu’eux même ont vécu l’exclusion. L’homosexualité à cette époque n’est ni une différence, ni une normalité. La normalité n’existe pas. L’association Italie et homosexualité est systématique. Au cours des guerres d’Italie, L’Italie devient peu à peu intellectuellement et culturellement dominante. La langue italienne est en passe de devenir la langue internationale. Pendant trois siècles, l’homosexualité s’apparente à un vice italien. L’homosexuel demeure toujours l’autre. Après le séjour d’Henri III en Pologne, la sodomie sera pour les Polonais le vice français. Pendant la Renaissance, le Pape est homosexuel. Un dicton de l’époque disait que la sodomie n’est pas à Rome, elle est au Vatican. Le seul pape hétérosexuel est Paul III. L’amour des garçons va de pair avec l’amour des

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arts. A Sixte IV échoue la Chapelle Sixtine, à Jules II la basilique st pierre, le patronage d’artistes comme Raphael et Michel Ange. Du coté des peintres et des sculpteurs, la première chose à noter est l’entourage jeunes artistes. Le mouvement général de redécouverte de la culture antique fournit aux peintres et sculpteurs de nombreux thèmes : Adonis, Orphée, Ganymède et Apollon. En France, Henri III abandonne les hauts faits militaires pour s’entourer d’une cour de mignons aux tenues ambigües et au gout pour les bijoux et le travestissement. Dans l’Angleterre élisabéthaine, la littérature est originale car elle s’exprime à la première personne du singulier. Au théâtre, les œuvres de Shakespeare et Marlowe concernent directement notre propos. Dans la Nuit des rois, Shakespeare fait appel aux thèmes du travestissement, de l’androgynie et de l’ambigüité sexuelle. L’ambigüité est encore accrue quand deux personnages se déguisent en hommes.

l’affaire Castlehaven (1631) en Angleterre et en France Théophile de Viau. Héritier des bouleversements de la Renaissance, le mouvement libertin annonce les contestations futures. Il légitimise l’homosexualité par des références à l’Antiquité. Les libertins sont en désaccord avec les valeurs dominantes de la société. Ils sont contre l’esprit de leur temps. Deux attitudes se dégagent : • La volonté de choquer. Ils chantent les plaisirs terrestres (vin ou tabac) et garçons. Ils renouent avec une antique tradition perse et arabe. • La contestation. Dans l’Angleterre de Charles II , le comte de Rochester célèbre libertin anglais composa ces vers Il est l’un de mes doux pages qui fait cette chose qui vaut bien 40 jeunes filles. Concernant les châtiments, on peut citer les galères ancêtres des bagnes et l’Hôpital mis en exergue par le roman surveiller et punir de Michel Foucault. Les personnages royaux et homosexuels ne sont pas en reste. Partie 2 : Le gout de Jacques Stuart fit du Duc Monsieur. de Buckingham popularisé par Dumas son favori. Au XVIIème siècle, c’est Louis XIII père de Louis le mythe de Don Juan qui XIV sensible aux beaux prédomine. Don Juan a garçons s’amouracha réellement existé sous les de Luynes écuyer puis traits d’un aristocrate mort de Cinq Mars placé par à la cour du roi Philippe IV Richelieu et qui finit déle comte de Villamediana capité. Le propre frère de qui était sodomite. Louis XIV Monsieur était La répression de l’homoun homosexuel notoire sexualité épargne alors le connu pour ses amours Danemark et la Hollande. avec le Chevalier de LorEn revanche, elle se pourraine. Le neveu de Louis suit dans la péninsule ibériXIV Philippe d’Orléans que dans l’Aragon. Elle organisait des soupers litouche en particulier les étrangers. Deux affaires vont bientôt illustrer cette ré- cencieux. pression à une époque ou le procès est rare : D’autres privilégiés émergent : des nobles au

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clergé en passant par des artistes comme Lully. L’homosexualité est socialement acceptée à cette époque. On peut citer le cas de Madame

Palatine épouse de Monsieur. La figure du castrat joue un rôle non négligeable dans cette acceptation. A travers le peuple, apparaissent des figures de l’homosexualité par le biais de la prostitution masculine. Pour sa part, la piraterie offre des comportements homosexuels. Dans le reste du monde, c’est le pays du Siam qui se démarque. Partie 3 : Le siècle des Lumières.

taire et rédige une loi abolissant la peine de mort pour les actes homosexuels. Longtemps, l’homosexualité a été le privilège des classes élevées. Les rapports maitres-serviteurs tendent à prouver le contraire. L’homosexualité dans les milieux artistiques reste une idée reçue. L’homosexualité se retrouve dans certaines corporations de métiers comme les artisans. Certains sodomites appartiennent à la même profession. La vision du corps nu masculin n’a rien d’inhabituel. On se baigne nu dans la Seine. Sur les lieux de drague, il faut aller à l’essentiel : Bandez vous ?. Il faut prendre garde aux mouches (espions). Lorsque la police arrête un homme, les réactions de rejets de la famille sont minoritaires. La solidarité familiale s’organise. Celle-ci n’hésite pas à fournir documents et lettres à la police. Même les épouses interviennent. Le siècle des Lumières est aussi le temps des derniers buchers. Le vocabulaire change. On passe du sodomite à l’homosexuel. La virilité s’invente sur des points précis comme les larmes, la tendresse, le baiser. Un exemple significatif est le crépuscule des castrats. L’homosexualité nait avec l’apparition des ghettos. Les premiers clubs sont recensés en Angleterre : les molly houses. Les lieux de drague se localisent : le Jardin des Tuileries, le Palais Royal. Chaque ville a ses lieux de prédilection : les Quais de la seine, Covent Garden à Londres, Hôtel de ville à Amsterdam. De sodomite on passe à pédéraste. Le mot bougre s’efface. Suite du dossier page suivante...

Au XVIIIème siècle, Les Confessions de Rousseau et les Mémoires de Casanova donnent une vision de l’homosexualité. Si Gustave III de Suède est homosexuel, on peut citer le nom de Frederic II de Prusse le despote éclairé. Il accueille à San-Souci VolFONDATION CULTURE LGBT - PAGE 61


DOSSIER HISTOIRE L’homosexualité dans les pays arabes En plein âge d’or de la civilisation islamique, l’homosexualité est bien accueillie à la cour de divers dynasties : • Les Omeyyades d’Espagne • Les Ottomans de Turquie • Les Mamelouks d’Egypte. A cette époque, l’érotisme est célébré. Les poètes ont abandonné l’amour platonique des bédouins pour exalter le vin et les plaisirs. C’est la littérature persane qui atteignit des sommets. Plus tard, avec la diffusion des Milles et une nuits, l’Orientalisme est en vogue. Les Européens du Nors riches sont adeptes du Grand Tour. Ingres et Delacroix font l’éloge des lieux. Un certain Burton imagine la zone sotatique une zone ou règnerait exclusivement les personnes homosexuelles. La photographie remplace la peinture. C’est l’apparition des cartes postales. Vient ensuite le temps du tourisme sexuel incarné par André Gide qui met en exergue une utopie érotique. Imaginez un hall des départs. Un jeune homme arabe teeshirt dernier cri passe les derniers points de contrôle.

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Dans un coin, il retire un objet de son sac. Ce sont des boucles d’oreilles, banal accessoire de mode mal vu dans les pays arabes. L’homosexualité est un thème que les arabes même les plus progressifs ont du mal à aborder. Le débat est inexistant et si le thème est abordé il est victime de sarcasmes et assimilé à une perversion occidentale. Le rejet n’a pas toujours existé. Les sociétés arabes ont été relativement tolérantes en matière de sexualité. Désormais, il est indissociable des relations internationales. La conception de l’honneur est répandue dans les régions du Moyen Orient ou des valeurs traditionnelles

dominent encore. Préserver l’honneur de la famille impose au frère de tuer sa sœur célibataire si elle tombe enceinte même si c’est un viol. De nombreux soupçons d’homosexuels liés à cela persistent. Son frère lui tire dessus. Sa famille consent à le laisser partir s’il laisse l’ensemble de ses possessions à son frère. En Syrie, un beau frère dit « Si j’entends dire que tu es gay, je divorcerai de ta sœur. » Avoir une fille lesbienne est moins susceptible de provoquer une crise familiale. En effet, les espoirs de la famille arabe reposent sur la descendance masculine. La pression est plus forte chez les garçons tandis que les


inclinations lesbiennes évitent une honte de la fille avec des hommes. Le sens du devoir des arabes envers les membres de la famille est très puissant. La loyauté familiale passe avant la sexualité. En Palestine, le fils ainé d’un fils ainé né avec des responsabilités ne dit rien sur son homosexualité car ses sœurs ne pourraient jamais se marier et sa famille cesserait d’être respectable. Le seul rêve arabe est de fonder le maximum de familles. Souvent la mère demande « Quand vais-je embrasser mes petits enfants ? » Si un fils ne s’intéresse pas aux filles, de nombreux parents arabes recherchent une aide médicale et professionnelle : le psychiatre. C’est la réaction courante des parents concernant tous types de problèmes en commençant par la consommation de cannabis. Pour Salim 20 ans, le médecin lui disait « Tout ce qui s’écarte de la norme est une maladie. » Un traitement habituel dure six mois. C’est la durée habituelle. On a recours à des décharges électriques, à un recueil de spermes (Ce serait des problèmes hormonaux. Ces hommes veulent être des filles). Ces psychothérapies sont onéreuses. Il n’y a pas de preuves de guérison malgré la réfutation des

thérapies de réorientation. Le seul traitement approuvé est la thérapie affirmative qui réconcilie les patients avec leur sexualité malgré le fait que les thérapies soient des branches peu visibles et sous développées. Toutefois, il est à noter le fait que certains moments familiaux vont jusqu’à l’extrême. Cela va de la maltraitance, chute des escaliers, meurtre et violence. Souvent, c’est l’ignorance des parents qui est mis en cause. Pour eux, gay = prostitué, être gay c’est être malade et c’est se soumettre à de mauvaises influences. Par ailleurs, les questions touchant à la sexualité ne sont jamais soulevées directement ou indirectement. Un jeune homme sort souvent le soir. Ses parents se plaignent de ses sorties sans savoir pourquoi. C’est le triomphe du non dit (d’un coté, on ne demande rien, de l’autre on ne dit rien). La Déclaration universelle des droits de l’homme approuvée en 1948 contient un article 2 relatif à ces questions. Amnesty International indique que selon le principe d’égalité, les droits de l’homosexuel font partit des droits de l’homme. Les Nations Unies ont été lentes à s’attaquer à une question sensible. 5 pays musulmans vont s’opposer à la

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proposition de loi conjointe du Brésil et du Canada en 2003. Deux visions se dégagent de ces pays : soit le gouvernement doit contrôler la morale du citoyen, soit on ne doit pas se mêler du privé. La communauté internationale se rapproche du second point de vue. Depuis 1996 à l’exception des pays arabes, des mesures de protection législative envers les personnes homosexuelles ont été mises en place en Afrique du Sud, Canada, France. Dans les pays musulmans, Le Coran n’est pas un système juridique. Référence religieuse, il spécifie les peins pour un petit nombre et doit être complété par un consensus des érudits. La controverse du droit musulman est due aux deux branches sunnites et chiites. La sodomie n’est pas dans les crimes du Coran. Le Prophète n’a jamais châtié quiconque mais la peine de mort est applicable au Yémen, en Iran pour meurtre, adultère, corruption. Le cas de l’Egypte est l’exception : les lois initialement contre la prostitution criminalisent désormais les rapports sexuels.

La descente Elle s’inscrit dans le cadre d’une vaste opération sans fondement contre ceux qui sont considérés comme les adeptes du Diable et est en partie déclenchée par des leaders religieux autant musulmans que chrétiens. En Février 2004, une descente s’opère sur ce qui est décrit comme une fête en l’honneur d’un mariage gay. L’espionnage numérique Internet est le moyen préféré des gays pour établir un contact. Il y a intervention de l’Etat pour bloquer certains sites. En Iran, la police s’en est servie pour tendre un piège.

L’utilisation politique Il y a l’idée selon laquelle l’homosexualité ne doit pas s’immiscer dans les professions sérieuses. Les homosexuels ne sont pas doués pour le commandement. Les scandales sexuels d’hommes politiques sont nombreux. Un prostitué garde un carnet de ses clients. Le sultan d’Oman Qaabous a vu sa capacité à diriger remise en cause.. En Malaisie, un Les mesures de répression peuvent être ré- ministre a été démis de ses fonctions. Les islamistes en 1979 ont utilisé la colère de duites au nombre de quatre : l’opinion contre un mode de vie gay.

