À l’image de l’amour : Le mariage, la famille et la nouvelle évangélisation

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Série sur la nouvelle évangélisation

« L’avenir de l’humanité passe par la famille » — Pape Jean-Paul II

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Série sur la nouvelle évangélisation

À l’image de l’amour : Le mariage, la famille et la nouvelle évangélisation Carl A. Anderson & Michelle K. Borras

servICe D’INFOrmaTION CaTHOlIque

Par le sacrement du mariage, l’amour de Dieu demeure dans l’amour des époux, le guérissant, le transformant et le plaçant au centre de la mission de l’Église. Dans un monde affamé de véritable communion, de fidélité et de pardon, la famille est au cœur de la nouvelle évangélisation.

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r ÉDaCT rICe

eN CHe F

© Copyright 2014, Chevaliers de Colomb.

:

Série sur la nouvelle évangélisation

Tous droits réservés.

michelle K. Borras, Ph.D.

1 qu’est-ce que la nouvelle évangélisation ?

Directrice du Service d’information catholique

les œuvres citées sont la propriété de leurs auteurs respectifs.

1ère

Pa rT Ie

« C a r D Ie u

a TaN T a ImÉ le mONDe

»

2 « Je crois en toi » : la question de Dieu dans le monde moderne

É DIT eurs : andrew matt et

les citations des Écritures sont issues de

alton Pelowski

la nouvelle traduction liturgique de la Bible de l’association épiscopale liturgique

3 les mystères de la vie de Jésus 4 un Dieu qui est trois fois amour 5 « Nous sommes venus l’adorer » : une introduction à la prière à l’école de Benoît XvI

pour les pays francophones (aelF). 2ème

Pa rTIe

« a PPe lÉ s

à a Ime r …

»

6 appelés à aimer : la théologie de l’amour humain selon de Jean-Paul II 7 à l’image de l’amour : le mariage, la famille et la nouvelle évangélisation 8 suivre l’amour pauvre, chaste et obéissant : la vie consacrée

21 juillet 2014

N I H I l OB s TaT

3ème

Pa rTI e

… D a Ns l’É g lIse , É P Ouse

De l’a gNeau

9 « qu’il me soit fait selon ta parole » : marie, l’origine de l’Église

susan m. Timoney, s.T.D. Censor Deputatus

le nihil obstat et l’imprimatur sont des déclarations officielles attestant qu’un livre ou un livret ne contient pas d’erreurs

ImPrI maTu r

10 avec le cœur de l’Époux : le sacerdoce ministériel 11 la transfiguration du monde : les sacrements 12 lumière et silence : un journal intime eucharistique

Cardinal Donald Wuerl

doctrinales ou morales. Cela n’implique

Archevêque de Washington

pas que les personnes qui ont accordé le

13 libres en vue de quoi ?

nihil obstat et l’imprimatur sont d’accord avec

14 la justice : De la dignité du travail

le contenu, les opinions ou les affirmations

15 la justice : l’Évangile de la vie

archidiocèse de Washington

4ème

Pa rTI e

« a Ime r

eN aCT e e T eN vÉ rITÉ

»

qui y sont exprimés. 5ème I m a g e De l a C O u v e rT u r e

:

Icône de la sainte Famille. la main du Père envoie l’esprit saint sur la famille, avec le Fils de Dieu au milieu. l’icône, située dans les bureaux du

Pa rTIe

« Il

NOu s a a ImÉ s Ju squ ’ au BOuT

»

16 la dignité de la personne souffrante 17 « regardez ! J’étais mort et me voilà vivant… » : la mort et la vie éternelle

Conseil pontifical pour la famille, à rome, en Italie, a été effectuée par le père marko Ivan rupnik sJ et les artistes du Centre aletti en 2012.

a NN e Xes : O u TIls

POur l a NOuv e lle Éva NgÉlIsaT ION

a la beauté de la sainteté : l’art sacré et la nouvelle évangélisation © Pontificium Consilium pro Familia. avec son aimable autorisation.

B la technologie et la nouvelle évangélisation : Critères de discernement


À l’image de l’Amour : Le mariage, la famille et la nouvelle évangélisation

Carl A. Anderson & Michelle K. Borras



Sommaire

À l’image de l’Amour : Le mariage et la famille 1

À l’image de l’Amour : Le mariage et la famille La famille et la nouvelle évangélisation

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Une proclamation de la beauté de Dieu

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La famille au cœur de la mission de l’Église

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Sources

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Les auteurs


« Il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité » (Jean 2,1-2)

Les noces de Cana. Chapelle de la Sainte Famille, Conseil suprême des Chevaliers de Colomb, New Haven, Connecticut.


À l’image de l’Amour : Le mariage et la famille Michelle K. Borras Souvent, lorsque l’on entend la phrase « la famille et la nouvelle évangélisation », on comprend qu’elle se réfère à la nécessité que l’Évangile soit mieux proclamé aux familles afin qu’elles puissent vivre en accord avec l’enseignement de l’Église. C’est certainement un aspect d’une proclamation renouvelée de la « bonne nouvelle de l’amour divin » à notre époque1. C’est aussi une des raisons pour lesquelles le pape François a convoqué deux synodes des évêques du monde entier en 2014 et 2015 pour aborder précisément ce thème. Néanmoins, proclamer l’Évangile aux familles n’épuise en aucun cas la signification de la phrase « la famille et la nouvelle évangélisation ». Presque immédiatement après son élection, le pape François a identifié une « crise sociale et spirituelle » si grave que, comme nous le lisons dans le document préparatoire pour le synode, « la proclamation de l’Évangile sur la famille n’a jamais auparavant été plus urgente et plus nécessaire »2. Nous pouvons nous demander : Pourquoi est-ce si urgent ? Est-ce parce que l’enseignement apparemment démodé de l’Église semble absurde à beaucoup ? Parce que nos sociétés modernes occidentales semblent aller droit à l’affrontement avec des valeurs et des traditions chrétiennes séculaires ? Ou

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y a-t-il quelque chose en jeu de bien plus essentiel pour tous les êtres humains que le désir allégué de quelques ecclésiastiques – auxquels presque personne n’accorde d’attention – d’imposer leur tabous aux autres ? Et si cette expression, « la famille et la nouvelle évangélisation », se référait en fait à quelque chose de beau, quelque chose d’indispensable pour les habitants d’un monde qui, en raison de tous ses progrès technologiques, semble devenir de plus en plus inhumain ? Et si « proclamer l’Évangile de la famille » signifiait quelque chose de bien plus grand que : l’Église doit « faire quelque chose » pour que les familles « suivent ses règles » ? Cela n’aurait-il pas plus de sens de dire que, de même que la famille a besoin de l’Église, l’Église – et le monde – a besoin de la famille ? Saint Jean-Paul II, qui a lancé l’appel vibrant à une nouvelle évangélisation, a affirmé avec insistance que « l’avenir de l’humanité passe par la famille »3. De même, le pape Benoît XVI a affirmé maintes fois que « la nouvelle évangélisation dépend largement de l’Église domestique »4. Ces deux pasteurs savaient que, de même que la famille a besoin de la Parole de Dieu en son sein afin d’être vraie envers elle-même, ainsi l’Église a besoin de l’amour des époux qui permet à l’amour de Dieu d’habiter en son sein. L’Église a besoin de la famille si elle veut rendre témoignage de cet amour dans un monde où la communauté et la fidélité constante semblent être des biens de plus en plus rares. Le thème « la famille et la nouvelle évangélisation » ne signifie pas simplement que la famille a besoin d’être mieux évangélisée. Cela signifie aussi et surtout que la famille est au cœur de la nouvelle évangélisation. Car, en dépit de toutes leurs imperfections, c’est dans les mariages et dans les familles

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que la véritable humanité entre dans le monde : on apprend à se trouver en se donnant et l’on grandit dans une relation d’amour envers l’autre et envers Dieu. Dans le mariage et la famille vécus avec intégrité, qu’ils soient croyants ou non, qu’ils le réalisent ou non, les êtres humains ont un premier aperçu de la beauté de Dieu qu’ils cherchent inconsciemment. Pour les chrétiens, ce Dieu est lui-même une communion de personnes, Père, Fils et Esprit Saint. Ou, comme l’écrit saint Jean avec une simplicité qui contient des profondeurs sans fond, « Dieu est amour » (1 Jean 4,8).

