Février 2013

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DIRECTION DE L’AGRAL

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Sommaire

Mot de l’Agral

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MARYSE GENDRON, AGRONOMIE DIRECTRICE GÉNÉRALE DE L’AGRAL

arfois, le dimanche matin, je vais à la messe. Croyez-moi, je fais radicalement baisser la moyenne d’âge. Pourquoi je vais là-bas à la place de dormir ? Pour jouer de la musique d’abord – j’ai étudié en musique au cégep et ça me permet de continuer à pratiquer – mais j’y vais aussi parce que j’aime ça. Je ne viens pas vraiment en transe en écoutant la lecture de la Bible ni les prières que tout le monde récite machinalement. En fait, je laisse tranquillement vagabonder mes pensées. Et depuis un certain temps, j’ai remarqué qu’à chaque messe, j’en viens toujours à la même conclusion : je suis égoïste. Je donne bien quelques dollars par-ci par-là à l’épicerie lorsqu’il y a des levées de fonds. J’ai fait de l’aide aux devoirs une session. Des petits trucs de temps en temps quoi. Mais au fond, le plus clair de mon temps, je le passe à étudier, à me divertir et à dormir. J’ai donc commencé à chercher une façon d’aider ceux qui en ont besoin. Ce n’est pas si facile. Donner du sang, ce n’est pas pour moi, je perdrais connaissance, c’est certain. Donner de l’argent, quoi qu’on en dise, ce n’est pas si évident lorsqu’on est étudiant. J’ai décidé que je vais plutôt donner de mon temps. Reste à voir comment… Justement, comme je cherchais des idées de bénévolat, je suis tombée sur un reportage de La semaine verte (1). Le reportage présentait la ferme des Moissonneurs Solidaires. Cette ferme, située dans Lotbinière, approvisionne en légumes frais des organismes comme Moisson Québec, Moisson Montréal et Moisson Mauricie. En fait, tout ce qui pousse sur cette ferme sert à nourrir des gens qui en ont besoin. Pour faire une histoire brève, la ferme des Moissonneurs Solidaires cultive des légumes sur 15 hectares et ce sont des bénévoles qui s’occupent de la récolte. Ronald Lussier est celui qui a démarré le projet en collaboration avec Moisson Québec. Il dirige la ferme depuis 2007 d’une main de fer dans un gant de velours. Lors de la récolte à l’automne, Ronald est aidé par ses chefs d’équipe, des stagiaires qui font partie d’un programme de réinsertion sociale. Ce sont eux qui dirigent les bénévoles (des groupes scolaires ainsi que des gens qui ont recours eux-mêmes au dépannage alimentaire) lors des récoltes. L’an dernier, la ferme des Moissonneurs Solidaires a récolté plus de 400 000 kg de légumes! Et les banques alimentaires sont bien contentes de pouvoir compter sur les Moissonneurs Solidaires. En effet, avec la disparition de plusieurs petites fermes de proximité et les chaînes d’alimentation qui ont amélioré la gestion de leurs légumes, les légumes frais sont une denrée qui se fait de plus en plus rare dans les banques alimentaires. Pour vous donner une idée, les Moissonneurs Solidaires fournissent maintenant pour plus de 60% des légumes de Moisson Mauricie. Vous vous demandez sûrement comme la ferme arrive à trouver les ressources financières pour fonctionner. En fait, l’argent provient surtout de collectes de fonds et de bénévolat. Par contre, les Moissonneurs commencent à manquer d’entrepôts pour mettre leurs légumes. Ils sont donc à la recherche d’un entrepôt ou de fonds pour construire un entrepôt plus près de leurs clients. Non mais, en voilà un beau projet! C’est fou à quel point il ne suffit que de quelques personnes et de beaucoup de volonté pour changer la vie de plusieurs. Ce projet vous donne des idées? (1) Émission du samedi 8 décembre. Bonté de la terre.

3 Mot de l’Agral 5 Éditorial INTERNATIONAL 7 La FSAA s'implique à l'international 9 AGIR International fête ses 22 ans cette année! 11 European Directors Meeting (EDM) en Suède d’IAAS ! 15 Les agrumes: division pamplemousse et pomelo 17 AVSF, vous connaissez? 18 Joyeux tropiques : une odyssée agricole en pays maya 21 Comment l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère va influencer les récoltes de maïs en 2050 22 La Thématique autour du monde… 24 Une fin de semaine remplie d'étoiles 26 Parce que je n’ai pas cassé la Barak

L’Agral Journal des étudiants de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation Local 0116, Pavillon Paul-Comtois 2425 rue de l’Agriculture, Québec (Qc), G1V 0A6 Tél : (418) 656-2131 poste 3565 Fax : (418) 656-2610 agral@fsaa.ulaval.ca Directrice générale : Maryse Gendron Rédacteur en chef : David Jeker Secrétaire : Anne-Sophie Dumas Chef de pupitre : Caroline Beaulieu Responsable de la page couverture : Raphaëlle Gendron Responsable de la mise en page : Marjorie Lemire Garneau Collaborateurs officiels : Marie-Pier Landry, Jérôme Claveau et Alexandre Bisson

Vous pouvez consulter l’Agral en ligne en tout temps à l’adresse suivante: http://www.agetaac.ulaval.ca/publications/journal-lagral/ Yé!

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ÉDITORIAL

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Dans l’Sud

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n ce moment au Québec c’est l’hiver. L’hiver dans toute sa froideur, sa blancheur, mais aussi dans toute sa lumière et sa fraîcheur. Des tas de Québécois profitent de la saison froide pour aller se réfugier dans un tout inclus quelque part où l’hiver n’est pas. Comme il n’en coûte presque rien, il est facile même pour les pauvres étudiants de se permettre une telle e s c a p a d e . S'étendre au soleil, faire le plein de couleurs et d’alcool... Que du bonheur! Évidemment, certains ne se contentent pas d’un seul périple annuel et ils iront dans l’Sud plus d’une fois l’an. Quand on a les moyens, pourquoi s’en priver? Cette question est aussi valable que la suivante : pourquoi y aller? Il ne sera pas ici question des aventuriers qui partent avec un sac à dos pour découvrir la culture d’un nouveau pays, en apprendre plus sur eux-mêmes ou vivre des émotions fortes. Ce texte se limite à ceux qui demeurent en quasi permanence dans leur chic hôtel, mais ne sous-entend pas que les autres modes de voyager soient plus nobles. Il serait facile ici de critiquer cette pratique à cause de l’impact environnemental du transport aérien de toute cette masse d’êtres humains vers des contrées plus chaudes. En mettant de côté cet aspect de la chose, qui d’ailleurs peut être compensé en payant pour que des gens plantent des arbres pour nous, comme c’est le cas pour nos déplacements vers l’Université... Quelle belle initiative! Débarrassons-nous de nos vélos, les déplacements en voiture sont maintenant carboneutres! Bref, comme