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Les procès spectaculaires Il y a une tendance du régime à utiliser des procès spectaculaires pour détourner l’attention du public de situation économique. Ainsi, on oubliera la polygamie d’un homme ou la vidéo d’un prêtre copte ayant des relations sexuelles. A Beyrouth, on compte un artiste transsexuel international, un homme extravagant doué pour la danse du ventre ou un drag queen vedette de télévision. La plupart des éditorialistes sont d’accord : l’homosexualité n’est pas un sujet à aborder. Le compromis des médias est bientôt trouvé : assimiler l’homosexualité à un phénomène étranger. L’homosexualité est une maladie contractée au contact des étrangers. Un titre de presse : Soyez un pervers et Oncle Sam vous approuvera. Les informations sont souvent présentées de manière directe et factuelle. On cite souvent les opposants. Pourquoi ? Le tabou et l’absence d’enquête conduite en toute indépendance. Une exception en Arabie Saoudite sur le problème endémique du lesbianisme des écolières. Ce qui manque, c’est tout ce qui permet de brosser un portrait humain de l’homosexualité. En l’absence d’informations, règne une sous information ou on autorise la diffusion de déclarations ridicules sans contestation. Pour guérir l’homosexualité, il faut cautériser l’anus. Il y a 50 ans, juifs, chrétiens et musulmans était unis pour dénigrer l’homosexualité. Juifs et Chrétiens ont évolué. Pas les musulmans. Chez les musulmans, l’interprétation des théologiens repose sur des valeurs sociales et culturelles. La laïcité présente même en Israël n’a pas pris dans le monde musul-

man. Renoncer à la religion est une faute grave dans un univers ou les pressions sociales à l’image du ramadan sont fortes. Pour les érudits, un baiser est possible s’il est fait sans désir. Les mains et le front sont recommandés. La masturbation est une pratique indécente des jeunes. Il est néfaste car le mariage est tardif mais accepté car il empêche l’adultère. La fellation est une habitude occidentale. Les rapports anaux doivent se faire sur consentement mutuel. Le travestissement est une malédiction envers les hommes qui imitent les femmes. Le changement de sexe n’a d’intérêt que si c’est une correction. La littérature arabe moderne est souvent utilisée comme métaphore des relations homosexuelles. A travers le conflit arabo-occident, c’est un combat pour dominer l’autre. L’Occident abuserait de l’homme arabe puisque l’acte sexuel dégoutant. Dans Charaf ou l’honneur, un égyptien repousse les avances d’un Américain et le tue quand celui-ci se montre insistant. Le Pain nu roman autobiographique narre la vie d’un jeune marocain obligé de faire une fellation à un vieil espagnol. Le roman arabe appartient au genre réaliste. Le désir est disséminé partout : dans les regards insistants par exemple. Pourquoi une telle importance accordée à l’érotisme homosexuel ? Selon une ancienne tradition, l’adid ( homme de lettres) avait le droit d’avoir un niveau sexuel explicite si le langage littéraire était soutenu. Toutefois, la passion homosexuelle est absente. La littérature classique est le reflet d’une période de confiance de l’empire arabo-musulman. Mais le colonialisme, la domination étrangère et les guerres humiliantes contre Israël ont eu un effet durable sur le mental des Arabes.

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La tactique a donc été de replier sur des coutumes, des traditions imaginaires. Dans la littérature arabe, le lesbianisme apparait comme le comportement logique et naturel de femmes non satisfaites ou sans mari ou comme une réaction politique à la domination masculine au détriment du lesbianisme inné. Mais les écrivains Nord-Africains sont croissants à s’emparer du sujet de l’homosexualité. En 2004, en campagne pour l’abolition de la loi contre la sodomie, le groupe beyrouthien de défense des droits de l’homme organise la projection de la victime film de 1961 qui contribua en 1963 à la dépénalisation de l’homosexualité en Grande Bretagne. L’intérêt des sociétés arabes pour le cinéma est précoce. 1896 : sonne l’arrivée du cinéma en Egypte. 1920 : les premiers longs métrages. 1930 : essor du cinéma arabe. L’Egypte domine le marché. L’homosexualité est codifiée. Les homos travestis font rire mais il y a réticence à montrer un homo normal, amoureux. 1976 : Apparition des principes généraux de la censure en Egypte : • Non critique des religions célestes • Hérésie et magie présentées de façon positive. • Sont interdits les corps nus, les mots obscènes. • Les bains publics forment des décors acceptables. • Plusieurs films de Youssef Chahine présentent l’homosexualité de manière positive : Un jour sur le Nil, Alexandrie Pourquoi ? Chahine a monté sa société avec des fonds étrangers. C’est le cas du cinéma tunisien avec des fonds français. • Un film de 1993 Mercedes a brisé tous les codes égyptiens. • Le peuple est chrétien. • Mise en valeur du communisme. • Un frère homosexuel. • Doutes sur le géniteur. Pourtant, des voies de réforme sont possibles : Un magazine Hurriyah

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Une boite de nuit à Jérusalem. A Beyrouth existe une association libanaise qi a créé un drapeau arc en ciel à partir de morceaux de vêtements. Les membres portent des teeshirts noirs Existez ! Les jeunes homos et lesbiennes arabes sont souvent bien informés sur la sexualité soit auprès d’homos plus âgés, soit par Internet. Les lesbiennes ont recours massivement à Internet pour se rencontrer mais sont souvent déçus. La femme se révèle être un couple marié. Elles usent de précaution : arriver à l’avance et observer. Quelles sont les solutions des gays arabes ? Le coming out à une personne de confiance Le mariage plus ou moins obligatoire mais aussi pour éviter une solitude extrême. Le suicide. La prostitution. L’émigration alternative vers San Francisco, Madrid et Grande Bretagne. Les pays signataires de la Convention des Nation Unies relative au statut des réfugiés ont l’obligation civile d’apporter la protection. Depuis 1999, les gays et lesbiennes constituent un groupe social éligible au droit d’asile. Nombre de requêtes aboutissent quand d’autres sont rejetées et acceptées en appel. Seconde solution pour obtenir l’asile : une relation suivie avec un étranger. Pour les Palestiniens persécutés à Gaza, la solution fuir en Israel. Pour la Palestine, L’homosexuel est assimilé à un collaborateur. Au Final, dans les pays arabes, on reste dans une société préoccupée par les identités : les gays n’ont que des rapports anaux et le rôle de passif est avilissant. L’Occidentalisation généralisée n’a qu’un impact limité. Les homos arabes ont donc trois solutions : avoir une masse critique, doivent augmenter leur visibilité et rechercher des alliés. Dossier réalisé par Mario Donat


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Mon amie, mon amour, mon amante Romance

La Confrérie des loups

Gina

Fantastique - Romance

Romance

Emily Monroe est agent fédéral au FBI. Son amie et collègue, Jennifer James se tourne vers elle quand elle décide de quitter son compagnon. Emily accepte de l’accueillir chez elle avec son fils Henry. Mais Jennifer va doucement comprendre que leur relation amicale et si particulière va devenir de plus en plus ambiguë.

Jennifer James retourne dans le Montana où elle a grandi étant enfant. Elle y reste quelques jours pour enterrer son père. Ce retour fait resurgir de nombreux souvenirs de son passé, dont le visage de Faith Ryan qui a disparu pendant près de 9 ans. Personne ne sait où elle était pendant toutes ces années.

Venue de New-York avec pour seul bagage un sac à dos, Gina poursuit un rêve qui la mène tout droit à Las Vegas. Un rêve de combats, de victoires dans une cage où s’affrontent les meilleurs challengers de MMA, Mixed Martial Arts. Une femme dans un monde d’hommes où elle devra faire ses preuves pour accéder au sommet.

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Undercover

Undead

You and Me...

Romance

Fantastique - Action

Romance

Jennifer James est étudiante en criminologie à l’université de Stanford en Californie. Elle rencontre Emily MacLane et va très vite comprendre que cette dernière n’est pas qui elle prétend être...

Prix Téléchargé : 6.65€ - 150 pages Edition de Poche : 14.43

Crystal Lake offre un cadre de vie idéal. Comme tout le monde en ville, Jennifer James se prépare à assister au mariage de sa meilleure amie. Tout va pourtant basculer dans les prochaines heures après le retour de Jessica, la compagne de Sam MacLane, qui revient d’un congrès à New York sur les maladies génétiques...

Une histoire légère qui se déroule au coeur du Wyoming et dans l’immense forêt sauvage de Shoshone. Une invitation au voyage et à la découverte de ce qui est essentiel

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Romans lesbiens en français, disponibles en format papier et téléchargement Drama Queen 3 tomes disponibles

Comédie - Drame

Loves me, Loves me not

Remember me

Romance

Policier

Sarah, Danielle et Sydney sont les trois “reines” du lycée. Elles sont populaires, jolies, riches et savent organiser des soirées inoubliables. Quand Sarah se retrouve par accident sous le corps mort de son professeur, qu’elle voit Faith Ryan tenir l’arme du crime entre ses mains, elle prend conscience que sa vie ne sera plus jamais comme avant.

Faith et Jodie sont en couple mais séparées. Tout va pour le mieux dans leur quotidien jusqu’à ce Sarah, la fille de Jodie âgée de 17 ans, tombe enceinte et soit jetée de chez elle par l’ex-mari de Jodie. Faith accepte d’accueillir l’adolescente sans penser que celleci fera tout pour attirer son attention.

Inspectrice à la criminelle depuis quatre ans, Sarah porte encore en elle les stigmates du meurtre de sa jeune soeur Danielle, assassinée il y a dix ans. Affaire classée faute de preuve jusqu’à ce que Samuel Lewis, ex petit-ami de la victime, pousse la porte du bureau et fasse de ressurgir le passé. Rien ne sera épargné à Sarah.

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Quand votre livre de chevet met en avant l’idylle de deux jeunes femmes et que vous ne restez pas insensible au charme de votre productrice il y a peutêtre matière à se poser des questions. Et le monde du show business est impitoyable quand on veut préserver son intimité et ses secrets…

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Sarah Leary est accusée du meurtre de son amant, le père de son fils et se retrouve condamnée à une peine de prison à perpétuité..

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Yearbook Comédie - Romance

World Trade Center tome 1 Drame e Romance

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Au lycée, soit on te remarque parce que tu fais partie de la catégorie des “populaires” soit, à ton grand désespoir, de celle des “loosers”. Mais la vie peut parfois apporter son lot de surprises. Quelques années plus tard, le “vilain petit canard” se transforme en un magnifique “cygne”.

11 septembre 2001. Une date que personne ne pourra jamais oublier. Une date qui aura plongé l’Amérique et le monde dans la terreur et l’horreur la plus absolue. Des images encore vivaces dans les mémoires... Mais si tout ceci n’avait été que le commencement d’une guerre sans précédent...

11 septembre 2001. Une date que personne ne pourra jamais oublier. Une date qui aura plongé l’Amérique et le monde dans la terreur et l’horreur la plus absolue. Des images encore vivaces dans les mémoires... Mais si tout ceci n’avait été que le commencement d’une guerre sans précédent

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Devotion

If I Tell you

The woman I love

Comédie - Romance

Romance

Romance

Que feriez-vous par amour pour conquérir le cœur de celle que vous aimez ? Éperdument amoureuse de son amie, Faith n’attend qu’une chose : de voir un jour son amour devenir réciproque. Mais que faire quand celle qu’on aime recherche son homme idéal ? Faith est prête à tout pour conquérir le cœur de sa belle. Ebook téléchargé : 9.76€ - 261 pages Edition de Poche : 17.94€

Faith Ryan doit se marier. Ses meilleurs amis lui organisent un enterrement de vie de jeune fille. Jusque là, rien d’anormal, sauf si la jeune femme embauchée pour la divertir ce soir là se trouve être la femme de sa vie.

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Quand une de ses tantes lui lègue sa maison dans la petite ville paisible de Northfolk, Faith Ryan n’en comprend pas la raison. Étudiante dans une école d’architecture, la jeune femme décide de rénover la demeure et de la vendre, son stage achevé. Mais à peine installée, sa voisine Sarah Leary, la quarantaine, vient frapper à sa porte Ebook téléchargé : 11.78€ - 276 pages Edition de Poche : 18.78€



Critique Roman lesbien Le placard, De Kim Messier Un roman qui brise tous les tabous Kim Messier, avec son premier roman intitulé Le placard, brise tous les tabous entourant l’homosexualité féminine, un sujet peu traité dans la littérature actuelle. Même si tous clament haut et fort qu’ils ne sont pas homophobes, l’auteure réussit à dresser un tableau juste de cette sortie du placard si souvent pénible pour les gais, les lesbiennes, les bisexuels et les autres minorités sexuelles. Ce roman est donc tout indiqué pour confronter nos préjugés, pour mieux comprendre la pénible ambivalence intérieure de celle qui est différente. C’est à 12 ans que Léa se surprend à éprouver une attirance pour une fille. Apeurée face au rejet et à l’incertitude provoquée par ses sentiments, elle refoule ses envies et cesse du coup d’aller s’entraîner. Puis, quelques années plus tard, sa vraie nature refait surface. La gente féminine l’attire plus que tout, l’excite, l’énerve, au point où ses rêves sont fréquemment timorés entre la réalité et le doute. Réalisant que toute vérité n’est pas bonne à dire, Léa décide de s’emmurer dans un mutisme exemplaire, taisant ainsi sa personnalité réelle, sa vraie identité. Sachant que l’homophobie galopante persiste dans un monde où, pourtant, on prétend accepter toutes les différences, Léa sait très bien que ce n’est pas le cas à l’école. Elle sait aussi que fléau des temps modernes se propage toujours sur les bancs d’école

