La beauté de la sainteté : L’art sacré et la nouvelle évangélisation

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Série sur la nouvelle évangélisation

Outils pour la nouvelle évangélisation

Série sur la nouvelle évangélisation

Outils pour la nouvelle évangélisation Annexe A

Annexe A

« Les œuvres d’art « parlent » toujours, au moins implicitement… de la beauté infinie de Dieu »

La beauté de la sainteté : L’art sacré et la nouvelle évangélisation

— Pape Benoît XVI

Jem Sullivan

service d’information catholique

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Les chefs-d’œuvre d’art sacré reflètent la nouvelle dimension de la beauté qui est entrée dans le monde en Jésus-Christ, l’ « image du Dieu invisible » (Colossiens 1,15). Parce que les œuvres d’art nous conduisent de la vue à la contemplation et à l’adoration, elles nous permettent de rencontrer la beauté divine de l’amour trinitaire révélé sur la face humaine du Christ.

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Série sur la nouvelle évangélisation 1 Qu’est-ce que la nouvelle évangélisation ?

Les citations des Écritures sont issues de

1ère partie « Car Dieu a tant aimé le monde »

la nouvelle traduction liturgique de la

2 « Je crois en toi » : La question de Dieu dans le monde moderne

photography

Bible de l’Association épiscopale liturgique

3 Les mystères de la vie de Jésus

Thomas Serafin

pour les pays francophones (AELF).

4 Un Dieu qui est trois fois Amour

d’information catholique

5 « Nous sommes venus l’adorer » : Introduction à la prière à l’école de Benoît XVI 2ème PARTIE « APPELES A AIMER… » 6 Appelés à aimer : La théologie de l’amour humain, de Jean-Paul II 7 À l’image de l’Amour : Le mariage, la famille et la nouvelle évangélisation nihil obstat

4 septembre 2012

Susan M. Timoney, S.T.D. Censor Deputatus

Le nihil obstat et l’imprimatur sont des déclarations officielles attestant qu’un

imprimatur

livre ou un livret ne contient pas d’erreurs

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doctrinales ou morales. Cela n’implique

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pas que les personnes qui ont accordé le nihil obstat et l’imprimatur soient d’accord

Archdiocese of Washington

avec le contenu, les opinions ou les affirmations qui y sont exprimés.

8 Suivre l’Amour pauvre, chaste et obéissant : La vie consacrée 3ème PARTIE … DANS L’ÉGLISE, ÉPOUSE DE L’AGNEAU 9 « Qu’il me soit fait selon ta parole » : Marie, à l’origine de l’Église 10 Avec le cœur de l’Époux : Le sacerdoce ministériel 11 La transfiguration du monde : Les sacrements 12 Lumière et silence : Un journal intime eucharistique 4ème PARTIE « AIMER EN ACTES ET EN VERITE » 13 Libres en vue de quoi ? 14 La justice : La dignité du travail 15 La justice : L’Évangile de la vie 5ème PARTIE « IL NOUS A AIMES JUSQU’AU BOUT » 16 La dignité de la personne souffrante

IMAGE DE LA COUVERTURE : Détail de la Vierge Marie se penchant sur l’enfant Jésus. Mur de la Nativité, Chapelle de la Sainte Famille, Conseil suprême des Chevaliers de Colomb, New Haven Connecticut. Les mosaïques de la chapelle ont été réalisées par le p. Marko Ivan Rupnik et les artistes du Centre Aletti en 2005. Avec l’aimable autorisation du Centre Aletti

17 « Regardez ! J’étais mort et me voilà vivant… » : La mort et la vie éternelle

ANNEXES : OUTILS POUR LA NOUVELLE EVANGELISATION A La beauté de la sainteté : L’art sacré et la nouvelle évangélisation B La technologie et la nouvelle évangélisation : Critères de discernement


La beauté de la sainteté : L’art sacré et la nouvelle évangélisation

Jem Sullivan



Sommaire

De la vue à la contemplation et à l’adoration

2

Du visible à l’invisible

4

Voir avec les « yeux de la foi »

6

Le défi d’une « dissonance sensorielle »

Quatre raisons pour mettre l’art sacré au service de la nouvelle évangélisation

9 10 11 12

Jésus-Christ, icône de Dieu Le témoignage de l’histoire de l’art chrétien Répondre à la beauté de la foi « Culture des images » et nouvelle évangélisation

Voir autrement

Éveiller ses sens spirituels

15

17 La lectio divina appliquée à l’art au service de la nouvelle évangélisation

20

Purifier ses sens pour Dieu

22

La beauté de la sainteté

24 Sources

26

L’auteur et le Service d'information catholique


Détail de Saint Joseph en train de dormir. Mur de la Nativité, Chapelle de la Sainte Famille, Conseil suprême des Chevaliers de Colomb, New Haven, Connecticut.


