Kiblind 50

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Kiblind magazine présente

© Photo : thomas Chéné pour Klar

« en Couverture »

50 artistes en live / 5 ateliers le 11.10.14 de 14h à 23h la Gaîté lyrique - Paris


CO UV E RT U R E Sans-titre (création originale)

Après avoir passé 49 numéros à offrir sa une à des artistes, illustrateurs, graphistes, photographes, plasticiens et autres talents, Kiblind a choisi de laisser celle du numéro 50 à ses lecteurs. C'est donc paré d'une couverture immaculée qu'il se présente aujourd'hui au monde, avec la bonne intention d'en faire profiter un maximum de gens. Kiblind est ainsi fier de vous annoncer la tenue d'un concours sur sa couverture, ouvert aux étudiants et aux amateurs, dont les modalités ont été fignolées par cinq artistes de notre cœur, les cinq parrains et jurés du concours : Jean Jullien, Guillaumit, Benoît Bodhuin, Guillaume Chauchat et le collectif Nyctalope. Ceuxlà ont en effet créé chacun leur propre chemin pour remplir cette page blanche. 5 modes d'emploi, 5 façons de créer votre couverture vous sont proposés en vue de remporter des prix de rêve. En voici la teneur. JEAN JULLIEN :

Téléchargez le modèle qu'il a réalisé pour le n°50, sur kiblind.com et créez le motif de la couverture de vos rêves. Collez votre image sur notre couverture (p.22-23) : À partir de trois couleurs obligatoires (rouge, gris, jaune), créez en vectoriel 9 petits modules et une grande forme qui donnera corps au résultat final. Téléchargez sur kiblind.com l'application créée spécialement afin de voir les petits modules se rassembler par couleur et former ensemble la réalisation finale. Collez votre image sur notre couverture (p.24-25) GUILLAUMIT

BENOÎT BODHUIN : Faites-vous plaisir : gribouillez sur la couverture ! Remplissez en-

suite les espaces créés à l'aide d'éléments iconographiques de votre choix. (p.26-27) GUILLAUME CHAUCHAT : Concoctez la couverture qu'il vous siéra à l'aide des ingré-

dients suivants : un dessin à la ligne, un motif, un élément modelé (à l'aide d'une trame hachurée), un aplat de noir et un ou plusieurs aplats de couleur. Avec un feutre noir ou à l'encre de chine. (p.28-29) COLLECTIF NYCTALOPE : Il s'agit là

de réaliser une couverture au feutre, mais avec la petite contrainte d'utiliser des calques de couleur (jusqu'à trois couleurs, grammage 100 maximum).  (p.30-31) Retrouvez le règlement du concours sur WWW.KIBLIND.COM ou sur demande à CONCOURS@KIBLIND.COM. Envoyez-nous vos couvertures à KIBLIND MAGAZINE - 8 RUE MYRHA - 75018 PARIS. Sinon, si la compétition vous débecte et que vous êtes contre les diktats, vous pouvez toujours nous envoyer vos productions personnelles, ça nous fera plaisir.

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ÉDI TO - SOMMA IRE

DATA

Blanc. Comme neige, de l'œil ou cassé, le blanc partout, jusqu'à l'album, colore le monde. Mélange équilibré des trois couleurs primaires, il est le symbole de la Pureté, de la Lumière, du Grand Tout. Kiblind s'y frotte maintenant depuis 10 ans, en proposant à chaque numéro 12 redoutables « Pages Blanches » à quelques chevaliers des arts visuels. Parce que la page blanche reste le lieu de création par excellence. Vierge, pure et infinie, elle est le commencement de l'art, rien que ça. Comme un symbole, pour son 50e numéro, c'est sa couverture que Kiblind transforme en espace de création. À l'aune de ses 49 précédentes unes qui sonnaient comme des manifestes d'amour à la culture visuelle, Kiblind a décidé de rendre cette vitrine à ses lecteurs. Pour que chacun puisse enfin tirer la couverture à soi. Mais le magazine dans son ensemble fera la part belle au blanc, métaphore des idées lumineuses. Ainsi, blanc fut le Magazine d'Angelo Cirimele. Blanc fut ce festival doux et piquant du Pays Basque, et sera cette journée gaie et lyrique d'octobre à Paris. Blanche sera la tendance mode de cet hiver, et les différents festivals de l'automne. Blanche, enfin, est cette couverture qu'on vous prie de remplir par tous les moyens possibles.

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Texte : M. Sandjivy

— LIVRES EN COUVERTURES

PO RT RA IT

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PAG ES B L A NCH ES

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JEAN JULLIEN 22-23 GUILLAUMIT 24-25 BENOÎT BODHUIN 26-27 GUILLAUME CHAUCHAT 28-29 COLLECTIF NYCTALOPE 30-31

Blanche comme le château, Où flotte l'étendard notre drapeau.

STAFF Directeur de la publication : Jérémie Martinez Rédacteurs en chef : Jean Tourette  - Gabriel Viry - Jérémie Martinez Rédacteur en chef Mode : Baptiste Viry

Rédaction Kiblind : Maxime Gueugneau Gabriel Viry - Jean Tourette - Jérémie Martinez Olivier Trias  - Simon Bournel-Bosson Matthieu Sandjivy - Marlène Cottin - Margot Chauvin. Cahier Mode : DA / Baptiste Viry  - Assistante / Alizée Lagé Photographe / Thomas Chéné - Styliste  / Alix Devallois.

Relecture : Frédéric Gude  Merci à : Baptiste Alchourroun Simon Chambon‑Andreani - David Chauvet Perrine Hériot - François Huguet - Eugénie Thévin Robin Thomas - Benjamin Mira - Maxime Mouysset Basil Sedbuk - Pierre Serafini. Direction artistique : Klar (www.agence-klar.com)


REVUE DE PR ESS E

R ÉCL A ME

— SUR LA ROOT

— L'ÉCOLIER BIC

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14 R EPO RTAG E G RA PH IQ UE

18 — BALÉAPOTES

DOSSI ER

CA H IER MO D E

— TIRER LA COUVERTURE

— MOON

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41 CD I

55 — ASPIRATION 55 BIBLIOTHÈQUE 56 CHANMÉ 57 FAMILLE 58

MAINTENANT 59 FUTURISME 60 GRANDIOSE 61 SOLITAIRE 63

INFOS Le magazine Kiblind est imprimé sur papier Fédrigoni par  : DEUX-PONTS Manufacture d'histoires - 5, rue des Condamines 38320 Bresson - www.deux-ponts.fr Il est édité à 40 000 exemplaires par Kiblind Édition & Klar Communication. SARL au capital de 15 000 euros - 507 472 249 RCS Lyon .

Kiblind Magazine - 27 rue Bouteille - 69001 Lyon  04 78 27 69 82  - www.kiblind.com  Le magazine est diffusé en France (à Paris, Lyon, Marseille, Montpellier, Bordeaux, Toulouse, Rennes, Nantes, Lille, Strasbourg, etc.) et à Bruxelles. Ce numéro comprend un cahier supplémentaire de 32 pages pour la région Rhône-Alpes.

ISSN : 1628-4146 // Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. THX CBS. Album blanc pour nuits blanches. Contact : redaction@kiblind.com


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DATA Sujet : Eugénie Thévin & Perrine Hériot Graphisme : Benjamin Mira & Maxime Mouysset



R EV UE DE P R ESSE Texte : M. Gueugneau

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SUR LA ROOT PRENDRE LA PRESSE POUR CE QU’ELLE EST : UNE SOURCE D’INFORMATIONS ET D’INSPIRATIONS. PROFUSION DE SAVEURS DE NOS PARUTIONS NATIONALES, SOUS LA FORME D’UN COURT RÉCIT, RÉSULTAT DU FUMET DÉGAGÉ PAR NOS LECTURES.

01. AAARG ! n°5  Mi-Août/Mi-Octobre 2014 www.aaarg.fr

02. EXCALIBUR n°73 Juin/Août 2014 www.crepin-leblond.fr

03. HIER EN FRANCE n°2 Juillet/Août 2014 www.hierenfrance.fr

Je suis un ado, j'ai 36 ans. Et j'aime ma mère. « Dans ces conditions, il peut être salvateur de faire montre d'autodérision. » 08 Mais j'ai plutôt choisi le dramatique. Comme toute bonne personne qui en a marre de sa vie, j'ai construit un autel psychique à Jack Kerouac, et j'ai pris la route. J'ai d'abord quitté mon job, une purge. « L'expert en communication politique est souvent entouré d'un halo suspect ou d'éloges inconsidérés ». 05 Moi, j'étais surtout une piètre personne, persuadé que les gens sont des bœufs, « un arriviste aux dents longues, snob et méprisant plus que de raison. » 01 Le genre de gars qui œuvre pour le mal, sans mauvaise conscience ; le genre de ceux qui gagnent toujours à la fin. J'en ai rencontré des communicants idéalistes, « leur souhait était d'aller vers les autres, d'écouter ce qu'ils avaient à dire, en un mot, d'être, eux aussi, des ''passeurs''. » 03 Ils n'ont jamais rien accompli. Parce que, quoiqu'on dise, « la colombe n'a pas l'énergie du corbeau. » 06. Ils ont simplement oublié que « l'humiliation des autres est la nécessité la plus forte de l'espèce humaine. » 04. C'est comme ça, « certains boulots ont un arrière-goût de pisse. » 09. Puis j'ai quitté ma femme. Parce que, comme tous les cons, je me suis dit que l'herbe était plus verte ailleurs. J'étais comme eux, à suivre l'adage débile : « si tu aimes butiner, assure-

toi que la fleur est fraîche comme la rosée. » 01 Et je trouvais qu'elle avait les seins qui tombaient, alors bon. Je me suis dit que moi aussi j'avais droit à ma Nicki Minaj, à ma Rihanna, à ma Jennifer Lawrence. « Les adeptes de ces nouvelles idoles se comptent par millions. » 08, je vois pas pourquoi j'en aurais eu honte. J'ai enrobé ça d'une soi-disant quête spirituelle, d'une émancipation factice sur les routes d'Europe. Et je me suis retrouvé en Italie, pour moi, pour elles, et parce que j'en avais ras le bol d'à peu près tout et une grosse envie de b-----. *** Sur le chemin du retour, « le train filait à travers les Apennins, de Foggia à Naples. De là, j'aurais à prendre une correspondance qui m'entraînerait de Rome à Livourne. » 04 Ça m'a laissé le temps de me dire que j'avais bien flouté tout le monde – y compris moi – sur ce parcours initiatique. Chez moi, ils attendaient que je devienne le fils de chien que je devais être, et moi j'ai voulu changer. Au final je crois juste que « je trouvais divertissant de faire exactement le contraire, histoire de les décontenancer, de les déstabiliser. » 05. Mais j'ai vite déchanté, la vie de bohème est beaucoup trop loin de mes besoins. Problème, je déteste avoir tort, du genre «je n'arrive pas à communiquer ; je vais mourir empoisonné ; mais j'ai raison ! » 05


04. HIPPOCAMPE n°17 Juillet/Août 2014 www.revue-hippocampe.org

« CE QUI EST TROUBLANT, C'EST QUE L'ON RETROUVE DANS UNE QUEUE DE BILLARD DE NOMBREUSES SIMILITUDES AVEC LE COUTEAU. » EXCALIBUR, n°73, Juin/Août 2014