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aussi facilement qu’un feu de broussailles. Par crainte d’être jugée, d’être montrée du doigt, d’être rejetée, d’être étiquetée, de perdre ses proches, elle préfère nier qui elle est jusqu’au jour... Jusqu’à ce jour où elle rencontre enfin l’amour avec un grand A... Frédérique, plus mûre, plus rebelle, plus forte que tous les entêtés de la terre, réussira-t-elle à redonner confiance à Léa? Réussirat-elle à briser le mutisme de Léa? Dans ce fabuleux roman, Kim Messier réussit à bien tisser la toile de fond de l’intrigue avec des personnages vrais, attachants, sensibles et vivants. On se sent vite plongé au coeur de la réalité de Léa, elle qui patauge dans l’homophobie intériorisée qui lui fait douter de tout. Je lève mon chapeau à cette auteure qui a su fouiller intelligemment son sujet, qui a su donner une voix à une communauté qui est toute différente de sa propre réalité. Je recommande ce roman à tout le monde, tant aux enseignants qu’aux parents, aux jeunes filles comme aux garçons, aux intervenants communautaires comme aux dirigeants d’écoles. Un livre à découvrir et à commenter entre amis, pour le mieux être de toute une génération! Par Réjean Roy


Critique Roman TRANS Le fil de Marie-Anne, entre deux eaux de Robert Tessier, un roman psychologique percutant! Marie Anne est biologiquement un homme, mais parle d’elle au féminin. Elle s’habille en femme chaque soir, mais ne veut pas changer de sexe. Elle est d’une beauté convaincante et jouit en conséquence d’un succès social enviable. Malgré tout, elle doute constamment de son identité profonde et craint d’être un imposteur. Elle entreprend une psychothérapie afin de remonter le fil de sa destinée et chercher une confirmation qui lui fera dépasser son ambivalence. Elle trouvera une oreille plus qu’attentive auprès de son psychologue. Cette fois, Robert Tessier approfondit un cas, celui de Marie Anne. Celleci doit transcender les contradictions de son androgynie, mais comment? C’est une invitation à plonger dans un univers mental fascinant et captivant entre deux eaux. On sent ici que l’auteur a souhaité offrir une vision du phénomène entourant le transgenre de l’intérieur. C’est pourquoi un cas a été approfondi d’un point de vue psychologique. Bien qu’il y soit question des certaines théories psychologiques, le récit repose essentiellement sur un témoignage, sur du vécu. En fait, presque tout le roman consiste en un monologue d’une personne transgenre, ponctué de questions ou de remarques de son psycho-

logue. Même s’il n’y a que peu ou pas d’action, l’auteur réussit à nous garder en haleine du début à la fin. Mieux encore, avec un contenu aussi dense et riche, nous tombons follement amoureux de Marie Anne et de sa personnalité hors du commun. L’art du roman, c’est de savoir quand arrêter d’étirer la sauce pour ne pas ennuyer le lecteur. Avec

ce roman, ce fut réussi avec grâce. Peu importe notre orientation sexuelle, ce roman saura intéresser toutes les générations, tous ceux et celles qui osent se questionner, qui prennent le temps de se remettre en question de temps à autre. Un autre excellent roman à se mettre sous la dent lors de la belle saison! À lire absolument. Le fil de Marie-Anne, entre deux eaux, Les Éditions de l’étoile de mer, 2012, 118 pag-

Le matin des magiciennes de Robert Tessier, travestisme et la transsexualité 101! June finira-t-elle par découvrir ce qui pousse tant d’hommes à adopter, à divers degrés, la féminité de nos jours? Captivée par cette question, elle entreprend à Montréal une véritable plongée dans l’univers surprenant des travestis et des transsexuelles où ses convictions et ses sentiments seront bousculés. En compagnie de son amie Lyne, de son ex-mari et de l’envoûtante transgenre Annick, elle se trouve happée dans un tourbillon d’informations qui la troubleront et dont

la signification la rejoindra jusque dans sa vie familiale et amoureuse. Les héroïnes font d’abord une recherche documentaire sur le phénomène dont elle découvre l’ampleur et elles sentent le besoin de compléter leurs données plutôt théoriques par une recherche de terrain. Elles font donc le tour de différents endroits où évoluent les travestis et les transsexuelles à Montréal. Même si les noms ont été changés, on reconnaît assez bien ces endroits qui montrent la grande diversité du phénomène. De plus, c’est avec elles que le lecteur apprend beaucoup de choses sur le milieu gai de la métropole.

Le phénomène de la féminisation des personnes nées mâles s’avère d’une ampleur et d’une étrangeté surprenantes. Il ne peut que cacher une explication de même taille et de même nature. D’hypothèse en hypothèse, June sera amenée à considérer avec réticence une cause bouleversante associée à la pollution de l’environnement. Bref, bien que ce livre soit truffé d’informations scientifiques et de statistiques, la vulgarisation scientifique est réussie. En fait, l’auteur réussit à nous faire plonger dans le monde bouleversant de la chimie et de la biochimie. Tout est crédible, que ce soit au niveau des personnages, des phénomènes environnementaux, des personnages transgenres ou même de l’hypothèse de base entourant la contamination de l’environnement. Un roman divertissant à plus d’un égard, intelligent et pertinent. Une excellente suggestion de lecture pour l’été auprès de la plage ou de la piscine! Quelques mots sur l’auteur : Robert Tessier, Ph. D., a enseigné dans des universités québécoises et publié de nombreux articles et ouvrages d’éthique et de sociologie. Après les romans La chevauchée des hippocampes et Les dessous du paradis publiés aux Éditions Point de fuite en 2003 et 2005 respectivement, il nous présente ici son troisième roman centré cette fois sur le travestisme et la transsexualité. Le matin des magiciennes, Les Éditions de l’étoile de mer, 2011, 144 pages Par Réjean Roy

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CULTURE TRANS Entrevue avec Robert Tessier Pour tout savoir sur le travestisme et la transsexualité - auteur de Le matin des magiciennes et de Le fil de Marie-Anne, entre deux eaux Après avoir publié une série d’ouvrages scientifiques, vous avez opté pour le roman à suspense avec deux bouquins publiés aux Éditions Point de fuite. Qu’estce qui a motivé cette nouvelle orientation au niveau de l’écriture? J’avais développé le goût d’écrire, mais l’écriture scientifique est très exigeante. Il faut tout appuyer, tout démontrer. Cette rigueur a fini par me peser et j’ai plutôt choisi de laisser libre cours à mon imagination. L’écriture de fiction est pour moi une expérience de liberté. Tout doit y être cohérent bien sûr, mais on peut y inventer les personnages et les situations que l’on veut. Je trouve que c’est un exercice libérateur.

Quel est, selon vous, le défi le plus important au niveau du roman à suspense?

Le défi principal d’un roman à suspense selon moi est de dévoiler aux lecteurs des vérités sur l’issu de l’intrigue tout en faisant en sorte qu’il soit surpris par le dévoilement final qui doit malgré tout être parfaitement logique par rapport à tout ce qui a précédé. Le mystère doit sembler s’éclaircir pour s’assombrir à chaque nouveau pas jusqu’à l’explication ultime et c’est ce jeu d’ombres et de lumières qui captive le lecteur et l’amène à vouloir découvrir la fin.

Quelle a été votre source d’inspiration pour les héros de La chevauchée des hippocampes et de Les dessous du paradis?

L’idée m’est venue après avoir vu un reportage sur la cryogénie. Des personnes paient des fortunes pour se faire congeler en attendant que la science sache les guérir. De moins fortunés ne font congeler que leur tête dans l’espoir de revivre un jour. C’est ce point qui m”a intrigué. D’où pourraient venir les corps dont ces

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têtes auront besoin éventuellement? Et ce, sans compter qu’il faudra avoir développé une technique parfaite de greffe pour brancher le tout. J’ai imaginé des personnages qui vivent une situation dramatique comparable et qui tentent de répondre à ces questions.

Le matin des magiciennes contraste de façon étonnante avec vos deux romans à suspense. Qu’est-ce qui a motivé ce roman à caractère plus éducatif?

Le matin des magiciennes tente d’expliquer d’un point de vue sociologique et historique la prolifération des cas de travestisme et de transsexualité dans le monde depuis un siècle. À travers une histoire, il est très instructif à ce sujet. Ce thème était cependant déjà présent dans mes deux premiers romans, mais, au lieu d’être central, il apparaissait en tant qu’intrigue secondaire. J’ai voulu lui accorder une plus grande place dans mon troisième roman. Mais oui, vous avez raison, il y a dans ce roman une volonté éducative sur une réalité plus présente qu’on le croit et concernant laquelle il y a une énorme ignorance.

Ce troisième roman traite de l’épineux problème de l’environnement de façon abondante. Vous considérez-vous écologiste et passionné par les enjeux reliés à l’environnement?

Dans ma carrière universitaire, tout en étant sympathique à la cause, j’ai étudié l’écologisme plus que j’ai été écologiste. Il s’agissait pour moi de comprendre les raisons de la montée des préoccupations environnementales dans notre société. Cela m’a rendu sensible à certaines questions, dont celles qui sont traitées dans Le matin des magiciennes et qui sont peu connues malgré tout l’engouement autour de l’écologie. Il s’agit


en particulier de la pollution par des produits qui agissent comme des oestrogènes dans notre environnement et qui affectent les êtres vivants, y compris les humains, en les féminisant ou, tout au moins, en diminuant leur virilité.

Dans Le matin des magiciennes, nous faisons également la connaissance d’une jungle urbaine des plus disparates. Quels sont les rôles des diverses héroïnes de votre roman?

Pour répondre à certaines questions qu’elles se posent sur le phénomène, deux jeunes femmes plongent en effet dans l’univers plus ou moins marginal des travestis et des transsexuelles de Montréal dont elle découvre la diversité tout en croisant au passage évidemment des personnages homosexuels. C’est avec elles que le lecteur apprend beaucoup de choses sur ce milieu.

Plusieurs établissements de la communauté gaie sont bien représentés dans ce roman. Qu’ajoutent-ils à l’intrigue principale?

Mes héroïnes font d’abord une recherche documentaire sur le phénomène dont elle découvre l’ampleur et elles sentent le besoin de compléter leurs données plutôt théoriques par une recherche de terrain. Elles font donc le tour de différents endroits où évoluent les travestis et les transsexuelles à Montréal. Même si les noms ont été changés, on reconnaît assez bien ces endroits qui montrent la grande diversité du phénomène.

Le travestisme et la transsexualité sont abordés sur tous les fronts dans cet ouvrage. Pourquoi avoir choisi d’élaborer sur un sujet aussi marginal et méconnu? Précisément parce qu’il est méconnu et parce qu’il n’est pas si marginal qu’on peut le croire. Les statistiques par pays, qui apparaissent d’ailleurs dans le roman, montrent toute l’ampleur et la croissance du phénomène qui mérite donc qu’on s’y arrête. C’est le sociologue en moi qui a été fasciné par le sujet et par ce qu’il peut nous apprendre sur notre société.

Le fil de Marie-Anne, entre deux eaux semble être la suite logique de Le matin des magiciennes. Pourquoi avoir ainsi approfondi le sujet du travestisme?

Le matin des magiciennes a été apprécié pour l’histoire et les informations qu’il apportait. Il est très factuel et adopte un point de vue d’observateur, de l’extérieur du phénomène. Une des remarques qui m’ont été faites par certains lecteurs est qu’ils auraient aimé en savoir plus sur la personne transgenre qui accompagne les universitaires dans leur recherche tout au long du roman. Ils auraient souhaité avoir une vision du phénomène de l’intérieur. C’est pourquoi, dans Le fil de Marie-Anne, entre deux eaux, un cas a été approfondi d’un point de vue psychologique.

Les autres ont tous des contenus s’appuyant sur les sciences pures : la biologie dans le cas de La chevauchée des hippocampes, la physique dans Les dessous du paradis (il y est question entre autres de la théorie de la relativité), la chimie dans Le matin des magiciennes. Dans chaque cas, les récits font plus ou moins dans la science-fiction en portant des possibilités scientifiques à leurs limites. Rien de cela dans Le fil de Marie-Anne, entre deux eaux. Bien qu’il y soit question des certaines théories psychologiques, essentiellement, le récit repose sur un témoignage, sur du vécu.

L’introspection de Marie Anne décoiffe à plus d’un égard. En quoi le roman psychologique représente-t-il un défi en soi?

Presque tout le roman consiste en un monologue d’une personne transgenre, ponctué de questions ou de remarques de son psychologue. Il y a donc peu ou pas d’action. Il faut alors un contenu dense et riche pour intéresser le lecteur tout le long du livre. Je ne voulais surtout pas ennuyer. Il semble que ce fut réussi. Mes lecteurs me disent plutôt que je n’aurais pas du craindre d’étirer la sauce sur chaque sujet abordé. En fait, ils en redemandent en refermant le livre. Je crois donc avoir bien relevé le défi.

Quel sera le nouveau projet sur lequel planchera Robert Tessier en 2013?

Le défi d’intéresser sera encore plus grand. C’est ce qui me motive en tant qu’ex-enseignant. Le contenu sera cette fois essentiellement philosophique et consistera en une sorte de dialogue purement intérieur sur la base d’une série d’aphorismes lus dans un carnet trouvé sur un banc de parc par le personnage principal. J’en prévois la sortie en 2014.

Avez-vous d’autres projets artistiques en vue?