De la vue à la contemplation et à l’adoration À maintes occasions, le pape Benoît XVI a attiré l’attention sur l’intérêt de l’art sacré pour la nouvelle évangélisation. Une de ces occasions fut la présentation du Compendium du Catéchisme de l’Église catholique à l’Église universelle. Le Compendium, parmi les premières publications de son ponti­ ficat, contient quatorze œuvres d’art sacré. En introduisant celui-ci, le Saint-Père fit observer : « L’art « parle » toujours, au moins implicitement, du divin, de la beauté infinie de Dieu… Les images sacrées, avec leur beauté, sont elles aussi une annonce évangélique et elles expriment la splendeur de la vérité catholique… elles engagent chacun, croyant ou non, à la découverte et à la contemplation de l’attraction inépuisable qu’exerce le mystère de la Rédemption, en donnant un élan toujours nouveau au processus vivant de son inculturation dans le temps ».1 Alors que l’Église réfléchit sur l’appel et sur les défis de la nouvelle évangélisation, nous sommes invités à réfléchir à nouveau à la relation entre l’art sacré d’une part et l’évangélisation et la catéchèse d’autre part. Quelle est la valeur catéchétique des images sacrées ? Comment l’art sacré pourrait-il aider dans la formation au contenu de la 1


foi chrétienne ? Et comment des chefs-d’œuvre artistiques pourraient-ils servir d’outils puissants pour la nouvelle évangélisation à notre époque ?

Du visible à l’invisible Le Catéchisme de l’Église catholique note que l’art sacré « est vrai et beau, quand il correspond par sa forme à sa vocation propre : évoquer et glorifier, dans la foi et l’adoration, le mystère transcendant de Dieu, beauté suréminente invisible de vérité et d’amour, apparue dans le Christ, « resplendissement de sa gloire, effigie de sa substance » (Hébreux 1, 3), en qui « habite corporellement toute la plénitude de la divinité »... L’art sacré véritable porte l’homme à l’adoration, à la prière et à l’amour de Dieu Créateur et Sauveur, saint et sanctificateur ».2 Il s’ensuit que le rôle de l’art sacré dans la nouvelle évangélisation est de guider les fidèles de la vue à la contemplation et à l’adoration de Dieu. Car, comme l’a fait observer le pape Benoît XVI, les grandes œuvres d’art « sont toutes un signe lumineux de Dieu et donc véritablement une manifestation, une épiphanie de Dieu ».3 Une image sacrée du Christ, de la bienheureuse Vierge Marie ou d’un saint chrétien offre un regard terrestre sur les réalités éternelles, une « longueur d’avance vers le ciel » pour ainsi dire. Le Catéchisme décrit l’objectif de la catéchèse liturgique (mystagogie) comme une initiation au mystère du Christ « en procédant du visible à l’invisible, du signifiant au signifié, des « sacrements » aux « mystères ».4 Institués par 2


le Christ, les sacrements sont les moyens privilégiés par lesquels les fidèles participent à son mystère salvifique à travers le ministère de l’Église. Au sein de cette économie sacramentelle, l’art sacré qui prédispose à la présence sacramentelle de Dieu peut servir de pré-sacrement, expression utilisée par saint Jean-Paul II pour décrire l’art sacré et l’architecture de la Chapelle Sixtine. Limiter la fonction des images sacrées à de simples représentations décoratives ou esthétiques d’idéaux socio-culturels, comme c’est souvent le cas, revient à perdre une note haute dans la symphonie liturgique composée d’images, d’architecture, de musique et de rites sacrés. Il est évident que les images sacrées expriment des réalités humaines, sociales et culturelles et qu’elles ajoutent une valeur esthétique aux espaces intérieurs et extérieurs des cathédrales, chapelles et églises. Mais les images sacrées sont aussi un moyen indispensable pour instruire les fidèles du contenu de la révélation divine et pour réveiller et nourrir leur foi. À l’aide de l’art sacré, les catéchistes, les prédicateurs et les professeurs de religion font écho à la divine pédagogie de l’histoire du salut où les témoignages des « paroles » et des « actions » de Dieu sont inextricablement liés. Saint Jean-Paul II a attiré l’attention sur la valeur péda-­ gogique des images sacrées dans sa Lettre aux artistes de 1999, lorsqu’il a écrit qu’en un sens, l’art est une sorte d’ « Évangile visuel », ou encore « des moyens catéchétiques concrets ».5 Ce qui signifie que chaque dimanche, lorsque les fidèles entendent la vérité de l’Évangile proclamée et qu’ils répondent en professant leur foi dans le Credo, ces mêmes vérités de la foi sont révélées dans l’art sacré qui les entoure. 3


Les enseignements et les doctrines de l’Église condensés sur une page de catéchisme trouvent des formes d’expression complémentaires dans l’art sacré et l’architecture. En ce sens, l’art sacré – peintures, mosaïques, vitraux, sculpture, musique sacrée – devient un « Évangile visuel » par lequel les fidèles voient, entendent et touchent les mystères de la foi afin d’incarner ses vérités dans une sainteté de vie et dans le témoignage chrétien.