Au début, je me suis mis à suivre les principes de Kerouac : « selon lui, l'homme a besoin de se réconcilier avec la nature, tout comme l'écologie a besoin de spiritualité pour aider le monde à changer. » 06 J'ai parcouru les champs, les bois, les forêts, à la recherche de ce qu'on appelle la nature. Dans une espèce de style « les arbres, c'est bath ! Et la guerre c'est mal. » 01 Tout compte fait, c'est pas vraiment mon truc. J'ai alors bifurqué vers un de ces petits bourgs qui font le charme de l'Italie, Colomeri, où la dépression se dispute avec un soleil étouffant. « Depuis quelques centaines de kilomètres, les paysages ont aussi commencé à changer. »03 Fini les collines verdoyantes et les petites maisons bucoliques, place au monde idyllique des villes en décomposition. « D'où leur étrangeté : celle d'un monde en friche, laissé à l'abandon, où plane l'inquiétante permanence de la pierre, du béton et du plâtre ; leur inquiétante fragilité aussi. » 08 L'écriteau à l'entrée de Colomeri indiquait : « Gens d'ici et d'ailleurs, profitez de la belle saison pour venir découvrir ce témoin d'une industrie disparue dans son écrin de végétation intacte. » 02. L'industrie disparue, je l'ai bien sentie, l' « écrin de végétation », un peu moins. L'automne sans doute (note à moi-même, à l'avenir « nous devrons parfaire notre usage de novembre. » 04). J'ai fait des efforts, « je me suis intégré à cette communauté, j'ai vécu comme eux, aussi misérablement qu'eux » 07 Ce qui devait arriver arriva, je me suis terré dans le rade le plus crade de la ville, en attendant que quelque chose se passe. J'ai pas été déçu. J'y ai rencontré Georges. « Georges est un ancien banquier légèrement austère

05. INA GLOBAL n°2 Juillet/Octobre 2014 www.inaglobal.fr

qui parle les deux mains croisées sur le ventre. »08 Oui, mais Georges, il a pas l'alcool facile. J'aimerais être un de ces mecs sympas dont j'ai parlés plus haut, « j'aimerais ne pas avoir de frontières mentales, et capter tout ce qu'il y a à recueillir » 09 des autres individus. Oui, mais comme beaucoup Georges est un sale con. Un jour, je le lui ai dit. Je faisais le malin, je croyais avoir affaire à un vieux poivrot « et je me retrouvais en face d'une sorte de jeune homme. » 07 Et « avant même le corps, j'ai vu les bois s'avancer posément. » 04. « Ce qui est troublant, c'est que l'on retrouve dans une queue de billard de nombreuses similitudes avec le couteau. » 02 Comme celle de vous amocher méchamment. Rassurez-vous, je ne suis pas mort. Du moins pas vu de l'extérieur. J'ai simplement coupé court à ce qui n'était qu'une mascarade. Je suis né pour être malin, cynique et individualiste. Je suis né pour être ce Satan que les gens de bien aiment à rosser à coup de queue ou de n 'importe quoi d'autre. Georges était-il un hasard ? « Un hasard peut-être mais le hasard n'est-il pas le nom d'emprunt de la providence pour passer inaperçue ? » 06. Dieu ou peu importe son nom m'a refoutu dans l'enfer des éléments de langage et des photos tout sourire avec maman. De tout ça, j'ai appris un truc. Dans la vie « ce n'est pas forcément ''le nouveau'' qui résonne le mieux. Bien au contraire, c'est plutôt ce qui se répète avec une variation mineure. » 05 Maintenant je conseille des gens de droite et je le vis bien.

RETROUVEZ LA SÉLECTION EN DÉTAIL SUR WWW.KIBLIND.COM

06. LE MONDE DE LA BIBLE n°209 Juin/Août 2014 www.mondedelabible.com

07. PORTRAIT n°1 Printemps 2014 www.larevueduportrait.com

08. PULP n°3 Automne 2014 www.revue-pulp.fr

09. T!ND LA REVUE n°2 Été 2014 www.tind.fr


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R ÉC L AME Texte : J. Tourette Visuels : ©Société BiC

L’ÉCOLIER BIC DROIT COMME UN « I » ET LA TÊTE BIEN RONDE, L’ÉCOLIER DE BIC A CONSERVÉ D’UNE GÉNÉRATION À L’AUTRE SON COSTUME D’ÉPOQUE. RETOUR SUR L’ORIGINE D’UN PERSONNAGE QUI EST PASSÉ ENTRE TOUTES LES MAINS, AVEC OU SANS BUVARD.

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ares sont les marques à être entrées malgré elles dans le dictionnaire des noms communs. Du Scotch® au Kleenex®, en passant par le K-Way ®, certaines enseignes jouissent d’une telle notoriété sur un marché déterminé qu’elles en occultent sémantiquement toute la concurrence. L’étudiant en Lettres, pour qui l’usage d’un BiC® est par ailleurs très fréquent, écrirait « antonomase » pour définir cette figure de style par laquelle un nom propre se retrouve utilisé comme un nom commun. Et il en va de même pour la marque de l’écolier à tête ronde, empruntée très couramment pour désigner n’importe quel stylo à bille. « Abusivement », précise le Larousse, précisément entre bibracte et bicaméral. Pourtant, le premier stylo à bille n’était pas un BiC. Lorsque Marcel Bich lance en 1950 la commercialisation de son célèbre outil d’écriture, il a préalablement racheté le brevet du Hongrois László Biró. L’industriel français avait en effet saisi l’avenir que pouvait avoir cette invention dans la vie quotidienne, face à l’encombrement et la délicate maniabilité du porte-plume. Son objectif était d’améliorer, de simplifier et – surtout – de démocratiser cet instrument encore onéreux, pour en faire un produit accessible à tous. Plusieurs années d’études et d’ingénierie poussées furent alors nécessaires pour fixer la forme et les composants de cet article de pointe, capable ensuite d’être produit en masse, puis commercialisé : le BiC-Cristal.

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Pratique, utile et populaire, le stylo de celui qu’on nomme aussi le baron Bich remporte immédiatement un immense succès. Et si cette réussite est largement due à l’effort consacré à la qualité technique de l’objet, elle doit beaucoup à l’investissement dédié à sa communication et sa publicité. Marcel Bich veut avant tout que sa marque soit à l’image de son stylo : simple et efficace. Il choisit alors de la baptiser avec les trois premières lettres de son nom, qui présentent l’avantage non négligeable de former un logo court, visible et prononçable dans toutes les langues, puis les circonscrit dans un parallélogramme rouge. Ensuite, il soigne sa réclame, en faisant appel à des artistes renommés : l’illustrateur Pierre Couronne, le dessinateur Jean Effel, puis particulièrement le célèbre affichiste Raymond Savignac, qui signera les publicités BiC pendant plus de vingt ans. La collaboration avec Savignac occupe en effet une place à part dans l’histoire de l’entreprise et le développement de son image. Dès 1952, il participe à la campagne « Elle court, elle court, la pointe BiC »01 et prête à la marque son trait simple et précis, synthétique et drôle. « Savignac avait su capter l’essentiel, raconte Claire Gérard, Directrice de la communication chez BIC : un message simple, efficace et percutant, qui correspondait précisément à ce que Marcel Bich souhaitait pour son image. » Le président de la société n’est d’ailleurs pas le seul à apprécier le travail du dessinateur, car la campagne reçoit la même année le premier Oscar de la publicité… D’autres dessins re-


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marqués suivirent les messages de la marque : « Écriture souple » 02, pour le lancement du stylo M10 en 1956 ; « Est-ce un vrai BiC ? » 03 en 1959, pour riposter face à la concurrence ; et « Encre à réaction » 04 en 1960. En 1961, BiC lance sur le marché un stylo avec une nouvelle bille en carbure de tungstène, ce qui représente une innovation majeure dans la composition de son stylo-bille : « Marcel Bich voulait une campagne de communication spécialement centrée sur la nouvelle bille, poursuit Claire Gérard. C’est alors que Savignac a eu l’idée du petit écolier à tête de bille. 05 Le personnage a tellement plu qu’on a décidé alors de le placer à côté des 3 lettres de la marque. Pour voir… Et la mascotte est née ! » À partir de cette date, l’écolier n’a en effet plus quitté le logo et est enregistré à titre de marque à côté du nom de la société 06. « La couleur orange (Pantone 1235C) est venue s’ajouter naturellement au logo, car c’est celle qui avait été choisie pour distinguer les stylos équipés de la nouvelle bille. De plus, c’est une couleur positive, chaleureuse et visible. » Mais pourquoi Savignac a-t-il choisi un écolier pour présenter ce nouveau

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produit, alors que le stylo à bille ne sera finalement admis à l’école que quatre ans plus tard ? Nul doute que le marché scolaire devait représenter pour la société une ouverture conséquente, ce qui se précisera en effet en 1965 lorsque les élèves pourront enfin abandonner la plume. Et même si les buvards étaient déjà largement utilisés par BiC comme support de publicité à l’école, cela ne semble pas être la raison principale qui ait motivé le dessinateur, assez peu versé dans l’offensive commerciale. Savignac aimait mettre en scène les objets et centrer son travail sur le thème principal des campagnes : « En matière de communication visuelle, expliquaitil, une idée n’est bonne que si on peut la dessiner et que le graphisme lui fait rendre tout son jus. Une de mes grandes préoccupations est de donner un rôle au produit commercial que je dois représenter. Il faut qu’il cesse d’être un objet insolite et surajouté au dessin comme c’est le cas dans la plupart des images. Il faut qu’il devienne acteur et donne la réplique. » Alors finalement, quoi de plus naturel pour mettre en scène la bille, qu’un écolier dont la passion pour ce jeu est proverbiale… La légende raconte d’ailleurs à ce propos que László Biró aurait eu l’idée de

sa géniale invention en regardant des enfants jouer aux billes. Quant à la tête, Savignac avait une maîtrise suffisante de l’argot pour savoir qu’elle s’y traduisait par « bille ». Et de « bille de clown » à « bille en tête », le chemin de l’école est vite trouvé. Tout le monde aimait la nouvelle mascotte de BiC. À tel point que lorsque l’écolier s’est retrouvé sur des briquets, en 1973, puis sur des rasoirs, en 1975, personne n’a été choqué ! « On a continué à utiliser le logo, même sur des produits pas destinés aux enfants, sans que cela n’offusque personne, conclut Claire Gérard. Tout simplement parce que l’image de la marque allait au-delà de la figure de l’écolier et qu’elle signifiait autre chose : pratique, de qualité, pas cher, objet du quotidien qui vous facilite la vie. » Que ce soit sur stylos, feutres, briquets, rasoirs, parfums, téléphones ou même planche à voile, l’écolier de BiC a poursuivi sa route au côté de la marque, au fil des décennies et dans toutes ses déclinaisons, sans bouger d’un iota. Et si la lettre grecque est dépourvue de point, le « i » minuscule qui siège au centre de la marque expose fièrement le sien, bien rond, comme une bille.