Je fais aussi de la musique et il m’est arrivé de donner des spectacles de chansons avec ma guitare. Mais je ne peux me consacrer qu’à un art à la fois. Cela exige trop de concentration. Je n’ai pas donné de spectacles depuis deux ans, car j’ai publié deux romans. Je reviendrai sans doute à la musique un jour, mais je ne sais pas quand. Pour l’instant, je ne veux pas retarder ma production littéraire en cours. Le matin des magiciennes, Les Éditions de l’étoile de mer, 2011, 144 pages Le fil de Marie-Anne, entre deux eaux, Les Éditions de l’étoile de mer, 2012, 118 pages Par Réjean Roy

En quoi ce quatrième roman diffère-t-il de tous les autres que vous avez publiés?

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Chroniques ROMAN GAY “Ma vie d’avant” Un roman gay d’Alexis Hayden et José-René Mora Ma vie d’avant est le premier tome d’une saga traitant d’homosexualité, un sujet délicat et qui encore aujourd’hui est très difficile à aborder. L’avant-propos qui précède le récit nous donne un avant-goût des thèmes et du ton de l’histoire tout en amenant des statistiques intéressantes. Il est, selon moi, nécessaire pour nous introduire dans l’univers de Kévin qui nous raconte une partie de son adolescence lorsqu’il a commencé à découvrir véritablement son homosexualité et les tabous qui viennent avec. Son histoire démarre lorsqu’il rencontre Jérémy, son premier amour... L’histoire est simple puisqu’elle suit les événements de la vie de Kévin, le narrateur, entre ses quatorze et seize ans. Toutefois, même si l’on se concentre sur cette période, plusieurs retours en arrière nous permettent de se construire une image bien précise du personnage. Nous en apprenons beaucoup sur son passé, les épreuves qu’il a vécu et l’évolution de «cet autre qui grandissait en lui». Tous ces éléments en font un personnage terriblement attachant et réaliste. Les personnages secondaires sont présentés à travers la relation qu’ils entretiennent avec Kévin, mais sont pourtant très bien développés et ce, que ce soit sa mère, Jérémy ou encore Élodie. J’ai eu l’impression à plusieurs reprises de ne pas être seulement une lectrice, mais aussi de faire partie de l’histoire. Les thèmes qui sont abordés dans ce roman sont évidemment l’homosexua-

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lité, mais aussi l’acceptation de la différence, la recherche de son identité et l’intolérance de la société. Ce sont des sujets qui me tiennent énormément à cœur et je suis contente, qu’enfin, des auteurs prennent la parole et les dénoncent ou les encouragent. L’âme de ce roman vient certaine-

temps que Kévin. À la fin, il n’hésite plus à employer les bons termes pour exprimer ce qu’il est alors qu’au début il ne savait pas trop s’il avait le droit de le dire. Plus j’avançais dans ma lecture et plus j’avais l’impression de vivre cette histoire. J’espérais et je souffrais avec Kévin. Je souhaite donc souligner le travail remarquable d’Alexis Hayden et José-René Mora ainsi que celui de la fondation LGBT. Par Lady Swan * * *

ment du style d’écriture des deux auteurs. Ils donnent un ton à la fois léger, mais très riche en émotions au personnage principal. J’ai beaucoup aimé que l’écriture évolue en même

L’homosexualité... Un thème si actuel et pourtant si difficile à traiter. Un thème qui se trouve au centre du roman d’Alexis Hayden et de JoséRené Mora, Ma vie d’avant, dans lequel nous suivons le jeune Kévin au fil de ses amitiés et amours. Un avant-propos précède l’histoire et nous donne d’intéressantes informations sur l’homosexualité : des statistiques dont on ne se serait jamais douté et des explications sur ce qu’est la fondation LGBT. Cela met en place le contexte et prépare quelque peu la suite, ce que j’ai trouvé particulièrement bienvenu. Pour être tout à fait honnête, je n’ai pas du tout l’habitude de ce genre de livres et je ne savais par conséquent pas à quoi m’attendre en le commençant. L’histoire en elle-même est simple : il s’agit de celle de Kévin, depuis son


enfance jusqu’à son adolescence. Comme vous vous en doutez probablement, il n’est pas « normal » aux yeux de la société, car il aime les garçons. Il fait plusieurs rencontres, dont une en particulier qui changera sa vie : celle de Jérémy. Mais comme l’homosexualité est loin d’être acceptée de tous, leur relation est très rapidement mise à l’épreuve. L’accent est mis sur cette période particulière de la vie de Kévin, mais, grâce à plusieurs flashbacks, nous en apprenons plus sur son passé, sa personnalité et sa famille, ce qui nous aide à nous faire une idée précise de lui et à nous y attacher. Les autres personnages ne sont pas en reste. Qu’il s’agisse de Jérémy, de leur famille respective ou d’Elodie – il n’y a en effet pas que des hommes dans l’histoire – tous sont développés avec soin et qui prennent vie, page après page. L’impression de grand réalisme qui ressort de ce roman est sans aucun doute due aux personnages, mais

bien plus encore au style d’écriture. Simple et dépouillé, parfois quelque peu familier dans les dialogues, il nous invite à entrer dans l’univers de Kévin tout en douceur pour ne plus en sortir avant d’avoir tourné la dernière page. Nous espérons, aimons et souffrons avec lui. Des questions profondes sont ainsi abordées avec une apparente légèreté ; celles de l’identité, de l’orientation sexuelle, de l’image que les autres ont de nous et, plus précisément, de la tendance presque innée de la société à déprécier les homosexuels. Même dans le monde actuel, censé être libre, on les regarde bien souvent de travers, on les dénigre ou, pire encore, on les attaque. Ils ne sont pas « normaux » ; mais quelle est la signification de « normal » ? Est-ce un synonyme de différent ? Le premier tome de la trilogie Cet autre qui grandissait en moi est un magnifique roman sur la tolérance et la différence. Au fil des pages, une

tempête d’émotions se déchaîne en nous – espoir, joie, tristesse, peur... – avant de culminer dans une fin emplie de péripéties. Bien que sans grande surprise, le suspense reste présent et nous donne envie de lire la suite. Personnellement, je lirai avec grand plaisir les deux tomes suivants si l’occasion se présente. Je remercie la fondation LGBT de nous proposer un roman si touchant sur un thème très actuel et les auteurs de nous enchanter avec une telle histoire ; j’espère sincèrement que les lecteurs qui l’auront entre les mains prendront – comme moi – conscience des difficultés que de nombreux homosexuels peuvent ressentir face aux tabous de la société et que leur situation s’améliorera dans le futur. Par Lolly

___________________________________ A DECOUVRIR : « MINUIT MOINS LE QUART » le dernier roman fantastique de Holly Jackson Synopsis : Deux enfants nés simultanément des deux côtés du globe sont réunis autour d’une étrange prophétie. Leurs regards se croisent, ils sont attirés l’un vers l’autre comme des aimants. Naît alors un amour fusionnel et destructeur que personne n’aurait cru possible, pas même leurs créateurs, qui dans l’ombre, observent l’accomplissement de leur projet commun. La prophétie les achemine lentement vers un destin inéluctable. L’un d’entre eux sonnera le glas de l’humanité, l’autre devra l’en empêcher. Mais comment mèneront-ils à bien leur mission alors qu’ils ignorent leur dessein ? Désirent-ils vraiment être l’objet de l’accomplissement d’une prophétie qui pourrait les séparer à tout jamais ? Roman en français disponible sur Amazon

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Chronique Cine kechiche : humaniser les groupes marginalisés

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orsqu’Abdellatif Kechiche s’est vu remettre la Palme d’or en mai dernier pour son film La vie d’Adèle : chapitre 1 et 2, la presse souligna rapidement que ce film, qui raconte un amour saphique joué par Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux, était le premier à valoir la consécration cannoise à un cinéaste pour une œuvre à caractère LGBT. Une mise en contexte aidant à comprendre une œuvre artistique, la filmographie antérieure de Kechiche, ses codes, techniques et approches récurrentes, méritent d’être examinés afin de mieux apprécier La vie d’Adèle, attendu en salle le 9 octobre prochain autant en Europe qu’au Québec. Dans La faute à Voltaire, son premier film apparu en 2000, Kechiche nous présente un jeune Tunisien qui débarque clandestinement à Paris. On y suit son parcours et plus particulièrement sa rencontre de gens tout aussi extérieurs à cette société parisienne quoiqu’eux n’en soient pas officiellement clandestins : clochards, réfugiés et personnes vivant avec des troubles psychiatriques, notamment. Dès ses débuts, Kechiche porte sa caméra sur des groupes souvent marginalisés par la société majoritaire. Ce choix se répétera à travers l’exploration

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des dédales amoureux d’un groupe d’ados dans L’esquive, en 2003, de même que dans La graine et le mulet quatre ans plus tard, qui nous projette au sein d’une famille d’immigrés. Cette constance chez Kechiche atteint des sommets dans Vénus noire lorsqu’il retrace en 2010 la vie de Saartjie Baartman, femme africaine issue de la tribu Khoïkhoï. Les femmes de cette tribu ayant une physionomie distinctive, Baartman servit de bête de foire à Londres et à Paris. Elle termina sa vie prostituée après quoi ses restes furent exposés au musée de l’Homme à Paris jusqu’en 1974. Suivant ce parcours, que Kechiche poursuive son œuvre avec une relation homosexuelle, particulièrement dans la conjoncture politique actuelle en France, ne surprend pas. ais attention! Les artistes qui présentent des personnages issus de groupes marginalisés tendent à vouloir susciter de l’empathie à leur endroit. Au cinéma, pensons entres autres à Rain Man (autisme), Brokeback Mountain (homosexualité), Ben X (syndrome d’asperger) ou Laurence Anyways (transsexualité). Kechiche ne se contente pas d’éveiller de l’empathie pour ses protagonistes : il veut les humaniser. La nuance est à la fois subtile et immense.

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L’empathie amène à se mettre dans la peau d’autrui, à comprendre sa situation. Au final, cependant, on demeure soi-même et l’autre demeure l’autre. À ce titre, l’empathie construit un pont entre soi et l’autre, permettant de le joindre mais seulement temporairement, car il faut éventuellement revenir de son côté. L’humanisation consiste plutôt à rendre le pont inutile, à ensevelir le fossé, sous prétexte que la différence entre soi et l’autre ne justifie pas cette séparation entre deux êtres (humains). Formulé autrement, l’empathie vise à comprendre ce qui est spécifique (et différent) chez l’autre. L’humanisation sous-entend que ce qui est spécifique à l’autre nous ramène souvent à des territoires communs à tous. Sans porter de jugement, positif ou négatif, sur cette approche de Kechiche, il faut reconnaître que ce procédé est plus radical, et forcément plus difficile à faire face, que l’empathie. Cette démarche, fortement susceptible d’être reprise dans La vie d’Adèle, se manifeste de différentes façons dans chacun des quatre premiers films de Kechiche. On la constate d’abord dans sa mise en scène naturaliste. Les décors réalistes reflètent entièrement l’esprit des lieux où se déroule l’histoire. Les acteurs, souvent nonprofessionnels, livrent des interprétations pures, dont la force et la justesse sont amplifiées par l’ultra-vraisemblance des dialogues. Une des premières scènes de L’esquive offre un parfait exemple de l’effet d’une telle mise en scène. Deux adolescentes se disputent à propos de la présence d’un camarade de classe à leur répétition d’une pièce de théâtre. Cette chicane nous installe immédiatement au cœur de la banlieue parisienne et nous renvoie directement aux préoccupations juvéniles. Le spectateur n’est pas simplement témoin de la scène, il en fait partie. Comme pour plusieurs cinéastes, la caméra demeure néanmoins l’outil préféré de Kechiche. Sa captation d’images reproduit le réalisme de sa mise en scène, qui représente l’angle d’un spectateur impliqué dans les évènements. Kechiche réussit cet effet notamment par les mouvements furtifs de la caméra, qui reflètent l’œil en mouvement, et par l’abondance de gros plans, qui empêchent le spectateur de se dissocier de l’action. Dans La graine et le mulet, une scène

de repas familial donne l’impression d’être réellement assis autour de cette table surpeuplée et de partager un moment d’intimité privilégié. Plus loin, une intense crise de larmes d’un membre de cette famille plonge le spectateur dans un profond et douloureux malaise. Puisque Kechiche filme de la même façon que l’humain observe, sa technique trouve son plein potentiel lorsqu’il capte des corps en mouvement, sa caméra épousant ces corps merveilleusement. Les performances dansantes de Hafzia Herzi et Yahima Torres, respectivement dans La graine et le mulet et Vénus noire, sont véritablement propulsées devant nos yeux. À ce sujet, les échos médiatiques de La vie d’Adèle relaient l’existence d’une longue et controversée (pour des raisons débordant du présent texte) scène érotique entre les deux actrices principales. On peut soupçonner que l’œil de Kechiche pour filmer les corps y est pour quelque chose. Dans La vie d’Adèle, il faut donc s’attendre à ce que Kechiche apporte une voix distinctive dans la représentation de l’homosexualité au grand écran à travers l’humanisation de ces deux femmes amoureuses l’une de l’autre. S’il est fidèle à ses précédents films, il nous les montrera sans pitié ni complaisance à travers leurs qualités, leurs défauts, leurs joies, leurs colères, leurs doutes et leurs quotidiens, et ce, sans jamais chercher à nous les rendre particulièrement attachantes, mais simplement humaines. Par son intransigeance et en nous obligeant à pénétrer dans l’état d’esprit des protagonistes, Kechiche se donne pour défi de ne pas seulement nous offrir une expérience cinématographique, mais une expérience de vie, quitte à indisposer plusieurs spectateurs et critiques. Transposée à l’homosexualité dans La vie d’Adèle, cette démarche promet de ne laisser personne indifférent. Par Mathieu Bruneau

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FANFICTION FEMSLASH / LESBIENNE Mauvais Genre, parcours d’une homosexuelle, éditions l’Harmattan, 2009

Titre : Making Monster - Dernière partie du chapitre 1 Auteurs : SF/Jem Feedback/Commentaire : Slayerstime@hotmail.fr Pairing/COUple : Emily Prentiss / Jennifer Jareau Actrices : Paget Brewster / A.J. Cook Résumé : Spoiler fin saison 6 épisode 18. Disclaimer : Les personnages appartiennent à la CBS.