Voir avec les « yeux de la foi » L’un des premiers à affirmer ce rôle des images sacrées a été le pape saint Grégoire le Grand. Dans une lettre à Serenus, évêque de Marseille en 599, il écrivait : « La peinture est utilisée dans les églises pour que les analphabètes, au moins en regardant sur les murs, lisent ce qu’ils ne sont pas capables de déchiffrer sur la page ».6 Le mouvement de la vue à la contemplation et à l’adoration de Dieu se réalise à travers des paroles écrites ou parlées et à travers les images sacrées. Pendant des siècles, les images sacrées ont été créées en vue de la catéchèse. Bien sûr, l’appropriation des signes et des symboles des images sacrées reposait sur une prédication et un enseignement efficace en communion avec la « foi qui voit de l’Église ». Mais tout l’intérêt pédagogique d’une image sacrée n’est pas d’engager les spectateurs dans un exercice intellectuel ou didactique seulement. C’est de les conduire à s’émerveiller et à admirer, peut-être même jusqu’à un transport de l’âme à travers un regard sur la beauté divine, dans l’espoir qu’ils remettront leur vie à cette 4


beauté et poursuivront une vie de sainteté. Comme le dit la Préface de Noël (I), « … en ce jour où ta gloire a brillé pour nous d’un éclat nouveau. Pour nous, ta Parole s’est faite chair, et tu nous donnes de reconnaître en ton Fils ta divinité devenue visible à nos yeux, afin que nos cœurs soient remplis d’amour pour les réalités invisibles. ». Toute la question consiste à amener les fidèles à percevoir l’invisible dans le visible, à apprendre une nouvelle façon de voir et d’entendre qui mène à la contemplation, à la prière et à l’adoration. Ainsi, l’art sacré sert la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne à notre époque. L’affirmation du pape Grégoire, cité plus haut, a pris des formes visibles différentes dans la propagation de l’art et l’architecture chrétiens au Moyen-âge. Une cathédrale gothique, comme celle de Chartres, a servi en effet de « catéchisme en pierres », d’homélie en vitraux, exprimant en art et en architecture pour les fidèles la foi qu’ils professaient dans le Credo et qu’ils entendaient proclamer dans les Écritures. Lorsque les artisans médiévaux posaient pierre sculptée sur pierre sculptée dans une construction visible à des kilomètres et lumineuse grâce au verre coloré, ils sculptaient et peignaient, en fait, le message salvifique de l’histoire biblique, aussi explicite et beau que leur foi. Un pèlerin qui entrait dans la cathédrale de Chartres était ainsi entraîné à « lire » l’histoire biblique du passé rendue visible dans l’art et l’architecture sacrés. En même temps, il était inséré à travers ce qu’il voyait et entendait dans un présent sacramentel, pleinement réalisé dans la liturgie. 5


Le défi d’une « dissonance sensorielle » Au long des siècles chrétiens, l’art sacré a servi comme moyen d’évangélisation dans la mesure où il exprimait, communiquait et nourrissait la foi des chrétiens. Dans le passé, des moments de la vie du Christ, de la Vierge Marie, des saints et les événements et figures bibliques étaient une source d’inspiration sans fin pour l’art, l’architecture, la musique et la littérature. Selon les paroles de saint Jean-Paul II, « la Sainte Écriture est devenue ainsi une sorte d’ « immense vocabulaire » (P. Claudel) et d’ « atlas iconographique » (M. Chagall), où la culture et l’art chrétien ont puisé ».7 Aujourd’hui, le patrimoine artistique sacré de l’Occident résonne à peine dans l’imaginaire religieux commun. Le dépôt visuel de la foi dans l’art chrétien ne tient qu’une place négligeable dans les programmes pastoraux, la liturgie, la catéchèse et l’évangélisation. Pour les jeunes générations, la perte de familiarité et d’accès facile à la tradition chrétienne de l’art sacré est particulièrement réelle. Nés et éduqués dans la soi-disant ère de l’information et immergés dans Internet et les technologies de la communication, les jeunes reconnaissent immédiatement les images et les sons des films, musiques et publicités populaires. Contrairement aux générations précédentes, ils sont saturés, consciemment et inconsciemment, de valeurs transmises à travers la culture visuelle et sensorielle qui les entoure. On commence même à parler de « surcharge sensorielle » et de « dépendance sensorielle » chez ceux qui sont immergés dans la culture médiatique actuelle. 6


Pour répondre à l’appel à la nouvelle évangélisation, nous sommes conduits à nous interroger : le vaste patrimoine de l’art chrétien et la beauté de la sainteté qu’il exprime sous des formes sensorielles ne pourraient-ils pas aussi façonner et influencer ces générations ? Nous sommes aussi amenés à considérer un paradoxe frappant qui demeure un défi pour la nouvelle évangélisation. Ce paradoxe prend la forme d’une dissonance sensorielle qui marque la relation de l’art chrétien avec la culture contemporaine. Le rôle et la place de l’art chrétien sont devenus de moins en moins présents dans la liturgie, la catéchèse et l’évangélisation précisément au moment où la culture populaire des médias, qu’il s’agisse du contenu ou des moyens, se faisait de plus en plus sensorielle et visuelle. La vie de chaque jour est imprégnée d’images, de paroles et de sons qui visent à engager l’esprit, la volonté, les sens et les émotions, tandis que l’expérience quotidienne ou hebdomadaire de la liturgie, de la catéchèse et de l’évangélisation est souvent dépourvue de beauté. Alors que la culture environnante fait constamment appel à des expériences visuelles et sensorielles, la place et le rôle des expressions sensorielles de la foi, au sein de la communauté chrétienne, ont considérablement diminué. Cette dissonance sensorielle présente un des nombreux défis pour la nouvelle évangélisation. Car il est clair que la dissonance sensorielle entre l’expérience d’immersion dans une culture visuelle d’une part, et la vie de foi de l’Église de l’autre, touche au cœur même de la mission de l’Église d’évangéliser la culture.