DAVID JEKER, AGRONOMIE RÉDACTEUR EN CHEF DE L’AGRAL nous pouvons compenser nos excès, rien n’est vraiment dommageable pour l’environnement. Nous pouvons dorénavant tous mourir avec l’âme en paix. Amen. Il vaut mieux s’attarder à la quête et aux motivations de tous ces exilés hivernaux. Évidemment lors d’un voyage dans l’Sud il est possible de se reposer, de décrocher de sa routine et de se faire bronzer, mais il est aussi possible de faire tout ça ici au Québec en plein hiver. Ce n’est peut-être qu’une simple mode qui finira par passer ou plutôt une façon pour certains de donner un sens à leur vie. Il faut bien faire quelque chose avec l’argent que l’on gagne et tant qu’à avoir quelques semaines de vacances, aussi bien partir quelque part. C’est d’ailleurs une occasion en or pour certains de se débarrasser temporairement des enfants indésirables qui polluent leur vie ou de s’éloigner de tous ces gens qui ne font que pourrir leur existence. Finalement, aller dans l'Sud c'est un peu comme écouter la télé. Ça ne sert à rien, ça permet d’écouler le temps qui nous sépare de notre mort, ça nous évite de prendre le temps d’avoir des discussions sérieuses ou de nous poser des questions et c’est une façon comme une autre de dépenser l’argent que l’on gagne. Lorsqu’aucune passion ne nous anime, que l’ennui s’est emparé de notre quotidien et qu’on a depuis longtemps perdu la trace du bonheur, il faut au moins faire semblant qu’on est heureux, c’est la moindre des choses. L'apparence d’une vie heureuse semble désormais prendre le dessus sur les choses qui nous rendent vraiment heureux. Plusieurs ne s’attardent plus aux sensations ressenties à ce moment, mais à ce que les gens pourraient bien penser de ce qu’ils font. Même si l’on ne croit plus au bonheur, il faut quand même tenter de le trouver. C’est ça vivre.



INTERNATIONAL

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La FSAA s'implique à l'international

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e 17 octobre dernier, le Conseil de Faculté a mandaté la Chaire en développement international à mettre sur pied un comité multidisciplinaire pour mener un processus approfondi et élargi de réflexion sur la place et le rôle de la FSAA à l'international. Ce comité, composé de membres de la FSAA, a comme mandat de piloter une grande réflexion sur l'implication de notre faculté dans des activités qui outrepassent nos frontières. La Chaire en développement international salue cette volonté du Conseil de Faculté et se réjouit de l'intérêt que la direction et les membres de la FSAA prêtent à ces questions qui nous semblent incontournables à l'heure actuelle. Notre faculté ne peut ignorer son rôle de premier plan dans la formation et la recherche visant à mieux nourrir le monde et à combattre les injustices alimentaires qui le caractérisent toujours, en dépit de l’atteinte d’un niveau sans précédent de richesses et de production agricole et alimentaire. Le comité aura à proposer des moyens à mettre en œuvre pour répondre à l’impératif de solidarité et de collaboration que les enjeux nutritionnels, agronomiques, environnementaux, sociaux et économiques nécessitent. Au terme de ce processus de réflexion, le comité devra remettre un rapport qui constituera l’essentiel du plan stratégique de la FSAA pour le développement de ses activités de recherche et de formation à l'international. L'équipe de la Chaire est persuadée que cette réflexion permettra à la FSAA de se démarquer et qu'elle constituera un atout pour tous ses membres. Pour alimenter le comité en suggestions, perspectives et nouvelles idées, des journées de réflexion sont prévues les 21 et 22 mars prochain afin de mettre en relation les membres de la

MARILYSE COURNOYER ET ANDRÉANNE LAVOIE CHAIRE EN DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL FSAA et divers acteurs du milieu agroalimentaire intéressés par ces questions. Des personnes ayant été formées à la FSAA, des représentants d'institutions intéressés par notre expertise et des chefs de file dans leurs domaines seront conviés à cette activité d'introspection. Ces participants seront appelés à nourrir les réflexions des membres du comité et à enrichir de leurs idées le plan stratégique de la FSAA, afin qu'elle entérine une proposition lui permettant d'insuffler un nouveau souffle à ses activités à l'international. Nous espérons vous voir en grand nombre à cet événement afin d’entendre vos propositions sur les perspectives d’une faculté comme la nôtre qui souhaite approfondir son implication à l'international!

Pour vous tenir au courant, abonnez-vous au bulletin de la Chaire en développement international à chairedi@fsaa.ulaval.ca ou consultez notre site Internet : http://www.chairedi.fsaa.ulaval.ca/



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AGIR International fête ses 22 ans cette année!

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ESTHER BOISSONNEAULT. AGRONOMIE COORDONNATRICE AGIR INTERNATIONAL our cette édition internationale de l’Agral, quoi de mieux que de vous présenter les activités que votre comité international a réalisées!

AGIR International a comme slogan « Agir ici comme ailleurs pour bâtir un monde meilleur »! Par ses différentes actions tout au long de l’année universitaire, le comité cherche à sensibiliser la communauté universitaire, en particulier les étudiants du pavillon Comtois aux réalités vécues ailleurs tout en les incitant à agir à leur tour pour s’ouvrir au monde. De plus, depuis maintenant 3 ans, grâce à AGIR, l’Université Laval est la première et la seule université canadienne qui est membre de l’association internationale des étudiants en agriculture et sciences reliées (IAAS). Cette adhésion VOUS apporte de nombreuses opportunités par le biais d’un partenariat avec plus de 40 pays membres sur tous les continents. Les 21 ans d’AGIR ont été bien remplis. L’année avait commencé en grand avec l’organisation du Directors Meeting of Americas (DMA) pour IAAS qui a accueilli 16 étudiants de 7 pays différents dans un froid respectable. Cette activité qui s’est déroulée sous le thème « Responsabilité sociale » a permis aux étudiants d’échanger sur des enjeux agroalimentaires, et de visiter notre belle province. Cette année, le DMA aura lieu au Mexique à Querétaro du 15 au 23 mars 2013 sous le thème « Rejoindre les points : Agriculture, économie et durabilité ».