MAGAZINE

P O RT RA IT Texte : J. Martinez Visuel : Magazine

MAGAZINE EST NÉ D'UNE « MAUVAISE » IDÉE DOUBLÉE D'UNE BELLE INTUITION. DE CETTE JOLIE BÂTARDISE APPARUT EN 2001 UN VÉRITABLE « RÉSERVOIR DE FORMES » TÉMOIN DU TEMPS QUI SE PRESSE, ET NAVIGANT DANS LES EAUX TROUBLES DES « INDUSTRIES CRÉATIVES ». LA SORTIE D'UN DOUBLE LIVRE ANNIVERSAIRE ÉTAIT L'OCCASION D'ÉVOQUER AVEC SON CRÉATEUR , ANGELO CIRIMELE, LA VRAIE VIE DE MAGAZINE.

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n octobre 1999 paraît le premier numéro de Magazine, à l'origine gratuit et à la couverture simplement signée du nom sur laquelle vient s'ajouter une photographie. Initié par Angelo Cirimele, YorcoTloupas et Alexandre Thumevelle, le projet d'édition oscille à ses débuts entre deux ambitions éditoriales : catalogue ou véritable magazine. Délesté en 2001 de sa fonction liée à la galerie Ofr, il s'affirme comme un titre de presse à la ligne nombriliste. Car Magazine parlera de magazines. Il traitera du « milieu » de la mode, d'art et de design graphique, en usant de formes originales. À partir de l'automne 2011, sous la coupelle du duo formé par le philosophe de formation Angelo Cirimele et le créatif YorcoTloupas (créateur des magazines Crash et Intersection, et récemment DA de Vanity Fair France), Magazine expérimente. Bimestriel, gratuit et distribué à près de 30 000 exemplaires dans une sélection de lieux dédiés à la création, ce précieux gratuit va vite se faire remarquer. Après 12 numéros, le binôme décide de confier à chaque parution la direction artistique de l'ouvrage à un studio graphique différent : « L'idée de Yorgo était de faire circuler cette formule de main en main. Pas de logo défini, une grille, une couverture avec une photo rectangulaire et chacun pouvait s'amuser : une carte blanche en forme de magazine ». Pour la première, en décembre 2001, ce sera Antoine & Manuel ; puis, neuf ans durant, de nombreux graphistes de talents se prêteront à l'exercice : H5, Leslie David, Ill studio, Surface to air, de Valence, etc. À l'automne 2010, lassé par le système de diffusion du gratuit, Angelo Cirimele fait mué son titre en magazine payant. La direction artistique revient dans les mains du compagnon de toujours Yorgo Tloupas, et depuis août 2012 dans celles son ancienne assistante, Charlie Janiaut. Si Magazine a constamment changé d'apparence, il a toujours conservé son essence : être un « réservoir de formes », un miroir du monde de la création et de la communication. La direction éditoriale portée à bout de bras par Angelo Cirimele s'appuie sur « une équipe de contributeurs immergés », de « gens complets » aux existences multiples œuvrant dans différents domaines de la création ou la communication (critiques d'art, chroniqueurs, chercheurs, etc.).

Magazine mêle ainsi interviews en off de référence « du milieu », qui confient anonymement leurs riches expériences dans le métier, analyses pamphlétaires de logos et autres identités visuelles marquantes, explications des habitudes lexicales du secteur, séries modes expérimentales, etc. Mais surtout, Magazine traite de magazines, et ce depuis 15 ans. Témoin aux premières loges de l'évolution de la presse, Angelo Cirimele a choisi aujourd'hui de s'appuyer sur les qualités intrinsèques de l'objet papier, se refuse d'organiser des soirées brendées à chaque parution, évite de multiplier les interventions sur les réseaux sociaux et s'appuie sur une infime quantité d'annonceurs. Pour faire un magazine, uniquement. Depuis sa formule payante, Magazine a inversé son principe de couverture. À l'origine, c'était une page blanche marquée d'un logo noir qui accueillait une photo. Aujourd'hui, c'est une photo pleine page recouverte d'un sticker-logo qui incite au détachement. Une couverture de couverture, un magazine de magazines. MAGAZINES LIST PAR ANGELO CIRIMELE : - THE GENTLEWOMAN - ELLE COLLECTIONS - POP - 032C - GARAGE - DOUBLE

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R EP ORTAG E G RAPH I Q U E Texte : M. Gueugneau Visuel : S. Bournel-Bosson


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PAGES B L AN C H ES

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— JEAN JULLIEN en Couverture 1.1 www.jeanjullien.co


— JEAN JULLIEN en Couverture 1.2 www.jeanjullien.co


— GUILLAUMIT (avec Yann van der Cruyssen) en Couverture 2.1 guillaumit.tumblr.com


— GUILLAUMIT (avec Yann van der Cruyssen) en Couverture 2.2 guillaumit.tumblr.com


— BENOÎT BODHUIN en Couverture 3.1 www.bb-bureau.fr


— BENOÎT BODHUIN en Couverture 3.2 www.bb-bureau.fr


— GUILLAUME CHAUCHAT en Couverture 4.1 www.guillaumechauchat.com


— GUILLAUME CHAUCHAT en Couverture 4.2 www.guillaumechauchat.com


— COLLECTIF NYCTALOPE Marion fayolle | Matthias Malingrey | Simon Roussin en Couverture 5.1 http://nyctalope-magazine.blogspot.fr


— COLLECTIF NYCTALOPE Marion fayolle | Matthias Malingrey | Simon Roussin en Couverture 5.2 http://nyctalope-magazine.blogspot.fr


DOSSIER Texte : G. Viry Visuel : Baptiste Alchourroun

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TIRER LA COUVERTURE —

UNE COUVERTURE DE MAGAZINE A VOCATION À DISPARAÎTRE, AUSSI VITE QUE LA SUIVANTE APPARAÎT. ET POURTANT, CERTAINES SONT PROGRAMMÉES POUR RESTER. PETITE ESCAPADE, SOUS LA COUVERTURE, OÙ TOUTES LES GALIPETTES SONT AUTORISÉES, ENTRE RACOLAGE PASSIF ET JEU DE SÉDUCTION ARTISTIQUE. DE NEW-YORK À PARIS, ON S'Y BLOTTIT...


«

Prends l'oseille et tire-toi », « Notre mur des cons », « Dégage ! ». Malgré les apparences, cette scène ne se déroule pas entre deux tirages de rapido, mais dans un couloir imprimé de la République : celui du magazine Marianne. Fondé en 1997, l'hebdomadaire s'est toujours illustré par des couvertures sans concession, dès le premier numéro : « Dassault, l'empereur tricolore de la corruption ». Malgré une première vie à succès, dans les kiosques, le magazine n'est pas la meilleure chambre d'hôtes, pour la publicité ; combinée à une baisse généralisée des ventes, cela expliquerait l'accumulation de couvertures sur-vitaminées, qui font partie de l'identité de Marianne, mais semblent aussi s'inscrire dans un phénomène plus large. Au début de l'été, par exemple, L'Express s'est ainsi fait remarquer avec sa couverture Terminator, consacré à un très bon client (Sarkozy), comme un bon souvenir des 125 millions de magazines, tous titres confondus, que les unes sur l'ex-Président auraient aidé à vendre, entre 2006 et 2012. Le « Hollande bashing » a

pris ensuite le relais, parallèlement aux autres marronniers, Francs-maçons, classement des hôpitaux, immobilier, etc. Pourtant déplorée par Christophe Barbier, directeur de L'Express, la « jurisprudence du cholestérol » ferait ainsi la loi en tête des news magazines français. En février 2013, le magazine change en effet sa couverture, à la dernière minute, suite à la démission du Pape ; mais le numéro fait un flop alors que Le Nouvel Obs, qui n'a rien bougé, cartonne avec sa « vérité sur le cholestérol »... A quoi sert une couverture de magazine? C'est un extrait de son identité et un teaser, dont la fonction promotionnelle n'a cessé, historiquement, de s'élargir, avec la prolifération de l'offre et l'érosion continue de la diffusion. « Il ne faut pas oublier que l'âge d'or des magazines, c'était les années trente !, rappelle Françoise Mouly, l'incontournable directrice artistique du New Yorker. Après, ils ont été remplacés visuellement par la télévision, puis Internet ». Selon elle, cet âge d'or était aussi celui des couvertures, alors moins sujettes aux enjeux commerciaux. « Il y avait plein de couvertures dessinées, plein d'artistes, de très jolies choses... ». Pour Clément Buée, designer graphique, contributeur d'Etapes. com et auteur d'un blog sur le design éditorial, l'évolution des couvertures est aussi une histoire de conquête spatiale : « Certains pays, notamment anglo-saxons, ont davantage le sens de l'image dans l'édition. Les couvertures en sont le reflet, dans le livre comme dans la presse : il suffit, par exemple, de voir ce que fait le groupe Penguin, en termes de photo ou d'illustration, par rapport à Hachette ! Il existe vraiment une culture de la couverture ; les références viennent plutôt de l'étranger, même si certains médias français ont su l'adopter. » Fondé par Jaap Biemans, le site CoverJunkie est la Bible des couvertures de magazines et une sorte de curseur, en temps réel, de la créativité mondiale en la matière. Il référence plusieurs centaines de titres, avec une offre considérable de couvertures, classées par genre, popularité ou par « Kate Moss covers ». Seule une vingtaine de médias français y est recensée (dont Kiblind) et un seul magazine d'actualité : M. A l'inverse, les grands magazines américains sont sur-représentés (The New Yorker, Life, Time, Esquire), accompagnés d'une multitude de titres spécialisés, pas uniquement dans les champs créatifs. Le très sérieux Bloomberg Businessweek fait ainsi partie des titres omniprésents, avec son mélange d'humour, de provocation et de palettes graphiques. Pour évoquer la « Pikettymania », par exemple, sa couverture reproduit les codes de la presse adolescente en s'ornant de bouches en cœur, de gros bisous et d'une surprise à l'intérieur : « Ooh la la ! Somber French economist pics inside ! ». Challenges n'aurait jamais osé...

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FULL HD Une personnalité, à habiller ou déshabiller. Comme ailleurs, la formule fait partie des recettes préférées des Français. 4 couvertures, 4 tirages record.