*** Au début de son pontificat, le pape Jean-Paul II a écrit : « L’homme ne peut vivre sans amour… sa vie est privée de sens s’il ne reçoit pas la révélation de l’amour… s’il n’en fait pas l’expérience… s’il n’y participe pas fortement »5. Alors que les taux de suicide qui augmentent dans notre société prouvent, en négatif, que cette affirmation est vraie, même les personnes qui ne désespèrent pas ont un cœur inquiet. Comme beaucoup aujourd’hui, nous pouvons « avoir une interprétation pessimiste de la capacité de la nature humaine à s’engager pour la vie »6 ; pourtant, nous cherchons toujours la fidélité et nous sommes blessés par son absence. Nous cherchons la beauté car « les êtres humains ne peuvent exister sans la beauté »7. Nous cherchons la joie, l’acceptation, l’amour. De temps en temps, quelque chose nous pousse à faire une pause dans notre quête inquiète. Quelqu’un qui n’a peutêtre jamais fait l’expérience de la tendresse entrevoit un jeune père de famille corrigeant fermement mais avec

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amour sa fille de quatre ans. Une femme asiatique, à qui le gouvernement a interdit d’avoir plus d’un enfant, fond en larmes à la vue d’un groupe de frères et sœurs pleins de vie se disputer, jouer ensemble, s’aider mutuellement. Elle est émue par le fait que cette forme de beauté existe dans le monde autant que pour ce qu’elle a perdu. Nous remarquons la vie de couple d’un collègue ou d’un ami, qui ne peut qu’attirer notre attention. Il y a des défauts, bien sûr, mais les époux s’efforcent de « vivre l’amour réciproque et envers tous, en partageant joies et souffrances, en apprenant à demander et à accorder le pardon »8, dans un engagement constant qui les transcende. Leur couple est fécond, même au-delà de leurs enfants qui reflètent quelque chose de l’unité des parents, car il répand une sorte de lumière autour d’eux. Parfois, même notre vie de couple et notre famille, terriblement imparfaites, nous laisse expérimenter un moment de vérité, d’acceptation réelle ou d’aide inattendue ; cela nous rappelle les mots qui paraissent en quelque sorte plus grands que nous : « Je te reçois… » – avec tes forces et tes faiblesses, ton passé, ton présent et ton avenir, ta capacité corporelle de générer la vie et ton esprit – « tout au long de notre vie ». Peut-être ne le savons-nous pas mais, lorsque nous faisons ce genre d’expérience, un rayon de la lumière de Dieu tombe sur nous. Peut-être n’avons-nous jamais lu un mot des écrits de Jean-Paul II, mais quelque chose nous remue : « l’homme ne peut vivre sans amour ». Quelles que soient les blessures que nous pouvons nous imposer parfois, qu’il s’agisse de mon époux ou mon épouse, mon enfant, mes parents, mes frères et sœurs, je ne peux pas vivre sans un amour profondément humain, tendre et indestructible.

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Ceux qui sont familiers de l’Écriture réaliseront que dans ces moments-là nous nous retrouvons une fois encore à l’origine de la proclamation de l’Évangile.

*** Il y a deux mille ans, à Cana de Galilée, le Fils de Dieu fait chair a choisi des noces comme cadre du premier signe public de sa mission de salut. « Il y eut un mariage à Cana en Galilée », lisons-nous dans l’Évangile de Jean, « La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. » (Jean 2,1). Les nouveaux mariés de Cana étaient pauvres. Alors que la plupart des invités n’ont encore rien remarqué, il semble que la seule chose qu’ils pouvaient offrir aux autres soit déjà épuisée pour eux. « Ils n’ont pas de vin », dit doucement Marie (Jean 2,3). Ils sont comme nous, dont l’amour peut parfois se tarir, nous qui portons la blessure d’un époux, d’une épouse ou d’un parent infidèle ou abandonné, nous qui essayons de recouvrir la fadeur de nos relations familiales quotidiennes sous une abondance croissante de travail et de distractions. Comme nous, ils semblent avoir épuisé leur joie. Les nouveaux mariés ne savaient pas que l’Époux d’Israël, de l’Église et de l’humanité se tenait parmi leurs invités. « Celui à qui l’Épouse appartient, c’est l’Époux », déclarerait Jean Baptiste plus tard au sujet de Jésus, rendant témoignage à la présence du Messie longtemps attendu (Jean 3,29). Jésus lui-même n’a rien dit à ce mariage, à part une réponse brusque donnée à sa mère et un mot aux serviteurs. Mais par ce mot, le mariage d’un couple galiléen trop pauvre pour s’offrir suffisamment de vin à leurs noces fut assumé dans une manifestation de la gloire de Dieu.

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« L’authentique amour conjugal est assumé dans l’amour divin »9, nous dit le concile Vatican II. S’il nous est difficile de comprendre ce que ces mots peuvent signifier pour nous, que nous soyons frappés par la force d’un mariage ou que notre amour semble détruit et pauvre, il nous suffit de réfléchir à ce mariage de Cana. Là, le mariage ordinaire de deux enfants d’Israël contenait en son sein l’Alliance indestructible, Jésus, Celui en qui Dieu et l’homme sont mariés. Cet humble mariage, avec son serment fragile de fidélité humaine et sa promesse de fécondité est le lieu que Jésus a choisi pour le commencement caché et le fondement constant de la proclamation publique du Royaume de Dieu : « Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord…« Maintenant, puisez, et portezen au maître du repas ». Le maître du repas le goûta et se tourna, étonné, vers le marié : « tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant » (Jean 2,7-10). L’eau est devenue un vin bon et riche pour la joie d’un repas de noces, exactement comme nos faillibles amours humains sont transformés quand ils s’ouvrent à l’hôte divin présent au milieu d’eux. « Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit » (Jean 2,11), est au début de ce que le pape François a appelé « la joie de l’Évangile » qui « remplit les cœurs et les vies de tous ceux qui rencontrent Jésus »10. Là, à Cana, comme maintenant, l’amour humain a été assumé dans l’amour divin et « il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui » (Jean 2,11).

*** Les cultures du monde ont toujours eu l’intuition que l’amour des époux avait quelque chose à voir avec Dieu. Les

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deux amours, humain et divin, sont liés de manière inextricable depuis le moment où le premier homme et la première femme se sont tournés l’un vers l’autre avec une lueur de reconnaissance : « Tu… », ou dans l’exclamation que le livre de la Genèse place sur les lèvres d’Adam : « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! » (Genèse 2,23). Derrière le « tu » humain, l’homme et la femme ont perçu, même confusément, le « Tu » divin qui « nous a choisis… avant la fondation du monde… dans l’amour » (Éphésiens 1,4-5) et qui nous a fait un tel don. Quand la personne humaine fut créée homme et femme, à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Genèse 1,27), la bonté de la création fut manifeste pour quelqu’un, ou plutôt pour deux personnes, autres que Dieu. En fait, quelque chose du mystère du Créateur lui-même est devenu manifeste en eux et dans leur « vocation innée » à l’amour. Le Catéchisme de l’Église catholique explique que « Dieu qui a créé l’homme par amour, l’a aussi appelé à l’amour, vocation fondamentale et innée de tout être humain. Car l’homme est créé à l’image et à la ressemblance du Dieu (cf. Gn 1, 27) qui est lui-même Amour (cf. 1 Jn 4, 8. 16). Dieu l’ayant créé homme et femme, leur amour mutuel devient une image de l’amour absolu et indéfectible dont Dieu aime l’homme. Il est bon, très bon, aux yeux du Créateur »11. Cette « communauté intime de… vie et d’amour »12 faite de l’homme et de la femme, révèle la puissance qui est à l’origine de l’univers. « Au commencement », elle reflétait l’amour que nous appelons « Dieu ». Bien sûr, dans l’acte de la création raconté dans les deux premiers chapitres de la Genèse, Dieu ne s’est pas encore pleinement manifesté. Tout ce que nous avons, c’est ce mystérieux et divin « Nous » qui