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Détail de l’enfant Jésus emmailloté de langes, les bras étendus comme ils le seront sur la croix. Mur de la Nativité, Chapelle de la Sainte-Famille, Conseil suprême des Chevaliers de Colomb New Haven, Connecticut.


Quatre raisons pour mettre l’art sacré au service de la nouvelle évangélisation Afin de proposer à nouveau efficacement le message de l’Évangile aux personnes façonnées par une culture senso­ rielle, pouvons-nous nous permettre de négliger l’art sacré comme outil de la nouvelle évangélisation ? Les chefsd’œuvre artistiques peuvent-ils servir à former les hommes et les femmes d’aujourd’hui, comme ils le faisaient pour les générations passées de fidèles ? Nous considérons ici quatre raisons pour se réapproprier la beauté de la sainteté dans l’art sacré, au service de la tâche d’évangélisation de l’Église.

Jésus-Christ, icône de Dieu Un premier argument pour la place de l’art sacré dans la nouvelle évangélisation est, par nécessité, théologique. Saint Jean Damascène, défenseur des images sacrées contre les iconoclastes du huitième siècle, écrivait : « Dans les temps anciens, Dieu, qui est sans forme ni corps, ne pouvait jamais être représenté. Mais maintenant que Dieu est vu dans la chair, conversant avec les hommes, je fais une image du Dieu que je vois. Je ne vénère pas la matière ; je vénère 9


le Créateur de la matière qui s’est fait matière pour moi, qui a réalisé mon salut à travers la matière ».8 Saint Paul résume le principe de l’Incarnation qui inspire les images sacrées authentiques dans son hymne de louange lorsqu’il affirme dans la foi : « Le Christ est l’image (eikon) du Dieu invisible » (Colossiens 1, 15). Quand Dieu est entré dans l’histoire humaine en la personne de son fils, le Christ a rempli notre monde sensible de sa présence. Le monde, qui reflétait déjà la présence de Dieu, devint transparent à sa présence. Les images de beauté, à travers lesquelles le mystère invisible de Dieu devient visible, sont maintenant une partie essentielle de la prière chrétienne. Maintenant la matière importe vraiment. Comme l’a fait observer le cardinal Joseph Ratzinger, devenu le pape Benoît XVI, dans L’esprit de la liturgie, « l’absence complète d’images est incompatible avec la foi dans l’incarnation de Dieu ».9 Et saint Jean-Paul II a écrit : « En se faisant homme, en effet, le Fils de Dieu a introduit dans l’histoire de l’humanité toute la richesse évangélique de la vérité et du bien et, en elle, a révélé aussi une nouvelle dimension de la beauté : le message évangélique en est totalement rempli ».10 Les chefs-d’œuvre d’art chrétien qui « parlent le langage de l’Incarnation » deviennent des instruments pour la nouvelle évangélisation, au cœur de laquelle se trouve l’incarnation de Dieu en Jésus-Christ.

Le témoignage de l’histoire de l’art chrétien Il y a ensuite le témoignage accumulé et indéniable de l’histoire. De l’art des premières catacombes chrétiennes aux basiliques romanes et à l’iconographie byzantine, des 10


flèches élancées des cathédrales gothiques à la créativité débordante de la Renaissance et au-delà, l’histoire de la chrétienté est inextricablement liée à son patrimoine artistique. Oublier ou carrément ignorer ce trésor accumulé de l’histoire artistique et architecturale chrétienne serait échouer à faire écho aux expériences humaines les plus fondamentales, celles de l’imagination enracinée dans la mémoire. Au sujet des icônes sacrées, le second Concile de Nicée affirmait : « nous conservons toutes les traditions de l’Église écrites ou non écrites qui nous ont été transmises sans changement. L’une d’elle est la représentation picturale des images, qui s’accorde avec la prédication de l’histoire évangélique ».11

Répondre à la beauté de la foi Il y a encore un fondement humain ou anthropologique à l’usage d’images sacrées dans la formation de la foi. Le Catéchisme parle de la foi comme d’une réponse de toute la personne humaine, engageant l’intellect, le cœur, les sens et les émotions, la mémoire et la volonté. Une formulation systématique peut conduire à un assentiment notionnel (pour employer les termes du cardinal Newman) au mystère de l’Incarnation, mais la foi ne s’arrête pas, et ne doit pas s’arrêter là. Une évangélisation effective s’adresse à un assentiment global réel de l’intellect, du cœur et de la volonté. L’architecture et l’art sacrés impliquent l’être humain tout entier, l’entraînant à se convertir et à suivre le Christ tout au long de sa vie. 11


