Clones, clowneries, cloneries: La sélection industrielle, des origines aux clones chimériques brevetés Jean-Pierre Berlan Les extravagances médiatiques suscitées par l’annonce de la naissance de la clonesse Dolly 1, le premier mammifère cloné, ont caché un fait simple: Dolly étend aux animaux ce que le sélectionneur s’efforce de faire avec les plantes depuis deux siècles: remplacer les variétés cultivées – selon le dictionnaire « le caractère de ce qui est varié, diversité, contraire de l’uniformité » – par un modèle unique de plante jugé supérieur. Personne ne niera qu’aujourd’hui les “variétés” de blé, de maïs, de tournesols, de tomates, de pommes etc., cultivées par un “exploitant” agro-industriel sont constituées de plantes Homogènes, c’est-àdire identiques aux défauts, ou variations inévitables, de fabrication près. Ces “variétés” doivent aussi être Stables, c’est-à-dire que cette plante peut être reproduite à l’identique année après année par d’Obtention Végétale (COV) par le traité de l’Union pour la Protection des Obtentions Végétales (UPOV) signé en 1960 par les six pays fondateurs du Marché Commun 2, la loi requiert cette homogénéité et cette stabilité pour toute vente de semences. De le troisième: la Distinction. Si des variétés diffèrent par un ou plusieurs caractères eux-mêmes homogènes et stables, elles sont Distinctes, donc identil’omega de la sélection des plantes. La tâche du semencier consiste donc à faire des copies d’une plante-modèle décrite avec précision ment comme un dispositif mécanique devait être 1. André Pichot. Dolly la clonesse, ou les dangers de 2. A l’heure actuelle quelques soixante pays ont rejoint l’UPOV. 3. Le dépôt n’est maintenant plus nécessaire dans le
décrit et déposé 3 pour faire l’objet d’un brevet. La tâche du semencier consiste donc à cloner cette plante-modèle. Quant rouage de l’immense système agro-industriel qui a remplacé l’agriculture et éliminé les paysans. Ce qui tient en une formule: le paysan produisait du blé, le système agro-industriel transforme les pesticides en pain Jacquet. cas de dispositifs mécaniques mais le reste dans le cas d’organismes vivants, par exemple les micro-organismes. En réalité, le traité de l’UPOV ne fait que mettre un vernis juridique sur le disposif imposé de facto au cours des années 1920 en France par les règlements et décrets pris par le ministère de l’agriculture sous la pression des sélectionneurs de céréales.
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