******* De retour dans l’appartement en ville, Emily n’avait pas dormi de la nuit. Son équipe avait veillé sur leur prisonnier par l’intermédiaire de caméras installées à l’entrepôt. Ils avaient aussi guetté le moindre appel de leurs informateurs. Doyle restait introuvable, mais Emily demeurait confiante. Elle se rappelait l’avoir blessé au bras et il prenait certainement un peu de repos avant de passer à une nouvelle offensive. Elle avait réuni ses coéquipiers pour un débriefing, en avait posté d’autres à la surveillance de Connelly. Elle avait prévenu son équipe de la collaboration avec le FBI, de l’arrivée prochaine de JJ. James n’avait toujours pas parlé, mais sa nuit avait dû paraître une éternité dans le noir, le froid, trempé jusqu’aux os. Emily avait envoyé Erwin et Elena chercher JJ au commissariat. Elle s’impatientait et sentait une excitation monter en elle. Elle n’avait cessé de songer à elle, d’imaginer ses réactions. Un peu plus d’un an était passé et elles s’apprêtaient à se revoir tandis que la situation s’était compliquée. Ses yeux rivés sur l’écran qui retransmettait les images infrarouges de la pièce où James était en-

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fermé, son esprit s’égarait sur l’agent Jareau, sur ses traits délicats, sa silhouette fine et élégante. Le soleil matinal s’infiltrait dans l’entrepôt par les grands carreaux salis par le temps. Les minutes qui s’écoulaient la rapprochaient de sa rencontre avec JJ et accentuaient la pression. ******* JJ n’était pas confiante en compagnie des agents Rivoli et Heismann. Elle savait que la CIA devait être discrète mais connaissait aussi son aisance dans les manipulations en tout genre. Arrivée à huit heures au commissariat fédéral, l’agent Heismann était venu la chercher pour rejoindre, ensemble, les lieux investis par l’unité 18 le temps de l’enquête. L’agent Heismann lui lança un regard, le sourire aux lèvres. — Détendez-vous agent Jareau. Nous ne sommes pas les méchants dans l’histoire. JJ restait tendue malgré tout et accusa. — Vous auriez du nous dire que Ian Doyle était l’auteur de ces meurtres. — Ca n’aurait rien changé. — Nous aurions été plus vigilants. — Vous ne savez pas à quel homme vous vous mesurez, commenta Elena. — Si nous avions eu tous les éléments en main, nous aurions pu éviter le pire. — Nous vous avions prévenus, reprit-il. Elena vous a dit de rester à l’écart de votre ancienne équipe. Vous auriez du l’écouter. JJ resta bras croisés, son regard bleu sur les avenues de la ville qui défilaient. — Personne ne me dit ce que j’ai à faire. — L’agent Prentiss voulait vous protéger, rappela


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l’agent Heismann. JJ plissa les yeux sur ces mots, notamment sur le terme « agent » utilisé pour désigner Emily. Elena n’avait pas parlé d’agent lors de leur conversation dans l’avion. JJ comprenait donc qu’Emily faisait certainement partie de cette équipe, de cette unité 18. Elle n’arrivait à croire qu’Emily ait rejoint la CIA mais n’était-il pas préférable qu’elle soit entourée d’une nouvelle équipe compétente pour chasser Ian Doyle et le tuer ? Elle se demandait maintenant si elle allait la revoir, si Emily serait là où les agents la conduisaient. Après cette longue année à attendre Emily, JJ n’était plus sûre de rien. L’espoir de la revoir était plus douloureux que la certitude de l’avoir perdue définitivement. Le quatre-quatre bifurqua à une intersection et longea une rue à l’Ouest du centre ville. Une centaine de mètres plus loin, il entra dans une impasse entre deux résidences et se gara près de deux autres camionnettes sombres. — Nous y sommes, agent Jareau, prévint Elena en sortant du quatre-quatre. JJ restait sur ses gardes par habitude. Elle descendit du quatre-quatre et suivit l’agent Rivoli, accompagnée de l’agent Heismann dont l’allure imposante accentuait ses réserves. Ils atteignirent une porte que l’agent Heismann déverrouilla à l’aide d’une carte magnétique glissée dans un système électronique. JJ suivit les deux agents à l’intérieur et se retrouva à l’arrière du bâtiment, dans un couloir. Ils empruntèrent les escaliers de la résidence. — C’est par ici, l’invita l’agent Rivoli. Venez… JJ fronçait les sourcils, mal à l’aise. Elle suivit les deux agents et grimpa cinq étages avant de franchir une porte menant à un couloir moquetté et mieux éclairé que les escaliers. — Ne vous inquiétez pas, la rassura Erwin. Malgré ces paroles destinées à la réconforter, JJ préférait la méfiance. L’agent Heismann s’arrêta devant une porte où il frappa deux coups, puis trois autres. Celle-ci s’ouvrit sur une jeune femme brune vêtue d’un jeans et d’un haut à manches longues, un holster accroché à la ceinture. — Après vous, agent Jareau, fit l’agent Heismann, poli. JJ plissa les yeux, détailla la jeune femme qui gardait la porte ouverte et pénétra dans l’appartement. Elle fit quelques pas, hésitante et rejoignit un salon spacieux, à peine meublé dont

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les fenêtres se dissimulaient derrière des rideaux épais. Autour d’une longue table en bois, se tenaient deux autres hommes, assis devant de grands écrans d’ordinateurs alignés. Lorsqu’elle reconnut des parfums familiers envahir ses narines, son regard se tourna vers l’agent Heismann : — Où est-elle ? Où est Emily ? interrogea-t-elle. — L’agent Prentiss sera là dans quelques minutes. JJ n’était pas à son aise et comment aurait-elle pu l’être au milieu de ces agents concentrés sur leur écran ? Elena prit la liberté de remplir une tasse de café et la tendit à JJ. — Tenez et prenez un siège en attendant. — Non merci, peut-être plus tard, fit-elle. La porte s’ouvrit à cet instant précis et JJ posa son regard sur la silhouette d’Emily. Elle perçut son cœur s’emballer dans sa poitrine, ses jambes flageoler sous les émotions. Emily se tenait debout, entièrement vêtue de noir et les cheveux plus longs que lors de leur dernière rencontre à Paris. Les émotions de JJ mêlaient soulagement, euphorie et confusion. Que devait-elle dire en cette seconde en faisant face à celle pour qui elle avait menti au monde ? Celle qu’elle avait attendue pendant des mois sans nouvelle et sans trahir son secret ? JJ ne la quittait pas de son regard bleu qui trahissait ses émotions et ne songeait plus vraiment aux raisons de sa présence ici. Emily fit quelques pas dans le salon tandis que son cœur résonnait jusque dans ses tempes. Elle s’était pourtant attendue à revoir JJ dès son entrée dans l’appartement, mais rien n’y faisait. Elle ne pouvait lutter contre cette montée violente d’émotions et d’excitation. Son regard trahissait ses pensées intimes au sujet de l’agent fédéral et elle savait néanmoins qu’elle était en présence de ses coéquipiers. Elle captait le regard amusé d’Elena et Erwin. Elle ressemblait à une gamine, en proie à son premier amour, ses premiers émois. Elle ôta sa veste, la posa sur le dossier du fauteuil et dut briser le silence. — JJ… fit-elle d’une voix éraillée. Elle s’approcha de Jennifer, la dévora du regard. Son corps réclamait le contact de sa peau, de ses lèvres, l’étreinte de ses bras, mais son esprit savait lui rappeler ses fonctions professionnelles. Elle remarquait aussi le bras blessé de l’agent Jareau, soutenu par une écharpe médicale. Dans un geste attentionné et réflexe, elle y ramena sa main.


— Comment vas-tu ? demanda-t-elle avant toute chose. Le seul geste d’Emily réchauffa JJ alors que le moment était inadéquat pour lui dire tout ce qu’elle avait sur le cœur. Elle ne savait répondre et les quelques secondes qui s’écoulèrent avant qu’elle ne réponde révélèrent toute sa confusion. — J’aimerais te parler en privé, fit-elle. Emily comprit les raisons qui poussaient JJ à pareille demande. Elle aussi souhaitait parler avec elle en privé, à l’abri des regards. Elle jeta un œil sur les agents qui s’étaient remis au travail et acquiesça à Jennifer avant de poser un papier près d’Erwin assis derrière l’ordinateur. — Fais des recherches sur ça, lui demanda-t-elle. Erwin saisit le papier et pianota sur son clavier alors qu’Emily faisait signe à JJ de la suivre. Elle l’entraîna dans une des chambres de l’appartement, le cœur battant d’appréhension et d’impatience mêlées. Elle referma derrière Jennifer et reporta son regard sur elle sans tarder. — Je suis désolée, JJ, s’excusa-t-elle aussitôt. Tels étaient les premiers et seuls mots qui s’étaient imposés à son esprit. JJ ne put retenir sa main dont le plat s’écrasa contre la joue d’Emily. Son regard bleu imbibé de larmes, elle regretta son geste la seconde suivante, un geste de colère, de désespoir et d’accusations. Emily ne bougea pas, comme pour attendre la prochaine réaction de JJ qui suivrait et ce fut sans tarder que celle-ci se rapprocha, que sa main glissa sur la mâchoire d’Emily dans un besoin dévorant de contact. Comment Emily avait-elle pu lui faire cela, la laisser sans nouvelle pendant tous ces mois ? JJ ne put se retenir plus longtemps d’embrasser Emily, de retrouver enfin le goût délicieux de ses lèvres auxquelles se joignit le goût salé et amer de ses larmes. Emily s’abandonna à ce baiser aussi tendre que passionné. Elle retrouvait la saveur délicate et délicieuse des lèvres rosées de Jennifer, ravivait chacune de ses émotions enfouies depuis trop longtemps. Percevoir les larmes de JJ lui brisait le cœur à chacun de ses battements. Elle reconnaissait ses fautes, sa culpabilité évidente après un an de silence total. Elle méritait cette gifle, signe d’un profond mal qu’elle avait infligé à son amante. Elle la retrouvait pourtant en cet instant, dans ses bras. La vie était-elle en train de lui pardonner sa trahison en se faisant passer pour morte ? Des fris-

sons l’envahissaient et électrisaient son être. Elle se recula pourtant, échauffée, attisée par ce contact brûlant. Ses mains se posèrent sur les joues de Jennifer et ses pouces effacèrent les traces humides de ses larmes. Son regard pétillant parlait pour elle. — Je suis quand même désolée, répéta-t-elle. JJ tremblait, frissonnait, bousculée par toutes les émotions qui s’insinuaient en elle. Son pouce effleurait la joue d’Emily, son regard ne cessait de la détailler. Douze longs mois étaient passés sans aucune nouvelle et pas une seule journée, JJ n’avait cessé de penser à elle. — J’ai cru que tu étais morte, souffla-t-elle d’une voix meurtrie. D’un geste tendre, Emily repoussa quelques cheveux dorés du visage de JJ. Sur ses traits, elle lisait toute la peine et l’inquiétude que son amante avait nourries à son égard. Elle mesurait ses fautes, sa responsabilité, elle en était seule coupable dans l’affaire. Sa gorge se serrait à la simple idée de lui avait fait autant de mal, mais avait-elle eu seulement le choix ? Aucun de ses coéquipiers n’avait de relation intime, d’époux ou d’épouse. Les seuls partenaires qu’ils se permettaient d’avoir restaient ponctuels. Elle déposa un doux baiser sur le front de JJ, respira son parfum inchangé et réconfortant et ferma les yeux un instant. Pour quelques secondes, elle ne voulait plus songer aux risques, à Doyle, à la mort de Seaver, au danger qui planait sur l’équipe du BAU. — Je suis toujours là, murmura Emily, ses lèvres sur le front de Jennifer. JJ ne put s’empêcher de goûter à nouveau aux lèvres d’Emily, de retrouver leurs douceur, leurs fragrances. La sentir répondre la réchauffait, pansait les quelques plaies provoquées par sa si longue absence. Ses doigts fins se mêlèrent à ses cheveux bruns, se fermèrent sur sa nuque tandis qu’elle sentait poindre tout son désir pour Emily au creux de son ventre, un désir qu’elle n’avait plus perçu pour personne. Elle se recula pourtant à une pensée, à plusieurs qui se heurtèrent dans son esprit comme pour lui rappeler les raisons de sa présence ici… — Ashley Seaver est morte… Ton responsable nous a dit que Doyle voulait nous éloigner de l’enquête et qu’il l’a tuée… Emily dut écarter son désir naissant pour JJ sur ces derniers mots. Ses pensées reprenaient leurs cours au sujet de leur affaire, de Doyle. Elle aurait