La révélation divine façonne non seulement le contenu de l’évangélisation et de la catéchèse, mais les méthodes par lesquelles cette révélation est une révélation divine partagée, comprise comme la communication de soi de Dieu dans l’histoire humaine transmise dans les Écritures saintes et la Tradition sacrée, et se déroule progressivement dans une « pédagogie divine », c’est-à-dire dans les moyens concrets par lesquels Dieu communique, enseigne et nourrit une relation d’alliance avec l’humanité. Le Catéchisme de l’Église catholique décrit cette pédagogie divine lorsqu’il note qu’ « avant même de se révéler à l’homme en paroles de vérité, Dieu se révèle à lui par le langage universel de la création, œuvre de sa Parole, de sa sagesse ». Ainsi, « la grandeur et la beauté des créatures font, par analogie, contempler leur auteur car c’est la source même de la beauté qui les a créées ».12 Dans l’Incarnation, la pédagogie divine déploie dans l’histoire humaine, dans la personne de Jésus-Christ, la Parole faite chair. La Parole de Dieu, Jésus-Christ, est l’icône, l’image du Dieu qu’on ne voit pas. Cette « pédagogie divine » est dévoilée dans une symphonie de « paroles » et d’ « actes » qui engagent toute la personne humaine dans une réponse et une relation de foi. Cette pédagogie divine façonnera aussi les différents moyens par lesquels l’Église rend témoignage à l’Évangile dans la nouvelle évangélisation.

« Culture des images » et nouvelle évangélisation Une quatrième et dernière raison de mettre l’art et l’architecture au service de l’évangélisation est d’ordre culturel. Certains soutiendront que nous vivons au milieu d’une culture mondiale où de multiples images dominent, façonnent et 12


définissent les valeurs et l’identité des personnes. Spots et affichages publicitaires, Internet, blogs, jeux vidéo – ces médias visuels communiquent le contenu et les valeurs de la culture, pour le meilleur et pour le pire. Cette culture sensorielle présente quotidiennement des images fragmentées qui, de manière subtile ou non, banalisent et dénigrent la dignité de la personne humaine, créent des besoins superficiels et consuméristes et nous éloignent des réalités spirituelles. Comment l’Église « rend-elle la foi crédible », pour employer les mots de l’écrivain américain Flannery O’Connor, aux générations YouTube, Twitter et Facebook ? Pour intéresser efficacement les fidèles qui sont façonnés par cette culture sensorielle, l’Église peut-elle se permettre de se passer de l’art et de l’architecture sacrés comme outils de catéchèse et de nouvelle évangélisation ? Les images sacrées pourraient-elles servir à guérir, transformer et élever les expériences sensorielles elles-mêmes qui inondent notre culture visuelle ? Le pape Benoît XVI parle du défi lancé par une « culture des images » lorsqu’il fait observer : Nous apprenons par la tradition séculaire des conciles que l’image est aussi une prédication évangélique. En tout temps, les artistes ont offert à la contemplation et à l’admiration des fidèles les événements marquants du mystère du salut, les présentant avec la splendeur des couleurs et dans la perfection de la beauté. C’est là un indice de ce que, aujourd’hui plus que jamais, dans la civilisation de l’image, l’image sainte peut exprimer beaucoup plus que les paroles elles-mêmes, car son dynamisme de communication et de transmission du message évangélique est autrement plus efficace.13

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Mur de la NativitĂŠ, Chapelle de la Sainte Famille. Conseil suprĂŞme des Chevaliers de Colomb, New Haven, Connecticut.


Voir autrement Réveiller ses sens spirituels Les êtres humains sont créés pour la beauté. La personne humaine, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu, est un être à la fois corporel et spirituel, un esprit incarné. Étant l’unité d’un corps et d’un esprit, les êtres humains expriment et perçoivent des réalités spirituelles à travers des signes tangibles, plus particulièrement à travers des signes sacramentels et des symboles. L’incarnation de la personne humaine n’est pas un accident de la nature ou un sous-produit de combinaisons moléculaires aléatoires. Notre dimension incarnée, en tant que créatures voulues par Dieu, est plutôt une condition préalable nécessaire pour recevoir la révélation de Dieu et pour y donner une réponse de foi humaine. La personne humaine, créée par Dieu par amour, est un don d’amour destiné à être donné aux autres par amour. Et la manière dont Dieu communique avec l’humanité correspond à celle dont il nous a créés. Cette anthropologie chrétienne façonne les méthodes et les moyens de la nouvelle évangélisation. D’une anthropologie chrétienne qui voit la personne humaine comme un esprit incarné, découle la compréhension de l’acte de foi. La foi chrétienne est la réponse libre de toute la personne humaine – intelligence, volonté, mémoire, émotions et sens – au Dieu qui se révèle. En d’autres termes, la personne humaine, créée par Dieu comme une unité de 15


