Teveth 5771

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Au bout d’une heure et quart, ils descendent le front plissé, les mains traçant des cercles en l’air. Les premiers signes de la joie qui accompagne la résolution des doutes apparaissent sur leur visage. « Où est notre taxi ? » Rav Sternbuch regarde de tous côtés. La petite rue est vide, pas un taxi en vue. Ils se tournent à droite, à gauche. Non, pas de taxi. Un coup d’œil à leur montre leur en explique la raison. « Comment allons-nous le payer ? Il va croire que nous avons fait exprès ! s’exclame Rav Sternbuch. Je ne me rappelle pas avoir vu sa plaque portant son nom. – C’était un chauffeur arabe, répond Rav Deitch, alors qu’une pensée floue s’obstine à tenter de passer le seuil de sa conscience. Il était arabe, c’est certain. Et il n’y avait pas de nom sur le côté du taxi, ni de drapeau… » Soudain, il se prend la tête entre les mains et laisse échap-

per un gémissement. « Mes téfilines ! Mes téfilines de Rabbénou Tam sont restés dans le taxi ! » Que faire ??? « Tu te souviens d’un signe qui nous permettrait de reconnaître la voiture ? – Non, aucun. » Il n’y a rien à ajouter. Un chauffeur privé qui n’appartient pas à une compagnie de taxis, et qui est arabe... Aucun espoir de retrouver les téfilines. « J’ai besoin de mes téfilines demain matin ! murmure Rav Deitch. Mes téfilines de Rabbénou Tam… Je les ai mises à la fin de la prière depuis le jour de mon mariage, sans manquer un jour. Ce n’est pas seulement l’argent qu’elles coûtent, ce n’est pas seulement ce qu’elles représentent pour moi. C’est de penser qu’un chauffeur arabe va les jeter n’importe où ! Oh lala ! » Rav Sternbuch n’a pas de mots pour le consoler. « Il est déjà onze heures et demie, soupire Rav Deitch dans l’obscurité. Les chances de retrouver le chauffeur sont nulles. Mais le Gardien d’Israël ne dort pas… Le Créateur sait où se trouvent mes téfilines. Il sait comment me les rendre, si j’en ai le mérite. » C’est vrai. Mais des miracles… a-t-on le droit de prier pour des miracles ? « Je donne 180 chékels à Koupat Ha’ir. C’est le minimum d’effort personnel que je peux faire, et le seul possible dans cette situation. D. verra peut-être ma peine… » Il s’engage à donner cette somme si ses téfilines sont retrouvées la nuit même. « Cette nuit ? – Oui ! Y a-t-il quelque chose de trop difficile pour D. ? Cette nuit ! Il faut que je les mette demain matin ! » Ils se séparent tristement, sans entretenir trop

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