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préféré laisser ses émotions s’exprimer, passer les prochaines heures seule avec Jennifer, dans cette chambre. Mais JJ ne les avait pas rejoints pour retrouver leur intimité. Des explications s’imposaient, Emily le savait. — Puisque tu seras l’intermédiaire entre nous et Hotch’, il y a des choses que tu dois savoir. Elle se recula à peine et ôta l’oreillette de son col de chemise avant de tirer sur le câble sous le vêtement. — Je suis responsable de l’unité 18, mais pour des raisons que tu connais, je ne pouvais pas me présenter devant Hotchner, alors j’ai envoyé Elena. JJ fronça les sourcils sur cette première annonce. Bien sûr, elle ne quittait pas Emily des yeux, s’efforçait de se concentrer sur ses paroles et non pas sur son désir dévorant de retrouver de quelconques contacts charnels. Elle répéta, comme pour s’assurer d’avoir bien compris : — Tu diriges cette unité ? JJ n’en revenait pas et mesurait que ses déductions au sujet d’Emily s’étaient avérées justes à quelques détails près. — Pourquoi ne m’avoir rien dit ? Pourquoi ne pas m’avoir contactée Em’ ? J’étais au Pentagone, j’étais loin de tout ça, j’aurais pu comprendre… Emily comprenait l’incompréhension de JJ après ces premières informations. En effet, à l’époque, Jennifer était encore en poste au Pentagone autorisée à accéder à certains renseignements classés confidentiels. Mais les choses n’étaient pas aussi simples à l’Agence. Elle posa le matériel d’écoute sur la commode contre le mur près d’elle et répondit : — Cette opération est classée confidentiel niveau 5, tu n’aurais pas eu accès au dossier et je n’étais pas autorisée à t’en informer. L’unité n’opère plus que sous couverture et n’existe plus de manière officielle. Si Elena n’avait pas eu l’idée de t’inviter, vous n’auriez pu obtenir d’autres informations par vous-même. Elle reporta son regard sur JJ et la détailla un instant. Elle savait que les informations qu’elle lui donnerait pourraient la faire réagir, nourrir sa confusion. — Même Penelope n’aurait pas trouvé ce que vous cherchiez. Elle s’approcha d’elle et glissa sa main dans la poche arrière du pantalon de JJ. Elle en fris-

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sonna, mais se reconcentra sur ce qu’elle venait y chercher. Elle récupéra le portefeuille de la blonde qu’elle ouvrit. Elle se saisit de son badge et de sa carte d’agent fédéral avant de poursuivre. — Je ne suis pas supposée te donner autant d’informations, mais je vais le faire parce que tu en auras besoin pour suivre l’opération de notre côté. Je te dirai ce que tu pourras transmettre à Hotch’ et ce que tu devras garder pour toi. Je prends tes papiers et je t’en donnerai de nouveaux. Si quelque chose tourne mal et je n’y compte pas, tu ne seras qu’une simple civile. JJ n’avait pas bougé et ces autres rapprochements avec Emily ne faisaient que nourrir son manque, son désir de la retrouver. Pourtant, JJ devait faire la part des choses, elle n’était pas ici pour le plaisir et son rôle d’agent de liaison prenait tout son sens. Cette fois, elle ne ferait pas l’intermédiaire entre le Bureau et le public, mais entre les services secrets et les bureaux fédéraux. Ce qu’elle comprenait par-dessus tout était qu’Emily lui demandait de mentir à son équipe, encore, alors que la CIA, en tant normal, n’avait pas le droit de mener des actions aux Etats-Unis, d’où leurs obligations de s’associer au FBI. — Je ne pourrai pas cacher des informations à Hotch’ si elles sont capitales, tu le sais Em’. Emily tentait de garder la tête froide devant JJ. Elle luttait contre ses émotions, son envie de l’embrasser, de la serrer dans ses bras. Elle remerciait sa capacité à compartimenter chaque événement, surtout en cet instant. Elle rangea les papiers d’identité dans une mallette sur la commode et insista : — Tu n’auras pas le choix, pour le bien de l’enquête. Elle se tourna vers elle. Son regard ne pouvait s’empêcher de glisser le long de sa silhouette, d’apprécier ses traits féminins pourtant marqués par l’inquiétude et les tristes évènements des derniers jours. — Tu es ici seulement parce qu’Elena savait qu’on ne s’était pas vu depuis plus d’un an. Nous devions trouver un moyen pour gagner du temps, calmer les tensions au FBI, mais nous n’étions pas obligés de collaborer avec le Bureau. Je comprends que tu ne veuilles pas cacher des détails à Hotch’ et je sais que je te demande encore de mentir, mais j’ai aussi des ordres à respecter et une opération à terminer. Doyle doit être éliminé.


JJ fronçait les sourcils, une expression devenue habituelle ces derniers mois. Elle comprenait la situation d’Emily et la savoir à la tête de l’unité 18 creusait comme un gouffre invisible entre elles. Elles ne faisaient plus partie du même monde et JJ en était parfaitement consciente. Les méthodes de la CIA n’avaient rien à voir avec celles du FBI et JJ ne pouvait cautionner certaines de leurs actions. Le fait qu’éliminer Doyle soit un objectif commun ne signifiait pas que les méthodes pour l’atteindre soient similaires, au contraire. JJ s’approcha du bureau où se tenait Emily et lança un coup d’œil sur les quelques livres posés sur l’étagère. JJ n’avait pas prêté d’attention au décor spartiate de la chambre. Un lit était posé dans un coin et le bureau ne présentait aucune décoration si ce n’est une photo encadrée, la sienne qu’Emily lui avait pris la seule et unique fois où elle était venue chez elle. JJ se pinça les lèvres et releva son regard bleu sur Emily. — Et après ? Quand tu l’auras tué, qu’est-ce que tu feras ? Qu’est-ce qu’on fera ? Emily gardait ses yeux sur elle et la détaillait sans relâche. Elle se doutait de la confusion de JJ, la voyait sur ses traits. Elle n’avait pas de réponse à lui donner, ne pouvait anticiper les prochaines opérations. Ses mains se joignirent l’une à l’autre avant qu’elle ne réponde : — Je ne sais pas, JJ. Je ne peux pas le savoir à l’avance. Pourtant, elle savait que son poste à la CIA l’éloignerait de nouveau de Jennifer, l’enverrait certainement à l’étranger. Elle ne voulait y songer, ne devait pas se laisser emporter par des réflexions inutiles à l’opération en cours. Celles-ci lui faisaient naître des craintes dangereuses susceptibles de l’ébranler. Elle s’approcha de JJ sans l’avoir quittée des yeux et demanda : — Comment va Henry ? JJ baissa son regard sur sa main qui venait prendre prudemment celles d’Emily. Elle ne pouvait s’empêcher de la toucher, de réclamer des contacts, un geste qui révélait sa crainte de voir Emily disparaître à nouveau. — Il a grandi. Il parle et… Elle releva son regard dans celui d’Emily et termina : — J’ai quitté Will… Emily frissonna sur le contact de leurs mains et serra la sienne avant de lui repousser une mèche

de cheveux en arrière. Elle gardait ses distances, savait ses coéquipiers de l’autre côté du mur, occupés à débusquer Doyle et ses compagnons. Ces mots la réconfortaient. Elle ne pouvait s’empêcher de se réjouir en sachant JJ loin de Will qui restait pourtant le père de Henry. Une pensée traversa son esprit et provoqua une sensation d’incertitude et de crainte désagréable. Elle n’aimait pas se sentir ainsi, affaiblie par ce type de doute. Malgré la présence de JJ, ses gestes tendres envers elle, elle gardait en mémoire son absence longue d’une année entière, sans aucune nouvelle. — Est-ce qu’il y a eu… D’autres changements ? demanda-t-elle. Dans ta vie privée ? JJ comprit cette question et répondit d’un signe négatif de la tête. — Il n’y a eu personne… Emily fut rassurée par cette réponse. Elle ne voulait poser d’autres questions au sujet de la vie privée de Jennifer, ne souhaitait dévoiler ses craintes, sa jalousie. Elle se doutait que JJ avait eu quelques aventures. Pendant une année entière, elle ne lui avait donné aucune nouvelle, aucun signe de vie et si JJ avait quitté Will, beaucoup d’hommes avaient dû tenter leur chance. Elle écarta cette idée évidente de son esprit et s’approcha d’elle. La distance lui devenait insupportable face à JJ. Son corps, son être réclamaient des contacts quels qu’ils soient. — Une fois qu’on en aura terminé avec Doyle, je resterai un moment dans la région, expliqua-t-elle avant de glisser ses doigts sur sa joue. Malgré les apparences, j’aimerais aussi passer du temps avec toi. JJ frissonna, ses yeux bleus sur les traits charismatiques d’Emily. Que devait-elle penser de ces mots ? Emily resterait, oui, mais pour combien de temps ? Emily quitterait le pays un jour prochain, JJ le savait. Quand la reverrait-elle ? Dans un an ? Dans deux ans ? La majorité des missions de la CIA se tenait à l’étranger et Emily serait envoyée ailleurs pour arrêter ou tuer un autre Ian Doyle. JJ ne pouvait plus se permettre de vivre l’instant présent sans songer à après et elle en venait à souhaiter que l’affaire ne soit pas résolue, une pensée égoïste se disait-elle. Elle sentit son téléphone vibrer dans sa poche, le sortit et vérifia le numéro de son correspondant. William l’appelait encore, lui avait laissé de nombreux messages la veille mais l’heure n’était pas aux discussions avec son ex amant. Elle rangea son appareil et regarda Emily.

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— Hotch’ m’a demandé de lui envoyer toutes les informations qui nous permettront d’empêcher d’autres meurtres. Est-ce que vous savez qui sera la prochaine victime ? ******* Accompagné de l’agent Morgan, Spencer Reid avança dans le salon d’un appartement au rez-dechaussée en enfilant une paire de gants en plastique. La scène de crime qui se tenait devant eux était similaire aux autres. Le corps de la victime était à terre, une balle perçait son thorax, l’autre, la tête. — Emily saurait voir ce qui nous échappe, fit Derek sur un ton agacé. Reid ne fit aucun commentaire à cette évidence. Comme souvent, Derek faisait référence à Emily, à son intuition incroyable lors des enquêtes qu’ils avaient menées à bien. — Je suis une femme, fit Spencer en marchant vers la fenêtre du balcon. Derek sourit sur ces mots mais ne lança aucune plaisanterie pour ne pas perturber Spencer. Ce dernier devait se mettre en situation, à la place de cette femme qui en était à son huitième meurtre. Reid croyait le petit garçon qu’ils avaient interrogé, restait certain que leur meurtrier était une femme. Le fait que l’enfant soit en vie en était une preuve irréfutable et telle avait été son erreur. Un homme engagé par Ian Doyle n’aurait pas laissé ce jeune garçon vivant, mais une femme, même formatée par les plus grands terroristes, pouvait faire preuve de sensibilité. De ce fait, pour dresser un profil juste et au plus proche de la psychologie de leur suspect, Reid devait réfléchir et réagir telle qu’elle le ferait, avec sa sensibilité et ses émotions. Il approcha de la baie vitrée donnant sur le balcon. Les rideaux ouverts, les deux balles avaient traversé le verre sans le briser. — Elle n’est pas rentrée dans l’appartement, fit Reid. Il regarda le jardin et les résidences de l’autre côté de la route. — Elle devait être garée là-bas. Derek avança près de Spencer. Les rideaux ouverts, les fenêtres offraient une vue imprenable sur l’intérieur de l’appartement depuis la rue. — Elle aurait donc tiré de l’extérieur. FONDATION CULTURE LGBT - PAGE 86