corps, d’âme et d’esprit, répond dans la foi à la Révélation divine avec cette même unité incarnée. La doctrine patristique des « sens spirituels », ou des « cinq sens de l’âme », éclaire le fait que la personne humaine possède des facultés ou des puissances par lesquelles nous expérimentons la réalité invisible de Dieu. Les chefs-d’œuvre d’art sacré impliquent ces « sens spirituels » lorsque nous contemplons, entendons, touchons, goûtons et voyons la beauté de sa sainteté. Quand une personne découvre un chef-d’œuvre d’art chrétien, ses « sens spirituels » sont impliqués d’une manière qui la conduit du visible à l’invisible, du signe à la réalité signifiée, des perceptions sensorielles aux mystères de la foi. Selon les mots du patriarche œcuménique Bartholomée I, « écouter la Parole de Dieu, contempler la Parole de Dieu et toucher la Parole de Dieu sont des façons spirituelles de percevoir l’unique mystère divin ». Plus loin, le patriarche observe : Les icônes sont un rappel visible de notre vocation divine; elles représentent une invitation à nous élever au-dessus de nos préoccupations futiles et des questions réductrices de ce monde. Elles nous encouragent à chercher l’extraordinaire dans le très ordinaire, à nous remplir du même émerveillement qui caractérise la stupeur divine dans la Genèse: « Dieu vit tout ce qu’il avait fait: cela était très bon » (Gn 1, 30-31)... Les icônes soulignent la mission fondamentale de l’Église consistant à reconnaître que toutes les personnes et toutes les choses sont créées et appelées à être « bonnes » et « belles ». En effet, les icônes nous rappellent une autre façon de voir les choses, une autre façon de vivre les réalités, une autre façon de résoudre les conflits.14 16


Un des buts premiers de la nouvelle évangélisation consiste à conduire les personnes à cette « autre manière de voir les choses » et à réveiller et nourrir la foi de ceux qui ont perdu la pratique de la foi dans une société sécularisée. Il sera vital de se réapproprier la doctrine patristique des « sens spirituels » dans nos efforts pour renouveler et nourrir la foi à notre époque.

La lectio divina appliquée à l’art au service de la nouvelle évangélisation La pratique de la lectio divina connaît un renouveau d’intérêt de nos jours. Le pape Benoît XVI a parlé à diverses reprises du besoin de se réapproprier cette pratique spirituelle ancienne. Selon les mots du Saint Père, « la lecture assidue de l’Écriture Sainte, accompagnée par la prière réalise le dialogue intime dans lequel, en lisant, on écoute Dieu qui parle et, en priant, on lui répond avec une ouverture du cœur confiante. Cette pratique, si elle est promue de façon efficace, apportera à l’Église, j’en suis convaincu, un nouveau printemps spirituel. ».15 La pratique de la lectio divina, adaptée à la découverte d’œuvres d’art chrétiennes, pourrait-elle être un moyen concret pour engager les fidèles dans la nouvelle évangélisation ? Dans une culture sensorielle, il est devenu normal de lire, d’écouter et de voir à un rythme pressé et même frénétique. Avec des technologies de l’information et de la communication toujours nouvelles et améliorées, la manière dont la plupart des personnes expérimentent le monde aujourd’hui a changé radicalement. Au mieux, nous avons maintenant un accès instantané à de grandes 17


quantités de nouvelles, d’opinions et d’informations sur le monde avec des moyens de communication sophistiqués et efficaces impensables auparavant. Au pire, la capacité humaine innée de réflexion, de réceptivité et de silence intérieur comme la docilité à la contemplation n’a cessé de s’éroder. Dans une tentative de garder le rythme de la circulation continuelle d’informations, d’images et de sons, la capacité à écouter avec attention, à voir en méditant et à lire en priant diminue complètement. De même que nos sens physiques, par lesquels nous expérimentons le monde, sont surchargés d’images multiples et de sons incessants, nos « sens spirituels » , par lesquels nous faisons l’expérience de Dieu, sont de plus en plus privés d’exercice, de nourriture et de lumière. Contrastant avec la culture sensorielle à grande vitesse, la tradition spirituelle chrétienne de la lectio divina offre une manière sensiblement différente de lire et d’écouter. Cette approche antique des Saintes Écritures est aussi différente de l’exégèse biblique, de l’herméneutique et de l’étude théologique de la Parole de Dieu. La lectio divina est une lecture spirituelle des Saintes Écritures qui accorde les « sens spirituels » à l’écoute silencieuse de Dieu, à la lecture méditative de la Parole de Dieu et à demeurer en sa présence. Le chrétien progresse, avec l’Esprit-Saint, en union avec Jésus-Christ, Parole vivante faite chair, à travers le mystère pascal de sa vie, de sa mort et de sa résurrection. Appliquée à des œuvres d’art chrétiennes, la pratique de la lectio divina peut favoriser un regard priant qui intègre la prière, la foi et la vie quotidienne. Tout en maintenant la place unique et privilégiée de l’Écriture sainte en tant que Parole inspirée de Dieu, la pratique de la lectio divina peut transformer la manière dont nous voyons le monde 18