Depuis le retour des Fêtes, nous vous avons préparé un kiosque à la SAAC, question de vous faire découvrir certaines plantes tropicales. Nous sommes également en organisation intensive du Trop Gros Jam pour sa deuxième édition. Cette activité qui ressemble à un souper-spectacle a connu beaucoup de succès les années passées. C’est un événement pendant la Semaine de développement international (SDI) qui incite la discussion et le réseautage entre les différentes associations étudiantes de l’Université Laval. C’est aussi le gros party de la SDI. Un style de soirée qui ose mélanger les styles musicaux, les nationalités et les facultés! Un endroit pour développer vos goûts culinaires, musicaux et artistiques. Bref, j’espère que vous n’avez pas manqué cette occasion unique de vous divertir. L’année est encore jeune et AGIR a encore plein de projets! Parmi ceux-ci, notre première mission est de faire grandir IAAS. En effet, nous aimerions rallier McGill, Guelph et toutes les autres facultés d’agriculture au Canada pour ainsi favoriser les échanges et surtout vous offrir des activités pancanadiennes qui pourraient vous être bénéfiques dans le cadre de votre formation. Nous visons également à être représentés au DMA, et au WoCo (réunion internationale des tous les comités IAAS dans le monde) qui se déroulera cette année au Chili du 17 juillet au 6 août 2013. Cette activité est ouverte à tous les étudiants de la faculté, tous cycles confondus. Plus d’informations seront disponibles. Restez attentifs!

Depuis le début de l’année académique, AGIR a entre autres organisé une cueillette de pommes et un souper international pour accueillir les étudiants étrangers. Nous avons également eu l’occasion d’accueillir la présidente d’IAAS World, Lyda Michopoulou, en septembre qui était en visite à Québec pour donner une conférence au Congrès mondial des agronomes.

Enfin pour vous partager l’effet qu’une implication dans AGIR provoque, voici quelques témoignages de nos membres : « Pour moi, AGIR, c’est la plaque tournante du Comtois » -

Afin de promouvoir le commerce équitable, la vente de produits a été relancée au local 0117 avec un nouveau fournisseur. De plus, une trentaine de paniers de Noël équitables ont été confectionnés et achetés par les employés et étudiants de la FSAA! Une réussite.

« Bien que mes cours de sols m’ont beaucoup fait apprécier mes années de bac, je crois que sans AGIR, je n’aurais pas vécu une expérience aussi complète. » -

Certains membres d’AGIR s’impliquent aussi activement dans le comité de réflexion sur le développement international à la FSAA, et ce, depuis ses débuts. Nous y sommes pour défendre vos intérêts. Ainsi nous sommes toujours ouverts aux suggestions, commentaires, etc. C’est en parlant qu’on réussit à se faire entendre.

« L’accueil qu’AGIR m’a offert fut un réconfort, une main tendue pour m’aider. » -

« Sans AGIR, mes années à la FSAA n’auraient pas été aussi égayées » -

« Je sens que de m’être impliqué dans ce comité m’a donné la possibilité de grandir intérieurement! » -

N.B. L’exactitude des propos rapportés n’a pas été vérifiée… Venez nous rencontrer, venez donner votre opinion, prendre la chance d’AGIR!



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European Directors Meeting (EDM) en Suède de l’IAAS ! CHARLINE DE ROUVROY, AGRONOMIE

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u 27 décembre 2012 au 3 janvier 2013, j’ai eu la chance de pouvoir représenter le comité de l’IAAS Canada à la rencontre européenne d’IAAS, qui se tenait cette année en Suède ! Et oui, une Française qui représente le Canada ! Qu’est ce que l’IAAS ?

plus d’espace pour vivre. Le climat étant similaire à celui du Canada, les porcs ont la possibilité de rester au chaud avec des litières aménagées dans chaque enclos. De ce que j’ai pu observer, les porcs avaient l’air en pleine forme et leurs besoins satisfaits! L’exploitation porcine en Suède est limitée à quelques centaines de porcs par ferme (au Canada ou aux É.-U, on voit les choses en plus grand)! Visite de la ferme des bovins de boucherie d’Esplunda : Les veaux sont élevés dans une grange, donnant sur l’extérieur, puisqu'un seul côté est complètement ouvert. Des balles de foin sont mises devant l’entrée pour les protéger du froid et de la neige et permettre à l’air frais de passer. En ce qui concerne les bovins, ces derniers ne sont pas castrés et ils ne peuvent pas sortir dans les pâturages l’été (ce que je trouve malheureux).

C’est l’association internationale d’agriculture et de sciences reliées. Elle est actuellement active dans une cinquantaine de pays dont au Canada. Cette association promeut les échanges multiculturels et organise chaque année une rencontre européenne (EDM), une rencontre des Amériques (DMA) etc… ainsi qu’une rencontre international (WoCo)! Rappelez vous qu’en janvier 2012, c'est l’IAAS Canada qui a organisé le meeting des Amériques à l’Université Laval.

En général, en production animale, les antibiotiques sont utilisés comme mesures préventives, et non comme des médicaments d’ordonnance. Cependant, l'élevage suédois possède les plus faibles taux de résistance aux antibiotiques, dans le monde. Pour ce faire, chaque ferme emploie un vétérinaire pour diagnostiquer et traiter les animaux malades.

Qu'est-ce que l’EDM? Pour faire très simple…, c’est ça : L’EDM permet à tous les pays européens de se retrouver, de discuter de l’actualité agricole et de différents domaines environnementaux, de visiter un nouveau pays, de découvrir diverses cultures, de mieux comprendre l’IAAS et surtout de souder les liens entre les différents comités! Il peut aussi y avoir des comités autres qu’européens, comme cette année, avec la présence des É.-U., du Canada, et du Chili! Voici donc un petit récapitulatif de ce que j’ai appris là-bas! Visite de la ferme porcine d’Esplunda : Les Suédois sont très fiers de leur production porcine (et ils ont de quoi l’être)! Les queues des cochons ne sont pas coupées. Donc pour éviter qu’ils se mordent entre eux, ils ont le droit à

Les conditions d’abattage progressent : les animaux n’ont pas le droit d’être transportés pendant plus de huit heures avant l’abattage et l’anesthésie est requise. Ces règlements sont très différents selon les pays! Pour ma part, je trouve le système suédois plus avancé et plus respectueux pour le bien-être animal. (Suite page 12)


12 | Le journal l’Agral (Suite de la page 11)