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semble suggérer quelque chose de la richesse de la vie de Dieu : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance » (Genève 1,26). Et nous avons le résultat de cette délibération : une créature qui porte même dans son corps les signes qu’elle est appelée à un don libre, exclusif, fécond et fidèle d’elle-même à une autre. Nous avons la personne humaine, faite à l’image de l’Amour. Jean-Paul II affirmait qu’avec la création de la personne humaine, homme et femme, un « sacrement primordial »13 était entré dans le monde. Dans ce contexte, il voulait dire « sacrement » dans un sens plus large que ce que nous signifions, mais en lien avec cela, quand nous parlons des sept sacrements de l’Église. L’homme et la femme, qui sont appelés à faire d’eux-mêmes un don total et permanent à l’autre, sont une sorte de signe originel qui « transmet efficacement dans le monde visible… le mystère de la vie divine »14. Par ces mots, Jean-Paul II décrivait une vérité si fondamentale à l’intention de Dieu lorsqu’il créa l’univers et si centrale à l’existence humaine que le péché et la mort ne peut pas la détruire. Depuis le moment où Dieu commença par bénir l’homme et la femme, leur donnant l’ordre d’être féconds et de se multiplier et de prendre soin de la création (Genèse 1,28), « L’amour entre les époux n’est rien de moins que la présence visible de l’amour de Dieu dans le monde »15. Dieu voulait être présent dans sa création. Bien sûr, il voulait partager sa vie avec sa créature. C’est pourquoi il a placé au sommet de la création non pas quelque chose qui soit d’abord fonctionnel ou utile, mais une personne, un être capable de recevoir un don et de devenir un don pour un autre. Jean-Paul écrit que « Dieu est amour (1 Jean 4,8) et il

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vit en lui-même un mystère de communion personnelle d’amour. En créant l’humanité… à son image… Dieu inscrit en elle la vocation, et donc la capacité et la responsabilité correspondantes, à l’amour et à la communion »16. Dans le livre de la Genèse, nous voyons que l’être même d’Ève appelle Adam, et vice versa, à un don de soi qui est total, fidèle et fécond. Ce don implique le corps et l’âme, les sentiments et la volonté, le passé, le présent et l’avenir : « À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. » (Genèse 2,24). Quelque chose d’absolument essentiel non seulement pour la personne humaine, mais pour toute la création, devient visible dans cette « unité indéfectible de leurs deux vies »17 à laquelle Dieu lui-même se joint (cf. Matthieu 19,6). Le péché, à savoir l’infidélité des êtres humains et leur refus d’aimer, a émoussé notre perception du plan originel de Dieu, mais cela n’a jamais pu effacer la marque que Dieu a laissée sur l’œuvre de ses mains. Dans la « vocation au mariage… inscrite dans la nature même de l’homme et de la femme, tels qu’ils sont issus de la main du Créateur »18, nous commençons à comprendre que la création, comme chaque homme et chaque femme en elle, est orientée vers une alliance.

*** La perception de l’intention originelle de Dieu sur le mariage et la famille pourrait nous frapper et nous sembler une idéalisation irréaliste. Comment cela pourrait-il être pertinent alors que l’histoire humaine, comme toutes nos histoires personnelles, contient une triste litanie de discorde

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et d’infidélité ? En conséquence de leur relation rompue avec Dieu, le premier époux et la première épouse commencèrent déjà à s’accuser mutuellement. Avec leur désobéissance délibérée, la convoitise est entrée dans le monde ; ils durent se cacher non seulement de Dieu, dont l’amour : est pur et désintéressé, mais aussi l’un de l’autre. Leurs enfants commencèrent à s’entretuer par envie. Tout ceci, que la Genèse décrit, semble continuer à travers l’histoire, jusque dans nos propres vies. Nous avons souvent peur de nos plus proches relations car, tandis que nous désirons un amour indestructible, « fort comme la mort » (Cantique des cantiques, 8,6), nous connaissons trop bien la douleur de l’infidélité et l’impulsion des engouements passagers. Peut-être portons-nous dans notre cœur ou même dans notre corps les blessures profondes du rejet, de la violence et de la domination. Peut-être faisons-nous l’expérience du vide de l’infertilité et devons-nous faire face à la finalité de la mort. Nous nous cachons nos propres amours désordonnés, le sentiment de notre insuffisance et l’égoïsme qui nous ferme à une vie nouvelle. Cependant, l’Écriture nous montre quelque chose de plus profond, de plus fort et de plus constant que cette histoire de péché. Car alors que l’histoire du peuple choisi de Dieu dans l’Ancien Testament est pleine de trahisons humaines et d’échecs en amour, elle nous parle aussi d’une fidélité bien plus grande. Quels que soient les efforts des êtres humains pour oublier, Dieu se souvient de son intention. Il est fidèle à l’œuvre de ses mains. Le pape Benoît expliquait ceci : La vérité du mariage et de la famille, qui plonge ses racines dans la vérité de l’homme, a trouvé sa réalisation dans l’histoire du salut,

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qui a en son centre la parole : « Dieu aime son peuple ». La révélation biblique, en effet, est avant tout l’expression d’une histoire d’amour, l’histoire de l’Alliance de Dieu avec les hommes : c’est pourquoi l’histoire de l’amour et de l’union d’un homme et d’une femme dans l’alliance du mariage a pu être assumée par Dieu comme symbole de l’histoire du salut19.

S’adressant à des couples mariés, Jean-Paul II dit une fois que l’alliance que Dieu a conclue avec le peuple d’Israël dans l’Ancien Testament n’est « pas un simple contrat ni une alliance politique : comme le Seigneur y engage sa Parole et sa Vie, elle appelle amour et tendresse. L’alliance s’exprime à travers le signe de mariage. »20. Dieu aime Israël comme le marié aime la mariée et il est aussi peiné par son idolâtrie qu’un mari le serait par les infidélités répétées de sa femme. À travers une histoire où le peuple acceptait la polygamie et où Moïse permit le divorce à cause de leur « dureté de cœur » (Matthieu 19,8), Dieu s’est souvenu de ce pour quoi il avait créé l’humanité. Enfin, après une préparation qui dura des siècles, vint la « plénitude des temps » : « Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme » (Galates 4,4)… « Le Verbe s’est fait chair » (cf. Jean 1,14). Enfin, il y eut une « alliance indéfectible, car rien jamais plus ne pourra séparer l’homme de Dieu, unis pour toujours en Jésus-Christ »21. Le Fils de Dieu fait chair « scelle l’Alliance dans le sang de sa croix et « remet son Esprit » (Ibid. 19, 30) à l’Église… l’Épouse aimée et féconde qui engendre de nouveaux enfants jusqu’à la fin des temps »22. Tous les hommes et les femmes à travers l’histoire qui ont cherché un amour constant peuvent enfin relever la tête : Voici l’Alliance vers laquelle tendait tout amour humain depuis le commencement de l’histoire. Tout mariage chrétien tire son 11


amour et sa vie de ce « grand mystère » de l’union du Christ et de l’Église (cf. Éphésiens 5,32). La discorde et la trahison n’ont plus le dernier mot un fois que « Dieu radicalise son amour jusqu’à devenir Lui-même, dans son Fils, chair de notre chair, »23. C’est ainsi que le pape Benoît expliquait « De cette façon, l’union de Dieu avec l’homme a assumé sa forme suprême, irréversible »24. En Jésus-Christ, Dieu nous a aimés « jusqu’au bout » de la mort et au-delà (cf. Jean 13,1). Il s’est donné à nous pour toujours dans un don que Jésus a exprimé très simplement la nuit qui a précédé sa mort : « ayant pris du pain et rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous… Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang » (Luc 22,19-20). Il y a quelque chose de définitif dans cet amour. En lui, nous apercevons déjà la fin de l’histoire que le livre de l’Apocalypse décrit comme les joyeuses « noces de l’Agneau » (19,9). Au long des siècles, des hommes et des femmes seront appelés à tout quitter, y compris la possibilité d’un mariage terrestre, pour devenir un rappel vivant de ces noces. En suivant « l’Agneau partout où il va » (Apocalypse 14,4), ils montrent l’Amour divin qui demeure dans tout mariage.25 La fin répand aussi sa lumière sur « le commencement ». Elle révèle ce pour quoi nous, hommes et femmes, sommes créés et pourquoi nous ne pouvons pas vivre sans amour. Le pape Benoît a expliqué que, dans la « nouvelle et éternelle Alliance », les hommes et les femmes redécouvrent quelque chose qui a été enterré profondément dans leur nature, qui a été obscurci par la longue histoire de péché de l’humanité. L’amour de Dieu pour le monde et pour tous les êtres humains en Jésus-Christ leur montre « sa forme définitive, ce “oui”

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réciproque qui ne peut être révoqué : » et qui ne craint pas d’être fécond26. Même s’ils – c’est-à-dire la plupart d’entre nous – essaient de l’oublier ou n’y correspondent pas, ils reconnaissent un tel « oui » car ce « plan » a été inscrit dans les racines de leur être. Ils ont été créés pour cela et ils lui appartiennent. C’est pourquoi ce « oui » irrévocable « n’aliène pas l’homme, mais le libère des aliénations de l’histoire pour le ramener à la vérité de la création »27.