comme l’ouvrage de Dieu, de même que la façon dont nous reconnaissons et soutenons la dignité de chaque personne humaine faite à l’image de Dieu, couronnement de la création. La pratique de la lectio divina, adaptée aux œuvres d’art chrétiennes, pourrait aussi être une aide dans la nouvelle évangélisation dans la mesure où elle conduit les fidèles à acquérir la capacité de s’émerveiller comme un enfant, de voir avec les « yeux de la foi » et d’entendre avec les « oreilles du cœur ». En suivant le modèle de la lectio divina, les fidèles sont invités à intégrer l’intelligence, les émotions, la volonté et les sens dans une réponse de foi à Dieu qui se révèle. Finalement, une manière de voir et d’entendre éclairée par la lectio divina fournit une alternative chrétienne aux multiples distractions déshumanisantes d’une culture sensorielle à grande vitesse Dans la nouvelle évangélisation, l’Église offre des traditions de prière chrétiennes comme antidote aux excès d’une culture visuelle. L’objectif de la lectio divina est la contemplation priante des mystères de la foi. Simplement être en présence de Dieu au lieu de faire, tel est le but de la contemplation, l’étape finale de la lectio divina. Celui qui est immergé dans la Parole de Dieu est mis au défi de surmonter la tentation de l’activisme spirituel qui tend à faire équivaloir la croissance dans la vie spirituelle à la multiplication des prières ou des activités spirituelles. La réceptivité à la grâce de Dieu et l’ouverture à la puissance de guérison de la Parole de Dieu remplacent l’effort anxieux, indépendant dans la vie spirituelle. Dans la contemplation, notre regard spirituel est simplement fixé sur la face de Jésus-Christ. La croissance dans la sainteté et la conversion de vie continue 19


sont expérimentées comme un pur don qui découle de la contemplation de Celui qui révèle l’amour éternel de Dieu. En effet, comme l’enseigne le Catéchisme, la contemplation est un « regard de foi, fixé sur Jésus… Cette attention à lui est renoncement au « moi ». Son regard purifie le cœur. La lumière du regard de Jésus illumine les yeux de notre cœur ; elle nous apprend à tout voir dans la lumière de sa vérité et de sa compassion pour tous les hommes… Les paroles dans l’oraison ne sont pas des discours mais des brindilles qui alimentent le feu de l’amour ».16 À travers les étapes de la lectio divina qui inclut lectio (lecture priante), meditatio (méditation), oratio (prière) et contemplatio (contemplation), les fidèles entrent dans les mystères de la foi transmis dans les chefs-d’œuvre de l’art chrétien. À travers la lectio divina, ils peuvent même être conduits jusqu’à une rencontre avec la beauté divine de l’amour trinitaire révélé sur la face humaine de Jésus-Christ, la Parole faite chair.

Purifier ses sens pour Dieu « Heureux les cœurs purs », dit Jésus, « car ils verront Dieu » (Matthieu 5, 8). « Voir Dieu » est à la fois un don surnaturel de la grâce et la vocation de tout chrétien.17 Mais que signifie purifier son cœur en vue de « voir Dieu » ? Comment les chefs-d’œuvre d’art chrétien pourraient-ils servir la nouvelle évangélisation en invoquant une purification des sens pour Dieu ? « Voir Dieu » est un désir placé par Dieu dans tous les cœurs humains. Ce désir humain et commun de transcendance attire chaque personne à celui qui, seul, peut la combler. Comme l’enseigne le Catéchisme, « les béatitudes 20


nous enseignent la fin ultime à laquelle Dieu nous appelle : le Royaume, la vision de Dieu, la participation à la nature divine, la vie éternelle, la filiation, le repos en Dieu. ».18 Toutefois, « voir Dieu » n’est pas une simple promesse qui sera comblée dans le futur, dans la vie éternelle et le repos final en Dieu. Grandir dans la pureté du cœur nous transforme aussi dans le présent. Ici et maintenant, celui qui purifie son cœur en nettoyant ses sens – voir, écouter, toucher – reçoit un aperçu terrestre et partiel de Dieu. C’est la promesse de la béatitude et c’est là où intervient l’art chrétien. En effet, la contemplation de la beauté divine et de la beauté de la foi, exprimées dans des chefs-d’œuvre d’art chrétien, offre une manière concrète de purifier nos sens en anticipation de la vision éternelle de Dieu qui nous est promise. Les véritables chefs-d’œuvre de l’art offrent des moyens privilégiés par lesquels nous pouvons purifier notre vision et notre cœur afin de « voir Dieu » maintenant et dans la vie à venir. Le cardinal Joseph Ratzinger affirmait cette capacité de l’art chrétien à purifier les sens, lorsqu’il faisait observer : Admirer les icônes et les grands chefs-d’œuvre de l’art nous conduit sur un chemin intérieur, un chemin de dépassement de nous-mêmes ; ainsi, dans cette purification du regard, qui est une purification du cœur, le beau, ou au moins un rayon de celui-ci, nous est révélé. Ainsi, nous sommes mis en contact avec la puissance de la vérité… La véritable apologie de la foi chrétienne, la démonstration la plus convaincante de sa vérité contre tout déni, ce sont les saints et la beauté que la foi a générée. Aujourd’hui, pour faire grandir la foi, nous devons nous laisser conduire, avec les personnes que nous côtoyons, à rencontrer les saints et à entrer en contact avec le Beau.19 21