Conférence à la ferme laitière de recherche Lovsta : La ferme laitière Lovsta est une ferme de recherche faisant partie de l’Université en sciences agricoles de Suède (SLU), qui se trouve proche de la ville d’Uppsala. Nous avons assisté à une conférence donnée par Ola Schultgberg et Torkel Ekman, qui en sont les deux managers. Ce dernier étant un ancien vétérinaire. En 1960, il y avait 220 000 producteurs dont 90 % étaient des producteurs de lait. Ce nombre n’a fait que diminuer d’année en année… on a aujourd’hui en Suède 4 900 fermiers dont seulement 10 % ont des productions laitières. Dans la base de données sur la production de lait, on a pu voir que celle-ci n’avait pas diminué contrairement au nombre de producteurs laitiers. Cela s’explique par la taille des exploitations laitières qui est en pleine croissance même si la plupart des troupeaux ont moins de 50 vaches. Aujourd’hui, 45 % du lait suédois est transformé en lait et yogourt, un tiers en fromage et seulement 10 % est biologique. Les chercheurs de Lovsta ont dit qu'ils n'avaient pas vu de grande différence de qualité entre le lait biologique et le conventionnel.

INTERNATIONAL moins bonne qualité de lait tandis que les Swedish Red et White produisent du lait de qualité supérieure. Ce qui m’a fascinée, ce sont les systèmes qu’ils utilisent pour traire leurs 200 vaches! Ils travaillent avec DeLaval voluntary milking system et DeLaval automatic milking rotary. Ces systèmes permettent de bien connaître son troupeau, gérer l’alimentation, la traite (les coûts de main d'œuvre diminuent et la rentabilité augmente), le bien-être animal et l’étable (meilleur environnement pour tout le monde)! Comment ça fonctionne? Chaque vache a une puce sur un collier autour de son cou. La puce nous donne son identité et contrôle l’alimentation automatique. Comme ça, chaque vache reçoit la bonne quantité d’aliments. Elle contrôle aussi le fonctionnement de l’équipement de traite jusqu’à la fixation des trayeuses aux pis de la vache. Le carrousel de traite a de la place pour 24 vaches. D’abord, la machine nettoie les pis de la vache et ensuite elle y attache la trayeuse. La traite dure environ 8 minutes. Après la traite, la trayeuse se détache et les pis sont désinfectés. Tout ce processus dure 12 minutes. Le carrousel peut être utilisé de deux manières : les vaches peuvent choisir quand elles veulent passer à la traite ou la traite se fait à des heures fixes. Si vous voulez plus de renseignements, allez sur le site de SLU Lovsta!

La Norvège a la meilleure qualité de lait, la Finlande est deuxième, puis vient ensuite la Suède. En Norvège, les producteurs laitiers ont le droit à d'importantes subventions gouvernementales. Par exemple, un fermier norvégien reçoit une compensation monétaire de son gouvernement pour élever différentes races de vaches. Le climat influence aussi sur la qualité de lait : en Islande, les températures fraîches et la pluie causent la moisissure du foin, ce qui affecte la qualité du lait. Il y a aussi la race de la vache qui influence également : en Suède par exemple, la Holstein a la J’ai aussi découvert le vrai univers « IAAS »! Un événement IAAS sans Trade fair, Development Found ou Workhops... ça n’existe pas! Le Trade Fair c’est une soirée où chaque pays a un kiosque et fait découvrir ses mets et boissons! J’avais rapporté du cidre de glace, du beurre de pommes et du beurre d’érable avec des canneberges! Les gens ont beaucoup apprécié (surtout le cidre de glace fait par Jérôme Aubin)! Le Development Found se passe à la fin de la semaine. C’est un encan de produits des différents pays destinés à amasser de l’argent pour le fonds de développement de l’IAAS. Ça permet d’aider les membres qui manquent d’aide financière à venir à des activités d’IAAS. Cette année, « la récolte » a été bonne! (Suite page 13)


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(Suite de la page 12)

Les deux derniers jours sont consacrés aux Workshops : des groupes de discussion autour de tables rondes trouvent des solutions aux problèmes de financement, de communication, etc.! Très pertinent et instructif! En conclusion, je peux dire que cette semaine était INTENSE : des journées pleines d’activités, et des partys le soir = pas beaucoup d’heures de sommeil, mais ça vaut vraiment le coup! J’ai maintenant de nombreux nouveaux contacts à l’étranger, appris beaucoup de choses sur l’agriculture en Suède et en Europe et j’ai encore plus de projets et d’idées prêts à faire avancer le comité IAAS Canada!

Donc, si tu veux aussi tenter l’expérience, en mars il y a le DMA au Mexique et fin juillet début août, il y a le WoCo au Chili! Contacte nous : canadaexco@gmail.com et visite le site d’IAAS : www.iaasworld.org



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Les agrumes : division pamplemousse et pomelo MARIE-PIER LANDRY, AGRONOMIE COLLABORATRICE OFFICIELLE DE L’AGRAL

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ommage aux pamplemousses Bien connu est le pamplemousse Louangé ici dans le brun Comtois À chair rouge et saveur sucrée La membrane tu ne dois manger À la cuillère ou décortiqué Cet agrume tu te dois de consommer À ton alimentation tu sauras l’ajouter 160 kcal l’entité Tes résolutions cette année Tu pourras respecter

Saviez-vous que… Dépendamment des langues, le pomelo et le pamplemousse s’échangent de nom? En botanique, ce que nous trouvons en épicerie sous le nom de pamplemousse est en fait un pomelo et le pomelo de l’épicerie pousse dans un pamplemoussier… Humm étrange. Pour cet article, j’utiliserai les termes de mon épicier. Le pamplemousse rose serait un croisement entre ledit pomelo et une orange de Chine. Le croisement serait survenu selon les lois darwiniennes par tout hasard dans une culture de café de la Barbade. Le pamplemousse pousse en grappes, d’où lui vient le nom anglais Grapefruit. Le pomelo qui est originaire d’Asie, pousse maintenant un peu partout dans le monde, de la Californie à l’Israël en passant par la France méditerranéenne. La consommation d’un pomelo est quelque peu impressionnante et elle peut affecter la concentration de vos camarades si celui-ci est consommé lors de cours magistraux… Un pomelo peut atteindre la grosseur d’un ballon de soccer (je n'en ai jamais vu un semblable, mais quand même).