*** L’amour de Dieu fait plus que restaurer l’amour humain dans sa vérité originelle. À Cana, l’amour humain n’a pas simplement été béni et laissé tel qu’il était. Quand Jésus a contredit la pratique juive du divorce et du remariage – « au commencement il n’en était pas ainsi », dit-il (Matthieu 19,8) il ne faisait pas marche arrière pour retourner à la relation du premier homme et de la première femme avant la chute. Au contraire, quand le Verbe s’est fait chair, a souffert, est mort et est ressuscité, l’amour humain n’était pas seulement restauré mais aussi transfiguré. Maintenant, racheté, l’amour humain manifesterait la gloire de Dieu, comme l’eau qui était soudain devenue du vin. Dans le langage du concile Vatican II, il était « assumé dans l’amour divin »28. Dans le don total que Jésus fit de lui-même pour l’Église et pour le monde, Dieu a assurément béni l’amour humain. Il l’a fait en le rendant plus grand, plus large et plus profond que ce qu’il pouvait être par lui-même. Il en a fait une expression de son amour. Il a permis que la communion d’un homme et d’une femme baptisés ait part à l’Alliance exclusive, indissoluble et féconde qu’il avait lui-même conclue avec l’humanité. Son amour jaloux pour son Épouse, l’Église, 13


soutient l’amour d’un homme et d’une femme même dans ses moments de faiblesse. Sa fidélité, « forte comme la mort » (Cantique des Cantiques 8,6) assure leurs tentatives trébuchantes d’être fidèles. Et s’ils ne se ferment pas à la présence de Dieu au milieu d’eux et à son don d’une vie nouvelle, son Esprit-Saint leur fait partager la fécondité de la rédemption. C’est ce que signifiait Benoît XVI lorsqu’il disait à des couples mariés que « par un don spécial de l’Esprit Saint, le Christ vous fait participer à son amour sponsal, en faisant de vous le signe de son amour pour l’Église : un amour fidèle et total »29. C’est aussi ce que voulait dire Jean-Paul II quand il disait que l’Alliance de Dieu en Jésus-Christ n’ « inspire » pas seulement les mariages chrétiens. S’ils sont ouverts à son don, celui-ci les remplit et les transforme : « “Appel du corps et de l’instinct, force du sentiment et de l’affectivité, aspiration de l’esprit et de la volonté” (IOANNIS PAULI PP. II Familiaris Consortio, 13), par le don du Seigneur l’amour des hommes peut être totalement irradié par la Source de l’amour et manifester véritablement l’Alliance nouvelle et éternelle qui rayonne en lui. »30. Le Catéchisme décrit cette même vérité en employant un langage de l’Église plus traditionnel : « Le mariage chrétien devient à son tour… sacrement de l’alliance du Christ et de l’Église. Puisqu’il en signifie et communique la grâce, le mariage entre baptisés est un vrai sacrement de la Nouvelle Alliance »31. Le fait que l’amour de Dieu ait « assumé » l’amour humain de cette manière, ou que le mariage de personnes baptisées soit « élevé… à la dignité d’un sacrement »32, ne signifie pas que l’amour des époux chrétiens est soudain parfait, ou que

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leur mariage n’est pas aussi un travail en cours pour toute une vie, dans laquelle ils apprennent lentement, et souvent échouent, à correspondre à ce grand don qui leur a été fait. Comme nous le rappelle Jean-Paul II, « l’amour, comme toute réalité humaine, a besoin d’être sauvé »33. De même, cela ne signifie pas que l’amour des époux sera exempt de souffrances ou du besoin de réapprendre continuellement la valeur du pardon. Le « sacrement suprême de l’Alliance »34, c’est-à-dire l’Eucharistie, demeure le signe constant que le Christ nous a sauvés par sa mort : « l’Alliance est scellée dans le sang de l’Agneau »35. Ce que signifie la sacramentalité du mariage, c’est que les époux chrétiens sont comme le couple de Cana : ils ont un hôte divin au milieu d’eux dans leurs tentatives quotidiennes pour vivre avec et pour l’autre, « dans les bons et les mauvais moments, dans la maladie et dans la bonne santé », dans leur acceptation du don des enfants et dans les difficultés qui accompagnent leur éducation, dans les moments de proximité et dans le labeur douloureux pour pardonner et demander pardon. Vatican II enseignait que : Le Sauveur des hommes, Époux de l’Église [108], vient à la rencontre des époux chrétiens par le sacrement de mariage. Il continue de demeurer avec eux pour que les époux, par leur don mutuel, puissent s’aimer dans une fidélité perpétuelle, comme lui-même a aimé l’Église et s’est livré pour elle.36

*** « Il demeure avec eux ». Les époux dont le cœur est ouvert à Dieu au milieu des activités, des angoisses, des joies et des peines de la vie familiale en viennent bientôt à faire l’expérience que cette divine présence signifie tout. L’Époux au 15


milieu d’eux, qui apporte la présence de son Père et le don de son Esprit, n’est pas une sorte d’ « assurance » supplémentaire pour le couple chrétien qui peut plus ou moins se passer de Dieu. Au contraire, il est sa cohérence et sa signification, la lumière qui éclaire l’amour des époux, la présence qui rend leur relation totalement et profondément humaine. Nous avons parfois peur de cette exigence d’un cœur sans partage qui « renonce à tous les autres » pour se donner à ce mari, cette femme, ces enfants en particulier. Alors l’ « amour total… unique et exclusif »37 du Christ nous montre à nouveau la dignité de chacune de ces personnes humaines. Elles sont dignes d’un engagement sans partage car elles ont été dignes de son amour, de sa vie et de sa mort. En d’autres termes, à la lumière de l’amour du Christ pour l’Église, son Épouse, nous comprenons que le mariage chrétien est une union exclusive. Parfois, la communion entre les époux risque d’échouer. L’amour du Père, du Fils et du Saint Esprit est toujours entre eux, leur offrant la grâce de la réconciliation avec Dieu et entre eux. Dans la lumière éclatante de la communion des trois personnes en un seul Dieu, les époux chrétiens se souviennent – ou peut-être l’apprennent-ils pour la première fois – que « Dieu a créé l’être humain mâle et femelle, avec une même dignité, mais aussi avec des caractéristiques propres et complémentaires, pour que les deux soient un don l’un pour l’autre, se mettent en valeur réciproquement et réalisent une communauté d’amour et de vie. »38. Le mariage chrétien est une communion d’amour, dans laquelle l’amour entre l’homme et la femme est bien plus qu’un lien affectif : c’est le partage d’une vie fidèle et féconde. Les jours sombres, ils ne se souviennent peut-être plus pourquoi ils ont répondu « oui » à cette personne qu’ils ne