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The New Yorker, en 3 couvertures mythiques : Art Spiegelman, Saul Steinberg, Barry Blitt.. www.newyorker.com

La couverture a une fonction intrinsèque de promotion. Elle est aussi, avant tout, une surface d'expression, éditoriale et artistique, cohérente avec l'identité du support. Au New Yorker, par exemple, les mythiques couvertures illustrées sont l'expression d'un auteur, avec toujours la même vocation : susciter le débat, sans un mot et sans photo. « Dans tous les cas, c'est l'artiste qui s'exprime. La couverture ne dit pas ce que The New Yorker pense, mais elle présente une situation, un débat, un dilemme. Même l'auteur ne prend pas forcément parti... » L'illustration reste la principale marque de fabrique du New Yorker comme elle l'a été, avant l'arrivée de la photo, chez les pionniers de la presse magazine. Les portraits de Time ont d'abord été dessinés, tout comme les figurines de mode, jusqu'en 1932, en couverture de Vogue. Si les procédés ont évolué, la couverture reste toujours une surface d'expression, utilisée par les éditeurs et sollicitée par les artistes. « Prenez Saul Steinberg, l'auteur de View of the World from 9th Avenue, une des couvertures les plus connues du New Yorker (1976) : il était ami avec Calder et plein d'autres artistes qui exposaient, mais a toujours été passionné par le fait d'être publié en couverture, car c'était beaucoup plus vu ». Ce fut aussi le cas de peintres célèbres, comme Dali, Picasso ou Miro, qui réalisèrent, chacun, des couvertures pour Vogue. En 1969, Andy Wahrol mis aussi en scène sa noyade, en couverture d'Esquire, dans l'une de ses fameuses boîtes Campbell's. Si la photographie est devenue une sorte de norme créative et universelle, en couverture des magazines, elle intervient comme les autres procédés créatifs : avec une extrême diversité et un rôle de passeur, entre étoiles montantes et chefs étoilés. « WAD a été un des premiers à concevoir ses couv' sans aucun texte, rappelle Julien Drapier, directeur artistique du magazine. Même la quatrième de couverture est intégrée au concept : dans le numéro Youth, par exemple, l'annonceur (Lacoste Live) est représenté à travers la goutte de sang qui tombe de l'oreille et rappelle son logo... ». Fondé en 1999, à Paris, WAD a acquis une notoriété internationale, basée notamment sur ses couvertures, tranchant avec les codes visuels alors en vigueur : « C'est un symbole du magazine : la couverture est toujours sur fond blanc, avec de la peau ou une partie du corps, mais jamais de regards. » Depuis


EN QUELQUES CHIFFRES -

1 MILLION

DIFFUSION HEBDOMADAIRE, EN NOMBRE D'EXEMPLAIRES, DU NEW YORKER.

« CERTAINS PAYS, NOTAMMENT ANGLOSAXONS, ONT DAVANTAGE LE SENS DE L'IMAGE DANS L'ÉDITION. LES COUVERTURES EN SONT LE REFLET, DANS LE LIVRE COMME DANS LA PRESSE MAGAZINE. »

1939

HITLER EST ÉLU « HOMME DE L'ANNÉE », EN COUVERTURE DE TIME MAGAZINE.

5,5 MILLIONS

CHAQUE SEMAINE, LA COUVERTURE FRANÇAISE LA PLUS DIFFUSÉE : CELLE DE TV MAGAZINE, À PRÈS DE 5,5 MILLIONS D'EXEMPLAIRES.

100

NOMBRE DE COUVERTURES DIFFÉRENTES TIRÉES PAR LE MENSUEL ANGLAIS EMPIRE POUR UN NUMÉRO SPÉCIAL SUR LES FILMS CULTES (2008).

500 MILLIONS DE DOLLARS

DOSSIER

CHIFFRE D'AFFAIRES DE VICE MÉDIA (2014), DONT LE MAGAZINE ÉPONYME EST RÉPUTÉ NOTAMMENT POUR SES COUVERTURES. LE GROUPE SERAIT ACTUELLEMENT APPROCHÉ PAR TIME WARNER ET VALORISÉ À 2,2 MILLIARDS DE DOLLARS : PRESQUE AUTANT QUE NEW YORK TIMES CO.

600 000

TIRAGE EXCEPTIONNEL DU CLOSER AVEC LA COUVERTURE HOLLANDE/GAYET (AU LIEU DE 330 000)

2012, Julien Drapier perpétue la tradition, en combinant ces ingrédients avec la thématique du numéro et plusieurs niveaux de lecture. WAD a ainsi participé à remettre l'œuvre au cœur de la couverture, à l'avant-garde d'une tendance qui consiste aujourd'hui à les épurer de tout superflu. Cela concerne la mode, mais aussi la presse d'actualité. « M a réussi le pari de sa couverture, commente Clément Buée, en alternant la photo et d'autres créations originales, comme l'illustration en N&B de Violaine et Jérémy, pour le numéro sur Napoléon ». Lancé en 2011, à la suite du Monde 2, puis du Monde Magazine, M est aussi un cheminement artistique, manifestement bien inspiré par le T du New York Times : la couverture est élaguée, concentrée désormais sur une seule image et l'intérieur multiplie les collaborations artistiques, avec Jean-Paul Goude ou les trublions de Toilet Paper Magazine. Référence absolue des créatifs, cette revue, créée en 2010, est justement connue pour ses couvertures troublantes, faites maison, à l'image de la prochaine livraison, prévue en octobre ; datée Décembre 1944, elle est co-brandée par M Magazine et exhibe une grande bouche ouverte avec 4 lettres inscrites sur les dents : SHIT.

À L'ŒUVRE Si les artistes sont attirés par les couvertures, les médias savent bien leur rendre, car la surface d'expression se mêle souvent à l'objet promotionnel. Rihanna, par exemple, se promène souvent nue ; mais quand on lui colle, en plus, un serpent, GQ fait savoir que l'idée vient de Damien Hirst, à l'occasion du 25e anniversaire du magazine. La signature du célèbre performer britannique trône d'ailleurs au cœur de la une. Le magazine anglais Wallpaper a aussi eu l'occasion de surfer avec des gondoles créatives, comme Philippe Starck et Karl Lagerfeld, tout en demeurant un titre référent en matière de performances artistiques, liées à l'objet-couverture. En 2009, par exemple, il s'invente l'expérience FAB40 (40 bonnes raisons de rester où vous êtes), à travers une création graphique découpée en 10 couvertures nationales. En 2012, 4 pays sont également à l'honneur, sur 4 éditions différentes, avec une incroyable série de l'israélien Noma Bar : chaque territoire est illustré à travers un symbole fort que l'artiste a pris soin de représenter, en peinture et en 3D, sur les

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FRANÇOISE MOULY DIRECTRICE ARTISTIQUE DE THE NEW YORKER, L'ÉPOUSE D'ART SPIEGELMAN N'A PAS ENCORE PERDU TOUT À FAIT SON FRANÇAIS, MÊME SI ELLE PARLE, ENCORE MIEUX, LE NEW-YORKAIS...

COMMENT « FABRIQUE-T-ON » UNE COUVERTURE DU NEW YORKER ? The New Yorker a plusieurs avantages, par rapport à n'importe quel autre magazine : les couvertures ne sont pas liées à ce qui se passe à l'intérieur et ne sont donc pas « prévisibles ». Parfois, c'est lié à un événement, parfois à l'air du temps et parfois à la propre tradition du magazine. Il y a donc tout un tas de références possibles, avec seulement deux éléments immuables : le logo, qui n'a jamais changé et la signature de l'artiste. Il s'agit d'un point de vue, exprimé de manière visuelle, car il n'y a pas d'autres titres. Même lorsqu'il s'agit d'un numéro spécial, nous ne mettons pas le thème : il faut que l'image soit son propre contenu. C'EST L'ARTISTE QUI PARLE, OU BIEN THE NEW YORKER ? A partir du moment où l'artiste signe la couverture, c'est lui qui s'exprime et l'équipe éditoriale est obligée de se rallier derrière. Certains peuvent ne pas être d'accord, mais ce n'est pas bien grave... Dans les faits, il y a toujours un lissage, lorsque c'est publié, car on peut entendre : « The New Yorker a dit ceci ». Ce fut le cas notamment avec la fameuse couverture d'Obama et sa femme, en islamistes, devant un portrait de Ben Laden. Il y a eu un petit cafouillage. Mais, au final, le public savait que c'était ironique parce que c'était justement la couverture du New Yorker. Imaginez la même image publiée par un autre magazine, qui ne soit pas autant de gauche: elle aurait perdu toute son ironie !

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QUE RECHERCHEZ-VOUS, À TRAVERS LES DESSINS ? Qu'ils suscitent le débat... Pour la dernière Fête des Mères, par exemple, on a publié une image représentant deux femmes assises sur un banc. La première est mince, habillée en noir, avec des talons hauts et un attaché case ; l'autre est bien en chair, couverte de petits enfants... On a reçu plein de messages de lecteurs, dont la moitié disait « comment osez-vous dire que les femmes devraient avoir des enfants ? » et l'autre disait : « comment osez-vous dire que les femmes devraient travailler? ». Or, la couverture ne dit pas ce que New Yorker pense et même l'artiste ne prend pas forcément parti. En résumé, les images ont un pouvoir de provocation du débat et un positionnement des artistes comme meneurs de jeux. Ce n'est pas du tout la trajectoire prise par les autres magazines : quand je parle à mes collègues DA, ils préparent un thème donné, puis cherchent à l'illustrer... COMMENT TRAVAILLEZ-VOUS AVEC LES ARTISTES ? C'est avant tout un dialogue. Concrètement, je leur envoie un calendrier et leur soumets des thèmes. Parfois, quand il y a quelque chose de pointu dans l'actualité, j'oriente la demande, comme récemment avec ce qui se passe dans le Missouri, car cela demande une réponse, une image précise. Après, je regarde tout ce qui m'a été envoyé ; il s'agit d'abord de croquis. Si on ne trouve pas une idée qui vaille la peine d'être exprimée, on n'est pas obligé de faire le sujet. Ce n'est pas le cas des magazines d'actualité qui n'ont souvent pas le choix d'en parler, ou pas. Nous, on a une grande liberté pour trouver et distiller ce qui nous est envoyé afin qu'il n'y ait que des choses qui en valent la peine. QUELLE PLACE ACCORDEZ-VOUS À LA CRÉATION DITE « ÉMERGENTE » ? Quand je suis arrivé, en 1993, The New Yorker s'était un peu fossilisé dans un style, qui se répétait d'année en année. Mon mandat était notamment de réveiller tout cela et d'attirer de nouveaux artistes. J'ai sollicité des auteurs que j'avais déjà publié dans RAW, comme Richard McGuire, Charles Burns, Robert Crumb, Jacques de Loustal, Lorenzo Mattoti. En parallèle, j'ai démarré d'autres artistes, qui m'avaient simplement envoyé leurs dessins et n'avaient jamais été publiés avant. C'est le cas d'Harry Bliss ou de Frank Viva. Et pratiquement tous les ans, depuis mon arrivée, j'en ai lancé 2 ou 3 nouveaux. En revanche, chaque fois que des nouveaux illustrateurs sont introduits, ça devient un dilemme de ne pas perdre les « anciens ». Je jongle et j'adore justement quand on peut alterner entre les générations. C'est très important, sachant que cette dynamique contribue également à aiguiller les autres. Quand quelqu'un de nouveau entre en lice, il y a un mouvement de rajeunissement de tout le monde... Françoise Mouly, Les Coulisses du New Yorker, éd. de La Martinière (2012) www.newyorker.com