Reid ajouta avec évidence : — Elle travaille pour Ian Doyle, elle est formée pour agir vite, et avec précision. Elle sait que nous sommes sur l’enquête et a changé quelques détails de son mode opératoire parce que les conditions le permettaient. — Elle a pris un risque. Quelqu’un aurait pu la voir. Il faudra interroger les voisins. — Je pense que quelque chose a du perturber ses habitudes, suggéra Reid. Elle était probablement pressée. Hotchner entra dans la pièce à cet instant et répondit à Derek : — Certainement parce qu’elle a tué un autre homme hier soir. Victor Wolk, ce qui nous fait neuf victimes. Reid fronça les sourcils. Jusqu’à maintenant, leur meurtrière n’avait pas tué deux personnes en un laps de temps aussi réduit. Hotch’ les rejoignit devant la baie vitrée, sortit sur la terrasse afin de vérifier l’emplacement de leur tireur et se tourna vers les agents Reid et Morgan. — Comme l’a dit Reid, elle est pressée d’en finir et nous devons découvrir pourquoi. ******* — Là est toute la difficulté de l’opération, fit l’agent Heismann à l’attention de Jennifer Jareau. Nous ne pouvons pas déterminer qui sera la prochaine personne exécutée par les hommes de Ian Doyle. La seule chose que nous savons est que toutes les victimes étaient d’importants collaborateurs de Valhalla. — Mais quel est son mobile pour tuer ces hommes ? demanda JJ. — Il cherche une autre personne infiltrée comme l’a été l’agent Prentiss. Une personne capable de lui indiquer où se trouve son fils. Ce qui signifiait que la quête de Ian Doyle était la même depuis l’an passé, pensait JJ. Sa folie meurtrière ne s’arrêterait pas tant que son objectif ne serait pas atteint. A ce stade, toute négociation était impossible. Ian Doyle n’était pas manipulable et n’accepterait aucun compromis. Emily approcha d’eux après avoir discuté avec Alexeï et tendit un système radio à JJ. — On a localisé Doyle, fit-elle. Tu glisses le micro dans la manche. Emily tourna son regard sur Erwin qui s’affairait


déjà à préparer le matériel suite à l’annonce de son supérieur et celui-ci demanda : — Où est-il ? Emily lança un regard sur JJ qu’elle voyait occupée à brancher l’émetteur radio, puis ferma la mallette d’armes avant de répondre : — Une villa sur Kenrick Street à l’Ouest de la ville. Elle reporta son regard sur JJ et s’approcha afin de l’aider à tirer le câble dans la manche de sa chemise. Avec un seul bras, Jennifer se retrouvait lésée et affaiblie. Plus bas, elle lui expliqua : — Tu monteras dans ma voiture. Quoi qu’il arrive, je ne veux pas que tu prennes de risque. Si tu vois que ça tourne mal, tu t’en vas et tu reviens ici. JJ laissa Emily fixer son micro et comprit que son équipe ne serait pas prévenue de l’intervention. Etait-ce préférable après la mort d’Ashley Seaver ? Probablement. Elle devinait que les actions qui seraient menées à bien dans les heures à venir ne seraient autres que des exécutions. Elle suivit Emily et ses collègues hors des appartements en espérant que Ian Doyle serait enfin maîtrisé. ******* Penelope Garcia entra dans la salle de réunion avec plusieurs feuilles en main : — Vous n’allez pas le croire ! J’ai réussi à pirater le système de sécurité de la CIA et j’ai jugé utile d’aller fouiner dans leurs dossiers histoire de gagner un peu temps. Je sais que JJ est sur place, mais je ne pouvais pas attendre et rester sans rien faire sans avoir de ses nouvelles. Alors accrochez vous bien, ce que j’ai trouvé est complètement dingue. Elle tendit une feuille à Hotchner : — Voici la liste dont vous parliez. Ces noms sont ceux de nos victimes et les dates correspondent au jour de leur mort. Le numéro à côté, 6062013 est un matricule d’un des agents de l’unité 18, en d’autres termes, il correspond à celui de l’agent qui a tué nos victimes ! Le superviseur Hotchner avait froncé les sourcils et jeté un coup d’œil sur la copie donnée par l’agent Garcia. Le silence révélait les interrogations de chacun des agents, leurs doutes quant aux évidences qui se présentaient à eux. — A qui est attribué ce matricule ? demanda l’agent Rossi. — Aucune idée, répondit Penelope. J’essaye

de décrypter leurs codes mais pour gagner du temps, on pourrait demander à JJ, j’ai cru comprendre qu’elle avait gardé de bons contacts avec son ancien patron au Pentagone. — Alors appelle-la, ordonna Hotchner. Penelope Garcia s’éloigna et numérota, suivie des yeux par Spencer qui réfléchissait aux implications de ces annonces. — Pourquoi nous auraient-ils menti ? Nous savons tous comment la CIA intervient dans les enquêtes terroristes, alors pourquoi ne pas nous avoir dit clairement qu’ils éliminaient ces hommes ? — Pour nous garder à l’écart, répondit Rossi avec évidence. Ils savent que nous sommes concernés par Ian Doyle depuis la mort d’Emily. — C’est une affaire personnelle, conclut Hotchner. Si les ordres avaient été donnés en haut lieu, Erin Strauss nous aurait appelés pour nous retirer l’enquête. Derek Morgan s’adossa à son siège et poursuivit : — Il y a donc quelqu’un au sein de l’unité 18 qui en veut à Ian Doyle. Pourquoi ? — Venger Emily, suggéra Reid. — On en est tous là, fit Rossi. Derek continua : — Œil pour œil, dent pour dent... La CIA tue ses hommes, Doyle tue les nôtres puisque nous sommes désormais liés à l’enquête. La mort de l’agent Seaver continuait de marquer les esprits et les mines de chacun restaient fermées. — Cette liste est arrivée à terme, fit Hotchner. Il n’y aura plus de cadavre. — Ce qui veut dire ? demanda Rossi. — Que l’agent Rivoli a gagné du temps et qu’ils ne donneront aucune information à JJ ni à aucun d’entre nous. Penelope revint et expliqua : — J’ai eu JJ, elle nous rappelle dès qu’elle peut. ******* Les trois quatre-quatre s’arrêtèrent le long d’un trottoir à l’angle de la rue sur laquelle se trouvait la ville de Doyle. Bien sûr, son goût prononcé pour le luxe l’avait mené aux abords d’un grand terrain de golf. La demeure dissimulée derrière de grands cyprès. Les agents d’Emily pourraient opérer en toute discrétion. « Jim », l’ami de Doyle FONDATION CULTURE LGBT - PAGE 87


avait fini par parler, épuisé par les heures interminables de torture. Les informations recueillies par Alexeï au sujet de l’aménagement de la villa et de celui du terrain avaient servi à rapidement élaborer un plan pour leur assaut. Un quatrième véhicule banalisé poursuivit sa route le long de la rue en question pour s’arrêter au bout, sur le parking privé du Golf. A l’arrière du quatre-quatre, assise près de JJ, Emily ramena son oreillette à l’oreille et tourna ses yeux sur elle. Elle détailla son profil, la devina en proie à une confusion légitime. Garcia venait de l’appeler, mais elle avait entendu JJ écourter la conversation afin de se concentrer sur leur mission. Elle glissa sa main sur la sienne pour renouer un dernier contact avant l’intervention et expliqua : — Si ça tourne mal, tu n’auras qu’à appeler Hotch’ et les autres. Elle esquissa une tendre caresse de son pouce sur le revers de la main de JJ et quitta le véhicule en compagnie d’Erwin. Elle laissait JJ dans le véhicule, avec Mia Byron, mais n’avait aucun autre choix. JJ n’avait pas été formée aux actions de la CIA et le risque sur cette opération était trop grand. Ils devaient encercler la villa et pénétrer sur le terrain par les côtés et l’arrière. Ils avaient déjà repéré deux hommes à l’entrée, près d’une voiture. Doyle avait compté sur l’extrême discrétion de ses compagnons et n’avait pas protégé les lieux comme il aurait dû. La surprise de l’opération donnait un avantage certain aux agents d’Emily. Avant de passer la clôture autour du terrain, Alexeï vérifia la présence humaine à l’intérieur de la maison à l’aide de jumelles thermiques. — J’en vois deux… indiqua-t-il à Emily à voix basse. Un à l’étage, près de la fenêtre à l’arrière et l’autre au rez-de-chaussée vers l’avant. Emily acquiesça et ramena son poignet devant ses lèvres avant d’ordonner : — On y va. Sur ce signal, tous ses hommes se mirent en action et pénétrèrent sur le terrain de la villa. Emily franchit la clôture découpée par leur soin au préalable et courut vers la porte à l’arrière. Elena, Erwin et un autre de ses agents rejoignirent les côtés de la demeure pour s’y infiltrer aussi. Emily franchit la porte sans mal puisqu’elle n’était pas verrouillée. Par la cuisine, elle jeta un œil dans le FONDATION CULTURE LGBT - PAGE 88

couloir, puis aperçut ses agents éliminer l’homme au rez-de-chaussée. Sans tarder, elle se dirigea vers les escaliers et les grimpa en silence. Le moindre pas, la moindre action devaient s’opérer dans le plus grand silence afin de ne pas éveiller les soupçons des voisins, ni ameuter les passants. Elle saisit son arme munie d’un silencieux et marcha vers la pièce où se trouvait Doyle. Il ne pouvait s’agir que de lui puisqu’elle avait vu le visage du deuxième au rez-de-chaussée. Elle avança dans un autre couloir et le vit de dos, assis devant son ordinateur. L’adrénaline grimpa en flèche en réalisant qu’elle se retrouvait enfin face à lui, dans la même pièce. — J’aurais dû prendre mes précautions, fit Doyle sans se retourner. Son arme braquée sur lui, Emily fit un pas de plus et répondit : — J’ai changé. Doyle fit tourner son fauteuil sur lui-même pour faire face à Emily sans vaciller le moins du monde. Il esquissa un petit sourire narquois. Il connaissait Emily, avait vécu à ses côtés, l’avait jaugée dans ses réactions, lors de certaines de leurs missions. — Tu crois ? Immobile, le regard rivé sur lui, le canon de son pistolet braqué sur le front de l’Irlandais, Emily se tenait sur ses gardes. — Jim le croit. Doyle fronça brièvement les sourcils sur cette réponse, confus, mais se reprit très vite. Il se leva, provocant et riva ses yeux bleus dans ceux de son ancienne amante. Un coup étouffé partit et Doyle recula sous l’impact de la balle qui venait de l’atteindre au ventre. Sa main au niveau de la blessure, il y jeta un œil avant de regarder Emily de nouveau. — C’est fini Ian, fit Emily. Celle-ci tira une nouvelle fois et logea la balle entre ses deux yeux, dans le front. Doyle s’écroula aussitôt à ses pieds, mort. Elle approcha de son corps, l’examina un instant et entendit quelques pas dans son dos. Quand elle se tourna, son regard se porta sur Alexeï qui se tenait debout près d’un petit garçon d’environ 8 ans. Ce dernier s’empressa de courir dans ses bras : — Maman ! — Sean, fit Emily. Elle s’accroupit aussitôt et le serra contre elle,


soulagée. — Je suis là, reprit-elle à voix basse. C’est fini mon ange. Alexeï esquissa un léger sourire devant cette scène touchante, la récompense de tous leurs efforts. Emily porta son fils contre elle sans attendre, rassurée, réconfortée. Une année entière de traque sans relâche trouvait fin à cette seconde précise. Ian Doyle avait enlevé son fils pour lui faire payer l’enlèvement du sien et Emily n’avait eu d’autre choix que de retourner à la CIA pour user des meilleurs moyens pour le retrouver. Personne n’avait jamais su l’existence de Sean Prentiss, pas même Elizabeth Prentiss. Un secret qu’Emily avait du préserver envers et contre tous pour protéger Sean. Ian Doyle éliminé, Emily n’aurait plus à mentir à JJ. Elle vit Elena grimper les premières marches des escaliers et ordonna : — Appelle Adams, dis-lui que la mission est terminée. Doyle est mort. Ses agents rangèrent leurs armes, ravis de savoir que leur travail était récompensé. ******* JJ s’empressa de quitter la voiture quand elle vit les agents revenir. Emily tenait un enfant dans ses bras, un petit garçon qui gardait ses bras enlacés à son cou, sa tête sur l’épaule d’Emily. JJ songea d’abord que ce jeune garçon pouvait être le fils de Doyle, mais l’évidence qui la frappa en fut troublante. Aux traits de cet enfant, à son regard, à la façon dont Emily le tenait, il n’y avait qu’une réponse aux interrogations de l’agent Jareau et elle ne put s’empêcher de demander : — A qui est cet enfant ? Devant JJ, Emily hésita un instant. Sa main glissait dans les cheveux bruns de Sean qui s’agrippait à elle, lui aussi rassuré. — Il s’appelle Sean, répondit-elle finalement. C’est mon fils. Elle jeta un œil sur la demeure et les à l’entour et reporta son attention sur JJ. — On doit y aller. Elle ouvrit la portière du quatre-quatre et posa Sean qui monta sans tarder. Elle le suivit, rejointe par JJ et s’installa près de son fils. Elle ôta l’oreillette et reprit à l’attention de Jennifer : — Appelle Hotch’, dis leur de passer au 1235 Val-

ley Spring road et annonce leur que Doyle est mort. Mais le regard azur de JJ partait d’Emily à ce jeune garçon et reflétait toute sa confusion. Que devait-elle penser de pareille annonce ? Jamais, en cinq ans, Emily ne lui avait parlé d’un fils, de son fils et JJ apprenait aujourd’hui qu’elle était maman. Elle sortit son téléphone, troublée, perdue mais ne numérota pas. Cette nouvelle information sur la vie d’Emily, sur son passé, ses secrets, semblait être celle de trop, celle qui lui faisait comprendre qu’elle ne savait rien d’Emily malgré les apparences. Elle releva son regard du téléphone, vit le jeune garçon blotti dans les bras de sa mère et se décida finalement à numéroter. JJ ne pouvait pas parler maintenant alors que deux agents se tenaient dans les sièges devant elles. # JJ ? — Hotch’… Ian Doyle est mort, vous pouvez vous rendre au 1235 Valley Spring Road. # Est-ce que tu as pu trouver le nom de l’agent avec le numéro de matricule ? JJ n’avait pas appelé le Pentagone pour obtenir cette information qu’elle ne pouvait demander à Emily. A son tour, celle-ci l’aurait interrogée pour savoir comment elle avait obtenu ce numéro confidentiel. — Pas encore, mais je fais mon possible. # Bien, j’envoie Morgan et Rossi et nous t’attendons. J’appelle l’agent Rivoli pour les détails. A tout à l’heure. — A tout à l’heure Hotch’… JJ raccrocha, toujours emprise par sa confusion et releva son regard sur Emily et son fils. Le tableau qui se dressait devant elle était touchant et JJ voulait croire que tout ce qui se passait sous ses yeux en cette seconde expliquait cette longue année de silence de la part d’Emily. Tant de questions naissaient alors dans son esprit. Pourquoi Emily ne lui avait-elle rien dit au sujet de Sean ? Où avait-il été pendant toutes ces années ? A qui l’avait-elle confié ? Comment avait-elle fait pour le voir tout en menant à bien ses missions au sein de la CIA puis du FBI ? Emily ne cesserait donc jamais d’être secrète, pensait JJ. Elle la regarda et dut lui annoncer : — Hotch’ m’a demandé de rentrer. Il envoie Derek et David et va certainement demander un rapport à Elena. FONDATION CULTURE LGBT - PAGE 89