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comprennent plus. Dans ces moments-là, le « oui » indéfectible du Rédempteur à la création et à leur amour protège leur désir le plus vrai de la tentation de s’enfuir. En lui, ils voient que la vraie liberté se découvre non pas en échappant à son engagement mais dans un « don définitif » de soi.39 De l’amour indestructible du Christ, continuellement présent à l’Église dans le sacrement de l’Eucharistie, ils « apprennent… la fidélité sans faille » au don de leur parole et de leur vie40. Il existe des situations tragiques d’abus où les époux doivent physiquement se séparer mais le divorce est incompatible avec l’amour fidèle du Christ. « Ce que Dieu a uni », dit Jésus, « que l’homme ne le sépare pas » (Matthieu 19,6) : le mariage chrétien est indissoluble. Bien sûr, l’indissolubilité est l’acte suprême de miséricorde de Dieu sur l’amour des époux, car il permet à leur désir le plus profond de se réaliser. Les époux peuvent craindre de s’ouvrir au don d’une vie nouvelle. C’est compréhensible, car l’acte conjugal, dans lequel l’homme et la femme expriment leur don total d’euxmêmes à l’autre à travers leur corps, est un « moment de responsabilité particulière »41 – c’est le moment où ils peuvent devenir un père et une mère. Pourtant l’Esprit de Dieu qui demeure en eux leur montre que s’ils dénaturent cet acte à travers des produits ou des moyens contraceptifs, ils falsifient leur amour. Ce serait comme se dire l’un à l’autre : « Je me donne tout à toi, sauf ce profond mystère en moi, ma capacité à devenir un père ou une mère. En d’autres termes, je ne me donne pas tout à toi ». Il les aide à s’abstenir quand c’est nécessaire pour une parentalité responsable et pour qu’ils se donnent l’un à l’autre courageusement et totalement. En fait, il fait davantage. L’Esprit de Dieu, qui peut être défini comme « l’Amour personnifié »42, leur montre que

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c’est dans la logique même de l’amour d’être fécond car l’amour – la communion, la vie partagée – est source de beauté, d’exubérance et de générosité : l’amour déborde toujours. S’adressant à la Rencontre mondiale des familles en 2012, le pape Benoît a décrit les nombreuses dimensions de cette fécondité dans le mariage : Chers époux… votre amour est fécond avant tout pour vousmêmes, parce que vous désirez et vous réalisez le bien l’un de l’autre, expérimentant la joie de recevoir et de donner. Il est aussi fécond dans la procréation, généreuse et responsable, des enfants, dans l’attention prévenante pour eux… Il est fécond enfin pour la société, car votre vécu familial est la première et irremplaçable école des vertus sociales telles que le respect des personnes… la confiance, la responsabilité, la solidarité, la coopération.43

Le mariage et la famille sont faits pour être un lieu où les gens font l’expérience de cette « joie de donner et de recevoir », la joie expansive de la communion. Même si un couple souffre de ne pas pouvoir concevoir, il est entraîné dans la logique de cette générosité. Si leur amour est ouvert à Dieu, ils sont un lieu où il demeure. Pour eux aussi, le mariage chrétien est toujours fécond. Cette sorte de communion exclusive, fidèle et féconde entre les époux donne un fondement et un sens à leur vie. Car en dépit de ses défauts, l’amour entre les époux, les parents et les enfants participe de cette Alliance indéfectible que Dieu a scellée avec les êtres humains. Par ce don, il communique réellement l’amour sans lequel l’homme ne peut vivre. Cependant, les époux sentent souvent la monotonie

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pesante des tâches quotidiennes qu’ils effectuent l’un pour l’autre, les parents sont souvent épuisés par le souci des enfants, et ceux-ci ont souvent du mal à se supporter. Ici ou là, des tragédies éclatent. Il n’existe pas de famille chrétienne qui ne rencontre pas la croix. Et pourtant cette croix est la source de toute la lumière dans le monde : la souffrance du Christ a été notre rédemption. Sa mort mène à Pâques. Nos relations humaines imparfaites sont le lieu que Dieu a choisi pour que la rédemption « prenne » et pour que son amour parfait commence à s’infiltrer dans le monde.

*** Maintenant, tout ce que nous avons dit du plan de Dieu sur l’homme et la femme, ainsi que de la rédemption de l’amour humain, peut nous sembler encore un peu abstrait. Nous pouvons nous dire : le mariage est un sacrement, bien et bon. Mais l’enseignement de l’Église sur ce sujet n’est-il pas au mieux irréaliste ? Si nous avons fait l’expérience profonde du manque d’amour que l’on rencontre trop souvent dans le monde, il est compréhensible que nous soyons tentés de penser cela ou de rejeter ce que nous avons entendu. Au moins jusqu’à ce que non seulement nous en entendions parler ou lisions à ce sujet, mais que nous le voyions. Alors, tout ce qui avait semblé vague ou irréel prend soudain les contours nets de vies humaines. Ce qui avait semblé impossible devient un témoignage irréfutable en chair et en os. Des expressions comme « la sacramentalité du mariage » ou « la mission de la famille » peuvent ne pas signifier grandchose pour beaucoup. Mais ce sont les mêmes personnes qui remarqueront avec une grande attention, par exemple, un couple marié britannique avec des petits enfants qui doit

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soudain puiser dans toutes les ressources de leur foi et dans la puissance des sacrements : un accident bouleversant l’existence laisse la jeune femme et maman incapable de marcher. Ils vivent une fidélité avérée l’un à l’autre et dans l’éducation de leurs enfants, pardonnant à l’inconnu qui a causé la blessure. Petit à petit, leur famille élargie, des amis et d’autres familles se rassemblent autour d’eux, attirés par la paix et la profonde humanité de ce couple. Ils veulent aider cette famille à être une famille. Mais ils ont aussi besoin de cette famille car elle est devenue ce qu’une famille est vraiment : un lieu de guérison pour ceux qui l’entourent, une « communauté… de vie et d’amour »44. Une femme plus âgée, remarquant la joie inexplicable de ces personnes, prononça ce que beaucoup d’autres pensaient en secret dans leur cœur. « Je veux ce que vous avez », dit-elle à leur jeune femme et maman, ajoutant aussitôt « et ne me dites pas que c’est votre foi ». « Mais c’est cela », répondit simplement la jeune maman. Cette famille ne pense pas accomplir une mission extraordinaire. Ses membres cherchent simplement à être une famille et à s’aimer en vérité. Toutefois, ce faisant, ils sont ce que le pape Benoît a décrit lorsqu’il a dit une fois aux familles que, lorsqu’elle vivent « avec la force qui vient de la grâce du sacrement », elles reflètent « la beauté de la Trinité » – la beauté sans laquelle les êtres humains ne peuvent vivre. Leur vocation « n’est pas facile à vivre, spécialement aujourd’hui », ajouta le pape, mais quand ils la vivent, ils proclament l’Évangile « non seulement par la parole mais, je dirais même, par « irradiation », par la force de l’amour vécu. »45. D’autres couples mariés et familles peuvent vivre dans des circonstances moins frappantes, mais ils vivent la même

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chose. « Votre famille est différente de la plupart des familles des patients que nous avons ici » dit une infirmière à une femme qui amenait sa vieille mère pour rendre visite à son père mourant, dans un hôpital de Californie. « Vous prenez soin les uns des autres ». Ou plutôt : Vous aimez… Au sein de ces couples mariés et de ces familles, des époux, des épouses, des enfants et des parents essaient de vivre le don qui leur a été fait. Ils permettent à l’Alliance indéfectible du Christ, présent dans l’Eucharistie, d’informer leur amour ; et à la puissance du pardon de les transformer à travers le sacrement de la pénitence. En eux, leurs amis, leurs voisins et les soignants sont les témoins de la force de la fidélité et de la joie de la communion quand ils avaient peut-être désespéré de jamais trouver cela. Ceux qui sont proches de telles familles peuvent ressembler à ce « monde vieilli » que décrit Jean-Paul II, qui « ne croit plus dans la vie, dans l’amour, dans la fidélité et dans le pardon ». Peut-être sont-ils comme nous qui avons besoin de voir « l’amour authentique, la fidélité jusqu’à la croix, la joie de vivre et la puissance du pardon ». Puis, de manière inattendue, la dimension concrète et familière des relations humaines nous ouvre le ciel : « A travers la fidélité des époux, il pourra » – et nous aussi – « entrevoir la fidélité du Dieu vivant »46. À la Rencontre mondiale des familles en 2012, le pape Benoît a résumé tout ceci. Il a dit aux familles que, dans l’humble tentative par laquelle « avec le soutien de la grâce divine, vous vivrez l’amour réciproque et envers tous, vous deviendrez une… Église domestique » au cœur de l’Église, participant à sa mission. « Vous deviendrez un Évangile vivant » pour un monde qui meurt par manque d’amour.47