DOSSIER

« AUJOURD'HUI, LES MAGAZINES DOIVENT SE DIFFÉRENCIER AU MAXIMUM DU DIGITAL ET DEVENIR DES OBJETS, AFIN DE FOURNIR UNE EXPÉRIENCE SENSIBLE. CELA PASSE NOTAMMENT PAR LA COUVERTURE. »

murs d'un atelier. A l'instar de Wallpaper, de nombreux magazines éditent plusieurs couvertures, souvent à l'occasion d'un anniversaire, d'un palmarès ou d'un portrait de célébrité. V Magazine en a fait, par exemple, une spécialité. Des créations originales, découpées en plusieurs couvertures, ont également été proposées par WAD ou The New Yorker. « Aujourd'hui, les magazines doivent se différencier au maximum du digital et devenir des objets, afin de fournir une expérience sensible ». Pour Angelo Cirimele, créateur de Magazine, élégante revue consacrée à la culture des magazines, cela passe notamment par la couverture. Après l'avoir confié à des DA en vue, différents à chaque numéro, Magazine décline désormais son identité sur un sticker coloré, repositionnable, qui laisse donc la possibilité d'interagir avec la couverture. Au-delà des interventions artistiques, la couverture-objet prend ainsi des formes infinies : en réalité augmentée (Esquire), en se pliant dans tous les sens (Novum), en se trouant d'une balle de tennis (revue Desports)... Même L'Equipe magazine s'est offert les services d'Anish Kapoor, en 2012, pour concevoir une couverture à monter, évoquant la Tour Orbit, emblématique des JO de Londres. Toutes ces couvertures consacrent l'objet, à la fois créatif et marketing, tout en réconciliant la légitimité du papier et les nouveaux médias : qu'il s'agisse d'une prouesse d'édition ou d'un ministre en marinière, le succès d'un magazine repose bien souvent sur la circulation de sa couverture... « La couverture de magazine, en tant qu'objet, est une véritable source d'inspiration, explique Michael Prigent, cofondateur du Parisianer. On est tous fan du New Yorker et on a commencé le projet avec un petit noyau d'illustrateurs pour tenter de faire aussi bien, en inventant un magazine imaginaire sur Paris ». Le support s'arrête en revanche à sa couverture, en lui confirmant ce nouveau statut d'œuvre d'art. L'aventure du Parisianer démarre, en 2013, par une exposition de 100 couvertures, à la Cité internationale des Arts, suivie d'une autre, à l'Hôtel de Ville de Paris. « Ca a très bien fonctionné et on a eu de nombreuses retombées. Même The New Yorker en a parlé ! » Pour les artistes participants, la couverture est à la fois la surface et le sujet de création, en dehors de tout vrai magazine, comme elle l'a été, par le passé, dans les Dali News ou dans les œuvres

de Scott King : en 2006, cet artiste anglais imaginait ses propres couvertures de Vogue, avec Top model en burqa et flamboyances méchamment policées (« Kirsten Dunst Says Bombs kills »). La création de fausses couvertures, comme sujet artistique, n'est donc pas nouvelle, mais The Parisianer l'inscrit dans un cadre créatif plus large, car ce sont elles qui inventent justement le magazine. Accompagné d'un petit groupe d'amis, Michael Prigent et Aurélie Pollet ont réussi à fédérer, autour de leur projet, la fine fleur de l'illustration émergente. « Même si certains sont largement reconnus, on travaille beaucoup avec les artistes pour aboutir à de vraies couvertures et éviter notamment les clichés parisiens ». Un pigeon qui défèque sur les passants ? Laissons-le à Marianne, qui n'aurait qu'à recycler quelques Unes : « Ca suffit ! », « La honte de la République », « Casse toi et vite ».

Trois couvertures inédites à paraître, avec 124 autres, dans le prochain livre The Parisianer, aux éditions 10/18. Automne 2014. www.theparisianer.fr

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MOON

CAHI E R M ODE

Réalisation : Baptiste Viry Photographe : Thomas Chéné Stylisme : Alix Devallois Assistant photographe : Clément Brandely Hair & Make-up : Pierre François @ Ann Ramirez Agency Model : Anais @ Just WM

Article : Perrine Hériot

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Chapeau # BAPTISTE VIRY | Chemise # COS  Chemise # UNIQLO+INES DE LA FRESSANGE | Jupe # AMERICAN APPAREL


Que d'a priori sur le blanc. Mettons les choses au clair : pour commencer, le blanc n’est pas une couleur mais un champ chromatique, ensuite les robes blanches ne sont pas réservées aux mariées, il n’existe pas qu’une seule nuance de blanc et oui, c’est tout à fait possible de porter du blanc en hiver sans être chasseur alpin en mission.

ns l’attitude et n. Tout était da et la taille qui ie R s. lle ei or les d’ haut s. Pas de bouc tre la jupe, le chez cs, pas de gant […] Il y a une flexibilité en sa et la dame de de ue s oq pa , Ép ux . lle es les Be El up la . co z es s lie le nu ub « Pas de bijo et les formes démodé. O les filles sont it ns e ra da qu , se te un on ce et si e , es ou ée nn la silh t l’impr e corset r. Ça do uger. Une taill s pour le soir. Elles donnen s de sequins, couleur chai it fa en nt so permet de bo ée les tweeds robes cage ent rebrod s us m le To re e . m tiè ls » ai en ne t. J’ s . on an be s ro ainten Maxim s traditi fait, ce sont de paradis, là, m a peu de tissu sont amples. En ça, on ne verrait rien. Il y traduire l’instant présent. Le SON DÉFILÉ PRINTEMPS-ÉTÉ 2014 Sans e de OPOS DE côté brillant. re a l’avantag RFELD - À PR KARL LAGE […] La Coutu des broderies.

Porter du blanc en 2014 : se montrer ou tout montrer ?

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Alors du blanc pour tous les jours, OK, mais sur quel vêtement, quelle coupe et quelle matière ? Ce serait bien trop facile d’être à la pointe de la mode en ne portant que des tee-shirts blancs basiques en coton. Les créateurs qui font les tendances chaque saison depuis des années ne rendent pas toujours ces dernières faciles à suivre pour tout le monde. Car pour eux, qui dit porter du blanc dit forcément mettre le paquet sur les accessoires et utiliser des tissus toujours plus originaux et…transparents. Oui, la transparence est la tendance du moment. Mais comme toutes les bonnes choses, il ne faut pas en abuser. N’est-ce pas Rihanna ? La reine de la provoc’ a porté lors de la cérémonie « The Council of Fashion Designers of America Awards » le 2 juin dernier une robe constituée de 200 000 cristaux Swarovski, et puis… c’est tout 01. C’est beau, ça brille, mais faut pas pousser.


Néanmoins, pour les personnes plus raisonnables qui s’en tiennent au tee-shirt blanc, les accessoires doivent être de mise. Et on parle pas ici de bracelets ou chapeaux en tout genre. C’est bien plus que ça. Chanel a par exemple misé sur les genouillères et les coudières pour son défilé printemps-été 2014 02. En bref, des accessoires qui ne passent pas inaperçu, quoi. On se demandait alors s'il vaut mieux attirer l’attention avec nos accessoires futuristes ou tout montrer en jouant la carte de la transparence ? 02

À travers une jupe en mousseline ou un tee-shirt ajouré, chacun a sa manière de porter la pièce blanche qui fera sensation. Pour certaines, il n’en fallait pas plus pour les inciter à dévoiler quelques-uns de leurs atouts physiques, dans des pièces semblables à ce maillot de bain palmier un peu transparent, so sexy 03. Mais transparent ne veut pas dire vulgaire, c’est ici tout l’intérêt de cette nouvelle mode, pouvoir porter des habits où on peut voir à travers sans tomber dans la provocation ou la vulgarité. L’important, comme expliqué précédemment, c’est de ne pas en faire trop. 03

Certaines marques viennent même agrémenter leurs créations de phrases-choc comme « Parental Advisory Explicit Content », ici choisie par Alexander Wang lors de son défilé printemps-été 2014 04, ça fait toujours son effet. Courtes, parfois drôles et toujours immédiatement compréhensibles, on ne compte plus le nombre de gens qui portent ce type de pièces à phrases accrocheuses.

En ce qui concerne les partisans de l’accessoirisation futuriste, qui aiment se faire remarquer à chaque occasion qui se présente, la « bonne » nouvelle c’est qu’il n’est plus nécessaire de porter des tee-shirts à fleurs ou des dents en or. Maison Martin Margiela (MMM) a pensé à tout : une petite cagoule intégrale et le problème est réglé. Cette année, il n'est plus question de maquillage ou de barbe bien taillée, le masque de MMM sera votre meilleur tape-à-l’œil, et on ne peut pas le nier, sachant que Monsieur West l’a porté lors de nombreux concerts tout de blanc vêtu pour parfaire le look 05.

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Et si le doute plane encore sur le fait qu’on puisse attirer tous les regards, juste habillé de blanc de la tête aux pieds, Samuel Yang propose des sneakers qui mettront tout le monde d’accord 06.

Le blanc, cette non-couleur indémodable, n’est pas prêt de rendre à court d’imagination les créateurs d’aujourd’hui et de demain. Car si pour l’instant la tendance du transparent habille la gent féminine, messieurs, c’est bientôt votre tour. Promesse de Maison Martin Margiela pendant son défilé été 2015 07.

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Chapeau # BAPTISTE VIRY | Pull # BENSIMON | Chemise # LA REDOUTE+JACQUEMUS


Chemise # CRÉATION ORIGINALE



Chapeau # BAPTISTE VIRY | Chemise # COS Chemise # UNIQLO+INES DE LA FRESSANGE  Jupe # AMERICAN APPAREL | Legging # AMERICAN APPAREL | Baskets STAN SMITH ADIDAS


Combinaison # CÉDRIC CHARLIER | Collier # CRÉATION ORIGINALE   Baskets # STAN SMITH ADIDAS


Basket # CRÉATION ORIGINALE


Chapeau # BAPTISTE VIRY | Pull # LA REDOUTE | Chemise # CACHAREL Pull # LA REDOUTE+JACQUEMUS



Blouse # CÉDRIC CHARLIER | Chemise # UNIQLO+JIL SANDER | Pantalon # LA REDOUTE+JACQUEMUS | Baskets # STAN SMITH ADIDAS


Chapeau # BAPTISTE VIRY | Top # MONOGRAPHIE   Top en tulle # MONOGRAPHIE | Jupe plissée # LA REDOUTE+JACQUEMUS  Jeans # KIWI | Baskets # VEJA



CENTRE DE DOCUMENTATION ET D’INFORMATION RÉDIGÉ PAR MAXIME GUEUGNEAU & CO

CDI

n.f. (aspiratio). Action d'attirer de l'air extérieur dans ses poumons. Action de porter ses désirs vers un objet élevé. Ex : « Apparemment, j'aspire à l'éternité » - Jeanne Moreau. Se dit aussi des jeunes créateurs qui visent le chef d'oeuvre et le touche parfois.