Comment ça se mange? Est-ce que j’ai vraiment besoin de vous expliquer comment manger un pamplemousse? Le pomelo, quant à lui, doit être dépouillé et décortiqué à vif, sa membrane est amère et gâche toute la saveur de ce fruit délicat. La membrane peut être difficile à enlever. Il est conseillé de retirer la première couche de tégument (le vert) et le mettre au frigo quelques heures. Prendre un couteau et retirer la membrane blanche et ainsi dénuder les quartiers. Vous pourriez vous compliquer la vie à éplucher le pomelo comme une orange, à le séparer en deux et ensuite à le décortiquer quartier par quartier… Veuillez prévoir un bon 45 minutes/une heure pour toute l’opération. Côté positif : ça passe bien le temps lors d’un cours ne nécessitant pas la prise de notes. Outre la collation, le pomelo se mange en salade ou grillé dans la poêle avec un peu de beurre, son jus peut faire d’excellentes vinaigrettes et déglacer un fond de viande à merveille. Il peut faire partie d’une salsa tropicale, d’un assaisonnement sur un poisson et bien sûr dans une salade de fruits…

Ce que Ricardo en fait : Une salade de pomelo et de crabe épicée Un granité de pamplemousse Quelques cocktails Une délicieuse tarte aux pamplemousses



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AVSF, vous connaissez? ANNE-SOPHIE DUMAS, AGRONOMIE SECRÉTAIRE DE L’AGRAL

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VSF signifie Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières. Il s’agit d’une association aux intentions bénévoles, née en 1977. Les administrateurs apportent leurs expertises dans des domaines tels que l’agronomie, l’agroéconomie, la géologie, l’enseignement, la recherche, la santé animale et l’ingénierie. Un peu d’histoire Cette organisation non gouvernementale (ONG) aide les familles paysannes à obtenir de meilleures conditions de vie, à gérer de façon durable les ressources dont celles-ci dépendent, à défendre leurs droits et à connaître leurs rôles dans la société. Près de 120 000 familles, donc près de 600 000 personnes, bénéficient de l’aide qui leur est apportée. Quatre-vingt projets sont répartis dans 20 pays de coopération que voici : Burkina Faso, Bolivie, Brésil, Colombie, Comores, Équateur, Guatemala, Honduras, Haïti, Cambodge, République démocratique populaire lao, Madagascar, Mali, Mongolie, Niger, Nicaragua, Pérou, Sénégal, Togo, Viet Nam. Plus de 260 professionnels et 30 experts venant de partout dans le monde travaillent sur le terrain pour apporter l’aide nécessaire à la réalisation des projets. Le réseautage, ça rapporte! Pour être plus efficace, AVSF s’allie à des réseaux à l'international ayant chacun un ou des domaines d’expertise. Voici quelques-uns de ces réseaux :  VSF Europa qui regroupe les associations de plusieurs pays (Autriche, Belgique, France, Allemagne, Italie, Hollande, Espagne, Portugal, Suisse, et Canada) et dont l’ultime but est d’assurer la subsistance des populations qui vivent de l’élevage.  Association des Populations des Montagnes du Monde qui vise à favoriser le réseautage entre les communautés en montagne et les autres.

 Nexus-Carbon for Development qui regroupe plusieurs autres ONG dont l’expertise est axée sur l’accès et l’utilisation adéquate et durable de l’énergie. Quatre grands thèmes Il y a quatre thématiques dans le soutien apporté aux familles paysannes par les professionnels d’AVSF.

Thèmes Organisations paysannes, marchés et commerce équitable Élevage et santé animale

Apport/bienfaits -Permettre aux familles paysannes de vendre leurs produits -Il s’agit d’un soutien indispensable les organisations de producteurs -L'élevage est crucial pour la survie des paysans -Sécuriser les élevages paysans

Gestion des ressources natu-

-Sécuriser l’accès au foncier, à l'eau et aux res-

Agricultures paysannes et changement climatique

-Comprendre les phénomènes reliés au changement climatique pour mieux aider les familles paysannes à affronter les aléas de la nature et à s’y adapter économiquement

Suivre les projets et garder le contact Sur le site internet d’AVSF, http://www.avsf.org/fr, où toute l’information ci-dessus a été recherchée, vous trouverez des informations concernant l’association près de chez vous ou encore comment aider les équipes des projets. Ça vous intéresse… « L’objectif d’Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières est d’aider les familles de manière à ce qu’elles ne souffrent plus de la faim, qu’elles subsistent à leurs besoins avec leurs cultures et leur élevage tout en préservant l’environnement. »


18 | Le journal l’Agral

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Joyeux tropiques : une odyssée agricole en pays maya CATHERINE GAUTHIER-DION, AGRONOMIE

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’est avec la ferme intention de décrocher de mes études et d’oublier l’agronomie pour un temps que je me suis envolée pour le Mexique en décembre dernier, vers l’état du Yucatán. Cet état est situé au nord de la péninsule du même nom, qui est bordée d’un côté par le Golfe du Mexique, de l’autre par l’inégalable mer des Caraïbes. Mais trêve de géographie. Quelques jours après mon arrivée, j’ai constaté non sans désarroi que s’il m’avait été relativement simple de m’exiler du pavillon Paul-Comtois, je n’arriverais pas à me débarrasser aussi facilement de l’agronome qui est en moi! Le Yucatán est un endroit ayant énormément à offrir aux vacanciers : ruines mayas éblouissantes, cénotes cristallins, grottes monumentales où l’on peut se promener et admirer des peintures vieilles de milliers d’années, plages où l’on peut pratiquer la plongée tout son saoul, de nombreuses aires naturelles protégées (comme celles de Celestún et de Rio Lagartos qui abritent des réserves mondiales de flamands roses), une gastronomie généreuse… Pourtant, si l’on se donne la peine d’ouvrir l’œil, on réalise que l’agriculture y est omniprésente. Une histoire aux racines profondes On sait qu’à l’origine, le Yucatán était peuplé par les Mayas, dont l’histoire des premières tribus se perd dans la nuit des temps. Plusieurs cités mayas du Yucatán ont connu leur apogée à la fin de l’ère classique (250 à 900 a.d.); c’est le cas des cités de Uxmal, Kabah, Labná et Sayil, situées dans la petite chaîne de collines Puuc. La célèbre Chichén Itzá, elle, prend son essor vers 900. À ce moment, les cités Puuc ont été désertées, la civilisation maya est en déclin et des envahisseurs non mayas, les Itzá, prennent la cité de Chichén. Les Mayas du Yucatán cultivaient le maïs, le coton et le cacao, dont la fève servait de monnaie d’échange à travers tout l’empire, en plus de la courge, du haricot et des arbres fruitiers. Ils vénéraient les abeilles et par extension, le miel. On croit que les Mayas défrichaient la jungle en brûlant la végétation et qu’ils cultivaient de mai à octobre, mettant à profit la saison des pluies. Ils pratiquaient une forme d’agriculture relativement intensive, construisant des réservoirs d’eau de pluie et des canaux