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Qu’est-ce que l’ « Évangile de la famille » que le pape François a qualifié de si « urgent et nécessaire » pour notre époque48 ? Différents aspects de celui-ci ont été discutés dans ces pages. C’est le rétablissement de l’amour humain dans son intention originelle, celle de Dieu qui a créé l’homme et la femme pour qu’ils soient l’image de son amour. C’est l’Alliance indéfectible que Dieu a scellée avec l’humanité en Jésus-Christ et la participation des époux à cette Alliance à travers une communion exclusive, irrévocablement fidèle et féconde. Mais l’ « Évangile de la famille » est aussi plus que cela : c’est l’évangile que la famille est devenue, lorsqu’elle embrasse sa mission de « garder, révéler et communiquer l’amour »49. Les époux qui sont ouverts au Dieu qui nous a appelés à aimer et les familles qui accueillent la présence divine au milieu d’elles ne font pas que s’aider mutuellement. D’autres peuvent voir qu’elles sont différentes, y compris dans leur manière de faire face aux désagréments et aux peines. Elles rayonnent de la paix du pardon, de la force de la fidélité et de la beauté de la communion partout autour d’elles. Dans notre monde, plein de division et de tristesse, elles proclament par toute leur vie que, même si la vie peut parfois être dure, il est bon d’exister. Elles sont l’image de Dieu qui est Amour. Le concile Vatican II explique qu’en se faisant chair et en révélant l’amour du Père, le Fils de Dieu met en lumière beaucoup de ce qui est vrai dans la création mais qui a été obscurci par le péché. C’est vrai en particulier de la personne humaine : « En réalité, le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné… Le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui

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découvre la sublimité de sa vocation »50. Le Verbe divin par lequel le monde a été fait (cf. Jean 1,10) est né comme nous, a grandi dans une famille humaine, a souffert, est mort et est ressuscité pour nous ramener vers le Père Depuis, la lumière qui éclaire l’existence de tous les hommes et les femmes – et la mission de toutes les familles – est la lumière de Dieu lui-même. Jean-Paul II a dit une fois que le Dieu que Jésus nous a révélé « n’est pas une solitude ». Il est le Père que Jésus a prié constamment et avec qui il a partagé une union plus profonde et plus intime que tout ce que nous pouvons imaginer : « Le Père et moi nous sommes un » (Jean 10,30). Il est l’Esprit que Jésus, mourant, a soufflé entre les mains de son Père et qui a été répandu par le Christ ressuscité sur la création lorsque le Père a ressuscité son Fils unique d’entre les morts. Ce Dieu n’est pas une solitude. Il est la vie même, la beauté dynamique, la communion la plus grande, la Trinité. Comme l’explique Jean-Paul II, le pape de la famille, « notre Dieu, dans son mystère le plus intime… porte en lui-même la paternité, la filiation et l’essence de la famille qu’est l’amour »51. Tel est l’Amour qui demeure dans l’amour entre un homme et une femme, le transformant par le sacrement et le prenant à son service. C’est la source de la communion que nous cherchons tous. Enfin, c’est le Dieu que la famille, « communauté sauvée et qui sauve »52, proclame au monde.

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« La famille a pour mission de garder, révéler et communiquer l’amour » (Saint Jean-Paul II, Familiaris consortio, 17)

Icône de la Sainte Famille. © Pontificium Consilium pro Familia. Avec leur aimable autorisation.

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La famille dans la nouvelle évangélisation

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Carl A. Anderson

Une proclamation de la beauté de Dieu En 1983, dans un discours adressé aux évêques d’Amérique latine, lorsque saint Jean-Paul II a appelé à une évangélisation « nouvelle dans son ardeur, dans ses méthodes et dans son expression »54, il a identifié avec une remarquable perspicacité la crise de notre époque. En même temps, il nous a indiqué ce qui, seul, peut y répondre : une proclamation radicale de Jésus-Christ, la Parole faite chair, qui nous révèle le vrai visage de Dieu et de l’homme. Notre époque fait l’expérience à un degré sans précédent de ce que le prophète Amos appelait non « pas une faim de pain ni une soif d’eau, mais la faim et la soif d’entendre les paroles du Seigneur » (Amos 8,11) et elle souffre des conséquences de ce que l’écrivain C. S. Lewis appelle « l’abolition de l’homme ». Une telle situation demande de l’Église et des chrétiens beaucoup plus qu’un dialogue cordial accompagné d’œuvres humanitaires ou qu’un enseignement sans consistance et donc peu convaincant du contenu doctrinal de la foi. Les hommes et les femmes d’aujourd’hui sont in extremis. Ils sont faits pour l’Absolu, pour l’adoration, et pour un engagement

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absolu qui fait partie de l’amour et qui en est le cadeau. Ils ont faim de beauté, de communion et de joie. Et quand l’Absolu lui-même manque à un peuple et à une époque – qui ne connaît rien de sa fidélité illimitée – ce peuple et cette époque sont mortellement blessés. Privés de la source de la beauté et de la communion, les êtres humains répondent par une violence indicible. Pour cette raison, la nouvelle évangélisation implique beaucoup plus que des efforts pour revitaliser les programmes pastoraux ou pour transmettre la foi de manière plus efficace aux nouvelles générations. C’est aussi plus qu’un « état d’esprit », bien que ces efforts et ces attitudes soient louables et nécessaires. Selon les termes des Lineamenta pour le Synode sur la nouvelle évangélisation de 2012, la nouvelle évangélisation est l’Église devenant « ce qu’elle est par sa nature »55. C’est la proclamation du nom du Dieu vivant, non seulement par ses paroles, mais par son adoration et par le rayonnement de la vie de ses membres – qui seul rend leurs paroles vraies et crédibles. C’est la proclamation du Père, du Fils et du Saint-Esprit qui, comme le dit Jean-Paul II, « n’est pas une solitude… puisqu’il a en lui-même la paternité, la filiation, et… l’amour »56. Si la nouvelle évangélisation peut être une telle proclamation incarnée de la beauté de Dieu, qui est communion, elle sera aussi la proclamation du vrai nom de l’homme. Sur la base de ces remarques préliminaires, nous pouvons nous poser cette question : Quelle est la place de la famille dans la nouvelle évangélisation ? Dans une homélie à Puebla de los Angeles, en 1979, Jean-Paul II faisait observer qu’ « à l’avenir, l’évangélisation dépendra largement de l’église domestique »57. Dans la lumière de notre discussion actuelle,

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il peut être utile de demander pourquoi. Comme l’indique l’Instrumentum Laboris de ce même synode, la famille est certainement « un lieu exemplaire de témoignage de la foi, pour sa capacité prophétique de vivre les valeurs fondamentales de l’expérience chrétienne »58. En outre, la famille porte le « rôle d’éduquer et de transmettre la foi chrétienne dès le début de la vie humaine »59. Ces affirmations évoquent des manières uniques par lesquelles la famille fondée sur le sacrement du mariage participe à la tâche d’évangélisation de l’Église.

La famille au cœur de la mission de l’Église Il y a cependant une raison encore plus fondamentale pour laquelle la famille est au cœur de la nouvelle évangélisation, ou de la « conversion authentique et renouvelée au Seigneur »60, à laquelle le pape Benoît XVI nous a invités pendant l’Année de la foi. Notre foi nous enseigne que Dieu est une unité dans la communion, une Trinité, qu’il est Amour. Cet Amour nous a fait de lui-même un don irrévocable. Dieu nous a ouvert sa vie en son Fils Jésus-Christ, qui est l’Alliance de Dieu avec sa création. Et parce que l’homme est créé à l’image de Dieu, il « demeure pour lui-même un être incompréhensible, sa vie est privée de sens » s’il ne rencontre pas cet Amour61. Le monde dans lequel nous vivons, dans lequel des millions de personnes ont encore à rencontrer cet amour d’une manière significative, a besoin de la famille comme icône du Dieu qui est communion. Il a besoin de voir le Dieu révélé par Jésus-Christ sauver l’homme dans toutes ses relations. Ce monde qui est affamé de sens a besoin de voir tous les élé-