Fig. 1 : Macadam Mambo/Giorgio Luceri _

Fig. 2 : Jeune Création 2014 _

[ M U S I Q U E ] . « L'important dans la vie, c'est de continuer de danser. » Arroseur arrosé, Mesrine lui même n'aurait pas pu y échapper. D'ailleurs, en fait, rien ni personne n'échappe à l'attention des deux indéfectibles chercheurs d'or de Macadam Mambo. Jusqu'à leur devise même, soutirée sans scrupule mais avec classe au plus médiatisé des maîtres en la matière du braconnage, Guillaume des Bois (descendant probable de son aïeul Robin) et son complice Sacha prennent un malin plaisir à enfreindre les lois les plus rigides et à se jouer des codes les plus intransigeants. Partout où des barrières se hissent, ce tandem de dilettanti s'efforce de les briser. Partout où des frontières se ferment, ils n'auront d'obsession que de les transgresser. Nulle part aussi, là où personne n'oserait mettre les pieds, ils s'empresseront d'aller y faire un tour et perquisitionner. Après ses récentes escapades japonaises et autres courses-poursuites à travers l'Ex-Yougoslavie, c'est à la pointe de l'Italie que le label a déniché sa toute dernière combine : non pas le casse du siècle, mais au moins celui de la rentrée. Le coup monté, cette fois, avec le producteur Giorgio Luceri (pièce maitresse de la bande à Moss & Mathematics) laisse présager un incroyable butin. Aurora - comme son nom l'indique - s'observera à l'aube, à l'heure où les oiseaux commencent à peine à gazouiller dans les recoins de la jungle asphalte, et se terminera dans le silence et le secret d'un fastueux coucher de soleil. Au programme de l'opération : de la house de sheguey, faite pour les durs à cuire, de la techno vaudou, à faire passer Gradur pour un charitable innocent Simon Chambon-Andréani

[ A R T S V I S U E L S ] . Ah la jeunesse. Ça nous est tous arrivé, un jour, d'être jeune. Aussi, honorons-la, cette jouvence qui féconde les lendemains qui chantent. C'est précisément ce que fait, depuis 65 ans, l'association Jeune Création en lui offrant le temps et l'espace pour démontrer son talent, tout au long de l'année dans sa galerie et une fois l'an dans l'écrin du Centquatre. Car, oui, la jeunesse ne se contente pas d'être une promesse, elle est aussi une fière réalité et crée, déjà, l'art d'aujourd'hui. Il est temps d'être au courant. Pour être au fait de ses pérégrinations, il est donc bon de se rendre dans le 19e aux alentours de la Toussaint pour y découvrir les bourgeons florissants des arts visuels actuels. Car Jeune Création se décarcasse pour offrir aux visiteurs une pléthore de talents dans tous les domaines. Une foule, oui (53 artistes), mais choisie avec soin parmi plus de 3000 dossiers. Une masse, oui, mais bigarrée, flirtant avec un maximum de médiums et proposant même une exposition exclusivement virtuelle, White Screen, dédiée aux artistes du web ainsi qu'une soirée consacrée aux performances live. Une exposition, oui, mais qui est aussi un voyage vers le futur.

• Giorgio Luceri – Aurora, sorti en septembre sur Macadam Mambo. soundcloud.com/macadam-mambo ; soundcloud.com/giorgioluceri

• Jeune Création 2014, du 30.10 au 2.11 au Centquatre à Paris. www.jeunecreation.org

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Fig. 3 : Prix Cube 2014 _ [ A R T S N U M É R I Q U E S ] . Le Cube, le Centre d'Art Numérique du Grand Paris Scène Ouest, est vraiment une structure culturelle très urbaine - sans que cela n'ait rien à voir avec sa situation géographique. Depuis l'an dernier, il a en effet décidé de mettre en place son propre prix, récompensant l'œuvre d'art numérique la plus sémillante parmi les projets qu'on lui a proposés. Par sémillante, nous entendons bien sûr que l'oeuvre devra se placer haute sur les trois points suivants : qualités artistiques, maîtrise du discours et enjeux techniques soulevés. Après étude approfondie, le Centre d'Art a déjà sélectionné six œuvres qui seront présentées au public pendant 5 jours qui verront également se succéder tables rondes, rencontres et autres ateliers. C'est aussi ça, être urbain. Six œuvres se disputeront donc, au soir du 25 novembre et vernissage, le désirable Prix International Jeune Création en Art Numérique dit Prix Cube. La bataille risque d'être féroce car chacun possède ce petit truc en plus qui permet d'apposer l'agréable vocable « chef » au mot œuvre. Entre la cartographie épidermique Bodymetries de Theresa Schubert,

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l'architecture lumineuse du duo Nonotak et son Daydream v.2, la projection en micro-algues vivantes Immersion par Lia Giraud & Alexis de Raphelis, les codes-barres artistiques Post Code de ::VTOL::, l'oeuvre qui respire Seventeen par Nils Völker et l'auto-destruction interactive de l'User Generted Server Destruction de Stefan Tiefengraber, le jury devra faire preuve d'équilibre et de perspicacité. Pour qu'à la fin, il n'en reste qu'un. Pas d'inquiétude, avec Le Cube, même les perdants ont le sourire. • Prix Cube, exposition du 26 au 30.11, avec vernissage le 25.11, à l'Espace Saint-Sauveur, à Issy-Les-Moulineaux. www.prixcube.com

n.f. (βιβλιοθήκη). Meuble ou endroit où sont conservés les livres ; collection organisée de livres. Ex : « Non mais une bibliothèque, on n'est pas forcé de mettre des livres dedans, si ? » - La Fouine. Se dit aussi d'une liste d'ouvrages à consulter absolument.

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Notre bien-aimé Simon Roussin (cf. Kiblind 44) sort son nouvel album aux éditions Cornélius, Barthélémy, L'Enfant sans âge. Ou l'histoire d'un homme qui, au soir de sa vie ne trouve rien d'autre à faire que de redevenir un enfant. Barthélémy, L'Enfant sans âge, Cornélius, couleur, 80 pages, 14,50 euros. Sortie prévu fin septembre.

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Après un n°0 tout à fait appétissant, la Revue Pan sort son n°1 toujours en mettant en lien le texte et l'illustration, avec Jérémie Fischer, Jean-Baptiste Labrune, Guillaume Chauchat, Clément Vuillier, Marine Rivoal etc. Pan n°1, Magnani, Éditions, 160 pages, couleur & N&B, 18 euros.

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Magnani Éditions n'en finit plus de nous sortir d'incroyables illustrateurs. Dernier exemple en date avec Margaux Othats et La Chasse, fable entre le mythe de Sisyphe et Le Petit Chaperon Rouge. La Chasse, Margaux Othats, Magnani Éditions, couleur, 32 pages, 16 euros.

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La formidable Revue Collection sort son 4e numéro cet automne, et passe pour l'occasion à l'A4. Histoire de mieux apprécier les entretiens et images de Pierre La Police, Ronan Bouroullec, Daniel Clowes, etc. Revue Collection #4, couleur, 288 pages, 22 euros. Sortie prévue en octobre.

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L'excellent illustrateur Lasse & Russe (aka Mathieu Laurent) a sorti un fanzine tout ce qu'il y a de plus beau et de plus inquiétant, Upper Mantle chez les Sud-Coréens de Sse Project. Une vraie et pure torgnole graphique et narrative. Upper Mantle, Lasse & Russe, Sse Project, couleur, 32 pages, 12 dollars (sur sse-p.com)

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Messieurs Guerse et Pichelin nous narre le bouillonnement de Blattaville sur fond d'histoire d'amour, de mouches et d'artistes ratés. Vermines Épisode I : le retour de Pénélope est sorti le 15.09. Vermines Épisode I : le retour de Pénélope, Guerse & Pichelin, Les Requins Marteaux, 104 pages, couleur et N&B, 23 euros.


adj. (cheantmes). Méchant, mais en verlan. Bon, extraordinaire, fameux, énorme ou impressionnant. « Twitter ? Wah, mais c'est chanmé ce truc » - Nadine Morano. Se dit également de trucs super ou de l'amour.

Fig. 1 : Call Super _ [ M U S I Q U E ] . Révélé à un plus grand public par le brillant label Houndstooth, né de l'union de Fabric London et de Rob Booth, Joe Richmond Seaton aka Call Super n'en était pourtant pas à son coup d'essai après son très remarqué Coup D'État sur The Trilogy Tapes - sous le pseudo Ondo Fudd - et deux singles sur Throne of Blood (The Rapture, Bicep, Daniel Avery...) et Five Easy Pieces (fLako, My Panda Shall Fly). La collaboration avec Houndstooth permettra de mettre le projet Call Super en orbite. The Present Tense et son splendide « Threshing Floor » sera l'un des hybrides de Techno les plus joués de 2013. Black Octagons confirmera l'essai la même année, Depicta / Acephale II clôturant le volet final de ce triptyque annonciateur de l'album Suzi Ecto qui sortira le 15 Septembre. Suzi Ecto est un disque rare. Il diffracte littéralement la lumière, telle une géode psychédélique cristallisant émotions, art visionnaire et réflexions nostalgiques.

Les sons et les ambiances se fondent dans Suzi Ecto et font de ce disque l'un des manifestes les plus vibrants d'un néo-futurisme musical pour lequel nous manquons encore de références, mais qui pourrait trouver ses racines dans l'ambient analogique des 90s, dans les errances saturées d'Actress, la Techno lo-fi de notre temps et les recherches de Glass. Suzi Ecto est le témoignage intemporel de la vision d'un artiste, sublimant l'utilitarisme et la jouissance des formats EP/single par l'application d'un facteur temps totalement assumé, qui prend toute sa dimension dans la contemplation. Exactement ce qu'il vous faut pour contrer l'ambiance paranoïaque et morose de cette rentrée 2014 au ciel bas et lourd. Maintenant, rêvez ! Et relevez-vous… Pierre Serafini • Call Super - Suzi Ecto, sorti le 15.09 chez Houndstooth. soundcloud.com/call-super ; houndstoothlabel.com

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Fig. 2 : How To Love _ En partenariat avec Actes Sud BD & Fremok

Petit Bain présente

SaISon #2

4 jours d’événements spéciaux dédiés aux écritures sauvages et contemporaines.

du 12 au 15 novembre 2014

Dirty Beaches winter family

KAI PFEIFFER / ACTES SUD

Oy Jef barbara Fumaça Preta Perera eLSeWHere Judah Warsky debruit Soulist...

Concerts, ciné, bandes dessinées, ateliers, conférence ... 7, port de la Gare - 75013 Paris www.petitbain.org

[ M U S I Q U E E T F I C T I O N S ] . Tout n'est pas si facile, tout ne tient qu'à un fil. En terme d'amour, l'adage est sans doute encore plus vrai. Aussi, pour réussir sa vie sentimentale, est-il bon de prendre quelques conseils. Confessions Intimes peut être une solution, mais passer sur TF1 n'est pas à la portée de tout le monde. Par chance, une autre option a vu le jour : le festival How To Love, temps fort du Petit Bain. Point de coach douteux ici, mais plutôt une ambiance, un environnement, un état gazeux dans lequel la passion fleurit mieux qu'au printemps. Le miracle de l'amour y nait par un savant mélange entre illustration, bande dessinée et programmation musicale au

poil. Ainsi, après le collectif Actus Comicus l'an passé, c'est au tour de la fabuleuse maison Frémok d'être de la partie à l'occasion de la sortie de Plus si entente du duo Dominique Goblet et Kai Pfeiffer. Autour de ce focus bienvenue sur la maison et le travail des deux loulous, se greffent des concerts forts en suavité. Winter Family, Dirty Beaches, Judah Warsky, Perera Elsewhere, Fumaça Preta, Débruit, Soulist et autres échauderont l'atmosphère avec leur pop indé, electro, funk ou weird wave. Comme le dit le poète, l'important c'est d'aimer, l'important c'est d'y croire. • How To Love, du 12 au 15.11 au Petit Bain, à Paris. www.petitbain.org

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n.f. (familia). Ensemble formé par les parents et leurs enfants. Groupe, catégorie de choses ou d'êtres partageant des caractères communs. Ex : « Tu quoque mi fili ? - Si, si, la famille » - Marcus Junius Brutus. Se dit aussi d'illustrateurs de notre entourage ou du point d'ancrage d'E-40.