d’irrigation, aménageant marécages et flancs volcaniques pour y cultiver le maïs et pratiquant la jachère. Les champs étaient fertilisés avec les algues récoltées dans les canaux d’irrigation… Malgré les bonnes pratiques agricoles, on pointe parfois du doigt l’intense érosion des sols, combinée à une hausse de la pression démographique, comme un des facteurs ayant poussé les Mayas à abandonner leurs cités sans laisser de traces, au début du Xe siècle. À partir de l’époque coloniale, le Mexique voit apparaître le système des haciendas, une organisation économique typique et comparable aux grands latifundios : un propriétaire a droit de vie ou de mort sur les paysans qui vivent de sa terre et qui lui versent un dividende. Au cours de la période allant de la fin du XIXe au début du XXe siècle, le Yucatán connaît un important essor économique et développe son industrie manufacturière grâce à la culture du henequén ou sisal (un agave cousin de l’agave bleu dont on tire la tequila), alors cultivé pour en tirer une fibre très résistante dont on fait des sacs, des cordages et, aujourd’hui, de la pâte à papier et du géotextile. Le henequén n’est plus massivement produit aujourd’hui comme à l’époque; il est cependant possible de visiter d’anciennes haciendas de production et d’y observer les rails qui servaient au transport de la matière première, ou les machines qui transformaient la plante en fibre. De nos jours, le Yucatán est l’hôte du fameux citrus belt, une région hautement productrice d’agrumes. Sur un peu plus de 20 000 ha sont produites annuellement près de 300 000 tonnes d’agrumes, lesquelles sont en très grande proportion destinées au marché intérieur mexicain, pour la consommation des produits frais. Au sud de l’état se trouve la ville de Oxkutzcab, surnommée « Verger du Yucatán ». Cette ville est d’ailleurs célèbre pour son marché municipal, où les agrumes sont à l’honneur. Une agriculture traditionnelle millénaire Partout à travers le Yucatán, le voyageur découvre des villages où la population manifeste encore clairement son appartenance au peuple maya. On devine des hamacs par les portes entrou(Suite page 19)


INTERNATIONAL (Suite de la page 18)

vertes des palapas (maisons au toit en feuilles de palmier) et il n’est pas rare de croiser des anciens ne parlant que le maya. D’ailleurs, les écoles y sont bilingues. Les Mayas ont été convertis au catholicisme par les Espagnols, mais plusieurs sont par la suite devenus pentecôtistes, adventistes, membres de l’Église du 7e jour ou Témoins de Jéhovah; leurs rituels conservent toutefois une forte composante des anciennes religions mayas et leurs églises, où l’on pénètre en se déchaussant, sont interdites d’accès aux étrangers. L’acte de reconversion des Mayas relève certainement d’une prise de position contre les relents du système colonial et contre le gouvernement fédéral, assimilés tous deux au catholicisme… Cette population rurale, donc, pratique une agriculture paysanne ou familiale basée sur la jachère. On désigne là-bas ce système agricole sous les termes milpa (signifiant aussi « champ de maïs ») ou kool en maya. Plus de la moitié du maïs consommé dans le Yucatán provient de la milpa. La milpa est une forme de polyculture où l’on produit, en plus de l’alternance maïs - patate douce - courge - haricot, de nombreux fruits et légumes comme la tomate, le concombre, le fruit du dragon, les mangues, le melon et plusieurs variétés de chile, du piment fort. Plusieurs familles pratiquent l’apiculture et gardent quelques oiseaux de basse-cour. Les terres appartiennent généralement à un regroupement de producteurs, une structure sociale appelée ejido ou comunidad. Cette utilisation du territoire a jusqu’ici préservé le Yucatán de l’implantation des cultures commerciales et de l’élevage intensif, comme cela s’est observé ailleurs en Amérique latine. La milpa regroupe en fait de nombreuses pratiques agricoles allant de la jachère au labour léger, en passant par la culture sur brûlis, le bio et le travail minimum du sol. Le choix de la milpa est fonction du type de sol (on retrouve au Yucatán principalement des sols calcaires et des luvisols), du relief, des cultivars de maïs… La culture sur brûlis consiste à brûler la végétation sur une parcelle à cultiver puis à épandre les cendres. Cette méthode assure la fertilité du sol à court terme, mais elle est aussi considérée comme responsable de l’appauvrissement des sols, si l’on ne laisse pas la terre reposer assez longtemps par la suite pour permettre à la végétation de se régénérer. En outre, la méthode a l’inconvénient d’augmenter les risques de feu de forêt. Les paysans yucatèques ont aussi l’habitude d’implanter des légumineuses comme culture intercalaire avec le maïs, ce qui réduit considérablement le travail de désher-

Février 2013| 19 bage. Ils connaissent l’importance de la matière organique et de l’activité microbienne dans le sol et ont su maintenir des systèmes agricoles complets, où les animaux sont nourris avec les résidus de culture. En intégrant des arbres forestiers à leurs parcelles et en pratiquant le travail minimum du sol, les paysans trouvent de quoi nourrir une vache… La jachère des Mayas est aujourd’hui menacée par les cycles de rotation qui sont de plus en plus courts; ainsi, la terre repose moins longtemps avant d’être utilisée à nouveau… Diverses tentatives de modernisation de l’agriculture ont été mises en place par le gouvernement fédéral, mais elles tiennent peu compte des réalités locales. L’emploi d’engrais chimiques et de semences de maïs hybrides modifie l’usage que les paysans font de la terre (abandon de la jachère et de la propriété collective), ce qui fragilise les institutions de la communauté maya, comme les assemblées d’ejido. La « fin du monde » présumément annoncée par le calendrier maya a fait couler beaucoup d’encre en 2012. Toutefois, la notion de « fin du monde » était inconnue chez les anciens Mayas, pour qui le calendrier était divisé en baktuns, des cycles de 144 000 jours… Le 21 décembre 2012 correspondait effectivement au point de départ d’un nouveau baktun. Peut-on y voir le début d’une nouvelle époque pour le peuple maya? Ce peuple millénaire qui, grâce aux étoiles, connaissait des mystères de l’espace que nos satellites redécouvrent de nos jours, qui sait lire dans les nuages le temps qu’il fera demain, verra-t-il sa science et son héritage mondialement reconnus? Et pour nous tous, verrons-nous la naissance d’un monde où toutes les agricultures, de la plus industrialisée à la plus traditionnelle, pourront coexister sur un même pied d’égalité et faire partie de la solution globale au grand défi posé par le besoin de nourrir la planète tout en préservant la biodiversité mondiale? Un nouveau baktun est enclenché, reste à savoir ce que l’on en fera!