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ments de la vie humaine – que le pape Benoît identifie comme « la joie de l’amour, la réponse au drame de la souffrance et de la douleur, la force du pardon devant l’offense reçue et la victoire de la vie face au vide de la mort » – trouver visiblement leur « achèvement dans le mystère [du Christ qui] s’est fait homme, »62. En d’autres termes, le monde a besoin de voir des familles qui soient de vraies communautés de vie, d’amour et de pardon. Ces familles sont des communautés vraiment humaines, capables de montrer ainsi à leurs frères et sœurs non-croyants la beauté du Dieu qui est une communion d’amour. C’est pourquoi, comme nous l’enseigne Jean-Paul II, la famille est essentiellement missionnaire. Sa mission, qui découle de son être, est bien plus grande que n’importe quelles activités extérieures d’évangélisation, réformes sociales ou politiques dans lesquelles s’engagent les familles. Toutes ces activités ne porteront du fruit que si elles découlent de la mission bien plus fondatrice qui place la famille, fondée sur le sacrement de mariage, au cœur de la mission même de l’Église. Selon Jean-Paul II, « la famille a la mission de garder, révéler et communiquer l’amour ». Cet amour est un reflet de la communion trinitaire et participe de « I’amour de Dieu pour l’humanité et de l’amour du Christ Seigneur pour l’Eglise son Epouse. »63. Dans la mission d’évangélisation de l’Église, l’amour seul est « effectif » – l’amour du Seigneur crucifié et ressuscité, que les époux chrétiens reçoivent d’abord comme un don divin et une tâche, et qui est leur véritable participation à la vie de Dieu. Aucune influence et aucun pouvoir mondain, nul instrument technologique et nul plan pastoral ne peuvent le remplacer. Cet amour que la famille a pour tâche de vivre

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et de communiquer, est la force motrice de l’évangélisation. C’est cela qui permet la proclamation de l’Évangile qui « imprègne et transforme tout l’ordre temporel, en assumant les cultures et en les renouvelant »64. Cet amour seul, lorsqu’il est vécu authentiquement dans des familles dont les membres se convertissent à lui tous les jours, peut être la base de la culture authentiquement humaine que saint Jean-Paul II appelle la « civilisation de l’amour »65. Avec tout cela à l’esprit, j’espère que les pasteurs, les évêques et les religieux deviendront toujours plus conscients du besoin urgent d’aider la famille chrétienne dans sa mission de « devenir ce qu’elle est »66 : une image de la communion de Dieu. C’est le seul moyen pour que la famille soit un lieu de guérison et d’humanité pour les hommes et les femmes de notre temps. Les familles chrétiennes, en effet, peuvent avoir besoin qu’on les encourage à devenir actives dans les paroisses et dans les groupes ecclésiaux, ou qu’on les aide dans leur tâche cruciale de transmettre la foi aux jeunes générations. Mais par dessus tout, les familles ont simplement besoin de prendre conscience de ce qu’elles sont : une communauté sauvée et qui sauve67, une réalité sacramentelle au cœur de la mission d’évangélisation de l’Église. Une telle assistance n’est pas nécessaire uniquement pour le bien de la famille. Notre monde, dans lequel un nombre croissant de nos frères et sœurs est privé de Dieu et donc d’une véritable expérience de communion et de joie, en a besoin. Ceux qui ne croient pas ou dont la foi vacille ont besoin que la famille soit un témoin vivant du Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit, la source de toute la beauté qui est dans le monde. De nos jours, comme dans les premiers siècles du

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christianisme, il demeure vrai que la plus grande preuve de la vérité du christianisme ne réside pas dans nos mots, nos programmes ou nos argumentations. Tout cela a son rôle et est utile. Mais ce qui aide le plus nos frères et sœurs à comprendre ce que signifie être humain, être fait pour l’absolu, être fait pour la foi, l’espérance et l’amour, est cette exclamation sur les lèvres des non-croyants des premiers siècles du christianisme : « Voyez comme ils s’aiment ! »68 Recevoir cet amour et en rendre témoignage, sans quoi la foi demeure incompréhensible et sa transmission impossible, est la première contribution que la famille puisse faire à la nouvelle évangélisation. Quand le pape Jean-Paul II s’est écrié : « Famille, deviens ce que tu es ! »69, il appelait toutes les familles fondées sur le baptême à leur mission essentielle et irremplaçable. La famille est appelée à révéler au monde le visage de Dieu, et à devenir ainsi un lieu où nos frères et sœurs non-croyants – et nous-mêmes – peuvent entrevoir le vrai visage de l’homme.

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Sources 1

Synode des évêques, Document préparatoire pour la IIIème Assemblée générale extraordinaire, « Défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation », 2.

2 3

Ibid., 1. Jean-Paul II, Exhortation apostolique Familiaris Consortio [Sur les tâches de la famille chrétienne dans le monde d’aujourd’hui], 86.

4

Benoît XVI, Discours aux participants à l’Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la famille, 1 décembre 2011.

5

Jean-Paul II, Lettre encyclique Redemptor Hominis [Le Rédempteur de l’homme], 10.

6

Conférence des évêques catholiques des États-Unis, Educational guidance in Human Love, 46.

7

XIIIème Assemblée générale ordinaire du synode des évêques, Lineamenta : La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne, 157.

8

Benoît XVI, Homélie à la 7ème Rencontre mondiale des familles, Parc Bresso, Milan, 3 juin 2012.

9

Concile Vatican II, Constitution pastorale sur l’Église dans le monde moderne, Gaudium et Spes, 48.

10 Pape François, Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, 1. 11 Catéchisme de l’Église catholique, 1604. 12 Jean-Paul II, Familiaris consortio, 13 13 Jean-Paul II, Homme et femme il les créa : une spiritualité du corps, Paris, Cerf, … Audience générale du 20 février 1980. 14 Ibid. 15 Ibid.

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Sources (continued) 16 Id., Familiaris Consortio, 11. 17 Catéchisme de l’Église catholique, 1605. 18 Ibid., 1603. 19 Benoît XVI, Discours aux participants au congrès ecclésial diocésain de Rome, 6 juin 2005. 20 Jean-Paul II, Discours aux membres du mouvement « Équipes Notre-Dame », 23 septembre 1982, 6. 21 Ibid. 22 Ibid. 23 Benoît XVI, Discours aux participants à la Convention diocésaine ecclésiale de Rome, 6 juin 2005. 24 Ibid. 25 Cf. Jean-Paul II, Discours aux membres du mouvement « Équipes Notre-Dame », 23 septembre 1982, 6 : « Le célibat pour le Royaume… rappelle à tous que le don par excellence de Dieu n’est pas une créature, si aimée soit-elle, mais le Seigneur lui-même : « Ton époux, c’est ton créateur » (Is. 54, 5). Le véritable Époux des noces définitives, c’est le Christ, et l’Épouse, c’est l’Église ». 26 Benoît XVI, Discours aux participants à la Convention diocésaine ecclésiale de Rome, 6 juin 2005. 27 Ibid. 28 Concile Vatican II, Gaudium et Spes, 48. 29 Benoît XVI, Homélie à la 7ème Rencontre mondiale des familles, Parc Bresso, Milan, 3 juin 2012. 30 Jean-Paul II, Discours aux membres du mouvement « Équipes Notre-Dame », 23 septembre 1982, 2.

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31 Catéchisme de l’Église catholique, 1617. 32 Concile Vatican II, Gaudium et Spes, 48. 33 Jean-Paul II, Discours aux membres du mouvement « Équipes Notre-Dame », 23 septembre 1982, 3. 34 Ibid., 2. 35 Ibid., 3. 36 Concile Vatican II, Gaudium et Spes, 48. 37 Jean-Paul II, Familiaris Consortio 19. 38 Benoît XVI, Homélie à la 7ème Rencontre mondiale des familles, Parc Bresso, Milan, 3 juin 2012. 39 Id., Discours aux participants à la Convention diocésaine ecclésiale de Rome, 6 juin 2005 : « la plus grande expression de la liberté n’est alors pas la recherche du plaisir, sans jamais parvenir à une véritable décision. En apparence, cette ouverture permanente semble être la réalisation de la liberté, mais ce n’est pas vrai : la véritable expression de la liberté est la capacité à se décider pour un don définitif, dans lequel la liberté, en se donnant, se retrouve pleinement elle-même ». 40 Jean-Paul II, Discours aux membres du mouvement « Équipes Notre-Dame », 23 septembre 1982, 2. 41 Jean-Paul II, Lettre aux familles, 12. 42 Id., Lettre encyclique Dominum et Vivificantem [L’Esprit-Saint dans la vie de l’Église et du monde], 10. 43 Benoît XVI, Homélie à la 7ème Rencontre mondiale des familles, Parc Bresso, Milan, 3 juin 2012. 44 Jean-Paul II, Familiaris Consortio, 13.