Fig. 1 : Brecht Evens @ Galerie Martel _

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[ E X P O S I T I O N ] . C'est peu dire que Brecht Evens nous comble de joie. Par deux fois, il fit goûter aux amants de la bande dessinée la petite mort tant désirée : Les Noceurs, un premier jet qui se vit récompensé par le Prix de L'Audace à Angoulême, et Les Amateurs, splendide concrétisation des espoirs précédemment placés en lui. Il faut avouer que le flamand sait se servir de ses mains. Construisant des mondes de couleurs subtils et foisonnants, Brecht Evens emporte le lecteur entre rêve et réalité, dans des fictions à la limite du conte métaphysique et de la réflexion sociologique. Aussi, quand l'annonce fut faite d'une parution prochaine de son 3e ouvrage, Panthère – toujours chez Actes Sud -, la moutarde nous est rapidement montée au nez. La Galerie Martel, représentant l'auteur, en a ajouté une couche en proposant à tout un chacun de venir admirer quelques originaux et planches issus de ce prochain album. Une aubaine pour qui a déjà eu la chance de pénétrer l'univers de Brecht Evens ; une occasion en or, sinon, de découvrir le travail d'un des plus grands talents de la BD actuelle.

• Exposition Brecht Evens à partir de fin novembre à la Galerie Martel, à Paris. www.galeriemartel.com ; brechtnieuws.blogspot.fr

Fig. 2 : Cooking By The Book vol.2 : E-40 _ [ P R I N T ] . Il est malheureux qu'Earl Stevens Jr. n'ait toujours pas de statue dans les villes et villages de France. Ou au moins une petite rotation radio. Car pour qui fricote un tant soit peu avec la musique de rue, le nom d'E-40 brille en lettres d'or au panthéon des plus grands rappeurs de tous les temps. Légende de la Bay Area, entrepreneur patenté et père de famille attentif, E-40 est à la tête de quelques millions de dollars et d'une discographie monstrueuse. Qui contient, au passage, des chefs d'oeuvres poids lourds. Pas d'inquiétude, les vrais savent.

Ainsi, les vraies éditions FP&CF, désireuses d'apporter connaissance et beauté au plus grand nombre accueillentelles fièrement le Cooking by the book vol.2 : E-40 The Stevens Family. Connaissance et beauté qui se retrouvent mises en oeuvre par ses auteurs, le grand connoisseur Nicolas Pellion, tenancier de l'inénarrable site Pure Baking Soda et le bouillonnant dessinateur Hector de La Vallée aka Le Lac de Feu, et mises en bouche par le graphiste Guillaume Grall, de Building Paris. Et cette fine équipe de dérouler prestement la vie du génial auteur d'In a Major Way, entre famille soudée, rapodollars, flow majestic, Oldsmobile Cutlass 1970 et novlangue. Une plongée indispensable dans le monde d'un des très grands noms du rap américain. C'est pour notre bien. • Cooking by the book vol.2 : E-40 The Stevens Family par Pure Baking Soda et Le Lac de Feu, Éditions FP&CF, 64 pages, N&B, 4,99 euros. Sortie en septembre. www.editionsfpcf.com


n.m. + adv. (festivus + manu-tenere). Festival rennais peignant le paysage de la création numérique actuelle. Ex : « Le festival, c'est maintenant » - François Hollande. Se dit aussi d'une des manifestations inratables de l'automne.

Fig. 1 : MAINTENANT _ relles entre la matière et le virtuel. En terme d'installations, il nous tarde de découvrir les drones éoliens Eotone d'Herman Kolgen et David Letellier, la mathématique son et laser de Robert Henke (Fragile Territories) ou encore le jeu de construction urbaine Bloom Games d'Alicia Andrasek et José Sanchez. La science viendra elle aussi filer un petit coup de main à nos changements de paradigmes, en se plaçant au cœur des œuvres d'Yro et Transforma (Bsynthome) ou du collectif cosmicGarden (Noise Field Synthesis), lors de la Nuit Arts et Science. La musique, enfin, ce souffle impalpable de l'imaginaire, sera bien entendu présente avec d'aussi belles personnes que Karen Gwyer, Syracuse, Martyn ou Answer Code Request. Le Festival Maintenant, l'un des rares endroits où le rêve peut agir. • Festival Maintenant, du 14 au 19.10, à Rennes. www.electroni-k.org

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[ARTS ET MUSIQUES CONTEMPORAINS]. Certaines personnes sont hostiles à un monde où l'action n'est pas la sœur du rêve (oui, c'est la classe, c'est Baudelaire). C'est pourquoi ils s'échinent jour après jour à rapprocher les deux, pour construire des possibilités de monde, des parenthèses où l'utopie n'est autre que la réalité. C'est à ces artistes-là que s'adresse l'association Electroni[k], d'abord pour le festival Cultures Electroni[k], puis pour son évolution actuelle, le Festival Maintenant. Festival Maintenant car, non, le futur n'existe pas : il n'est qu'une alternative au réel fabriquée au présent. La manifestation rennaise s'intéresse donc de près à la création contemporaine, à celle qui fait évoluer la pensée et transforme petit à petit notre conception du monde. Le chef-lieu d'Illeet-Vilaine se verra ainsi paré d'œuvres innovantes, au premier rang desquelles celles de l'artiste grecque Afroditi Pasarra, résidente du festival et amatrice des passe-

INTERVIEW : CYRIL GUILLORY COORDINATEUR DE L'ASSOCIATION ELECTRONI[K]

POUVEZ-VOUS, EN QUELQUES MOTS, PRÉSENTER LE FESTIVAL ? Maintenant est un festival qui mêle expositions, concerts, performances etateliers autour de plusieurs disciplines : musiques électroniques et contemporaines, arts numériques, arts visuels et arts graphiques. Nous présentons la créativité d'aujourd'hui autour des arts, des musiques et des nouvelles technologies. C'est aussi un dialogue entre des artistes et de nombreux lieux de la ville, nous essayons de varier régulièrement les lieux investis. Cette année par exemple, nous tentons le pari de l'espace public.

DE QUOI ÊTES VOUS LE PLUS FIER DANS LE PROJET MAINTENANT ? L'installation Eotone est un beau partenariat international qui a débuté il y a presque 2 ans. Eotone est une installation de David Letellier et d'Herman Kolgen, nous suivons le travail de ces artistes depuis plusieurs années. Nous les avions déjà accueillis par le passé mais nous avions envie d'aller plus loin avez eux. Une opportunité s'est présentée et, avec nos partenaires, nous leur avons proposé de créer une installation qui relie 4 territoires. Les deux artistes ont choisi de travailler autour du vent afin d'inventer cette œuvre connectée. Nous sommes impatients de voir le résultat à Rennes.

QUELS SONT LES ŒUVRES/ARTISTES IMMANQUABLES CETTE ANNÉE ? Eotone donc, mais aussi deux installations : Bloom Games, projet innovant et participatif de design, et Fragiles Territories de Robert Henke, l'artiste allemand que nous avions déjà accueilli en 2012 revient avec un beau travail autour de paysages mis en lumière par des lasers. Il faut également voir la performance Machine Variation, ou comment produire des sons électroniques avec du métal et du bois. Ou encore Bsynthome par le plasticien Yro et les Berlinois Transforma, une performance autour de la manipulation d’objets et de matières et de créations d’images en direct.

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adj. (futurus). Relatif au mouvement du futurisme. Qui donne l'impression d'entrer dans le futur. Ex : « J'ai une vision futuriste de la France » - Christine Boutin. Se dit aussi d'artistes ou de festivals qui voient loin.

Fig. 1 : Jardins Synthétiques _ offrant sens et inspiration à notre passage sur Terre. Au vu des œuvres présentées aux Jardins Synthétiques, nul doute qu'il est encore à l'origine de bon nombre de questionnements artistiques. Ainsi le chorégraphe Eric Minh Cuong Castaing réinvente-t-il le mythe du Minotaure dans son Minotauromachism quand Émilie Schalck se penche sur la si symbolique figure du serpent. Des œuvres auxquelles s'ajoutent les travaux d'Émilie Schalck, Doriane Genest, Rina Banerjee ou ceux du très cher Collectif Indélébile, entre autres. Et pour accompagner la programmation plastique et chorégraphique, Jardins Synthétiques ajoute un zeste musical des plus appropriés avec des personnes dorées comme Bachar Mar-Khalifé, Peter Broderick, Sun Glitters, Eomac, Monolithe Noir, et les groupes Orme et Vatican Shadow. Reste à savoir si l'homme est un animal comme les autres. • Jardins Synthétiques, du 2 au 5.10 à Toulouse. www.jardins-synthetiques.org

Fig. 2 : Z aka Szajner _ [ M U S I Q U E ] . Bernard Szajner est l'un de ces héros de la musique électronique française. De ceux dont l'oeuvre a inspiré une large part de la création actuelle et dont nous, la plèbe, ne connaissions pas même l'existence. Par la grâce de l'internet, Bernard Szajner a retrouvé sa place au panthéon du bon goût et nous, nous avons heureusement pu rencontrer son travail. Car passer à côté de l'oeuvre de Bernard Szajner, c'est se couper d'un moment charnière de la recherche sonore, entre les subsides mystiques des 70's, l'avènement de la musique industrielle et l'explosion de la composition numérique. À la fois plasticien, scénographe et inventeur, il s'est sans cesse évertué à croiser art contemporain et expériences musicales, créant en moins de dix ans (79-86) une œuvre discographique à part entière. Le Visions of Dune, que réédite aujourd'hui le label InFiné, est la première pierre d'une fulgurante et fascinante carrière.

Coincé entre space rock, proto-electronica et ambient, Visions of Dune est un disque rare car prophétique. Bernard Szajner reprend le Dune de Frank Herbert à sa sauce, préférant aux péripéties romanesques la construction temporelle et spatiale d'un univers parallèle. En résulte une œuvre à l'architecture complexe, science-fictionnelle, annonçant plus de 10 ans en avance les mondes utopiques de la techno de Détroit, Drexciya en tête. Mais Visions of Dune n'a rien, pourtant, d'un simple repère archéologique. Il est une œuvre en lui-même, gardant intact sa puissance immersive près de 40 ans après sa création, bouleversant encore et toujours l'auditeur dans ses croyances, le poussant comme rarement dans ses retranchements. Pour cela, Visions of Dune mérite amplement le nom de chef d'oeuvre. À Bernard Szajner, la patrie reconnaissante. • Z aka Szajner, Visions of Dune, sorti le 1.09 chez InFiné. www.szajner.net ; www.infine-music.com

Crédits : Aitch ©Batumi Grafikart Festival

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[ P L U R I D I S C I P L I N A I R E ] . L'art, celui qu'on révère, se moque bien du temps qui passe. Seul domaine où l'homme parvient à dépasser sa mortalité, ses œuvres trônent au-dessus de notre misérable péremption. Le festival Jardins Synthétiques, à Toulouse, rend hommage depuis 5 ans à cette intemporalité, en croisant lieux patrimoniaux et créations contemporaines de tous horizons. C'est encore le cas pour cette édition 2014 qui décide de rendre hommage à notre miroir déformant : l'animal. À la fois symbole de notre monstruosité, objet d'admiration sans fin et témoin intangible de nos pérégrinations terrestres, l'animal accompagne l'humanité depuis ses débuts


adj. (grandioso). Qui frappe l'imagination par un caractère de grandeur, de majesté. Ex : « Je crois qu'avec mon album, j'ai fait un truc grandiose » - Christophe Hondelatte. Se dit aussi d'expositions emmurées, de grandes histoires ou de rencontres internationales.