VIE FACULTAIRE

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Comment l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère va-t-elle influencer les récoltes de maïs en 2050?

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ALEXANDRE BISSON, AGRONOMIE COLLABORATEUR OFFICIEL DE L’AGRAL

epuis plusieurs années, nous entendons parler des effets négatifs liés à l’augmentation de la concentration du dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Mais qu’en est-il des impacts positifs sur la croissance des plantes? Et si l’augmentation du CO2 pouvait nous aider à augmenter les récoltes pour ultimement pallier notre potentielle déficience à nourrir la planète dans les prochaines années? Comme nous le savons aujourd’hui, l’augmentation du CO2 est principalement due au fait que l’équilibre normal du gaz est perturbé, en grande partie, par une libération massive du gaz 1par l’entremise de la combustion des combustibles fossiles. À l’époque des dinosaures, le CO2 était en équilibre dans l’atmosphère. Même quand une quantité importante du gaz était relâchée lors d’une éruption volcanique, l’excédent était simplement dissous

dans l’océan ou encore utilisé par les plantes au cours de la photosynthèse. Aujourd’hui, cet équilibre n’est plus et la concentration en CO2 augmente chaque année. Des scientifiques de l’université de l’Illinois ont créé un système permettant d’injecter du CO2 dans l’air ambiant autour des plantes cultivées dans leur champ expérimental. Cette installation particulière, nommée FACE (Free-Air CO2 Enrichment), permet d’observer la croissance des plantes afin de prédire leur croissance en 2050, alors que le niveau de CO2 sera nettement plus élevé que celui d’aujourd’hui. Ainsi, une étude effectuée en 2004 sur le site de FACE tente de déterminer si l’augmen2tation du CO2 ambiant aurait un impact sur l’activité photosynthétique des plants de maïs. Des études effectuées en environnement contrôlé avaient prouvé par le passé que l’augmentation de CO2 avait peu d’impact sur l’activité photosynthétique des plantes. Ci-contre: 1- Anémomètre 3au centre pour mesurer vitesse et direction du vent. 2- CO2 Ambiant. 3- Le CO2 est déployé via trois côtés.

Rappelez-vous, en janvier dernier nous recevions des étudiants internationaux au pavillon Comtois, pour le Meeting des Amériques d’IAAS (International Association of Agriculture and Related sciences)! Cette année, il se déroulera au centre du Mexique, à Quéretaro, du 15 au 23 mars 2013! La thématique étant : « Connecting the dots : Agriculture, economy and sustainability ». Êtes-vous intéressé(e)s pour passer une semaine inoubliable entre étudiants internationaux? À en apprendre davantage sur l’agriculture et ses problématiques? À découvrir le Mexique et ses traditions? Cette invitation est ouverte à tout le monde, il nous reste des places! Si vous désirez vous inscrire et avoir plus de renseignements, écrivez-nous sur : canadaexco@gmail.com! Visitez aussi le site internet : http://www.iaasmexico.mx/home.htm


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22 | Le journal l’Agral

La Thématique autour du monde…

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CYNTHIA SAINT-DENIS, JOËL RODIER ET STÉPHANIE VIGNOLA L’ÉQUIPE DE LA THÉMATIQUE, SAAC 2013

hers étudiants!

La Thématique souhaite remercier toutes les personnes qui se sont impliquées de près ou de loin dans ce merveilleux projet qu’est la SAAC! Les kiosques étudiants étaient GRANDIOSES et furent appréciés de tous les visiteurs! Vous avez fait un travail FORMIDABLE! Nous le répétons souvent, mais sans vous, chers bénévoles, la Thématique ne pourrait exister! Vous êtes l’âme de cette salle et les entreprises n’ont que d’éloge à votre sujet! Grâce à vous, la 38e édition de la SAAC a été un franc succès! C’est donc avec joie que nous souhaitons tous vous revoir à la plus grande soirée du Comtois, soit le Banquet de la SAAC. Soirée où vous êtes les vedettes et courez la chance de remporter plusieurs prix! Pour tous ceux et celles qui ont pris le temps de déguster les produits que l’on retrouvait à la Thématique, vous avez peutêtre eu la chance de rencontrer Jean-Marie Déhaye. Ce charmant exposant faisait déguster son délicieux café équitable au kiosque de l’entreprise Distribution Équitable. De plus, si vous avez pris le temps de discuter avec les gens qui étaient à ce kiosque, vous avez peut-être fait la connaissance d’un jeune homme péruvien. En fait, par la vente de ses produits, JeanMarie Déhaye permet chaque année à un Péruvien de venir étudier quelque temps au Québec afin de lui permettre d’acquérir des connaissances qui pourraient lui être utiles dans son pays. Jean-Marie Déhaye est distributeur pour Distribution Solidaire, un organisme à but non lucratif impliqué dans le commerce bioéquitable et le développement international. Comme l’organisme est membre de la Fair Trade Federation, les produits que nous retrouvions au kiosque de Distribution Équitable étaient issus du commerce équitable. Avec son commerce, Jean-Marie Déhaye permet aux gens à l’international de faire des échanges plus justes et plus sains, d’offrir des produits de qualité respectant les valeurs et besoins des consommateurs en plus de donner une chance inouïe à des familles péruviennes de découvrir une nouvelle culture.

Si vous n’avez pas eu la chance de goûter ou de connaître les produits, dont Distribution Équitable fait le commerce, vous pouvez rendre visite aux gentils employés du Toast Café du Comtois qui offre une partie de ces produits équitables. Vous ne le saviez peut-être pas, mais l’équipe thématique a des contacts un peu partout dans le monde! Eh oui, laissons un peu de côté le Pérou pour nous rendre en Europe, plus particulièrement dans la ville de Gembloux. Au début de la session d’automne 2012, nous avons eu la chance de rencontrer de sympathiques étudiants de la Faculté des Sciences agronomiques de Gembloux qui étaient de passage au Québec! En effet, ils s’intéressaient à notre faculté et souhaitaient en apprendre davantage sur les merveilleux projets étudiants qui s’y font. Avec grand plaisir, nous leur avons ainsi fait part de ce qu’était la SAAC! Ils semblaient impressionnés et même très intéressés à démarrer un projet de ce genre dans leur région! Comme quoi la bonne humeur et la passion des FSAAiens en inspirent plus d’un! En guise de reconnaissance pour le temps que nous leur avons accordé, ils nous ont donné une bière de fabrication artisanale, appelée « Bière de l’abbaye de Gembloux », qu’ils avaient eux-mêmes créée et embouteillée dans leur école. Nous la boirons en l’honneur de tous les bénévoles de la SAAC! En résumé, on gagne toujours à partager avec d’autres cultures! De leur côté, les étudiants de Gembloux démarreront peut-être un jour un projet visant à partager leur passion de l’agroalimentaire, tandis que de notre côté, nous pourrions peutêtre nous inspirer de leur savoir brassicole pour arriver à confectionner de A à Z notre propre bière au sein de la Faculté!