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Sources (continued) 45 Benoît XVI, Homélie à la 7ème Rencontre mondiale des familles, Parc Bresso, Milan, 3 juin 2012. 46 Jean-Paul II, Discours aux membres du mouvement « Équipes Notre-Dame », 23 septembre 1982, 5. 47 Benoît XVI, Homélie à la 7ème Rencontre mondiale des familles, Parc Bresso, Milan, 3 juin 2012. 48 Synode des évêques, « Défis pastoraux de la famille dans le contexte de la nouvelle évangélisation », 2. 49 Jean-Paul II, Familiaris Consortio, 17. 50 Concile Vatican II, Gaudium et Spes, 22. 51 Jean-Paul II, Homélie, Puebla de los Angeles, Mexique, 28 janvier 1979. 52 Id., Familiaris Consortio, 49. 53 Soumis à l’origine en tant qu’intervention à la XIIème Assemblée générale ordinaire du synode des évêques, octobre 2012. 54 Jean-Paul II, Discours à la 19ème Assemblée générale des évêques d’Amérique latine (CELAM), 9 mars 1983, 3. 55 XIIIème Assemblée générale ordinaire du synode des évêques, Lineamenta, 2. 56 Jean-Paul II, Homélie, Puebla de los Angeles, Mexico, 28 janvier 1979. 57 Jean-Paul II, Discours à la 3ème Assemblée générale des évêques d’Amérique latine (CELAM), 28 janvier 1979. 58 XIIIème Assemblée générale ordinaire du synode des évêques, Instrumentum Laboris : La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne, 110.

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59 Ibid., 111. 60 Benoît XVI, Lettre apostolique Porta Fidei, 6. 61 Cf. Jean-Paul II, Redemptor Hominis, 10. 62 Benoît XVI, Porta Fidei, 13. 63 Jean-Paul II, Familiaris Consortio, 17. 64 XIIIème Assemblée générale ordinaire du synode des évêques, Instrumentum Laboris, 92. 65 Cf. Jean-Paul II, Lettre aux familles, 13. 66 Cf. id., Familiaris Consortio, 17. 67 Cf. ibid., 49. 68 Tertullien, Apologie, 39,7. 69 Jean-Paul II, Familiaris Consortio, 17.

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Les auteurs Carl Anderson est Chevalier suprême des Chevaliers de Colomb depuis 2000. Il a été doyen fondateur de la section de Washington de l’Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille en 1988 et en demeure le vice-président. Il est membre du Conseil pontifical pour la famille et coauteur, avec le père José Granados, de La beauté de l'amour et la splendeur du corps. Michelle K. Borras, Ph.D., est directrice du Service d’information catholique. Elle a un B.A. en littérature anglaise de l’Université Harvard, une licence canonique en théologie de l’Institut Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille à Rome, et un Ph.D. en théologie de l’Institut, section de Washington, D.C., avec une thèse sur l’interprétation du mystère pascal par Origène. Michelle K. Borras a enseigné à l’Institut Jean-Paul II de Washington comme professeur adjoint pendant l’année académique 2010-1011 et a donné des séminaires en littérature catholique, en interprétation patristique de l’Écriture et en théologie de Hans Urs von Balthasar dans le cadre de la formation des Sœurs missionnaires de saint Charles Borromée à Rome. Outre de nombreux travaux de traduction, elle a publié des articles dans le domaine de la littérature catholique et de la théologie.

Le Service d’information catholique Depuis sa fondation, l’Ordre des Chevaliers de Colomb est impliqué dans l’évangélisation. En 1948, les Chevaliers ont lancé le Service d’information catholique (Catholic Information Service : CIS) pour fournir des publications catholiques au grand public ainsi qu’aux paroisses, écoles, maisons de retraite, établissements militaires, prisons, assemblées législatives, au corps médical et aux personnes individuelles qui en font la demande. Depuis plus de 60 ans, le CIS a publié et distribué des millions de livrets et des milliers de personnes ont suivi sa formation catéchétique.

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407-F 9/16

« Catholic Information Service » est une marque déposée des Chevaliers de Colomb.


r ÉDaCT rICe

eN CHe F

© Copyright 2014, Chevaliers de Colomb.

:

Série sur la nouvelle évangélisation

Tous droits réservés.

michelle K. Borras, Ph.D.

1 qu’est-ce que la nouvelle évangélisation ?

Directrice du Service d’information catholique

les œuvres citées sont la propriété de leurs auteurs respectifs.

1ère

Pa rT Ie

« C a r D Ie u

a TaN T a ImÉ le mONDe

»

2 « Je crois en toi » : la question de Dieu dans le monde moderne

É DIT eurs : andrew matt et

les citations des Écritures sont issues de

alton Pelowski

la nouvelle traduction liturgique de la Bible de l’association épiscopale liturgique

3 les mystères de la vie de Jésus 4 un Dieu qui est trois fois amour 5 « Nous sommes venus l’adorer » : une introduction à la prière à l’école de Benoît XvI

pour les pays francophones (aelF). 2ème

Pa rTIe

« a PPe lÉ s

à a Ime r …

»

6 appelés à aimer : la théologie de l’amour humain selon de Jean-Paul II 7 à l’image de l’amour : le mariage, la famille et la nouvelle évangélisation 8 suivre l’amour pauvre, chaste et obéissant : la vie consacrée

21 juillet 2014

N I H I l OB s TaT

3ème

Pa rTI e

… D a Ns l’É g lIse , É P Ouse

De l’a gNeau

9 « qu’il me soit fait selon ta parole » : marie, l’origine de l’Église

susan m. Timoney, s.T.D. Censor Deputatus

le nihil obstat et l’imprimatur sont des déclarations officielles attestant qu’un livre ou un livret ne contient pas d’erreurs

ImPrI maTu r

10 avec le cœur de l’Époux : le sacerdoce ministériel 11 la transfiguration du monde : les sacrements 12 lumière et silence : un journal intime eucharistique

Cardinal Donald Wuerl

doctrinales ou morales. Cela n’implique

Archevêque de Washington

pas que les personnes qui ont accordé le

13 libres en vue de quoi ?

nihil obstat et l’imprimatur sont d’accord avec

14 la justice : De la dignité du travail

le contenu, les opinions ou les affirmations

15 la justice : l’Évangile de la vie

archidiocèse de Washington

4ème

Pa rTI e

« a Ime r

eN aCT e e T eN vÉ rITÉ

»

qui y sont exprimés. 5ème I m a g e De l a C O u v e rT u r e

:

Icône de la sainte Famille. la main du Père envoie l’esprit saint sur la famille, avec le Fils de Dieu au milieu. l’icône, située dans les bureaux du

Pa rTIe

« Il

NOu s a a ImÉ s Ju squ ’ au BOuT

»

16 la dignité de la personne souffrante 17 « regardez ! J’étais mort et me voilà vivant… » : la mort et la vie éternelle

Conseil pontifical pour la famille, à rome, en Italie, a été effectuée par le père marko Ivan rupnik sJ et les artistes du Centre aletti en 2012.

a NN e Xes : O u TIls

POur l a NOuv e lle Éva NgÉlIsaT ION

a la beauté de la sainteté : l’art sacré et la nouvelle évangélisation © Pontificium Consilium pro Familia. avec son aimable autorisation.

B la technologie et la nouvelle évangélisation : Critères de discernement


#7

Série sur la nouvelle évangélisation

« L’avenir de l’humanité passe par la famille » — Pape Jean-Paul II

#7

Série sur la nouvelle évangélisation

À l’image de l’amour : Le mariage, la famille et la nouvelle évangélisation Carl A. Anderson & Michelle K. Borras

servICe D’INFOrmaTION CaTHOlIque

Par le sacrement du mariage, l’amour de Dieu demeure dans l’amour des époux, le guérissant, le transformant et le plaçant au centre de la mission de l’Église. Dans un monde affamé de véritable communion, de fidélité et de pardon, la famille est au cœur de la nouvelle évangélisation.

Catholic Information Service® Conseil suprême des Chevaliers de Colomb

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203 752 4267

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cis@kofc.org

www.kofc.org/informationcatholique

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