Nicolas Negoce: African Banker (issue 20)

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42 DOSSIER STRATÉGIE PANAFRICAINE

MAROC

LES RAISONS DE LA RÉUSSITE Les groupes Attijari, BMCE et Banque centrale populaire ont trouvé leur rythme de développement en Afrique. Qu’est-ce qui fait courir les banques marocaines ? Pourquoi assiste-t-on depuis quelques années à une accélération de cette internationalisation ? Par Hind Filali

D

ébut juin 2014, la Banque centrale populaire a organisé, conjointement avec Maroc Export, une grande opération « B to B Africa » durant laquelle une centaine de PME marocaines ont sillonné trois pays africains et décroché quelque 3 000 rencontres B to B. Cette opération séduction de la Banque populaire n’est pas anodine. Le groupe ne manque pas une occasion de renforcer sa présence dans les pays africains ; il est vrai que le chemin est encore long pour rattraper les deux autres banques marocaines qui ont lancé leur déploiement en Afrique au début des années 2000. Il n’en demeure pas moins que les trois banques se sont imposées. Chacune à son rythme et à sa manière. En 1990, la libéralisation financière engagée par les autorités monétaires marocaines a permis l’arrivée des banques étrangères dans le capital des banques locales. La concurrence aidant, les marges bénéficiaires ont subi un affaissement que le management a cherché à compenser par le développement à l’international. D’où les premières tentatives à travers l’ouverture de bureaux de représentation, de succursales, puis de filiales… Pendant ce temps-là, en Afrique, les politiques de privatisation et les mesures de déréglementation et de restructuration du secteur bancaire ont amélioré l’attrait et la rentabilité de l’investissement dans le secteur. Cette tendance

n’a pas échappé aux banques marocaines qui en ont profité pour accélérer leur rythme de croissance sur ces marchés. Et la rentabilité a été au rendez-vous, puisqu’aujourd’hui, presque 50 % des bénéfices réalisés par Attijariwafa bank proviennent de la zone Afrique. Le groupe BMCE Bank n’est pas très loin non plus avec un niveau de près de 40 %. Pour Vincent Castel, économiste pays en chef à la BAD, « le secteur bancaire est en train de se positionner en tant qu’ambassadeur du savoir-faire marocain sur les marchés africains. Il met en lumière un certain nombre d’atouts que les entrepreneurs et les banquiers marocains ont développé au sein de la zone Afrique. Désormais, ils se positionnent beaucoup plus sur du long terme que du court

terme ». Cette stratégie a été particulièrement démontrée lors de la tournée royale en Afrique au début de l’année 2014, lorsque les trois groupes bancaires marocains ont conclu pas moins de 20 accords de partenariat. L’exemple le plus « spectaculaire » a été la mobilisation par Bank of Africa, filiale de BMCE Bank, de 310 millions $ relatifs à une levée de fonds en Côte d’Ivoire sous forme d’obligations du Trésor d’une maturité de sept ans à un taux de 6,5 %… en seulement 48 heures ! Pour Amadou Kane, ancien ministre de l’Économie et des finances du Sénégal, « une des premières acquisitions de banques avait été réalisée au Sénégal. Le Maroc avait combiné une opération de création (Attijari) et en même

La concurrence aidant, les marges bénéficiaires ont subi un affaissement que le management a cherché à compenser par le développement à l’international. D’où les premières tentatives à travers l’ouverture de bureaux de représentation, de succursales, puis de filiales…


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