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Damien Mabille, l’art d’utiliser mains et pieds.

Baptiste Cano

« Servir le collectif » Calme et posé dans la vie, Baptiste Cano — ingénieur en bureau d’études pour Airbus — se transcende chaque week-end dans les cages boulonnaises. « Je suis très peiné par la blessure de Jérémy Hakkar avec qui la hiérarchie était claire. On avait une complicité, une performance à deux sur la durée d’un match. Aujourd’hui, je suis n° 1 et cela change beaucoup de choses dans la façon d’aborder les matchs. Avec Vincent Olivetti, ça se passe bien : il est très bon mais à 17 ans, il faut le canaliser, le rassurer aussi. Il n’y a pas de rivalité mais un esprit d’équipe pour servir le collectif. » Car gardien ou pas, seule la victoire collective prime et Baptiste le sait : « Quand on est mauvais, il faut accepter de laisser sa place. Quand tout va mal, il faut faire le vide pour enrayer la situation. Un nouveau match démarre à chaque action, il faut se reconcentrer sur le prochain tir, sur le bras du tireur. » Perfectionniste, le portier boulonnais aime débriefer et visionner les matchs où « [il a] été mauvais. C’est utile pour progresser. » Dans tous les cas après les matchs, il faut décompresser, passer à autre chose : « Après un match intense, pas facile de dormir… Il ne faut pas trop se prendre la tête en cas de défaite et surtout pas s’enflammer en cas de victoire qu’il faut savourer, avec les supporters, sans prendre le melon. Sinon, tu as vite des mauvaises surprises. Rien n’est jamais acquis. »

Les tireurs réfléchissent trop, tu es sur « Quand il sort un gros les bonnes match, le gardien entre trajectoires… Après tu relances dans un état de transe. » et si tu marques, l’ambiance monte dans le mettent leur équipe en difficulté. public. C’est comme cela qu’on « Un gardien qui perd confiance fait tourner un match. » peut mettre aussi le doute Pour Olivier Le Bail, « on est à toute l’équipe » confirme gardien ou pas. Quand un Damien Mabille. « Mais quand gardien sort un gros match, il prend le dessus, il le sent. Les il entre souvent dans un état tireurs donnent les balles au lieu second, comme une transe à de prendre le shoot, mettent laquelle il a envie de goûter des tirs hors cadre, perdent la à nouveau. Cette capacité à confiance, se précipitent… » Et répéter ce passage en transe face à un tireur de penalty, c’est est le gage des meilleurs. Je me un véritable poker menteur qui souviens de Philippe Médard, se joue entre le tireur – « Je sais un déconneur hyper décontracté. que tu sais où je vais tirer… Juste avant le match, son faciès alors je vais faire l’inverse » – et changeait, son front baissait, le gardien qui « appâte, lance ses yeux changeaient… Il des pièges… Le gardien doit être entrait dans un autre monde. » malin et prier ! » Épuisante nerveusement – Pour Olivier Le Bail, « il y a certains gardiens sont en pleurs une part d’irrationnel dans tout à la fin des matchs – cette transe cela… Un gardien de hand doit véritablement être habité. » ne doit toutefois pas basculer dans l’excès inverse : dans ce Jérôme Kornprobst cas, les gardiens surjouent et


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