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Une fin de semaine remplie d’étoiles!

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JENNIFER HÉROUX-ALAIN ET MARIE-SOLEIL PERREAULT, AGRONOMIE ADJOINTE AUX COMMUNICATIONS, SAAC 2013

oilà ce que l’on pouvait apercevoir dans les yeux des plus jeunes comme des plus sages. La douce odeur des fleurs a su guider le public vers un accueil grandiose décoré par les plus beaux végétaux cultivés par l’équipe du jardin. Tous les animaux sont repartis avec le cœur comblé d’affection et le ventre plein. Cependant, le sort des truites n’a pas été le même. Elles sont plutôt reparties dans un sac au grand bonheur des plus petits qui étaient bien souvent à leur première expérience de pêche sportive. Les étudiants souriants ont partagé leurs connaissances avec passion afin de faire découvrir aux visiteurs le secteur de l'agroalimentaire. On ne pourrait passer sous le silence le symposium situé dans la Thématique. La disposition de celui-ci lui a donné un plus grand prestige, permettant d’attirer l’attention de plus d’un. Du débat enflammé sur la gestion de l’offre à la conférence sur la coopération, les orateurs se sont succédé en traitant de divers sujets d’actualité. Visiblement, les papilles de chacun ont été surprises par les délicieuses saveurs qu’offraient les dégustations variées des différents exposants. Enfin, la vulgarisation faite par les étudiants sur divers sujets piquant la curiosité a su séduire le public. Quelques mentions spéciales du Salon 2013 Plusieurs d’entre vous ont eu la chance d’admirer les talents du « meilleur » pêcheur du Salon, M. Errol Duchaine. De plus, le mignon petit sanglier, après une fin de semaine mouvementée, s’est trouvé une nouvelle famille d’accueil. Cette 38e édition a été couronnée de succès. Nous sommes très fiers de vous annoncer que près de 17 358 personnes ont défilé devant nos yeux. Ce nombre marque un nouveau record d’achalandage pour la SAAC, soit 2 000 personnes de plus comparativement à l’année dernière. Nous avons eu la joie de recueillir les commentaires de plusieurs visiteurs qui, avec entrain, nous ont lancé des fleurs en félicitant nos efforts. Le professionnalisme des étudiants, la diversité des animaux, les connaissances apprises, le magnifique jardin, les nouveautés. Bref, la ferme en-

tière les a fait rêver sur le chemin du retour. C’est avec fierté que nous pouvons affirmer que nous avons réussi à faire connaître le domaine qui nous passionne, l’agroalimentaire, en unissant nos forces et nos passions.

Enfin, nous remercions sincèrement tous nos bénévoles pour toutes les heures qui nous ont été données. Cette année encore, vous avez été indispensables à la réalisation de ce grand évènement. Vous nous avez démontré votre motivation et votre dévouement en étant présents en si grand nombre. Vous avez enfilé vos bottes à cap d’acier et mis votre casque, et ce, durant votre dernière semaine de vacances et c’est marteau à la main que vous avez quitté la chaleur de votre lit chaque matin. Pour vous démontrer notre gratitude, nous sommes à la préparation du Banquet qui sera chargé en émotions, en bonne bouffe et en… plaisir! Toute l’équipe de la SAAC vous attend à ce traditionnel Banquet qui se tiendra le jeudi 21 février. Préparer vos plus belles tenues puisque le Banquet de la SAAC est l’événement le plus élégant de la Faculté!



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Parce que je n’ai pas cassé la Barak

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JÉRÔME CLAVEAU, SCIENCES DE LA CONSOMMATION COLLABORATEUR OFFICIEL DE L’AGRAL

’étais là. Les bras croisés. À détester le DJ parce qu’il m’avait refusé une toune de System of a Down pour plutôt faire jouer du « Juste un Biberon (1) ». Quoique ça m’importait peu. Ce qui me tracassait surtout, c’est que j’étais seul. « La foule est une solitude », disait Lyse Longpré, et je l’ai compris en cette première Barak 2013. Bien qu’il y ait effectivement eu foule, j’étais à un plus haut point de la solitude. Pas un seul petit de mes amis des sciences de la consommation! Il y avait bien quelques visages plus ou moins familiers, quelques jolies filles aux déhanchements enflammés, mais tout ce beau monde me semblait hors d’atteinte. Parce que quand tout le monde se connaît, c’est difficile de s’intégrer (surtout pour les gens plus timides). Alors j’ai profité de l’ambiance, que je n’ai pas aimée outre mesure, étant donné que je ne danse pas (du moins, pas sur du boom boom, et encore moins seul)! Alors j’ai bu de la bière. Ç’aura été ma contribution à la soirée. Mousser les ventes de bière. Puis je suis retourné chez moi, tranquille, terminer cette soirée pour laquelle j’avais eu beaucoup trop d’attentes, au final. Mais pourquoi personne de consommation à la Barak!? Plu-

sieurs y vont de leur théorie (ma préférée étant celle d’un décalage entre les « fermiers » et les « citadins »), mais personne n’a vraiment de réponses. Peut-être que les gens de consommation n’ont pas le cœur à la fête? Mais non, ils vont bien au Pub, certains même au Prolo m’a-t-on dit. Alors quoi? Je ne sais pas, et j’ai décidé de ne plus chercher à savoir. J’ai décidé que j’aime la Barak, et que je vais continuer à y aller, quitte à devoir me faire de nouveaux amis. Alors, n’hésitez pas à venir me parler si vous me voyez dans mon coin! Je suis assez difficile à manquer. Grand. Cheveux courts. Les bras croisés, une Red à la main. Le regard observant cette foule inconnue, comme un hibou perché sur sa branche qui observe, par simple plaisir d’observer. Je sais, je n’ai pas l’air chouette quand je joue au hibou. Mais une petite blague grossière ou une longue discussion sur la vie vont rapidement me ramener à un Jérôme plus jovial et sympathique! Au plaisir de faire ta rencontre! (1) Justin

Bieber




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