Fig. 1 : La Disparition des Lucioles

[ E X P O S I T I O N ] . Désaffectée depuis 2003, il a fallu attendre la délocalisation provisoire de la Collection Lambert en Avignon pour voir s’ouvrir les portes de l’ancien pénitencier de la cité des papes sur une exposition d’art contemporain exceptionnelle à plusieurs titres. Lorsque l’on pénètre en ces lieux et que la lumière des œuvres d’art se met à diffuser son « agir esthétique », la visite se transforme rapidement en expérience sensorielle totale qui ne néglige à aucun moment l’histoire des détenus de cette prison construite à la fin du XVIIIè siècle. L’exposition avignonnaise La Disparition des Lucioles est singulière et prodigieuse, elle sillonne de manière

sensible et pertinente divers thèmes (« Surveiller et punir », « Quartier des isolés », « Le ciel est par dessus le toit, si bleu si calme »), présente plus de 500 œuvres majeures et interroge de manière permanente la capacité de résistance de l’art et de la poésie face à un lieu si froid et si apte à faire disparaître les lumières et apparaître les fantômes. Au début des années 1980, Maurice Blanchot déclarait que « l’être cherche, non pas à être reconnu, mais à être contesté : il va, pour exister, vers l’autre qui le conteste et parfois le nie, afin qu’il ne commence d’être que dans cette privation qui le rend conscient de l’impossibilité d’être lui-même ». La Disparation des Lucioles, illustre en un sens cette phrase et redonne à l’art contemporain un sens « d’être » en le plaçant dans un lieu d’impossibilité, de négation. Car c’est certainement en négatif qu’il faut voir cette exposition : ici, à Avignon, dans une prison, apparaissent des lucioles. François Huguet • La Disparition des Lucioles, exposition à la prison SainteAnne, Collection Lambert en Avignon, jusqu’au 25.11 www.collectionlambert.fr

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61 Fig. 2 : La Grande Histoire D’un Petit Trait _ [ P R I N T ] . Il y a de la magie dans le trait de Serge Bloch. D’un coup de plume, de pinceau, il nous raconte une histoire, fait passer un message, s’adressant aux adultes et aux plus jeunes. Ses dessins sont présents dans les livres, la presse, la publicité, sur les murs de galeries. Des pages de Max et Lili aux catalogues Hermès, en passant par les couvertures du Time, du Nouvel Observateur, leur expression simple est d’une lisibilité universelle. Son dernier livre en date, La grande histoire d’un petit trait, le confirme. Il y narre son aventure avec le dessin. Pour cela, il use de l’allégorie d’un garçon qui trouve un « petit trait de rien du tout » sur le bord d’un chemin. Celui-ci va grandir, l’accompagner, devenir son ami et prendre une place de plus en plus importante dans sa vie. L’enfant devient un homme et le dessin évolue lui aussi, exprime ses joies, ses colères, il est presque toujours là, inséparable de cet homme que l’on comprend être l’artiste. Ensemble, ils racontent des histoires, font des spectacles, prennent des risques. Lorsque l’ami-trait disparait c’est que le dessinateur n’arrive pas à dessiner, puis il revient et ça repart! L’émotion est grande à la lecture de cette fable qu’on lira entre les traits comme on lit un roman entre les lignes. • Serge Bloch, La Grande Histoire d'un Petit Trait, Editions Sarbacane, 88 pages, 17 euros, sortie Octobre 2014. www.sergebloch.net ; www.editions-sarbacane.com


Fig. 3 : RIAM 11 _

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[ A R T S E T M U S I Q U E ] . Ne cherchons pas plus loin. Là, tout proche de nous, c'est ici aussi que nous pouvons trouver l'étrange, l'inédit et l'innovation. Et c'est d'ailleurs à nos pieds que le festival RIAM 2014, organisé par l'association Technè à Marseille, cherchera cette année l'extraordinaire – qui n'aura alors jamais mieux porté son nom. Ce sont ses deux expositions phares qui feront notamment écho à cette étrange proximité. La première est le fait de Jean-Baptiste Sauvage, grand spécialiste des installations in situ et du travail dans l'espace. Il ne se dédiera pas cette fois-ci avec son Fortune Teller, sculpture sonore remaniant l'un des disques les plus fascinants de la

discographie des Rolling Stones, le mutant Got Live If You Want It !. Pour rester dans la mutation du populaire, Fred Pardeau nous proposera, lui, un voyage dans l'incongruité du quotidien, pourfendant tour à tour la stabilité du Coca-Cola, d'Ikea ou de l'art contemporain dans la mémoire collective. Il paraîtrait que l'inédit et l'innovation se trouvent en musique itou. Et que là aussi, la niche n'est pas aussi éloignée qu'on le croit, puisque c'est toujours cette même et éternelle Berlin qui couverait les trésors musicaux actuels. Le RIAM fait donc la part à la capitale allemande avec notamment les délicieux Oake, Moon Wheel ou encore Phoebe Kiddo. Il est également à noter la présence opportune des membres de Le Cabanon (cf. Kiblind n°46), Horla, Bruma et Crypto Tropic, pour une ode à la musique électronique nouvelle, ainsi que celle de Russell Haswell, Julian Blaye et des légendaires Sister Iodine (sous réserve). Vous cherchez l'exotisme ? C'est la porte à coté. • RIAM 11, du 15 au 27.10 à Marseille. www.riam.info

n.f. (rapa ou rave). Nom commun à plusieurs espèces de plantes potagères cultivées pour leur racine. Ellipse de Rave Party. Ex : « J'ai un bon mot, j'ai un bon mot : j'adore aller danser en céleri-rave party ! » - Jean Roucas. Se dit aussi des événements incontournables des prochains mois.

www

.r adiocampusparis . o r

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93.9fm

17h 30 - 5h3 0

01

Le grand, l'immense Jeff Mills présentera le 4e épisode de son expérience Time Tunnel à La Machine du Moulin Rouge, à Paris, le 19.09. lamachinedumoulin rouge.com

03 02

Le festival French Pop fera frémir Bordeaux les 2, 3 et 4.10 à coups de Moodoïd, Breakbot, Marc Desse, Mustang, etc. lefrenchpop.com

Le festival Marathon Impulse propose en une soirée de mélanger les genres en leur attachant un fil rouge. Le 29.11 à La Gaîté lyrique, avec Nathan Fake, Le Cabaret Contemporain, Carl Craig, etc. marathon-impulse.com

04

L'incroyable parenthèse Festival Électronique s'ouvre de nouveau le 27.09 à Confluences (Paris 20e) avec Darling Farah, Joakim, Harry Merry, Paris Shruit, etc. festivalelectronique.fr

05

Le Festival Echap remet Quimperlé au centre de ce festival jeu avec du 26 au 28.09, DJ Haus, Tessela, Jean Nipon & Koyote, Gerd, The Pirouettes, etc. echapfestival.fr

06

L'inestimable Radio Campus Paris change de peau et en avertit la terre entière via une soirée au Petit Bain avec Mein Sohn Williams, Funken et We Have Band (à confirmer). Le 15.10. radiocampusparis.org


n.m. (solitarius). Qui est seul, qui vit dans la solitude. Diamant monté seul, sans entourage. Ex : « Je dois rien à personne, j'ai toujours été un grand solitaire » - Serge Dassault. Se dit aussi de L'Idiot de Dostoïevski et d'un artiste parti en solo pour le meilleur.

Fig. 1 : Idiot ! _ [ S P E C T A C L E S V I V A N T S ] . Vincent Macaigne a traversé l’année 2013 à la vitesse grand V. Avec trois films à son actif comme comédien cette même année (La fille du 14 juillet, 2 automnes, 3 hivers et Tonnerre), il est devenu un des repère pour la nouvelle génération de réalisateurs en France. Issu du Conservatoire Supérieur de Paris, multicarte, il est aussi auteur et metteur en scène de théâtre et on le retrouve en cette rentrée théâtrale et à ce titre avec la recréation d’Idiot – Parce que nous aurions dû nous aimer d’après Dostoïevski. Sur un plateau, Macaigne cherche à faire advenir l’expression des énergies, des rages, des illuminations et des noirceurs qui sont au travail dans une œuvre. Un flux scénique qui prend la littérature comme matériau et dont la liberté totale est le fil conducteur de chacune de ses mises en scène. Un grand chaos organisé qui a marqué les esprits par ses excès et surtout

par sa justesse. Il explique: « Le cri vient par urgence à dire. Donc ce n’est pas hystérique. Ce qui m’intéresse ? La naïveté, la bonté du prince, mais aussi le monde féroce, cynique, dans lequel il évolue, où se mêlent sans hiérarchie le beau et le laid, le mesquin et le sublime, le sperme et les larmes, le sang et le rire. Un rapport idiot au monde est-il possible aujourd’hui ?" Sans limite avec les décibels, la vitesse ou les débordements, ses spectacles laissent généralement acteurs et spectateurs essorés, à bout de souffle, face à un plateau dévasté mais au plus près alors d’une parole vivante, politique et contemporaine. D’une force rare. David Chauvet • Idiot ! Parce que nous aurions dû nous aimer, texte et m.e.s. Vincent Macaigne, au Théâtre de la Ville à Paris du 01 au 12.10 et à La Criée, à Marseille du 17 au 19.10 www.theatredelaville-paris.com

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Fig. 2 : Mocke _ [ M U S I Q U E ] . Alors que nous écoutions – c'était il y a sept mois, sous un ciel lourd – la compilation du très bon label Almost Musique, La Souterraine vol.1, notre âme s'est soudain séparée de notre corps. Oh, pas longtemps, bien sûr, à peine l'espace de trois minutes et deux secondes ; à peine le temps d'écouter « L'Ouvrier Flan » de Mocke. Bienheureusement, pas de séquelles visibles, juste la persistance physique d'un sentiment de bien-être indécrottable. C'est que le co-fondateur d'Holden s'y entend en matière d'intrusion psychique : il ne lui suffit que d'une guitare et de quelques notes. Cet « Ouvrier Flan » était le premier jalon d'une aventure solitaire soufflée par Benjamin Caschera, le directeur d'Almost Musique sus-cité. Un pas de

côté qui a donné envie à Mocke (aka Dominique Depret) de s'engouffrer, au moins le temps d'un album, dans quelques territoires méconnus. Finies, donc, les équipées collectives d'Holden et Midget, et retour à un cheminement personnel, non pour aller quelque part, mais pour le plaisir de marcher. Dans L'Anguille, sorti chez Objet Disque, il nous chuchote ce voyage à la guitare, sans parole et sans voix, dans le langage caressant de la délicatesse. Mocke construit ainsi au fil de ses envies un album flottant entre calypso, country, jazz et blues, et confie à l'auditeur ce précieux conseil : égarez-vous, c'est essentiel. • Mocke, L'Anguille, sorti chez Objet Disque. www.objetdisque.org/mocke-l-anguille/

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Vue

par

Mayumi Otero (1/ 4)




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