— Bien, fit Emily. Elle interpella sa subordonnée : — Elena, tu ramèneras l’agent Jareau au commissariat central. Emily s’était attendue à cette annonce de JJ, savait que Hotch’ la rappellerait aussitôt la mission terminée. Doyle mort, l’enquête n’avait plus lieu d’être. Elena rapporterait quelques informations à l’équipe du BAU et ils pourraient clore le dossier définitivement. Pour l’instant, elle songeait à Sean qu’elle avait retrouvé, qu’elle gardait contre elle, à JJ qu’elle devinait agacée et confuse après tant de révélations. Elle comprenait son expression déroutée, fermée et songeuse, mais une fois de plus, elle n’avait pas eu d’autres choix. Servir le gouvernement en tant qu’agent à la CIA impliquait des sacrifices et une discrétion absolue, même sur la vie privée. La voiture s’arrêta dans le parking souterrain de la résidence où ils avaient pris leurs quartiers. Les deux agents en sortirent et Emily ouvrit sa portière avant de tourner les yeux sur son fils. — Tu vas suivre Alex, j’arrive dans cinq minutes. Sean la détailla un instant, peu certain. — Tu viens après, c’est sûr ? — Cinq minutes, mon ange. Sean acquiesça d’un signe de tête et descendit du véhicule pour rejoindre Alexeï. Emily referma la portière après avoir jeté un regard sur son fils et le tourna sur JJ. Elle lui tendit une carte et reprit : — Voici un numéro où me joindre si tu as besoin. Comme je te l’ai dit, je vais rester dans la région un moment et j’imagine que tu dois te poser beaucoup de questions. JJ prit la carte sans savoir quoi en penser. Un numéro n’avait plus vraiment de sens et rien ne pourrait en avoir jusqu’à preuve du contraire. Maintenant seule avec Emily, elle disposait de cinq minutes pour poser ses questions, mais dans quel ordre devait-elle les poser ? Et si elle obtenait ses réponses, à quoi cela servirait-il ? Elle vérifia le numéro et releva ses yeux sur Emily en songeant à une question des plus importantes : — Est-ce qu’il a un père ? Emily comprenait l’analogie qui avait poussé JJ à poser cette question en premier. — Un ancien agent qui est mort en mission avant que Sean n’ait fêté sa première année. JJ se pinça les lèvres et détourna son regard sur la main d’Emily posée sur le cuir de la banquette. FONDATION CULTURE LGBT - PAGE 90

Elle y glissa la sienne, créa un chaste contact qui provoqua de doux frissons et osa : — Maintenant que Doyle est mort, tu pourrais revenir, tu pourrais leur expliquer les décisions que tu as prises, Em’… Ils comprendraient… Emily se rassurait de sentir la main de JJ sur la sienne. Elle avait craint ses réactions, sa confusion lisible sur ses traits si attirants. Les paroles de Jennifer semblaient si simples à les entendre… Emily ne voyait pas la situation ainsi. Revenir d’entre les morts impliquait trop de choses, trop de conséquences sur les autres. Comprendraient-ils aussi bien que JJ semblait le croire ? Peut-être valait-il mieux qu’il en soit ainsi, qu’elle reste morte aux yeux de ses amis, malgré le manque et la peine qu’elle ressentait. Ils avaient fini par tourner la page, aller de l’avant et le temps effacerait le chagrin et les regrets. — Je ne peux pas, JJ, fit-elle. Mais je ne te laisserai plus sans nouvelle aussi longtemps. JJ voulait croire en ses paroles mais Emily ne lui avait-elle pas formulé une promesse similaire à Paris ? Quelle issue avait-elle ? Pouvait-elle avoir confiance en Emily où devait-elle se protéger et s’attendre à ne plus la revoir ? Quand JJ quitterait cette voiture, quand l’agent Rivoli la reconduirait au FBI, Emily disparaîtrait et rien ni personne ne lui dirait quand elles se reverraient. L’attente de l’être aimé était la pire des tortures, songeait JJ. Elle ne rajouta rien, s’approcha d’Emily et ses lèvres goûtèrent aux siennes dans un doux baiser. JJ voulait se convaincre de toutes ses forces que tout irait pour le mieux. Le temps d’un baiser, elle voulait croire une dernière fois en Emily dont les lèvres pleines se refermaient tendrement sur les siennes. Ses doigts glissèrent sur sa nuque, remontèrent sur sa joue et elle se recula pour la détailler intensément. Il n’y avait plus rien à dire. Emily savait ce qu’elle attendait. JJ ne voulait plus entendre des promesses qu’Emily ne pourrait pas tenir. Elle se força à se reculer, quitta la voiture et trouva l’agent Rivoli au volant d’un autre quatre-quatre. Elle monta dans le véhicule et referma la porte avant de lancer un dernier regard à Emily. Jennifer Jareau : “Vous vous promettez que demain sera différent, pourtant, demain est trop souvent une répétition d’aujourd’hui. James T. McKay”


******* Une semaine plus tard - Salem – Oregon — Randall Seaman a avoué chacun de ses meurtres et sera jugé dès demain. Un autre journaliste leva la main et l’agent Jareau le désigna : — Est-ce que le révérend Lowell paraîtra en tant que témoin lors du procès ? — Nous n’avons pas les détails de la procédure mais le révérend Lowell a été mis hors de cause par nos enquêteurs. JJ dut couper court en voyant son supérieur lui faire signe de mettre fin à la conférence. Elle tint son dossier devant elle et conclut donc : — Je vous remercie pour votre attention. Vous pourrez poser vos questions au Sheriff Fieldman pour les détails. Quelques flashs crépitèrent et l’agent Jareau se recula des micros installés devant le commissariat de la ville de Salem. Une autre enquête venait d’être résolue et JJ avait repris son rôle d’agent de liaison en informant les médias de la finalité de l’enquête. Randall Seaman était soupçonné d’avoir tué 18 jeunes femmes. L’équipe de l’agent Hotchner avait été appelée quelques jours plus tôt suite à la découverte d’un premier corps aux abords d’un bois situé non loin de l’autoroute. Des fouilles s’étaient tenues aux à l’entour de la 22 et deux autres corps avaient été déterrés. Cependant, malgré les soupçons portés sur d’autres disparitions de jeunes étudiantes ayant le profil des premières victimes, Randal Seaman avait uniquement avoué le meurtre de trois d’entre elles. Sa peine irait de perpétuité à la peine de mort. ******* Installée confortablement dans le jet du BAU, JJ profitait du calme rare et familier qui succédait aux enquêtes. Une ambiance particulière régnait et les esprits de chacun prenaient un peu de repos. Reid jouait aux échecs, David Rossi dormait et Derek feuilletait un magazine pendant qu’Hotchner terminait son rapport. Cependant, une place restait vide, celle d’Emily en face d’elle. JJ ne pouvait s’empêcher d’y penser et cette absence s’était faite d’autant plus lourde lors du vol Boston/Washington après la mort de Ian Doyle.

JJ n’avait eu de cesse de penser à Emily, à son fils, à l’unité 18 qu’elle dirigeait. JJ n’avait reçu aucun appel, aucun message mais en attendait-elle seulement un ? Une semaine plus tôt, après être retournée au commissariat fédéral de Boston, Elena Rivoli était venue voir Hotch’, avait répondu à ses questions sans rentrer dans les détails. Elle lui avait confirmé que la mission de l’unité 18 était de faire disparaître toute existence du projet Valhalla, un nettoyage nécessaire dont les ordres venaient en haut lieu. Elle avait menti bien sûr, mais Hotch’ avait eu son rapport et l’avait transmis à Erin Strauss, sans suite. Ian Doyle était mort, Emily avait été vengée et tous étaient allés aux funérailles de l’agent Seaver, un moment difficile où tous avaient pensé à Emily. — Hey ! JJ détourna son regard du hublot et regarda Spencer qui avait délaissé son jeu d’échec. Elle lui sourit : — Kasparov est encore battu ? demanda-t-elle. — En réalité, le programme que j’utilise a été conçu sur les coups effectués par Anand et Topalov qui sont les finalistes du dernier championnat, mais le programme de Kasparov est plus élaboré. Spencer se redressa et changea complètement de sujet. — Tu te souviens de la petite fête que Derek voulait organiser en l’honneur d’Emily ? — Bien sûr, acquiesça JJ. — On pensait la célébrer ce soir en rentrant. Enfin, si tu es toujours d’accord, sinon, on reportera. JJ marqua une courte pause. Ce genre de soirée impliquait de prendre ses dispositions pour Henry et elle ne voulait pas que son retour au sein du Bureau l’éloigne de son petit garçon. — Peut-être une autre fois, fit-elle. Je dois récupérer Henry chez Will. Reid acquiesça, compréhensif alors que cette seule réponse aiguisait sa curiosité. Il avait bien compris, au comportement de JJ, que celle-ci avait quitté Will. Dans l’équipe, aucun ne parlait de sa vie privée. Spencer avait dérogé à cette règle en se confiant une seule fois à Emily, mais Emily n’était plus là et JJ était la seule personne qui le rassurait et avec qui il aimait passer plus de temps, du moins, seul à seul. Il hésita mais demanda : FONDATION CULTURE LGBT - PAGE 91


— Si tu as besoin d’aide… Du moins, en dehors de nos horaires respectifs, si je peux te rendre service, n’hésite pas à m’appeler. JJ garda un léger sourire sur cette proposition. Reid était toujours aussi serviable et doux. Comme souvent, il n’hésitait pas à venir lui parler et demandait des nouvelles de Henry. — C’est gentil Spenc’, je n’y manquerai pas. Ce dernier croisa les bras, repartit dans ses réflexions habituelles et JJ le constata hésitant, incertain. Reid était préoccupé et, à sa façon de se pincer les lèvres, elle savait qu’il se retenait de lui parler. Seulement, dans le jet, parler était chose quasi impossible et JJ en savait quelque chose. Emily et elle avaient souvent eu recours à d’autres « méthodes » de communication pour parler de leur vie post-BAU. Elle attendrait d’être de retour à Quantico pour lui parler en privé. ******* Quantico - Virginie

qu’elle participait aux enquêtes depuis plusieurs années. — Merci Hotch’, je ne pensais pas que vous obtiendriez une réponse aussi vite. — J’ai également une faveur à te demander… — Je vous écoute. — Dans la mesure où l’équipe sera au complet, tu auras davantage de travail et j’aimerais recruter un nouvel agent de liaison que tu formeras et qui t’assistera, si tu es d’accord bien sûr. JJ ne pouvait refuser. Son travail en tant qu’agent de liaison était déjà lourd, le doubler avec celui de profiler ne lui laisserait plus de temps pour sa vie privée et Henry. — Je vous aiderai, confirma-t-elle. — Je te remercie. Elle entendit frapper et Derek ouvrit en gardant sa main sur la poignée. — Mon rapport Hotch’… Ce dernier regarda la blonde. — Merci à toi JJ, on se voit demain, bonne soirée. JJ lui sourit et recula avant de poser gentiment sa main sur l’épaule de Derek qu’elle contourna. Elle traversa la plate-forme et se dirigea sans attendre vers son bureau afin de prendre son sac à main. Reid était déjà parti et elle devait rejoindre son ancien appartement pour récupérer Henry. Au fond d’elle naissait alors un sentiment de satisfaction, de contentement. JJ savait qu’elle était là où elle devait être et qu’ainsi, elle pourrait reprendre le dessus sur sa vie.

JJ n’eut pas le temps de parler à Reid qu’Hotchner la convoqua dans son bureau dès leur arrivée. JJ le suivit, quelque peu intriguée et referma la porte derrière elle. Hotch posa sa mallette sur son bureau et en sortit le dossier de la dernière enquête avant de prendre place. — Je voulais te féliciter pour ton intervention de dernière minute avec les médias, et je voulais également te parler de mon entretien avec Erin Strauss. JJ savait qu’Hotch’ avait rencontré leur chef de Fin de la première partie. section avant leur départ pour l’Oregon afin de Merci pour votre fidélité et votre soutien au site ! discuter de son retour dans l’équipe. Hotchner SF et Jem poursuivit : — J’ai fait une demande officielle pour que tu bénéficies du statut de profiler. Tu continueras Les chapitres 2 et 3 sont accessibles tes interventions en tant qu’agent de liaison et ton sur http://slayerstime.net statut te permettra de gérer des interventions lors des enquêtes. Ta nouvelle plaque et ton badge seront prêts la semaine prochaine. Hotch’ avait parlé à JJ de ce projet bien avant son retour, du changement de statut dont elle bénéficierait si elle revenait, mais JJ s’y était opposée puisque son poste lui convenait. Seulement, maintenant seule avec Henry, JJ ne refuserait pas une augmentation de salaire et au final, son rôle dans l’équipe serait simplement officialisé puisFONDATION CULTURE LGBT - PAGE 92


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