La beauté de la sainteté La vie des saints, que le cardinal Ratzinger a mentionnée, nous manifeste la beauté de la sainteté. Les saints nous donnent une image vivante de la beauté dans une vie harmonieuse, avec la grâce de l’Esprit-Saint et perfectionnée dans l’amour divin. C’est dans ce sens que l’on dit souvent que les saints sont comme des chefs-d’œuvre artistiques – des êtres humains dont l’ouverture à l’Esprit-Saint leur a permis d’être purifiés et modelés comme des icônes uniques du Christ Jésus dans le monde. C’est peut-être la raison pour laquelle tant de personnes, même lorsqu’elles sont façonnées par une vision du monde sécularisée et rationaliste, sont attirées, comme contraintes, par les vies des saints. Il n’est pas étonnant non plus que les artistes, à travers les siècles, aient choisi les vies de saints comme source d’inspiration pour leur contenu. Ils ont appréhendé la beauté de leur sainteté et de leurs vertus. De même donc que l’on apprécie la cadence d’un sonnet de Shakespeare ou que l’on est attiré dans l’intensité visuelle dramatique de la lumière et de l’ombre dans un tableau de Caravage, ou encore que l’on est ému par un morceau de musique sacré de Bach, le chrétien reste impressionné par la beauté d’une vie sainte purifiée et vécue totalement pour Dieu. En admirant les vertus d’une vie sainte, exprimée dans des formes artistiques, l’Église invite les fidèles à les imiter 22


dans une vie de disciple du Christ et dans la poursuite de la sainteté. Saint Jean-Paul II faisait observer : « Selon l’expression de la Genèse, la tâche d’être artisan de sa propre vie est confiée à tout homme : en un certain sens, il doit en faire une œuvre d’art, un chef-d’œuvre »20 La vie des saints et l’art qui dépeint la beauté de leur sainteté peuvent attirer ceux qui ont laissé tomber la pratique de la foi et fortifier la foi de ceux qui croient. Ils peuvent nous guider tous dans la vie spirituelle, dans l’imitation des saints. La beauté de la sainteté qui émane de la vie des saints devient ainsi un chemin éminent pour la nouvelle évangélisation. Dans l’interview intitulée Entretien sur la foi, qu’il a donnée il y a plusieurs décennies, le cardinal Ratzinger tournait notre regard vers la place de l’art chrétien dans la nouvelle évangélisation lorsqu’il observait : « La seule et réelle apologie efficace du christianisme découle de deux arguments, à savoir les saints que l’Église a produits et l’art qui s’est développé en son sein. Le meilleur témoignage est rendu au Seigneur par la splendeur de la sainteté et de l’art qui ont abondé dans les communautés de croyants… Si l’Église doit continuer de transformer et d’humaniser le monde, comment peut-elle se dispenser de la beauté dans ses liturgies, cette beauté qui est si intimement liée à l’amour et au rayonnement de la Résurrection ? »21

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Sources

1 Benoit XVI, Présentation du Compendium du Catéchisme de l’Église catholique, 28 juin 2005, 7. 2 Catéchisme de l’Église catholique (= CEC), 2502. 3 Benoit XVI, Rencontre du pape avec le clergé du diocèse de Bolzano-Bressanone, 6 août 2008. 4 CEC, 1075. 5 Jean-Paul II, Lettre aux artistes, 5. 6 Grégoire le Grand, Epistulae IX, 209. 7 Jean-Paul II, Lettre aux artistes, 5. 8 Saint Jean Damascène, Défense des icônes, 17. 9 Joseph Ratzinger, L’esprit de la liturgie. Notre traduction. 10 Jean-Paul II, Lettre aux artistes, 5. 11 CEC, 1160. 12 CEC, 2500. 13 Cardinal Joseph Ratzinger, Introduction au Compendium du Catéchisme de l’Église catholique, 20 mars 2005. 14 Patriarche Bartholomée I, Intervention au synode sur la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église, octobre 2008. 15 Benoit XVI, Discours au Congrès international commémorant le quarantième anniversaire de Dei Verbum, 16 septembre 2005. 16 CEC, 2715-2717. 17 Cf. CEC 1716-1728. 18 CEC, 1726. 24


19 Cardinal Joseph Ratzinger, The feeling of Things, the Contemplation of Beauty. Message au Meeting de Communion et Libération à Rimini, août 2002. 20 Jean-Paul II, Lettre aux artistes, 2. 21 Joseph Ratzinger et Vittorio Messori, Entretien sur la foi. Notre traduction.

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L’auteur Jem Sullivan, Ph.D. est l’auteur de La beauté de la foi : l’art chrétien et la nouvelle évangélisation, publié par Our Sunday Visitor. Elle est impliquée dans diverses initiatives pour la nouvelle évangélisation au Sanctuaire Saint Jean-Paul II, Washington, DC.

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17 « Regardez ! J’étais mort et me voilà vivant… » : La mort et la vie éternelle

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La beauté de la sainteté : L’art sacré et la nouvelle évangélisation

— Pape Benoît XVI

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Les chefs-d’œuvre d’art sacré reflètent la nouvelle dimension de la beauté qui est entrée dans le monde en Jésus-Christ, l’ « image du Dieu invisible » (Colossiens 1,15). Parce que les œuvres d’art nous conduisent de la vue à la contemplation et à l’adoration, elles nous permettent de rencontrer la beauté divine de l’amour trinitaire révélé sur la face humaine du Christ.

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